Chapitre 10
Write by sokil
Chapitre 10 :
Ma tante pu entrer en contact avec un homme d’Eglise ce soir là ! Dieu merci. Elle le fit aussitôt ; j’avais peur, une peur extrême… A l’immédiat mon regard se porta sur la vie que je portais en moi et je craignais qu’il ne survive pas. Tout ça n’était que d’ordre mystique d’après les dires de ma tante. Après avoir vu ces « choses horribles », j’en fus traumatisée au point où nous décidâmes de ne pas passer une nuit de plus dans cet appartement. Nous n’étions pas au bout de notre surprise ce soir là lorsque le bailleur vint en personne nous demander de partir. Placide avait tout régler, sans me dire !
- Votre mari a tout régler et vous n’aviez qu’une semaine pour vous préparez à partir ! Je vous laisse encore cette nuit, mais demain vous devez partir !
- Mais… Ce n’est pas ce qu’il m’a dit ! Il m’a dit que ce n’est que lorsque je me déciderai à partir qu’il ferait le nécessaire et…
- Jaïda ! Allons-nous-en ! C’est même mieux comme ça ! Ca nous évite toutes les tracasseries !
Ma tante avait raison, il valait mieux partir sans demander notre reste, c’était plus prudent. Nous prîmes juste nos effets, et pour le reste, il était question qu’un membre de la famille de Placide vienne s’en charger ; tout avait été organisé à mon insu. Je ne voulu plus rien prendre, surtout pas après avoir vu ces « choses ». Ma tante les dénicha à la cuisine en dessous de l’évier et dans les placards. Il s’agissait de petits paquets enveloppés dans une sorte de tissu de couleur rouge. Elle s’était levée pendant que nous bavardions ; et lorsqu’elle revint elle les tenait avec une pelle. Je sursautai ; mon cœur fit un bond dans ma poitrine lorsque je remarquai surtout que l’un des paquets, légèrement ouvert lassait entrevoir ce qu’il y avait à l’intérieur. Paniquée, je fis un bond en arrière et manquai de tomber à la renverse.
- J’ai découvert ceci dans la cuisine et même dans les placards !
- C’est quoi ça ???
- Je ne saurai te dire exactement ce que c’est.
- Mais c’est … Ca fait peur ! On dirait des… Des poils, des cheveux !!!
- J’ose croire que ce ne sont pas les tiens, j’ose croire que tout ce qu’il y à l’intérieur de ces paquets ne proviennent pas de toi ! On va chez ce prêtre ; heureusement qu’il est ici dans la ville, allons là bas le plutôt possible.
- Comment tu as fait pour les trouver ?
- En faisant tout simplement le rangement, je voulais voir si nous pouvions emporter quelques effets de cuisine.
- J’ai du mal !!! Placide…
- Sache dès à présent que ton mari n’est pas un saint !
- Qu’est ce qu’on va faire ? Tu ne comptes pas emporter ça ! C’est pas prudent de les toucher !
- Non ! Le bailleur a dit qu’on a jusqu’à demain pour vider les lieux ; mais déjà ce soir nous partons ! On va chez ce prêtre, je lui demanderai de venir nous aider à nous en débarrasser ; on a toute cette nuit pour le faire.
- Ok ! Peut être qu’à ce moment je n’aurai plus mal. Ca commence toujours autour de minuit et une heure du matin.
- Prions pour que tout se passe bien !
Tout se bousculait dans ma tête, peinant encore à réaliser que mon propre mari et pour sûr avec la complicité de Priscilla œuvraient dans une sorte de pratiques occultes dans le simple but de prospérer et de m’écarter. Le drame est que j’étais liée à Placide ; je portais son enfant et j’étais encore son épouse. Depuis son départ, je n’eus pas la force ni les moyens de trouver un autre logement ; j’étais encore sonnée et tourmentée par tout ce que j’apprenais et découvrais ; j’avais l’impression de ressentir une force invisible me posséder, et m’empêcher d’avancer. Pendant que nous rangions nos affaires, je fus subitement prise de violents maux de tête ; je m’assis à même le sol, tout en la tenant ma tête. J’avais l’impression qu’on me donnait de violents coups de marteau, c’était intenable ; ce sont mes cris qui alertèrent ma tante.
- C’est quoi ? Que t’arrive-t-il ?
- C’est ma… ma tête… J’ai l’impression qu’elle va exploser !
- Tien bon ! Je vais chercher un taxi !
C’est à même le sol et rampant à quatre pattes qu’elle vint me trouver, incapable de me lever, mes douleurs au niveau du bas ventre elles aussi, reprirent de plus belle, me clouant sur place ; elles avaient commencé un peu plus tôt que prévu. Elle me souleva de toutes ses forces mais en fut incapable.
- Jaïda ! Jaïda ! Est-ce que tu peux faire un effort de te lever ? J’ai trouvé un taxi, il nous attend !
- Maman ! Je ne peux pas ! J’ai si mal !!! Je n’arrive même pas à bouger… Aide-moi s’il te plait !
- C’est ce que j’essaie de faire… Attends une seconde j’appelle à l’aide !
C’est à demi inconsciente qu’on me transporta dans le véhicule ; je me sentais partir à petit feu, mes forces s’amenuisaient au fur et à mesure. Ma tante désemparée, donna la direction au chauffeur; elle me prit la main et m’implora de tenir bon et de ne pas flancher.
- Sois forte… Ne te laisse pas dominer par ça ! Prie dans ton cœur et tout ira bien ! Tout ira bien !
- Ma… man ! Je suis si faible… Le bébé ! Je… je…
- Ca va aller… On va te sauver ! Chauffeur roulez vite pardon ! Jaïda !!! Oh mon Dieu non pas ça !!! Jaïda !!!
J’avais l’habitude d’emprunter ce chemin, le même ! Je m’y étais accommodée contrairement aux premières fois lorsque je venais de débarquer dans ce quartier, il y a tout juste un mois. Au début j’avais honte à cause de tous les regards posés sur moi ; d’autres poussaient le vice plus loin en proférant des paroles empreintes de mesquinerie à mon égard. J’avais pu me trouver non pas un studio, mais une petite chambre dans un quartier assez populaire. Tout le monde connaissait à cause de mes petites crises. Ils me voyaient et me considéraient comme folle… Je marchais toujours tête baissée et une fois chez moi Je m’enfermais à double tour en proie à mes démons. Ca faisait deux mois jour pour jour que je combattais, deux mois jour pour jour que je l’avais perdu, mon bébé, deux mois que tante Sidonie m’assistait comme elle pouvait. Je n’étais plus la même ; complètement métamorphosée et devenue presque parano, j’avais perdu la boule. Le soir où je m’étais évanouie je fus directement admise aux urgences ; tandis que ma tante se débattait pour que je sois sauvée, elle devait en même temps rencontrer le prêtre et chercher à se débarrasser de toutes ces « choses » d’origine maléfiques. Elle vint plus tard à mon chevet et me relata les faits.
- On a pu faire le nécessaire… On espère juste que les répercussions n’auront aucun effet sur toi. Il aimerait te suivre et pour une longue période ; on attend juste que tu sois sur pied. Le bébé ne pouvait pas survivre …
- Je… Je l’ai perdu ! Ils l’ont tué… Snif !!!
- Ces douleurs, c’étaient dans l’intention de se débarrasser du bébé ! Nous avons pu détruire ces choses. On a prié, beaucoup prié pour que tu t’en sortes !
- Personne ne comprend ce qui s’est passé ! Pour les médecins tout avait l’air normal, et puis après ils ont dit que son cœur a cessé de battre… Et…
- Ce n’est pas simple !!! Père Benoît a confirmé ! On a versé de l’eau bénie avant de s’en débarrasser !
- Qu’est ce qu’il y avait à l’intérieur ? Tu as pu voir ?
- Nous avons pu voir … Il faut beaucoup prier !
- Qu’est ce qu’il y avait à l’intérieur ? Je veux savoir !
- Tu n’es pas en mesure de supporter il faut juste…
- Maman... Je viens de le perdre ce bébé, je n’ai même pas assez de force pour pleurer ! Ces choses que tu as vues je suis en mesure de supporter !
- Je te dirai…
J’avais survécu, j’avais pu être sauvée toute seule. Je n’avais pas eu de larmes pour pleurer cette perte ; les grandes douleurs étant muettes, je finis par me mûrer dans une sorte de silence, le regard parfois vide et perdu dans l’espace. Placide et moi avions en quelque sorte coupé les ponts. Une grande distance s’installa entre nous et lorsqu’il apprit pour la perte du bébé et de tout ce dont j’étais victime, non seulement il me prit aussi pour une folle à lier et m’accusa d’être la seule responsable de la mort du bébé. Ca faisait un mois que nous ne nous adressions plus la parole, il prit donc la décision de ne plus me contacter.
- Jaïda!!! Tu m’as désobéi ! Tu méprises ma famille ! Tu traites ma famille, ma mère et moi de sorciers ??? Mais c’est toi qui es folle ! Je t’ai promis une belle vie dorée ici mais tu gâches tout !
- Placide ! Tu es le diable en personne… Jamais je n’aurai cru ça de toi ! Jamais ! Toutes ces choses… Tu as tout simplement voulu me faire du mal !
- Mais c’est toi qui ne m’as pas écouté !
- Tu vis avec elle n’est ce pas ? Même au téléphone tu n’es pas fichu de me dire… Tu n’es qu’un lâche !!!
- C’est toi qui es entrain de tout gâcher… Tu me montres chaque jour que je ne te mérite pas ! Tu manques de respect à ma mère, tu nargues ma famille ! je crois que tu devrais aller te faire soigner… Tu délires complètement !
- Toi tu n’es qu’un monstre !!! Tu n’es qu’un monstre !!! Je… Je regrette de t’avoir épousé… Je regrette !!!
- Figure que toi que moi aussi, j’ai des regrets !
C’était sa dernière phrase ; je ne devais plus me leurrer et je devais me battre toute seule. Seule contre tous. Tante Sidonie m’aidait du mieux qu’elle pouvait ; elle revenait presque tous les week – end m’assister et me tenir compagnie. Je souffrais toujours autant, mais les douleurs avaient fini par s’estomper depuis la perte du bébé ; laissant place à d’autres tribulations qui ne me laissèrent guère de repos. En deux mois je finis aussi par perdre mon boulot ; c’est comme si la poisse me suivait chaque jour. Un matin que j’étais arrivée, mon boss me fit appeler et me fit comprendre qu’il ne voulait plus de moi dans son cabinet à cause de mon mauvais comportement ; je tombais des nues, je ne comprenais rien. Tout cela ne fit qu’aggraver mon stress permanent et mon profond désarroi.
Je venais de commencer le traitement avec père Benoît ; je m’y rendais une fois par semaine. Le diagnostique était clair bien qu’il ne se prononça pas vite après que je lui relatai toute ma vie, depuis ma rencontre avec Placide. Je déversai tout à travers des larmes de désespoir.
- Les pleurs ça fait parfois du bien, mais il ne faut pas se laisser détruire !
- Mon père ! Je ne suis plus qu’une loque, je suis à jeter ! J’ai tout perdu, tout ! Je ne suis plus rien ! Tout ça s’est très vite passé ; à peine il est parti pour l’Angleterre que mes yeux ont commencé à voir ; je ne pouvais pas imaginer qu’il pouvait en arriver jusque là, au point de tuer son propre enfant… Ces douleurs qui ne survenaient que la nuit étaient dans le seul but de l’élimineront ; mais moi aussi j’ai failli! La seule question que je me pose encore c’est de savoir pourquoi il m’a donc épousée ? Dans quel but ? Sachant qu’il était déjà en couple avec une autre femme !
- Parfois la vie a tellement de paradoxes que nous même hommes d’Eglise ne parvenons pas à comprendre… Ton mari a tout simplement été attiré par tout ce qui brille ; il s’est laissé prendre par cette femme, il a été obnubilé en quelque sorte ; certes il t’aimait, mais il est arrivé à un stade où il devait faire un choix, alors il a choisi…
- La facilité !
- Exactement ! Mais ce n’est pas la fin du monde… Sache que si tu as la foi, tu peux être sauvée !
- Je veux sortir de ce gouffre, je veux être libérée et surtout retrouver une vie normale ! Il n’est pas question que je me remette avec lui ! Je demanderai le divorce !
Pour la première fois depuis des semaines, je ressentais une sorte d’accalmie et de bien être, surtout après mon entretien avec père Benoît. Sur conseil de ma tante, je devais me débarrasser de tout ce qui était en rapport avec la famille Danga. J’avais décidé de ne plus les fréquenter; je m’étais sentie trahie par tous ; ils savaient tous ! Ils savaient tous que « Petite Fleur » était la vraie compagne de Placide ; moi je n’étais qu’une figurante. Tout me revint à l’esprit, je revis leurs visages rieurs et leurs faux sourire ; je revois les petits gestes un peu déplacés que certains avaient à mon égard ; je n’étais qu’une pauvre marionnette. En une semaine de traitement, je pouvais ressentir les effets, la puissance des prières et le combat perpétuel que nous menions. Cela se manifesta directement chez eux les Danga. Un soir alors que je m’apprêtais à me mettre au lit, à peine avais je posé un genou à terre dans l’intention d’entamer ma prière que mon téléphone sonna.
- Allo ?
- Allo ? Jaïda ?
- Qui est ce ?
- C’est moi ! C’est moi Sophie ! La sœur de Placide !
- Sophie ?
- Oui ! Weee belle sœur comment tu nous abandonnes comme ça ? On t’a fait quoi ? Depuis que Placide est parti, tu nous as disparue !
- Sophie ! Moi je n’ai rien fait c’est ton frère… Cette trahison !
- Justement moi je n’étais pas là dedans, et tu sais que je te disais toujours tout non ?
- Sophie qu’est ce qu’il y a ? As-tu quelque chose à me dire ?
- Je voulais juste te dire que la mater est gravement malade…A l’hôpital on dit qu’elle ne va pas survivre !
- Je suis désolée ! De quoi souffre-t-elle ?
- On ne sait pas ! Mais il faut absolument que je te voie !
- Pour quoi faire ?
- Ils en ont tous après toi !
- C'est-à-dire ?
- Non je vais te raconter de vive voix !
- Et Placide ?
- Justement c’est de lui dont je voulais te parler !
- Au final je n’ai pas envie de savoir !
- Non en fait il compte arriver ici mais je ne sais pas quand exactement !
- Quoi ? Je suppose qu’il ne vient pas seul !
- Là alors je ne sais pas, mais comme elle est enceinte là je ne pense pas qu’elle viendra…
- Merci Sophie, je vais raccrocher !
- Ok ! Mais je viens alors te voir quand ?
- Je t’appellerai !
Je raccrochai vite fait, encore sonnée par ce que je venais d’entendre. Considérant cela comme une forme de tentation, je pris la peine de tout relater à ma tante.
- Il faut dire ça à père Benoît ! Il saura quoi te dire et faire
- Leur maman est gravement malade et presque mourante !
- On ne souhaite pas la mort de quelqu’un mais je dis et redis, il y a trop de choses mystérieuses ! Je ne sais pas si c’est une coïncidence mais il faut rester sur tes gardes !
- La meilleure c’est que j’apprends que Placide sera bientôt ici mais je n’ai pas la date exacte !
- Fais très attention ! Je te sens troublée ! Tu l’aimes encore n’est ce pas ?
- Non c’est terminé ! Après tout ce qu’il m’a fait… J’ai failli mourir ! Même si rien n’est encore terminé ! A cause de lui je souffre physiquement et même moralement, on me prend pour une folle ! Non !!! C’est terminé je ne pourrai pas… Je ne pourrai pas…
Je n’étais pas au bout de mes peines ; les répercussions, et les tentations, je savais qu’elles viendraient de toutes parts ; je savais que le combat serait long et rude, mais j’avais pour devoir de ne jamais baisser la garde. Même si je savais qu’il referait surface très bientôt, Placide, sa présence je devrais l’affronter, lui faire face, combattre et tenir. Il y a longtemps que je m’étais terrée dans mon coin, ne fréquentant pas grand monde à part mes allées et venues entre l’Eglise et chez moi et aussi entre l’hôpital et chez moi. Il y a longtemps que j’étais devenue l’ombre de moi-même, ayant à peine de quoi me nourrir et me vêtir ; mon physique en pâtissait et se dégradait considérablement. Tante Sidonie préféra abandonner ses activités au village afin de venir me soutenir une fois de plus. Nous manquions sérieusement d’argent et moi, n’ayant pas assez de force physique pour me battre, il fallait qu’elle se démène encore pour nous.
- Maman… Tu fais beaucoup, je ne sais pas ce que je ferai, j’aimerai pouvoir me battre aussi mais…
- Tu le feras! Pour le moment il faudrait que tu recouvres la santé, il y a beaucoup de choses à faire te concernant ; tu te fais suivre par le père Benoît ici en ville, sinon nous serions rentrées au village ! En attendant, je puise dans mes petites économies, c’est pour la bonne cause.
- Je te le revaudrai !
- Non ! C’est un devoir ! Tu es ma fille ! Si tu n’es plus là ! Qu’est ce que moi-même je vais devenir ? Tu es ma seule famille aussi ! Guéris d’abord ! On ne relâche pas dans les prières on doit persévérer et comme ça nous vaincrons !
Couchées côte à côte elle me massait les jambes et les pieds qui enflaient très souvent en soirée, elle me parlait, me rassurait, me conseillait, m’encourageait. Je l’écoutais sans mot dire ; elle était devenue en quelque sorte mon bouclier mon armure, je me cachais et me protégeais sous son aile. Mon téléphone, je ne vis pas vite qu’il sonnait, il était en mode silencieux ; c’était un numéro inconnu et je n’eus pas le temps de répondre, trop occupée à écouter ma tante me parler et me prodiguer les soins adéquats. Mais plus tard lorsque je lu le message que je reçus, je me redressai brusquement et je le montrai à ma tante.
Je viens de recevoir ce message… C’est Placide ! Il m’accuse d’avoir tué… sa mère !