Chapitre10: Regret

Write by Lalie308

Cody se réveilla difficilement avec quelques grognements inaudibles. La douleur à sa jambe demeurait moyennement, lui rappelant rapidement les derniers évènements. Il se redressa soudainement en sursaut puis posa son regard sur Luz qui était à genoux au sol, les mains posées près de son corps et des larmes mouillant ses joues, son cou et sa tenue. Elle ressemblait à une âme errante, au vestige d’une lumière éteinte, brisée, terne.

            — Luz? fit-il en se rapprochant doucement d’elle, rassuré de pouvoir marcher.

            Il grimaçait au fur et à mesure qu’il s’avançait à cause de la pression sur son pied blessé.

            — Je ne savais plus quoi faire Cody… Il l’a tué, mon fils est un meurtrier… je…

            Cody, de plus en plus perdu, fronça les sourcils. Les paroles incohérentes de Luz lui parvenaient comme une chanson aux paroles floues. Son regard perdu dans le vide, était rempli d’incompréhension et de culpabilité.

            — Mais qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? s’insurgea vertement Fiona qui venait de pénétrer dans la pièce.

            — Fiona ? s’étonna Cody en levant son regard vers elle.

Fiona se rapprocha d’eux, les traits tendus par la colère. 

              Lysga a tué Lohita et sa mère l’a fait enfermer dans une des prisons du village, des prisons qui ne sont même pas utilisées, annonça Fiona de la manière la plus simple possible.

            Luz se leva en titubant, des vertiges la turlupinant puis posa son regard sur Cody qui la regardait d’un air ébahi, sourcils froncés.

              Tuer ? Tuer Lohita ? La Lohita qui est la mère de Solenna ? Tuer comme tuer ? bafouilla-t-il, les yeux gros, soudainement essoufflé.

            Luz hocha maladroitement la tête puis nettoya ses larmes du revers de la main.

            — Je le fais pour le protéger… expliqua-t-elle doucement. Et il ne faut pas que Brad puisse le voir.

            — Le protéger dis-tu ? Tu te rappelles de cette fois où Peter t’a fait emprisonner ? Hongust voulait aussi te protéger n’est-ce pas ?

            — Ce n’est pas pareil, répliqua froidement Luz en se tirant les cheveux.

            Cody fit les cent pas dans la pièce, préoccupé. Il était resté silencieux face au choc de la nouvelle, mais avait finalement retrouvé ses esprits.

            — Lysga a tué quelqu’un ? demanda-t-il de nouveau, déconcerté.

            Fiona leva ses bras puis les baissa en secouant sa tête.

            — Tu viens de commettre une autre erreur, il se tournera encore vers Galista.  Tu es une mère indigne, cracha Fiona à Luz.

            — Moi une mère indigne ? Mais que sais-tu de tout ça Fiona ? Tu as toujours été seule et égoïste, tu…

            Cody se plaça rapidement derrière Luz puis lui bloqua la bouche de sa main libre.

            — Il vaudrait mieux éviter d’aggraver les choses.

            — C’est pourtant vers moi que ton fils s’est toujours tourné, termina Fiona en croisant ses bras sur sa poitrine. Lorsque ses cheveux seront d’un blanc pur, ses yeux et son cœur, en harmonie, d’un noir pur, là tu sauras que tu as perdu ton fils, à jamais.

*

            Lysga se tenait dans la prison du village. C’était une grande grotte, les barreaux de sa cellule étaient faits d’un bois extrêmement solide avec des nuages noirs. La cellule se trouvait sur une petite tour circulaire entourée d’un fausset dans lequel se trouvaient des vers de terre géants. Lysga était debout, immobile, les bras le long de son corps, fixant un poing devant lui. Solenna émergea du dessin d’un croissant de lune blanche planté dans le mur, elle s'arrêta à quelques mètres de la cellule circulaire. Ça faisait une journée que Lohita avait été tuée, une longue journée durant laquelle Solenna avait pleuré toutes les larmes de son corps, et même celles de son âme. Son père quant à lui, s’était retiré après sa menace, puis plus rien. Le sang se trouvait encore sur les mains de Solenna, sa tenue, son visage, son cou, ses cheveux.

            — J’ai toujours été la seule à croire en toi, la seule à voir le bon en toi, commença-t-elle doucement tandis que Lysga ne bougeait pas d’un poil. Je me suis opposée à mon père, à mes principes pour toi, j’ai même essayé de devenir une personne plus forte pour toi. (Elle marqua une pause en esquissant un petit sourire au coin des lèvres.) Et qu’as-tu fait pour moi Lysga? (Elle marqua encore une pause.) Tuer ma mère, tuer ma mère en face de moi, fit-elle en tremblant légèrement, la voix secouée par l’émotion.

Elle regarda ses mains avant de poursuivre :

— Elle est tombée dans mes bras, elle s’est vidée de son sang en face de moi.

Solenna posa encore son regard sur Lysga qui ne lui en accordait pas un seul, les poings serrés.

— Tu as tué ma mère Lysga ! s’étrangla-t-elle tandis qu’une larme dévalait sa joue.

Elle semblait partagée : partagée entre l’envie d’envoyer Lysga au diable pour venger sa mère et cette attraction incongrue qu’elle avait pour lui, pas de l’amour ou un sentiment semblable, mais quelque chose d’incompréhensible, comme une chaîne qui les reliait. Et elle savait au plus profond d’elle que Lysga ressentait cette force aussi. Quoique, lorsqu’elle le regardait, elle voyait qu’il y avait bien plus d’une force qu’il pouvait ressentir. Elle se téléporta de l’autre côté du donjon rempli de vers, sur les quelques centimètres de terre qui entourait la prison de Lysga, une plaque lumineuse apparut derrière elle, comme pour la protéger contre les attaques des vers géants. Elle se jeta sur les barreaux, les secoua de toutes ses forces en hurlant.

— Pourquoi as-tu fait ça ? Pourquoi Lysga ? demandait-elle en larmes, sans obtenir de réponse.

Elle se calma un instant puis réapparut là où elle était auparavant, elle rebroussa chemin pour sortir de la grotte. Elle avait bien trop mal, une douleur insupportable lui rongeait les os, elle devait s’en aller, loin de lui, même si au fond, elle savait qu’elle reviendrait toujours.

— Lena… souffla Lysga.

Elle s'arrêta brusquement, puis se tourna vers lui, en silence.

— Elle… Elle voulait te tuer, confessa-t-il en posant enfin son regard sur elle.

Les ongles de Lysga étaient soudainement noirs, les marques sur ses paupières s’accentuaient. Il ne put s'empêcher de l’admirer un peu plus qu’il ne le devait, s’attardant sur chaque parcelle de son visage.

— Galista me l’a dit, ajouta-t-il.

— Et tu fais confiance à cette Galista ? demanda Solenna en fronçant les sourcils. Ce n’est pas celle qui a voulu éliminer tous les nelcaliens ? Celle qui te fait souffrir ? 

— Ta mère me l’a confirmé. Elle a dit qu’elle devait ramener à la vie le seul homme qu’elle n’avait jamais aimé. Elle avait la marque du premier rituel sur sa cuisse ; elle voulait te sacrifier.

La voix de Lysga était blanche, sans émotion, mais chacun de ses mots transperçait les tympans de Solenna qui perdait de plus en plus son calme, sa tête. Elle cligna plusieurs fois des yeux puis se passa une main nerveuse dans les cheveux.

— Je te jure que c’est vrai, ajouta Lysga un peu plus bas.

Solenna était confuse, perdue. Mais si elle savait une chose de Lysga c’était qu’il ne mentait pas, il disait toutes les vérités, les plus blessantes surtout. Elle se tu, observa le sol, à court de mots. Sa mère voulait la tuer, et Lysga a tué sa mère. Sa mère voulait la donner en sacrifice, pour ramener un nelcalien qu’elle disait aimer. Alors qu’elle avait pensé que sa mère aimait éperdument son père. Lysga posa son regard sur les mains de Solenna, sur le sang de Lohita. Il eu l’illusion de voir Lohita se jeter sur sa fille, lui déchirer la gorge. La noirceur dans son cœur augmenta, il serra les poings pour se contenir, mais les chuchotements se déclenchaient. Il vit ensuite le bois traverser la poitrine de Lohita, puis la vit s’effondrer au sol. Ses yeux devinrent sombres, et le blanc monta encore plus dans ses cheveux. Les marques se dessinaient sur ses bras puis disparaissaient puis se dessinaient puis disparaissaient, et ainsi de suite. Chaque fois qu’elles se dessinaient, c’était comme des lames chauffées qui transperçaient la peau de Lysga, c’était douloureux. Il fit soudain dos à Solenna. Celle-ci ne posa aucune question, se contenant de sortir de la prison.  

*

— Laissez-moi le voir, siffla Brad entre ses dents près du corps de Lohita.

Ils se trouvaient dans le patio, le corps de Lohita était allongé sur un grand nuage blanc au centre la pièce. À leur mort, les cheveux blancs des nelcaliens prenaient une teinte noire, comme une lune qui s’éteignaient et leur peau, une couleur jaunâtre. 

— Pourquoi ?

Il se tourna violemment vers Luz, en grinçant des dents.

— Pour qu’il me dise pourquoi il a tué ma femme.

Un éclat s’était éteint dans le regard de Brad, il semblait vidé, à bout. Comme si on lui avait arraché une partie de sa personne.

— Moi je sais.

Ils se tournèrent tous vers Solenna qui venait d’entrer, moins lumineuse que d’habitude, plus sombre. Elle n’ajouta pas un seul mot, se contentant de se rendre près du corps de sa mère. Elle leva la robe blanche qu’on lui avait enfiler pour découvrir la marque qui n’avait pas changé, comme une blessure non cicatrisée. Elle ouvrit la bouche, le cœur serré, le souffle coupé. Elle porta sa main à son cœur, laissant la robe montée jusqu’à la hanche de sa mère. Des larmes brûlaient ses yeux, elle qui pensait ne plus en avoir.

              Que sais-tu Solenna ? demanda Nalu qui était la seule à encore prononcer un mot face à l’expression de Solenna.

            — Je… Lysga m’a tout raconté, répondit-elle, le regard fixé sur le cadavre en face d’elle. Elle... voulait me sacrifier, pour, un sanglot déchira sa gorge et elle se tu.

            — Lysga ? Tu es allée le voir ? s’écria Brad en s’avançant, mais Nerdy le retint en arrière.

            Fiona se rapprocha d’elle pour à son tour poser son regard sur la plaie. Ça fit tilt soudain dans sa tête. Elle comprit comment Galista avait pu s’échapper, et qui était cet intrus qu’elle avait tant suspecté. Seule une personne extérieure aurait pu libérer Galista de sa prison.

            — Cette marque, Galista, souffla Fiona en plissant les yeux, les bras croisés sur sa poitrine. Vous vous êtes fait avoir en beauté et j’avoue que moi aussi, annonça-t-elle d’un ton quelque peu sarcastique.

              Mais de quoi tu parles ? demanda Brad, de plus en plus nerveux.

            Un mélange malsain d’émotions se répandait dans son corps, il ne savait plus où il était, qui il était et ce qu’il devait faire. Celle pour qui son cœur battait si fort était allongée en face de lui, sans vie et sans cœur, plus aucun cœur qu’il pourrait espérer faire battre pour lui. Solenna ouvrit enfin sa bouche puis leur raconta ce que lui avait dit Lysga.

— Et tu le crois ? Et tu le crois ? Lena ?  s’indigna Brad, blessé d’entendre ces paroles-là, d’entendre que sa Lohita ne l’aurait jamais aimé.

— Eh bien, elle avait bien une idylle passionnée avec un nelcalian Duils, mais il est mort pendant la guerre. Mais je conçois mal que Lohita puisse faire une chose pareille, annonça Célesta, toute aussi surprise qu’eux tous.

  Vous ne voyez pas qu’il ment ? s’insurgea Brad en se passant une main nerveuse dans les cheveux. 

— Lysga ne ment pas, mettez-vous ça dans le crâne. Il n’a pas assez de classe pour, fit Fiona en balançant ses cheveux sur ses épaules, ce qui eut le don d’agacer ses compagnons, qu’elle puisse rire dans un moment pareil.

Fiona ne trouvait aucun intérêt à Lohita, et savoir ce qu’elle savait d’elle à présent, la rendait encore plus antipathique à la morte.

  Elle a la marque sur elle. Elle voulait sûrement plus de pouvoir, voler le trône ou un truc du genre pour pouvoir ramener ce fameux Duils, ajouta-t-elle plus sérieusement. Et c’est moi qu’on appelle méchante, remarqua-t-elle en secouant sa tête.

Brad posa son regard sur Lohita puis sur les autres puis se mit à courir hors de la pièce.

— Brad ? Brad ? Tu vas où ? lui demanda aussitôt Cody en le talonnant.

Cody boitait encore un peu, les autres les suivirent.

— J’en ai ma claque. Vous croyez à ses mensonges. Lohita, ma Lohita ne ferait pas ça, geignit-il en pressant le pas.

Lorsqu’ils furent tous, excepté Solenna, près de la prison, Cody retint le bras de Brad.

            — Calme toi Brad, et si Lysga disait la vérité ?

            — Tu penses qu’il dit la vérité ? Non. C’est impossible. Lohita m’aimait, s’insurgea-t-il, en sanglots.

            Il s’arracha violemment à l’emprise de Cody puis traversa l’autre croissant de lune de l’extérieur pour apparaître par celui de l’intérieur, accompagné des autres. Ils découvrirent avec stupéfaction, les barreaux de la prison écartés, et les vers brûlés.

            — Il s’est échappé, hurla Brad. C’est de votre faute.

            Puis il se tourna vers Solenna qui venait de pénétrer la pièce, les larmes mouillant ses joues. Il ne se contrôla pas lorsqu’il la retint par les bras en la secouant.

            — Tu l’as aidé à s’échapper, n’est-ce pas ? Tu le préfères à ta propre mère ? cria-t-il si fort que les veines de sa gorge battaient.

            Solenna s’arracha tout aussi violemment à son emprise.

            — Comment peux-tu me dire ça papa ? Tu ne sais pas à quel point ça me fait mal de la savoir morte ! Et encore plus de savoir qu’elle m’aurait préféré à sa place, cria-t-elle en sanglotant.

            Les blessures encore nouvelles sur son cœur s’ouvraient plus grandes, plus saignantes. Elle sortit en trombe de la grotte puis courut vers sa chambre. Tous les habitants qui se trouvaient dans le village avaient enfin été mis au courant de la nouvelle, ils se retiraient tous, restaient dans la plus grande discrétion, se cachaient, effrayés de voir apparaître Lysga qui pourrait leur faire du mal. Brad qui respirait bruyamment rencontra le regard des autres dans la grotte puis sortit à son tour pour aller vers une des montagnes du village. Là, des larmes dévalèrent ses joues, il se sentait impuissant, trahi. Il refusait de croire ce que disaient les autres, refusait de croire qu’il avait été aussi aveuglé, qu’il n’avait jamais connu ces fameuses réelles intentions de Lohita, refusant de croire qu’il aimait un être qui ne lui avait jamais accordé une vraie considération, et pire un être qui aurait été capable d'ôter la vie à sa propre chair, à la prunelle de ses yeux.

            — ça fait mal les trahisons, surtout quand elles viennent des personnes pour qui on aurait tout donné.

            Initialement à genoux, Brad baissa son regard sur Nalu qui se trouvait à ses côtés.

            — Mais Brad, tu as un cœur rare, un cœur beau. Et ta fille n’a fait qu’hériter de ça. Ce n’est pas le moment de la monter contre toi ou elle fera des stupidités. C’est le moment de la chérir. C’est à toi d'être fort. Je sais que ça te fait mal, mais crois moi, pour avoir vu défilé des milliards de vie depuis la lune, qu’aucune douleur n’est insurmontable. Comme une blessure, elle peut laisser des cicatrices à vie, mais au moins, tu peux la soigner. Lohita n’était pas une mauvaise personne, juste une femme désespérée et Galista en a profité.

            Brad écoutait attentivement Nalu, quelque chose en elle inspirait le calme et la confiance.

            — Tu crois vraiment que ta fille ne connaît pas le vrai Lysga ? Je pense que c’est celle qui le connaît le mieux.

            Brad ne répondit rien, se contenant de respirer calmement. Il avait pourtant envie d’hurler, d’arracher son propre cœur de sa poitrine pour ne plus avoir mal. La douleur proliférait encore plus vite que les cellules de son organisme, comme des cellules cancéreuses en pleine métaste. Nalu prit lentement sa main, puis une série d’images défila devant Brad.

            (Flashback)

            Lysga était debout près de la rivière du village, il avait encore huit ans. Des ombres noires se déplaçaient autour de lui tandis qu’il était recroquevillé sur lui-même, en sanglots. Comme si ces ombres l'empêchaient de bouger en l’emprisonnant. Dès que Solenna le vit, elle courut vers lui, ses cheveux se balançant sur sa tête.

            — Lysga !

            Les ombres disparurent aussitôt. Elle s’assit près de lui et posa un regard compatissant sur un Lysga renfermé sur lui-même, au bord des larmes. Il semblait porter sur ses épaules un poids trop lourd.

            — Ils ne me laissent pas, murmura-t-il en observant l’eau.

            — Qui ?

            — Eux, répondit-il en regardant autour de lui. Ils parlent pour moi, ils prennent ma place, ajouta-t-il plus bas, comme s’il avait peur que ces choses dont il avait peur l’entendent.

            — Je vais t’aider à les battre, lui promit Solenna en lui prenant la main avec son sourire de fillette qui éveillait la sérénité et la paix dans le cœur de quiconque le voyait.

            — Ils te feront du mal, et je ne veux pas qu’ils le fassent. Tu es ma seule amie, chuchota Lysga. Je te déteste, mais tu es ma seule amie, ajouta-t-il.

            Solenna se contenta de l’observer longtemps, puis un sourire se dessina à nouveau sur ses lèvres.

*

            Brad redressa sa tête, en observant le paysage en face de lui.

            — Ta fille connaît le cœur de Lysga. Cette fois-là, elle a été capable d’éloigner les effets de Galista ne serait-ce que pour quelques secondes. Mais Lysga reste têtu et susceptible. Chaque fois que les gens n’ont pas su le comprendre, Galista s’est immiscée dans son esprit. Et là, je pense qu’il est tard.

*

            Tous ceux qui étaient présents dans le village étaient rassemblés autour de la grande boule géante qui s’éleva dans les airs puis s'arrêta en hauteur pour s’ouvrir sous forme d’un plateau dont les remparts apparurent ensuite. Luz, Cody et Célesta s’y trouvaient.

            — Cher peuple, nous sommes affligés par les derniers évènements. Mais je vous assure que tout s’arrangera, commença Luz avec tout le semblant d’assurance possible.

            — Glami, u to figliolu hè un mostru (Glami, ton fils est un monstre), s’écria un nelcalien.

            — Non il n’est pas un monstre, il est juste perturbé. Soyez patients.

— Tu dois le bannir, hurla un autre.

Puis une clameur sourde se répandit dans la cour, tous donnaient leur avis de manière satirique, ne concevant pas que Lysga puisse demeurer parmi eux. Fiona roula des yeux avant de se mettre à marcher vers la forêt quand Solenna courut vers elle.

— Fiona, il faut que tu me dises où il est, fit-elle directement.

Fiona leva un sourcil puis se posa derrière un arbre, Solenna la suivit.

— Tu vas te faire tuer comme un insecte, fit Fiona, d’un ton calme et arrogant.

— Personne n’est capable ici de l’aider, alors je préfère savoir que je fais au moins quelque chose.

Fiona roula des yeux en croisant ses bras sur sa poitrine.

— Pendant des années tu as joué la psychopathe en lui courant après et lui parler de ton monde de caramelle (sucettes) et de bisounours, mais ça ne fonctionne pas ainsi petite idiote. Tu ferais mieux de rester à ta place et de laisser Lysga s’en tirer seul.

Un rire nerveux s’échappa de la gorge de Solenna.

— S’en tirer seul ? Tu n’en as même pas été capable toi, comme le pourrait-il lui avec toute sa colère ? rétorqua-t-elle d’un ton un peu trop élevé.

Fiona la considéra pendant un moment, l’expression neutre. 

— Il y a un arbre dans la forêt qui dégage une aura particulière, c’est celle-là la porte. Tu te débrouilles pour la retrouver et je n’aurai absolument pas ta mort sur ma conscience, cracha Fiona.

— Bien, rétorqua Solenna. Je pensais qu’ayant vécu pareil, tu serais d’une meilleure aide, mais apparemment tu es comme eux.

Fiona attrapa violemment son bras et la tirant vers elle.

— Tu ne me connais pas Solennidiote, siffla-t-elle.

Solenna retira son bras.

— Et toi non plus tu ne te connais pas, répliqua-t-elle avant de s’en aller.

Fiona resta sur place pendant des minutes avant que Nerdy ne s’approche d’elle. La foule s’était dissipée de l’autre côté après que Luz ait prononcé plusieurs paroles qu’elle n’avait pas pu entendre. Elle croisa ses bras sur sa poitrine en posant un regard dur sur Nerdy.

— Signore chì vole u tronu, cumu sò i vostri passi (Monsieur qui veut le trône, comment avancent vos démarches ?)

Nerdy se plaça en face d’elle, d’un ton neutre, il répondit :

— J’abandonne. Je n’ai pas envie d’une responsabilité aussi toxique. Et puis Luz, j’en ai définitivement marre d’elle.

Fiona leva un sourcil.

  Aussi vite ? Quel lâche tu fais !

— Dis ce que tu veux, je m’en fous. Mais franchement, je suis revenu à la raison, et puis avec comment avancent les choses, il ne restera bientôt plus personne sur cette planète pour qu’il y ait même de dieux.

— À qui le dis-tu, soupira Fiona.

— Où est Solenna ? demanda enfin Nerdy en regardant autour de lui.

— Pourquoi tu me le demandes ? Je suis une gardienne pour nunuche ?

— Je l’ai vu te courir après, déclara-t-il avant de poser un regard intense et légèrement menaçant sur elle, alors où est-elle?

            Ils s’affrontèrent du regard pendant un long moment avant que Fiona ne parle enfin :

            — Elle s’est mise en tête de libérer son prince charmant, railla-t-elle d’une voix sarcastique.

            — Quoi ? Et tu la laisser faire ? s’exclama Nerdy en faisant les gros yeux.

            Elle haussa les épaules.

            — Si elle tient tant à rejoindre sa mère, c’est son choix.

            Nerdy se saisit de son bras qu’il empoigna fermement, leurs visages n’étaient qu’à quelques centimètres l’un de l’autre.

            — Arrête de jouer avec cette histoire. Tu penses que c’est un jeu.

            Fiona fronça durement les sourcils et les muscles du poignet de Nerdy claquèrent, le poussant à retirer sa main en grognant.

            — Je sais mieux que quiconque que ce n’en est pas un. Mais moi je ne mettrai pas les pieds là, répondit-elle. Et Galista ne pourra jamais la contrôler elle de toute façon.

            — Tu y est bien allé une fois avec Lysga non ? Et pourquoi reste-t-elle enfermée là ? N’est-elle pas si puissante ?

            — Galista n’est pas idiote. Elle anticipe chacune de nos actions. Elle a des raisons bien définies pour ne pas encore se montrer. J’y suis allée une fois et c’était la dernière. Je n’y vais plus, rétorqua-t-elle inconfortablement.

            Nerdy la considéra pendant un moment avant de hausser ses sourcils, comme s’il avait eu une illumination.

              Tu as peur, puis un sourire se dessina à la commissure de ses lèvres. Toi Fiona tu as peur ? C’est une nouveauté dis-donc.

            Elle le gratifia d’un regard noir. Nerdy prit soudainement sa main dans la sienne, ce qui prit d’abord Fiona de court. Elle retrouva certes ses esprits en s’écartant légèrement, mais ne retira pas sa main.

            — Et j’ai aussi peur, on a tous peur. Ùn aghju micca (Ne t’inquiète pas), même peureuse tu restes une vraie sorcière, continua Nerdy en esquissant un léger sourire.

            Fiona roula des yeux, mais ne put empêcher le petit sourire qui se dessina sur ses lèvres. Ils se rendirent dans le patio où se trouvaient Luz, Cody et Célesta. Dès qu’ils entrèrent, un froid fut jeté dans l’assemblée. Le corps de Lohita n’y était plus depuis quelques heures.

            — J’ai deux choses à dire, commença directement Nerdy. Première chose : désolé pour mon comportement. J’ai agi comme un vrai imbécile. Mais j’ai juste été idiot avec mon obsession pour Luz et ce trône. Franchement, je n’en veux plus. Et dernièrement, Luz n’a fait que me décevoir.

            Luz détourna son regard.

            — Mais je la comprends. Ça ne doit pas être simple de gérer Lysga. Mais je sais qu’elle s’en sortira comme elle a toujours réussi à le faire.

            Puis un petit sourire se dessina sur ses lèvres tandis qu’il regardait Luz. Cette dernière laissa enfin son sourire apparaître.

            — Hala, où est Solenna ?

            Ils se tournèrent tous vers Brad qui venait d’entrer dans la pièce, le visage toujours aussi pale.

            — Et voilà la deuxième chose… Solenna a rejoint Lysga.

L'histoire que vous lisez

Statistiques du chapitre

Ces histoires vous intéresseront

L'ŒIL BLEU