103: We belong together

Write by Gioia

 

***Mally LARE AW***

Elikem n’a pas piqué de crise à son réveil, mais j’ai l’impression qu’on vit la plus longue journée de nos vies. Actuellement elle est dans sa salle de bain, en train de se mettre du henné avec l’aide de Dara. Il ne faut pas me demander le pourquoi. Je suis moi-même perdu quant à cette subite envie, mais mon but pour cette journée, c’est qu’elle tienne sur ses deux pieds alors je ne questionne aucun de ses désirs. Je dresse la table pour le repas de midi quand la servante Jeanne vient me prévenir qu’on a de la visite de celle que je n’espérais absolument pas. Je sors moi-même ouvrir le portail et Snam recule d’un pas en me voyant.

— Je…, euh… j’ai entendu les parents dire qu’Elikem n’était pas en pleine forme alors je me suis désistée pour le voyage et je voulais voir si elle allait mieux, elle s’explique gênée.

— Nul besoin de te justifier, ici c’est aussi chez toi Snam, je lui dis en m’effaçant pour la laisser entrer.

— Comment va-t-elle? elle me demande d’une voix soucieuse, mais je n’aurais pas le temps de répondre à cette question.

Les voix de mes sœurs m’alertent alors je détale et ma mâchoire se fend en deux devant Dara et la servante qui luttent avec Elikem pour lui arracher des ciseaux qu’elle a en main.

— Enfin… vous pouvez m’expliquer? Elikem c’est le henné ça? je les interroge.

— Je l’ai djuste laissé pour qu’elle ze lave et Jeanne m’a djit qu’elle l’a vu zortir pour…

— Je suis sortie pour chercher des ciseaux parce que ce fichu henné prend trop de temps pour être rincé et j’ai mal aux bras.

— Non, mais tu as vu comment tu as massacré ta tête? je demande toujours choqué par le résultat catastrophique qu’elle a créé.

— Et alors? C’est votre tête? elle réplique avec hargne.

— Donne les ciseaux Elikem, on va t’aider à rincer le henné, Snam propose sur un ton plus calme que nous.

Elikem nous observe à tour de rôle, les yeux remplis d’exaspération, mais elle obtempère. Les filles retournent dans la salle de bain avec elle et n’en ressortent qu’environ trente minutes plus tard. J’ai eu le temps d’imaginer toutes les formes que prendra la crise de maman lorsqu’elle verra ce que sa fille aînée a fait. La préoccupation doit paraître puérile en une journée comme aujourd’hui, mais il faut comprendre que ma mère est particulièrement attachée à l’apparence de ses filles. Et ce que ma sœur a fait sur sa tête est grave.

— Atroce en réalité, je dis stupéfait maintenant que j’analyse le résultat de près.

Elles sont sorties et Elikem est assise sur une chaise.

— Ce ne sont que des cheveux, elle dit sur un ton détaché.

— Oh le dzernier qui a djit ça l’a un peu regretté, Dara chantonne.

— On va d’abord sécher et ensuite égaliser, Snam propose la solution la plus sensée.

Dara lui rapporte un sèche-cheveux et je vais chercher une tondeuse dans la chambre des parents.

— Elie, commence Dara sur le ton qu’elle prend quand elle a une idée derrière la tête.

— Hum?

— Et zi on te défrisait les choveux après que Snam les ait séchés?

— Dois-je te rappeler qu’on essaie d’arranger déjà un problème? rétorqué-je.

— Bah c’est aussi un ahangement. On pourrait essayer une xolie coupe, un peu comme les chonteuzes des années 90, ça t’irait super je trouve, elle continue sur un ton enjoué, ignorant carrément ce que je viens juste de dire.

— OK

— Quoi? Elie, il n’est pas question que tu fasses ça. Tu fais comment si ce n’est pas joli?

— Si ça seha joli. Je le zens.

— C’est ce torchon que tu risques de sentir sur ta tête si tu continues, je lui réponds tout en la regardant de travers.

-

— Tu en penses quoi Snam? Elikem l’interroge.

— Euh…., elle commence après avoir croisé mon regard désapprobateur. En fait, je pense que ce sont juste des cheveux. Si ça te plaît pas, tu pourras changer dès qu’ils pousseront.

— Voiya! Dara dit comme si elle n’attendait que ça.

— Voiya hein! Tu dis voiya! Ce n’est pas toi la même personne qui a boudé ton copain des jours entiers parce qu’il avait touché à sa tête sans t’en parler?

— Hors zujet, elle réplique la tête sur le côté.

— Ah bon? Tu as fait ça quand? Elikem lui demande.

Elle envoie Jeanne lui acheter du défrisant avant de raconter à Elikem l’anecdote sur Marley Tchi. Je l’ai déjà entendu de la concernée, mais la manière passionnée avec laquelle elle raconte m’arrache encore des sourires.

— Donc c’est comme ça que tu fais la loi sur le garçon des gens à Nairobi et puis je n’entends pas hein, commente Elikem avec humour.

— Ah non, il ne faut pas le blâmer parce qu’il n’est pas en rezte. Pas vrai Znam qu’il est un copan tei…. désolée, elle finit par dire. Ça me prend aussi une seconde pour passer de la confusion à la compréhension. C’est pas le moment.

— Désolée pourquoi? Continue, j’ai envie d’entendre vos histoires, Elikem l’encourage plutôt.

— Zûr? Je… je veux pas te rendjre plus tchriste, Dara lui répond tout en me demandant du regard si c’est vraiment une bonne idée.

— Bof, je peux pas être plus triste, alors autant écouter le bonheur des autres.

Cette phrase me comprime le cœur comme le ferait un étau qui se resserre autour. Ça ne devrait pas être comme ça. Le bonheur devrait être accessible à tous pourtant. Bref. Je vais ouvrir le portail à Jeanne qui doit revenir avec le défrisant. L’heure qui suit, je rigole comme un idiot. Les gens ne connaissaient de Dara que son côté sensible et timide en grandissant, mais la Dara touchante et chiante, il n’y a que moi qui la côtoyais régulièrement. Elikem paraissait intimidante pour Dara quand on grandissait alors elle ne lui montrait pas trop, mais moi, oh moi j’étais son souffre-douleur hein. Piquer mes shorts, dormir dans mon lit, insister pour jouer avec moi, cacher mes jeux favoris sous prétexte qu’ils sont trop violents, me signaler à papa quand je tuais mes personnages dans SIMS pour s’amuser, non j’en ai bavé, alors ça m’amuse grandement d’entendre qu’elle soit tombée sur un gars aussi chiant qu’elle l’était.  

— Donc comme ça, il n’a pas le droit de te demander deux cadeaux hein, commente Elikem en rigolant.

— Non, mais tchu vas pas me djire que j’exagèhe, pourquoi quelqu’un qui est né djix jours avant noël veut encore un cadeau le jour là? C’est de l’arnaque moi je djis, j’aurais djû anahyser ce côté avant de m’entchrer dans cette histchoire.

— Achète-les cadeaux du bon frère on va quitter ici, je rajoute en riant aussi.

— Pfff! Ça m’étonne pas dju tout que tchu sois de zon côté, elle réplique en me lorgnant.

— Ah oui oui, je savais que mon vengeur allait venir tôt ou tard, mais jamais je n’aurais pensé qu’il allait bien faire la chose comme ça. Il faut même que je l’appelle bientôt, dis-je avec humour.

— Le destin parfois fait bien les choses, Elikem commente comme si elle était en pleine réflexion. Moi non plus, je n’aurais jamais pensé en rencontrant madame Hélo qu’elle serait si liée à nous. D’abord la mère d’Océane et depuis son mariage, elle est presque une figure maternelle pour Marley si je ne m’abuse.

— C’est vrai, il l’aime tchrop, Dara dit sur un ton joyeux.

— Oui, le destin parfois, il peut surprendre agréablement. Ce que j’entends sur toi et Marley est différent, mais bien plus beau que mes rêves pour toi.

— Oh on a aussi nos problèmes hein, nous ne sommes pas pahfaits, Dara répond gênée.

— Il ne faut pas être embarrassée qu’on vous trouve beaux Dara, ça ne veut pas dire que tu vends du faux ou du rêve. Je vous trouve beaux parce qu’en t’écoutant, je me dis toujours mince, vous êtes vraiment bien ensemble. Quand je pense au fait que tu aies décidé seule d’aller à Nairobi alors que toute la famille avait un plan différent pour toi et que je l’avais même mal pris à un moment, je comprends les gens comme Romelio qui s’accrochent à l’idée que Dieu n’écrit pas en lignes droites, mais ses courbes conduisent souvent à un résultat plus harmonieux que nos rêves. J’espère que vous allez grandir ensemble et construire une jolie famille.

— Je n’aurais pas dit mieux, commente Snam qui aide Dara à enlever les gants qu’elle a utilisés pour défriser Elikem.

— Merci Elie, je…

Je secoue la tête et elle se reprend.

— Je t’aime, elle finit par dire.

— Moi aussi ma puce, je vous aime tous. Vous êtes toujours là vous, elle dit comme si elle se parlait à elle-même.

Je la prends dans une étreinte compliquée à cause de sa tête recouverte de défrisant, mais il fallait que je l’enlace, pour qu’elle comprenne qu’effectivement, nous serons toujours là pour l’aimer et l’entourer. Les filles vont rincer le défrisant quelques minutes plus tard. Apparemment ça piquait déjà quand ma sœur quand on lui posait la crème. Le résultat n’est pas fameux quand elles ressortent, mais elles font leur magie de femme sur sa tête et à la fin, je suis le premier bluffé.

— Qui l’aurait cru, je commente quand Dara finit de lui faire des bouclettes avec un mini fer après avoir un coup de sèche-cheveux.

— La prochaine fois on écoutcheras un peu Daha, l’autre dit fièrement.

— Va acheter les cadeaux du frère au lieu de nous fatchiguer ici là, je dis en l’imitant, ce qui me vaut un coup de peigne sur le bras.

La cerise sur le gâteau, c’est qu’Elikem aime le résultat final. En plus on a un restant de gâteau que maman a fait avant de s’en aller et puisqu’on mangeait pendant que les filles s’affairaient, je propose qu’on le descende pour se faire plaisir. On se rajoute deux bouteilles de champagne dessus parce que les deux vont de paire et puis nous sommes des majeurs vaccinés par ici. Ça rigole, ça blague et mes regards se promènent entre Elikem et Snam. La seconde décide de nous fausser compagnie quand on s’apprêtait à ouvrir la deuxième bouteille.

— À la base j’étais juste de passage pour te voir Elikem, et là il va sonner 15 h, elle rajoute comme si c’était une raison.

— Tchu vas où d’abord pour vouyoir partchir? Dara lui demande. Mon élément, je dis, mon élément!

— C’est comment tu la questionnes comme si elle te devait? Elikem lui renvoie alors que j’attendais les oreilles bien dressées pour entendre ce que Snam aurait à dire. On peut couper l’herbe sou le pied de son petit frère comme ça?

— Oh je vouyais djuste savoir han, Dara répond en haussant les épaules.

— Là où je vais tu ne voudras pas le savoir, Snam répond sur un ton malicieux qui m’agace directement. Je repasserai demain soir si les parents n’ont pas besoin de moi.

— Merci d’être passée King, tu es choute.

— Chouuutee? répète Dara.

***Snam WIYAO***

Bien que leur conversation sur le mot «choute» soit amusante, je profite de leur inattention pour m’éclipser sinon je ne partirai jamais. Je m’arrête un instant pour enfiler mes baskets et me note mentalement de texter Macy dans le taxi du retour. C’est aussi pour elle que je suis venue aujourd’hui. On s’est dit que cette journée serait éprouvante pour Elikem, mais je suis plutôt soulagée qu’elle arrive à sourire et même rire. Mes baskets aux pieds, je me dirigeais vers la porte quand celui que je m’applique à éviter prononce mon nom.

— Pas la peine, je ne rentre pas à la maison, je réponds sans me retourner.

— Je n’allais pas me proposer pour te raccompagner. Je veux savoir si tu comptes réellement t’en aller maintenant après avoir vu et entendu Elikem.

— Mais elle va plutôt pas mal, je dis et me retourne cette fois. Chose que je regrette dès que mon regard croise le sien perturbé.

— Elle essaie King. Tout ce qu’elle fait c’est essayer, et je ne sais pas comment elle y arrive, parce que si c’est… si c’est toi que j’avais perdu… il aurait fallu m’interner.

— Arrête, dis-je d’une voix que je trouve plus faible que ce que j’aurais dû sortir.

— Je refuse, il me retourne sur un ton déterminé et fait un pas vers moi. Je refuse de garder en moi ce que je ressens. Tu as entendu ma sœur? Le destin parfois fait bien les choses. Dis-moi ce dont tu as besoin, mais je refuse d’accepter qu’il ne reste plus aucune chance pour nous. On a tellement à vivre encore, à construire. Je n’arrive pas à accepter que tout soit parti en fumée pour une soirée stupide King. Je ne me souviens même pas du prénom de cette fille. Le seul prénom gravé ici, c’est le tien, il ajoute quand il est tout près de ma face et prend sa main pour la poser sur ses pectoraux.

Mon cœur bat la chamade devant son regard ébranlé. Je repense aux moments de cette journée où j’ai vu Elikem l’air totalement absent, comme une personne seule au monde pourtant nous étions à côté.

— Il n’y a pas que Dara et Marley qui vivent une belle histoire qui me tient à cœur. Nous en écrivions une aussi et j’ai merdé en chemin. Je… en fait, je ne sais même plus comment te demander pardon. Tu veux que je me mette à genoux? il dit et je l’arrête quand je me rends compte qu’il comptait réellement le faire.

— Arrête, je suis sérieuse, je dis sincèrement. Le Mally que je connais ne fléchirait le genou devant personne.

— Le Mally que tu connais te veut Snam. Des genoux ne représentent rien au bonheur que je ressens en t’ayant à mes côtés. Je ne veux pas vivre avec l’idée que j’ai perdu la femme de ma vie pour une petite expérience de rien du tout, il chuchote et je craque.

— Je t’ai laissé m’humilier, j’avoue la gorge nouée par les émotions. Je m’en veux de m’être tellement attaché à toi que rien ne semblait trop quand il s’agissait de ton bien être. Je me suis alors promis de me concentrer uniquement sur moi désormais. Mais……

— Oui.., il continue la voix remplie d’espoir.

— Mais je ne supporterai pas ton absence. Je… je ne pourrai pas vivre avec cette idée. Je préfère encore que tu sois en vie et vives comme bon te semble plutôt que tu disparaisses. J’ai besoin de ton existence dans ma vie, même si c’est en tant que connaissance. J’en ai besoin.

— Moi aussi, il murmure front collé au mien. Tu représentes l’amour pour moi King. Avant toi je n’ai aimé que ma famille.

— Je t’ai entendu dire que tu ne m’aimais pas; j’en ai eu le cœur émietté, je lui avoue dans la foulée, d’une voix tremblante en souvenir de la peine que j’ai ressentie le jour là et enfoui pendant des années, tout jouant la détachée avec lui.

— Je sais, pardonne-moi. Dans mon esprit de con, je m’étais dit que c’était une façon de ne pas intensifier nos sentiments. Je ne voulais pas qu’on se lance à seize ans dans une relation quand chacun de nous avait choisi une voie qui lui était propre. Quatre ans allaient nous séparer même si je venais te visiter à Nairobi. Et je savais bien que je n’allais pas attendre la queue toute sage entre mes jambes. Je n’aurais pas osé m’engager avec toi pour te tromper. Nous méritons nettement mieux. Ce que j’espérais c’est qu’il te reste un peu d’amour pour moi après ses quatre ou cinq ans, parce que je comptais te dire dans une meilleure version, tout ce que je viens de te raconter.

J’ai envie de le gifler et l’enlacer à la fois. On ne peut pas compter le nombre de fois que j’ai tiré un trait sur lui puis je suis revenue en arrière à cause de la façon spéciale qu’il m’a toujours traité. Je pourrais m’en aller là, histoire de le torturer un peu plus pour les mois à me faire cogiter et l’humiliation, mais une petite voix me rappelle qu’on n’a pas l’éternité. Aussi j’ai envie de connaître le goût de ses lèvres que j’ai longtemps dessiné de mes doigts quand il était endormi alors je me mets sur la pointe des pieds puis l’embrasse. Il me domine rapidement et tire sur mes lèvres avec les siennes comme s’il a attendu ça pendant des années. Nos langues se lancent dans une lutte effrénée et nos mains dessinent nos formes corporelles comme si chacun voulait vérifier que l’autre était bien réel.

— Nous… hmmm, je grogne quand il me bâillonne à nouveau par un second baiser.

— Sommes… haan, il me coupe encore la troisième par un troisième.

— Tes parents, nous sommes chez vous Mally, on ne peut pas se laisser aller de cette façon, j’arrive enfin à dire, mais d’une voix étouffée parce que j’ai collé mon visage à son torse pour fuir un quatrième baiser.

— Mais… rhooo, je dois aller quelque part, je proteste quand il me tire la main pour me ramener à l’intérieur.

— Oh tchu es encohe là? Dara demande quand on passe devant les filles.

— Je te confie Elikem, j’essaierai de ne pas être trop long, il répond à ses sœurs et je chauffe de gêne quand les deux nous font un pouce en l’air.

— Mal…, je commence, mais ne finis pas celle-là aussi. Un autre baiser me cloue le bec. Cette fois je suis même soulevée et on nous fait tomber sur le lit. On s’embrasse même en roulant sur le lit parce que j’essaie de me lever.

— Mais enfin, c’est quoi? je lui demande quand j’arrive enfin à me détacher ma tête de son étreinte.

— Je me rattrape pour toutes les fois où j’ai rêvé de faire ça quand on dormait ensemble, il murmure et sans prévenir sa bouche se pose sur mon sein qu’il mordille à travers mon t-shirt.

— Ça aussi j’en ai souvent rêvé quand j’entrevoyais ta poitrine à travers tes hauts, il avoue et me fait soupirer d’aise en mordillant l’autre aussi.

Je reviens brusquement sur terre quand sa main se pose sur le bouton de ma jupe en jean.

— J’ai dit qu’on est chez toi.

— Le lieu parfait, nous nous sommes fait tant de promesses dans cette chambre. C’est ici qu’on doit se réconcilier.

— Tu es tombé sur la tête ou quoi? Dois-je te rappeler que c’est ta maison familiale?

— Et alors? Quand on sera mariés, tu penses que je vais me retenir lorsqu’on visitera mes parents?

— Non, mais… oh lève-toi, tu vas trop vite! je dis un peu agacée et il se redresse légèrement avec un sourire narquois.

— Tu n’as pas à t’en faire King, ça fait mal au début, mais une fois que je serais dedans tu en trembleras de plaisir, il me dit sur un ton doux tout en me caressant le visage.

— Qui a dit que je parlais de ça? En plus je ne suis pas vierge!

— Quoi? il demande et sa tête recule.

— Quoi, quoi? Tu l’es toi peut-être? je demande sur la défensive.

— Mais est-ce que…, il marque une pause, m’observe et soupire. On s’en fout, l’essentiel c’est que ma queue sera ta dernière.

— Et je dis que tu vas trop vite. On vient à peine de se réconcilier que tu parles déjà de mariage, dernière queue, et tout, dis-je un peu paniquée.

— Tu ne veux pas être ma femme? il me demande sur le ton auquel je ne peux pas dire non.

— Ce n’est pas la question. C’est juste que… que je sais pas Mally. On peut commencer à sortir ensemble d’abord? Je n’ai même jamais eu de relation amoureuse et tu parles de mariage, un truc super sérieux.

— Ta première fois ce n’était pas avec ton copain?

— Tu n’avais pas dit que ce n’était pas l’essentiel? je lui retourne.

— Bref, je suis juste intrigué. Une partie de moi savait bien qu’en te laissant célibataire, j’encourrais le risque de te perdre, mais une autre s’était accrochée à l’idée que tu ne laisserais pas un autre t’approcher puisque j’étais dans les parages alors ça m’étonne un peu.

— Je ne voulais pas trop me projeter avec toi qui posais des actes sans jamais rien dire. Un ami de classe m’a fait la cour et j’ai accepté. C’était un flirt qui n’a pas vraiment duré. Tu es content?

— Il a été doux?

— Oh Mally, tu vas me questionner jusque là? je lui demande choquée et un peu gênée.

— S’il ne l’a pas été, on gomme cette fois et je le refais.

Cette fois c’est moi qui l’embrasse pour clore le sujet. On n’a besoin de rien gommer. Ce qui s’est passé est passé.

— Hmm, King…. , il murmure en ralentissant la cadence de nos baisers.

— Mmhmm, je ne peux m’empêcher de minauder en réponse. C’est papa qui m’a donné ce titre de royauté, mais je deviens de la pâte à modeler quand c’est Mally qui le dit. Mon cœur trépigne déjà dans l’attente d’une déclaration digne de celles qui m’a dit quand on était dans leur cour.

Ses mains remontent mes cuisses et sa bouche descend dans mon cou, mais toujours pas de déclaration. Monsieur me fait languir et mon minou ne cesse de se contracter à chaque toucher de lui. Mon string disparaît avant que je ne prononce mon «oh» et je sens un truc trois fois plus immense qu’un doigt presser contre ma chair.

— Qu….putain, je lâche quand la tête de sa bite se fraie un chemin en moi.

Entre questions et soupirs, mon cerveau ne devient qu’un ramassis de confusion. Il a sorti sa queue quand au juste? Et comment la simple entrée d’un gland en moi me fait haleter comme ça? Je n’ai pas une massive expérience sexuelle non plus, mais je suis déjà passée par là et…

— Tu me vires cet Eric dès ce soir, il m’ordonne comme s’il était fâché et s’enfonce d’un coup qui me fait cambrer le dos et son bras en profite pour se glisser là et maintenir mon corps sous sa maîtrise.

— Entoure mes hanches de tes jambes et cramponne-toi.

— Mais comment….

Les questions disparaissent au deuxième coup de bite que je reçois. On verra ça après. Pour le moment je me laisse faire et garde ma tête dans son cou à l’endroit où bat son pouls. Je n’arrive vraiment pas à croire que c’est avec Mally que je suis en train de coucher, mais c’est bien sa voix que j’entends quand il râle durant les va-et-vient plus secs. J’ignore combien de temps on a fait, mais c’était tellement bon que je n’entrevoyais pas la fin, mais sa voix se fait sourde et il commence à gicler en me serrant fort. Mes jambes tremblent de façon incontrôlée quand il redépose mon corps sur le lit et se couche à mes côtés. Maintenant que le rythme cardiaque revient à la normale, les images de ce qu’on vient de faire aussi prennent d’assaut mon esprit.

— C’est sûr que tes sœurs nous ont entendus, oh la honte, je dis mortifiée, mains sur ma face et il rigole doucement à côté.

— Peut-être, il répond et caresse mon ventre, mais je balaie son visage de la main.

— Il n’y a rien de drôle dans ça. Tu ne connais pas ta sœur qu’on appelle Dara hein. Elle me lancera toujours un regard coquin du genre «oh je sais» et qu’est-ce qu’Elikem va penser de nous alors. C’est aujourd’hui qu’on a… hey! On n’a pas réglé un truc que tu soulèves ma jambe encore! je m’offusque.

— Je t’écoute King, continue surtout, il dit tout bas et son doigt aussi se faufile en moi aussi rapidement que sa queue tout à l’heure. Je frémis deux ou trois fois plus fort en revanche. Mon cerveau perd à nouveau le contrôle sur mes jambes et mes doigts saisissent fort le drap mince en bas de nous.

-Work your clit for me sweetie, il me souffle.

— Hein? je fais d’une voix qui traduit que je ne suis plus sur terre.

-Your clit, rub it for me, I need you to get off properly.

— Umm, je work ça comment? je l’interroge un peu perdue. Il arrête de me doigter et se redresse légèrement pour m’observer, ce qui me gêne davantage.

— Ton copain là vraiment hein. Il ne t’a pas appris ça ou il était là pour dévierger seulement?

— Sérieux? je réplique choquée. Genre c’est le moment de parler de ça? En plus, en parler avec arrogance comme ça?

— J’ai le droit de commenter si je trouve que le remplaçant n’était pas à la hauteur. Qu’est-ce que tu fais en général pour jouir?

— Je.. umm, c’est gênant, je sais pas.

— Eh, il dit en ramène à lui ma face que j’avais détournée. Entre nous il n’y a jamais eu de gêne alors on ne va pas commencer maintenant qu’on est ensemble. Le seul truc que tu dois porter après que je t’ai touché c’est un sourire satisfait et j’ai besoin que tu m’aides sur ce coup parce que ton corps tu le connais mieux que moi. Je te touche, mais les sensations, c’est toi qui les ressens alors dis-moi ce qui te fait voir les étoiles.

— Je n’ai jamais vu les étoiles, j’avoue timidement.

— Tu as déjà été proche alors? il demande à nouveau et là je hoche la tête.

— Qu’est-ce qui t’a emmené là-bas? Tu peux le refaire?

— Il y a une fois, je sais pas trop comment il s’y est pris, mais il a touché légèrement mon petit bouton et j’ai trouvé la sensation enivrante. Et tout à l’heure quand tu bougeais rapidement en moi, je me suis sentie envahie aussi.

— OK, tu as besoin de stimulation indirecte alors, fais le v de victoire avec tes doigts, pose-les de part et d’autre des petites lèvres qui recouvrent ton clito et tu tires légèrement vers le haut, un peu comme si tu te faisais une branlette. Je vais m’occuper du reste.

— Tu es…, tu es terrible. Tu sais tout ça d’où?

— J’aime baiser, ça me détend énormément, il avoue d’une traite.

Je comprends ce que je dois y comprendre et bien sûr, je suis automatiquement jalouse. Il m’embrasse tendrement et son doigt s’insinue en moi. Je fais comme il me l’a indiqué et me surprend à énormément apprécier les sensations qui naissent dans le bas de mon corps. Il accélère son doigter à un moment et ça m’excite étrangement qu’il ne se formalise même pas que son doigt plonge dans son propre sperme qui coule encore de moi. Je me fais la fameuse branlette de façon très gauche, mais là je ne peux plus m’arrêter. Le plaisir est trop intense. Sa bouche quitte la mienne qui ne faisait même plus rien sinon rester légèrement ouverte. Il se retrouve encore dans mon cou qu’il lèche quand les premiers soubresauts commencent en moi. Je m’entends gémir honnêtement. Pas le genre où tu serres les dents pour bloquer ou on sent que tu as encore un peu de contrôle sur la situation. Non le genre où tu es victime des sensations et cherches ton souffle. Je gémis et mon corps se tend exactement comme il l’a fait quand il m’avait pénétré avec son gland. Deux masses noires apparaissent sous mes yeux violemment fermés et je tire sur les draps coincés dans mes orteils.

— Mmmhmm, je sais, oui je suis là, viens, il me dit d’une voix apaisante et tire mon corps sans volonté vers le sien. Je le laisse me prendre et me serrer contre lui.

Je soulève juste une jambe et la dépose sur ses cuisses. Ma main câline son torse que je parsème aussi de bisous tandis qu’il me caresse les cheveux. Cinq minutes plus tard, rebelote. Moi qui pensais que le gars en me portant voulait m’emmener dans sa salle de bain pour qu’on se douche, je me retrouve dos collé au mur et encore pénétrée par sa bite qui pour la seconde fois s’est retrouvée en moi sans que je ne comprenne quand elle est même devenue dure. Heureusement qu’Eric n’est rien que le frère d’une amie qui veut venir à Nairobi et essaie aussi de sortir avec moi, mais je ne lui ai rien donné comme confirmation, parce qu’à la sortie d’ici je n’aurais pas eu le courage de le regarder en face si notre situation était différente.

***Elikem AKUESON***

Ce n’est certainement pas moi qui m’attendais à ce que Mally sorte de cette chambre aujourd’hui alors les minutes que Aïdara chronométrait pour lui m’amusaient grandement. Le champagne a eu raison d’elle pendant le film alors j’ai éteint la télé puis je l’ai remise à l’endroit dans le canapé avant de me retirer dans ma chambre. Je relis une énième fois la réponse que m’a envoyée Denola suite à mon message, expliquant mon absence aujourd’hui.

— OK.

C’est tout ce qu’il m’a écrit. Je suis consciente qu’il doit m’en vouloir. Je suis consciente que ça passe mal, mais je n’y arrive pas. Pour la première fois, je n’arrive pas à prendre sur moi pour quelqu’un d’autre. Je dois lui écrire, pour mieux lui expliquer.

— S’il te plaît, ne m’en veux pas, je commence à texter les doigts fébriles. Si je pouvais donner un bras pour que demain tu sois avec moi, parmi nous Ray, je…

Je me rends compte en plein message de ce que j’écris, et fonds en larmes en tombant sur le lit. Mon téléphone doit sonner plusieurs fois pour que je capte qu’on m’appelle. Je décroche la gorge serrée.

— Un salopard mon patron, un trou du cul j’te dis, avec sa tête de requin là!

— Tu es… comment? Tu ne salues pas?

— Pfff! Laisse que je me plaigne d’abord. Un attardé, tu sais qu’après m’avoir sorti son «all hands on deck» comme raison pour refuser la permission que je rentre, monsieur veut maintenant me programmer un work trip qu’il devait faire lui-même à la base? Et devine quoi? Mon retour d’impôt est de 7,36 $ parce que selon foutu IRS je devais payer des contraventions pourtant tu étais là quand je les avais contestés non? Pourtant je comptais sur cet argent pour retirer mes implants mammaires. Résultat la vie est une chienne! Bonsoir, je veux écouter ta part de plaintes aussi alors dis-moi tout avec les insultes hein. On ne garde rien sur le cœur ce soir. Si tu veux même insulter Dieu, ça reste entre nous.

— Je ne suis pas allée à l’enterrement and I feel like shit. J’ai l’impression d’avoir commis une grosse bourde, mais je… mais je… je ne pouvais pas, je dis les joues inondées de larmes.

— Don’t feel like shit, c’est la vie même qui est shitty. Toi tu es de l’or. Si la vie ne veut pas l’accepter et te laisser un peu tranquille, je vais même lui montrer de quel bois je me chauffe hein. Parce que ça commence à bien faire nom de Dieu.

— Tu m’as proposé de l’insulter et tu dis encore son nom? je dis un peu amusée.

— Hein, de dire le nom de qui? C’est lui seul qu’on connaît comme créature suprême, du moins c’est lui que mon père m’a indiqué donc voilà.

— Il faut laisser son nom. Tu dois te faire opérer bientôt donc la grâce doit être de ton côté.

— Lui-même sait qu’il n’a pas intérêt à envoyer la faucheuse sur moi dans cette salle d’opération. On a un contrat en suspens. Il me doit un beau gosse qui me fera un peu vivre le bonheur et je dois porter aussi assister au mariage de nos futurs enfants. Non il n’osera même pas.

— Il n’osera pas, je suis d’accord sur ce coup, mais tu risques d’assister au mariage de Mally et Snam avant de voir un quelconque mariage venir d’enfants que je n’aurais pas. Maman a dit qu’il a demandé sa main chez tonton Magnim.

— Mally et Snam?

— Yep, ils se sont enfin décidés. À l’heure où je te parle, mon frère doit écrire sa version du kamasutra avec l’enfant d’autrui. On a augmenté le volume de la télé aux premiers gémissements.

— Il faut dire à Snam que moi Océane, j’ai dit qu’elle n’est rien, elle me dit et m’arrache un rire.

— Tu n’as pas honte? C’est une petite qui aura 22 ans bientôt.

— En plus! Dis-lui qu’elle n’est doublement rien. On peut chanceuse comme ça? 22 ans, et son gars l’attendait sans faute comme une poupée sortant d’une fabrique. Ça devrait être interdit d’être aussi mignons.

— Je t’assure, dis-je en rigolant.

— En vrai ça aurait pu être Romelio et moi, mais il aimait trop se récurer le nez.

— Mais tu es conne hein, je rigole davantage. Aujourd’hui c’est qu’il se faisait trop une recherche de nez?

— Je ne voyais pas bien ses défauts à l’époque, tu connais les choses des amourettes de lycée, le type repasse un peu ses habits et se parfume du fond de parfum qu’il a piqué à son vieux et direct il brille à tes yeux comme Michael Ealy.

— Tu vois l’humain? Pourtant à l’époque j’étais là hein. Je t’ai vu en action devant le petit, je dis amusée.

— Bref, tu as encore réussi à détourner le sujet de toi. Ne pense pas que tes petits tours passent avec moi. Parle madame. On sait que tu n’aimes pas râler. Toi tu aimes les solutions, mais parfois il n’y en a pas, alors il faut se plaindre.

-…..

— Bon, si tu ne veux pas le sortir alors tais-toi et écoute ma playlist pour ce soir. Tu restes en ligne hein, ne raccroche pas. J’ai passé des heures à sélectionner ses chansons pour toi.

— Tu es tellement dramatique toi. Des heures à chercher les chansons pour me faire pleurer seulement.

— Oui parce qu’il faut pleurer et tout laisser une bonne fois pour toutes parce que l’année prochaine toi et moi on va se ramasser tout l’argent et les vrais hommes dans ce pays. On ne va pas emmener la douleur avec nous, on n’est pas né pour ça. Donc pleure, insulte qui tu veux, on finit avec et on avance, donc écoute Mariah te chanter les vérités. Au passage tu te rends compte qu’elle a tout dans son catalogue la meuf. Mariage elle mange, noël n’en parlons pas. Même deuil Mariah est encore sur le tableau, c’est mon idole en réalité. Bref, si jamais tu préfères une version retravaillée par ma sublime voix, ne sois pas gênée de demander hein. Je suis là pour toi, elle me dit sur un ton plus sérieux, qui me ramène les larmes aux yeux.

Je n’ai pas de mots alors je laisse Mariah Carey me dire les fameuses vérités quand elle commence son «this is for my people who just lost somebody». Et j’étouffe dans mes sanglots quand elle dit, «It’s true that you’ve reached a better place, still I’d give the world to see your face, and be here right next to you, but it’s like you’re gone too soon, the hardest thing to do is say bye». (C’est vrai que tu reposes en paix désormais, mais j’offrirai le monde entier pour te revoir et être à côté. J’ai l’impression que tu es parti trop tôt. Le plus dur c’est de dire au revoir.)

— Il ne devait pas s’en aller, il avait tellement à faire, à voir et vivre, je dis la voix lourde, le cerveau pesant une tonne et les yeux douloureux à force de les avoir tant nettoyés.

— Chienne de vie je te dis, une vraie chienne.

— Je pourrais tuer son père si je le vois Océane, je ne sais même pas comment on tue, mais je peux le poignarder, j’en suis…

— C’est bon, ne t’étouffe pas pour lui, elle dit quand j’essaie de reparler, mais échoue encore. J’ai déjà troué tout son corps grâce aux quinze poupées vaudou que j’ai faites quand je m’ennuyais, elle dit et me fait rire malgré mes larmes. Je n’ai plus rien à dire, alors je laisse la playlist de mon amie parler à ma place. 

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