Chapitre 10 : Se prendre en main

Write by Mayei

…Linda…

Je restais debout à regarder le parking du boulot pour guetter si le véhicule de monsieur Kalou s’en était allé. Un soupir de soulagement s’échappa de mes lèvres lorsque je vis sa voiture quitter les locaux. Qu’est-ce qui m’était arrivé ? Pourquoi avais-je cédé à son jeu ? Le pire était que j’avais vraiment aimé sa façon de me toucher, de m’embrasser. Je sentais le désir dans ses yeux. L’impression d’être tout de qui comptait pour lui avait fait bondir mon cœur. En ce moment je ne ressentais pas cela avec Dharan. Voilà maintenant une semaine que nous ne nous sommes pas eus au téléphone. Rien que des messages sans chaleur, sans personnalité. Était-ce une raison pour moi de me laisser aller dans les bras du premier venu ?

Monsieur Kalou et son charme ne me laissait pas indifférente. Lors de notre première rencontre je m’étais surprise à le détailler, à aimer son parfum et à remarquer comment il jouait avec ses bracelets. Je me rappelle encore de son torse nu et ses tablettes de chocolat bien dessinées que j’avais pu apercevoir alors qu’il se baignait dans la piscine de l’hôtel. C’était après que les filles soient rentrées. Je ne sais comment expliquer cette emprise qu’il avait sur moi. Sa voix, son physique. Sa façon d’être, tout en lui m’attirait comme un aimant était attiré par le fer. Je n’avais jamais ressenti cela pour un homme en dehors de Dharan.

Je secoue la tête pour redescendre sur terre. Il me fallait me l’enlever de la tête le plus vite possible et son odeur qu’il avait laissé dans mon bureau n’aidait pas du tout. 

Moi (appuyant sur l’interphone) : Emmy s’il te plaît demande à monsieur Paul de me retrouver ici

Emmy : bien madame 

Je mis de l’ordre dans les différents croquis et attendait qu’il se présente à moi, ce qu’il fit dans quelques secondes. Je lui indiquais le fauteuil de la main afin qu’il prenne place. 

Moi : alors d’abord je m’excuse de vous avoir fait travailler un peu plus pour absolument rien. Car, figurez-vous que le client a préféré choisir un des premiers croquis que je lui avais présenté la première fois, celui-ci en particulier.

Mr Paul : oh ! Ah bon ?

Moi : j’ai eu la même réaction que vous, l’incompréhension totale. 

Mr Paul : comme on le dit le client est roi.

Moi : mais certains abusent tout de même. 

Il se contenta de sourire pour donner suite à ma remarque. Monsieur Paul était quelqu’un de vraiment timide. Il ne parlait que lorsqu’on lui posait une question ou s’il y avait une remarque à faire par rapport à l’avancée de son boulot. En dehors de ça il se contentait tout bonnement de sourire. 

Moi : vous allez donc donner le feu vert pour l’impression des cartes de visite, block notre, calendriers et tout ce qui va avec. Ce qu’on a pour habitude de faire quoi !

Mr Paul : cela sera fait, vous pouvez compter sur moi. 

Moi : merci monsieur Paul

Il s’excusa et sortit de mon bureau. Je pris mon téléphone que je gardais dans mon tiroir à chaque fois que je travaillais. J’espérais avoir reçu un message de Dharan mais rien. Aucun signe de sa part. Je rangeais de nouveau le téléphone avec rage, mais surtout avec désespoir. Pourquoi n’essayait-il pas de revoir ces règles ? Les compromis, les concessions sont à envisager dans un couple afin que chacun soit épanoui. J’attendais fermement son retour pour en discuter avec lui car je n’en pouvais plus d’être ignorée. J’avais supporté au début car je me disais de pas avoir besoin de certains chichis des femmes. J’étais plus jeune et tout ce qui comptait pour moi était ma carrière, rien d’autre mais maintenant j’en ai besoin, surtout de sa présence. 

Bien que la descente soit habituellement pour dix-sept heures, je restais au bureau jusqu’à dix-neuf heures. Je n’avais pas envie de rentrer chez moi. Qu’allais-je y faire ? Soit penser à Dharan que je ne pouvais pas joindre, soit à monsieur Kalou qui m’embrouillait l’esprit. Je restais donc à travailler et lorsque le coup de dix-neuf heures sonna, je rassemblais mes affaires et m’en allais.

Il n’y a plus personne dans le local et ça contrastait d’avec les remous de la journée lorsque tout le monde était là. J’admirais le calme qui y régnait en allant vers ma voiture. Je déverrouillais ma voiture à distance et le gardien s’empressa de venir me tenir la portière. Je lui souris avant de glisser un merci. Il s’en alla ensuite ouvrir le portail de la société pour que je puisse sortir.

Je glissais la clé de ma voiture dans l’espace indiqué pour mais celle-ci refusait de s’allumer. J’essayais encore et encore mais rien. Le signal de la batterie se mit à clignoter. Mais non ! Il y’a à peine une semaine que j’avais fait la révision. 

Le gardien : patronne il y’a un problème ?

Moi : la voiture refuse de démarrer la, ça doit être un problème de batterie.

Le gardien : ah on peut pousser ça va démarrer tout de suite.

Moi : non ce n’est pas la peine, je vais prendre un taxi et rentrer. Demain les mécaniciens viendront récupérer la voiture. Comme ça ils verront d’eux même que leur travail avait été fait de façon approximative.

Tu décides de laisser les mécaniciens du quartier pour éviter ce genre de désagréments mais les bonnes maisons de mécanique aussi s’y mettent dans l’à-peu-près. Finalement vers qui se tourner ? Cette journée avait commencé bizarrement et voilà qu’elle se terminait tout aussi étrangement. Je pris mon sac et condamnait la voiture puis me dirigeais vers la sortie. 

Moi : s’il te plaît veille bien sur la voiture !

Le gardien : c’est comme si c’était fait madame, je veille bien dessus. 

Moi : je ne veux pas revenir demain et voir que ma voiture a disparu. 

Le gardien : nooon ça ne peut même pas arriver même. Je suis là je gère les lieux madame.

Moi : bien 

Sur mes talons, je sortis de la et me tint debout sur le trottoir pour espérer voir un taxi passer par là. J’avais peur par rapport à tout ce qu’on entendait, des chauffeurs qui agressaient leurs clients. Mais bon j’étais obligée. En tournant ma tête sur le côté je vis cette voiture venir vers moi en marche-arrière. Je reconnaissais cette voiture. C’était la même que celle de Monsieur Kalou. Pourtant nous nous étions laissés depuis. Peut-être que je me faisais des films. Était-il le seul à posséder cette marque de voiture ? Je ne connaissais non plus la plaque pour être sûre que c’était lui. 

La voiture cessa sa manœuvre devant moi et la vitre se baissa. Je tombais net sur ce sourire enchanteur, sur ce visage rieur de monsieur Kalou. Un sentiment de honte mélangé à de l’engouement s’empara de moi. 

Mr Kalou : un problème mademoiselle ?

J’avais décidé de le laisser jouer à son jeu. Qu’il m’appelle mademoiselle comme bon lui semblait. 

Moi : aucun problème !

Mr Kalou : en Êtes-vous sûre ? Où se trouve votre voiture ?

Moi : je n’ai pas de problèmes et où se trouve ma voiture ne vous regarde en rien. 

Mr Kalou : pourquoi êtes-vous toujours sur la défensive ? Je m’inquiète alors je pose des questions. Votre voiture a-t-elle un problème ? Pourquoi êtes-vous là à cette heure ?

Je le regardais du coin de l’œil, l’expression de son visage avait changé. Il donnait l’impression d’être vraiment inquiet alors je lui racontais que ma voiture m’avait lâchée et que j’attendais désespérément qu’un taxi passe par là. Il proposa de me raccompagner chez moi. Je ne fis pas semblant de refuser car trouver un taxi n’était pas chose aisé ici. Nous étions vraiment éloignés de la ligne des taxis. Je me posais sur le siège passager et mis ma ceinture. 

Mr Kalou : on va où ?

Moi : bietry 

Me Kalou : ok.

Une question me brûlait la langue, il fallait que je la lui pose.

Moi : que faisiez-vous là à cette heure ? Je veux dire devant nos locaux. 

Mr Kalou : j’étais là pour m’excuser...j’étais là depuis dix-sept heures puisque c’est votre heure de descente selon ce qui est marqué sur votre carte de visite. Je vous ai tout simplement attendue. 

Moi : vous excuser ?

Mr Kalou : oui ! De m’être conduit comme un con un peu plus tôt dans la journée. Vous êtes une femme mariée et je n’ai pas respecté cet engagement. Pire je vous ai emporté dans ma démence. Je ne me conduirai plus ainsi mais ce n’est pas pour autant que je ne m’intéresse plus à votre personne.

Je ne savais que dire. C’était inattendu, soudain. Tout s’était passé en une seule et même journée. J’étais passée par tellement de sentiments. J’étais à la fois flattée de pouvoir plaire à quelqu’un d’autre mais tout aussi gênée. Je gardais le silence et me contentais de lui indiquer la route à prendre pour atteindre ma maison. Son parfum m’envoûtait. Je me sentais tellement bien en ce moment. Je ne saurais d’écrire ce sentiment de paix qui m’habitait soudainement ni dire d’où il venait. 

Nous arrivions finalement devant mon portail et il s’arrêta. J’ai voulu ouvrir la portière pour en sortir mais il m’intima l’ordre de rester bien assise. Il me tint la portière, prit ma main puis me fit descendre comme une princesse. Un sourire se dessina dans mon cœur mais je pris soin de ne rien laisser transparaître cependant.

Moi : merci monsieur Kalou pour ce coup de pouce. 

Mr Kalou : vous pouvez m’appeler Nathaniel ou Nath et je pense qu’il serait temps qu’on se tutoie. 

Moi : bien Nath ! Tu rentres bien alors. 

Mr Kalou : prends soin de toi. 

Il me posa un baiser sur le front puis prit le volant de sa voiture. Je n’attendis pas qu’il s’en aille avant de sonner à ma porte. Le gardien m’ouvrit, surpris de me voir à pieds. Nous échangions les civilités et je pris l’allée pour me rendre dans la maison. J’étais fatiguée alors je montais directement dans la chambre. Je retirais ma jupe lorsque le bruit de la porte qu’on fermait brusquement me fit sursauter.

Moi (la main sur le cœur) : Dharan ?

Dharan : oui ?

Moi : mais je n’ai pas vu ta voiture...

Dharan : ou tout simplement que tu étais bien distraite ! Après tout un homme te descend maintenant à la maison et te fait un bisou sur le front 

Moi : pardon ?

Dharan : j’étais au balcon et j’ai tout vu ! 

Moi : ok 

Dharan : ok ? Ok ? C’est tout ce que tu trouves à dire après ce que je viens de voir ? Tu te paies ma tête Linda. Que l’idée de me faire des infidélités ne t’effleure même pas l’esprit.

Moi (exaspérée) : sinon ? Que ferais-tu exactement ? Es-tu en position d’exiger quoi que ce soit ?

Dharan : ne me met pas au défit Linda ! Ne me tente pas. D’ailleurs pourquoi est-ce un homme qui te descend à la maison ? Elle est où ta voiture 

Moi : si j’avais le droit de t’appeler, tu aurais sûrement su que ma voiture m’a lâchée et que j’avais besoin qu’on me donne un coup de main. Si tu ne peux pas assumer ce rôle quelqu’un d’autre le fera à ta place. Je suis assez fatiguée Dharan je t’en prie n’en rajoute pas une couche. 

Je le dépassais et m’enfermais dans la douche. Il sort comme ça de je ne sais où pour venir me prendre la tête. Ou était-il quand Nathanaël me proposait son aide ? Je n’allais certainement pas rentrer avec lui si Dharan avait été là. Il rentre ça lui coûtait quoi de m’appeler ou de m’envoyer un simple message pour me signifier qu’il était à la maison. Qu’il s’imagine des choses dans sa tête ça n’engage que lui.

...violette...

J’avais prié et mes enfants étaient à l’école en ce moment. J’avais tourné et retourné ce que richard m’avait dit quelques jours plus tôt. Il trouvait que tout ce que je savais faire, c’était de demander de l’argent à tout bout de champ. Pourtant il m’avait connue battante. Il savait à quel point avec un rien je me débattais pour faire du grand et que c’était grâce à moi qu’il arrivait à manger, à s’acheter de quoi se vêtir. J’avais en tout cas pris la résolution de me remettre au commerce. Avec l’argent que j’avais sur moi, je me suis acheté de quoi faire du yaourt, du bissap, du jus de gingembre, du tamarin et jus de baobab. J’avais tout fait la veille avec Soraya, la fille de ménage. C’est aujourd’hui que les activités allaient débuter. J’avais mis une pancarte devant la porte pour que tout le monde comprenne qu’on pouvait maintenant se procurer des jus ici. J’espérais de tout cœur sur ce soit rentable. 

Je mettais un peu d’ordre dans la maison quand Rachelle fit son interruption dans mon salon. Je me m’attendais pas du tout à elle.

Rachelle : madame Ebrothié comment va ?

Moi : jiiii Rachelle ça fait longtemps hein...prends place. Pardon je fini de ranger ici et je suis à toi. 

Rachelle : il n’y a pas de soucis. J’ai décidé de passer la journée avec toi donc prends tout ton temps, je t’attends. 

Moi : Soraya ?

Soraya : oui tantine ?

Moi : apporte deux sachets de jus de tamarin à ma sœur s’il te plaît. 

Soraya : d’accord Tantine. 

Je savais qu’elle en raffolait alors je lui faisais plaisir. Après avoir tout mis en ordre je la retrouvais devant la télé. 

Moi : nouvelle madame !

Rachelle : il n’y a pas de nouvelles oh ! Comme ça faisait longtemps je n’étais pas passée par ici, je suis venue rendre visite à ma grande sœur qui ne connaît pas chez moi. 

Moi : ne dis pas ça Rachelle ! C’est le temps qui me manque. Entre richard et les enfants ce n’est pas facile d’avoir du temps pour moi.

Rachelle : hum d’accord oh ! Et richard même ? Ça fait longtemps. 

Moi : il va bien Il est au boulot comme ça 

Rachelle : ah d’accord.

Je pris des nouvelles de son mari et de son fils. Ils allaient bien par la grâce de Dieu. J’observais bien ma sœur. Elle avait une sorte de bougeotte. Elle changeait constamment de position dans le fauteuil, se grattait quelque fois et ne cessait de bien mettre en place ses lunettes. Quand elle agissait ainsi c’est qu’elle avait envie de dire quelque chose mais ne savait comment s’y prendre. Alors je la devançais. 

Moi : Rachelle tu as quelque chose à me dire ? 

Rachelle : non oh ! Pourquoi penses-tu ça ?

Moi : je te connais Rachelle et dans ta gestuelle tout porte à croire que tu as quelque chose à me dire.

Rachelle : je ne sais vraiment pas comment le dire...

Moi : parle Rachelle ! 

Rachelle : ne vas pas dire ou penser que je suis jalouse. Mais c’est que j’ai aperçu deux fois comme ça richard avec une fille en forme vraiment en forme hein. Les deux fois c’était la même fille j’ai voulu le saluer mais il a fait comme s’il ne me connaissait pas. Il faut faire attention hein Violette. Les filles de dehors là sont très mauvaises et les hommes ingrats. 

Je gardais le silence après ce que ma sœur venait de me dire. J’essayais de juger le pour et le contre. Que gagnait ma sœur à mentir sur le fait d’avoir vu mon mari avec une autre ? Et tout dans le comportement de richard laisse croire qu’il me trompe bel et bien. Je ne savais comment réagir face à cette nouvelle. Devrais-je en parler avec richard lui-même et voir ce qu’il en était ?

Rachelle : tu ne dis rien ? Il ne faut pas penser que je veuille détruire ton foyer ou que je te veuille du mal c’est juste que...

Moi : ne t’en fais pas Rachelle. Merci de me prévenir. Je vais essayer de prendre mes dispositions pour voir comment les choses évoluent. Vraiment merci.

Rachelle : je sais que je suis ta petite sœur mais souvent les petites sœurs peuvent donner des conseils à leurs grandes sœurs. Je te demande l’autorisation de te donner un petit conseil.

Moi : vas-y t’inquiète 

Rachelle : quand est-ce que vous allez enfin vous marier ? je veux dire à la mairie, à l’Église. Depuis qu’il a fait la dote la rien. J’ai peur que tu ne sortes de ce mariage là avec zéro surtout après tout ce que tu as fait pour lui. Le mariage civil de donne certains droits mais la dote la hum…

Moi : ça vient Rachelle, ça vient

Rachelle : d’accord oh ! il faut prendre ton couple en main. J’ai l’impression que tu subis simplement. Si la routine s’est installée dans le couple avec les enfants et tout, il faut tout faire pour changer ça. Souvent viens déposer les enfants chez moi, libère la servante et organise une soirée rien que pour ton mari et toi. Tu verras les hommes aiment bien ce genre de choses. Offrez-vous des vacances loin de tous, ça vous donnera un nouveau souffle...

J’écoutais religieusement ce qu’elle me disait. Elle n’avait pas tort. C’était vrai que la routine s’était installée entre nous. Depuis le début de cette année, on pouvait compter sur les doigts d’une main combien de fois nous avions fait l’amour. Pourtant dans nos débuts nous ne pouvions nous rassasier l’un de l’autre. Mon mari ne m’aimait plus et tout ce qu’il trouvait à faire n’était que des histoires pour rien en plus.

Rachelle : donc voilà un peu ! J’espère que je ne t’ai pas vexée.

Moi : pas du tout. Merci pour tes conseils rachou 

Après ce moment nous restions à échanger un peu, à parler de tout et de rien. On avait plusieurs fois sonné à la porte pour acheter du jus et cela me réconfortait dans le fait que mon business pourra certainement aller de l’avant. Il était quatorze heures lorsque nous entendîmes le klaxon de la voiture de richard. Il ne rentrait pourtant jamais à cette heure. Depuis le garage je l’entendais crier mon prénom avec colère jusqu’à ce qu’il arrive au salon et croise Rachelle. Il stoppa net dans sa progression mais gardant sa mine de colère, salua ma soeur. 

Richard : bonsoir Rachelle comment vas-tu ?

Rachelle : Bien merci et toi ?

Richard : ça va...violette j’ai besoin de toi dans la chambre tout de suite.

Il s’en alla dans avoir attendu ma réponse.

Rachelle : bon je vais rentrer chez moi. Dis au revoir à ton mari pour moi. 

Moi : mais attends que je t’accompagne un peu devant 

Rachelle : non ça ira. Ton mari a besoin de toi là.

Moi : ok, je salue toute ta maisonnée. 

Rachelle : pas de soucis 

Alors qu’elle s’en allait, je rejoignais richard. Il avait l’air d’un lion qui tournait dans sa cage. Il allait et vendit dans la chambre. Cette colère à peine voilée ne quittait pas son visage. 

Moi : je suis là !

Richard : que faisait ta sœur ici ?

Moi : elle est venue me rendre visite pourquoi ?

Richard : de quoi avez-vous parlé ?

Moi : de tout et de rien. Des parents des enfants...

Richard : j’espère que tu n’as rien dit sur notre vie privée car on vous connaît. Toujours à reporter ce qui se passe dans vos foyers et tout le monde dehors est au courant de nos péripéties. 

En l’écoutant je compris qu’il avait peur que son secret soit découvert. Il craignait que Rachelle ne m’ait dit ce qu’elle avait vu. Elle avait donc raison sur ce sujet. Richard ne se cachait plus. 

Richard : j’allais oublier, c’est quoi cette pancarte devant ma maison ?

Moi (souriante) : je me suis remise au commerce...

Richard : est-ce que ça va chez toi violette ? Tout va bien dans ta tête ?

Moi (étonnée) : pardon ?

Richard : je veux que tu me retires cette pancarte le plus vite possible et mette fin à cette mascarade. 

Moi : ce n’est pas une mascarade mais mon commerce. Tu as dit toi même que tu en avais marre que je te demande de l’argent pour tout alors je me mets au commerce. 

Richard : on sent vraiment que tu n’es pas arrivée loin dans les études. Avec le poste que j’occupe tu veux qu’on m’assimile à une vendeuse de jus ? Une simple vendeuse de jus ? Je ne veux plus voir cette pancarte et tu as intérêt à t’en débarrasser le plus vite possible. Je ressors ! A mon retour je ne veux pas voir cette bêtise devant mon portail. 

Quand allais-je faire quelque chose de bien à ses yeux ? Quand est-ce qu’il allait voir les efforts que je faisais ? Toujours des reproches, à chaque fois des reproches. Je ne pouvais plus. Je pensais soudain aux conseils que m’avait donné ma sœur. Et si j’essayais de les mettre en pratique afin de donner un coup de pied à ma relation. Il fallait aussi que j’aborde la question du mariage avec lui. Au début il en parlait souvent mais avec le temps le sujet a disparu de nos conversations. Je verrai ce qu’il pense de la situation. 

...Nancy Api....

Je tiens mon test de grossesse en main, il affiche négatif. J’étais réglée comme une horloge et j’avais eu un retard ce mois-ci. D’ailleurs je n’ai toujours pas eu mes règles. Je regarde encore et encore je test que j’ai entre les doigts et mon cœur se serre dans ma poitrine. J’avais espéré que cette fois-ci serait la bonne. Je pensais sauter de joie aujourd’hui et avais déjà imaginé comme l’annoncer à Jean-Philippe lorsqu’il rentrerait. Hélas ! Quand est-ce que DIEU allait avoir pitié de nous ? Quand est-ce qu’il allait décider de nous envoyer un enfant ?

Je n’en pouvais plus. Je jouais peut-être à la forte mais mon cœur et mon mental ne tenaient plus. Je regardais encore ce test et éclatais en sanglot. Je pleurais avec toute mon âme. J’avais mal vraiment mal et j’étais impuissante face à la situation. Je ne pouvais rien faire. C’était tellement difficile. Pourquoi devrai-je subir ça ?

Je restais un bon moment à pleurer dans la douche jusqu’à ce qu’on frappe à ma porte. J’essuyais mes larmes à la vas vite.

Moi : oui ?

Chantelle : Tantine c’est moi !

Moi : oui ? Y’a un problème ?

Chantelle : non c’est juste que vous avez reçu de ma visite.

Moi : de la visite ? C’est qui ?

Chantelle : la dame a dit qu’elle s’appellait violette. Elle était là la dernière fois. 

Moi : ok j’arrive. 

J’étais surprise d’entendre qu’il s’agissait de violette. Ça faisait un bon bout de temps quand même. J’avais cessé d’essayer de la joindre et voilà qu’elle apparaissait chez moi comme par magie. Je passais de l’eau sur mon visage, un peu de fond de teint. Je retrouvais ensuite violette au salon. 

Moi : donc violette tu es vivante.

Violette : je sais que tu es fâchée 

Moi : plus que fâchée violette, comment peux-tu disparaître comme ça sans prévenir qui que ce soit ? J’ai passé tout mon temps à essayer de te joindre. Je suis même allée chez toi pour prendre de tes nouvelles. 

Violette : ne te fâche pas Nancy ! Quand nous nous sommes laissées, je me suis sentie tellement faible en cours de journée que richard a dû m’envoyer aux urgences. On m’a prescrit du repos. Tu vois les enfants et le bruit là nous avons donc convenu que je parte sur Bonoua pour rester avec maman. Elle s’est bien occupée de moi et me voici donc requinquer. Je suis rentrée hier en soirée et la première des choses que j’ai faite aujourd’hui a été de venir chez toi. 

Moi : et mes appels et tout ?

Violette : toi-même tu connais les appels en zone rurale. Quand tu quittes un coin le réseau disparaît en même temps. 

Moi : tu n’as pas tort mais tu es amendée. Tu as même raté une bonne virée entre fille et le premier défilé de Salomé. 

Violette : oh la la ! Il faut que je les appelle 

Moi : et très vite 

Nous discutions gaiement mais mon intuition me ramenait à l’excuse de violette. Je ne savais pas pourquoi mais quelque chose me disait que l’excuse était trop apprêtée. A la limite elle récitait une leçon bien apprise. Quelque chose n’allait pas dans son excuse. Je me souvins de la réaction de sa fille aurélie mais ne lui racontais pas. De toutes les manières elle n’était pas obligée de me parler de ce dont elle n’avait pas envie de parler.

Violette : j’allais oublier...je voulais te demander si c’était possible de laisser les enfants avec toi ce week-end. Tu sais je suis de retour et j’ai envie de passer un moment avec monsieur. 

Moi : coquine va ! Il n’y a pas de soucis, ça me fera vraiment plaisir d’avoir les enfants avec moi. 

Violette : merci énormément ! 

Elle se plaça bien dans le fauteuil et en le faisant un papier, disons une brochure tomba du fauteuil. Elle se baissa et souleva cette brochure y jeta même un coup d’œil avant de me regarder étrangement. 

Violette : vous voulez adopter ?

Je réalisais qu’il s’agissait de l’une de ces brochures que mon mari trimballait avec lui chaque jour dans le but de me faire changer d’avis. 

Moi : c’est l’œuvre de mon mari ça ! Je ne suis pas pour en tout cas. 

Violette : il n’y a toujours pas d’amélioration à ce sujet ?

Je repensais automatiquement à ce test de grossesse que je venais de faire quelques minutes plus tôt. Je fis non de la tête pour lui signifier qu’il n’y avait toujours pas d’amélioration. Mon cœur fut envahi d’une profonde tristesse et je ne pus empêcher ce filet de larme de couler sur ma joue. Violette se dépêcha de me prendre dans ses bras. Elle essayait de me consoler du mieux qu’elle le pouvait avec des mots vraiment apaisant. 

Violette : tu as la chance d’avoir un mari comme Jean-Philippe. Il est très compréhensif et essaie même de trouver des solutions. Il pense même à l’adoption ce qui n’est pas dans la mentalité de nos frères africains.

Moi : mais je ne veux pas l’enfant d’une autre.

Violette : être mère n’est pas seulement le fait de porter un enfant en son sein et de pousser dans la douleur. Tu peux très bien être mère en adoptant et en donnant tout ton amour à cet enfant. 

Moi : ça sera encore une autre raison pour ma belle-famille de se foutre de moi.

Violette : est-ce à ta belle-famille que tu es mariée ? Tout se passe entre ton mari et toi. Du moment qu’il est heureux et épanoui, c’est le plus important. Mais dis-moi comment est ta vie de prière ? Confies-tu tout ceci à Dieu ?

Moi : pas vraiment ! non !

Violette : il faut t’y mettre. Rapproche-toi de Dieu tu verras. De mon côté je vais demander à ma mère de voir les bons médicaments du village là. Il y’a une femme qui est réputée pour ses plantes qui ont réussi à donner des enfants à plusieurs couples. 

Moi : hummm

Violette avait mis de l’espoir en moi. J’étais septique quant au fait de me rapprocher de Dieu car cela faisait tellement longtemps que je n’avais pas mis pieds à l’église…


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