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Write by Nobody
Pendant de longues minutes les deux hommes présents dans la pièce se lancèrent dans un duel de regard et Sarah priait pour qu'Alaric résiste à soutenir le plus longuement possible le regard de son père.
Finalement c'était la sangsue qui détourna le regard pour le poser sur elle.
- Alors comme ça Sarah tu es devenue ma belle fille ?
Sarah grimaça a l'entente de l'expression belle-fille puis prit la parole.
- Oui on peut dire ça beau-papa
Ça lui coûtait de dire cela mais il était réellement devenu son beau-père. Elle s'était mariée avec son fils devant la loi.
- Je suis contrarié Sarah. Et tu sais que je n'aime pas être contrarié n'est-ce pas?
- Je n'en sais rien Monsieur. Dites m'en plus si vous voulez bien.
Sarah ne s'était jamais sentie aussi bien de tenir une conversation avec lui. Elle pouvait rester parler ainsi avec lui toute la journée. À présent elle se sermonna intérieurement d'avoir autant eu peur de cette entrevue.
La porte qui s'ouvrit brusquement la fit légèrement sursauter tant elle était concentrée sur la sangsue.
Tout de suite l'air se chargea d'une intensité qu'ils ne pouvaient nier. Avant même de le voir,elle savait que c'était Zacharias qui venait d'arriver et à voir la mâchoire crispée d'Alaric,il l'avait également deviné.
- Cher Zacharias! Vous voilà enfin lança Sarah d'un ton faussement enjoué en gardant les yeux toujours rivés dans ceux de la sangsue
- Sarah? Que faites-vous la? demanda-t-il en se rapprochant
- Je me pose la même question que vous même,cher Zacharias répondit-elle en tournant enfin la tête vers lui
Elle fut surprise de le découvrir si prêt d'elle mais elle n'en fit rien savoir.
- Père, tu peux me dire ce que Sarah fait ici ? Il est hors de question que je me marie avec elle après ce qu'elle a fait.
Sarah vit la sangsue lever les yeux au ciel,comme si la stupidité de son fils aîné lui devenait de plus en plus insupportable. D'ailleurs il ne prit même pas la peine de lui répondre.
- Sarah tu n'as pas oublié que tu m'appartiens !
- Je ne suis pas un objet pour vous appartenir siffla-t-elle entre ses dents
- Et que à ce titre je suis libre de faire ce que je veux de toi continua-t-il comme s'il ne l'avait pas entendu
Sarah decida de l'ignorer à son tour. Il pouvait bien raconter ce qu'il voulait, cela l'importait peu. Tout ce qu'elle voulait savoir c'était le moment où elle allait sortir de cette maison. Malgré son apparence forte, l'ambiance commençait à lui peser fortement et elle ne voulait pas prendre le risque de baisser sa garde devant la sangsue. Ce serait assurément du suicide.
- Mais a présent que tu as épousé mon fils je me vois perdre mes droits sur toi. A moins que celui-ci ne me permettre de conserver ce qui me revient de droit ? Hein Alaric qu'est-ce que tu en dis ?
- Même pas en rêve père répondit le concerné
- Je m'y attendais effectivement. Alors vous ne me laisser plus le choix
Avant qu'elle n'ai pu dire ce qui s'était passé, elle se retrouva au sol. Sa chute fut suivi d'un long hurlement qui venait déchirer le silence de cette matinée.
Tout s'etait passé tellement rapidement qu'ils n'avaient rien vu venir. Si elle avait eu la force elle se serait redresser pour confirmer que même Zacharias ne s'y attendait pas.
Lorsqu'elle commença à faiblir elle comprit qu'elle perdait beaucoup trop de sang en peu de temps. Bon sang pourquoi Alaric ne réagissait pas ?
Ce que Sarah ne savait pas c'était que si Alaric n'accourait pas à son secours c'était parce qu'il était occupé à tenir fermement le pistolet que la sangsue essayait de repointer sur Sarah à terre. Il voulait l'éliminer maintenant qu'il n'avait plus rien pour la retenir.
Alaric exerça une plus forte pression sur l'arme alors que son coeur battait la chamade. Il n'entendait plus les gémissements de Sarah à terre et le pire c'est qu'il ne savait même pas où est-ce que les balles l'avaient touché. Parce que oui la sangsue ne s'était pas contenté de lui tirer une balle mais deux. Plus vite il aurait pris l'arme de ses mains plus vite il pourrait s'occuper de Sarah. Jamais il ne se le pardonnerait s'il arrivait trop tard.
- Donne moi cette arme père. Ne m'oblige pas à faire quelque chose que je regretterais plus tard. S'il te plait ne m'oblige pas à oublier que tu es encore mon père.
Pendant des minutes qui dans le cas présent représentaient une éternité, il finit par capituler et lui tendre l'arme avec un sourire de triomphe sur les lèvres. Alaric dut se mordre violemment l'intérieur de la joue pour ne pas lui tirer une balle en plein coeur.
Il avait l'impression que le sort s'acharnait sur lui une deuxième fois. Il voyait la scène se reproduire encore une fois et comme d'habitude il était impuissant.
Mais il refusait que cela se passe comme la première fois. Cette fois il allait tout faire pour que Sarah, sa Sarah survive. Il y avait tellement de choses qui n'avaient pas encore partagé, tellement qu'il ne lui avait pas encore appris.
- Je te jure sur la tombe de ma mère que si elle ne s'en sort pas,je te le ferai regretter chaque seconde du reste de ta vie. Et tu sais que je ne jure jamais sur sa tombe pour rien papa.
C'était la première fois depuis la mort de sa mère qu'il l'appelait papa et cela eut pour effet d'ébranler la sangsue pendant un moment.
Alaric en profita pour se précipiter au chevet de Sarah qui avait perdu connaissance. Il la porta dans ses bras et regarda son père comme pour le défier. Rassuré que celui-ci n'allait rien tenté dès qu'il aura le dos tourné il courut tant bien que mal vers la sortie.
Il l'installa confortablement derrière puis démarra en trombe.
Durant tout le trajet, ce sentiment du culpabilité qu'il ne connaissait que trop bien n'avait pas cessé de le torturer. Il n'avait pas réagit comme il le fallait dans ce genre de moment. Il aurait du se précipiter immédiatement vers Sarah et essayer de stopper l'hémorragie comme il pouvait. Il se reprochait de n'avoir pas vite réagir,d'avoir passé beaucoup trop de temps à défier son père et avoir ainsi perdu un temps important. Encore une fois! Il n'avait rien vu venir, encore une fois !
Mais cette fois il priait pour que cela soit différent,il faut que ça soit différent ! Sinon Dieu lui en ai témoin, il allait commettre un crime et son père en serait la victime.
Se garant comme un fou devant l'hôpital le plus proche qu'il avait trouvé, il détacha rapidement sa ceinture puis ouvrit la portière.
Tout aussi délicatement que quand il l'y avait déposé, il la saisit et accourut dans l'hôpital.
Aussitôt des infirmières alerta des brancardiers qui ne perdit pas de temps pour apporter un brancard sur lequel Alaric déposa Sarah.
Lorsqu'ils la transportait précipitamment en bloc opératoire, Alaric se rendit compte qu'elle avait perdu énormément de sang.
Était-il arrivé trop tard ? Sarah avait-elle poussé son dernier soupir sans qu'il ne se rende compte durant le trajet ? Était-elle morte ou simplement évanouie a cause de la douleur ? Tant de questions qui se bousculaient dans l'esprit d'Alaric.
Il devait faire peur avec sa chemise tâchée de sang et ses cheveux qu'il devinait en bataille, mais il n'en avait que faire. Tout ce qui lui importait à présent, c'était l'état de Sarah.
Il se dirigea dans la salle d'attente puis sortit son téléphone. Il composa un numéro puis s'entretient pendant un instant avec son interlocuteur. Au bout d'un petit moment il raccrocha puis se tient la tête avec les deux mains en se laissant glisser a même le sol.
Seigneur pas cette fois ! Je vous en prie ne me la prenez pas ! Je ne sais pas ce que je vais devenir sans elle. J'ai besoin d'elle près de moi et vous mieux que quiconque le saviez. Une fois pas deux seigneur,je vous en prie une fois pas deux.
Plongé dans ses pensées, il ne vit pas Daniel se diriger vers lui quelques instants plus tard.
Alors qu'il allait lui adresser la parole il vit un docteur venir vers eux.
À sa tête, il savait que les nouvelles étaient tout sauf bonnes.