Bonus seulement

Write by Gioia

***Hilda TOUNTIAN***

Non, mais il s’est trop foutu de ma copine ce mec. Même pas grain d’attiéké, il lui a carrément pris une taille atomique. Si j’ouvre la bouche maintenant pour dire rappeler que j’avais parlé de l’égoïsme des blancs on va me traiter de raciste ici, mais entre nous si ce n’est pas une preuve d’avarice que Dara a sur son doigt là c’est quoi? Si quelqu’un qui se dit ingénieur offre un grain de sable à sa fiancée, l’employé lambda offrira quoi? C’était drôle au début, mais là, c’est vachement triste. J’avais dit ici que Dara devait se donner de la valeur, mais non. Snam n’avait pas fini de gâter l’enfant. Voilà où nous en sommes aujourd’hui et bien sûr, Snam fait l’hypocrite au lieu d’avouer simplement que le grain de sable c’est une insulte pour notre Dara. Il ne faut pas compter sur moi en tout cas pour boire de cette eau. Je fais une recherche rapide sur mon cell, prends quelques captures d’écran et les balance à Dara.

— Je t’ai envoyé les bagues que je veux comme ça tu guideras Godson lorsqu’il viendra te voir pour faire le bon choix, je lui dis quand la pipelette de Snam la boucle enfin un peu.

— Euh là?

— Ouais, je te les ai envoyés sur ton téléphone.  

— Ah je l’ai pas zur moi, je vais voir après.

— C’est pas grave, regarde ici, je dis et compte me rapprocher de Dara pour lui montrer, mais voilà que quelqu’un décide de s’indigner ici.

— Attends tu es sérieuse là?

— Il y a un problème? je demande à Snam qui a soudainement le front plissé comme celui d’un bulldog anglais.

— C’est de toi qu’on parle actuellement pour que tu lances ton histoire de bague maintenant?

— Et c’est à toi que j’ai parlé peut-être? Je lui retourne sur le même ton. Elle se prend pour qui? Je connais aussi l’insolence, pfff!

— Ahêtez les fil…

— Tu ne m’as peut-être pas parlé, mais c’est à mon amie que tu t’adresses! C’est elle la fiancée actuellement alors tu vas nous faire le plaisir de fermer ton clapet et l’écouter sinon tu dégages si tu ne peux pas te réjouir pour elle!

— Mais écoutez-moi ça, je dis avec ironie. Ton amie, ton amie, parce que c’est ton amie à toi seule? Tes humeurs de femme enceinte là…

— J’ai djit d’ahêter! Dara crie et se met entre nous, mais je suis trop lancée actuellement pour me retenir.

— Regarde-moi ça. Ce n’est pas toi qui faisais genre tu étais trop bien pour parler aux gens dans cette maison? C’est maintenant que tu sais mettre ta longue bouche dans les histoires d’autrui? Pfff, ne me tente même pas!

— En fait tu as raison. C’est parce que j’ai longtemps gardé mes lèvres scellées sur ton cas qu’aujourd’hui tu as le courage de l’ouvrir comme ça. Entends-le une bonne fois pour toutes, Marley             aime Dara. Leur relation ne te regarde en rien. Quand c’est le moment de Marley et Dara, on ne veut pas entendre tes choix de bague ni tes histoires avec Godson. Tu fermes ta gueule de rat et tu attends ton tour comme le reste des gens normaux qui savent apprécier le moment de leurs amis!

— Mais c’est quoi tout ce raffut? Mally qui se lavait débarque et demande.

— C’est par respect pour votre mère que je vais me retenir ce soir, je dis à Mally.

— Qui te demande de te retenir Hilda? Fais ce que tu sais et on voit!

— Snam ça suffit! lui crie Mally, mais le petit bulldog se croit tellement fort qu’elle continue à me fixer.

— Dara, je suis dans ma chambre. Lorsque tu voudras discuter avec une personne civilisée, tu sauras où me trouver, je dis sur un ton bien ironique même et je retourne dans mes quartiers.

Une conne comme ça. On m’aurait laissé la toucher qu’elle allait accoucher ce soir même pfff. Au lieu d’admettre que la jalousie l’a mordu quand elle s’est rendue que j’allais me fiancer et elle restait seule, enceinte jusqu’au cou sans bague, elle court prendre la cape de super héros. Dara lui a demandé quelque chose? Bref, je texte au plus vite Godson.

— Je sais ce que je veux pour Noël.

Il ne répond pas assez rapidement pour moi alors je finis par sortir pour me rendre à la salle où je le trouve sans surprise. Depuis qu’il a ouvert cette salle, il est devenu tellement sérieux. Je suis fière de mon mec.

— Qu’est-ce que tu fais ici? il me demande surpris.

— Toi tu fais quoi avec ton téléphone en main et tu ne me réponds pas? ça veut dire quoi?

— J’étais au phone avec mom baby, sorry. Viens ici, il dit, mais je boude.

— Donc Mom on peut être au phone avec, mais c’est moi qu’on gare? C’est mieux que je rentre même.

— Hilda come here, il me dit de sa voix impérieuse qui me fait toujours de l’effet.

Je m’approche en traînant des pieds, m’installe sur ses cuisses, mais je continue toujours à bouder.

— Je te manquais, c’est ça?

— Hum, tu me négliges trop ces temps-ci. Quand ce n’est pas ta famille qui te demande à Accra, c’est toi-même qui ne cesses de bouger dans cette ville. À cette allure, tu risques de m’annoncer que cette année encore tu passeras les fêtes en dehors de Nairobi.

-Actually…

— Ah non Godson, ça commence à bien faire! je m’indigne sérieusement cette fois. L’année dernière j’étais seule. Cette année aussi je dois subir ça?

— Je t’ai proposé d’aller dans ton pays et j’allais t’offrir le billet non?

— Mais est-ce que je t’ai dit que je voulais aller là-bas? J’ai passé toute ma vie à Lomé, rien ne me manque en dehors de ma mère là-bas.

— Alors? Tu vois bien que tu manques quelqu’un.

— Quelqu’un te manque, c’est ce qu’on dit, je réponds amusée. Tu peux croire qu’il maitrise le français puisqu’il le parle de plus en plus, mais les erreurs de ce genre reviennent souvent.

— Either way, tu m’as compris. Je n’ai pas le choix que de retourner, ordre de mom. Elle me prépare pour des affaires importantes.

— Pourquoi je ne peux donc pas te suivre? J’espère pour ta gueule que tu n’as pas honte de moi hein.

-Come on, look at you. Tu es la cream de la crème, qui aurait honte? Je ne te présente simplement pas parce que Yafeu ne se décide pas à se marier. Je t’ai dit que chez moi on respecte beaucoup la tradition.

— Mais lui aussi c’est comment? Il a la trentaine révolue, non. On doit lui chercher une femme c’est ça?

— Je pense qu’il sait pas comment faire et il se cache derrière son visage sévère pour faire peur aux gens.

— Bah qu’il se dépêche aussi. J’en ai marre de vivre en fonction d’un homme qui ne sait même pas assumer son statut. En attendant, je me retrouve toute seule ici encore, je dis tristement.

— Je suis toujours là hein. In fact jusqu’au 12. Ça nous laisse assez de temps pour faire ce que tu veux.

— Ce que je veux c’est une bague.

— Une bague? Quel genre?

— Tu demandes à Dara, je lui ai montré tout ce que je veux. Mais pardon, ne m’emmène rien qui soit en bas de 3 carats ici. Je vaux mieux que ça.

— Hilda tu peux être a pain in the ass tu sais ça?

— M’en fous, je dis en lui tirant la langue.

— OK, je vais voir avec Dara.

Je lui plante un baiser bien profond sur la bouche pour le remercier et ça finit en petite gâterie de ma part. Une pipe bien profonde et je l’avale comme il aime.

— Tu connais Dostoïski?

— Dostoïevski, chéri. Ne me dis pas que c’est à lui que tu t’intéresses maintenant, je dis en roulant des yeux exagérément.

— Je t’ai expliqué que Mom fait des affaires avec des bourgeois qui aiment te parler des trucs comme ça alors je dois me tenir au courant pour faire bonne impression.

— Je suppose que tu attends une liste de ses meilleurs bouquins, citations et une idée générale de sa vie.

-I love how you know me so well/J’aime comment tu me connais si bien.

— Alors une bague de 4 carats dans ce cas.

— Hilda!

— Ah non Godson. Tu ne sais pas combien les œuvres de ce type sont déprimantes. Ça parle de souffrance par ci, pauvreté par là. Je n’en connais qu’une alors si je dois me soumettre à ça, tu dois me récompenser.

— Je te signale que tu seras la première à profiter de mon nouveau statut lorsque Mom me confiera enfin ses affaires. Tu pourras t’acheter toutes les bagues que tu veux à ce moment.

— Alors 3,25 carats à la rigueur, mais c’est le last! Je ne descends plus.

— Fine tu as gagné, mais assure-toi de me faire les fiches avant le début de décembre.

— C’est genre la semaine prochaine et on est déjà vendredi!

— Bah j’ai besoin de temps aussi pour assimiler.

Pff, cette histoire me plomb tellement les nerfs. C’est quel parent ça qui fait jouer son enfant comme ça pour son propre héritage? Et bien sûr, le grand frère qui devait normalement défendre la cause de ses petits n’est jamais là. Tout le monde n’est pas Eben, c’est ce que je constate. Nous rentrons ensemble. Moi à la maison et il continue chez lui. Je me déplace à pas de loups et par curiosité je vais vers la chambre de Snam pour entendre ce qu’ils se disent parce que depuis le couloir on sentait que les tons étaient montés.

— C’est à ma grand-mère qu’on a demandé il y a moins d’une semaine de surveiller sa pression artérielle? Moins d’une semaine, Snam et qu’est-ce que tu trouves de mieux à faire? Te lancer dans une dispute stupide qui n’allait jamais aboutir à un résultat concluant.

— Et puis je m’en fous même! Je lui ai dit ce qu’elle devait entendre, point final.

— Continue! C’est ma colère que tu veux voir n’est-ce pas. Continue à t’égosiller alors que je t’ai demandé pour la troisième fois de te calmer.

— Si tu veux que je me calme pourquoi tu ramènes le sujet sur le tapis alors?

— Parce que merde tu m’as énervé. Depuis quand tu cries sur les gens et tu te lances les disputes de mots toi? C’est maintenant que tu connais Hilda? C’est maintenant que tu connais le personnage, incluant ses idées tordues?

— Tu ne comprends pas comment elle m’a choqué. Tu n’étais pas là toi pour voir. Combien de fois on se fiance dans la vie? Quand tout se passe bien, ce n’est qu’une fois. En plus qui ne sait pas que vous avez tous vécu une année difficile? On a vu Dara pleurer ici croyant qu’elle avait perdu Marley alors ça lui coûtait quoi de la laisser vivre son moment? Comme madame ne supporte pas qu’on lui enlève l’attention, elle se lève gaillardement que non «je t’ai envoyé nianinanian» comme si quelqu’un lui avait demandé. Elle m’a énervé et si j’avais pu, j’aurais rajouté trois couches supplémentaires pour lui exprimer combien son attitude est ignoble.

Ignoble même, lol, OK. Comme ce sont eux les gens qui connaissent trop les bonnes attitudes au point qu’ils s’enferment dans la chambre pour disserter sur moi, je les laisse dedans. De toute façon quand tu n’as pas d’ennemi dans la vie, c’est que tu n’avances pas. Qu’ils s’égosillent bien. Je vais dormir paisiblement comme un bébé.

***Aïdara LARE AW***

Maman a perdu la raison quand je lui ai annoncé la nouvelle. J’ai bien précisé qu’on n’était pas pressé pour la célébration, mais elle me balançait en rafale les infos sur les délais pour les invitations, les lieux potentiels ainsi de suite. Océane m’a fait rire en demandant que je lui envoie la potion qui a marché sur le cerveau de Marley et elle m’a aussi donné des conseils sur l’entretien de mon alliance afin qu’elle garde un bel éclat d’ici les 25 à 30 ans. Je n’ai pas vraiment tout retenu parce que je ne m’y connais pas trop en bijoux. Je connais seulement quelques noms de marques, mais il ne faut pas m’en demander davantage. Tout ce que je sais sur les bijoux c’est que j’aime en recevoir et je suis trop reconnaissante que mon copain m’ait fait cette magnifique surprise.

 Elikem a vraiment bien pris la nouvelle. En fait ça me choque encore parce qu’à sa place, je n’aurais pas réussi à me contenir. J’allais m’effondrer au téléphone. Mais elle m’a non seulement félicité, mais en plus demandé d’envoyer des photos si on en a. Ce que bien sûr on n’a même pas pensé à prendre puisqu’on vivait dans l’euphorie ces derniers jours. Mais aujourd’hui j’ai rappelé à Marley de le faire et hier il a sorti son appareil photo des grandes occasions que je lui ai offert l’an dernier à son anniversaire. La grande occasion, c’est qu’on célèbre Noël avant l’heure aujourd’hui. Mon frère retourne à Redmond et c’est parti pour un mois au moins avant qu’on ne revoie sa tête dans le coin. C’est vrai qu’un mois ce n’est rien, mais la prochaine fois qu’il reviendra, nous risquons de pas beaucoup nous voir. Il vivra avec Snam dans leur nouvelle maison dont elle prendra la clé une semaine avant Noël. Et en tant que nouveaux parents, on ne va pas débarquer sur eux tous les jours non plus, surtout qu’il ne fera pas plus d’un mois ici. Alors, Marley a proposé qu’on se fasse une petite fête ensemble, histoire de marquer le temps. C’est juste une réunion à la maison. Je parle de l’appart de Marley. Mais j’étais trop dans le mood pour décorer alors les deux soirs précédant le samedi qu’on avait choisi, je passais chez lui après le travail pour rendre l’appart festif. Pour me critiquer monsieur était prêt hein. Genre tu en fais trop. Noël ce n’est qu’une fête, pas besoin de faire tout ça et dès que le résultat était visible, c’est monsieur qui prenait les photos et allait poster sur ses réseaux sociaux sans honte, comme s’il avait fait quelque chose. Les repas festifs c’est lui qui gère. Si tu me mets aux fourneaux, je vais seulement préparer la pâte de maïs et les sauces. Sur ce plan je suis trop africaine pardon. Quand on veut du menu varié, on se tourne vers l’Européen. Il nous a sorti les recettes sud-africaines qu’il refuse toujours de m’apprendre sous prétexte que c’est sa botte secrète pour gagner mon pardon lorsqu’il déconne. Je me suis occupée du dressage de table qui je précise m’a pris presque trois heures! Il ne faut pas rire, je ne trouvais pas la combinaison qui me plaisait.

Le samedi vers 10 heures, les tourtereaux débarquent à l’appart. Mon frère traverse ma jolie déco et se dirige vers la cuisine en commentant l’odeur agréable de la bouffe. Heureusement que les femmes comme Snam existent pour apprécier l’effort des gens. Sans aucune procédure, on se met à table et j’oublie moi-même ma déco. Si on dotait les gens pour leurs talents culinaires, j’allais doter Marley. Le type sait ce qu’il fait quand il s’y met. Kieee, non je mange et lui lance les regards énamourés. Bien sûr, il me remarque et se moque de moi. À la fin du premier tour, je vais dans la chambre pour troquer ma jolie robe contre un pyjama.

— On ne prend plus les photos de l’année?

— Il faut me laisser, je réponds à Marley parce qu’il se moque. Il m’avait dit de rester simple pour le repas, mais je voulais être au taquet. Le second tour a eu raison de moi. Snam n’a pas voulu écouter Mally quand il lui disait de prendre une pause, résultat elle est couchée avec moi sur le canapé, avec une tasse à la main pour aider sa constipation.

— Pauvre Hilda, elle djoit êtchre seule, je dis quand je reçois un message de cette dernière qui me demande si je vais bien.

— Elle mérite sa solitude, et ne me dit pas que je suis méchante. Ou dis-le, je m’en fous.

— Znam, tchu es trop djure avec elle. N’oublie pas qu’elle a vécu une expérienze traumatchisante, je chuchote pour m’assurer que les garçons ne nous entendent pas. Ils sont à table et trop concentrés dans leur causette de toute façon.

— Ah bon Dara? Tu n’as pas eu ton lot de trauma peut-être? Pourquoi tu ne t’es pas transformée en garce de service?

— C’est pas pareil, personne ne m’a djamais forcé. Tchoi non plus d’ailleurs et je tchrouve que tchu l’oublies souvent.

— Depuis qu’elle en balance des âneries, la semaine dernière, c’était la première fois que je lui répondais. Ton «souvent» vient d’où?

— Mais avoue avant ça que tchu étais hostchile envers elle.

— Victime d’abus, ce n’est pas un mot de passe pour que je sois agréable avec quelqu’un qui m’horripile par sa façon d’agir. J’ai été ouverte avec dès le début et très vite, madame s’est imposée comme ta protectrice, celle qui connaissait le bien du mal pour toi. Je n’ai fait qu’une réflexion et elle m’a ramassé comme du poisson pourri, insinuant des trucs aberrants sur moi. Tu as oublié cette partie ou comme je n’ai pas été victime d’abus, c’est acceptable pour moi?

— Non je n’ai pas djit ça.

— Dans ce cas tu dis quoi au juste Aïdara?

— Bon pardjon, je ne mets plus ma bouche dedans, je dis pour clore le sujet parce qu’elle s’échauffait déjà. Cette fin de grossesse nous montre une facette d’elle que je ne connaissais pas et qui en réalité me terrifie un peu, parce que je ne suis pas du tout bagarreuse. Je sais me défendre, mais en arriver aux mains, jamais je ne l’ai fait.

L’heure suivante, les garçons nous rejoignirent au séjour et j’en ai profité pour recouvrir les plats comme ils ont oublié de le faire. Marley qui était descendu pour faire ce dont on avait convenu hier, me fait signe par message que je peux sortir avec les tourtereaux. Snam me questionne. Mally se plaint de son pied pourtant il y a l’ascenseur dans cet immeuble. Leurs protestations cesseront fin toutefois quelques minutes plus tard, lorsqu’ils verront Marley descendre la Toyota Venza bleue grise qui portait un nœud en avant.

— C’est elle qui a insisté pour le nœud, je trouvais ça cucul.

— Qui t’a demandjé tchoi? je dis en lui donnant un léger coup de coude quand il présente la clé à mon frère.

— Euh…tu veux que je l’essaie pour voir? Avec un pied en moins?

— Oui et que tu m’emmènes sur Mars ici pendant que tu y es. C’est votre cadeau p’tit fadoli, rigole Marley tout en me passant le bras autour de l’épaule.

— Surpridje, je crie et saute à mon tour avant de bien me marrer face aux yeux globuleux de Snam et Mally.

— Dara ne me dit pas que vous avez fait ça, elle continue toujours sur un ton étonné.

— Si. Bon on ne va pas prendjre la vedettche. En réalitché, c’est papa qui vous l’offre, mais on s’est occupé de tchout le restche. De l’achat jusqu’à la cachette pour qu’aucun de vous ne découvre.

— Papa a fait ça? Mally demande à son tour.

— On peut te surprendjre aussi, je réponds en lui tirant la langue.

Comme un petit fou, mon frère oublie qu’il se déplace en béquilles et manque de tomber de justesse. Marley le rattrape à temps avec Snam et les deux s’installent enfin à bord de leur véhicule.

— Tu penses qu’ils vont s’en remettre aujourd’hui? Marley ironise et quand je vois la face des deux là qui dévisagent l’intérieur du véhicule, je rigole simplement. Non, ils ne vont pas encore s’en remettre et je prends toutes les vidéos possibles pour les parents. C’était la première fois que papa me faisait confiance pour une tâche. En général, c’est Elikem qu’on choisit pour les choses comme ça et récemment Mally alors imaginez ma surprise quand il m’a approché avec l’idée. J’ai sauté sur l’occasion et je suis bien contente d’avoir mené à bien la mission. Snam a pris le volant et ils ont fait un tour rapide des alentours. Au retour, ils n’avaient plus cet air d’incrédulité. Snam était en larmes et mon frère excité. Chacun voulait connaître l’histoire dans les détails les plus infimes alors on s’est fait un plaisir de leur raconter le restant de la soirée. Puis ce fut le tour des cadeaux. Je n’attendais rien de Marley après cette bague, mais il m’a offert des boucles d’oreille.

— Elles sont assorties à ton alliance, il m’explique quand je le fixe incrédulement aussi.

— Ohhh c’est trop chou, s’extasie Snam à qui je demande de l’aide pour les mettre. Je file dans la chambre pour voir le résultat et excitée comme une puce, je reviens à la course pour tomber sur Marley de tout mon poids.

— Demain tchu djis à tonton Parcoeur que je veux la listche de ta dot

— Je peux te la faire moi-même, il rigole comme les autres.

Maintenant je me demande si ma carte cadeau d’Amazon est nulle, mais je suis rassuré quand il la brandit joyeusement et m’embrasse pour me remercier. Pour Snam, j’ai pris un coffret de cinq mini parfums chez Sephora pour Snam et un blouson aviateur d’Abercrombie pour mon frère. Je les avais achetés quand j’étais à Seattle pour la graduation de Mally, mais les garder pendant tout ce temps fut un véritable défi. J’ai reçu de Mally un fer à lisser de Babyliss pro et Snam un set de quatre barrettes en velours ainsi qu’un serre-tête orné d’une magnifique broderie qui viennent tous d’anthropologie, ma boutique favorite. Je me dépêche d’aller remettre ma jolie robe et me fais une jolie coiffure qui met en valeur le serre-tête. Un maquillage léger, puis j’aide Snam à s’arranger aussi, et place à la séance photo sous les directives du passionné de photo, Marley. Elle finit si bien notre année.

Le départ de mon frère fut difficile alors pour consoler Snam, on a commencé à assembler les effets du bébé dès la fin de la première semaine de décembre. C’est contreproductif c’est vrai, puisqu’au déménagement, on aura du mal à les déplacer, mais parfois il faut faire des trucs cons pour ne pas être trop déprimés et on ne s’est attaqué qu’aux jouets. La voiture reste chez Marley pour le moment puisqu’on a qu’une place de parking comparé à lui et nous garons déjà notre voiture commune ici. Du coup, on essaie juste de se familiariser avec le siège auto et la poussette qu’on a reçue dans le premier envoi fait par maman. Snam continue à s’étonner que Mally ait réellement reçu son sac à langer Gucci, pourtant il fait partie des premiers trucs qui ont été pris sur la liste par les cousins du côté des AW. Elle ne connaît pas bien la famille élargie sinon elle n’aurait pas cette réaction. Je m’attaquais au carton contenant la couchette quand on a entendu Hilda rapper au loin, «And rumours, you on the verge of a new marriage, because that rock on your finger’s like a tumor, you can’t fit your hand in your new purse»/Il paraît que tu prépares un nouveau mariage, parce que le caillou à ton doigt est aussi gros qu’une tumeur, tu ne peux plus mettre ta main dans ton nouveau sac. J’ignorais qu’elle savait bien rapper comme ça. C’est quand elle commence la partie de «partner let me upgrade u», que je comprends ce qu’elle chante et je m’écrie quand elle agite sa main devant nos faces.

-What? Elle est énorm….ah!

— Je saissss, elle dit en faisant une petite danse joyeuse.

— Félicitatchions! Il n’est pas venu me demandjer pourtchant, je savais pas que ça allait se faire bientchôt.

— Figure-toi qu’il m’a surpris ma belle; je ne l’attendais même pas maintenant, mais il a fait du beau travail hein mon chéri?

— Merci de sortir de ma chambre.

— Mais…, je dis surprise face à la réaction de Snam.

— Pardon, j’ai oublié que les femmes enceintes avaient besoin de repos. Je suis dans ma chambre Dara, viens me voir après.

— Tu vas encore dire que c’est moi hein? Tu vas le dire? Snam me lance sur un ton de menace comme si elle me disait «ose me dire que c’est moi, ose seulement».

— Mais ce n’est pas la compétitchion Znam, ça ne me dérandje pas. Dans le mondje il y a bien des gens qui se sont fiancés le même mois que moi.

— Pfff!

Je vais expliquer par message à Marley que finalement je ne passerai pas chez lui ce soir. Façon je vois les choses ici, il risque d’y avoir mort d’homme si on laisse ces deux ensembles.

***Hilda TOUNTIAN***

Je vais chercher mes baffes et dose à fond «single ladies» pour les aigries de l’autre côté. Quand on dit de se concentrer sur les études, ça part prendre une grossesse sur les bancs de surcroît et madame se sent piquée par le bonheur des autres. Je danse jusqu’à et marque une pause quand mes yeux croisent le diamant flambant et brillant sur mon annulaire. C’est de ça qu’il s’agit

D’amour, D’amitié