CHAPITRE 10 : La confirmation
Write by delali
Au moment de sortir de la chambre, la mère de Kady entend un bruit sourd, comme une vibration. Cela vient des affaires de Kady :
- Qu’est ce qui fait ce bruit ?
Elle n’obtient pas de réponse. Alors elle se met à fouiller et trouve le téléphone portable que lui a offert Christopher :
- Eeh Dieu !!! a-t-elle juste pu prononcer.
Elle n’en revient pas qu’elle n’ait rien vu de tout ça jusqu'à ce que l’irréparable soit peut-être déjà commis. Elle sermonne sa fille de plus bel :
- D’où vient ce portable Kady ? Depuis quand tu fais tout ça derrière moi ?
- …. Je… c’est…
Sa mère lui assène une autre gifle aussi résonnante que la première et lui confisque le téléphone. Elle sort ensuite de la chambre, mais se rend compte que sa fille a raison sur un point : si elle-même se rend au marché, alors que c’est Kady qui a l’habitude de le faire, cela attirera les soupçons. Et si jamais Kady est réellement enceinte, ce serait un véritable malheur pour elle. Son époux la tiendrait pour responsable de cette déviance de sa fille, et pourrait les renvoyer toutes les deux de la maison familiale. Elle trouve donc la bonne excuse pour que ce soit elle-même qui aille au marché :
- Babatchè, aujourd’hui là, moi-même je vais aller au marché, depuis que Fatou est mariée là, Kady n’encaisse plus bien mon argent.
- Ah ok. Mais on m’a dit qu’elle ne se sentait pas bien, ça lui va mieux ?
- Oui, c’était rien de grave ! juste un petit malaise, il fait tellement chaud actuellement !
- Ah d’accord, on doit songer à avancer son mariage hein, on dirait qu’elle est désœuvrée actuellement !
- Fais ce qui est bon Babatché, Kady a déjà l’âge oh.
La mère de Kady part pour le marché, elle ne rentrera qu’en fin d’après-midi. Presque tout le monde vaque à ses occupations et ceux qui doivent sortir de la maison, le font. Kady restée seule dans la chambre, se fait du souci, et si elle était vraiment enceinte ? Il faut qu’elle voie Christopher. Mais voilà, elle n’a plus le moyen de le joindre. Elle fait des vas et vient incessants dans la pièce, puis son père la fait appeler et lui demande d’aller charger une commission à un grand, mais jeune commerçant associé à lui au centre-ville :
- Il est prévenu de ton arrivée, il t’attend.
Kady trouve alors l’occasion de passer voir Christopher. Elle s’empresse de sortir de la maison.
***
Christopher est dans son laboratoire, mais il n’arrive pas du tout à travailler. D’ailleurs, il n’a presque pas dormi de la nuit. Il ne sait vraiment pas comment gérer cette situation. Que va-t-il faire ? Son père serait-il compréhensif ? Lui prêterait-il main forte ? Seul, il n’y arriverait pas, il en est sûr, il n’a pas encore les ressources pour ça… il est tiré de ses pensées par la brusque irruption de Kady dans la pièce :
- Chris…, Chris !
- Du calme Kady ! qu’est-ce que tu as ?
- Chris ma mère sait tout ! elle sait tout ! elle a confisqué mon téléphone.
- Quoi ?!
- Elle … elle … dit que … que je suis… enceinte !
- Non de Dieu ! pas déjà ! elle le sait ?!!
- Quoi ? qu’est-ce que tu veux dire ? Toi tu le savais ?
Il prend une profonde inspiration et lui répond :
- Tes examens l’ont révélé Kady, … tu es enceinte de 8 semaines, mais j’aurai jamais imaginé que ta mère le saurait si vite !
- Quoi ?! je suis … enceinte ? demande-t-elle en mettant la main sur son bas ventre.
- Oui.
- Mais pourquoi tu me l’as pas dit ???
- J’étais d’abord sous le choc moi-même figure toi ! Je ne savais ni quoi penser, ni quoi faire, puis je t’ai envoyé un message ce matin pour que tu passes me voir.
Kady s’effondre en larme et lamentations :
- Oh mon Dieu, je suis enceinte ! oh mon Dieu qu’est-ce que je vais faire maintenant !
- Calme-toi, calme-toi Kady. Là n’est pas la solution.
Il l’enlace et fait tout pour la calmer, elle encaisse le coup et finit par devenir calme. Elle se tourne vers Christopher :
- Qu’est ce qu’on va faire Chris ?
Christopher se sent impuissant, il ne sait quoi répondre, il n’est pas prêt pour une pareille situation, mais il faut bien qu’il lui dise quelque chose :
- Je sais pas encore ma puce… mais …
- Non ! non… me dis pas ça.
- Mais je suis avec toi, quoi qu’il arrive !
- Il faut pas que ça se sache Chris, mon père va me mettre dehors… il va me renier !
Il se doute bien que cela ne doit pas être facile pour elle non plus, vu la terreur qu'il lit dans ses yeux. Elle doit vraiment redouter l'affront avec son père :
- Il faut qu’on s’en débarrasse Chris ! dit-elle soudain apeurée.
Il est pris de court par une pareille décision venant de sa part. Cela confirme ses soupçons, elle est terrorisée :
- Non ! non ! Lui répond Christopher, puis il reprend : je vais trouver une solution, reste calme.
- J’ai peur Chris, j’ai peur.
- Je sais. Viens dans mes bras.
Il l’enlace, pose son menton dans ses cheveux. Et il repense à la discussion qu’il a eue avec maman Claudine lorsqu’il est revenu hier la veille avec les résultats des examens :
- Je m’en doutais bien de cela mon petit, quand elle a eu son malaise. Lui avoua la gouvernante.
- C’est un choc pour moi maman Claudine ! Je m'y attendais pas du tout.
- Mais ce genre de chose ne t’ai jamais arrivé, je suis sûre que tu prenais toujours tes précautions, qu’est ce qui s’est passé cette fois ci ?
- Elle était tellement meurtrie la toute première fois que je voulais plus lui faire mal, juste le temps de l’habituer à l’utilisation du préservatif en même temps je faisais aussi attention aux périodes à risque… Je me suis bien leurré apparemment…
- Je te comprends. Qu’est ce tu vas faire maintenant ?
- Je sais pas maman Claudine, dis-moi ce que je peux faire, suis pas encore prêt à y faire face… Et si on l’interrompait ? D’ici un an ou deux je pourrai y faire face.
- Ah mon petit, je ne te conseille pas du tout ça, en plus d’ici un an ou deux, elle sera déjà mariée à quelqu’un d’autre. Ça m’étonne qu’elle ne le soit pas déjà. Elle ne pourra pas t’attendre.
- Non mais pourquoi ? Est-ce trop lui demander de m’attendre un an ou deux ???
- Ce sera pas de sa faute ! Le genre de famille de laquelle elle est issue, soit tu acceptes ce qu’on décide pour toi, soit tout le monde te tourne le dos. Ce n’est pas supportable pour une jeune fille seule sans soutien tu sais. Et les mariages sont très précoces dans ces communautés. C’est une façon pour eux de limiter le libertinage et la prostitution.
- Que dois-je faire alors ? Je ne veux pas la perdre !
- Alors fais face à tes responsabilités, l’avortement est trop dangereux, … moi je ne voudrais pas que tu le fasses, et si tu tiens tant à elle, c’est peut-être le moyen de la garder pour toi, que ses parents le veuillent ou non, puisse qu’elle est déjà enceinte de toi, il y a déjà un enfant à naître en jeu… La nuit porte conseil mon petit, va dormir...
Il est tiré de ses pensées par Kady qui se détache de son étreinte. Il faut qu’elle parte faire sa commission, sinon elle peut se faire prendre :
- Ne t’en fais pas d’accord ?
- Ok.
- C’est vrai que je m’y attendais pas, mais je ferai tout pour que ça se passe bien.
En entendant ces paroles rassurantes, Kady ressent comme du baume au cœur et reprend courage. Il la raccompagne jusqu'au centre-ville près du lieu où elle doit se rendre.
Christopher rentre et commence à se préparer mentalement à la discussion qu’il doit avoir avec son père. Ses parents rentrent en fin d’après-midi. Tout se passe normalement. Il a prévu de parler à son père après le dîner, histoire de ne pas lui couper l’appétit. L’heure du dîner arrive enfin. Cela a semblé une éternité pour lui. Toute la famille SANDOL-ROY passe à table. Au moment du désert, le père de famille Gabriel SANDOL-ROY s’adresse à Christopher en le félicitant pour la réussite de son premier contrat de travail, qui était juste un essai pour lui :
- Bravo fiston, ils ont adoré toute ta ligne de parfum et sont prêts à la racheter pour l’été prochain. Tu auras ton chèque d’ici là.
- Ouah ! félicitation frérot, tu m’offres quelques flacons ? demande Carole enthousiaste.
« Quelle bonne nouvelle ! » se dit Christopher en son for intérieur. Mais il n'arrive pas à la savourer comme il se doit parce qu'il est plutôt stressé à l’idée de la discussion qui l’attend. Il esquisse un sourire forcé à l'endroit du reste de la famille qui s'attend à ce qu'il dise quelque chose. Mais il ne dit rien :
- Tu devrais toi aussi essayer de faire quelque chose Tristan, regarde un peu ton frère, bouge-toi ! Reprend Gabriel.
- Ah oui papa, tu penses ?! demande Tristan un peu agacé par l'attention qu'attire son frère jumeau :
- Bien sûr que oui, lui au moins il cherche à aller de l’avant, pas comme toi qui est tout le temps fourré dans les jupons de ta mère !
- S’il te plait Gabriel, ne lui parle pas comme ça, Tristan est un jeune homme très sensible. Argumente sa mère pour venir à son secours.
- Je crois pas que ça te plairait que j’engrosse aussi la première venue comme l’a fait ton cher fils Christopher papa ! Lance tout d’un coup Tristan
La déclaration fait l’effet d’une douche froide à toute la famille. Christopher croit que son cœur va s’arrêter de battre. Comment Tristan est au courant ? Maman Claudine lui en a parlé ?
- Qu’est-ce que tu racontes Tristan ? demande le père.
- La vérité papa ! tu vas bientôt être grand père et l’honneur revient à ton fils adoré, Chris !!!
- Si c’est une plaisanterie, elle est de mauvais goût Tristan. Répond la mère.
- Je ne plaisante pas maman, lui-même ne peut pas le nier, voici les résultats d’analyses de la fille en question. Tristan jette les papiers sur la table.
Personne n’a le courage de prendre les papiers et de regarder ce qu’il y a dessus. Il règne un silence de cimetière dans la salle à manger :
- C’est vrai ce qu’il dit Chris ? demande le père avec un calme surprenant.
Christopher n'ose pas répondre là sur le champ. Il tourne plutôt son regard vers son frère jumeau. Le silence n'a que trop duré, son père tape du poing sur la table d'un coup violent. Les couverts et la nourriture manquent de se retrouver à même le sol, cela fait sursauter tout le monde :
- Dans mon bureau Chris ! tout de suite !!! siffle-t-il tout d’un coup.
« Comme les gens sont assez timides ici, moi aussi je me tais