Zayn
Ecrit par Kossilate
Chapitre douze : Zayn
Je reconnus la voix de Zayn bien avant de me retourner. La seule pensée cohérente que j’ai eu alors fut : « what the fuck ???». Rien de bien décent ni de bien distingué…Je vous l'accorde, mais lorsque le garçon qui a réveillé vos hormones de leur longue nuit d'hibernation, se retrouve devant votre perron avec une valise qui plus est, vous n'avez pas le temps pour les réflexions classes, distinguées ou même censées. Pendant un instant mon regard voyagea de Zayn à Mia puis de Mia à Zayn en attendant que l'un d'eux m'explique ce qui se passe.
- …..
- Oh ! Quelle gourde je fais…lança Mia en se redressant du canapé dans lequel elle s'était avachie.
- …....
- Zayn vraiment désolée. Phoebe, je ne sais même pas si dire désolée suffira.
- ……
- En fait, Zayn que voici est mon cousin. C'est le fils du frère de papa.
- Je me disais aussi que deux M’Beng dans la même université et sans lien de parenté……c'était peu probable, dis-je sur un ton ironique.
- Euh…fit cette fois ci Mia qu'il semblait désormais être celle perdue.
- En fait, j'ai rencontré Zayn hier en cours de littérature et son nom de famille m’avait un peu intrigué. Je me disais que j'allais t'en parler le soir mais on était toutes les deux si fatiguées que cela m'est sorti de la tête.
- Ah ben….inutile de faire les présentations…
- Câlin tata Mia, cria Yelen en coupant la parole à Mia et en détendant un peu l'atmosphère.
- Tu ne m'avais pas dit que Dwayne avait une aussi jolie petite fille, ni qu'elle était avec toi, déclara Zayn qui s'était tu jusque là.
- Zayn, ta technique d'approche est aussi naze que celle d'un ado et aussi évidente qu'un éléphant rose dans le hall de Wall Street.
La répartie de Mia était tellement puissante que je me mis à éclater de rire. Effectivement, la phrase de Zayn n'avait aucun sens car Dwayne, le grand frère de Mia n'avait toujours pas d'enfants et au dernière nouvelle était censé être en Italie avec sa femme.
- Si vous devez toutes les deux vous liguez contre moi… Je ne pense pas pouvoir survivre aux deux prochains mois, répliqua Zayn en venant prendre place dans le fauteuil près de Yelen et de Mia.
- Deux mois…criai je en manquant de m'étouffer avec ma salive tant j'étais surprise.
- Décidément la fatigue et mon cerveau ne font pas bon ménage. Phoebe, mon cher cousin doit préparer sa thèse de maîtrise en littérature et il n'a pas trouvé meilleur endroit pour le faire que l'université de Seattle. Le pauvre imbécile s'est fait transférer de l'université New York juste pour cela……
- Et comme je ne voulais pas dépenser de l'argent inutilement en allant dans une cité universitaire or que ma chère tendre et idiote cousine à deux chambres de libre, je viens squatter. Si ça ne vous dérange pas évidemment.
Si, ça me dérangeait, et pas qu'un peu. Déjà que je ne comprenais pas encore les réactions de mon corps vis à vis de Zayn, ou du moins que je faisais semblant de ne pas les comprendre, il était hors de question que je vive au jour le jour dans la même maison que lui. Je pris donc mon courage à deux mains et dit :
- Evidemment que cela ne nous dérange pas. Tu es comme chez toi.
Que pouvais-je dire d'autre. Je suis au même titre que lui une invitée entre ces murs. Grâce et Mia me disaient toujours que j'avais mon mot à dire en ce qui concerne l’appartement. Mais d'un autre côté, l'éducation reçue de ma mère me rappelait que peu importe l'estime d'une personne pour moi, je devais toujours savoir rester à ma place pour ne jamais être humiliée sciemment ou non.
- Bon, je ne savais pas qu'on aurait un invité mais je pense que le repas devrait suffire….je t'ai fait du garba mais je ne sais pas si Zayn aimera.
- Ouuiiii, cria Mia depuis le fauteuil. Je vais bien me remplir la panse. Rien de tel qu'un bon repas pour effacer la fatigue et redonner le « smile »
- Krkrkr, je me doutais bien que je cohabitais avec le pantagruel.
- Ce n'est pas de ma faute si ta cuisine me met de bonne humeur, lança Mia tandis que je prenais Yelen qui assise, dévisageait ouvertement Zayn.
- Hum. Bon Yelen mon cœur, il faut que tu manges là.
- Pas faim maman.
- Si mon bébé, dis-je en tournant le dos aux deux cousins pour rentrer dans la cuisine.
- Non maman.
- Tu ne veux pas aller jouer avec ton amie Olivia demain ??? Demandai-je tandis que je prenais la petite assiette de purée de ma princesse.
- Non….
- Ah bon ???
- ……..
- Tu veux me dire pourquoi ???
- Olivia….méchante.
- Noooonn !!!
- Si si, répondît Yelen en agitant vigoureusement la tête pour appuyer ses propos.
- Elle t’a fait quoi ?? Tu veux dire maman pendant qu'elle te donne à manger ??? Dis-je en m’asseyant devant elle avec son assiette de purée.
Ma petite lumière est aussi friande de ma cuisine que Mia, mais elle adorait se faire supplier. J'avais cependant découvert que lorsque je détournais son attention avec une autre histoire, elle me laissait la nourrir plus facilement. J'adorais partager ces moments avec Yelen mais ce soir-là mes pensées étaient ailleurs.
Contrairement à ce que beaucoup pourrait croire, je ne pensais pas à Zayn ou du moins, je ne pensais pas directement à lui. Je ne désirais rien de plus que faire l'autruche par rapport aux sensations qu'il éveillait en moi. Mais, ces dernières année m'avaient apprises que ça ne servaient à rien autant prendre le taureau par les cornes et être fixée une fois pour toi. Il était évident que Zayn agissait sur mon corps tel un aimant sur une aiguille mais cela n'avait rien de bien extraordinaire. C'était une réaction tout à fait normale entre un homme et une femme. Cependant, les femmes ayant cette aptitude à « réfléchir loin » pour une réponse juste sous leur nez, malgré cette conclusion, il me fallut prêt d'une semaine à partir de l'arrivée de Zayn, pour me rendre compte que ce n'était pas ces réactions mon véritable problème.
Mon véritable problème c'était ce qu'elles impliquaient. En fait, cela voulait dire que je n'étais pas insensible au charme des hommes. C'est juste qu’entre retrouver ma famille, avoir ma fille et rattraper mes études, je n'avais pas le cœur en paix pour me prêter à ces jeux de sentiments.
Après cette semaine de réflexions, j'en étais venue à la conclusion que l'éveil de mes hormones étaient tout à fait normal puisque que j'avais une meilleure situation de vie et que sans se voiler la face, Zayn était un canon assez atypique et ça j'adorais. J'en étais aussi venue à la conclusion que je n'étais pas prête pour les choses de l'amour, trop de sentiments, trop de confusion et moi j'avais besoin de toute ma tête et de toute ma concentration pour réussir mes études et veiller sur ma fille. Malheureusement pour moi, Zayn en avait décidé autrement.
Juste après l'épisode « Rodrigue », je suis passée par tellement d'états mentaux et je n’en suis pas ressortie sans séquelle. Bien qu'entre ce moment et ma venue à Seattle, j'ai beaucoup évolué, appris et oublié, je n'étais pas toujours très à l'aise avec mon corps que je dévoile le moins possible. Je n'ai jamais excédé les distances genoux-épaule et ce même à la maison, au plus grand dam de Mia qui parfois se baladais même en sous-vêtements, une attitude que son cousin partage avec elle. En effet, au bout de la première semaine, j'en étais venue à la conclusion que Zayn détestait les vêtements et qu'il les mettait pour sortir car il devait être habillé sur le campus. À la maison, c'est de justesse s'il portait un pantalon. Mes yeux avaient tellement dévoré son torse que je pensais pouvoir le reproduire dans le marbre les yeux fermés et cela me contrariait
- Qu'est ce qui te contrarie ?? Dis Zayn en s'asseyant sur une chaise à la cuisine pendant que je préparais, le repas.
Ce jour-là, nous étions seuls à la maison car Mia avait décidé d'amener Yelen avec elle pour faire les boutiques. Je trouvais cela absurde mais j’avais finalement cédé devant la bouille excitée de Yelen à l'évocation de parc d'attraction qu'il y a avait dans le centre commercial.
- Hein !? Dis-je en regardant autour de moi.
- ……..
- C'est à moi que tu parles ??
- Oui on est bien les seuls dans cette cuisine non ??
- Excuse mon étonnement, j’avais fini par me persuader qu'en dehors des cours, tu ne savais plus comment parler, dis-je en retournant à ma préparation pour éviter de baver devant de son torse
- Aie. Alors qu'est-ce qui te contrarie ??? Demanda-t-il de nouveau.
- Qu'est ce qui te dit que quelque chose me contrarie ??
- Tes sourcils et ta bouche.
- Hein ?!
- T'es moins longue à la détente en cours
- Et toi tu es plus vêtu en cours, murmurai- je pour moi.
- T'as dit quoi ??
- Je demandais de mieux expliquer. Qu'est-ce que mes sourcils et ma bouche ont fait ???
- Ils donnent une certaine expression à ton visage quand t’es contrarié ?
- …….
- Tes sourcils sont froncés et tu te mords constamment le coin de la bouche.
- Et qu'est ce qui te dit que je suis contrariée et que je ne réfléchis pas plutôt ?
- Tu as exactement la même expression quand tu es en désaccord avec une opinion……trop radicale et que tu t'apprêtes à objecter pour donner ton avis.
- …….
Que pouvais-je répondre à cela puisqu'il disait la vérité. Pendant longtemps Kira m'avait faite cette remarque et si au départ je ne portais pas foi à ses propos, le fait de voir Yelen agir exactement de la même manière lorsque je refusais de lui donner des bonbons la nuit, m’a vite fait changer d'avis. D’autre part, cela me surprenait que Zayn ai remarqué un truc aussi banal.
- M’observerais-tu ??? m’entendis je demander avant de pouvoir mettre un filtre entre mon cerveau et ma bouche.
- Non……je t’étudiais par contre……
- Je ne vois pas la différence, dis-je en me mettant à couper les tomates pour la salade.
- Laisse-moi faire, lança Zayn en venant récupérer le couteau entre mes mains.
- ……..
- La différence est que j'observe tout le monde parce que c'est une seconde nature chez moi.
- ……
- Mais toi…je t’étudie parce que je veux te connaître. On sent à des kilomètres que tu caches tellement plus sous tes façades de parfaite petite élève
- …….
- Et ceux sont ces secrets la qui m'intéressent.
- Désolée de te décevoir mais il n'y a rien à savoir sur moi, dis-je en coupant la plaque chauffante.
Déjà qu'il me déstabilisait avec son physique, il ne manquait plus qu'il me sorte des phrases du genre. En cet instant, je faisais de gros effort pour rester légère dans la discussion. Parler de mon passé me faisait moins souffrir mais c'était bien là le problème. Je souffrais moins certes mais je souffrais. De plus, Zayn n’avait pas encore assez ma confiance pour que je me confie à lui.
- Laisse-moi douter de ce que tu dis, répliqua Zayn en entamant le lavage de la laitue.
- Ah ben ! C'est toi qui vois si tu veux perdre ton temps ou pas, déclarai je en plaquant le plus faux des sourires sur mon visage
- …….
- …….
- Je ne me pense pas que vouloir mieux connaître la fille qui m’intéresse soit une perte de temps, finit par dire Zayn en me tendant la planche sur laquelle il avait coupé oignons, tomates et laitue.
Je reçus cette dernière phrase comme un choc et je dus faire des efforts surhumain pour ne rien laisser transparaître dans ma voix ou sur mon visage. Si ce n'était pas de la sorcellerie, d'où tu sors des phrases pareilles à une fille qui venait juste de décider de ne pas céder devant son attirance pour toi.
- Je pense que je n'ai plus besoin de ton aide. Il ne me reste plus qu'à passer un coup de balai et à mélanger la salade.
- Évidemment ce n'est pas à cause de ce que je viens de dire que tu me renvoies de ton territoire ???
- Évidemment, dis-je en souriant.
- Tu mens tellement mal Phoebe.
- ……..
- J'adore ta cuisine donc je vais cesser de…….. te déstabiliser car je tiens a bien manger, ajouta t-il avant de sortir de la cuisine
- Tu ne me déstabilise pas, murmurai-je comme pour me convaincre.
Ce jour marqua le début d'une cour assidue, toute en douceur et en taquinerie. Avant même que je ne m'en rende compte, Zayn et moi étions passé de statut de colocataire, à celui de bons potes puis à celui d’amis. Le temps qu'il ne passait pas à mettre en forme sa thèse de maîtrise, il le passait avec moi, à parler de truc sans importance comme le meilleur parfum de glace. Bien qu'il ait essayé de me convertir à la glace aux cacahuètes, selon moi, celles menthe chocolat et café truffé restent les bases de la glace. Mais outre le sujet des glaces sur lequel nous étions en désaccord, nous partagions des idées semblables sur les œuvres littéraires, africaines ou non, qui nous ont marqué et nous pouvions en discuter des heures si Yelen ne prenait pas un malin plaisir à perdre ses mains dans la forêt de dreads locks de son « tonton câlin » comme elle aimait l'appeler.
On avait tout d'un couple mais je continuais à me convaincre que je ne ressentais pour Zayn rien d'autre que de l'attirance. Une attirance tout ce qu'il a de plus gérable me disais je. Ce ne fut que lorsqu’au bout des deux mois que devait durer le séjour de Zayn, je mis à ressentir un pincement au cœur à l'idée de ne plus le voir si souvent, que je me rendis à l'évidence : j’avais développé des sentiments pour Zayn. Même aujourd'hui, ce serait trop précipité d'affirmer que j'étais amoureuse de lui. Mais je ne doutais pas que mes sentiments à son égard avaient migré de simple amitié à autre chose. Je fis donc appel à la sagesse de Kira pour me conseiller. Contrairement à Mia je pouvais tout lui dire à elle.
- Allo….
- Hey petite sœur.
- Kira. Ça va toi ??
- Oh ! Je ne me plains pas. Les jumelles me font la misère ici avec leur rattrapage phase d'adolescence.
- Quel rattrapage…..que de l’adolescence…. Je vais rappeler et leur parler dès qu'elles reviennent.
- Non c'est leur âge. Tu veux leur dire quoi. Du moment qu'elles ne font rien de grave et se donnent dans leurs études, laissons les faire. Elles n'ont pas eu la chance de grandir normalement avec tous vos problèmes alors laisse les profiter.
- Si tu le dis……j'oublie parfois qu'elles ont eu leur lot de problèmes et qu'elles ne cherchent qu'à oublier maintenant……
- …….
- Bon ce n'est pas pour parler des histoires des filles que je t'ai appelé.
- ……
- C'est pour parler de…..Zayn.
- Je me demandais quand tu allais enfin te décider à me dire qu'il te faisait rêver.
- Hein…
- Chérie, ce n'est pas pour rien que je suis plus âgée que toi. Même Mia a remarqué qu'il y avait un truc entre vous et elle m'en parlé.
- Donc vous deux vous parlez dans mon dos…
- Aka laisse-moi ça et dis-moi plutôt pourquoi tu recales l'enfant des gens ?
- Comment ça …….
- Le gars est sur toi comme une abeille sur une fleur mais d'après Mia dès que ça devient un peu sérieux tu le cales de partout.
- …….
- ……
- J'ai peur.
- Je vais mal te gifler. Tu as dis j'ai peur ou bien c'est moi qui ai mal entendu.
- ……
- De quoi tu as peur ???
- Je ne suis pas encore amoureuse de lui et j'ai peur que si cela arrive, il ne me rejette en apprenant mon histoire.
- La vie ce n'est pas le lait ma chère.
- …….
- Si tu ne prends pas de risque tu n'as rien en retour. Parles à Zayn et si il te tourne le dos, c'est qu'il n'a jamais été pour toi. S’il reste votre potentielle relation n'en sera que plus forte.
- Mais je n’ai pas envie de « manger la honte »
- Aka, est ce que ça tue même ?
- ……
- Parce que si ça tuais là, les nombreux politiciens aux pouvoirs en Afrique seront déjà tous morts.
- Krkrkrkr
- Mais plus sérieusement, si Zayn est intéressé par la fille que tu es aujourd'hui il doit apprendre à accepter ton passé parce que sans tu ne serais pas toi et il ne pourra pas mettre sa bouche en cœur pour te dire je t'aime…..
- ……..
- Toi cette histoire t’a conduit là où tu es aujourd'hui ça c'est sûr. Mais tu ne te résumes pas à cela. Alors prends ton courage à deux main et lance toi
Ce soir-là, je méditai longtemps les paroles de Kira et je me rendis compte qu'elle avait raison, encore. Il fallait que je cesse définitivement de jouer les victimes et que je sache prendre certains risques sans avoir à chaque fois à aller chercher du courage chez les autres.