Chapitre 1

Write by Lilly Rose AGNOURET


Dans le vol Londres Paris, mon attention est accaparée par ce cadre de la City qui me parle business encore et encore tout en me faisant du charme. Il semble déçu que je continue mon voyage au lieu de m’arrêter à Paris où il me promettait un « happy moment » dans un bel hôtel chic. Les hommes ! Vous avez beau vous montrez professionnelle jusqu’au bout, ils ne s’intéressent qu’a la dentelle qui dépasse de votre poitrine alors que vous vous baisser pour ramasser votre stylo qui vient d’atterrir par terre... Nous nous échangeons des cartes de visites en nous promettant de nous revoir à mon retour à Londres car il aimerait joindre l’utile à l’agréable en m’ayant comme amie et partenaire d’affaires. Tiens donc ! Cela fait 2 ans que je n’ai pas vu le loup, comme on dit. J’ai mis mon corps en jachère. Parce que j’en avais simplement assez des relations d’un soir. C’est très courant quand on est comme Salima et moi très occupé à atteindre le sommet. Une fois que l’on y arrive il faut encore batailler pour ne pas redescendre. Alors, point de temps pour donner de son temps et de son énergie pour bâtir une relation.

 

Je voyage en classe premium dans ce vol Air France à destination de Libreville. Personne ne m’y attend, de quoi mettre quand même mon cœur en émoi. J’y ai pourtant toute ma famille. Et tant de mauvais et bons souvenirs. Je ne manque à personne. Et si je rentre, ce n’est que pour régler un problème de taille avec Jalil… Il est temps qu’il sache que…

« Excusez-moi madame. Puis-je vous poser une question ? »

Je regarde le voisin à ma gauche. Grand, blonds, rasé de près, costume impeccable, sourire de charmeur. Je le regarde sans rien dire attendant qu’il annonce la couleur. Avec un accent scandinave bien prononcé, il me dit :

« C’est la première fois que je me rends à Libreville. Puis-je espérer me faire déjà une amie en discutant avec vous durant ce vol ? »

« Je déteste parler aux inconnus. », fais-ce en ignorant son invitation.

Je m’allonge dans mon fauteuil que je viens d’étirer et décide de dormir. Là, le type revient à la charge et me dit :

« Je suis marié vous savez. Je ne vous drague pas. J’aimerais juste discuter. »

« Dans ce cas, laissez-moi dormir un instant. Ensuite, je verrai si mon cerveau est disposé à discuter. »

« D’accord ! », fait-il fortement déçu.

Je ferme les yeux et très vite, me voilà emportée dans un voyage dans le temps. Oui, retour à ce jour où tout s’est décidé. Oui, IL FALLAIT QUE JE PARTE…

~~~

Jeudi 13 mars 2003 7h 45.

Couchée sur le lit, je prends mon temps pour émerger du sommeil langoureux dans lequel m’a plongé ma nuit avec Théophile Nyama. Le type m’a fait danser au-dessus de lui pendant plus de 3 heures cette nuit, parce que ça faisait 1 mois qu’il était loin de moi. Je lui ai manqué. Théophile est mon papa gâteau. Le grand patron de ma mère. Notre relation dure depuis 8 ans. Cette grande villa dans laquelle je vis, c’est lui qui me l’a offerte il y a 4 ans, le jour de mon 20ème anniversaire.

Oui, vous pouvez compter. J’avais 16 ans le jour où pour la première fois, j’ai atteri sous le poids de cet homme, en position horizontale, les yeux rivés au plafond. Ai-je envie d’en parler ? NON. Mais, ça finira par se savoir.

Je suis là luttant contre le sommeil qui de nouveau veut m’emporter car cette nuit sportive à chevaucher un cheval grassouillet au ventre bedonnant, avec un sexe de taureau, laisse complètement épuisée. Je me rendors encore. Soudain, je sens coller sur mes lèvres, le gland du sexe de mon amant. Moi qui le croyais parti !

« Une dernière gâterie pour la route, Marlène. Sil te plaît. Tu as tellement manqué à Popol ! »

Seigneur ! Son sexe porte ce nom depuis le jour où il n’a pas pris de gant pour me dépuceler sur le sol de son bureau à la SETREM. Tout cela pour que ma mère raccroche balai et serpillière, pour se voit offrir une formation d’informatique et d'anglais pour assurer l’accueil et le standard de l’entreprise spécialisée dans l’importation de produits alimentaires ! Toute une histoire…

C’est à contre cœur que j’exécute cette petite gâterie qui emmène Théophile à pleurer comme un bébé. L’idiot ! J’ai envie de lui recracher en plein visage ce sperme qu’il m’oblige à encaisser dans ma bouche ce matin, en tenant fermement ma tête pour m’empêcher de me retirer à temps. Le salaud. Le porc. Aujourd’hui, c’est fini. Mais il ne le saura qu’en revenant me voir ce soir. Marlène ne sera plus là. Je n’ai pas l’intention de demeurer éternellement le joujou de quelqu’un dont la femme n’attise plus aucune flamme. Non, c’est décidé. C’est plié. Je ne dirai pas au revoir à ce type…

Parce que mes promesses d’avenir sont entre les bras de Jalil Ratanga. D’ailleurs, c’est à lui que je pense en sortant du lit et en allant me laver, que dis-je, me brosser le corps avec du savon, sous la douche. Je frotte, frotte et frotte jusqu’à ce que je n’en puisse plus de ressentir encore les baisers acharnés et sauvages de Théophile sur mon corps. Je frotte pour ne pas que les odeurs de ce porc se mêlent à celles mielleuses du corps de Jalil, que j’attends dans deux heures. Lui et moi avons ce plan fou pour enfin vivre notre amour au grand jour : Partir pour l’Afrique du Sud. Là-bas, nous serons libres et je n’aurai plus de comptes à rendre à ce type dont je ne supporte plus ni le visage, ni la voix depuis 8 mois. Je me force à rester avec lui, car c’est de sa poche que sortent les sous qui m’offriront liberté et amour dans les bras de Jalil…en Afrique du Sud.

Jalil Ratanga, ma douceur. Ma raison de vivre. Le sucre dans ma banane. Le sel dans mon bouillon de sardines fumées. Il faut avoir un père originaire de la côté atlantique pour comprendre tout l’intérêt du sel dans un bouillon de sardines fumées. Et si mon père était toujours en vie jamais maman n’aurait eu pour excuse sa pauvreté pour me livrer ainsi à son patron.

Et si je ne m’en vais pas ce soir, je donnerai raison à ceux qui pensent que je reste dans cette relation avec un homme de 52 ans, parce que « j’aime ça ».

Sortie de la douche je me vide l’esprit bien décidé à ne plus penser à personne. Ni à ma mère, ni à Théophile. Il est 9h quand, arrivant dans le salon vêtue d’un jean et d’un polo, je m’apprête à composer le numéro de Jalil. On sonne à la porte. Je suppose que c’est Paméla ma femme de ménage qui comme à son habitude arrive en retard. J'ai à peine le temps d'ouvrir la porte qu'un violent coup de poing m'atterri en plein visage, m'envoyant au sol. Deux coups de pieds atterrissent aux fesses et deux autres au niveau des côtes.

« Espèce de salope ! Tu pensais te taper mon fiancé jusqu'à quand !? Connasse. Jalil est à moi. Je reviens te régler tes comptes si jamais tu le touches de nouveau. »

Ma passeuse à tabac s'essuie les pieds sur mon visage et s'en va après avoir semble t-il balancé une enveloppe. Péniblement, je me remets de mon trouble et tente de me relever pour aller vers le canapé. C'est péniblement que j'y parviens alors qu'arrive ma femme de ménage. Elle s'écrie alors :

« C'est comment madame ! Il y a des voleurs dans la maison ? »

« C'est sûr Paméla ! Avec toi comme garde du corps, on retrouvera mon corps dans l'Ogooué et tu seras entrain de me chercher sous mon lit ! » lui dis-je pince sans rire.

Elle ne relève pas et prend l'enveloppe qui trône par terre. Elle l'ouvre sans m'en demander la permission, soit disant qu'elle est émerveillée par les paillettes sur l'enveloppe.

« Oh ! On dirait une invitation à un mariage de princesse ! »

Je tiens à signaler qu'elle à 28 ans. Bref. Je l'écoute s’exclamer :

« Oh ! C'est monsieur Jalil ! Il se marie à 14h à la mairie du 4ème arrondissement. Mais vraiment, sa femme là, c'est une beauté façon ! Elle a les longs cheveux comme une sirène. Wèèèè ! Moi avec qui ooooh ! »

Je la regarde et passe sur son sans gène. Je lui demande de relire le carton qu'elle tient en main :

« Bon, je relis. C'est écrit : madame la pute de service, apprenez que mademoiselle Victoire Orema et monsieur Jalil Ratanga, se diront oui pour la vie, ce jour à 14h, à la mairie du 4ème arrondissement. La célébration sera suivie d'un cocktail dînatoire à la Résidence Maïsha. Oh ! Les choses de autres oh ! Donc madame, monsieur Jalil vous a plaquée !? »

Je regarde l'idiote qui pose la question et lui dit :

« Tu es virée Paméla. Prends cette enveloppe posée sur la table et basta. Tu as 3 mois de salaire à l’intérieur. Fais-moi de l'air s'il te plaît ! »

Elle se dirige vers la table en question, prend son enveloppe, me toise et me dit : « Madame Marlène, je t'avais bien dit que tu ne peux pas avoir le bonbon et le chewing gum à la fois dans la bouche. Voilà maintenant ! Le chewing gum a trouvé une autre bouche pour le mâcher. N'est ce pas mon pasteur, papa apôtre, nous dit qu'on ne peut pas suivre deux lièvres à la fois ! »

Je n'ai ni la force de la regarder, ni la force de l'insulter, alors je me contente de rester là, statique dans mon canapé.

Mon Jalil se marie ? A quel moment s'est-il fiancé ?

~~~

Je reviens à moi et sors de mon sommeil quand une voix qui se veut aimable me dit :

« Mademoiselle, que puis-je vous offrir pour le déjeuner ? »

Je redresse mon siège et réponds :

« Du poisson si cela est possible. »

Je m'installe correctement et commence à manger. Là, mon voisin scandinave me relance :

« Je réitère ma demande. Pouvons-nous faire connaissance ? »

« Non, pas vraiment j'ai besoin de calme jusqu'à Libreville », lui dis-je.

« Alors, vu que vous ne voulez pas m'écouter, jamais vous ne saurez que votre sommeil tout à l'heure était tellement agité que votre robe est complètement remontée et j'ai pu admirer vos jolies fesses avant de les recouvrir d'une couverture. »

Pensant peut-être me faire mourir de honte, il sourit. A moi de lui répondre :

« Mon pauvre chéri ! Si une paire de fesses noires vous fait cet effet, j'ai bien peur que votre cœur ne tienne pas la distance si je vous mets dans mon lit ! »

La couleur de son visage vire au rouge et je peux savourer cette victoire en m'envoyant une coupe de champagne. Vivement que l'on arrive à terre que j'en finisse avec ce vol retour qui devient pénible !

...CA VA SE SAVOIR