Chapitre 10

Write by Rebo4

*****Ayub KHALID


Ce soir je suis fatigué. Très fatigué. Je suis exténué. Ah, je bâille sans cesse. Tout ce que je veux maintenant c'est prendre une douche et me coucher. Mais bien sûr, ça ne sera pas possible parce que mon père vient dîner comme vous le savez. Et je suis contraint d'être présent à table et d'assister une fois de plus à un autre fiasco venant de la part de cette catastrophe ambulante de Antsa. Je me demande ce qu'elle nous servira cette fois. Avec un peu de chance, on aura droit à du riz noir complètement brûlé accompagné de poisson brûlé aussi. Qui sait ?


Tout ça c'est du n'importe quoi. Vraiment du n'importe quoi. À son âge, elle n'est même pas capable de frire un œuf. Elle me sert à quoi alors? À rien. 


Je roule des yeux et commence à gravir les escaliers. Je balaie rapidement du regard la cuisine. Je m'arrête et reviens sur mes pas. Je regarde attentivement en direction de la cuisine. Je peux la voir entrain de découper des oignons. Elle est très concentrée à ce que je vois. 


Je peux aussi voir qu'elle parle seule en fixant son ordinateur. Mais elle est folle cette fille. Je me demande ce qu'elle fabrique. Elle a l'air de bien se débrouiller contrairement à ce matin. Soudain, elle se coupe accidentellement le doigt avec le couteau. Je vois du sang gicler. Je me précipite vers elle. 


Moi : (inquiet) Idiote. Tu ne peux pas faire attention ? Viens là !


Je la conduis vers l'évier de la cuisine et lui rince la blessure. Je déchire un bout de tissu sur les manches de ma chemise que j'attache sur le doigt pour stopper l'hémorragie. 


Antsa : (grimaçant de douleur) ...


Moi : Montons ! Je vais te soigner. 


Antsa : (s'entêtant) Merci mais ça va. 


Moi : Qu'est ce que tu racontes ? Je dois te nettoyer la blessure sinon elle risque de s'infecter. 


Antsa : Je dis que ça va. Et qu'est ce que ça peut bien te faire si elle est infectée inh? 


Moi : (perdant mon calme) Tu peux arrêter de te comporter en gamine deux secondes ? Ce n'est pas la blague là..


*****Mariame DJALAL


À peine je me remets du long trajet que je viens de parcourir que je tombe sur une dispute entre mon fils et cette Antsa dans la cuisine. Babacar me rejoint l'instant d'après. On les observe à distance. 


Moi : Tu vois Babacar ? Je te répète chaque jour que cette fille n'est pas bien pour notre fils. Regarde ! Elle ose parler quand il parle. C'est inadmissible. 


Babacar : Mais non. Cesse de toujours voir le mauvais côté des choses s'il te plaît. Regarde comment ils sont adorables. Je sais reconnaître le vrai amour quand j'en vois un et crois-moi, ces deux là sont faits pour être ensemble. C'est le destin. 


Moi : Destin ou pas, je continue à dire que ce mariage est une erreur. 


Je lui fausse compagnie et rejoins le salon. Le fait que Babacar soutienne ce mariage ne m'avantage pas du tout. Je dois trouver le moyen de séparer mon fils de cette fille le plus vite possible. 


*****Antsa DIOP


Je me mords les lèvres au moment où Ayub passe le coton imbibé d'alcool dans ma blessure. J'ai juste envie de sauter du lit. Ça fait mal mon Dieu. 


Moi : (gémissant de douleur) Aïe !


Ayub : (levant les yeux pour me regarder) Ça va aller. Tu n'auras plus mal après. 


Après avoir fini de nettoyer la blessure, il l'entoure d'une compresse avant de se mettre à ranger le matériel de soin dans la trousse de secours. 


Moi : (d'une voix à peine audible) Merci. 


Je me lève et me dirige vers la porte. 


Ayub : Fais attention à ne pas te couper encore. Je n'ai pas envie de te soigner encore une fois. Compris ?


Je ne dis rien et m'en vais. Il me soignait avec tellement de tendresse tout à l'heure qu'on aurait dit qu'il s'inquiétait vraiment pour moi. Qu'est ce que je raconte ? Ce monstre n'a pas de cœur. Bref, assez de racontage. 


Je regagne la cuisine et fais les dernières vérifications. Je goûte la sauce, le riz et la viande d'agneau braisée. C'est délicieux. Est-ce vraiment moi qui ait cuisiné tout cela ? J'ai hâte que mon beau père me dise ce qu'il en pense. 


Fatou : L'amoureuse..


Je sursaute, effrayée. J'avais complètement oublié qu'elle était encore là celle-là. Je dois penser à couper l'appel à présent. Je n'ai plus besoin d'elle. 


Moi : Qu'est ce que tu racontes encore ?


Fatou : Ne fais pas semblant. Je t'ai vu te disputer avec Ayub tout à l'heure. Vous étiez tellement mignons. 


Elle a les étincelles dans les yeux en parlant. Je roule les yeux, agacée par tout cela. Je suis sur le point de couper l'appel quand elle m'arrête. 


Fatou : ATTEND !


Moi : Quoi encore ?


Fatou : Il t'a soigné la blessure ? Raconte-moi. 


Je veux couper l'appel quand encore une fois, 


Fatou : ATTEND !


Moi : (exaspérée)...


Fatou : Vous vous êtes regardés dans les yeux ?


Moi : (voulant couper)...


Fatou : Bonne chance. 


Je coupe enfin l'appel. Quelle pie celle là ! Elle ne fait que parler et parler. Je regarde le bandage à mon doigt. Il est bien fait. Pas mal. 


À présent, tout est prêt. Je confie le reste du travail qui est de mettre la table et consort aux domestiques. Je monte prendre une douche. 


La salle de bain était occupée. Ayub prenait aussi sa douche. Je vais me doucher ailleurs. Il y a plusieurs chambres dans cette maison donc sûrement plusieurs salles de bains. Très rapidement, je me déshabille et ressort de la chambre, une serviette nouée autour de la poitrine.


J'avais raison. La première chambre sur laquelle je suis tombée, comportait une salle de bain. Je commence à me doucher sans attendre. Je suis impatiente de clouer le bec à cet idiot de Ayub. Il sera bouche bée après avoir mangé ma nourriture. 


*****Mariame DJALAL


Je n'en peux plus d'attendre. Quand est-ce qu'on pourra passer à table?. Si ça ne tenait qu'à moi, je serais déjà rentrée depuis fort longtemps. Malheureusement, Babacar tient vraiment à manger la nourriture de cette fille. Qu'est ce qu'il ne faut pas entendre franchement. 


En attendant que le dîner ne soit enfin servi, je décide d'aller me déshydrater dans la cuisine. Lorsque je débarque dans la cuisine, je peux voir les domestiques qui allaient et revenaient. Elles sont entrain de mettre la table à ce que je vois. Enfin! Ce n'est pas trop tôt. Je me demande la merde que cette fille nous servira encore cette fois. 


Cependant, j'avoue que ça sent bon. Un peu trop bon même. Je m'avance vers la cuisinière et ouvre l'une des casserole qui y était posé. C'est le riz qu'il y avait à l'intérieur. La seconde casserole comportait la sauce. Je crains vraiment que la nourriture soit bonne à en juger par cette alléchante odeur. 


Pour avoir le cœur net, je goûte la sauce et j'ai juste envie de regouter une seconde fois mais accompagné du riz. C'est délicieux. 


Grrrr! J'ai peut être un peu trop sous estimé cette fille finalement. Babacar va l'adorer encore plus avec ce repas. Et le dibi est la nourriture préférée de Ayub. Il faut que je fasse quelque chose. 


Je guette à gauche et à droite. Il n'y a personne dans les parages. Il faut que je fasse vite. Je prends la boîte de sel et renverse presque la moitié du contenu dans la sauce. Je mélange le tout avec une louche puis referme la casserole. 


Une domestique débarque en ce moment. Je lui souris. Elle ne s'est doutée de rien. Elle prend des assiettes puis s'en va. Je me dirige vers le dibi puis le sopoudre de piment rouge en poudre. Je fais en sorte qu'on ne remarque pas le piment. Parfait !


À présent, il ne reste plus qu'à patienter pour assister au spectacle. Je ris d'avance. Je me prends un verre de jus d'orange puis ressors de la cuisine. 


Je rejoins Babacar dans le salon. Je ne peux m'empêcher d'afficher un large sourire. 


Babacar : (remarquant mon état) Qu'est ce qui te met soudainement de bonne humeur de la sorte ? Il y a une minute tu ne faisais que râler.


Moi : (souriante) La vie est belle mon amour. Santé. 


Je bois mon jus d'orange en le regardant par dessus mon verre. Ayub nous rejoint quelques minutes après. Par chance, Antsa aussi descend l'instant qui suit. 


Antsa : (nous saluant) Bonsoir papa. Bonsoir belle-maman. 


Babacar : (se levant) Alors ce dîner il est prêt ou pas ? Je meurs de faim moi. 


Antsa : (riant) Bien sûr. Il est prêt papa. Suivez-moi. 


Babacar : (tout content) Allons-y. 


Moi : Oui allons manger ce fameux repas. Je parie que ça doit être délicieux. 


Babacar et Ayub me devancent. Je reste à l'arrière à les observer. J'affiche un magnifique sourire. Que c'est facile !


J'arrive dans la salle à manger en dernière position. Je m'installe confortablement autour de la table. Antsa nous sert. 


Antsa : Vous désirez encore plus de sauce beau papa ? Demande t-elle à Babacar. 


Babacar : Oui ma fille. 


Oui c'est ça Antsa, donne-lui un peu plus de sauce vas-y. Tu n'imagines pas ce qui t'attend petite idiote. Elle sert Ayub à son tour puis se sert en dernière position. 


Antsa : Bon appétit. Nous souhaite t-elle. 


Je suis la première à répondre par un «merci». Je peux voir Babacar qui veut déjà commencer la dégustation de son plat. De mon côté, je fais en sorte de traîner le plus longtemps possible pour ne pas avoir à introduire cette nourriture excessivement salée dans ma bouche. 


Ayub qui était le premier à avoir entamé son repas, le recrache aussitôt. 


Ayub : (dégoûtée) Beurk. Mais c'est quoi ça ? 


Il se sert rapidement à boire. 


On le regarde étonné. Ou du moins, je fais semblant d'être étonnée. Mdr!


Moi : Qu'est ce qu'il y a mon fils ? 


Babacar : Oui qu'est ce qui se passe Ayub?


Ayub : (s'essuyant la langue) Ce repas est infecte papa. 


Antsa : (tombant des nues) Quoi! 


Babacar introduit une bouchée de la nourriture dans la bouche pour vérifier et il le recrache aussi vite que possible. 


Babacar : (toussant) Mais c'est quoi ça ? 


Je sers à boire à Babacar. 


Moi : Ça va ? Lui demandai-je. 


Il hoche la tête. 


Je regarde en direction de Antsa qui semble effondrée. Elle ne sait quoi dire. 


Moi : Elle a quoi cette nourriture ? 


Ayub et Babacar ne me répondent pas. 


Moi : (jouant la comédie) Puisque personne ne veut le répondre je vais goûter pour voir.


Ayub : Je ne te conseille pas cela maman. Cette nourriture est cruellement salée. C'est carrément un poison. 


Il a dit cela en fixant Antsa. Il est en colère ça se voit.


Antsa : (toute tremblante) Mais ce n'est pas possible. Je.... cette nourriture n'est pas salée. Elle est très délicieuse...je..


Elle manque de pleurer. 


Ayub : Ah ouais ? Délicieuse tu dis? Ok goûte. 


Babacar : Ayub calme-toi. 


Ayub : Non papa. Goûte cette nourriture Antsa. Même les animaux sont mieux traités. Qu'est ce qui te passe par la tête au juste ? Tu veux nous tuer c'est ça ? 


Antsa : (en larmes) Non..je ne ferais jamais ça. Je te jure que la nourriture n'est pas salée. 


Elle prend une cuillerée et l'introduit dans la bouche. Tout comme les autres, elle a vite fait de le recracher. 


Ayub : Tu le recraches? Tu mérites de manger ça jusqu'au dernier grain de riz. C'est ce que tu nous as servi à mes parents et moi. Moi encore, ça passe. Mais tu as osé servir ce truc à mes parents. 


Antsa : (sous le choc) Je ne comprends pas. Je ne comprends pas ce qui s'est passé crois-moi. J'ai goûté la nourriture dans la cuisine tout à l'heure et ce n'était pas comme ça. J'ignore d'où tout ce sel a quitté pour se retrouver dans le repas. 


Ayub : Tu l'ignores? Tu ignores d'où a quitté tout cette quantité de sel tu dis? Tu t'en souviendras crois-moi. 


Babacar : Ayub calme-toi s'il te plaît. Le riz sans la sauce est quand même délicieux. Goûte pour voir. Et je suis sûr que la viande est délicieuse. 


Il découpe un morceau de viande et l'introduit dans la bouche. Il le recrache à la vitesse de la lumière. Il commence à tousser. 


Babacar : (voix étouffée) De l'eau...de l'eau. 


Antsa et moi on touche la bouteille d'eau au même moment. J'ai vite fait de repousser sa main. 


Moi : Ôte tes mains assassin. 


Je sers à boire dans un verre à Babacar. 


Babacar : La viande est trop pimentée Antsa. 


Ces paroles de Babacar viennent encore plus la choquer. Elle écarquille grandement les yeux. Ayub se lève brusquement de table et s'en va en furie. 


Antsa : (désespérée) Ayu... Dit-elle pour appeler son nom mais je lui coupe la parole. 


Moi : Tais-toi. Ne prononce pas le nom de mon fils. 


Elle me regarde, le regard attristé. Je me réjouis dans mon cœur. Bien fait, stupide fille. 


J'aide Babacar à se relever de sa chaise. 


Moi : Je te l'avais dit. Je t'avais prévenu que manger la nourriture de cette fille était une mauvaise idée. Voilà à présent. Viens, rentrons. 


Antsa : (à Babacar) Papa croyez-moi. Je ne suis pas responsable de cela. Jamais je ne vous servirais un repas aussi salé. 


Babacar : (déçu) Tu n'es pas responsable de ça alors c'est qui Antsa? C'est qui? Moi peut-être? 


Antsa : (secouant la tête) Non papa. Bien sûr que non. Écoutez-moi s'il vous plaît. 


Babacar : Je t'ai assez écouté Antsa. Je dois rentrer. 


Babacar me devance. Je me saisis de mon sac puis m'apprête à partir mais avant, je me suis arrêtée pour jeter un dernier regard à Antsa. J'ai émis un sourire satisfait. 


Elle a su à ce moment que c'était moi. 


Antsa : Bien sûr. C'est vous n'est-ce pas ?


Je me contente juste de sourire avant de m'en aller. À présent, elle sait à qui elle a à faire. 


*****Antsa DIOP


Moi : (criant) S'il vous plaît papa. Écoutez-moi je vous prie. Ce n'est pas moi qui.... s'il vous plaît. 


Mince il est déjà parti. J'aurais dû m'en douter. Cette sorcière de Mariame a saboté mon repas. Quelle méchante femme ! Ce qui me blesse le plus c'est que mon beau père puisse penser que j'ai fait cela intentionnellement. 


Et Ayub qui est aussi fâché. Je suis censée l'ignorer et me foutre de ce qu'il peut penser de moi mais son avis en ce moment compte tellement pour moi. Qu'est qu'il doit penser? Merde et remerde. 


J'appelle mes domestiques pour débarrasser la table et jeter tout ce repas durement préparé à la poubelle parce que même un chien n'en voudra pas. 


Je monte et me rends dans la chambre. Le regard que me lance Ayub montre qu'il m'a déjà jugé et condamné sans même me laisser m'expliquer. De toute façon, qu'est ce que ça peut bien me faire ? Je m'en fou de ce qu'il pense mais ça me fait mal quand même.


C'est bizarre tout ça. Je ressens le besoin de lui expliquer les choses. De lui dire la vérité mais il ne croira jamais ce que je vais lui dire alors à quoi bon?


Je me change et me mets en pyjama. Je me glisse ensuite dans le lit. Je me recouvre les pieds avec la couverture. Le silence est pesant voire gênant. 


Je me retourne vers l'autre côté du lit, recroquevillée sur moi même. Je ne cesse de regarder le bandage à mon doigt. Quelle soirée horrible ! Je suis si triste. 


*****Le lendemain matin


Moi : (soupirant exaspérée) Puisque je te dis que je n'ai pas envie d'en parler. 


Je me trouve au téléphone avec ma sœur. Elle cherche à savoir comment les choses se sont déroulées hier. Si Ayub et mes beaux parents ont aimé le repas et tout. Mais je ne lui dis rien parce que moi même j'essaie d'oublier tout ce qui s'est passé hier. 


Fatou : Tu ne veux vraiment rien me dire? 


Moi : (ferme) Non!


Fatou : Pufff ok. À plus alors. 


Moi : Bye. Salue-moi Farouk de ma part. 


Fatou : Je ne ferai rien. 


Moi : (riant) S'il te plaît.


Fatou : Non. 


Elle me raccroche au nez. Une folle carrément. Je descends les escaliers. Mon visage s'illumine lorsque je vois mon beau-père en compagnie de l'autre sorcière. 


Je me dépêche de descendre pour aller le saluer. 


Moi : Bonjour pa...


Babacar : (m'interrompant) Va dire à Ayub que je suis là s'il te plaît et que nous devons y aller. 


Moi : (refroidie) D'accord papa. Excusez-moi. 


Je m'apprête à aller charger la commission auprès de Ayub quand une voix féminine raisonne en provenance de la porte d'entrée. Je regarde en sa direction et vois une jeune femme. 


Elle : Bonjour. 


Elle s'avance et se met à notre niveau. 


Elle : Ayub est là ? Demande t-elle. 


Je la reluque. Nos regards se croisent. Elle affiche un sourire en haussant les sourcils. Je croise les bras en me posant des tas de questions.


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MARIÉE À MON PIRE EN...