Chapitre 1: Ce n’est qu’un au revoir
Write by Mandy93
Chapitre 1 : Ce n’est qu’un au revoir
*** Un mois plus tard ***
Rena Soupo
D’un pas preste et leste, je me rends au palais retrouver Rosemonde, ma meilleure amie. C’est depuis toute petite que nous nous connaissons, raison pour laquelle les choses ont très bien évoluées entre nous. Mon frère et moi sommes les seuls enfants dont le créateur a gratifié papa Baudelaire et maman Irène. Moi ça ne me gêne aucunement de ne pas avoir de sœur, au contraire j’en suis plus qu’heureuse, car j’ai toute l’attention de mes parents. Vêtue d’un magnifique pagne vert émeraude que j’ai pris le temps de soigneusement draper sur mon corps pour former une robe, je me sens toujours aussi belle. Comme toutes les jeunes filles célibataires de ce royaume, ma robe est au dessus des genoux, laissant entrevoir mes belles cuisses claires qui font baver plus d’un. Bien sûr que je ne leur prête pas attention, on ne joue pas dans la même catégorie. Dans notre royaume, les femmes mariées portent de longues robes moins moulantes car on considère qu’elles ne sont plus sur le marché et qu'en tant qu'epousent et mère elles doivent avoir une certaine allure.
Mes bijoux faits de perles ethniques émettent un petit bruit qui sonne musicalement à mes oreilles au rythme de mes pas. J’aime beaucoup mon village, ce léger vent qui souffle en permanence procure une sensation de bien être inouïe. J’arrive au royaume et étant habituée des lieux, on me laisse entrer sans problème. Je connais le chemin qui mène à ses appartements par cœur et je suis toujours la bienvenue. À part la princesse Rosemonde, je ne me suis liée d’amitié avec personne. On ne fait pas partie de la même catégorie comme je disais tantôt, donc je ne les gère pas. Je ne suis pas loin de sa case quand je tombe sur Patson Epinga, le chef des gardes qui me fait la cour.
Patson (souriant) : Bonjour, belle étoile de ce royaume !
Moi (sèche) : Bonjour !
Patson (d’un ton douceureux) : Ta beauté une fois de plus époustoufle mes yeux…
Je n’ai pas dit que mon niveau ce n’est pas les villageois ? [Piaffant] Sans plus rien dire je continue mon chemin et pénètre dans la case de ma sœur non sans frapper. J’ai beau être chère à son coeur, il y a des choses que je ne peux pas m’égarer à faire. Une fille compliquée comme ça, on n’en rencontre pas tous les jours. En même temps avec la mère qu’elle a…
Rosemonde (douce) : Entre ma chère !
Comme toujours, l’intérieur est bien nettoyé, le parfum des fleurs aux milles senteurs se fait ressentir à peine on traverse la porte.
Moi (lui faisant des bises) : Bonjour ma puce. Bien dormie ?
Rosemonde (s’asseyant) : Oh oui ! Le créateur a veillé sur moi. Allez viens, que nous prenions le thé ensemble…
Sans me faire prier, je m’assois et nous prenons ensemble un thé à base de fruits rouges qu'elle affectionne tant. Je n’aimais pas ça, mais à force de la côtoyer, disons que j’ai fini pas m’y habituer et ai commencé à apprécier.
Rosemonde (buvant une gorgée) : Alors et la tienne ? Bien dormie ?
Moi (souriante) : Oh oui ma chère. Je ne te cache tout de même pas que j’aimerai déjà rencontrer mon prince charmant. Avoir quelqu’un d’autre que ses parents qui s’inquiète pour soi, ça doit faire du bien.
Rosemonde (douce) : T’inquiète ma puce, ça arrivera… Une fille de ton rang ne soupirera pas après le mariage trop longtemps. La faveur du créateur est sur toi !
Moi : Qu’il en soit ainsi…
Rosemonde : Je dois me rendre demain dans un royaume éloigné pour rencontrer une potentielle future épouse pour mon frère.
Moi (le cœur battant) : Ah bon ?
Je tremble légèrement et, afin qu’elle ne le remarque pas, je porte une gorgée de thé à mes lèvres.
Moi (reprenant) : Willem ?
Rosemonde (coupant du pain) : Mais non, Kirill… [sur le ton de la confidence] Il n’est pas au courant.
Moi (maîtrisant mes tremblements) : Mais pourquoi vouloir le caser à tout prix chérie ? Tu sais qu’il n’en a toujours fait qu’à sa tête…
Rosemonde (souriante) : Maman me l’a demandé et, de plus, en tant que futur roi il doit déjà y penser. C’est comme ça ma chère. [me fixant] Tout va bien ?
Moi (sourire jaune) : Mais oui !
Rosemonde : Bien, donc je vais demander qu’on s’occupe de me trouver un pagne magnifique. [criant] Shella ? Shella?
Cette dernière franchie la porte assez rapidement pour venir s’incliner en posant un genou au sol devant la princesse. Ah ! Comme ça doit faire du bien d’avoir des sujets à notre service ainsi au quotidien! C’est cette vie là que je mérite.
Shella (tête baissée) : Princesse Rosemonde, à votre service...
Aïe ! Comme j'aimerais être à sa place!
Rosemonde (avec dédain) : J’ai besoin d’un pagne magnifique pour rencontrer une famille royale demain.
Shella (toujours tête baissée) : Ma princesse a-t-elle une préférence ?
Rosemonde : Le pagne doit inspirer la gaieté, la richesse mais surtout la paix.
Shella (secouant la tête) : Bien princesse…
Rosemonde (sèche) : Tu connais mes goûts, donc je ne tolérerai pas que tu me ramène n’importe quoi ici !
Shella (secouant la tête) : Oui, princesse…
Rosemonde (sèche) : Bien ! Ce sera tout, tu peux libérer le plancher.
Comme la malheureuse qu’elle est, elle se lève, effectue une énième révérence et se tourne vers la sortie. Sauf que c’est à ce moment que le prince Kirill fait son entrée. Aussitôt, il domine toute la pièce de par sa présence. Sans que je ne puisse rien contrôler, mon cœur se met à battre avec plus de vigueur. L’air semble désormais irrespirable pour moi, mais je décide de surpasser tout ça. Ce qui m’étonne, c’est que la servante aussi le suit du regard. Il faut avouer qu'avec sa carrure, son teint chocolat, et ses vêtements royaux, ses deux tresses ethniques au sommet du crâne, il semble avoir créé lui même la beauté.
Kirill (enjoué) : Bonjour à vous !
Je réponds dans ma gorge avant de porter mon thé à mes lèvres.
Rosemonde (se levant) : Bonjour mon frère, mon prince ! Que me vaut l’honneur de ta visite ?
Il n’a même pas daigné jeter un regard vers moi depuis qu’il est là. Seule sa sœur a son attention…
Kirill (souriant) : J’ai appris que tu as un voyage de prévu demain ? C’est pourquoi ?
Rosemonde (souriante) : Oh oui ! C’est pour…
Elle s’interrompt quand son regard tombe sur la servante toujours debout au milieu de la pièce. Elle fixe le prince d’un air amoureux. Idiote va !
Rosemonde (le visage attaché) : Oui? Je peux savoir ce que tu regardes ? [s’approchant d’elle] C’est pour ça que tu es dans ce palais ? Pour dévisager les princes ?
Tout honteusement, l’idiote baisse la tête. Le prince regarde tout ça d’un air amusé…
[Paf]
La princesse vient de lui administrer une gifle bien appliquée.
Rosemonde (rouge de colère) : Sors !
Sans se faire prier, elle sort en larmes, la main sur la joue pendant que je jubile intérieurement. Idiote ! Qu’est ce qu’elle croit ?
Rosemonde (se retournant vers son frère ) : N’importe quoi !
Kirill (amusé) : Tu ne trouves pas que tu en as un peu trop fait chérie ?
Rosemonde : Jamais ! La basse classe doit savoir où est sa place. Bref, comme je disais, je vais me rendre dans ce royaume pour affaire me concernant mon cher frère… [souriante]
Kirill (sourire en coin) : Bien ! [S’en allant] J’espère que tu ramèneras mon beau frère…
Elle se contente de rire en revenant s’asseoir près de moi. Je lutte avec moi même pour ne pas le suivre du regard. Il me faut au moins trente minutes pour réussir à l’éliminer de mes pensées. Il n’a même pas daigné me regarder et ça, ça fait mal.
*** Plus tard dans la soirée ***
Reine Merena Ombessa
Il circule une chaleur inhabituelle dans ce palais depuis près d’une heure. Assise dans la cour avec mon éventail fait de plumes de cignes, je profite du massage relaxant qu’une des servantes offre à mes pieds. À un moment, elle me griffe sans doute par mégarde, ce qui me fait sursauter sur mon siège et ouvrir les yeux.
Moi (la giflant avec l’éventail) : Non mais ça ne va pas ? Combien de fois j’ai dit que les servantes dans ce palais doivent avoir les ongles bien taillés ? [la giflant à nouveau] Ton but c’est d’écorcher les pieds de ta reine ? Tu veux perdre ce travail ?
Elle (me suppliant) : Noonn ! Pardonnez moi ma reine, ça ne se répétera plus… [S’agrippant à ma jambe] Pardon ma reine.
Moi (la giflant avec l’éventail) : Laisse mon pied, moins que rien!
C’est sans ménagement que je la repousse avec le pied, elle tombe par terre en pleurant. Ses larmes ne m’émeuvent aucunement.
Moi (me levant) : D’ailleurs, ton contrat ici est terminé ! Libère le palais!
Elle (me suppliant) : Pardon ma reine, pas ça…
Je veux lui répondre vertement quand le chef des gardes m’interrompt.
Lui (s’inclinant) : Longue vie à ma reine…
Il jette un œil vers la moins que rien qui pleure toujours silencieusement avant de continuer.
Lui (l’air grave) : Ma reine, il y a une urgence.
Moi (rugissant) : Et ça ne peut pas attendre ?
Lui (l’air grave) : Ma reine, je crains que non… Le roi a demandé à vous voir, il se trouve dans ses appartements.
C’est étrange… À pareille heure que fait-il dans ses appartements ?
Moi (regardant la moins que rien) : Tu es chanceuse ! [la frappant avec l’éventail] La prochaine fois je te couperais le bout des doigts. Dégage !
Elle (se levant) : Merci ma reine.
Après une révérence, elle commence à ranger les bassines d’eau, les serviettes et les flacons d’huile et de parfum aux senteurs agréables. Sans plus tarder, je me rends dans les appartements de mon mari. Le mauvais pressentiment qui m’étreint depuis le matin revient au fur et à mesure que je place un pied devant l’autre… Je le retrouve dans sa couche tout fatigué, il transpire à grosses gouttes et semble respirer avec difficultés. L’inquiétude me gagne peu à peu…
Moi (m’asseyant près de lui) : Mon roi ? [prenant sa main dans la mienne] Qu’est ce qu’il se passe ? Vous ne vous sentez pas bien ? Que je fasse venir les meilleurs guérisseurs du royaume ? Qu’avez vous ?
Raymond (faible) : Non, ma reine. Il est déjà trop tard pour moi vous savez, mon heure est venue…
Moi (réalisant) : Mais non ! Non ! Pas vous mon roi, pas vous ! Ne me laisser pas seule… Non !
De son autre main, il caresse ma joie faiblement avant de la reposer mollement sur le lit.
Raymond (souriant faiblement) : Vous êtes la meilleure reine que j’aurai rêvé d’avoir. Prenez soin de nos enfants, soyez une bénédiction pour eux comme vous l’avez toujours été. Guidez Kirill dans sa tâche avec sagesse et amour... [serrant fermement ma main dans la sienne] promettez le moi…
Moi (luttant contre les larmes) : Je vous le promets…
Ses pupilles se dilatent peu à peu, je réalise que c’est vraiment la fin… Je sens mon cœur se broyer de l’intérieur…
Moi (douce) : Je vous aime, mon roi, je tâcherai de vous rendre fier… [Déposant un baiser sur ses lèvres.]
Raymond (faiblement) : Faites venir le prince héritier ma reine, je vous prie. J’ai une dernière recommandation pour lui…
Moi (douce) : Oui, mon roi.
La fin étant de plus en plus proche, je ne perds pas de temps et vais donner les ordres.
Moi (ferme) : Faites venir le prince Kirill ! Et envoyez un de vos gardes chercher les notables, sans toutefois les alarmer afin qu’ils viennent en toute discrétion.
De part son regard triste, je remarque qu’il a compris que l’heure est grave.
Lui (s’inclinant) : Tout de suite ma reine.
Une fois qu’il s’en va, j’inspire fortement avant de retourner auprès de mon mari qui perd de plus en plus de couleurs. La vie le quitte petit à petit. C’est si douloureux d’avoir à assister à cela… Je repousse le flot de larmes qui m’assaillie. J’ai beau l’aimer de tout mon cœur, mais il n’est pas autorisé de pleurer lorsque le roi est sur le chemin du repos éternel, et même sept jours après son départ. Personne dans le village ne pourra pleurer, même pas moi, son épouse, sous peine de perdre le vue définitivement. Il est mon unique amour, mais je ne me vois pas finir ma vie aveugle donc je ne pleurerai pas…
Prince Kirill Ombessa.
Je sors de ma case en arrangeant ma tenue royale, souriant au souvenir du bon moment que je viens de passer. [Soupirant d’aise] Il y a de ces plaisirs qui m’apportent une paix sans pareil.
La fille (sortant en regardant de gauche à droite) : Mon prince ? Je vais partir…
Moi (la regardant) : Oui, c’est ce qu’il y a de mieux à faire Shima…
Elle (les yeux ronds) : Mais mon prince, c’est Shella…
Moi (avec mépris) : Shima ou Shella, où est la différence ? Va - t’en avant que quelqu’un n’arrive, j’entends des bruits de pas en approche.
Elle me regarde d’un air blessé avant de s’en aller en courant. Qu’est ce que la villageoise ci croit ? Je suis tiré de mes pensées par l’arrivée du chef des gardes, Patson.
Patson (s’inclinant) : Mon prince, votre père vous demande urgemment…
Le ton grave de sa voix suscite en moi une pointe d’inquiétude.
Moi (le fixant) : Que se passe-t-il ?
Patson (fuyant mon regard) : Je ne saurai vous répondre mon prince.
Une voix me souffle que quelque chose de grave est sur le point de se produire donc c’est d’un pas précipité que je rejoins la couche de mon père. Une fois que mon œil se pose sur lui, je comprends pourquoi mon estomac était noué tout au long du chemin. Il est livide et semble avoir pris un coup de vieux. À mon arrivée, ma mère sort et nous laisse seuls pendant que je me précipite vers lui. Ça ne fait aucun doute que mon père, le tout puissant roi de cette terre est à l’article de la mort. Comment ne me suis-je pas rendu compte qu’il allait mal ?
Moi (inquiet) : Père ? Mon roi ? Que se passe-t-il ?
Père (déglutissant péniblement) : Mon heure est venue mon fils !
Moi (le cœur battant) : Non! On va vous soigner et…
Père (faiblement) : Non ! [pressant ma main dans la sienne] Je te laisse la gestion du royaume. Tâche d’être un bon roi à mon image, aimé de tous. La royauté et la noblesse ne vont de paire que si tu t’en montre digne… Ne… Ne l’oublie jamais… Mon… Mon fils…
Moi (brisé) : Père !
Je sens peu à peu sa main qui relâche la mienne, ses yeux fixent le plafond pendant que son souffle se fait de plus en plus irrégulier. Impuissant, le cœur en ébullition, je le regarde s’en aller. Déboussolé, je m’agenouille au bord du lit et observe quelques minutes de silence. Mon père est parti ? Je n’arrive pas à y croire… Réveillez moi, car je rêve! Mes yeux me brûlent, mais impossible de pleurer.
Après d’interminables minutes, je me lève et sors de la chambre, tête baissée. Les notables sont présents au couloir ainsi que ma mère… Ils comprennent tous que c’est fini à peine ils me voient, un silence de mort règne. Les notables entrent dans la chambre plus pour constater son départ qu’autre chose. Ma mère a la mine affligée, les yeux rouges mais luttent contre les larmes. Elle tapote affectueusement mon épaule avant de tourner les talons, les épaules voûtées. Elle ne peut plus accéder à cette partie du palais jusqu à ce que la période de deuil passe, raison pour laquelle elle s’en va. Et dire qu’il y a quelques minutes tout semblait aller pour le mieux. Willem et Rosemonde arrivent précipitamment et se dirigent vers la porte de sa chambre, je les retiens.
Rosemonde (désespérée) : Père…
Moi (les stoppant) : Attendez ! Les notables sont à l’intérieur… Vous ne pouvez pas entrer…
Rosemonde (s’agitant) : Qu’est ce que j’ai à foutre de tout ça ? Je veux voir mon père !
Moi (ferme) : Calme toi okay ? Ils vont sortir et tu pourras entrer !
Rosemonde (bornée) : Je veux entrer maintenant ! [ Forçant le passage] Père ?
Willem m’interroge du regard, je hoche la tête, il comprend et vient se saisir d’elle.
Willem (la mine grave) : Rosemonde, calme toi s’il te plaît. Tu connais la procédure…
Voyant qu’elle est au bord des larmes, je la ramène à la raison sans perdre de temps.
Moi (la fixant) : N’oublies pas ce que des larmes engendreraient pour toi maintenant !
Elle semblait l’avoir oublié et se ressaisit… Qui veut finir aveugle ? Personne…
La lourdeur de l’atmosphère témoigne de l’affliction qui est notre ce soir… Repose en paix père, ce n’est pas un adieu, mais ce n’est qu’un au revoir…