Du côté de Nadia

Après avoir cahoté sur les pavés des rues étroites menant a la villa des Ibrahim, la voiture chargée de venir la chercher emprunta une longue avenue et franchit les immenses grilles du domaine. Nadia laissa son regard errer sur la longue allée complètement métamorphosée pour l'occasion,qui menait a la demeure de ses gens imminents.

Nadia découvrit des voitures les une plus luxueuses que les autres et se dit une fois encore que sa place n'était clairement pas là. Elle n'avait rien a faire dans cette villa où elle avait eu le malheur de se rendre un jour. Mais les dés étaient jetés et elle ne pouvait plus revenir en arrière.

Son compagnon assis a coté d'elle,prit la parole d'un ton froid destiné a lui rappeler que tout cela n'était qu'une mascarade.

- Nous y voilà Nadia. Je sais que ce n'est pas une partie de plaisir pour toi de remettre pied ici et crois-moi je n'en suis pas particulièrement enchanté non plus mais tu vas devoir faire un effort. Sois donc plus joviale, sourit un peu je ne sais pas moi,tu n'es pas dans le couloir de la mort que je sache.

Elle ne lui répondit pas et garda sa tête obstinément tournée vers la gauche.

Amal après avoir soufflé, sortit de la voiture et fit le tour pour lui ouvrir la porte. Si cela ne tenait qu'à elle seule,elle pourrait passer toute la soirée dans la voiture sans y voir d'inconvénients. Mais Amal ne l'avait pas entendu de cette oreille la.

Après avoir poussé un profond soupir, elle accepta la main qu'il lui tendait. Elle fit immédiatement parcouru d'un frisson et mit cela sur le coup de la fraicheur ambiante. Elle espérait simplement' que son compagnon d'une soirée ne l'avait pas remarqué de peur qu'il interprète autrement cet aspect.

L'entrée de la maison était gardée par deux lions de bronze loués sûrement pour l'occasion. La porte était elle même décorée par des guirlandes de fleurs blanches odorantes. Nadia en huma le parfum délicat.

- Souris Nadia,ne me force pas a utiliser la manière forte avertit Amal qui lui souriait malgré la froideur de ses propos.

Elle comprit qu'il souriait pour sauver les apparences. Elle avait cru comprendre qu'il y aurait des milliers de journalistes a cette fête, enfin milliers c'était une simple façon de parler.

- Je serai curieuse de voir comment tu comptes t'y prendre. Je t'interdis de lever la main sur moi siffla Nadia entre ses dents.

Elle le détestait pour l'arrogance dont il faisait preuve.

- Qui a parlé de te frapper ? Je ferai bien mieux que ça et d'ailleurs, je m'y attele dès maintenant.

Sans crier gare il posa ses lèvres sur les siennes et passa une de ses mains sur sa taille dans un geste possessif. Il émit une petite pression sur sa taille pour la rapprocher de lui et approfondit le baiser sous l'étonnement de Nadia et d'Eric qui les avait conduit.

Nadia était tellement pétrifiée qu'elle ne réagit pas. Et c'est Amal qui,tout aussi brusquement qu'il l'avait saisi la repoussa toujours avec le sourire. Mais cette fois,ce sourire était destinée uniquement a elle puisqu'il' était très moqueur.

Nadia était gênée par ce qu'il venait de se passer. Elle ne savait pas où se mettre et se maudissait pour ne pas avoir été celle qui mettait fin a ce baiser ridicule.

- Maintenant tu sais ce que je te ferai si tu ne m'obeis pas. Allez pas un mot,nous n'avons pas le temps pour ça. Il faut que nous rentrons a present.

Comme un automate elle le suivit puis passa avant lui alors qu'il lui tenait la porte.

Après avoir passé la porte, ils tombèrent sur une salle remplie des personnes les unes plus raffinées que les autres. Heureusement que Sheri avait insisté pour qu'elle mette une robe de soirée convenable à la cérémonie, sinon elle aurait fait tâche dans ce décor. Et de toutes les façons Amal ne l'aurait jamais laissé s'afficher a son bras dans une tenue indigne de lui.

Elle promena son regard sur l'assistance et découvrit qu'il y avait presque tout le gratin social. Elle ne les connaissait pas mais vu leur habillement, leur prestance et l'arrogance qu'ils dégageaient, ils devraient en faire parti. Son regard tomba sur des yeux noirs qui lui lançait clairement des éclairs.

Pendant qu'elle faisait un duel de regard avec Margot la mère de famille, Amal se pencha vers elle puis lui sursurra a l'oreille

- Si je savais que mes baisers avaient cet effet la sur toi,je veux dire capable de te faire fermer ta bouche, crois moi que je l'aurais fait depuis bien longtemps. Ça m'en aurait fait des vacances dis donc.

Elle se retourna vers lui et darda sur lui un regard tout ce qu'il y avait de plus méprisant. Comme le reste de sa famille,elle ne l'aimait pas.

Elle se rappela encore comment il avait usé de sa position pour lui forcer la main et accepter ce vilain chantage.

Flashback

- Éric qu'est-ce que tu fais là ? Je pensais que c'était Karim qui venait me chercher aujourd'hui dit Nadia en refermant son sac. Samir tu arrêtes ça tout de suite,ce n'est pas un jouet.

Elle prit son carnet de ses mains de peur de le voir le déchirer puis le rangea dans son sac.

Karim et elle s'étaient réconciliés. Ils ne pouvaient rester longtemps fâchés d'ailleurs.

Elle se retourna pour faire face a Éric qui était trop silencieux a son goût.

Et quand elle vit la personne qui l'accompagnait elle comprit pourquoi ce calme.

- Toi ! Ici ? Qu'est-ce que tu viens faire là ? demanda Nadia d'un ton agressif

Elle ne savait même pas pourquoi toute cette agressivité envers lui mais sa seule présence la dérangeait. Il ne lui inspirait pas vraiment confiance.

- Voyons Nadia pas besoin d'être agressive. Je vois que tu te retrouves encore une fois a l'hôpital. Décidément tu as le don de t'attirer des ennuis rétorqua Amal en rentrant dans la pièce et s'asseyant sur le lit a côté de Samir qui était totalement indifférent ce qui se passait. Coucou mon grand

Samir releva les yeux et les posa sur Amal qui lui tendait la main. Il mit sa petite main dans la sienne et répondit a sa salutation.

- Samir ! s'exclama Nadia pas contente

- Nadia ! s'exclama Éric a son tour. Fais pas l'enfant,il veut juste le saluer.

- Laisse Éric,je ne m'attendais pas a moins de sa part. Par contre Nadia,quand je regarde cet enfant fort sympathique ma parole, il me rappelle drôlement' quelqu'un mais je n'arrive pas a déterminer qui fit-il en analysant Samir avec les sourcils froncés. Tu pourras peut-être m'aider a comprendre cet air de déjà vu ?

Nadia déglutit en comprenant qu'il allait bientôt faire le lien entre Máel et Samir. Et ça c'était à éviter a tout prix.

- Arrête de regarder mon fils de la sorte et dis moi ce que tu me veux. Je doute bien que ta visite ici n'en ai pas une de courtoisie.

- Encore heureux ! Non je ne suis pas ici pour savoir comment ton état de santé évoluait,je suis la pour t'entretenir d'une affaire on ne peut plus sérieuse.

- Alors parle je t'écoute

- Je préfère qu'on soit seuls. Éric tu ne vois pas d'inconvénient a nous attendre deux minutes dans le hall avec Samir ? Promis cela ne sera pas long

- D'accord pas de problème. Samir viens avec moi on va acheter des bonbons

- Ouais s'écria-t-il en se levant du lit

Il n'adressa même pas un seul regard a sa mère qu'il était déjà sorti. Éric quant a lui se tourna vers Nadia

- Ça va aller petite soeur ?

Nadia était touché par sa sollicitude et bien qu'elle n'était pas vraiment a l'aise, elle acquiesça d'un coup de tête.

- Alors je serai dehors. Si vous voulez bien m'excuser

Puis il s'en alla en refermant la porte derrière lui.

Nadia se laissa asseoir sur son lit, tendue par les événements de ces derniers jours.

Elle n'avait pas besoin' qu'en plus de ça , Amal vienne en rajouter du sien.

Le frère de Shèri n'avait plus jamais refait surface et ce n'était pas Nadia qui allait s'en plaindre. Par contre, Shèri et elle s'étaient violemment disputées a ce sujet vu que cette dernière refusait catégoriquement' de lui expliquer ce qui se passait. Nadia estimait qu'elle était dans le droit de savoir vu qu'elle avait été attaquée mais Shèri soutenait dur comme fer qu'elle n'était pas obligée d'etre au courant.

Elles n'étaient pas arrivées a se comprendre alors le ton était rapidement monté.

A présent, elles se reparlaient certes, mais ce n'était plus comme avant. Il y avait une certaine distance qui s'était installée et Nadia refusait de faire le premier pas pour vraiment arranger les choses puisqu'elle estimait toujours mérité de savoir.

Elle en était là de ses pensées quand elle se fit interrompre par un Amal impatient.

Elle le regarda froidement attendant qu'il prenne la parole, ce qui ne tarda pas a faire.

- Alors je vais aller droit au but. J'ai besoin d'une fiancée.

Il avait été tellement direct que Nadia pensait avoir mal entendu.

- Je reformule un peu. J'ai besoin de quelqu'un pour se faire passer pour ma fiancée le temps d'une soirée.

Nadia éclata de rire après qu'il ai fini sa phrase.

- Il est où mon problème ? Et d'ailleurs comment as-tu su que j'étais ici ?

- On n'est pas là pour parler de ça mais pour répondre a ta question,je me suis renseigné auprès d'Éric. J'avais cru comprendre que vous étiez proches alors qui mieux que lui pour me dire où te trouver.

Éric, elle l'aimait beaucoup certes mais il devait apprendre a fermer sa bouche quelques fois.

- Pour revenir a notre sujet de départ,j'ai besoin d'une fiancée le temps d'une soirée. Et tu es celle que j'ai choisi pour jouer ce rôle. N'est-ce pas formidable ?

- Voyons ne sois pas ridicule riposta-t-elle. Et je peux savoir pourquoi moi ?

Il eut un rictus amer puis prit la parole

- Allons Nadia a d'autres ! Tu t'es déjà faite passer pour ma fiancée une fois,alors reprendre ce personnage le temps d'une petite soirée ne devrait pas être dur pour toi. Cela dit, je suis prêt a mettre le prix que tu désires, tu..

- Ehh pas un mot de plus, je ne sais pas pour qui tu me prends mais je t'arrête tout de suite. Je n'ai pas besoin de ton argent d'accord ? Et ta proposition tu peux aller te le mettre la où je pense

- Voyons pas de vulgarité. Comportons nous en gens civilisés. Je crois que tu n'as pas bien saisi Nadia, je veux que cela soit toi et ce le sera. Je ne te laisse pas le choix en fait.

- Il en est hors de question tu m'entends ? Plutôt crever que..

- A ta place je ne finirai pas ma phrase parce que tu vas vraiment le faire. Tu ne veux pas entendre parler d'argent,soit ! Cela dit, j'ai de très bons contacts qui eux,a leur tour ont aussi de très bons contacts.

Elle ne savait pas où il voulait en venir mais ouvrit grand les yeux quand il continua sur sa lancée

- Parmi eux,l'un d'eux devrait sûrement être en bons termes avec le procureur. Il me serait facile de remettre la plainte sur le tapis et ajouté que j'ai été menacé afin d'enlever la plainte de la dernière fois. Tu ne voudrais pas qu'on en arrive la n'est-ce pas Nadia ? Les cartes sont entre tes mains,tu es la seule maitresse de ton destin. Souffre une nuit en ma présence ou accepte de retourner en prison. A ta place, mon choix aurait été vite fait mais comme tu es très entêtée,je te laisse prendre ton temps. Mais pas trop non plus car je suis un peu pressé.

Nadia n'en revenait pas qu'il puisse lui faire un chantage aussi odieux. Comment osait-il faire une chose pareille ? Elle qui le pensait différent, c'était sacrement un bel enfoiré.

Elle savait qu'elle n'avait aucun choix. Autant elle ne voulait pas retourner en prison, autant elle détestait l'accompagner. Mais s'il fallait faire un choix,elle préférerait souffrir pendant quelques heures plutôt que de souffrir pendant des années. De plus, elle allait être séparée de son fils et il en était hors de question.

Elle n'avait pas d'autre choix.

- Tu es un salaud Amal Ibrahim. Je ne t'aurai jamais cru capable de tomber aussi bas. Profiter de ma faiblesse pour obtenir ce que tu veux. Je n'ai pas le choix, je ne peux qu'accepter de t'accompagner.

- A la bonne heure ! Je savais qu'on allait bien s'entendre. Et que les choses soient claires,ce n'est pas non plus une partie de plaisir pour moi. Je suis obligé de le faire. Pour cette soirée,je t'ai pris une robe qui t'attends dans ma voiture, tu..

- Tu avais deja prévu une robe? Alors tu savais que j'allais accepté ! s'offensa Nadia

- Bien sûr que je le savais. Venir t'informer était une simple formalité. Enfin bref je m'égare,ta robe est dans ma voiture. Je la confierai au bon soin d'Éric. Tu devras me communiquer ton adresse afin que je te fasse livrer la maquilleuse et la coiffeuse, toutes deux a mes frais j'entends. A cette soirée tu devras être impeccable aussi bien dans ton style que dans ton comportement. Tu devras être souriante et entreprenante. Aussi,faudra que tu fasses des recherches sur les conditions de vie des enfants et des femmes défavorisés dans les milieux les plus pauvres d'Afrique vu que cela sera le terme de cette soirée. N'oublie pas que nous sensés être un couple, alors j'entends qu'on se comporte comme tel a cette soirée. Pas de mégarde, il y aura un nombre important de journalistes a l'afflut du moindre faux pas. Je me suis fait clair ?

Nadia redressa la tête dans une attitude fière et plongea ses yeux dans ceux de son interlocuteur pour la première fois depuis son entrée.

- J'ai compris tout ce que tu as dit. Mais il est hors de question que j'enfile une robe que tu aurais acheté. Je vais m'habiller avec mes propres vêtements et me coifferai de moi même. Et ce n'est pas la peine que tu t'y opposes,je suis ferme la dessus.

Pendant un long moment ils se lancèrent dans un duel de regard et Nadia était décidée a ne pas baisser les yeux afin qu'il se rende compte de sa détermination.

Mais quand la porte s'ouvrit elle détourna l'attention pour la fixer sur son fils qui se précipitait vers elle tout joyeux.

- Mama tonton Karim est déjà la,on y va ?

- Oui bien sûr mais attends une seconde mon chéri.

Elle reporta son attention sur Amal qui se levait de sa place.

- Soit ! Alors tâche d'être a ma hauteur. C'est une soirée qui regroupe toute l'élite de Paris et environs. Je ne voudrais pas que ma compagne soit habillée en sous qualité.

Elle serra les dents puis répondit avec un calme qu'elle était loin de ressentir.

- C'est clair.

- Bien. Un petit détail, cette soirée c'est nous qui l'organisons,ce qui veut dire qu'elle se tient chez ma mère. A bientôt petit Samir.

Elle n'eut pas le temps de crier son mécontentement qu'il avait passé la porte.

Elle qui se préparait a affronter une soirée avec lui devrait en réalité se préparer psychologiquement a revoir Margot, et dans sa demeure en plus.

Décidément cet homme désirait tout simplement sa mort.