9
Write by kony ariane
.9
Je
suis sortie de la chambre et me suis enfermée dans celle au bout du couloir. Je
n’ai pas pleuré non, j’avais déjà ces
derniers mois versées tant de larmes. Dans le fond je savais que j’étais tombée
amoureuse de la mauvaise personne, mais comme on dit l’amour rend aveugle.
Je
n’ai pas fermé l’œil de la nuit. Je l’ai entendu toquer plus d’une fois. Vers
sept heures, je suis sortie de là, j’ai pris mon téléphone et mon sac et je
suis parti.
La
première chose faite, a été de changer de numéro. Je ne veux plus entendre
parler de lui. Je vais m’ouvrir à des rencontres.
Cela
fait un moment que je ne suis pas retournée chez moi, chez mon père.
J’ai vite préparé un sac et me voilà en direction de
la maison familiale. Mon père Roger RODRIGUEZ, vit seul. Il n’a jamais eu de vie de famille dans le fond. Ma
mère m’a confié à lui le lendemain de ma
naissance et a disparue. J’étais pour
lui un poids, pas toujours facile à porter comme il le disait souvent.
Après mon bac, il n’a eu aucune objection lorsque je lui ai dit vouloir prendre un appartement pour être plus proche de la fac. Je crois que cela a même été un soulagement pour lui.
Il ne m’appelle
jamais. La chance que j’ai
est que ma grand-mère m’a laissé un héritage conséquent. Jereçois une
rente mensuelle. Il étai dit que je pourrai à vingt et un ans gérer mon
patrimoine. Pour l’instant cela ne m’intéresse
pas.
Lorsque j’arrive à la maison, Roger mon père n’est pas là. Cela ne m’étonne pas le moins du monde. Il parcoure l’Afrique à la conquête des minettes. Il a toujours une nouvelle petite amie. C’est une espèce de don Juan.
Je crois que ma mère elle-même le savait et a
voulu le punir en me confiant à lui. Elle aurait souhaité que je sois un
fardeau pour lui. Ça n’a pas marché car jamais il ne s’est occupé de moi.
J’ignore même si pour lui j’existe.
Si
j’avais même été un poids pour lui cela a été de courte durée. Je suis juste un
frein dans sa quête de la femme. J’ai grandi entre la nounou et chez ma
grand-mère qui d’ailleurs est morte trop tôt.
J’ai toujours mes clés, j’ouvre le portail et fais
rentrer ma voiture. La maison est vraiment dans un état à vous donner des hauts le
cœur. Je prends mon téléphone et appelle l’agent d’entretien que j’emploie.
À
moi toute seule je ne finirai pas. Je le sollicite et par chance, il est
disponible. Les pièces sont les unes plus dégoûtantes que l’autre.
Nous
avons passé pas moins de cinq heures à astiquer cette maison.
Après
qu’il soit parti, heureux de la somme que je lui ai donné, j’ai pris une bonne
douche. J’ai cherché partout des draps mais il n’y en avait pas de propres.
Rien à manger.
Je
me demande bien où peut être mon père.
J’ai mis le linge sale dans les deux machines de la
buanderie. Je crois que je devrais en faire une dizaine pour venir à bout de
ces amas de tissus.
En
partant pour le centre commercial, je l’ai appelé ;
-bonsoir
père
-Rita,
arrête de m’appeler ainsi, je m’appelle
Roger, Roger
-oui
pardon Roger, où es tu ?
-je
suis en route pour Cotonou. J’étais à
Niamey, je ne te dis pas…
-oui
j’imagine. Je suis à la maison pour quelques jours
-ok,
temps que tu peux te gérer… bon à plus
Voilà
ma relation avec mon père. C’est une
connaissance si je puis dire. Il réfute le fait que je sois sa fille. C’est une
espèce d’inconscient, immature…bref c’est mon père.
J’ai dévalisé le centre commercial. J’ai pris tout ce qu’il aime.
Parfois
il me fait pitié. Il n’était pas prêt à
être père. Il avait vingt ans quand ça lui est tombé dessus. Je ne lui en veux
pas.Je me dis souvent que je suis mature pour deux.
Lorsque
je suis revenue, j’ai dressé mon lit et celui de Roger. Puis je me suis mise
aux fourneaux. Le plus important j’ai mis de la bière au frais, car comme il
dit; rien de tel qu’une bonne bière fraîche.
Roger a été gâté par la nature. Son père était un jeune portugais qui s’était épris d’une jeune béninoise et avait tout abandonné pour la suivre. Ils avaient fait fortune dans la construction et avaient eu Roger quand tout marchait.
Aux dires de ma grand-mère , mon grand
père avait chéri Roger dès les premiers jours de sa grossesse. Il était devenu
un petit enfant gâté, pourri qui n’avait
jamais appris de ses erreurs et qui avait toujours dormi sur ses
lauriers.
La
preuve, il a quarante cinq ans et il se comporte comme un jeune adolescent
boutonneux qui vient de découvrir ou qui découvre les joies du sexe.
Après
la cuisine, j’étais trop épuisée pour
manger. Je me suis endormie dans le canapé.
Lorsque
Roger est venu, il s’est mis à hurler ;
-Rita !
Rita ! Rita tu es où ? Je dois te raconter la créature de rêve que je
me suis envoyée.
Plus
rien ne me choque venant de lui. Il est cru et ça depuis toujours. Je l’ai
écouté religieusement.
-j’ai
fait à manger…
-je
le sais, tu aimes t’occuper de moi…va
savoir pourquoi. Bon sers moi. La maison est propre, pas mal fillette.
Je
ne sais même pas s’il sait que j’ai vingt cinq ans…
Après
son repas il est monté dans sa chambre, je l’ai entendu crier ;
-Rita
tu as interdiction de rentrer dans ma chambre, tu le sais ça. Tu as fait du bon
boulot tout de même
Je
suis dépassée, il ramène des femmes dans cette porcherie. J’en ai la nausée.
J’ai jeté pas mal de soutiens gorge et de petites culottes de différentes
tailles.
Le
lundi, je suis parti de là pour le boulot. Je lui ai dit que je passerai la
semaine avec lui
-tu
fais comme tu veux, c’est ta maison…
En
effet c’est un des lègues de ma grand-mère.
J’ai
eu une journée très chargée. J’ai enchaîné les réunions. À dix sept heures
lorsque j’allais prendre ma voiture pour rentrer, j’ai bien vu celle de Georges
se garer. Je suis montée dans la mienne et j’ai démarré. Il peut venir à la banque.
Après
une semaine en maison familiale, il était temps pour moi de revenir à ma vie.
J’ai fait savoir à Roger que l’agent
d’entretien passerait une fois
par semaine, que s’il est en escapade,
il me le fera savoir et j’irai moi-même
ouvrir pour que le nettoyage se fasse. Je dois bien ça à ma grand-mère. Elle
adorait cette maison.
Lorsque
je suis arrivée chez moi, le gardien m’a
fait savoir que monsieur était passé tous les jours. Monsieur c’est
Georges.
-merci
J’ai pris une douche, une bouteille d’eau et me
voilà dans ma cuisine à réfléchir sur ce que je pourrais manger.
Lorsque
l’interphone a retenti, je me suis avancée
vers la porte,
-ah
c’est toi ? Bonsoir
-je
peux ?
-si
je dis non tu partirais ?