CHAPITRE 11

Write by Maylyn

-Sun ! Mais qu’est-ce que tu fais là ?

-Oh quel accueil chaleureux ! Si tu ne veux pas que je reste, je peux repartir hein !

Elle fit mine de se retourner pour redescendre les marches.

-Eh ! La hélai-je pour qu’elle me regarde, ce qu’elle fit.

-Tu oublies tes valises ! Ajoutai-je, les yeux rieurs.

Elle éclata de rire en me bourrant la poitrine de coups avec ses petits poings. Riant aussi, je la soulevai dans mes bras et la serrai longuement dans mes bras. Elle sentait divinement bon le parfum était léger et floral.

-Mon Dieu ! Qu’est-ce que tu m’as manqué PM !

-Toi pas une seule seconde !

-T’es bête ! Dit-elle un gloussement dans la voix.

M’obligeant à la relâcher, je la fixai comme pour mieux réaliser qu’elle était vraiment devant moi.

-Qui êtes-vous Mademoiselle ? Et qu’avez-vous fait de Ma Petite Sun ?

-Eh bien, Votre Petite Sun a malheureusement pris quelques centimètres et quelques années Monsieur. Le résultat ne vous sied pas ?

-Oh si ! Amplement ! Tu es devenue une très belle jeune femme ! 

Je la vis rougir de plaisir puis m’observant à mon tour, elle me rétorqua :

-Tu ne t’en sors pas si mal toi non plus ! Tu es un homme maintenant et tu ressembles de plus en plus à Papa. Même avec mes hauts talons, je dois te regarder en levant la tête. Et regardez-moi ces abdos et ces muscles ! Tu fais de la muscu ?

-Ouais, juste un peu, lâchai-je évasivement en haussant les épaules.

-Juste un peu ? C’est ça ! Avec un corps comme le tien, tu pourrais volontiers rivaliser avec mes potes mannequins.

-Au lieu de dire des bêtises, vas t’asseoir dans le petit salon pendant que je fais rentrer tes bagages. C’est la pièce juste à ta droite.

La laissant s’installer, j’allai prendre ses valises qui étaient toutes assorties et portaient le sigle d’une prestigieuse maison de maroquinerie et les posai près de l’escalier. Puis je la rejoignis. Assise sur le divan, les pieds nus recroquevillés sous elle et sa capeline posée sur la table basse, elle zappait les chaînes sans trouver une qui arrive à la captiver. 

-Tu veux boire quelque chose ?

-Du jus de fruits si tu en as s’il te plaît.

-Ok ! Donne-moi cinq minutes.

Je fis un aller retour rapide à la cuisine pour prendre la carafe de jus de cocktail de fruits qui était dans le réfrigérateur et un verre.

-Mademoiselle est servie ! 

-Merci ! Hummm c’est bon ! C’est toi qui l’as fait ?

-Non c’est Marisa, ma cuisinière. Elle vient trois fois dans la semaine pour s’occuper de la maison et me faire à manger. Une vraie perle tu verras.

-Je l’aime déjà ! S’écria-t-elle en se resservant.

-Alors sinon ? Quelles sont les nouvelles ?

-Oh rien de grave rassure-toi. Tu me manquais alors j’ai décidé de te faire un coucou.

-Ok ! Maintenant la vraie raison ?

Après un petit rire, elle répondit :

-Bon d’accord. L’agence veut que je m’installe à New York au moins jusqu’au début de la Fashion Week en Septembre. Donc tu m’as dans les pattes pendant les trois mois à venir. Good news non ?

-Je trépigne de joie.

-Mais tu me manquais vraiment hein ! Sinon, je ne serais pas là. Ils voulaient que je m’installe dans un appart qu’ils louent à Soho mais je leur ai dit que je préférais venir rester avec mon Frérot adoré. 

-Ouais ouais c’est ça ! 

Elle pouffa encore de rire.

-Et toi ? La forme ?

-Oui ça va. 

-Hum pas très convainquant. Laisse-moi deviner : une énième dispute avec Cruella ?

-Yélen !

-Ok ok pardon ! Mais c’est ça n’est-ce pas ? J’ai bien vu que tu t’attendais à voir quelqu’un d’autre quand tu as ouvert la porte.

-Eh oui, tu n’as pas tort. Déclarai-je en soupirant. Mais je n’ai pas envie d’en parler d’accord ?

-D’accord ! Moi non plus à vrai dire. Moins je parle d’elle et mieux je me porte.

-Sun…

-Je n’ai rien dit ! Alors, qu’est-ce qu’on fait du reste de la journée ?

-Oh je comptais réchauffer le plat de lasagnes que m’a fait Marisa et m’installer devant la télé…

-Quoi ? Tu rigoles ? Avec ce beau soleil qu’il y a dehors ? Pas question qu’on reste enfermés ici ! Tu m’invites à déjeuner et ensuite, on part faire un tour en ville. On peut par exemple aller au Fort Greene Market flâner un peu et pourquoi pas s’acheter des breloques…

-Il est fermé le dimanche.

-Oh pas grave alors. Nous irons le samedi prochain. On trouvera bien quelque chose à faire. Nous sommes à Brooklyn après tout non ?

-Non franchement, ça ne me dit rien…

-Ok ! Et puis c’est toi qui a raison. Installons-nous confortablement et regardons des épisodes des Kardashians. J’en ai téléchargé toute une saison…

-Euh…Finalement, ton idée est la meilleure ! C’est fou mais j’ai subitement envie de sortir !

Elle éclata de son rire mélodieux. 

-Je savais bien que tu changerais d’avis. Bon, il est 11h30 donc on va se donner environs trente à quarante-cinq minutes pour se préparer. Tu me fais un peu visiter cette magnifique maison d’abord? Papa a vraiment eu l’œil. J’ai toujours rêvé d’habiter dans un brownstone. Quand je pense à New-York, c’est immédiatement à ces habitations auxquelles je pense. 

-Après vous Mademoiselle.

Et c’est ainsi que durant les quinze minutes qui suivirent, je fis le guide en lui montrant tout d’abord la grande cuisine et la salle à manger attenante, qui occupant presque tout le rez-de-chaussée, n’étaient séparées par aucune cloison et donnaient sur la cour située à l’arrière de la maison. Après un petit tour à la buanderie, nous remontâmes au premier étage où était le salon dans lequel nous étions quelques minutes plutôt, une deuxième salle à manger plus grande et une porte derrière les escaliers qui donnait sur les toilettes des visiteurs. Au second, il y avait deux grandes chambres, chacune à une extrémité de l’étage et séparées par un grand salon d’apparat. L’une des chambres étant la mienne, Yélé tomba immédiatement sous le charme de l’autre et ne changea pas d’avis après avoir visité les deux autres qui étaient au troisième étage. Elle trouvait mal approprié de dormir dans la suite principale qui serait sûrement occupée par nos parents s’ils venaient nous rendre visite et quant à la dernière, la décoration correspondait moins à sa personnalité d’après elle. La visite d’acheva enfin sur la bibliothèque située elle aussi au dernier étage et qui me servait de bureau.

-Bon, eh bien je pense qu’on a fait le tour. Rendez-vous au petit salon dans trente minutes ?

-Ok ça marche ! A tout de suite !

Vingt minutes plus tard, douché et vêtu d’un jean et d’un polo aux manches courtes noirs, mes VANS en velours côtelé noir aussi aux pieds, je profitai des dix minutes restantes pour faire une réservation dans un restaurant italien que j’appréciais beaucoup. Les dix minutes écoulées, j’entendis ses pas dans les escaliers. Allant à sa rencontre, je la vis descendre, superbe comme toujours dans une robe chemisier blanche aux manches trois quart qui lui arrivait mi-cuisses et que ceignait une large ceinture, blanche elle aussi et des sandales ethniques. Parée d’un petit sac bleu marine en bandoulière, sa capeline dans une main et sa paire de lunettes dans l’autre, elle était prête pour une sortie détente.

-Je suis prête ! Wouah tu en jettes !

-Tu n’es pas mal toi non plus !

Nous sortîmes de la maison et une fois dans ma Ford, elle me demanda :

-Alors ? On déjeune où ?

-Ce midi, on mange italien. Ça te va ?

-Yeah ! Ça fait trop longtemps que je ne me suis pas fait ce plaisir. Je sens que je vais me régaler. J’espère que tu as pris assez de sous hein !

-Ne t’inquiète de rien. Tout ce que tu as à faire, c’est de te goinfrer !

-J’apprécie de plus en plus cette sortie, s’écria-t-elle en me faisant son plus beau sourire.

Arrivés à bon port, nous descendîmes et nous dirigeâmes vers le restaurant. Nous voyant, Marcello, le patron vint à notre rencontre.

-Bonjour PM ! Comment vas-tu mon ami ? Demanda-t-il en italien en me faisant une accolade.

-Très bien Marcello ! Et toi ? Renchéris-je dans la même langue.

-Oh ça va ! Et qui est cette belle jeune femme qui t’accompagne ? Ajouta-t-il en parlant moins fort. Tu as changé de copine ?

-Mais non ! Cette jeu…

-Cette jeune et belle femme est sa sœur ! Enchantée de faire votre connaissance Marcello ! Appelez-moi Yélé. M’interrompit-elle, un sourire malicieux aux lèvres devant nos mines étonnées.

-Oh je vois qu’en plus d’être magnifique, vous parlez l’italien ! Si je n’étais pas déjà marié, je crois que je demanderais votre main immédiatement à votre frère ! S’exclama Marcello en lui baisant la main.

Yélé rougit de plaisir à ce compliment venant de ce beau et grand rital. La prenant par la taille en un mouvement instinctif, je demandai :

-Quelle table nous as-tu réservé ?

- Une qui est un peu à l’écart comme tu me l’as demandé. Comme cela, vous ne serez pas dérangés.

Conduisant Yélen à la table, je sentais des regards qui nous suivaient, surtout ceux des hommes. Je resserrai mon étreinte autour de sa taille et une fois à notre table, l’aidai à prendre place avant de m’asseoir. Les heures qui suivirent furent exquises. Prétextant une faim de loup, Yélé commanda un repas italien type : nous débutâmes avec de la charcuterie en hors-d’œuvre, suivi de risottos et de gnocchi pris en entrée chaude. Ensuite vint le plat de résistance constitué de Fritto Misto pour elle et d’une Escalope Milanaise pour moi accompagnés tous les deux de légumes. Bien sûr, elle n’oublia pas de demander toutes sortes de fromages goûteux à souhait. Enfin, nous terminâmes avec en dessert un succulent tiramisu qui arracha un sourire béat à ma sœur dès la première bouchée. Attablés autour de tous ces délices, nous discutâmes de tout et de rien, nous racontant des anecdotes que le vin exquis proposé par Marcello rendait sans doute plus drôles qu’elles ne l’étaient en réalité. Yélé qui ne passait certainement pas inaperçue, fut reconnue par plusieurs personnes et accepta volontiers de se prêter à l’exercice des photos et des autographes. Satisfaite de ce repas copieux, elle demanda deux expressos à emporter. Nous complimentâmes Marcello pour ses mets et alors qu’il nous raccompagnait à la voiture, il m’arracha la promesse de revenir très bientôt avec ma sœur. 

-Alors quelle est la suite du programme ?

-Prospect Park ! 

-Oh tu crois que le zoo est ouvert à cette heure ?

-Bien sûr ! 

-Chouette ! Mais faisons un tour d’abord au Brooklyn Botanic Garden.

-Vos désirs sont des ordres Mademoiselle !

Et durant les deux heures qui suivirent, nous déambulâmes, main dans la main d’abord dans le magnifique jardin botanique avec sa variété inépuisable de plantes et de fleurs puis dans le zoo qui fut l’attraction préférée de Yélé. Elle eut là aussi à prendre quelques photos avec des inconnus et je me rendis compte de son assurance et de sa facilité à aller vers les autres. Elle restait toujours bienveillante, plaisantant avec les uns, discutant un peu avec les autres et toujours en leur donnant l’impression qu’elle s’intéressait vraiment à ce qu’ils lui disaient. Constatant que le soleil commençait vraiment à la gêner, je l’emmenai se reposer sous l’un des innombrables arbres dont était pourvu le parc. Adossé au tronc, Yélé vint se poser entre mes jambes le dos contre ma poitrine, soupira en enlevant son chapeau qu’elle déposa sur l’herbe puis me dit :

-Merci beaucoup pour cette sortie magique. J’aurais aimé continuer mais comme tu le sais, le soleil et moi ne sommes pas vraiment amis.

-Nous attendrons qu’il baisse un peu avant de terminer la visite du parc. 

-D’accord. Merci aussi pour la bouffe. Je ne me suis pas autant régalée depuis longtemps.

-Non mais comment fais-tu pour ingurgiter autant de nourriture ?

-Franchement, je ne sais pas moi-même. Pouffa-t-elle.

-En tout cas, j’ai pu constater ta célébrité aujourd’hui !

-Oh arrête ! C’était juste quelques photos. Et il faut dire que je ne passe pas inaperçue avec mes vêtements blancs.

-C’est vrai que tu es presque tout le temps en blanc sur les photos. C’est depuis la pub du parfum non ?

-Oui c’est ça ! Depuis que j’ai fait cette pub pour « Angel », les médias people m’ont surnommé ainsi donc Tracy, mon agent m’a proposé de ne porter que du blanc. Tu sais, pour l’image et tout…

-Oui oui je vois. J’ai adoré cette pub, surtout lorsque ces grandes ailes apparaissent d’un coup derrière toi et qu’ensuite vient ce halo de lumière qui t’enveloppe presque. C’était…

-Wouah ! Je constate qu’effectivement, tu as dû adorer cette pub ! S’écria-t-elle en se retournant vers moi moqueuse. 

-C’est ça, rigoles petite peste ! Répliquai-je en la forçant à s’adosser de nouveau sur moi.

-Tant que je reste ta petite peste préférée, ça me va !

-Tu demeures la Number One !

-Oh quel beau compliment ! Je suis extrêmement flattée !

Nous partîmes d’un grand rire. Puis, reprenant son sérieux, elle me dit d’une voix que je trouvai un peu bizarre sans savoir pourquoi : 

-Tu m’as beaucoup manqué Pierre-Marie. 

Lui donnant un petit baiser sur le haut de la tête, je lui répondis :

-Tu m’as beaucoup manqué Sun.

Je recommençai à lui raconter des anecdotes sur mon boulot jusqu’à ce que je constate qu’elle s’était endormie. La laissant se reposer, je me repassai le fil de cette journée depuis le réveil et j’en vins à la conclusion que finalement, ce dimanche était une belle journée. Quand elle se réveilla, le soleil était beaucoup moins haut. Nous en profitâmes donc pour explorer un peu plus ce magnifique joyau de verdure qui n’avait rien à envier à Central Park. Sur la route du retour, Yélé tint à manger un hot-dog avec la « moutarde de Dijon » me précisa-t-elle. Nous fîmes alors la tournée des vendeurs ambulants avant de trouver enfin « le hot dog parfait ». Je la charriais encore pendant que nous pénétrions dans la maison quand j’entendis :

-Qu’est-ce qu’elle fout ici ?

YELE, Lumière de ma...