Alors que le ciel gronda, Sarah émit un profond soupir. Cela faisait une semaine qu'elle avait retrouvé son frère et tout ce qu'elle souhaitait c'était de profiter pleinement de lui. Néanmoins cela lui était impossible parce que dans sa tête c'était le chaos total. Il y avait plein' de non-dits et cela ne faisait que torturer davantage la jeune fille.

Elle porta sa tasse de thé fumant à ses lèvres. Le liquide encore tout chaud lui brûla l'intérieur du palais mais Sarah ne montra aucun signe de douleur. Elle réitéra cette action encore et encore jusqu'à ce que la tasse soit complètement vide.

Elle s'était brûlée tout le long mais cette douleur n'était rien comparée a celle qu'elle éprouvait au plus profond d'elle.

Elle avait perdu un bébé !

Nonobstant le fait qu'elle n'était vraiment pas prête pour accueillir un si petit être dans sa vie, elle aurait voulu relever le défi. Elle aurait voulu montrer a son entourage et à elle-même en passant, qu'elle était en mesure de prendre soin d'un bébé. A présent c'était trop tard.

Quelques fois Sarah se surprenait a passer la main sur son ventre qui était maintenant vide.

Le regard perdu dans le vide comme a son habitude, elle ressassa les paroles du médecin dans sa tête.

Elle pouvait mourir a n'importe quel moment et c'était cela qui lui tournait le plus la tête. Se dire qu'elle allait finir par mourir était déjà bien éprouvant mais se dire qu'elle pourrait mourir a n'importe quel instant, là maintenant,demain,ou deux ans après, était beaucoup plus terrible.

Elle avait mis sa vie en suspens. Elle ne vivait plus, elle survivait.

A ce moment,elle entendit quelqu'un frapper a sa porte. Se disant que c'était sûrement Jack,elle autorisa la personne a entrer.

- Sarah

Cependant cette voix qui venait de l'appeler n'était pas celle de son aîné. C'était plutôt la voix légèrement hâlée d'Alaric qui retentit dans la pièce. Alors doucement elle se retourna vers lui.

Il était la planté en face d'elle,a la regarder comme s'il la voyait pour la première fois. Sarah se demandait bien ce qu'il venait faire dans sa chambre, pas que sa présence la dérangeait,loin de la,juste qu'il l'avait ignoré pendant toute la semaine alors le découvrire la,devant elle, ravivait sa curiosité.

- Alaric répondit-elle sur un ton indifférent

Elle le regarda s'approcher et quand il prit place sur son lit,elle sut qu'il n'était pas la pour parler de la pluie et du temps qu'il faisait.

- Comment tu vas? demanda-t-il en la détaillant minutieusement

- Je vais bien comme tu peux le voir répondit Sarah en écartant les deux bras

- Nous allons vraiment faire comme si de rien était ? demanda Alaric tout de go

Sarah ne s'attendant pas à un changement si brusque ne sut d'abord que répondre.

Lorsque l'information se fraya un chemin jusqu'à son cerveau, elle se décida a répondre de manière tout a fait détachée

- Et pourquoi pas ?

- Et pourquoi pas ? Tu es vraiment sérieuse Sarah? Nous avons perdu notre bébé et toi tu fais comme si rien de tout ça ne s'était passé,comme si tu n'avais jamais été enceinte

- Ah non Alaric je ne te permets pas. C'est facile de me juger sans savoir par quoi je suis en train de passer par. Je ne dors plus la nuit a cause de ma fausse couche. Pas une journée ne passe sans que je ne pense a mon bébé que j'ai perdu, mon bébé que j'ai perdu avant même de pouvoir le voir. Tu penses que c'est facile pour moi ? Il était dans mon ventre je te signale! C'est moi qui le portait et il est mort par ma faute, tu crois que je vais vraiment l'oublier comme ça ?

Elle sentit qu'elle n'allait pas réussir longtemps a réprimer ce sanglot alors elle se tut. Elle ne voulait pas pleurer,elle ne voulait plus pleurer. Pendant plusieurs nuits elle avait pleuré la perte de son bébé.

- Il n'est pas mort par ta faute Sarah ne dis pas de bêtise. Tu as fait un déni de grossesse, ce n'est...

- Bien sûr que c'est de ma faute si notre bébé est mort s'écria Sarah en l'interrompant. Tu as entendu le médecin, il a dit que c'était parce que je ne voulais pas de lui que mon corps ne m'a pas signalé sa présence. Si je t'avais écouté, j'aurais fait un test de grossesse et on aurait su que j'étais enceinte.

- Comment ça ta faute si votre bébé est mort? De quel bébé tu parles Sarah ? demanda Jack en ouvrant brusquement la porte

- Jack s'exclama Sarah en portant une main a sa bouche

- Réponds moi tout de suite Sarah, de quel bébé tu parlais ?

Elle ne voulait pas que son frère le sache alors elle avait dit à Alaric de ne rien lui dire a leur retour de l'hôpital. A présent elle ne pouvait plus se défiler, il l'avait entendu de sa propre bouche.

- Écoute Jack..

Mais avant qu'elle n'aille plus loin Alaric prit la parole

- Jack tu as ma parole,je te raconterai tout a l'heure mais dans l'immédiat laisse nous s'il te plait,je dois parler a ma femme.

A l'entente de l'expression ma femme,un frisson parcouru Sarah toute entière. Cela lui avait fait quelque chose de l'entendre l'appeler comme ça.

Alors qu'elle pensait que Jack allait exiger qu'on lui réponde a l'instant, il se retira sans un mot de plus. Certes son frère était réputé pour être patient, mais a l'ancienne il n'aurait jamais obtempérer aussi facilement. Mais faut croire qu'elle n'était pas la seule a avoir changé en trois ans.

- Bien. Je ne sais pas pourquoi tu te culpabilises autant alors que ta grossesse était une grossesse a risque. Tu n'es pas sans savoir qu'il y a une substance mortelle qui coule dans tes veines. Alors quoi ? Tu aurais voulu donner naissance a un bébé pour le voir mourir après ? Tu aurais voulu qu'on te l'arrache alors que tu viens a peine de le connaître ? Non assurément. Je ne dis pas que c'est une bonne chose qu'il soit mort, c'est aussi mon sang, ma joie aurait été immense de le connaître mais je dis que c'est peut-être mieux ainsi.

En réalité Sarah ne comprenait pas ce qu'il disait. Il pouvait bien passer toute la journée a lui parler,elle resterait campée sur sa position. Ce bébé était parti par sa faute. Et bien qui aurait pu mourir a la naissance, elle aurait voulu lui laisser sa chance.

- Ce qui est fait est fait Sarah. Des enfants tu en auras d'autre. Je ne veux pas que tu te sentes coupable, s'il y a bien une personne a blâmer c'est bien moi et j'en suis conscient. Je vivrai toute ma vie avec ça sur la conscience, toute ma vie j'aurai sur ma conscience la mort de notre bébé.

Des enfants tu en auras d'autre. Cette phrase tournait en boucle dans sa tête. Il avait dit tu et non on. Cela voulait dire qu'il n'envisageait pas son avenir avec elle? Qu'ils allaient divorcé et que chacun refera sa vie ? C'était ce qu'elle voulait il y avait quelques semaines mais maintenant elle n'en était plus si sûre.

- Je ne vois pas pourquoi tu culpabiliserais. Après tout,tu m'as bien fait remarqué que j'étais peut-être enceinte et c'est moi qui ai refusé de vérifier.

- Si je n'avais pas fait venir Inès, on aurait toujours été en bons termes et je n'aurais eu aucun scrupule a te trainer de force a l'hôpital. Tout ça c'est de ma faute.

Quelque part, il n'avait pas tort. S'ils avaient toujours été en bons termes, elle n'aurait vu aucun inconvénient a faire ce fameux test de grossesse. Mais a quoi cela servirait-il a présent de lui rejeter la faute ? Il l'a bien dit, ce qui est fait est fait.

- Arrêtons de nous rejeter la faute, on n'y peut rien maintenant. Ce n'est ni ta faute ni la mienne mais la faute a ton foutu père.

C'était lui le véritable responsable.

- Je t'ai dit a plusieurs reprises de ne plus l'appeler mon père Sarah répliqua Alaric en serrant fortement les poings. Il m'a donné la vie mais cela s'arrête la. Pour moi mon père est mort

- Non il n'est pas encore mort mais ne t'en fais pas, cela ne saurait tarder crois-moi répondit Sarah avec un sourire dément sur les lèvres

- J..

Il fut couper par la porte qui s'est ouverte cette fois-ci sur Jérémy

- Excusez moi de vous déranger mais Alaric ton téléphone ne fait que sonner depuis lui appris Jérémy en lui tendant le téléphone

- Merci répondit-il en le saisissant

En voyant le contact, il fit signe a Jérémy de rester dans la pièce.

Il décrocha puis le mit directement sur haut parleur.

- Allô papa

Sarah fronça les sourcils mais Jérémy lui ne sembla pas surprit

- Comment tu vas fiston ?

- Je vais bien merci et toi ?

- Je vais bien également. Dis-moi, c'est quoi le nom de famille de ta femme ?

Sarah voulu répondre mais Alaric la devança

- Martin, Sarah Martin

Sarah voulu lui demander comment il le savait quand elle se rappela que c'était son mari, bien sûr qu'il devait le savoir !

- Ah bah voilà la clé de l'histoire