Chapitre 11: Rétro

Write by Lalie308

« Rien ne se cache sous le soleil ». Mais lorsque la lumière du soleil éclaircit enfin nos ombres, est-on réellement prêt à en affronter les éclats ? Cody fronça les sourcils, ne revenant pas encore au sujet sur lequel ils se glissaient. Son cœur se mit à battre anormalement et il avait soudain très chaud.

— P... Pardon ? s'étrangla-t-il.

Hongust gardait son expression fermée, ses deux mains posées sur la table.

— Tu as bien entendu. Je veux que tu me dises ce qui arrive à ton père, il a un problème ? Il va à l'encontre de mes ordres et fait du n'importe quoi ces derniers temps, annonça-t-il.

Cody souffla, Hongust n'avait toujours pas idée de quel type d'homme était Paul Jones. Cela surprenait davantage Cody qui trouvait Hongust bien trop intelligent pour laisser passer ça.

— Euh, je ne sais pas, répondit-il. Vous avez oublié que je ne le fréquente plus vraiment.

— Je sais. Pourquoi déjà ?

— Je suis assez grand pour ne plus vivre sous la jupe de mon père, affirma Cody.

Hongust ne répondit rien, Cody s'interrogeait sur ce qui se passait réellement dans sa tête.

— Axa vous manque n'est-ce pas ?

Il voulait changer de sujet et se demandait s'il n'avait pas viré sur un terrain encore plus glissant.

— À ton avis, soupira-t-il.

Cody avait de la peine pour Hongust. Il était en de très mauvais termes avec Axa et voilà qu'elle s'était volatilisée. Cody avait toutefois une certitude, elle avait retrouvé les nelcaliens. Pour ça, il était plutôt heureux et fier d'elle.

— Et je sais qu'à toi aussi, continua Hongust.

Cody ne répondit rien, Hongust se leva et marcha nerveusement dans la pièce.

— Tu connais encore mieux ma propre fille que moi et vous êtes amis depuis quand ? Même pas deux mois. Je suis si indigne d'elle, se lamenta-t-il.

Hongust avait l'air de vraiment s'en vouloir. Il était rongé par la culpabilité et les remords. Selon lui, s'il avait tout avoué à Axa, elle lui aurait pardonné et sinon il aurait au moins essayé. Il estimait que des regrets auraient mieux valu mieux que les remords qui le rongeaient. Une quinte de toux et des vertiges se saisirent soudain de lui. Il tomba rapidement au sol sous l'air paniqué de Cody qui n'avait jamais vu autant de vulnérabilité chez Hongust. Ce dernier crachait à présent du sang et semblait mal en point. Il contacta rapidement l'équipe de secours qui débarquait en un claquement de doigts. Ils l'escortèrent à l'hôpital et il fut pris en charge. Hongust était finalement allongé, brûlant de fièvre. Il y avait dans la pièce le docteur Ben, une infirmière, le Père de Cody et Cody. Le docteur, l'expression dépitée, soupira tristement puis se tourna vers Cody.

— Les nouvelles ne sont pas bonnes. Le lieutenant est condamné.

*

Quelques jours étaient passés et Axa avait appris à mieux connaître les nelcaliens qui étaient des êtres très attachants. Elle se sentait enfin chez elle, plus d'hypocrisie gratuite et de haine à bout de champ. Juste la paix et la sérénité. Elle n'avait subi aucune nouvelle attaque possessive et blâmait les humains pour tout le mal qu'elle avait auparavant ressenti. Les nelcaliens l'acceptaient eux, enfin presque. Puisque la vie aussi belle que la rose présenterait toujours des épines. Elle lisait toutefois une sorte de réticence chez les nelcaliens et comprit assez tôt que c'était dû à sa nature humaine. Les nelcaliens haïssaient réellement les humains, ils pouvaient les exterminer dès qu'ils en auraient l'occasion. Ils n'étaient plus aussi faibles qu'il y avait trente-huit années, leurs pouvoirs s'étaient consolidés. Ces pouvoirs qui auraient pu leur servir des années plus tôt si tout n'avait pas dégénéré. Eux aussi avaient connu la guerre, sur leur terre et sur celle des humains.

Axa restait toutefois moyennement heureuse. Elle avait un poids sur la poitrine, une impression trop lourde et mauvaise qui l'empêchait d'être comblée. Elle avait un très mauvais pressentiment. Elle ne savait pas réellement quoi, mais elle savait que quelque chose clochait.

— Luz ?

Axa qui se tenait au bord de la rivière tourna sa tête vers la personne qui venait de lui parler. Elle ne l'avait pas réellement revu depuis son arrivée chez les nelcaliens. Un petit sourire illuminait le visage de Célesta qui s'approchait d'Axa. La revoir faisait plaisir à Axa, elle était vraiment attachée à Célesta.

— Hum ?

— Tu es prête ? demanda Célesta.

Axa fronça les sourcils, elle comprit assez tôt ou voulait en venir Célesta. Elle se leva lentement dans son long pantalon blanc et son haut blanc. Son cœur battait fort, mais elle esquissa un sourire crispé.

— Je n'attends que ça, déclara-t-elle.

Elles s'assirent, mains dans les mains et yeux clos. Les images tant voulues se présentèrent à Axa, les images de plusieurs années plus tôt.

*

— Mon frère, que se passe-t-il ? demanda Célesta.

Elle mit une main sur l'épaule du nelcalien en face d'elle, inquiète de ce lourd silence.

— Célesta, je suis désolé, s'excusa ce dernier.

Elle fronça les sourcils, confuse.

— Mais désolé, pourquoi ? rétorqua-t-elle.

Aussitôt sa phrase terminée que des bruits d'explosions, de coups de feu, de cris et de pleurs envahirent l'espace, la planète Nelca. Les deux nelcaliens se trouvaient dans l'énorme sphère blanche.

— De ne pas avoir pu empêcher ça, termina le nelcalien.

Ils sortirent de la bulle, découvrant leur terre se faisant détruire. Des humains capturaient les nelcaliens et les immunisaient en leur lançant des flèches imbibées de cinabre. Un vrai chaos régnait. Célesta et son frère à l'aspect divin — il portait une couronne, avait un physique divin et une prestance impressionnante — se jetèrent sur les humains luttant pour délivrer leur terre. Ils avaient réellement lutté, mais cela ne fut pas suffisant. Quelque chose les empêchait d'utiliser pleinement leurs pouvoirs, même Fabos, le roi des nelcaliens avait perdu l'usage de ses pouvoirs. Ils ne purent rien faire, absolument rien. Fabos fut contraint de lutter à main nue pour protéger son peuple, pour le libérer, mais les humains étaient trop nombreux et mieux armés. Ils ne mirent donc pas beaucoup de temps à le maîtriser.

— Salvà a ghjente(Sauve le peuple), hurla-t-il à Célesta avant d'être ajouté au lot des prisonniers.

Célesta puisa dans ses dernières forces, une lumière blanche éblouit tout. Elle put alors mettre les survivants à l'abri, une barrière invisible les entourait, les rendant invisibles aux humains. Les nelcaliens observaient le spectacle, impuissants et effrayés. Une larme mouilla la joue de Célesta qui ne s'imaginait pas vivre sans son frère et son peuple. Elle maintint le bouclier sur les survivants, s'abaissa près d'une jeune nelcalienne et parla :

— Prend soin de ton peuple, je te fais confiance, souffla-t-elle avant de se lever et de se jeter sur les humains qui la capturèrent pourtant vite.

Elle cria, lutta, mais rien. Son frère souffla tristement, toujours maitrisé. Après tout, il ne s'attendait pas à autre chose de la part de sa sœur. Les vaisseaux humains démarrèrent et des semaines après atterrirent sur la planète Terre : le véritable enfer des nelcaliens commença. Les nelcaliens étaient enchaînés tels des esclaves et marchaient en file indienne. Autour d'eux se trouvaient des cadavres, du sang. Ils avaient débarqué lors d'une vraie apocalyse, un chaos. Ils étaient conduits dans un camp où on les entassait tous dans une immense cage.

Des jours passaient ensuite, ils s'affaiblissaient et étaient réellement maltraités. La première victime fut une jeune nelcalienne. Elle fut détruite face à sa race. Elle fut d'abord attachée et battue. On lui fit une injection et environ trois minutes après, le bruit de l'explosion fendit l'atmosphère. Elle était maintenant en petits morceaux et tout autour d'elle, dans un périmètre limité fut détruit. Ses cris et ses pleurs disparurent au même moment qu'elle. Certains membres de l'armée qui se trouvaient là souriaient face à leur découverte tandis que d'autres se montraient moins enthousiastes.

— Je pense qu'il serait mieux de chercher des solutions pour arrêter la guerre, pas la poursuivre, proclama un jeune soldat.

Un autre, plus âgé secoua négativement la tête.

— Mon pauvre Hongust, tu ne changeras donc jamais, tança-t-il.

— José est mort, son meurtrier aussi. Donc il a été vengé. Nous pouvons encore tout

arrêter, insista-t-il.

— Joli discours. Bref. Préparer les armes, annonça le chef de l'armée russe.

Les soldats s'exécutèrent et plusieurs nelcaliens furent capturés et reçurent de fortes doses de cinabre. La base américo-africaine se trouvait en Afrique. Fabos voyait son peuple s'éteindre à petit feu, son âme saignait face à son impuissance. Lorsque Hongust passa près du côté où se trouvaient Célesta et son frère, son regard désolé et frustré croisa les leurs. Les humains avaient finalement utilisé les nelcaliens comme arme de guerre, se pensant enfin invincibles. Les américains, Africains et Russes — ayant rejoint ces continents — voulaient détruire les continents asiatique et européen et vice-versa.

*

— Restez ici, ne sortez pas.

— Mais chéri, quand est-ce que tout cela va s'arrêter ? geignit la jeune femme.

Ils étaient déjà en l'an trois mille sept. Hongust se tourna vers sa femme, une blonde aux yeux marron, lui embrassa la nuque et la serra dans ses bras.

— Bientôt, je te le promets, murmura-t-il.

— Papa !

Hongust se tourna vers ses enfants, deux petites filles de quatre ans, nées lors de la
guerre et les embrassa.

— Mes princesses. Je vous aime tellement, souffla-t-il.

Il était un homme merveilleux, souriant et toujours heureux. Il laissa ensuite sa famille dans la maison où elle se réfugiait et alla rejoindre sa troupe. Des heures après, lors de la bataille, la troupe se dirigea vers cette même ville où se réfugiait la famille de Hongust.

— Que fait-on ici ? demanda-t-il au chef d'armée.

— Nous avons eu des cas d'infiltration ici. L'ordre est d'exterminer la ville, affirma-t-il.

Hongust fit les gros yeux et se jeta hors de l'engin, en panique.

— Hongust revient ici, hurla son meilleur ami, un coéquipier.

Il n'entendit rien, des centaines de nelcaliens déjà tués étaient lancés en vague sur la ville. Des explosions surgirent. Il courut vite, très vite, mais pas assez vite. Il atteignit la maison déjà atteinte et en feu. La partie inférieure du corps de sa femme était calcinée et elle reposait sur le sol, morte, l'autre partie de son corps à l'extérieur de la demeure. En effet, elle avait tenté de fuir dès qu'elle avait entendu les explosions. Ses enfants avaient eu le temps de sortir par ses soins, mais elle avait trébuché juste au niveau de la porte d'entrée. Hongust ne pouvait plus bouger. Son cœur ne supportait pas le choc. C'en était trop, bien trop pour lui. Toute sa vie partait en fumée. Les filles avaient été projetées à des lieux différents. L'une à l'autre bout de la maison et l'autre non loin de Hongust. Il n'eut pas le temps d'agir qu'une autre explosion retentit. Bientôt, c'était sa fille à l'autre bout qu'il vit partir en cendre et c'était le choc fatal. Elle était bien trop proche du lieu d'explosion. Il reprit ses esprits à cet instant et courut vers elle en criant : « Mia, non », mais c'était trop tard. Une plaque en fer, chaude, débris d'une maison cogna son visage lors de son expédition vers sa fille. Il poussa un long cri de douleur, une odeur de chair brûlée envahissait l'espace et une énorme boursouflure abîmait la moitié de son visage. Il serra les dents, contrôla sa douleur et prit la seule survivante et prit la seule survivante qui semblait trop faible puis se mit à courir vers la sortie de la petite ville.

Il s'arrêta devant le chef, le fixa dans les yeux, l'expression neutre alors que son visage atteint saignait. Jamais les blessures physiques ne seront plus destructrices que celles de l'âme. Le chef ne semblait point touché et se contenta de détourner la tête pour se concentrer sur ses cibles. Hongust serra sa fille fortement, prit un des engins et roula à vive allure jusqu'à la base. Il était accompagné de Fred, son meilleur ami. Il ouvrit brutalement la porte et fit allonger sa fille avant de se procurer la trousse de soins. Les nelcaliens restants, se contentaient d'observer. Ils n'avaient plus de force, ayant été enfermés pendant bien trop d'années.

— Oh mon Dieu, Hongust, s'étouffa Julia.

Elle porta sa main à sa bouche. Elle fut d'abord choquée par le visage en plaie de Hongust puis par l'enfant couchée, entre la vie et la mort.

— Julia, aide-moi s'il te plait, supplia-t-il.

La femme faisant partie des infirmières capturées en Afrique pour les soins aux soldats ne se fit pas prier. Elle posa son oreille sur la poitrine de la fillette, mais son cœur ne battait pas. Elle tenta vainement de la ranimer. Hongust observait juste, oubliant la douleur indescriptible de la marque sur son visage. Julia tenta tout, mais elle ne parvint pas à sauver la petite fille. La petite avait déjà succombé à la fumée toxique qui emplissait ses poumons. Julia se tourna lentement vers Hongust, le visage triste et désolé. Ce dernier se rapprocha lentement, frappé par l'évidence. Il s'arrêta près du petit corps inerte dont la température baissait et en saisit la main droite qu'il serra fortement. Les images de sa femme morte, de sa petite Mia brûlée puis de sa Fia intoxiquée abîmaient sa mémoire et tournaient en boucle. La petite avait les yeux ouverts, gorgés de sang et les lèvres bleues gercées. Un aussi petit être venait de s'éteindre. Le cœur de Hongust pleurait, saignait, mourait. Il avait perdu ses raisons de vivre. Il resta silencieux et observa sa fille.

Elle n'aurait jamais connu la paix, ni le bonheur parce qu'elle était née lors d'une guerre destructrice. Elle n'aurait pas vécu longtemps, tout ça à cause du vice du monde où elle était née. Une larme mouilla la joue de Hongust. Il avait bien trop mal pour en exprimer plus. Fred se rapprocha de lui et posa sa main sur son épaule en signe de compassion. Julia, elle était muette et affreusement désolée.

*

Hongust était à genoux, près du lieu où il venait d'enterrer sa famille. Il sourit faiblement.

— Je vous aime, souffla-t-il.

Il revint finalement à la base, anéanti. Les nelcaliens ressentaient de la compassion pour lui mais aussi certains soldats et les infirmières. C'était un homme bon et juste qui aurait voulu un autre sort pour l'humanité. Des mois après, il était devenu plus renfermé, froid, moins humain. Ils avaient promis aux nelcaliens de les aider, Julia aussi. Chaque fois que cette dernière passait près des nelcaliens, son regard s'accrochait à celui de Fabos. Quelque chose dans le regard du dieu l'intimidait, elle avait juste envie de le libérer et ...De le serrer dans ses bras. Elle avait comme soudain besoin de le regarder et de le protéger. Un bruit sourd retentit et la serrure de la grande cage explosa. Ils s'échappèrent en hurlant et courant. Grâce à leurs pouvoirs retrouvés, ils éliminèrent les humains sur leur chemin. Hongust, Julia, Célesta et Fabos coururent vers un lieu éloigné de la base. Ils y arrivèrent essoufflés.

— Je laisse Julia prendre soin de vous. Je dois voir si les autres nelcaliens se sont échappés, indiqua Hongust avant de s'en aller.

Fabos était devenu faible et n'avait pas retrouvé ses pouvoirs. Il grimaça et grogna de douleur en acquiesçant. Un dieu était devenu vulnérable, la cause restait un mystère. Célesta quant à elle n'avait pas l'air trop mal en point. Julia plaça un gant d'eau froide sur le front de Fabos, tentant de faire baisser sa température corporelle croissante.

— Célesta, sers-toi de la pierre guil pour rejoindre le peuple, grogna doucement Fabos, à bout de souffle.

— Non et toi comment feras-tu ? Je ne peux pas t'abandonner, s'indigna-t-elle.

— Je trouverai un moyen. S'il te plait petite sœur vas-y, supplia-t-il.

Célesta pleurait déjà, mais finit par se lever.

— Yo né( Je t'aime), souffla-t-elle avant de mettre la petite pierre bleue sur sa poitrine et de disparaître.

Julia et Fabos restèrent silencieux durant un long moment avant qu'elle ne prenne la parole :

— Pourquoi restez-vous ?

— La pierre ne peut transporter que cent nelcaliens. Il y a cent-un survivants y compris moi. Je suis leur roi, le sacrifice me revient, répondit-il.

— Vous, vous êtes sacrifiés ? s'étonna-t-elle.

— C'est mon devoir. Si seulement je n'avais pas perdu mes pouvoirs, nous aurions pu tous nous en aller depuis le début. Je ne sais pas ce qui s'est passé. Cette cage était aussi badigeonnée de cinabre. Cette substance est le pire ennemi des nelcaliens et mobilisait le pouvoir de la pierre.

— J'espère que vous pourrez vous en aller aussi, rétorqua-t-elle.

Fabos ne répondit rien, sachant que son sort était scellé. Les mois passaient ensuite et Julia venait toujours dans la grotte pour prendre soins de lui. Tous disaient ne pas savoir comment les nelcaliens s'étaient échappés, mais le chef de l'armée ayant réussi à en capturer bon nombre pensait qu'ils étaient à présent tous exterminés.

— Je sais que les coupables sont parmi vous et ils l'auraient payé cher si je n'avais pas réussi à remettre la main sur cette maudite race, avait-il dit.

Nul n'avait osé parler et le chef décida finalement de les laisser.

*

L'an trois mille neuf, la population humaine allait vers l'extinction.

— Pourquoi ne m'abandonnes-tu juste pas ? Je suis un vrai fardeau, dit Fabos à Julia qui était assise près de lui, la tête sur son épaule.

— Ça peut sembler fou, mais c'est juste qu'en quelques mois je suis tombée amoureuse d'un dieu, confessa-t-elle.

Fabos fronça les sourcils, mais entendre cela lui fit plaisir. Il sourit et caressa le menton de Julia d'un geste tendre. Lui aussi, n'avait pas compris d'où lui étaient venus ces sentiments envers une humaine, un membre de la race qu'il devait haïr. Ce sentiment était plus fort que lui et il ne pouvait le contrôler. Il se retourna vers elle, la poussant à se redresser. Il lui caressa le visage en souriant. Elle lui rendit son sourire. C'était un pur moment de complicité. Ils s'embrassèrent, doucement puis plus fougueusement, doucement puis plus fougueusement. Ils se laissèrent menés par le rythme de leurs corps, de leurs pulsions pour ne faire qu'un. Fabos découvrit les plaisirs de la chair, de la chair humaine. Il explora chaque parcelle du corps de Julia qui en redemandait plus et toujours plus. C'était la création d'une nouvelle extase, le septième ciel. Au moment où ils ne firent qu'un, la terre se mit à trembler et le ciel devint sombre.

Les jours passèrent et seul Hongust était au courant de leur idylle. Julia se sentait constamment mal. Elle ressentait des coups puissants dans son ventre, mais ne vomissait pas. Elle se rendit chez Fabos, accompagnée de Hongust qui était inquiet. Fabos l'observa longuement, elle semblait épuisée. Il toucha son visage, son ventre et leva la tête, estomaqué.

— Non, Julia. Que t'ai-je fai? dit-il d'une voix blanche.

— De quoi tu parles ? demanda la femme, allongée et inquiète.

— Tu... es enceinte. Et pas d'un humain, bafouilla-t-il.

Ils se regardèrent, choqués. Julia toucha doucement son ventre en pleurant. « Un enfant », pensa-t-elle.

— Oui. Je ne sais pas ce qui peut t'arriver avec ça dans ton ventre.

— Ça ? Notre enfant tu veux dire, le réprimanda-t-elle.

*

Sept semaines passèrent. Julia n'avait pas quitté la grotte. Elle était devenue maigre et faible. À peine pouvait-elle ouvrir les yeux. Fabos était inquiet, mais respectait sa volonté. Il était assis près d'elle, l'admirant. Soudain, elle poussa un long cri. Son ventre avait déjà une taille exceptionnelle.

— Le bébé est là, hurla-t-elle.

Hongust qui venait d'arriver fut choqué. Aucun bébé ne venait après sept semaines de grossesse. Mais Julia semblait persuadée. Fabos l'aida à se préparer pour l'accouchement. Il était un dieu, il pouvait bien aider à mettre un enfant au monde. Il se met en position, pour aider sa bien-aimée qui souffrait le martyre. Hongust se plaça au niveau de sa tête et lui retint les bras.

— Julia pousse, hurla Fabos.

Elle poussa, dieu qu'elle poussa ! Elle hurlait de toutes ses forces. Mais rien. Elle se tut, ferma les yeux, s'évanouissant lentement. Des gouttes de sueur perlaient sur son corps.

— Non, non Julia s'il te plait, paniqua Fabos.

Elle se réveilla doucement et poussa en criant. Un éclair raisonna à l'extérieur. Dès que les cris du bébé furent, ceux de la mère s'estompèrent. La vie ne tenait qu'à un souffle.






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Lalie



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