Chanter 11(2): Piétine mon coeur

Write by Lalie308

Libère moi d'eux


Éteins en moi ce feu. 


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Harry

Elle doit me prendre pour un dérangé. Je suis parti de chez elle comme si je fuyais le diable, je l'ai évitée toute la semaine, mais je finis par la contacter le weekend pour une mission. A vrai dire je ne me comprends pas non plus. J'ai compris bien assez tôt que Michelle serait différente de toutes les autres personnes que j'ai rencontrées, qu'elle était spéciale. Sa seule présence ces derniers jours m'a fait revivre ces belles choses que j'ai enterrées avec mon passé, ces choses que je fuie, mais qui me frappent le visage de plein fouet quand Ginger est dans les parages. Je ne sais pas ce que c'est. 

Je n'ai jamais éprouvé cet intérêt pour une personne, accorder autant de valeur à une personne, parce que je me suis toujours considéré comme allergique à la société. Elle, avec son sourire candide, sa bienveillance et toutes les bonnes ondes qui se promènent dans son sac, brise les barrières qui se sont formées autour de moi. Ça m'effraie, je n'ai pas besoin de ça. S'attacher c'est comme s'asseoir sous une épée, c'est comme boire un poison sucré, ça fait mal, atrocement mal. C'est dangereux. 

Pourtant, plus j'ai voulu créer cette distance, plus elle s'est rétrécie entre nous, elle est devenue comme une drogue dont je n'arrive pas à me sevrer. L'excuse parfaite pour la revoir et faire comme si de rien n'était a alors été cette infiltration. D'ordre général, j'aime me charger de mes affaires tout seul. Vendredi soir, assis dans mon fauteuil favori, dans mon salon vide d'émotions —aussi impassible que moi—, je me saisis alors de mon téléphone et compose le numéro d'Abdou.

—Yo, frérot, m'aborde-t-il directement.

J'ai peut-être exagéré en disant que personne ne me connaissait. Abdou me connait, Audrey aussi, du moins, ils sont mieux informés que tous les autres. Mes mystères les plus fous restent enterrés sous mon cœur, un cœur qui a brûlé des années plus tôt.

— Demain j'ai une investigation à faire, je voudrais savoir si tu peux conduire Michelle au parc, déclaré-je.

—Tu n'es pas malade par hasard ? me rétorque-t-il, la stupéfaction planant dans sa voix.

Il a déjà compris où j'en venais.

—Je vais bien oui, je pense juste que ce serait la couverture parfaite, expliqué-je.

—Je le ferai, répond-il, tu devrais te laisser aller, Michelle pourrait t'aider à...

— Non. Ne continue pas, le coupé-je un peu froidement. Je n'ai plus besoin de personne pour ça, c'est bien trop tard.

Il soupire, mais n'insiste pas. Il sait combien je peux devenir irritable quand l'on s'acharne à me replonger dans les vagues démoniaques du passé. La seule évocation qu'il vient d'en faire a déclencher un incendie dans mon cœur, réveillé de vieux squelettes momifiés qui tentent de me hanter et accéléré mon pouls. Le passé est enterré, Harry avec. Mais Michelle creuse, creuse encore et encore pour le déterrer.

Le lendemain, j'embarque avec Michelle et tout se passe à priori bien. Elle n'évoque pas trop le sujet qui fâche et je m'en réjouis. Lorsque le dénommé X comprend que quelque chose cloche, je me creuse rapidement les méninges puis débouche sur une échappatoire : me faire passer pour le mari possessif et jaloux, ce qui fonctionne bien. A la fin de notre entrevue, un bulldozer nous arrête.

—Monsieur, nous n'avons pas trouvé leurs noms dans le registre.

Michelle se tend et la panique encercle son regard. Je ne cille pas, je m'y attendais. Je renfrogne la mine et lance un regard noir à monsieur X.

—Ai-je bien entendu ? Vous comptez nous escroquer ? le tancé-je sur un ton menaçant.

Il se gratte nerveusement la nuque, ses veines cisaillent sur sa peau sèche.

— Je, hum, nos investisseurs sont tous enregistrés dans notre registre et quand ils viennent voir les marchandises, nous le confirmons, explique-t-il, nous allons arranger ça tout de suite.

— Il vaudrait bien mieux pour vous, mon époux et moi détestons les escrocs, renchérit Michelle de son ton le plus hautain.

Elle a vite pris le jeu, un sentiment de fierté se déploie en moi.

—Si vous voulez bien patienter, nous allons arranger ça, bredouille X.

— Vous pensez que nous avons le temps ? Nous avons des tonnes de choses à faire, insinuez-vous que notre temps ne vaille rien ? continue-t-elle.

Elle a bien compris la règle. En paraissant exécrables et trop exigeants, on fait peur à ce genre de personne. Son air méchant la rend encore plus adorable, étrange.

—Pardonnez-nous, nous nous débrouillerons, s'enquiert-il d'une voix blanche.

Nous lançons des regards noirs synchronisés et sortons enfin de ce taudis. Nous marchons rapidement vers la voiture sous les caresses de la brise fraiche et on ne peut plus pure de l'extérieur puis embarquons. Michelle soupire longuement.

—On a eu chaud, soupire-t-elle.

Je ne réponds pas, mon regard reste figé sur son visage. Je vais finir par me faire passer pour un psychopathe à ce rythme, mes yeux ont cette attraction naturelle pour le visage de Ginger. Il doit lui rappeler tellement de beaux souvenirs, l'innocence, l'insouciance mêlées à cette maturité incompréhensible qui le décorent me rappellent mon ancienne vie.

— C'était trop cool. Appelle moi James bondette à partir de maintenant, ajoute-t-elle d'une voix suave.

Un gloussement s'échappe de ma gorge et ramollit le peu de virilité qui m'appartenait. Le téléphone de Michelle sonne, après l'avoir pris, elle lit un message puis finit par se tourner vers moi pendant que je démarre.

— On doit aller chercher Andrew chez une amie à sa mère, m'annonce-t-elle, enfin si ça ne te gène pas.

Michelle a fini par m'expliquer qu'Andrew est le fils de la copine pas copine de Liam : enfin son amie avec bénéfices. J'acquiesce puis elle me montre l'adresse à laquelle je conduis. Nous avons au préalable retiré nos déguisements, nous nous arrêtons finalement devant une maison assez grande dont la devanture est une salle de sport aux vitres sombres qui ne permettent pas de voir l'intérieur avec l'insigne « The Coach ».

—Tu viens ? me demande Michelle.

J'hésite mais finis par acquiescer. Nous marchons sur l'allée centrale, bordée par un énorme jardin. Michelle pousse la grande porte et s'introduit dans la pièce, je la suis. Une jeune femme brune se trouve à la réception, elle est assise derrière un immense comptoir en bois sur lequel sont empilés quelques documents, des objets décorateurs. 

Sur les murs de la petite pièce sont posés des cadres de jeunes sportifs, spécialement des boxeurs, des ceintures, des symboles. Des cris proviennent de la salle adjacente. Elle nous sourit dès qu'elle nous voit.

— Bonjour madame, je suis Michelle, commence doucement Michelle de sa voix chantante.

Je reste muet et discret, je n'ai pas besoin de jouer mon rôle ici.

— Bonjour mademoiselle, moi c'est April Boko, répond la jeune brune au teint halé et au corps habilement travaillé. Je me charge de l'administration de la salle, ajoute-t-elle.

Michelle fronce les sourcils.

—Vous avez dit Boko ? s'intéresse-t-elle.

—Bien sûr, répond April. Que puis-je pour vous ?

— Je suis venue chercher Andrew, répond Michelle d'une voix quelque peu graveleuse et basse.

—Oh d'accord, je vais le chercher, indique April.

Un voile sombre mouillé de confusion se loge sur le visage de Michelle.

—Tout va bien ? lui demandé-je.

Elle hoche maladroitement la tête et s'élance vers la porte que vient d'emprunter April.

—On devrait attendre ici, indiqué-je, mais elle ne semble plus m'écouter.

Je soupire et la suis. On traverse un petit couloir au fond duquel se trouve une grande porte blanche à double battant, des voix résonnent derrière et le voile sur le visage de Michelle s'agrandit. Elle pousse la porte et je m'empresse de la suivre, comme un toutou. On débarque dans une grande salle de sport, des sacs de frappent sont fixés au plafond grâce à des cordes et toute la panoplie d'équipements sportifs jonche les lieux, mais surtout plusieurs paires d'yeux sont à présent posées sur nous. 

Des gamins et gamines vêtus de la traditionnelle tenue de box thaïlandaise, sueur perlant sur le corps, accompagnés d'un homme noir d'âge mûr assez grand, musclé, aux traits tranchants altérés par les cheveux grisâtres qui ornent son crâne et l'air bienveillant qui plane dans ses yeux noirs. Son regard et celui de Michelle restent accrochés alors que plus rien ne semble exister autour d'eux. 

La situation ne m'appartient pas parce que je n'y comprends rien. Son visage arbore rapidement une expression émue puis heureuse avant qu'elle ne court jusqu'à l'homme. Ils se tapent fermement dans les mains, mais Michelle finit dans les bras de l'homme en sueur sans se préoccuper de cela.

—Coach, je suis tellement heureuse de vous revoir, s'extasie-t-elle lorsqu'ils se détachent.

—Moi aussi, ma petite amazone, répond l'homme de sa voix grave.

— Oh, voici Harry un ami, et voici mon ancien coach de boxe thaïlandaise : coach Jimmy Boko.

Nous nous saluons brièvement. Andrew sort d'une cabine quelques secondes après avec un sac de sport. April range quelques instruments et les autres enfants retournent à leur besogne. La main de Michelle reste dans celle du prénommé Jimmy. Je me sens de trop ici. April se rapproche d'eux avec son éternel sourire.

— Tu es donc celle dont il me parle autant ? La fille qu'il n'a jamais eue, déclare-t-elle en étreignant Michelle. J'aurais parié qu'Harry était ton petit ami.

Michelle rougit légèrement. Michelle et moi, un couple ? Quelle sottise ! Notre relation n'a rien avoir avec. Elle est bien trop vrai pour cette illusion, ce mensonge qu'est l'amour. Elle se contente de glousser et de passer son contact au couple marié.

—Je reviendrai te voir, dit Michelle à Jimmy. A plus.

—Bye amazone.

Un sourire s'étire jusqu'aux oreilles de Michelle. Cette retrouvaille a l'air énorme pour elle. Andrew marche devant nous et nous sortons. Il marche à la hâte dans l'allée, en sautillant.

—C'était trop génial l'entraînement ! s'extasie-t-il de sa voix rieuse.

Un léger sourire orne les lèvres de Michelle, son visage porte une mélancolie dont l'origine me reste inconnue. J'ai l'impression que Jimmy a été bien plus qu'un simple coach dans sa vie.

—J'en suis certaine, lui répond Michelle, je suis sûre que t'es le plus fort.

Le petit blond se tourne vers elle, un air fier et arrogant au visage, il contracte les muscles de son bras.

—Aussi fort que Hulk, rétorque-t-il d'une voix qu'il veut grave.

Nous nous installons dans la voiture. Je reste silencieux.

—Pourquoi il ne parle pas ton amoureux Michou ? demande Andrew en posant des yeux gros de curiosité sur moi.

Ils devraient cesser avec cette histoire d'amoureux qui commence à légèrement me bouillir le sang.

— Andrew ! Je t'ai déjà dit d'être plus gentil avec Harry et il n'est pas mon amoureux, le réprimande Michelle en rougissant.

— Ma maîtresse m'a dit de toujours poser des questions, se défend le petit garnement de sept ans en croisant ses bras sur sa poitrine et faisant mine de bouder.

—Et tu fais bien, c'est peut-être pour ça que t'es aussi fort à la console, je finis par déclarer.

Il esquisse un sourire gorgé de narcissisme.

—Ouais.

Ce gamin est une plaie et il ne sera pas de tout repos plus grand.

—J'ai faim, finit-il par déclarer après quelques minutes de silence.

— On rentre chez moi et je fais à manger, ta maman viendra plus tard, lui annonce Michelle.

—Non, je veux aller à Planet Hollywood, objecte-t-il.

Michelle lui lance un regard noir qu'il soutient. On dirait deux gamins qui se chamaillent. Je souffle d'amusement.

—Bien, alors allons y.

Je vois bien pourquoi Andrew aime cet endroit, il est parfait pour les fans de cinéma. Le lieu est décoré d'objets collector cinématographies, de ballons et de coloriages. Je regrette cette enfance où j'avais des rêves, de l'espoir, un cœur pur, cette innocence qui a vite brûlé aux enfers. Nous nous installons et commandons.

—Tu veux faire quoi plus tard ? demandé-je soudainement à Andrew.

Michelle et Andrew me regardent stupéfaits comme si je venais de dire une absurdité. C'est assez normal puisque c'est la troisième fois que j'ouvre la bouche.

—Je veux être réalisateur, me répond fièrement Andrew.

J'en étais certain. La serveuse apporte nos commandes et nous déjeunons avec pour bruits de fond les discussions de la salle et celle énergique qu'entretiennent Michelle et Andrew qui se disputent pour savoir qui a les plus grosses frites : spectacle amusant. J'aime cet éclat qui perle dans les yeux de Michelle, cette fille est si pure que c'en est effrayant. 

Une femme brune siliconée aux cheveux ondulés apparaît près de moi, la main d'une fillette dans la sienne. Elle me dévore littéralement du regard, comme une bête affamée tout en exhibant sans gêne son décolleté plongeant sous mon nez. Pathétique. La discussion de mes deux compagnons s'estompe et ils fixent, incrédules la femme au sourire enchanté.

— Harry Daniels, je suis une de vos fans, je vous adore. Tout ce que vous touchez devient de l'or, déblatère-t-elle en sautillant sur place.

Cette femme force tellement sur sa poitrine, se cambre si exagérément que j'ai de la peine pour sa fille d'avoir une femme pareille comme mère. Je force un sourire hypocrite.

—Content de le savoir, m'enquis-je en engouffrant une grosse bouchée de burger.

— Vous pouvez me signer un autographe ? continue-t-elle en tirant sur le haut de sa chemise pour me laisser découvrir le galbe de son sein.

Michelle s'étouffe avec son repas et laisse échapper un glapissement.

— Wow, wow, pas de putisme ici devant des enfants, l'agresse-t-elle en l'accompagnant de son plus beau regard noir.

Ma bouchée est restée coincée dans ma bouche. Je ne suis pas une star, je n'ai jamais été confronté à une demande aussi malsaine. La femme dévisage effrontément Michelle, son sourire s'évanouit. Elle se contente de l'ignorer et de se retourner vers moi, habillée de nouveau de son sourire Colgate. J'avale difficilement ma gorgée, me prépare à lui répondre quand je sens la main de Michelle se poser tendrement sur la mienne, son contact est à la choix chaud et électrique.

— Mon chéri, on finit de manger et on rentre, m'intime-t-elle en ignorant la femme.

Je feins d'abord de m'étouffer puis comprends son manège.

—Oui mon amour.

Mon amour, ce mot est si étrange. Parce que personne n'a jamais été un amour pour moi, pas après ma mort. Mes amours ont brûlé. La femme soupire d'agacement, tire sur la main de sa fille et s'en va.

—Je croyais qu'il n'était pas ton amoureux, nous tance Andrew avec un bon sourire narquois. 

Michelle rougit encore.

— C'était du faux. Andrew, Michelle et moi ne sommes et ne serons jamais un couple, réponds-je doucement.

La main de Michelle qui était encore posée sur la mienne s'arrache brusquement et son expression s'obscurcit. Ai-je dit quelque chose de travers ? Je lui lance un regard interrogatoire, mais décide de ne pas m'attarder sur la question.

Le moment de la séparation me pince légèrement le cœur. Je retrouve Cyril et quelques autres membres auxquels je fais mon rapport. Ces sales voleurs vont avoir de longues années derrières les barreaux. Je prends finalement le chemin de la maison, dans la soirée quand mon téléphone sonne. Une petite parcelle de moi veut que ce soit un de ces messages indiscrets de Michelle, même si parfois je ne réponds pas, même si ces fois-là, j'ai bien trop peur de prendre goût à elle. 

Le prénom d'Audrey s'affiche à l'écran me faisant essuyer un petit regret mêlé à du remord, le remord de ne pas l'avoir contactée depuis des lustres. Dès que je décroche, des sanglots me parviennent aux oreilles et mon sang se glace dans mes veines tandis que je gare sur le côté pour prendre l'appel.

—Audrey, qu'est-ce qui se passe ? l'interrogé-je d'une voix un peu brusque à mon goût.

—Ha... Harry, j'ai besoin de toi, sanglote-t-elle.

—Attends, tu es où ?

—Devant chez moi, répond-elle entre deux sanglots.

—Je viens.

Je démarre en trombe. Je ne supporte pas ça, de voir une personne mal, en pleur, de voir disparaître les sourires. Je n'aime pas me voir à travers les autres. Je déteste encore plus l'idée que ce soit Audrey, Audrey a été une épaule pour mes larmes qui n'ont jamais coulé, un réconfort important même si je n'ai jamais guéri, même si sa seule présence ne me soulage pas comme celle de Michelle. 

Dès que j'arrive devant la gigantesque résidence des Davis, une somptueuse, luxueuse et extravagante demeure, je gare et sors en trombe de la voiture. Audrey est adossée contre un des potos électriques qui illuminent l'entrée de la maison et quelques gardes corps tentent de la convaincre de revenir à l'intérieur.

—Lâchez moi, je ne bouge pas d'ici. Retournez chez votre merveilleuse patronne, s'oppose-t-elle, en rugissant, prête à leur bondir dessus.

—C'est bon, laissez là, leur indiqué-je doucement.

Ils s'exécutent avant de vider les lieux. Audrey porte un simple pyjama — un long pantalon blanc rehaussé d'un T-shirt —, ses cheveux en cascades sur ses épaules virevoltent. Ses yeux sont rouges, ses lèvres tremblotent et ses joues rosies luisent. 

Elle lève sur moi ses grands yeux clairs, plein de chagrin tandis qu'une énorme trace de main rougeâtre marque sa joue. Je comprends directement ce qui s'est passé, mon sang boue dans mes veines, je serre les dents pour ne pas bondir dans la résidence et créer un scandale. Audrey plonge dans mes bras, tremblante et pleurant de plus belle.

—Harry ! Merci d'être venu.

Je lui caresse doucement les cheveux.

—C'est bon, je suis là maintenant, soufflé-je pour la calmer.

Je la ramène dans la voiture. Dès que je m'installe, je me tourne vers elle et pose ma main sur la sienne d'un geste affectueux qui lui provoque quelques frissons.

—Dis-moi ce qui s'est passé.

Elle détourne son regard vers la vitre sur sa droite, je serre un peu plus sa main pour l'encourager. Elle finit par soupirer.

— On s'est disputées. Elle me reproche d'être trop passive avec toi, elle ne comprend pas que je dois respecter ta vie parce que notre relation est fausse, elle veut que je te mette le grappin dessus, que je te fasse mien. Je lui ai dit que je n'étais pas aussi manipulatrice qu'elle et sous la colère, j'ai ajouté que je me demande pourquoi mon père a posé le regard sur une femme comme elle. Elle m'a gratifié d'une gifle puis cracher que je ne valais rien, elle m'a fait comprendre que j'étais trop faible, trop stupide et que jamais tu ne me regarderas comme une femme à cause de mon peu de valeur, monologue-t-elle d'une voix morne.

Comment peut-elle oser traiter sa fille ainsi ? Audrey est un ange, un cœur tendre qui ne durcit jamais malgré tout ce que lui a infligé sa mère depuis l'enfance. Audrey était la fille chérie de son père, mais dès qu'il est décédé, sa mère n'a pas hésité à lui injecter de son venin chaque fois qu'elle en a eu l'occasion. Victoria est une démone, un être vil qui a substitué ses sentiments contre la méchanceté et l'ambition démesurée.

 Elle aliène sa fille. Je lui caresse doucement le dos de la main. Je veux bien lui proposer de passer la nuit chez moi, le temps de remettre ses idées en place, mais je ne peux pas. Personne ne vient chez moi, je ne le supporte pas. Même Abdou n'a jamais traversé le seuil de la porte. Pénétrer dans cette maison serait comme briser mon intimité. Audrey le sait.

—Conduis-moi à Stars s'il te plait, m'indique-t-elle en reniflant.

C'est un hôtel qui appartient à leur famille. Je ne me fais pas prier et démarre. Je mets un peu de musique pour détendre l'atmosphère. Audrey est moins bavarde que Michelle, elle peut passer des heures dans un éternel silence. Je devrais cesser de comparer Michelle à tout le monde. Dès que nous pénétrons dans sa suite, elle se fait une tasse de thé dans la cuisine et vient s'installer près de moi.

—Ça va mieux ? lui demandé-je doucement.

Elle esquisse un léger sourire en acquiesçant.

—Merci, souffle-t-elle.

— Tu n'as pas à me remercier, je serai toujours là pour toi, lui intimé-je en lui caressant tendrement le bras.

—Tu me manques tellement Harry, finit-elle par déclarer.

Je me tends, je ne sais pas quoi lui répondre. Mentir pour la soulager ? Ou rester silencieux et ne rien changer ? Elle renifle doucement.

— Comment s'est passée ta journée ? continue-t-elle en s'adossant contre le dossier du sofa.

—Bien et la tienne ?

—Bien, ment-elle. Tu l'as passée avec Michelle ?

Sa question me surprend quelque peu, mais j'acquiesce maladroitement. Elles sont si différentes mais tellement pareilles.

—Tu devrais déménager.

Je dis cette phrase sur un ton un peu brusque, mais je devais le dire. Elle devrait se tirer de cet endroit, de l'emprise de sa mère qui me rappelle médusa la sorcière, de la tanière du grand méchant loup.

— Elle reste ma mère Harry et je l'aime en dépit de tout. Elle n'est pas parfaite, elle peut être égoïste, mais c'est ma mère. Je ne veux pas la laisser seule, elle a souffert.

J'imagine mal Sophia souffrir, mais je ne peux pas contraindre Audrey à abandonner sa mère. Moi je ne l'aurais jamais fait. C'est difficile de s'arracher à un amour qui jamais ne devrait nous faire souffrir. Je sais à quel point les parents sont importants. 

Je crois que je ne pourrai jamais l'oublier puisque cette réalité est scellée sur ma peau. Audrey finit par poser sa tasse sur la table, elle m'agrippe doucement et m'étreint. Elle me serre de toutes ses forces et je tente de lui transmettre le peu d'affection que je peux encore donner.

—Je t'en prie Harry, ne me laisse jamais. Tu es le seul qui me reste, murmure-t-elle.

—Je ne te ferai pas ça.

Elle se détache doucement et me pose un baiser sur le bout des lèvres, si ça lui fait plaisir, ça ne me dérange pas. D'une manière étrange, ce baiser me rappelle celui avec Michelle. Bien que ce ne fut qu'une erreur, quelque chose que je ne comprends pas, il reste gravé dans ma mémoire qui ne veut pas s'en débarrasser. Parfois, je me revois l'embrassant dans ce bar, un souvenir qui semble si lointain, mais si présent, je ressens la chaleur de ses lèvres contre... Mon téléphone sonne dans ma poche et je le sors en m'excusant. Michelle.

—Allo ?

— Hello, je voulais savoir si tu étais bien rentré, m'indique-t-elle d'une voix légèrement fatiguée.

—C'est Michelle ? Dis-lui coucou de ma part, annonce Audrey en se redressant, le visage lumineux.

—Hum non, je rentrerai bientôt, Audrey te fait coucou, réponds-je.

—Ah okay, bonne nuit, souffle-t-elle avant de raccrocher directement.

Un grain de tristesse perlait dans sa voix. Je reste encore quelques minutes avec Audrey puis rentre chez moi. Cette journée a été énorme. En m'allongeant sur mon grand lit, les mains derrière la tête, je passe toute la journée en replay. J'ai toujours pensé être seul, mais être seul sans Michelle, je n'aime pas ça. 

J'ai l'étrange envie de l'avoir prêt de moi, d'écouter des discours parfois insensés et parfois porteurs, de voir ses beaux sourires qui éteignent le feu en moi. Michelle est bien plus qu'une thérapie pour moi, une thérapie que si j'avais reçu plus tôt, peut-être m'aurait rendu différent. J'ai voulu et je le veux. Me libérer. Aimer, vivre. Mais les plus belles choses de la vie s'obtiennent parfois à coups de piquants et de blessures, parfois elles ne nous choisissent juste pas. Michelle...choisis-moi. 

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Alors, votre opinion? J'espère vraiment que vous avez remarqué l'évolution des sentiments d'Harry, j'y tiens vraiment. La semaine prochaine je posterai deux chapitres ou plus selon votre réaction(hihi) puisque je risque d'être un peu absente pour quelques temps ( pas très longtemps je vous promets). Les choses commencent enfin avec les prochains chapitres. Héhé. 

Envie de rencontrer Victoria? 

Avez-vous déjà pratiqué un art martial? 

Quels sont vos auteurs préférés généralement? Moi j'adore Jane Austen, J.K Rowling, Jean Pliya, Jean Christophe Grande, Meg Cabot, EL James, John Green, Jen Han, etc.  


Merci de lire, voter et commenter. 


Lalie


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