103: We belong together
Write by Gioia
***Mally LARE AW***
Elikem n’a pas piqué
de crise à son réveil, mais j’ai l’impression qu’on vit la plus longue journée
de nos vies. Actuellement elle est dans sa salle de bain, en train de se mettre
du henné avec l’aide de Dara. Il ne faut pas me demander le pourquoi. Je suis
moi-même perdu quant à cette subite envie, mais mon but pour cette journée,
c’est qu’elle tienne sur ses deux pieds alors je ne questionne aucun de ses
désirs. Je dresse la table pour le repas de midi quand la servante Jeanne vient
me prévenir qu’on a de la visite de celle que je n’espérais absolument pas. Je
sors moi-même ouvrir le portail et Snam recule d’un pas en me voyant.
— Je…, euh… j’ai
entendu les parents dire qu’Elikem n’était pas en pleine forme alors je me suis
désistée pour le voyage et je voulais voir si elle allait mieux, elle s’explique
gênée.
— Nul besoin de
te justifier, ici c’est aussi chez toi Snam, je lui dis en m’effaçant pour la
laisser entrer.
— Comment
va-t-elle ? elle me demande d’une
voix soucieuse, mais je n’aurais pas le temps de répondre à cette question.
Les voix de mes sœurs
m’alertent alors je détale et ma mâchoire se fend en deux devant Dara et la
servante qui luttent avec Elikem pour lui arracher des ciseaux qu’elle a en
main.
— Enfin… vous
pouvez m’expliquer ? Elikem
c’est le henné ça ? je les
interroge.
— Je l’ai djuste
laissé pour qu’elle ze lave et Jeanne m’a djit qu’elle l’a vu zortir pour…
— Je suis sortie
pour chercher des ciseaux parce que ce fichu henné prend trop de temps pour
être rincé et j’ai mal aux bras.
— Non, mais tu as
vu comment tu as massacré ta tête ? je
demande toujours choqué par le résultat catastrophique qu’elle a créé.
— Et alors ? C’est votre tête ? elle réplique avec hargne.
— Donne les
ciseaux Elikem, on va t’aider à rincer le henné, Snam propose sur un ton plus
calme que nous.
Elikem nous observe à
tour de rôle, les yeux remplis d’exaspération, mais elle obtempère. Les filles
retournent dans la salle de bain avec elle et n’en ressortent qu’environ trente
minutes plus tard. J’ai eu le temps d’imaginer toutes les formes que prendra la
crise de maman lorsqu’elle verra ce que sa fille aînée a fait. La préoccupation
doit paraître puérile en une journée comme aujourd’hui, mais il faut comprendre
que ma mère est particulièrement attachée à l’apparence de ses filles. Et ce
que ma sœur a fait sur sa tête est grave.
— Atroce en
réalité, je dis stupéfait maintenant que j’analyse le résultat de près.
Elles sont sorties et
Elikem est assise sur une chaise.
— Ce ne sont que
des cheveux, elle dit sur un ton détaché.
— Oh le dzernier
qui a djit ça l’a un peu regretté, Dara chantonne.
— On va d’abord sécher
et ensuite égaliser, Snam propose la solution la plus sensée.
Dara lui rapporte un
sèche-cheveux et je vais chercher une tondeuse dans la chambre des parents.
— Elie, commence
Dara sur le ton qu’elle prend quand elle a une idée derrière la tête.
— Hum ?
— Et zi on te
défrisait les choveux après que Snam les ait séchés ?
— Dois-je te
rappeler qu’on essaie d’arranger déjà un problème ? rétorqué-je.
— Bah c’est aussi
un ahangement. On pourrait essayer une xolie coupe, un peu comme les chonteuzes
des années 90, ça t’irait super je trouve, elle continue sur un ton
enjoué, ignorant carrément ce que je viens juste de dire.
— OK
— Quoi ? Elie, il n’est pas question que tu fasses ça.
Tu fais comment si ce n’est pas joli ?
— Si ça seha joli.
Je le zens.
— C’est ce
torchon que tu risques de sentir sur ta tête si tu continues, je lui réponds
tout en la regardant de travers.
-
— Tu en penses
quoi Snam ? Elikem l’interroge.
— Euh…., elle
commence après avoir croisé mon regard désapprobateur. En fait, je pense que ce
sont juste des cheveux. Si ça te plaît pas, tu pourras changer dès qu’ils
pousseront.
— Voiya ! Dara dit comme si elle n’attendait que ça.
— Voiya hein ! Tu dis voiya ! Ce n’est pas toi la même personne qui a boudé
ton copain des jours entiers parce qu’il avait touché à sa tête sans t’en
parler ?
— Hors zujet,
elle réplique la tête sur le côté.
— Ah bon ? Tu as fait ça quand ? Elikem lui demande.
Elle envoie Jeanne lui
acheter du défrisant avant de raconter à Elikem l’anecdote sur Marley Tchi. Je
l’ai déjà entendu de la concernée, mais la manière passionnée avec laquelle
elle raconte m’arrache encore des sourires.
— Donc c’est
comme ça que tu fais la loi sur le garçon des gens à Nairobi et puis je
n’entends pas hein, commente Elikem avec humour.
— Ah non, il ne
faut pas le blâmer parce qu’il n’est pas en rezte. Pas vrai Znam qu’il est un
copan tei…. désolée, elle finit par dire. Ça me prend aussi une seconde pour
passer de la confusion à la compréhension. C’est pas le moment.
— Désolée
pourquoi ? Continue, j’ai envie
d’entendre vos histoires, Elikem l’encourage plutôt.
— Zûr ? Je… je veux pas te rendjre plus tchriste,
Dara lui répond tout en me demandant du regard si c’est vraiment une bonne
idée.
— Bof, je peux
pas être plus triste, alors autant écouter le bonheur des autres.
Cette phrase me
comprime le cœur comme le ferait un étau qui se resserre autour. Ça ne devrait
pas être comme ça. Le bonheur devrait être accessible à tous pourtant. Bref. Je
vais ouvrir le portail à Jeanne qui doit revenir avec le défrisant. L’heure qui
suit, je rigole comme un idiot. Les gens ne connaissaient de Dara que son côté
sensible et timide en grandissant, mais la Dara touchante et chiante, il n’y a
que moi qui la côtoyais régulièrement. Elikem paraissait intimidante pour Dara
quand on grandissait alors elle ne lui montrait pas trop, mais moi, oh moi
j’étais son souffre-douleur hein. Piquer mes shorts, dormir dans mon lit,
insister pour jouer avec moi, cacher mes jeux favoris sous prétexte qu’ils sont
trop violents, me signaler à papa quand je tuais mes personnages dans SIMS pour
s’amuser, non j’en ai bavé, alors ça m’amuse grandement d’entendre qu’elle soit
tombée sur un gars aussi chiant qu’elle l’était.
— Donc comme ça,
il n’a pas le droit de te demander deux cadeaux hein, commente Elikem en
rigolant.
— Non, mais tchu
vas pas me djire que j’exagèhe, pourquoi quelqu’un qui est né djix jours avant
noël veut encore un cadeau le jour là ? C’est
de l’arnaque moi je djis, j’aurais djû anahyser ce côté avant de m’entchrer
dans cette histchoire.
— Achète-les
cadeaux du bon frère on va quitter ici, je rajoute en riant aussi.
— Pfff ! Ça m’étonne pas dju tout que tchu sois de zon
côté, elle réplique en me lorgnant.
— Ah oui oui, je
savais que mon vengeur allait venir tôt ou tard, mais jamais je n’aurais pensé
qu’il allait bien faire la chose comme ça. Il faut même que je l’appelle
bientôt, dis-je avec humour.
— Le destin
parfois fait bien les choses, Elikem commente comme si elle était en pleine
réflexion. Moi non plus, je n’aurais jamais pensé en rencontrant madame Hélo
qu’elle serait si liée à nous. D’abord la mère d’Océane et depuis son mariage,
elle est presque une figure maternelle pour Marley si je ne m’abuse.
— C’est vrai, il
l’aime tchrop, Dara dit sur un ton joyeux.
— Oui, le destin
parfois, il peut surprendre agréablement. Ce que j’entends sur toi et Marley est
différent, mais bien plus beau que mes rêves pour toi.
— Oh on a aussi
nos problèmes hein, nous ne sommes pas pahfaits, Dara répond gênée.
— Il ne faut pas
être embarrassée qu’on vous trouve beaux Dara, ça ne veut pas dire que tu vends
du faux ou du rêve. Je vous trouve beaux parce qu’en t’écoutant, je me dis
toujours mince, vous êtes vraiment bien ensemble. Quand je pense au fait que tu
aies décidé seule d’aller à Nairobi alors que toute la famille avait un plan
différent pour toi et que je l’avais même mal pris à un moment, je comprends
les gens comme Romelio qui s’accrochent à l’idée que Dieu n’écrit pas en lignes
droites, mais ses courbes conduisent souvent à un résultat plus harmonieux que
nos rêves. J’espère que vous allez grandir ensemble et construire une jolie
famille.
— Je n’aurais pas
dit mieux, commente Snam qui aide Dara à enlever les gants qu’elle a utilisés
pour défriser Elikem.
— Merci Elie, je…
Je secoue la tête et
elle se reprend.
— Je t’aime, elle
finit par dire.
— Moi aussi ma
puce, je vous aime tous. Vous êtes toujours là vous, elle dit comme si elle se
parlait à elle-même.
Je la prends dans une
étreinte compliquée à cause de sa tête recouverte de défrisant, mais il fallait
que je l’enlace, pour qu’elle comprenne qu’effectivement, nous serons toujours
là pour l’aimer et l’entourer. Les filles vont rincer le défrisant quelques
minutes plus tard. Apparemment ça piquait déjà quand ma sœur quand on lui
posait la crème. Le résultat n’est pas fameux quand elles ressortent, mais
elles font leur magie de femme sur sa tête et à la fin, je suis le premier
bluffé.
— Qui l’aurait
cru, je commente quand Dara finit de lui faire des bouclettes avec un mini fer
après avoir un coup de sèche-cheveux.
— La prochaine
fois on écoutcheras un peu Daha, l’autre dit fièrement.
— Va acheter les
cadeaux du frère au lieu de nous fatchiguer ici là, je dis en l’imitant, ce qui
me vaut un coup de peigne sur le bras.
La cerise sur le
gâteau, c’est qu’Elikem aime le résultat final. En plus on a un restant de
gâteau que maman a fait avant de s’en aller et puisqu’on mangeait pendant que
les filles s’affairaient, je propose qu’on le descende pour se faire plaisir. On
se rajoute deux bouteilles de champagne dessus parce que les deux vont de paire
et puis nous sommes des majeurs vaccinés par ici. Ça rigole, ça blague et mes
regards se promènent entre Elikem et Snam. La seconde décide de nous fausser
compagnie quand on s’apprêtait à ouvrir la deuxième bouteille.
— À la base
j’étais juste de passage pour te voir Elikem, et là il va sonner 15 h,
elle rajoute comme si c’était une raison.
— Tchu vas où
d’abord pour vouyoir partchir ? Dara
lui demande. Mon élément, je dis, mon élément !
— C’est comment
tu la questionnes comme si elle te devait ? Elikem
lui renvoie alors que j’attendais les oreilles bien dressées pour entendre ce
que Snam aurait à dire. On peut couper l’herbe sou le pied de son petit frère
comme ça ?
— Oh je vouyais
djuste savoir han, Dara répond en haussant les épaules.
— Là où je vais
tu ne voudras pas le savoir, Snam répond sur un ton malicieux qui m’agace
directement. Je repasserai demain soir si les parents n’ont pas besoin de moi.
— Merci d’être
passée King, tu es choute.
— Chouuutee ? répète Dara.
***Snam WIYAO***
Bien que leur
conversation sur le mot « choute » soit amusante, je profite de leur inattention
pour m’éclipser sinon je ne partirai jamais. Je m’arrête un instant pour
enfiler mes baskets et me note mentalement de texter Macy dans le taxi du
retour. C’est aussi pour elle que je suis venue aujourd’hui. On s’est dit que
cette journée serait éprouvante pour Elikem, mais je suis plutôt soulagée
qu’elle arrive à sourire et même rire. Mes baskets aux pieds, je me dirigeais
vers la porte quand celui que je m’applique à éviter prononce mon nom.
— Pas la peine,
je ne rentre pas à la maison, je réponds sans me retourner.
— Je n’allais pas
me proposer pour te raccompagner. Je veux savoir si tu comptes réellement t’en
aller maintenant après avoir vu et entendu Elikem.
— Mais elle va
plutôt pas mal, je dis et me retourne cette fois. Chose que je regrette dès que
mon regard croise le sien perturbé.
— Elle essaie
King. Tout ce qu’elle fait c’est essayer, et je ne sais pas comment elle y
arrive, parce que si c’est… si c’est toi que j’avais perdu… il aurait fallu
m’interner.
— Arrête, dis-je
d’une voix que je trouve plus faible que ce que j’aurais dû sortir.
— Je refuse, il
me retourne sur un ton déterminé et fait un pas vers moi. Je refuse de garder
en moi ce que je ressens. Tu as entendu ma sœur ? Le destin parfois fait bien les choses. Dis-moi
ce dont tu as besoin, mais je refuse d’accepter qu’il ne reste plus aucune
chance pour nous. On a tellement à vivre encore, à construire. Je n’arrive pas
à accepter que tout soit parti en fumée pour une soirée stupide King. Je ne me
souviens même pas du prénom de cette fille. Le seul prénom gravé ici, c’est le
tien, il ajoute quand il est tout près de ma face et prend sa main pour la
poser sur ses pectoraux.
Mon cœur bat la
chamade devant son regard ébranlé. Je repense aux moments de cette journée où
j’ai vu Elikem l’air totalement absent, comme une personne seule au monde
pourtant nous étions à côté.
— Il n’y a pas
que Dara et Marley qui vivent une belle histoire qui me tient à cœur. Nous en
écrivions une aussi et j’ai merdé en chemin. Je… en fait, je ne sais même plus
comment te demander pardon. Tu veux que je me mette à genoux ? il dit et je l’arrête quand je me rends
compte qu’il comptait réellement le faire.
— Arrête, je suis
sérieuse, je dis sincèrement. Le Mally que je connais ne fléchirait le genou
devant personne.
— Le Mally que tu
connais te veut Snam. Des genoux ne représentent rien au bonheur que je ressens
en t’ayant à mes côtés. Je ne veux pas vivre avec l’idée que j’ai perdu la
femme de ma vie pour une petite expérience de rien du tout, il chuchote et je
craque.
— Je t’ai laissé
m’humilier, j’avoue la gorge nouée par les émotions. Je m’en veux de m’être
tellement attaché à toi que rien ne semblait trop quand il s’agissait de ton
bien être. Je me suis alors promis de me concentrer uniquement sur moi
désormais. Mais……
— Oui.., il
continue la voix remplie d’espoir.
— Mais je ne
supporterai pas ton absence. Je… je ne pourrai pas vivre avec cette idée. Je
préfère encore que tu sois en vie et vives comme bon te semble plutôt que tu
disparaisses. J’ai besoin de ton existence dans ma vie, même si c’est en tant
que connaissance. J’en ai besoin.
— Moi aussi, il
murmure front collé au mien. Tu représentes l’amour pour moi King. Avant toi je
n’ai aimé que ma famille.
— Je t’ai entendu
dire que tu ne m’aimais pas ; j’en
ai eu le cœur émietté, je lui avoue dans la foulée, d’une voix tremblante en
souvenir de la peine que j’ai ressentie le jour là et enfoui pendant des
années, tout jouant la détachée avec lui.
— Je sais,
pardonne-moi. Dans mon esprit de con, je m’étais dit que c’était une façon de
ne pas intensifier nos sentiments. Je ne voulais pas qu’on se lance à seize ans
dans une relation quand chacun de nous avait choisi une voie qui lui était
propre. Quatre ans allaient nous séparer même si je venais te visiter à
Nairobi. Et je savais bien que je n’allais pas attendre la queue toute sage
entre mes jambes. Je n’aurais pas osé m’engager avec toi pour te tromper. Nous
méritons nettement mieux. Ce que j’espérais c’est qu’il te reste un peu d’amour
pour moi après ses quatre ou cinq ans, parce que je comptais te dire dans une
meilleure version, tout ce que je viens de te raconter.
J’ai envie de le
gifler et l’enlacer à la fois. On ne peut pas compter le nombre de fois que
j’ai tiré un trait sur lui puis je suis revenue en arrière à cause de la façon
spéciale qu’il m’a toujours traité. Je pourrais m’en aller là, histoire de le
torturer un peu plus pour les mois à me faire cogiter et l’humiliation, mais
une petite voix me rappelle qu’on n’a pas l’éternité. Aussi j’ai envie de
connaître le goût de ses lèvres que j’ai longtemps dessiné de mes doigts quand
il était endormi alors je me mets sur la pointe des pieds puis l’embrasse. Il
me domine rapidement et tire sur mes lèvres avec les siennes comme s’il a
attendu ça pendant des années. Nos langues se lancent dans une lutte effrénée
et nos mains dessinent nos formes corporelles comme si chacun voulait vérifier
que l’autre était bien réel.
— Nous… hmmm, je
grogne quand il me bâillonne à nouveau par un second baiser.
— Sommes… haan,
il me coupe encore la troisième par un troisième.
— Tes parents,
nous sommes chez vous Mally, on ne peut pas se laisser aller de cette façon, j’arrive
enfin à dire, mais d’une voix étouffée parce que j’ai collé mon visage à son
torse pour fuir un quatrième baiser.
— Mais… rhooo, je
dois aller quelque part, je proteste quand il me tire la main pour me ramener à
l’intérieur.
— Oh tchu es
encohe là ? Dara demande quand on
passe devant les filles.
— Je te confie
Elikem, j’essaierai de ne pas être trop long, il répond à ses sœurs et je
chauffe de gêne quand les deux nous font un pouce en l’air.
— Mal…, je
commence, mais ne finis pas celle-là aussi. Un autre baiser me cloue le bec. Cette
fois je suis même soulevée et on nous fait tomber sur le lit. On s’embrasse
même en roulant sur le lit parce que j’essaie de me lever.
— Mais enfin,
c’est quoi ? je lui demande quand
j’arrive enfin à me détacher ma tête de son étreinte.
— Je me rattrape
pour toutes les fois où j’ai rêvé de faire ça quand on dormait ensemble, il
murmure et sans prévenir sa bouche se pose sur mon sein qu’il mordille à
travers mon t-shirt.
— Ça aussi j’en
ai souvent rêvé quand j’entrevoyais ta poitrine à travers tes hauts, il avoue
et me fait soupirer d’aise en mordillant l’autre aussi.
Je reviens brusquement
sur terre quand sa main se pose sur le bouton de ma jupe en jean.
— J’ai dit qu’on
est chez toi.
— Le lieu
parfait, nous nous sommes fait tant de promesses dans cette chambre. C’est ici
qu’on doit se réconcilier.
— Tu es tombé sur
la tête ou quoi ?
Dois-je te rappeler que c’est ta maison familiale ?
— Et alors ? Quand on sera mariés, tu penses que je vais
me retenir lorsqu’on visitera mes parents ?
— Non, mais… oh
lève-toi, tu vas trop vite ! je dis
un peu agacée et il se redresse légèrement avec un sourire narquois.
— Tu n’as pas à
t’en faire King, ça fait mal au début, mais une fois que je serais dedans tu en
trembleras de plaisir, il me dit sur un ton doux tout en me caressant le
visage.
— Qui a dit que
je parlais de ça ? En
plus je ne suis pas vierge !
— Quoi ? il demande et sa tête recule.
— Quoi, quoi ? Tu l’es toi peut-être ? je demande sur la défensive.
— Mais est-ce que…,
il marque une pause, m’observe et soupire. On s’en fout, l’essentiel c’est que
ma queue sera ta dernière.
— Et je dis que
tu vas trop vite. On vient à peine de se réconcilier que tu parles déjà de
mariage, dernière queue, et tout, dis-je un peu paniquée.
— Tu ne veux pas être
ma femme ? il me demande sur le ton
auquel je ne peux pas dire non.
— Ce n’est pas la
question. C’est juste que… que je sais pas Mally. On peut commencer à sortir
ensemble d’abord ? Je
n’ai même jamais eu de relation amoureuse et tu parles de mariage, un truc
super sérieux.
— Ta première
fois ce n’était pas avec ton copain ?
— Tu n’avais pas
dit que ce n’était pas l’essentiel ? je lui
retourne.
— Bref, je suis
juste intrigué. Une partie de moi savait bien qu’en te laissant célibataire, j’encourrais
le risque de te perdre, mais une autre s’était accrochée à l’idée que tu ne
laisserais pas un autre t’approcher puisque j’étais dans les parages alors ça
m’étonne un peu.
— Je ne voulais
pas trop me projeter avec toi qui posais des actes sans jamais rien dire. Un
ami de classe m’a fait la cour et j’ai accepté. C’était un flirt qui n’a pas
vraiment duré. Tu es content ?
— Il a été doux ?
— Oh Mally, tu
vas me questionner jusque là ? je lui
demande choquée et un peu gênée.
— S’il ne l’a pas
été, on gomme cette fois et je le refais.
Cette fois c’est moi
qui l’embrasse pour clore le sujet. On n’a besoin de rien gommer. Ce qui s’est
passé est passé.
— Hmm, King…. ,
il murmure en ralentissant la cadence de nos baisers.
— Mmhmm, je ne
peux m’empêcher de minauder en réponse. C’est papa qui m’a donné ce titre de
royauté, mais je deviens de la pâte à modeler quand c’est Mally qui le dit. Mon
cœur trépigne déjà dans l’attente d’une déclaration digne de celles qui m’a dit
quand on était dans leur cour.
Ses mains remontent
mes cuisses et sa bouche descend dans mon cou, mais toujours pas de
déclaration. Monsieur me fait languir et mon minou ne cesse de se contracter à
chaque toucher de lui. Mon string disparaît avant que je ne prononce mon « oh » et je
sens un truc trois fois plus immense qu’un doigt presser contre ma chair.
— Qu….putain, je
lâche quand la tête de sa bite se fraie un chemin en moi.
Entre questions et
soupirs, mon cerveau ne devient qu’un ramassis de confusion. Il a sorti sa
queue quand au juste ? Et
comment la simple entrée d’un gland en moi me fait haleter comme ça ? Je n’ai pas une massive expérience sexuelle
non plus, mais je suis déjà passée par là et…
— Tu me vires cet
Eric dès ce soir, il m’ordonne comme s’il était fâché et s’enfonce d’un coup
qui me fait cambrer le dos et son bras en profite pour se glisser là et
maintenir mon corps sous sa maîtrise.
— Entoure mes
hanches de tes jambes et cramponne-toi.
— Mais comment….
Les questions
disparaissent au deuxième coup de bite que je reçois. On verra ça après. Pour
le moment je me laisse faire et garde ma tête dans son cou à l’endroit où bat
son pouls. Je n’arrive vraiment pas à croire que c’est avec Mally que je suis
en train de coucher, mais c’est bien sa voix que j’entends quand il râle durant
les va-et-vient plus secs. J’ignore combien de temps on a fait, mais c’était
tellement bon que je n’entrevoyais pas la fin, mais sa voix se fait sourde et
il commence à gicler en me serrant fort. Mes jambes tremblent de façon
incontrôlée quand il redépose mon corps sur le lit et se couche à mes côtés. Maintenant
que le rythme cardiaque revient à la normale, les images de ce qu’on vient de
faire aussi prennent d’assaut mon esprit.
— C’est sûr que
tes sœurs nous ont entendus, oh la honte, je dis mortifiée, mains sur ma face
et il rigole doucement à côté.
— Peut-être, il
répond et caresse mon ventre, mais je balaie son visage de la main.
— Il n’y a rien
de drôle dans ça. Tu ne connais pas ta sœur qu’on appelle Dara hein. Elle me
lancera toujours un regard coquin du genre « oh je sais » et
qu’est-ce qu’Elikem va penser de nous alors. C’est aujourd’hui qu’on a… hey ! On n’a pas réglé un truc que tu soulèves ma
jambe encore ! je m’offusque.
— Je t’écoute
King, continue surtout, il dit tout bas et son doigt aussi se faufile en moi
aussi rapidement que sa queue tout à l’heure. Je frémis deux ou trois fois plus
fort en revanche. Mon cerveau perd à nouveau le contrôle sur mes jambes et mes
doigts saisissent fort le drap mince en bas de nous.
-Work your clit for me
sweetie, il me souffle.
— Hein ? je fais d’une voix qui traduit que je ne suis
plus sur terre.
-Your clit, rub it for me, I need you to
get off properly.
— Umm, je work ça
comment ? je l’interroge un peu
perdue. Il arrête de me doigter et se redresse légèrement pour m’observer, ce
qui me gêne davantage.
— Ton copain là
vraiment hein. Il ne t’a pas appris ça ou il était là pour dévierger seulement ?
— Sérieux ? je réplique choquée. Genre c’est le moment de
parler de ça ? En plus, en parler avec
arrogance comme ça ?
— J’ai le droit
de commenter si je trouve que le remplaçant n’était pas à la hauteur. Qu’est-ce
que tu fais en général pour jouir ?
— Je.. umm, c’est
gênant, je sais pas.
— Eh, il dit en
ramène à lui ma face que j’avais détournée. Entre nous il n’y a jamais eu de
gêne alors on ne va pas commencer maintenant qu’on est ensemble. Le seul truc
que tu dois porter après que je t’ai touché c’est un sourire satisfait et j’ai
besoin que tu m’aides sur ce coup parce que ton corps tu le connais mieux que
moi. Je te touche, mais les sensations, c’est toi qui les ressens alors dis-moi
ce qui te fait voir les étoiles.
— Je n’ai jamais
vu les étoiles, j’avoue timidement.
— Tu as déjà été
proche alors ? il demande à nouveau et
là je hoche la tête.
— Qu’est-ce qui
t’a emmené là-bas ? Tu
peux le refaire ?
— Il y a une
fois, je sais pas trop comment il s’y est pris, mais il a touché légèrement mon
petit bouton et j’ai trouvé la sensation enivrante. Et tout à l’heure quand tu
bougeais rapidement en moi, je me suis sentie envahie aussi.
— OK, tu as
besoin de stimulation indirecte alors, fais le v de victoire avec tes doigts,
pose-les de part et d’autre des petites lèvres qui recouvrent ton clito et tu
tires légèrement vers le haut, un peu comme si tu te faisais une branlette. Je
vais m’occuper du reste.
— Tu es…, tu es
terrible. Tu sais tout ça d’où ?
— J’aime baiser,
ça me détend énormément, il avoue d’une traite.
Je comprends ce que je
dois y comprendre et bien sûr, je suis automatiquement jalouse. Il m’embrasse
tendrement et son doigt s’insinue en moi. Je fais comme il me l’a indiqué et me
surprend à énormément apprécier les sensations qui naissent dans le bas de mon
corps. Il accélère son doigter à un moment et ça m’excite étrangement qu’il ne
se formalise même pas que son doigt plonge dans son propre sperme qui coule
encore de moi. Je me fais la fameuse branlette de façon très gauche, mais là je
ne peux plus m’arrêter. Le plaisir est trop intense. Sa bouche quitte la mienne
qui ne faisait même plus rien sinon rester légèrement ouverte. Il se retrouve
encore dans mon cou qu’il lèche quand les premiers soubresauts commencent en
moi. Je m’entends gémir honnêtement. Pas le genre où tu serres les dents pour
bloquer ou on sent que tu as encore un peu de contrôle sur la situation. Non le
genre où tu es victime des sensations et cherches ton souffle. Je gémis et mon
corps se tend exactement comme il l’a fait quand il m’avait pénétré avec son
gland. Deux masses noires apparaissent sous mes yeux violemment fermés et je
tire sur les draps coincés dans mes orteils.
— Mmmhmm, je
sais, oui je suis là, viens, il me dit d’une voix apaisante et tire mon corps
sans volonté vers le sien. Je le laisse me prendre et me serrer contre lui.
Je soulève juste une
jambe et la dépose sur ses cuisses. Ma main câline son torse que je parsème
aussi de bisous tandis qu’il me caresse les cheveux. Cinq minutes plus tard,
rebelote. Moi qui pensais que le gars en me portant voulait m’emmener dans sa
salle de bain pour qu’on se douche, je me retrouve dos collé au mur et encore
pénétrée par sa bite qui pour la seconde fois s’est retrouvée en moi sans que
je ne comprenne quand elle est même devenue dure. Heureusement qu’Eric n’est
rien que le frère d’une amie qui veut venir à Nairobi et essaie aussi de sortir
avec moi, mais je ne lui ai rien donné comme confirmation, parce qu’à la sortie
d’ici je n’aurais pas eu le courage de le regarder en face si notre situation
était différente.
***Elikem AKUESON***
Ce n’est certainement
pas moi qui m’attendais à ce que Mally sorte de cette chambre aujourd’hui alors
les minutes que Aïdara chronométrait pour lui m’amusaient grandement. Le
champagne a eu raison d’elle pendant le film alors j’ai éteint la télé puis je
l’ai remise à l’endroit dans le canapé avant de me retirer dans ma chambre. Je
relis une énième fois la réponse que m’a envoyée Denola suite à mon message,
expliquant mon absence aujourd’hui.
— OK.
C’est tout ce qu’il
m’a écrit. Je suis consciente qu’il doit m’en vouloir. Je suis consciente que
ça passe mal, mais je n’y arrive pas. Pour la première fois, je n’arrive pas à
prendre sur moi pour quelqu’un d’autre. Je dois lui écrire, pour mieux lui
expliquer.
— S’il te plaît,
ne m’en veux pas, je commence à texter les doigts fébriles. Si je pouvais
donner un bras pour que demain tu sois avec moi, parmi nous Ray, je…
Je me rends compte en
plein message de ce que j’écris, et fonds en larmes en tombant sur le lit. Mon
téléphone doit sonner plusieurs fois pour que je capte qu’on m’appelle. Je
décroche la gorge serrée.
— Un salopard mon
patron, un trou du cul j’te dis, avec sa tête de requin là !
— Tu es… comment ? Tu ne salues pas ?
— Pfff ! Laisse que je me plaigne d’abord. Un attardé,
tu sais qu’après m’avoir sorti son « all
hands on deck » comme
raison pour refuser la permission que je rentre, monsieur veut maintenant me
programmer un work trip qu’il devait faire lui-même à la base ? Et devine quoi ? Mon retour d’impôt est de 7,36 $ parce
que selon foutu IRS je devais payer des contraventions pourtant tu étais là
quand je les avais contestés non ?
Pourtant je comptais sur cet argent pour retirer mes implants mammaires.
Résultat la vie est une chienne !
Bonsoir, je veux écouter ta part de plaintes aussi alors dis-moi tout avec les
insultes hein. On ne garde rien sur le cœur ce soir. Si tu veux même insulter
Dieu, ça reste entre nous.
— Je ne suis pas
allée à l’enterrement and I feel like shit. J’ai l’impression d’avoir commis une
grosse bourde, mais je… mais je… je ne pouvais pas, je dis les joues inondées
de larmes.
— Don’t feel like
shit, c’est la vie même qui est shitty. Toi tu es de l’or. Si la vie ne veut
pas l’accepter et te laisser un peu tranquille, je vais même lui montrer de
quel bois je me chauffe hein. Parce que ça commence à bien faire nom de Dieu.
— Tu m’as proposé
de l’insulter et tu dis encore son nom ? je dis
un peu amusée.
— Hein, de dire
le nom de qui ? C’est
lui seul qu’on connaît comme créature suprême, du moins c’est lui que mon père
m’a indiqué donc voilà.
— Il faut laisser
son nom. Tu dois te faire opérer bientôt donc la grâce doit être de ton côté.
— Lui-même sait
qu’il n’a pas intérêt à envoyer la faucheuse sur moi dans cette salle
d’opération. On a un contrat en suspens. Il me doit un beau gosse qui me fera
un peu vivre le bonheur et je dois porter aussi assister au mariage de nos
futurs enfants. Non il n’osera même pas.
— Il n’osera pas,
je suis d’accord sur ce coup, mais tu risques d’assister au mariage de Mally et
Snam avant de voir un quelconque mariage venir d’enfants que je n’aurais pas. Maman
a dit qu’il a demandé sa main chez tonton Magnim.
— Mally et Snam ?
— Yep, ils se
sont enfin décidés. À l’heure où je te parle, mon frère doit écrire sa version
du kamasutra avec l’enfant d’autrui. On a augmenté le volume de la télé aux
premiers gémissements.
— Il faut dire à
Snam que moi Océane, j’ai dit qu’elle n’est rien, elle me dit et m’arrache un
rire.
— Tu n’as pas
honte ? C’est une petite qui
aura 22 ans bientôt.
— En plus ! Dis-lui qu’elle n’est doublement rien. On
peut chanceuse comme ça ? 22 ans,
et son gars l’attendait sans faute comme une poupée sortant d’une fabrique. Ça
devrait être interdit d’être aussi mignons.
— Je t’assure,
dis-je en rigolant.
— En vrai ça
aurait pu être Romelio et moi, mais il aimait trop se récurer le nez.
— Mais tu es
conne hein, je rigole davantage. Aujourd’hui c’est qu’il se faisait trop une
recherche de nez ?
— Je ne voyais
pas bien ses défauts à l’époque, tu connais les choses des amourettes de lycée,
le type repasse un peu ses habits et se parfume du fond de parfum qu’il a piqué
à son vieux et direct il brille à tes yeux comme Michael Ealy.
— Tu vois l’humain ? Pourtant à l’époque j’étais là hein. Je t’ai
vu en action devant le petit, je dis amusée.
— Bref, tu as
encore réussi à détourner le sujet de toi. Ne pense pas que tes petits tours
passent avec moi. Parle madame. On sait que tu n’aimes pas râler. Toi tu aimes
les solutions, mais parfois il n’y en a pas, alors il faut se plaindre.
-…..
— Bon, si tu ne
veux pas le sortir alors tais-toi et écoute ma playlist pour ce soir. Tu restes
en ligne hein, ne raccroche pas. J’ai passé des heures à sélectionner ses
chansons pour toi.
— Tu es tellement
dramatique toi. Des heures à chercher les chansons pour me faire pleurer
seulement.
— Oui parce qu’il
faut pleurer et tout laisser une bonne fois pour toutes parce que l’année
prochaine toi et moi on va se ramasser tout l’argent et les vrais hommes dans
ce pays. On ne va pas emmener la douleur avec nous, on n’est pas né pour ça.
Donc pleure, insulte qui tu veux, on finit avec et on avance, donc écoute
Mariah te chanter les vérités. Au passage tu te rends compte qu’elle a tout
dans son catalogue la meuf. Mariage elle mange, noël n’en parlons pas. Même deuil
Mariah est encore sur le tableau, c’est mon idole en réalité. Bref, si jamais
tu préfères une version retravaillée par ma sublime voix, ne sois pas gênée de
demander hein. Je suis là pour toi, elle me dit sur un ton plus sérieux, qui me
ramène les larmes aux yeux.
Je n’ai pas de mots
alors je laisse Mariah Carey me dire les fameuses vérités quand elle commence
son « this is for my people who
just lost somebody ». Et j’étouffe dans mes sanglots quand elle dit, « It’s true that you’ve reached a better place, still I’d give the
world to see your face, and be here right next to you, but it’s like you’re
gone too soon, the hardest thing to do is say bye ». (C’est vrai que tu reposes en paix désormais,
mais j’offrirai le monde entier pour te revoir et être à côté. J’ai
l’impression que tu es parti trop tôt. Le plus dur c’est de dire au revoir.)
— Il ne devait
pas s’en aller, il avait tellement à faire, à voir et vivre, je dis la voix
lourde, le cerveau pesant une tonne et les yeux douloureux à force de les avoir
tant nettoyés.
— Chienne de vie
je te dis, une vraie chienne.
— Je pourrais
tuer son père si je le vois Océane, je ne sais même pas comment on tue, mais je
peux le poignarder, j’en suis…
— C’est bon, ne
t’étouffe pas pour lui, elle dit quand j’essaie de reparler, mais échoue
encore. J’ai déjà troué tout son corps grâce aux quinze poupées vaudou que j’ai
faites quand je m’ennuyais, elle dit et me fait rire malgré mes larmes. Je n’ai
plus rien à dire, alors je laisse la playlist de mon amie parler à ma place.