Chapitre 10

Write by leilaji

The love between us.


Chapitre 10


— Je me demande comment elle a fait…

— Quoi ? 

— Pour s’accrocher à un type comme Pierre. 

— Chut, tu parles trop fort toi aussi. Le kongossa va te tuer. 

— Ah laisse ça, elle n’est pas là. Donc je disais… Comment elle a fait pour s’accrocher à Pierre. 

— Je t’assure. On a toutes tenté notre chance avec lui quand il s’est séparé de sa go mais le mec, il baisait, il partait. 

— Je t’assure. Elle n’arrive même pas à la cheville de son ex. La femme-là était tellement belle avec de longs cheveux comme les antillaises. Les hommes ne savant vraiment pas ce qu’ils veulent. Maintenant il sort avec une fille qui se ballade une fois sur deux avec un Kovo. 


Elles éclatent de rire, fières de leur blague. Pourquoi faut-il toujours que je tombe sur des filles qui parlent dans mon dos. A croire que je ne les impressionne pas assez pour qu’elles me respectent mais quand même un tout petit peu assez pour qu’elles aient peur de parler face à moi. Contre toute attente, je porte ma main à ma tête. Mon crane n’est pas complètement rasé pourtant. Je me suis permis une petite excentricité et je trouve que ça me va plutôt bien. 


Je ne m’attendais pas à trouver des gens dans la cuisine. Je n’ai pas mangé depuis le matin et je voulais sortir des biscottes du placard pour grignoter rapidement un bout avant d’aller me faire belle à l’étage. Et il a fallu que je tombe sur idiote 1 et idiote 2. Ces deux-là, j’ai déjà rêvé une fois que je les étranglais et les découpais en petit morceau avant de les passer au Moulinex. Je crois que je les déteste vraiment. Ce qui ne m’arrive pas souvent en temps normal. Ce que je n’aime pas c’est leur hypocrisie. Cette manière d’être douce avec moi quand je suis face à elles et complètement vache, une fois que j’ai le dos tourné. 


— Mais avec Manuella, il a changé. 


Mon cœur manque un battement et je m’adosse au mur. Tout le monde dit qu’avec moi Pierre a changé comme si j’étais une enchanteresse qui avait réussi à le libérer du démon de la tromperie. En réalité, je n’ai pas changé Pierre. Non. Je l’ai juste rencontré au moment où il avait lui-même décidé d’être un autre homme. Personne ne peut obliger un homme qui veut faire le bandit à être clean. C’est comme pour les désintox, il faut que l’impulsion vienne du malade sinon ça ne prend pas. 


Je suis apparu dans son existence quand il avait pris conscience de la vacuité de sa vie. Je l’aurai rencontré plus tôt qu’il m’aurait fait exactement la même chose qu’à son ex. pendant nos deux années de relation, j’en ai appris des choses sur son passé et ce n’était pas franchement reluisant. Est-ce qu’on peut sortir dans Libreville sans croiser une fille avec laquelle il a couché ? Non. 


Ce que beaucoup de femmes ne comprennent pas et c’est que parfois, le problème ne vient pas d’elles. Elles auront beau être parfaites, dévouées et aimantes, ça ne sera jamais suffisant pour changer un Crapaud en prince charmant. Elles n’obtiendront pas de l’homme qu’elle aime, le fameux sésame vers le bonheur. Elles passent des années à accepter les miettes qu’ils offrent en espérant les voir changer un jour. Et ils ne changent pas. Ils restent égaux à eux même et multiplient les bêtises avec autant de constance que les saisons qui se suivent. Puis arrive le jour où elles craquent et s’en vont. Et là, il rencontre une nouvelle femme et change du tout au tout. L’homme négligeant devient respectable. Il offre à la nouvelle dulcinée, tout ce que l’ancienne à suer sang et eau pour avoir sans jamais l’obtenir.  Ça ne veut pas forcément dire que la nouvelle vaut plus que l’ancienne. Aucune femme ne devrait se sentir rabaissée parce qu’elle a passé des années avec un homme qui n’a pas su voir en elle l’héroïne qu’elle était. 

Non parfois, un homme c’est comme un pot de confiture qu’on a du mal à ouvrir. On se saisit de tout ce qu’on a sous la main pour forcer le couvercle à faire le petit bruit annonciateur de merveille sucrée sur la langue. On y met toute la force qu’on a sans réussir ne serait-ce qu’à le dévisser un peu. Puis on le pose pour reprendre son souffle et une main qui passait par là, s’empare du pot, et en une seconde l’ouvre. Est-ce l’effort qu’on a fourni au préalable qui a facilité la tâche à la main qui a réussi à ouvrir le pot ou n’avait –on aucune chance de l’ouvrir ? ce ne sont pas des choses qu’on peut savoir et il vaut mieux ne pas perdre son temps à y penser. Une fois qu’une autre main à ouvert le pot, il faut juste passer à autre chose. 


J’ai juste été chanceuse. C’est tout et surtout moi aussi j’étais arrivée à un moment de ma vie où j’avais besoin d’avoir à mes côtés quelqu’un qui me pousse à être la meilleure version possible de moi-même. Et c’est ce que je suis devenue. J’ai commencé à apprécier petit à petit, cette manucure qu’il m’imposait les week-ends, ses vêtements un peu plus moulants que ceux que j’aimais porter avant. 


— Je t’assure. Pierre qui couchait avec tout le monde-là. Maintenant quand tu lui souris même seulement, il la colle encore plus comme s’il voulait faire passer un message.  

— Il parait qu’elle a laissé son gars sénégalais pour lui. Un gars qui galérait avec elle. Mais dès qu’elle a vu l’argent de Pierre, elle s’est barrée vite fait. 


Elles parlent d’Idris ? Même si depuis notre dernière rencontre, deux ans ont passé, il a sa vie maintenant et moi aussi j’ai la mienne. 


— Finalement, toutes les femmes se ressemblent. Belle ou moche, on aime toute l’argent.

— Mais ma copine qui va se négliger. Sur ce point elle a raison. On t’achète au prix auquel tu te vends. Tu galères déjà et tu vas encore t’acoquiner à un homme qui galère ? CA n’a pas de sens. Les filles qui font ça sont bêtes à un point ! En tout cas, elles n’ont qu’à continuer à le faire nous on viendra toujours récupérer leurs hommes une fois que la galère sera terminée. En tout cas, elle profite bien. Il lui a même acheté un garage.  

— Hé qui va m’acheter le salon de coiffure dont je rêve depuis longtemps et la Porsche 

Cayenne !

— Ha seulement ça ? Tu ne demandes pas la maison en même temps. 

— Ajoute même ça sur la liste ma chérie ? Pour nous arrive quand oh ! La vie est trop facile pour certaines filles quoi ! Une belle fille comme moi ne trouve pas de mari mais une vilaine comme elle, tombe sur un Pierre et le gars change même pour elle. 


J’inspire longuement pour ne rien dire, ne rien tenter qui pourrait gâcher l’aprem que Pierre a prévu. Manuella d’avant aurait bu une bonne rasade de whisky et serait revenue les insulter bien comme il faut. Manuella de maintenant sent les piques mais ne craint pas d’être blessée car elle sait qu’elle ne peut se faire aimer de tout le monde et ne prend plus mal qu’on la déteste pour des choses aussi futiles que l’envie ou la jalousie.  


De leurs mains agiles, les deux commères préparent des amuses gueule qu’elles placent de manière esthétique sur des plateaux d’argent. Elles couvrent le tout de film plastique. J’ai demandé à pierre s’il voulait que je contacte un service traiteur pour cette fête. Mais il a refusé arguant du fait que je devais juste profiter de la journée et non pas m’inquiéter de son bon déroulement en l’organisant. Des bruits de caisses de boissons me parviennent. Certains amis de Pierre les déchargeaient à l’entrée de la maison quand je suis passée par là comme une flèche. Je les ai rapidement salués avant de me diriger droit vers notre cuisine. 


Il s’est donné tellement de mal car aujourd’hui c’est l’anniversaire de nos deux ans de relations et il a demandé à quelques amis de se joindre à notre fête. Des amis qui n’ont rien à voir avec ceux qu’il a perdu en se séparant de son ex. des amis qu’on a rencontré au court de nos deux ans de relation. Les hommes encore, je fais avec. Mais les copines de ces amis, qui sont parfois des ex à lui ou des amies de son ex, n’ont jamais été tendres avec moi. Peut-être parce que dès le départ, elles ont senti qu’on ne venait pas du même milieu. 


Dans leur monde, les filles comme moi ne devraient pas avoir la chance de tomber sur un homme comme Pierre. Elles ont du mal à comprendre ce qui en moi peut l’attirer. Moi si naturelle au quotidien et elles qui malgré tous leurs artifices n’ont jamais réussi à l’attirer dans leur filet. Parce qu’à force de trainer avec eux, j’ai bien compris que dans leur groupe, il était le mal alpha, le leader, celui dont on ne discutait jamais les idées ou les propositions. 

  

— Moi je ne la trouve pas si vilaine que ça. Je trouve qu’elle a du charme. Son coté garçon manqué et son assurance, ça lui donne un feeling particulier. La dernière fois, elel portait un sweat à capuche façon crop top ou je ne sais pas quoi, avec un jean taille basse et des baskets. Elle était mignonne avec …

— C’est l’argent de Pierre qui l’a rendu propre. J’ai une amie qui la connaissait avant. Elle habitait dans les akébés. Elle n’était pas comme ça oh. Elle ne portait pas de maquillage, elle ne s’habillait pas sexy. C’est l’argent de Pierre qui l’a rendu propre. 


Je regarde mes ongles qui sont en mauvais état car le vernis permanent a sauté par endroit. Je recule de quelques pas pour les laisser continuer à papoter. De toute manière, elles ne disent rien que je n’ai pas encore entendu. Et de toutes les débilités qui sortent de leurs bouches, ce qui m’énerve le plus c’est qu’elles se disent que c’est lui qui m’a acheté mon garage alors que je le possédais bien avant de l’avoir rencontré. 


Aujourd’hui, je n’ai réparé que de vieilles guimbardes. Le pays est en récession alors tout le monde sort de son garage sa vieille voiture en panne pour la réparer, la vendre et pouvoir en tirer quelques millions. Et si les clients viennent chez moi c’est parce que j’ai une astuce imparable. Plutôt que d’acheter des pièces neuves qui peuvent faire doubler le prix des réparations à la maison mère, je bricole du mieux que je peux, ce qui peut l’être. Moins de pièces neuves à acheter égal facture moins chère égal client content. Et dire que malgré tout cela, tout le boulot que je me tape de 8 heures à parfois 20 heures, il y a  des pimbêches qui pensent que Pierre m’a acheté un garage comme il m’aurait acheté un téléphone dernier cri. 


Je grimpe rapidement les marches qui me mènent à l’étage supérieure et file à la douche que je prévois de prendre longue et chaude pour bien me décrasser. Le cambouis sous les ongles et la sueur due au moteur qu’on fait chauffer doivent disparaître. Je prends mon gratte corps et l’enduis de savon avant de le passer avec force sur tout mon corps jusqu’à sentir ma peau me bruler. Pierre déteste ça sentir le filet de douche passer sur sa peau. Il se lave au gel douche mais moi, je ne peux pas m’ôter de la tête que se laver sans savon et sans gratte-corps revient à se baigner dans une piscine. Ça ne rend pas propre. Au moment où je pense avoir fini, je sens la vitre embuée coulisser lentement et vois Pierre apparaître.


Mon cœur fait un bon dans ma poitrine. 


Les mains dans les poches de son jean, il me sourit tendrement. Le polo qu’il porte, c’est moi qui le lui ai acheté pour son anniversaire. Ça m’a fait tout bizarre d’entrer dans un magasin de luxe et choisir une tenue pour homme sous le regard soupçonneux des vendeuses qui pensaient que j’en choisissais une pour moi. 


Peu de choses peuvent me surprendre dans la vie. Après tout ce que j’ai vu et vécu, je sais que l’être humain n’a pitié de rien ni de personne. Je sais que l’être humain aime rendre son semblable misérable pour oublier ses propres échecs et se sentir moins minable. Le malheur des autres fait briller moins fort nos propres revers. 


Mais Pierre ... Je ne sais pas comment l’expliquer. Si je croyais en Dieu je dirai qu’il est une bénédiction dans ma vie. Peut-être un moyen pour le Bonhomme la haut de se faire pardonner toutes les misères subies pendant mon enfance à cause de ceux qui étaient censés le représenter sur terre. Un peu comme un patron diligent ferait un gros chèque de dédommagement à un client pour les bêtises de son employé. C’est la sensation que j’ai chaque fois qu’il me regarde comme ça avec quelque chose de tellement chaud dans le regard alors qu’il peut quand il le veut terrifier le gens autour de lui. 


Pierre peut faire peur au début. Il bouffe la vie par tous les côtés avec un appétit aussi féroce que celui d’un ogre. Quand il veut quelque chose, il se donne les moyens de l’obtenir et quand c’est moi qui le veut, il concentre toute son énergie dans cette mission: me combler. Parfois je me demande où est le piège? Quand est-ce que le conte de fée va s’arrêter ? Mais ça fait deux ans maintenant et le tableau est toujours aussi beau. Tout le monde peut en gratter un bout. Mais personne ne verra jamais de laideur dissimulée en dessous. On a eu nos disputes, des choses sur lesquelles on n’était pas d’accord mais jamais ça ne s’est envenimé au point de nous laisser haineux l’un envers l’autre. Il m’a fait oublier tous ceux que j’ai connus avant lui. Je ne pensais pas pouvoir un jour aimer de  tout mon cœur un homme et penser qu’il mérite chaque seconde d’attention que je lui accorde. 


Il a ma serviette en main. Je lui fais signe de me la tendre. Il ne répond rien et continue de me sourire prêt à jouer. Je sais ce qu’il a en tête. 


— Tu sais que je dois encore me préparer n’est-ce pas? 

— Justement. Je veux que tu sois la plus belle de la soirée et tu es toujours plus belle après l’amour... dit-il en faisant bouger ses sourcils. 


On rigole tous les deux de l’allusion salace qu’il vient de faire. Il adore me dire ça. 


— Pierre si tu me touches, je vais crier. Je n’ai pas le temps pour ça. Les gens sont déjà là et tu les laisses seuls en bas? Quel hôte fait ça? 

— La fête c’est pour toi, c’est toi qui dois être heureuse. Pas eux. J’en ai rien à foutre qu’ils m’attendent. 


Cette attitude, c’est ce que je lui reproche parfois. Se sentir tellement libre qu’il en oublie que ses excès peuvent blesser les autres. Je croise les bras et attends qu’il se décide à me donner la serviette. Son regard parcourt mon corps et il se mort la lèvre inférieur tandis que je vois clairement son sexe faire des siennes dans son pantalon. Il me la tend mais lorsque je cherche à m’en emparer, il me tire vers lui alors que je suis toute ruisselante d’eau et qu’il est déjà habillé. 


— Tu as vu tes bêtises, il va maintenant falloir que tu te changes! 

— Oui madame. 

— J’aime quand tu es obéissant comme ça ! je ronronne dans ses bras.

— Moi j’aime quand tu es nue, dit-il en s’emparant de mes lèvres


Je m’accroche à lui parce que j’ai froid et qu’il est chaud et confortable. Il laisse tomber ma serviette et passe ses mains sous mes fesses pour me soulever. De mes jambes je m’enroule autour de ses hanches et il titube avec moi dans ses bras, jusque qu’à me poser avec douceur sur le lit. Il soulève son polo et je lui fais non de l’index. Il suspend son geste, me révélant encore une fois ses sublimes abdominaux. 


— Tu ne vas pas encore me refaire le coup des abdos Pierre.

— On ne change pas une équipe qui gagne. 


Son sourire se fait plus grand et il s’allonge sur moi. Ses lèvres douces comme deux fruits murs couvrent ma peau de baiser jusqu’à arriver à mon nombril. 


— Je n’ai jamais vu un ventre aussi parfait que le tien. 


Alors que certains idolâtrent les plis et les replis du ventre féminin, lui s’est surpris à aimer passer ses lèvres sur chaque sillon dessiné par mes muscles. Je frissonne et ferme les yeux tandis que sa main descend et frôle mon intimité. Je retiens ma respiration tandis qu’il s’introduit en moi et me caresse aussi lentement que si on n’avait toute une journée de farniente devant nous. J’ai bien envie de lui dire qu’on n’a pas le temps mais au final je trouve que c’est lui qui a raison. Je suis plus que prête alors je baisse moi-même son pantalon et le prends en moi. Ce qui me surprendra jusqu’à la fin de ma vie c’est sa douceur pendant qu’il me fait l’amour. Il est attentif au moindre de mes soupirs et gémissements comme s’il avait pressenti la nécessité parfois de me traiter comme une chose fragile malgré la force de caractère que j’affiche au quotidien.  


— Tout doux Manuella, tout doux… murmure-t-il pour calmer mes ardeurs.


Mais déjà je ne l’écoute plus parce que je veux plus. Je veux me sentir vivante dans ses bras, je veux garder sous scellés tout ce qui pourrait troubler mon bonheur. Je mérite d’être heureuse comme tout le monde et pour cela, toute l’horreur de mon passé doit rester enfoui. Sa tendresse et toutes ses attentions m’aident à y voir plus clair et surtout à ne pas flancher. 


Je l’oblige à changer de position et prends les manettes. Assise sur lui, les jambes de part et d’autre de son corps, je le regarde apprécier d’avance le moment que je vais lui faire passer. 


— Deux ans c’est long, je lui fais constater.


Je n’étais jamais restée aussi longtemps avec un seul et même homme. 


— Aussi long que moi ? 

— T’es con. 

— Plus sérieusement Manuella… T’es heureuse ? Je veux dire t’es vraiment heureuse avec moi n’est-ce pas ? 

— Comment peux-tu encore me poser une telle question ? 

— Parce que parfois je déconne, je fais le gamin…

— Pareil pour moi Pierre mais ça ne m’empêche pas de savoir que je suis heureuse avec toi. 


Ses mains remontent sur mon corps, ses doigts caressent mes cotes puis s’emparent de mes seins. Il excite les pointes dressées de ses pouces tandis que mes hanches lui imposent un rythme soutenu, une danse qui lui permet d’aller aussi loin que possible en moi. Une fine pellicule de sueur couvre ma peau tandis que je me baisse pour l’embrasser et conjurer le sort. On peut continuer à être heureux à deux. Toutes les histoires ne finissent pas toujours par des hommes lâches ou qui ne savent pas ce qu’ils veulent.  

Cette journée c’est la nôtre, alors on a bien le droit de faire ce qui nous réussit le mieux : s’aimer.  


— Tu es magique, me murmure-t-il avant d’approfondir notre baiser. 


Puis il me fait basculer et reprend la maitrise de la situation. Il fait durer le plaisir, s’applique jusqu’à ce que la délivrance lui coupe les ailes. 


— Tu as joui ? me demande-t-il calmement.


La première fois qu’on a fait l’amour sans que je jouisse, j’ai eu pour reflexe de lui mentir, de simuler. C’en est suivi l’une des pires disputes de notre couple alors plus jamais je ne lui mens. Il sait que le corps ainsi que le plaisir des femmes sont bien plus complexes que le leur alors il ne se vexe pas de ne pas parfois arriver à me faire décoller. 


— Non. Mais c’était bon. 


Je souris et caresse sa tête qu’il a enfoncée dans mon cou. Il lèche ma peau par petit coup de langue.


— Laisse-moi reprendre mon souffle ma belle et …

— Pierre ! entend-on 


La voix vient de l’étage inférieur. Sur que ceux d’en bas commencent à se demander où on est passé ? 

J’aimerais bien rester dans le lit et le laisser me câliner encore un peu. 


— On n’a pas le temps !


Je quitte ses bras précipitamment et cours vers la douche me rafraichir. Une fois propre, je reviens dans la chambre le trouver avec de nouveaux vêtements et il me tend un magnifique maillot noir à motif rose. Le genre de mélange que j’aime. Je le remercie d’un baiser et retourne dans la salle de bain me mettre un peu de gloss rose et vérifie que mes sourcils sont toujours parfaits. Pierre aime me voir comme ça. Je reviens dans la chambre, enfile le maillot, des Jordan blanches vintage et mets par-dessus mon maillot un de mes sweets préférés, jaune moutarde avec une capuche, avant qu’on aille tous les deux retrouver les invités pour se rendre à la plage.  


*

**


Le soleil commence à décliner à l’horizon. Je porte la bouteille verte à mes lèvres et essaie de savourer mon Sumol orange. Mais l’arrière-gout chimique d’Aspégic me fait grimacer. C’est quoi le délire du mec qui a décidé de créer cette boisson ? Parfois l’alcool me manque. Bien se bourrer la gueule et oublier que la vie finit demain. 


L’après-midi s’est bien déroulé dans son ensemble. On a joué au foot les pieds plein de sable, et maintenant un appareil portable diffuse de la musique des années 2000. Beaucoup me proposent de danser mais je préfère décliner. Je crois que ça doit bien faire au moins deux ans que je n’ai pas dansé avec quelqu’un. Ça ne me manque pas vraiment cela étant dit. 


Je suis dans les bras de Pierre qui bavarde avec un de ses collègues de bureau devenu ami, lorsque son téléphone sonne et qu’après y avoir jeté un coup d’œil, il coupe l’appel. Un peu plus tard, le même numéro réapparait sur l’écran et il refait la même chose tout en continuant gaiement de siroter son verre. Lorsque le numéro apparait une troisième fois, il s’excuse et s’éloigne pour parler. 


Ce qui est bien quand ça fait déjà deux ans qu’on sort avec un mec c’est qu’on commence à connaitre par cœur toutes ses mimiques. Et là, sa gestuelle et son attitude me font comprendre qu’il a une conversation désagréable qu’il n’a pas envie que j’entende. Sinon, il ne se serait pas déplacé et son ami n’aurait pas l’air embarrassé. Quelques minutes plus tard, il revient prendre sa place tout contre moi. Mais je sens qu’il a du mal à se replonger dans la conversation.  Et je ne sais pas pourquoi, malgré son sourire, je ne vois que son regard fuyant.

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