8- Enormités
Write by wilfrid nougbo
8- Enormités
« Sènan »
Vous voyez maintenant ? Je viens de lui mentir sans même réfléchir. Oui hein ! Parce que je connais mon homme. Le plus jaloux comme lui, il n’en existe pas au monde. Il risquerait de me tuer si je lui racontais ce qui se passe. On ne dirait même pas qu’il s’agit d’un simple rêve. Donc je préfère me taire sur mon mal mais quelqu’un doit en savoir et ce quelqu’un c’est maman. Elle est une femme et aussi douée dans l’interprétation des rêves. Bon il me faut une bonne douche ; car le sommeil pointe déjà à la porte de mes yeux.
« Ifèmi »
Moi : Tu es en train chef?
Rockybou :(tête baissée sur le cahier) Non
Moi : Hum ???
Rockybou : Oui, oui ! Comment veux-tu que je continue après avoir vu une proie ?
Moi : Où se trouve cette proie ? Tu es devenu lion maintenant ?
Rockybou : Je sais que tu n’aimerais pas que je sorte avec ta nièce mais…
Moi :(fronçant les sourcils) Quelle nièce ?
Rockybou : Mon frère ne joue pas à « Jacques-où es-tu » avec moi s’il te plait. Je te parle de la fille qui vient d’entrer et que tu as suivie dans la chambre.
Moi : Je t’ai pourtant dit de l’oublier qu’elle est occupée.
Rockybou : Ifè arrête ça ok. Nous sommes amis il y a longtemps. Celui qui l’a occupé peut toutefois chercher ailleurs s’il te plait. Je suis ton…
Moi :(posant ma sur son épaule pour l’amener à bien me fixer) Euh… Rocky… Elle n’est pas ma nièce mais ma copine.
Rockybou :(silence, bouche entr’ouverte)
Moi : Si tu ne me crois pas je peux l’appeler et on va le lui demander. C’est vrai que personne ne sait rien de ça ici mais c’est ça. Donc je t’en prie oublie-là.
Il est resté stupéfait et sans mot jusqu’à ce que j’ai décidé d’aller lui amener quoi mettre sous la dent puisqu’il l’avait réclamé. Je pouvais dire à Sènan de le faire mais la tête que fait mon ami ne m’en donne pas le choix. Je sais qu’il ne me croit pas mais il n’aura pas la chance si jamais il ne me comprend pas et décide de rôder autour d’elle. En tout cas, il est averti et vous en êtes témoins même si vous n’êtes pas avec nous en chair et en os.
Moi :(posant le plat du riz sur la table) Tu me rejoins ?
Il s’est délicatement levé pour venir s’asseoir devant moi. Je le sens instantanément raide.
Moi : Rocky, il y a un problème ?
Rockybou :(voix éraillée) Non rien
Moi : Tu es sûr ?
Il n’a répondu qu’au moyen de la tête.
Moi :(après avoir bu de l’eau) Euh… Rocky, je sais qu’elle t’intéresse à la première vue mais c’est la vérité je t’ai dit et je ne veux pas que cela nous divise. Raimath est là pour toi, je ne crois pas que tu l’aime plus. Donc fais gaffe je t’en prie. Je…
Il a pris mon morceau de viande de mon plat et l’a engorgé on dirait un chien. J’ai jeté un coup d’œil à son plat mais la sienne n’est plus. N’ayant pas le choix j’ai enfoui mes mains dans son plat pour envoyer son riz dans la bouche aussi. On a commencé à se dérider comme ses petits enfants jusqu’à ce que la femme de mon oncle vienne nous surprendre dans nos délires.
Yawo :(tapotant les mains à notre vue) Hééééh ! Miyimi mon (sauvez-moi hein) Deux pères de familles ? Regardez-les comme des bébés de trois mois.
Rockybou et moi sommes restés debout honteux et se mirant l’un, l’autre tout en respirant.
Yawo : Mes chers vieux bébés, je peux savoir ce qui vous arrive ?
Moi :(respirant) Il a volé ma viande.
Rockybou : C’est faux hein. C’est lui-même qui….
Yawo : Ekpé ! Ça suffit ! Merci de me nettoyer tout ça. Agbaya lè kèdè.
Elle s’est dirigée dans sa chambre tandis que Rocky et moi avons commencé le nettoyage de la salle. Sènan n’est même pas sortie. Je sais qu’elle dort déjà, c’est son travail ça après les travaux domestiques et les cours.
Quelques semaines plus tard.
« Sènan »
Depuis quelques jours, Ifèmi et moi ne rentrons plus ensemble parce qu’à chaque fin des cours de la soirée, il va parler avec sa soit disant professeure. Même quand j’insiste à l’attendre ou l’attends, il finit toujours par me dire de rentrer parce que cette dernière ne le lâche pas vite. J’espère que ce ne soit pas ce que je pense là qu’ils sont en train de traquer sur mon dos, sinon je me retrouverai sur leur chemin. Vous pouvez me traitez atteinte d’une fièvre de jalousie mal placée, je suis d’accord mais dites-moi, si vous étiez à ma place vous allez accepter qu’on vous prive chaque fois la compagnie de votre homme? Je pense que la réponse c’est non même si (excusez-moi hein) les hypocrites disent oui. Alors vous comprenez que je suis actuellement en route pour la maison et précisément sur le sentier menant chez nous. Sakété n’est pas une grande ville en tant que telle, c’est plutôt un grand bourg. Notre maison, la maison de l’oncle d’Ifèmi se à plus de cinquante mètres du goudron donc il nous faut d’abord traverser quelques savanes avant de s’y retrouver. J’ai pour habitude de marcher pour me retourner sauf si Ifèmi est avec moi. Ce dernier insiste toujours pour que nous prenions le Zem. Si cela ne tenait qu’à moi on marcherait juste pour économiser nos sous et aussi parce qu’au village, je m’étais habitué à marcher pour aller à l’école alors que cette dernière est à plus de trois cent mètre de chez nous. Dans la vie il faut toujours apprendre à souffrir même si l’on est né l’or dans la bouche car la vie est pleine de surprise. Le paysage qui se plonge de plus en plus dans le noir témoigne qu’il sonne déjà 19h et le sentier devient aussi vde d’usagers. Donc je suis en train de marcher à pas pressés parce que depuis que j’ai eu ce fameux rêve, le petit courage que j’ai a disparu. A la maison, je fais tout possible pour ne pas être la dernière à me coucher. Demandez-moi la raison et je vous répondre que c’est parce que j’ai peur de le voir en chair et en os……Pff. Hum. Je ne suis pas folle hein je me suis juste rappelée d’un comédien à qui on a dit : « Monsieur vous êtes là ? » et qui répond : « oui, oui en chaise et en eau douce ». Les comédiens béninois aussi sont comiques quand même. Bon je disais quoi même ? Voilà ! Je dis que j’ai peur que l’homme de mes rêves (pas au sens que vous croyez hein) me soit apparu en réalité et non plus dans le rêve. Donc je suis sur le qui-vive.
Voix d’homme derrière moi : Sènan !
J’ai tiqué et mon cœur a failli me fausser compagnie. Au lieu de me retourner pour voir celui qui m’appelle, la peur qui me dominer m’a poussé à accélérer la vitesse de ma marche. Le niveau où je me trouve actuellement pour la voie menant chez nous est vide de passager et il n’y a pas une voiture ou une moto qui pourrait me redonner le courage grâce à ses phares. On parle du loup et on voit sa queue, je suis maintenant finie. Dis-je intérieurement.
La même voix :(insistant) Sènan, s’il te plaît attends, j’aimerai te parler.
Vous pensez que j’allais attendre ? Vous vous trompez ; c’est en ce moment même je me suis déchaussée sans perdre du temps. Je m’apprête à me lancer dans ma course de froussarde quand ce dernier m’a agrippé la hanche de ses bras.
Moi :(voix tremblant) Laissez…
Lui : Non Sènan, c’est moi Rockybou.
Quoi ? Dites-moi que c’est faux. Il veut quoi celui-là ? Ifèmi ne lui a pas dit que je n’aime pas ces gens de chose ?
Moi :(soupirant) Euh…
Rockybou :(me lâchant) Que croyais-tu ? Un fantôme ? Il n’est pas encore 00 h, de plus ce n’est pas sur ces genres de voie qu’il faut espérer voir un fantôme ; Sakété n’est pas le village ok.
Moi :(silence, regard figé sur lui et la respiration accélérée)
Rockybou : On peut parler maintenant ? Parce que tu trembles à ce que je vois.
Moi : Je t’écoute.
Rockybou : Je veux juste savoir ou du moins te proposer une chose.
Moi : Jalé !(Pardon) Vas’ y vite, il fait tard. Je ne veux pas être grondé à la maison.
Rockybou : Ok j’irai droit au but. Sènan… je. Euh…. Je veux te faire mienne.
Moi :(sourcillant) Quoi ? Heu ! …
Rockybou : Je veux dire tu me plais beaucoup et j’aurai aimé qu’on fasse…
Moi : Merci. Éyisô ! (à demain)
Je n’ai même pas attendu qu’il termine sa phrase avant de laisser debout et continue mon chemin. C’est quoi ça ? Il me prend pour qui même ? C’est toujours comme ça avec les hommes d’aujourd’hui. Il suffit de poser les yeux sur une fille pour la vouloir dans son lit. Il n’a même pas honte. C’est la copine de son meilleur ami qu’il a trouvé. N’importe quoi va.
Rockybou : Sènan, je…
Moi : J’ai dit à demain.
Rockybou : Mais je n’ai pas fini non.
Moi :(voix lointaine) Tu finiras demain. Dors bien ok.
J’ai pressé les pas croyant qu’il allait me poursuivre mais rien. Au bout de quinze je me suis introduite dans la clôture de chez nous. Maman n’est pas encore là mais Papa oui. Il est en train de lire et en même temps la télévision passe le journal qu’il suit également la lunette au nez.
Moi :(m’inclinant les bras croisés) Bonsoir Papa.
Papa :(regard toujours figé à la télévision) Oui sois la bienvenue ma fille. Comment a été la journée chez-toi ?
Moi : Très bonne et chez vous aussi ?
Papa : On se défend hein ma petite chérie et ton homme il est où ?
Hum !!! Je suis foutue. Ifèmi lui a déjà parlé de notre relation ? Mon Dieu.
Moi :(surprise) Hum !!! Mon homme ?
Papa : Que croyais-tu ? Dans la vie, il n’y a pas de secret mais plutôt de regret. Alors réponds-moi belle fille.
Moi : Euh… il est encore à l’école.
Papa :(consultant son bracelet) Quoi ? A 19 heures dépassées ? Ils font quel cours au juste ?
Moi : Non, ils ont fini déjà, c’est sa madame qui l’a fait attendre pour le rencontre.
Papa : Hum… Il n’a pas déliré j’espère hein ?
Moi :(hochant les épaules) Ahoooo !!! Et Maman elle n’est pas encore là.
Papa : Non et j’ai faim.
Moi : Ok ! Je vous sers toute suite.
Je me suis dirigée droitement vers ma chambre où je me suis changée avant de d’aller à la cuisine pour faire la cuisine.
Pendant ce temps à l’école et dans la voiture de madame Lorie.
« Ifèmi »
Nous sommes dans cette voiture depuis plus d’une heure mais madame ne dit rien. Elle ne fait que fouiller dans son portable. Je ne sais même pas ce qu’elle cherche et je ne veux même pas savoir. Qu’elle me libère que je rentre, je ne fous rien ici. On m’attend déjà à la maison. Ce silence m’énerve déjà même.
Moi :(ouvrant la portière) Madame je m’en vais déjà.
Lorie : Non attends
Moi :(agacé) Attends quoi ? Je suis là depuis plus d’une heure et vous ne dites rien et êtes là à manipuler le portable. Chaque fois c’est comme ça avant que vous ne commenciez par me conter vos fameuses fleurettes. On dirait que c’est le portable votre source d’inspiration. Moi je vais chez moi ok. Je ne suis pas autonome comme vous, mes parents seront déjà en train de me chercher.
Clap ! Je suis descendu du véhicule en furie et ai pris le chemin de la maison. Elle est restée là un instant avant de venir stationner près de moi.
Lorie :(descendant du véhicule) Ifè, viens monter s’il te plait.
Je ne l’ai même pas calculé mais continue mon chemin.
Lorie : C’est à toi je parle non ?
Tout ce qu’elle me dit n’est que l’eau versée au dos du canard parce que je viens de héler un taxi qui m’emmène en toute vitesse.
Une heure plus tard
« Rockybou »
Se jetant sur le lit, comme le poisson dans l’eau de marigot j’ai enfoui mon ma tête dans le drap.
Maaaahou !!! Qu’est ce qui m’arrive même. Je ne suis qu’un farfelu de dernière génération. Qu’est-ce que je viens de faire. Je me suis rabaissé auprès de cette fille. J’ai perdu à jamais ma valeur et ma considération. Oh mon Dieu ! La convoitise m’a fait perdre ma réputation. Que va penser de moi Ifè qui m’a pourtant dit sa vérité mais j’ai joué au têtu et même à l’hypocrite. Vraiment je me hais moi-même. Il faut d’ailleurs que j’aille le voir très top demain pour m’excuser auprès de lui comme il n’a pas de téléphone. Con que je suis.
Clin ! Clin ! Clin !
Qui m’appelle encore ?... (Sortant le portable de ma poche)… Je savais. On dirait qu’elle autre n’a rien à faire que d’appeler les hommes.
Moi :(voix rauque) Oui… Quoi ? Moi je ne peux plus sortir hein, mes parents sont tous là ; de surcroît comme tu le sais déjà, j’ai des exercices à traiter. Donc à demain………….. Maaaahou Raimath…..Ok Douce nuit à toi mon amour, je t’aime bisou… C’est bon ?........... Ekanwé.
Poun ! J’ai raccroché, sinon adieu sommeil parce que cette fille là …euh en tout cas je préfère me taire pour ne susciter des querelles.
Raimath ! On dirait un ange, elle m’a appelé au bon moment. Même si mon attitude de la foi dernière à son endroit vous écœure et vous faire penser que je la hais, laissez-moi vous dire plutôt que je l’aime. Grâce à son appel je peux maintenant aller prendre une bonne douche, manger et………. Vous le savez déjà alors Éyisô
A suivre………………