~ AT Chapitre 56 ~
Write by Nobody
Elle entendait des voix autour d'elle sans pour autant les distinguer. Elle luttait pour parler,pour s'exprimer, pour demander ce qui se passait mais aucun son ne sortait de ses lèvres.
C'était comme si elle était en plein rêve mais qu'elle arrivait a entendre le monde extérieur.
Elle avait perdu le fil du temps. Elle ne savait d'ailleurs pas où elle était ni ce qui s'était passé. Tout ce qu'elle désirait dans l'immédiat c'était d'ouvrir les yeux et voir les gens autour d'elle.
Elle fit a de nombreuses reprises,l'effort d'ouvrir les yeux mais cela se soldait a chaque fois par un échec. Elle voulait ouvrir les yeux et elle n'allait pas abandonner jusqu'à ce qu'elle y arrive.
Elle essaya encore plusieurs fois, elle voulu crier pour que quelqu'un l'aide tellement l'effort devenait surhumain mais aucun son ne pu franchir ses lèvres.
Elle essaya de bouger un de ses muscles,en vain. Elle essaya de parler,en vain. Elle essaya d'ouvrir les yeux,en vain.
Alors qu'elle allait abandonné, elle sentit un picotement au niveau de sa main droite. La sensation de ce picotement était très désagréable, ça l'irritait. Si elle était consciente, elle se serait grattée la main. Le picotement continua et commença même à lui faire très mal.
C'est alors qu'elle sentit sa main se soulever lentement puis, plus rien. C'était a nouveau le néant.
Dans son for intérieur, elle hurla de frustration. Si elle avait pu le faire une fois,elle pourrait le refaire.
A côté d'elle,les bruits continuaient bon train. Elle ne réussit pas a distinguer les timbres vocaux mais elle se demandait bien ce que ces personnes faisaient pour ne pas avoir vu qu'elle bougeait.
Elle se raccrocha a sa première tentative réussie puis réessaya. Au même moment elle entendit la porte s'ouvrit et de surprise elle tourna la tête vers la porte.
Elle vit un docteur entré dans la pièce et venir vers elle.
- C'est une blague mademoiselle ? Vous êtes réveillée ? demanda-t-il en venant rapidement vers elle
Minute ! Cela voulait dire qu'elle avait réussi ? Qu'elle avait ouvert les yeux ? Et qu'elle avait réellement bougé la tête vers la porte a l'entrée du médecin ?
Elle pensait que tout cela était dans sa tête. Qu'elle était encore dans son rêve. Elle était tellement émue et si fière d'elle.
Elle lutta pour ne pas refermer les yeux mais c'était plus fort qu'elle. La lumière de la pièce l'aveuglait.
Elle battit plusieurs fois des yeux puis après un court instant, les réouvrit avec succès.
Elle tomba nez a nez avec le docteur qui n'allait pas tarder a l'ausculter.
- Nadia ? Salam aleykoum Nadia. Tu nous as fait peur
Elle comprit que c'était sa mère et voulu lui répondre mais ses cordes vocales n'étaient pas du même avis. Elle ne pu prononcer un mot,tant sa gorge était sèche.
- Salam aleykoum soeurette renchérit Mohamed son grand frère
Elle tourna la tête vers eux et sourit. Mais cela devait beaucoup plus ressembler a une grimace qu'à un sourire.
Le docteur leur demanda de sortir un moment afin qu'il puisse s'occuper de son patient. Mais avant qu'ils ne franchissent le seuil de la porte,elle avait eu le temps de croiser le regard et le sourire chaleureux d'Amal. Elle ne pu malheureusement le lui rendre.
Avant de commencer ses examens, le docteur comme s'il avait lu dans ses pensées, lui proposa un peu d'eau qu'elle bu a l'aide d'une paille.
Il redeposa le verre là où il l'avait pris et commença ses examens qui ne finissaient pas.
- Suivez la lumière mademoiselle.
Avec beaucoup de mal elle suivi la lumière de gauche a droite.
Satisfait, il éteignit sa petite lampe et inscrivit des notes. Cela dura un petit moment avant qu'il ne lui apprenne qu'elle allait apparemment bien et qu'elle n'avait aucune séquelle. Il fallait a présent attendre de voir comment son corps répondait au traitement maintenant qu'elle était revenue a elle.
Après lui avoir souhaité un prompt rétablissement, il se retira. Elle eut a peine le temps de souffler que sa chambre se remplit immédiatement.
Se trouvait là dans sa chambre, sa mère, son frère, Amal,Boun et Eric. C'est en voyant Éric qu'elle se rappela que les enfants etaient encore avec l'autre détraqué.
Elle ne pu s'empêcher de laisser ses larmes roulées. Où étaient les enfants a cette heure ? Et qu'est-ce qui c'était réellement passé? Elle n'avait plus aucun souvenir récent en tête. Tout ce dont elle se souvenait c'était de la soirée avec l'homme masqué.
- Pourquoi elle pleure celle-là ?demanda Moha, une main enfouie dans sa poche
Leur mère lui lança un regard noir puis alla vers sa petite dernière. Elle était très faible pour le coup.
- Nadia pourquoi tu pleures maintenant ? Tu n'es pas contente de me voir,de nous voir tous ici ? demanda sa mère dans sa langue maternelle
- Si répondit Nadia d'une petite voix
Ses cordes vocales avaient finalement décidées de lui répondre.
- Alors qu'est-ce qui a maintenant ? Au lieu de sourire et de remercier Dieu, tu pleures ? C'est comme ça que tu lui montres que tu es reconnaissante? A moins que cela ne soit des larmes de joie ce qui n'est pas le cas, je me trompe ? demande-t-elle encore
- Non rétorqua-t-elle encore une fois.
- Alors dis moi qu'est-ce qu'il y'a ? Anh ?
Elle ne répondit pas tout de suite et leva la tête vers Amal. Elle savait que lui avait compris. Elle soupçonnait même sa mère d'avoir compris sa réaction mais qu'elle ne voulait pas aborder le sujet. Et ça c'était sûrement parce que les choses ne s'étaient pas bien passées.
Curieusement, Amal se retira de la chambre. Nadia se demandait bien pourquoi mais se garda de l'émettre a haute voix. Elle posa ensuite son regard sur Éric et tendit ses bras vers lui.
Il y avait certains moments comme ça,où malgré tout l'amour dont on était entouré, on recherchait celui de quelqu'un en particulier. Et cette personne cette fois c'était Éric. Elle avait envie d'être dans ses bras et l'entendre la rassurer.
Sa mère qui savait que sa fille était comme ça, se leva et laissa sa place à Éric qui s'empressa de venir la prendre dans ses bras.
- Je suis désolée Éric murmura-t-elle entre deux sanglots
- Chut ne pleure pas dit-il en caressant ses cheveux. Tu n'as pas a être désolée Nadia. Je suis content que tu sois enfin réveillé, faut dire que tu as vraiment pris tout ton temps dit-il subtilement pour changer de sujet
Mais pour Nadia,il était impossible de passer outre de la sorte.
- Éric arrête, tu..
La porte s'ouvrit et Nadia se tut. Ses yeux se mirent a briller quand elle rencontra le regard joyeux de son enfant, de la chair de sa chair,de sa raison de vivre.
Samir était bien là, dans les bras de son tonton Amal,bras desquels il essayait comme un beau diable de s'extirper.
Amal le posa a terre de peur qu'il se fasse mal et il fonça vers sa mère.
- Mama s'exclama-t-il en sautant sur elle. Mama tu m'as trop manqué dit-il d'une petite voix
Nadia connaissait cette voix, elle savait qu'il était au bord des larmes. Elle même avait arrêté depuis un moment d'essayer de retenir ses larmes.
Quand Samir tomba dans ses bras elle ouvrit grand la bouche et ferma les yeux. Cette sensation la ! Cette sensation là seule une mère pouvait la comprendre. Par son simple touché,il venait de réparer son coeur. Il venait d'effacer toutes les tracasseries qui ont suivi sa disparition. Il avait soigné toutes les douleurs physiques qu'elle avait pu ressentir.
Elle avait son fils dans ses bras et le reste lui importait peu. Le meilleur dans tout ça, c'est qu'il n'était plus comme elle l'avait vu chez Hichem,il avait repris ses esprits et savait distinguer chaque personne.
Elle lui caressa les cheveux et se mit a lui chuchoter des choses pour qu'il se calme. Tous deux faisaient peine a voir, avec leurs larmes roulant librement et leur nez qui coulaient comme une fontaine.
- Mon gros bébé, je t'aime tellement si tu savais lui dit-elle en le berçant doucement
Il renifla bruyamment puis se redressa. Il passa ses deux mains sur les joues de sa mère, y prit son appui puis lui déposa un bisou sur les lèvres,avant de lui en faire pleins pleins d'autres sur le visage.
Nadia rit de bon coeur. La première fois qu'elle riait sincèrement depuis un long moment,depuis sa disparition précisément.
Elle le renversa et a son tour lui fit beaucoup beaucoup de bisous chatouilleux. Plus rien n'existait a part eux.
Ils étaient plongés dans leur monde jusqu'à ce que madame mère de Nadia brisa l'enchantement.
- Ah mais ces enfants ont les foutaises inh. C'est une blague ? Quand tu as vu Samir maintenant tu sors toutes tes sales dents là, alors qu'a moi ta propre mère tu n'as pas voulu sourire. Et toi Samir quand ta mama dormait, c'était a moi tu faisais des bisous inh,je te regarde seulement je ne vais rien te dire. Gateau que j'ai amené la,faut seulement attendre si tu vas manger. Mais regardez moi ça
- Mama faut pas les écouter inh,moi aussi je suis là je les regarde seulement déclara Boun.
Éric qui était a côté d'eux se contenta de rigoler. Il était mieux placé pour comprendre l'effervescence et l'émotion de ses retrouvailles. C'était pareil avec leur petit monstre aussi
- Mamie faut pas être jalouse inh dit simplement Samir en se relevant
Nadia rit sous cape avec les autres adultes alors que mama Nadia n'en revenait pas.
- Samir moi ? Jusqu'à moi ? Tu me cherches non ? Tu vas voir
Mama Nadia lança un regard noir aux adultes qui rigolaient et ils se tuent immédiatement.
Ils commencèrent a parler de tout et de rien dans une bonne ambiance. Nadia avait bien remarqué qu'ils évitaient tous d'aborder le sujet qui lui tenait vraiment a coeur,a savoir ce qui c'était passé cette nuit la.
- Est-ce que quelqu'un a penser prévenir Karim ? demanda-t-elle subitement
- Maintenant que tu le dis,j'avoue que j'avais complètement oublié sur le coup. Je vais de ce pas l'appeler pour le mettre au courant. Je reviens prévient Amal en sortant de la pièce
Alors qu'il ouvrit la porte pour sortir une nouvelle personne entra. Le visage de Nadia s'illumina en se rendit compte qu'il s'agissait de Maria qui gardait Kevin dans ses bras.
- Tata Nana s'exclama Kevin en courant vers elle
- Kev mon amour fais attention tu vas tomber
Elle se baissa doucement puis fit un effort pour le soulever dans ses bras. Elle lui fit de gros bisous pendant qu'il avait ses mains autour de son cou. C'était une grande joie de le retrouver tout aussi sain et sauf que l'était Samir.
- Éric je dois te parler déclara Maria près de la porte le visage fermé
Nadia n'avait clairement plus rien a faire avec cette femme. Elle n'avait aussi plus rien à lui dire mais elle trouvait son attitude complètement déplacé. Elle ne l'avait pas forcé a être là, elle pourrait au moins avoir un mot gentil envers elle,même si cela revenait a être hypocrite. Au moins un "je suis contente que tu sois réveillée" ou même un "prompt rétablissement"
- Je te souhaite la paix et la santé Maria dit simplement Nadia sans même lui lancer un regard
- La paix a toi aussi, alors tu viens Éric ? Je n'ai pas toute la soirée en fait.
- Vas-y Éric, l'atmosphère commence a être tendue et je n'aime pas trop ça.
- D'accord, je reviens dans une minute.
Pendant qu'ils s'en allaient dans le couloir, Samir et Kevin se retrouvaient dans leur monde a parler de leur dernière voiture. A ce qu'elle aurait compris,c'était leur tonton Amal qui le leur avait offert.
Elle était contente que les enfants se portent bien mais il lui fallait maintenant une explication. Et quand Amal allait revenir,elle entendait qu'il lui explique ce qui c'était passé.
Quant au couple retiré dans le couloir, l'ambiance n'était pas au meilleur.
La voix commençait légèrement a monter du côté de la jeune femme et le jeune homme prenait sur lui pour ne pas hausser le ton a son tour. Il n'aimait pas particulièrement se donner en spectacle en fait.
- Mais c'est quoi ton foutu problème ?
- Mon problème c'est toi et cette fille Éric. Je ne supporte pas votre proximité. Quand je suis venue dans cette chambre, tu étais le seul qui était a côté d'elle. Même sa propre mère était assise un peu loin. Je peux comprendre pourquoi tu es autant tactile avec elle ? Tu veux que je te rappelle ce que notre famille a vécu a cause d'elle ? Si notre couple bat de l'aile a cet instant c'est uniquement a cause de cette fille
- C'est a cause de toi Maria, tu m'entends uniquement à cause de toi,de toi et de ta jalousie maladive, de toi et de ton manque de confiance, de toi et de ta mauvaise foi. On peut tous comprendre que ce qui s'est passé avec les enfants t'ai ébranlé, mais c'est totalement incompréhensible que tu tiennes Nadia pour responsable. Tu es folle ou quoi ? Combien de fois avions-nous déjà tenu cette conversation ? Et si notre couple est aujourd'hui là où il est tu ne peux t'en prendre qu'à toi même. Je ne t'ai pas connu comme ça Maria,sinon il est bien clair que je ne me serai jamais attardé sur toi. Ces derniers temps j'ai même envie de te demander,qui es-tu Maria ? Tu n'es certainement pas la jeune femme dont je suis tombé éperdument amoureux,tu n'es pas la femme pour laquelle je me bats et me sacrifie depuis près de cinq ans,tu n'es pas cette femme la que j'ai prévu épouser. Non
- Mais Éric comment tu..
- Je t'interdis de prononcer un mot de plus. Et je ne t'écouterai plus jusqu'à ce que tu reconnaisses que tu as dépassé les limites. Tu pousses le bouchon beaucoup trop loin. Te rends tu compte de ce que tu viens de faire là dans cette chambre au milieu de sa famille? Tu leur as fait croire que tu manquais d'éducation, tu n'as même pas daigné saluer la mama de Nadia ni personne. Tu te mets tout le monde a dos pour quoi ? Pour rien ! Trois fois rien ! A ta place j'aurais été mort de honte que ce soit une malade qui me souhaite la paix et la santé, ce que tu aurais dû faire après avoir franchi cette porte. Je te préviens Maria, cela ne va pas continuer comme ça, oh que non. Je ne vais pas continuer a supporter tes plaintes. J'entends qu'il y ai du changement ou tu n'aimeras pas ce qui va suivre. A présent retourne à la maison, quand j'en aurais fini je ramenerai Kev. Au revoir.
- Éric Éric attends je n'ai pas fini de te parler, Éric..
Mais il ne se retourna pas vers elle. Il n'allait pas se retourner.
Il n'arrivait même pas a comprendre d'où sortait cette jalousie la ? Comment pouvait-elle penser qu'il le tromperait un jour ? Surtout qu'en cinq années, le seul écart dans leur couple avait été enregistré de son côté a elle. C'était elle qui l'avait trompé et pas l'inverse et pourtant il était toujours là et jamais il n'avait fait ressurgir cet épisode de leur vie même s'il y pensait souvent.
Il retourna dans la chambre de Nadia et la découvrit dans les bras d'Amal. Il referma alors la porte derrière lui, les laissant seul. D'ailleurs tout le monde avait déserté la chambre sûrement pour les laisser seuls un moment.
Nadia appréciait l'étreinte d'Amal. Elle ne désirait même pas que ce moment s'arrête mais le moment où ils furent forcés de se séparer, arriva,bien trop tôt au goût de Nadia.
Amal lui avait sacrément manqué. Oui elle devait se l'avouer.
- Nadia tu nous as sacrément fait peur. Tu refusais catégoriquement de te réveiller.
- Je n'ai pas fait exprès tu sais !
- Je sais bien,de toutes les façons je suis content que tu sois de nouveau en éveil. On n'en pouvait clairement plus.
- Humm.Amal tu vas vraiment tout fait pour ne pas répondre à ma question?
Elle lui avait demandé ce qui c'était passé juste avant qu'il ne la prenne dans ses bras.
Elle le vit soupirer puis passer une main dans ses cheveux.
- Il ne s'est rien passé d'extraordinaire Nadia. Tu te doutes bien que si tu es a l'hôpital c'est que tu as reçu une balle. A l'épaule, ton bandage le prouve. Après je ne sais pas qui a tiré sur toi mais tout pousse a croire que c'est Hichem, qui d'autre me diras-tu. L'autre homme qui était avec lui a essayé de s'échapper mais il a été poursuivi et abattu par Máel et le reste de la police. A l'heure actuelle,et Hichem et ton amie Shèri sont tous deux introuvables. Il n'y avait d'ailleurs aucune trace de ton amie dans la villa lors de la descente des officiers. Après cela,tu as été conduit a l'hôpital et Samir de même que Kevin aussi. Kevin a tout de suite été favorable au traitement et a pu être decharger la nuit même mais pas Samir. Samir..
Il s'interrompit alors que Nadia l'encouragea a continuer. Elle voulait savoir pourquoi Samir avait été gardé longtemps en observation.
- Samir ? demanda-t-elle pour l'inciter a poursuivre
- Samir était toujours plongé dans sa bulle. Il paraissait absent et le pédiatre ne savait pas ce qu'il pouvait bien produire cet effet la. Jusqu'à ce que ta mama intervienne. Je n'ai pas bien compris son explication mais avec quelques mots, elle a réussi a en quelque sorte, le réveiller. Il avait complètement aucun souvenir de tout ce qui s'était passé. Pendant ce temps toi tu étais dans le coma et tout le monde passait du temps auprès de toi. Et...
Au fur et a mesure qu'Amal parlait ses souvenirs lui revenait. Elle se rappela même avoir été avec Yacine.
- Et ? Pourquoi tu me fais languir comme ça Amal ?
- Et a l'heure actuelle, Máel sait que Samir est son enfant.