Chapitre 11: Les Marques obscures
Write by Lalie308
Galista, de son sourire habituel se tapait les mains d'une manière vigoureuse et enthousiaste. Lysga qui était en face d'elle n'affichait aucune émotion, poing serré, mais visage neutre, dévoilant la profondeur de ses yeux bleu pur, de son nez moyen. Ses lèvres roses étaient posées sur un visage ovale dont la beauté était comme accentuée par la constance noirceur qui s'en dégageait, tel un puit de tourment couvrant un paradis tentant.
— Je suis bouche bée, tu as fait un travail fantastique. Tu as encore plus de potentiel que je le pensais. La tuer dans les bras de sa fille, chapeau !
Lysga serra ses poings plus forts, ses cheveux bruns aux pointes blanches, tombant à l'arrière de son cou.
— Vous savez bien que ça ne s'est pas passé ainsi, soutint-il d'une voix tendue.
Galista haussa les épaules.
— Je retiens que tu l'as tué et que tu es déjà à la quatrième étape. Approche, fit-elle.
Il marcha en hésitant vers elle puis s'arrêta près du tronc de bois dont la surface se comportait comme un miroir. Il vit son visage à travers celui-ci, un visage qu'il n'éprouvait aucun plaisir à observer. La marque sur son front, celles sur ses paupières. Il n'aimait pas ça, ce qu'il devenait. Il regrettait tout d'un coup tout ce qu'il avait fait, il se sentait coupable.
— Que voulez-vous vraiment de moi Galista ? Pourquoi restez-vous enfermée ici ?
— Mon beau Lysga, ne sois pas aussi curieux. J'attends juste notre moment, que tu sois prêt, déclara-t-elle en souriant sereinement.
— Je... commença-t-il quand soudain, Solenna apparut du mur derrière lui.
Il se retourna vers elle, les yeux gros.
— Solenna ? Mais qu'est-ce que tu fous ici ? s'emporta-t-il.
Celle-ci ne posa son regard que sur Galista, sourcils froncés tandis qu'un sourire se dessinait sur les lèvres de celle-ci. Solenna les avait enfin retrouvés à cause du sang sur l'arbre, ce sang avait séché depuis les coups qu'avait infligés son propriétaire à l'arbre.
— Vous avez corrompu ma mère et vous faites du mal à Lysga, siffla-t-elle entre ses dents.
Elle se jeta sur Galista et lui asséna des coups de poing, mais celle-ci la fit projeter contre un des murs. À peine Lysga eut-il le temps d'agir que Solenna se leva aussitôt pour lancer plusieurs éclairs sur Galista après l'avoir éblouie.
Elle était fut assez rapide pour qu'un des éclairs ne brûle la tenue de Galista, puis son bras. Le visage de celle-ci se ferma aussitôt. Elle tapa violemment des mains, Solenna se fit projeter un peu partout dans la cave. Elle marcha en colère vers elle, mais Lysga s'interposa en levant les mains en croix.
— N'osez pas, si vous la toucher, vous pouvez me dire à dieu., menaça-t-il d'un ton ferme.
Galista posa son regard sur Solenna qui se levait douloureusement puis sur Lysga avant de sourire.
— Bien, je le fais pour toi Lysga.
Sans se retourner, il continua :
— Solenna va-t'en !
— Lysga ne fait pas ça, tu peux encore t'éloigner d'elle, supplia Solenna.
— J'ai dit va-t'en ! hurla-t-il si fort que Solenna sursauta.
Elle posa son regard sur Lysga puis sur Galista ; néanmoins elle finit par ressortir à travers le mur. Lysga baissa ses bras pour regarder Galista en respirant bruyamment. Galista, ayant retrouvé son calme, alla s'assoir sur son trône tandis que sa tenue se reconstituait et que ses blessures se fermaient.
*
— J'en ai un peu marre de vos réunions. Trop de paroles et peu d'action, geignit Fiona les bras croisés sur sa poitrine, dans le patio avec les autres.
Brad se tenait un peu à l'écart, encore chamboulé par la perte de Lohita. Même si elle ne l'avait jamais aimé, lui il l'aimait toujours.
— Mais je ne comprends pas une chose, pourquoi arrives-tu à lui résister et pas lui ? demanda Luz à Fiona.
— Je me suis éloignée de vous, c'est à cause de vous qu'il est si vulnérable, cracha-t-elle. J'ai su m'échapper à temps. Je suis aux puissances obscures, mais pas à Galista.
— Et pourquoi es-tu maintenant gentille ? insista Luz. Serait-il possible que tu sois en train de guérir ?
Fiona ne répondit d'abord rien, visiblement outrée. Luz n'avait pas idée des batailles intérieures qu'elle menait pour garder son calme, de tout ce qu'elle traversait mentalement pour garder la tête haute. Les forces obscures étaient là, toujours. Elles ne la laissaient pas. Elle s'était simplement habituée à elles, elle avait compris leur besoin et c'en était un peu immunisé. Elle n'était pas sûre que Lysga y arriverait.
Mais au fond d'elle, elle se sentait de plus en plus libérée des puissances, comme si la volonté lui faisait pousser des ailes. Quelque part, elle avait compris qu'aucun mal ne battrait jamais une âme solide. Pourtant, elle avait mal, les puissances la faisaient atrocement souffrir chaque soir, voilà pourquoi elle ne dormait pas. Elle avait sacrifié sa paix intérieure, sa vie, son sang, son âme.
— Ne parle pas de ce que tu ne connais pas Luz, souffla-t-elle d'une voix blanche.
Luz la considéra pendant un moment, hésitant à parler.
— Très bien, soupira Brad. Maintenant que vous avez fini vos débats, dites-moi qui me ramènera ma fille, ajouta-t-il d'une voix froide.
Au même instant, Solenna débarqua dans le patio, essoufflée. Elle s'arrêta en plein milieu de la pièce, les mains sur ses genoux alors qu'elle était penchée vers l'avant. Fiona fut d'abord surprise de la voir ; elle savait que Galista n'aurait pas de coutume laissé passer une telle occasion.
— J'ai vu Lysga, annonça-t-elle enfin.
— Où ? demanda Cody qui était un peu plus tendu que d'habitude.
L'absence de son fils ainsi que le manque de nouvelles sur l'état de santé de son père n'arrangeaient pas les choses.
— Avec Galista, répondit-elle.
Son regard se posa sur son père, elle le détourna aussitôt. Ce dernier soupira puis marcha vers elle, ignorant la présence des autres. Il la prit tendrement dans ses bras, la tête de Solenna collé à son torse. Fiona roula des yeux, ce qui n'échappa pas à Nerdy qui esquissa un petit sourire moqueur à son égard.
— Ne me fait plus ça Lena, maintenant dis-moi tout, s'il te plait, supplia Brad en serrant sa fille contre lui.
Solenna serra les dents pour ne pas pleurer lorsque son père se détacha d'elle. Il examina son visage qui était marqué par une légère déchirure à proximité de la bouche ; quelques bleus sur ses bras étaient également dévoilés par sa combinaison noire dont les manches longues étaient déchirées.
— Je guérirai bientôt papa, souffla-t-elle pour le soulager.
Étant nelcahumaine, Solenna n'avait pas le même système de guérison que les nelcaliens, c'était beaucoup plus lent, et cela dépendant des blessures.
— Alors des nouvelles ? demanda Fiona.
— Je me suis battue avec elle, mais elle a été trop forte, commença Solenna.
— Mais quelle surprise ! ironisa Fiona.
Solenna posa son regard sur Cody et Luz, voulant clairement signifier à Fiona que ses pics ne l'atteignaient pas.
— Elle lui fait du mal, elle l'utilise comme une marionnette. Lysga avait l'air perdu, désorienté. Il m'a sauvé lorsqu'elle a tenté de me faire du mal, articula-t-elle en souriant légèrement. Je sais à présent qu'elle n'est pas invincible. J'ai réussi à la toucher avec l'une de mes bola di luce (boules de lumière), et ça l'a mis en colère.
— Pourquoi t'aurait-elle laissé en vie ? C'est absurde, remarqua Nalu qui était restée silencieuse. Pour plaire à Lysga ? Elle a déjà le contrôle sur lui, remarqua-t-elle en pleine réflexion.
— Célesta tu as bien dit qu'elle voulait asservir le peuple, n'est-ce pas ? demanda Cody.
— Oui, c'est pour ça que nous l'avions exilée.
— Galista n'aurait jamais laissé la vie sauve à Solenna, elle n'en a rien à foutre des bonnes grâces de Lysga. Elle veut autre chose. Mais quoi, je ne sais pas. Elle m'a également laissée la vie sauve. D'ailleurs, elle va beaucoup trop vite avec Lysga.
Fiona s'arrêta soudainement, comme prise d'une illumination.
— Les étapes. Il faut qu'on empêche Lysga d'accomplir les sept rituels. Il y en a sept et il en déjà fait trois. S'il les termine, c'est fini. Il sera...
Elle se tut, fixant un point invisible en face d'elle, sourcils froncés comme en pleine réflexion.
— Quoi Fiona ? insista Luz.
— Je sais ce qu'elle veut faire avec Lysga, mais je suis sûre que ce n'est pas tout, il y a plus, forcément plus.
— Et que peut-elle ? demanda Nalu.
— C'est toi la gardienne de la lune n'est-ce pas ? Tu n'es pas censé tout savoir ? railla Fiona visiblement agacée.
— Je n'ai pas le don de l'omniscience, je ne suis que la grâce, la beauté et la bonne humeur, minauda Nalu.
— Fiona, grogna Cody.
— Okay, okay. Galista veut faire de lui son pantin, sa main droite. Lysga a un pouvoir trop grand.
Elle marcha dans la pièce, en remuant légèrement sa tête.
— Lysga a des pouvoirs ? s'étonna Célesta.
Fiona leva les yeux au ciel.
— Tout le monde l'a remarqué, je pense, nunuche Célesta. Il contrôle les quatre éléments. Il aurait tout obtenu à ses dix-huit ans, mais Galista force les portes. Si elle le fait faire les sept rituels, Lysga pourra devenir une armure suffisamment forte pour sa propre protection à elle. Je ne sais pas ce qu'elle veut faire de lui, peut-être l'utiliser contre vous, je ne sais pas. Mais c'est insensé, Galista est bien trop puissante. Elle n'a pas besoin de Lysga pour en finir avec chacun de nous. Je me demande comment Solenna a pu l'atteindre aussi facilement.
Ils se regardèrent tous en silence, de plus en plus inquiet et anxieux, sentant la situation leur échapper des mains.
*
Les mêmes petites créatures que celles qui étaient apparues pendant la dispute de Lysga avec sa mère remplissaient la pièce.
— J'avais oublié de te présenter mes disciples, je les ai créés moi-même, déclara fièrement Galista alors que les créatures s'inclinaient en face d'elle.
Lysga les fixa, se demandant pourquoi Galista avait si facilement passé l'éponge sur ce qui venait de se passer.
— Je les ai appelés malatu(souffrance). Ils sont mes alliés pour apporter souffrance et douleur à toutes ces personnes inférieures à moi. Tant que tu seras sage, ils seront là pour toi.
Après quelques minutes de silence, elle reprit la parole en regardant Lysga.
— Sais-tu ce que c'est que l'occultus (occultisme) ? lui demanda-t-elle.
Elle ne lui laissa pas le temps de répondre qu'elle poursuivit :
— C'est l'idéologie qui me définit et qui te définira à la fin des sept étapes. Tu seras une créature complète. Tu sais cher Lysga, nous vivons avec l'invisible, lui apprit-elle.
Elle ouvrit ses paumes et fermant ses yeux et en respirant profondément. Des marques cisaillaient sur sa peau, comme si elle communiquait avec des êtres invisibles qui manifestaient ainsi leur présence.
— Nous nous nourrissons de ces puissances cachées qui nous promettent pouvoir et suprématie, ajouta-t-elle, jouissive.
Elle ouvrit ses yeux ensorcelés qu'elle posa sur lysga en souriant ; elle pencha sa tête sur le côté.
— Les humains croient en un livre saint, la Bible. Ils parlent de bien et de mal, de Dieu et du diable. Ils disent que le diable est un ange déchu. Mais je pense qu'il est malin. Il a vu combien cette race était moindre, incapable et déméritante, comme les nelcaliens d'ailleurs. Lucifer est le diable des humains, et moi, je suis celle de Nelca si tu préfères. Mais à sa différence (elle se toucha la peau doucement), je suis ici : physique, vivante. Et je me nourris de ce qu'il m'offre.
Elle éclata d'un rire rauque et effrayant suivi par les petites créatures qui envahissaient l'endroit. Lysga resta de marbre, sourcils haussés. Soudain les forces en lui se réveillèrent aussi, murmurant dans sa tête.
Leurs murmures mêlés aux ricanements autour de lui étaient insupportables. Il grimaça sans bouger, ferma les yeux pour se contenir, pour ne pas s'effondrer. Lorsque le silence se fit à nouveau, il respira profondément.
— Étape quatre Lysga.
Lysga recula légèrement, les poings relâchés. Son cœur battait anormalement dans sa poitrine tandis que ses facultés l'abandonnaient progressivement. Il voyait constamment flou, avait toujours les membres engourdis et les idées mélangées. Il avait l'impression de cohabiter avec d'autres personnes, des personnes invisibles qui aspiraient toutes ses forces, qui aspiraient sa vie.
— Quoi ? Tu te dégonfles ? demanda-t-elle en souriant. N'oublie pas comment ils t'ont traité, et même cette fameuse déesse Luz. Elle est comme son père, ils ne choisissent que leur foutu peuple. Elle n'en a rien à faire de toi. Fais-moi confiance.
Des forces invisibles lui oppressaient le cœur, l'empêchaient de prendre toute décision cohérente. Galista se leva à nouveau puis marcha vers le tronc d'arbre.
— Qu'avez-vous à gagner dans tout ça ? s'enquit enfin Lysga qui avait retrouvé la parole. Que cherchez-vous Galista ?
Celle-ci se redressa puis se tourna vers lui.
— Comme toi, je réclame mon dû, sourit-elle.
— Et qu'elle est votre dû ? continua Lysga alors que les créatures se retirèrent sous le signe de Galista, disparaissant dans les murs.
Elle traça des cercles sur le tronc qui se transforma en une longue table, lentement, comme une pâte à modeler qui prenait forme.
— Mon dû Lygsa, mon dû, c'est mon dû. Viens là.
Lysga ne bougea pas.
— Quel est votre dû ? reprit-il fermement, déterminé.
Galista fronça les sourcils, le regardant dans les yeux. Les pupilles de Lysga se dilatèrent, ses épaules s'affaissèrent à l'instar de tout son corps qui se détendait.
— Viens là.
Il s'avança par automatisme, absent.
— Quatrième étape. Tu sais, toute chose doit laisser des marques. Je veux que tu acceptes la douleur, que tu la fasses tienne. À présent, tu vas me jurer fidélité, à moi ta reine, à mes frères de l'ombre, à travers l'apposition d'écritures diaboliques sur ta peau.
Une langue de feu au bout bien pointu sortit de la tête de la table. Galista la prit en main sans esquisser la moindre grimace, tandis que sa main brûlait et guérissait.
— Quatrième étape : I marchi scuru (Les marques obscures). Je pose sur ton corps l'acceptation par ta personne de toutes les puissances qui feront de toi un être supérieur. Retire ta combinaison, ordonna-t-elle.
Il obéit, le regard toujours vide. Ses vêtements finirent rapidement au sol, dévoilant sa nudité.
— Allonge-toi.
Il obéit toujours par automatisme, sans volonté. Dès que des menottes encerclèrent ses membres, ses pupilles reprirent leurs formes. Il sursauta, comme réveillé d'un long sommeil puis posa un regard effaré sur Galista qui se tenait près de lui. Elle inscrivit d'abord des écritures illisibles sur son ventre.
Le feu brûlait le ventre de Lysga qui tirait sur les menottes en hurlant de douleur, or aucun mot n'arrivait à franchir sa bouche. Chaque lettre qu'elle dessinait sur sa peau lui infligeait une douleur insupportable, dans sa peau, dans sa tête, dans son esprit. Il voyait des centaines d'ombres noires virevolter au-dessus de lui, riant aux éclats, comme si ce rituel les nourrissait. Dès que Galista en finit, les écritures disparurent, progressivement avalées par la chair de Lysga.
Il suait à grosses gouttes, tremblant. Elle répéta le même manège avec sa jambe gauche. Un voile noir apparut puis disparaissait du visage de Lysga comme des scènes de films qui se chevauchaient rapidement, tandis qu'il hurlait de plus en plus fort. La douleur lui rongeait les os, les forces obscures émergeaient des eaux. Celles de la démence et de l'abandon, de l'oubli et de la soumission.
Les menottes laissaient des traces rougeâtres sur sa peau, telles des griffures. Lorsque Galista s'arrêta, elle toucha de son index sept parties de son corps. Elle recula un peu pour admirer son œuvre. Les menottes disparurent, libérant l'esclave de sa prison. Lysga se recroquevilla, la respiration saccadée et une douleur diabolique se pavanant dans tout son être. Il se releva lentement puis enfila sa tenue sous le regard neutre de Galista.
— J'en ai marre, murmura-t-il en posant enfin son regard sur elle.
Il tremblait debout, parlait avec peu de confidence.
— Marre ? De quoi ? demanda-t-elle en penchant sa tête sur le côté.
— De ça, rétorqua-t-il en montrant la pièce de ses mains, encore tremblant. De vous, ajouta-t-il en pointant Galista du doigt. Vous êtes une vraie malade. Je n'en veux plus de ces pouvoirs, je n'en veux plus. Vous pouvez allez-vous faire foutre, pleura-t-il presque.
Galista haussa un sourcil.
— Nous sommes destinés au même monde Lysga. Qu'importe ce que tu feras, tu me reviendras toujours. Tu es à moi. L'étape cinq est bien simple: ramène-moi ton père. La suite se fera ici.
— Vous êtes sourde ? hurla vertement Lysga. J'en ai fini.
— N'oublie pas Lysga que je peux en finir avec ta mère, ton père ou... cette jeune nelcahumaine que tu protèges tant.
— Ne racontez pas n'importe quoi, vous pouvez faire ce que vous voulez de Solenna, je m'en fous.
Galista sourit légèrement.
— Ah bon ?
— Mais vous n'oserez pas. Vous n'oserez pas toucher à un seul de ses cheveux ou à celui de ma famille.
Galista ne répondit rien, se contentant d'aller s'installer dans son siège puis de fermer ses yeux pour prendre une grande inspiration. Elle avait auparavant laissé la lame sur la table. Lysga, perplexe, observa la table, puis son corps, puis Galista qui ne semblait plus le prêter aucune attention.
*
Ayant passé des heures dans le patio à débattre pour trouver la meilleure formule pour arrêter Galista, l'élite de la planète Nelca était à bout. Aucune solution réelle n'en était sortie. Fiona était devenue muette au fil de la discussion, les observant et les écoutant sans parler. Ils espéraient pourtant qu'elle serait celle qui résoudrait tout, puisqu'elle semblait le mieux connaître Galista. Alors qu'un silence pesant régnait sur eux, des pas lourds résonnèrent lentement puis ils se tournèrent tous vers lui.
— Lysga ? s'exclama Luz, les yeux gros.
Il se rapprocha d'eux, son regard neutre posé sur Solenna et personne d'autre. Il n'avait pas envie d'entendre leur jugement, de le lire dans leurs yeux. Elle était la seule qui ne le jugeait pas. Mais à présent, même le regard de Solenna lui murmurait une chose: Tu as décidé et maintenant tu sers le mal, tu es le mal.
— Je suis parti, je... j'ai laissé Galista, déclara-t-il avant de porter son regard sur les déchirures de vêtements de Solenna.
— Elle t'a laissé partir et en plus ces sauvages de nelcaliens et humains t'ont laissé venir jusqu'ici? s'étonna Fiona qui semblait avoir retrouvé la parole.
— Je me suis caché pour que les habitants ne me voient pas. Oui, Galista m'a laissé partir.
Il ne releva pas ce qu'elle lui avait demandé avant de partir, de toute façon, il ne ferait jamais une chose pareille. Personne n'osa dire ce qu'ils pensaient bas: Galista ne l'aurait jamais laissé partir ainsi, elle avait bien quelque chose derrière la tête, et peut-être que Lysga leur tendait un piège. Luz balaya rapidement l'idée de sa tête pour marcher vers son fils. Elle palpa son visage, l'examina avec l'inquiétude d'une mère avant de le prendre dans ses bras.
— Pardonne-moi Lysga, souffla-t-elle. Pour tout.
Une douceur se déploya dans l'être de Lysga pour faire taire toutes les ombres en lui tandis qu'il inspirait à s'en crever les narines le parfum si délicat de sa mère. Il avait toujours mal, demeurait confus; mais au moins, il se sentait bien, là avec elle, avec sa mère.
Lorsque Luz se détacha enfin, Lysga nettoya la larmichette au coin de l'œil de sa mère avant de s'efforcer à esquisser un sourire qui se voyait à peine. Lysga posa involontairement son regard sur Brad qui semblait trop calme, ce dernier ne dit rien, se contentant de quitter la pièce. Personne ne le retint. Nerdy fut le suivant à s'avancer vers Lysga de son air neutre habituel.
— Je t'ai à l'œil, le menaça-t-il avant de se rapprocher un peu plus de lui. Bienvenu et tu me dois un face à face en guise de revanche.
Lysga hocha simplement la tête avant que Nerdy ne quitte la pièce. Nalu s'avança également timidement vers lui puis s'inclina:
— Gilma.
— Nalu. J'aurais besoin de quelques cours pour gérer tout ça, je crois.
— Avec plaisir mon gilma, fit-elle avec un grand sourire. Bon si vous voulez bien m'excuser, je dois aller faire mon petit spectacle de danse.
Lorsque Cody se rapprocha de lui, une tension incroyable lui serra les tripes. Il avait peur d'obéir à Galista et de trahir son père. Celui-ci lui tendit une main qu'il serra rapidement. Puis Luz et Cody se retirèrent après avoir lancé un regard à Lysga puis à Solenna. Fiona, elle resta là sans bouger. Solenna remarqua les traces sur les poignets de Lysga. Avant qu'elle ne puisse ouvrir la bouche, Fiona parla :
— Tu as franchi l'étape quatre, je suppose, avança-t-elle en observant ses poignets.
— Je ne l'ai pas voulu, elle m'a hypnotisé, répliqua-t-il amèrement.
— Et voilà le souci : elle peut faire ce qu'elle veut de toi. J'ai demandé à ta mère de me laisser gérer ça parce que les forces maléfiques ce n'est pas trop son truc donc tu feras comme je te dis capisce ?
Lysga hocha la tête.
— Elle peut te contrôler comme elle veut, quand elle veut. Mais puisque tu es un loin d'elle, elle pourra difficilement le faire tant que tu ne piques pas une de tes crises de bougre. Déjà, reste autant que possible avec nunuche 2, déclara Fiona en pointant du menton Solenna. Je dois trouver un moyen de montrer à cette connasse de Galista que je peux détourner ses plans.
— Tu vas bien? demanda Solenna en prenant une main de Lysga dans la sienne pour analyser sa plaie.
Il baissa sa garde pendant quelques secondes en posant sur elle son regard, alors qu'elle scrutait son poignet. Soudain, il l'arracha brusquement.
— De quel droit as-tu osé débarquer là ? Elle t'aurait tué, railla-t-il en colère.
— Je voulais t'aider, rétorqua-t-elle, agacée. Ferme là pour une fois s'il te plait, geignit-elle finalement.
Fiona esquissa un petit sourire en coin, ravie que Solenna cesse de se laisser marcher dessus. Lysga se contenta de l'observer, surpris par son soudain cran.
— Je suis contente que tu sois de retour, ajouta Solenna, plein sourire aux lèvres.
Lysga se concentra pour dissimuler au maximum toute la douleur qui le turlupinait. Il voulait simplement essayer, essayer de se détacher de toutes ces ombres qui s'étaient liées à lui, depuis le sein de sa mère.
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Hello! L'œil bleu est enfin de retour! Pour m'excuser pour cette longue absence, un bien complet chapitre avant d'entre dans le vive de l'histoire.
Merci de lire, voter et commenter.
Lalie