Éric n’avait jamais ressenti pareille sensation. Cette nuit fut la plus longue qu’il ait passé. Tellement il était impatient de la retrouver demain au service. Il avait mis en fond sonore des slows français et anglais mais écoutait-il vraiment ? Il était plutôt plongé et concentré à revivre ce baiser si naturel et si doux. Il avait l’impression qu’elle était toujours là. Il se réveilla plus de quatre fois avant que les premiers rayons du soleil ne traversent les persiennes de la chambre de son appartement. Il prit sa douche en chantant et spécialement ce jour ne mit pas de cravate. Cela lui avait bien réussi la veille s’il a une bonne mémoire.

Odette de son côté avait passé une soirée pareille à l’exception qu’elle avait partagé cette nuit la chambre avec sa petite sœur. Elle devait lui raconter le miracle qui se produisait dans sa vie. Elle qui avait flashé sur Éric depuis le premier jour de sa présentation et qui avait toujours secrètement voulu se blottir contre lui. Elle ouvrit grandement les fenêtres de la chambre de sa sœur qui n’arrivait pas à la faire taire par des ronflements bien maitrisés. Au contraire, cela l’encourageait à la secouer pour qu’elle puisse être témoin de son bonheur en cette nuit. Elle prit le gros nounours posé sur la coiffeuse pour faire des démonstrations de pas de danse et finit par s’endormir après s’être allongé aux côtés de sa sœur. Malgré qu’elle ne son sommeil tardif, elle se réveilla tôt et se permit même d’offrir à toute la famille un petit déjeuner fait d’omelettes, de crêpes et d’une bonne bouillie de semoule. Tout le monde était étonné de la voir si active, elle qui d’habitude était paresseuse au petit déjeuner. Elle fit une bise sonore sur le front de son papa et serra très fort sa maman puis s’en alla au service.

Depuis ce baiser, tous deux ne purent passer une heure s’en s’envoyer de petits mots et des émoticônes sur Skype. Parfois, un prétexte était rapidement trouvé pour se retrouver soit dans le bureau d’Éric, soit dans celui d’Odette. Personne au bureau ne pouvait s’en douter tellement ils étaient prudents et ne laissaient entrevoir rien sur leurs sentiments. Ils avaient gardé un professionnalisme exemplaire et formaient d’ailleurs une équipe de chocs. Ils leur arrivaient même de se retrouver à démarcher ensemble un client pour le compte du cabinet. Leur complicité les aidait vraiment à convaincre sur les avantages d’utiliser les services de la boite.

Ils se voyaient également en dehors des heures de service mais avec tout un jeu qui ne laissait rien transparaitre. Éric n’utilisait pas sa voiture mais louait une voiture privée avec chauffeur afin de profiter de toute la banquette arrière avec sa dulcinée. Tantôt ils se rendaient en montagne où ils bénéficiaient d’une intimité parfaite ou parfois dans la maison de campagne du papa d’Odette pour se reposer. Ils pouvaient marcher durant de longues heures sans rien dire, bras dessus dessous, ou main dans la main. Parfois il n’arrivait pas à comprendre pourquoi ils avaient toujours quelque chose à se dire. Odette ne pouvait s’empêcher de lui parler de sa famille, de ses études et lui aussi faisait pareil. Ils se couchaient allongés l’un contre l’autre, les doigts d’Éric se baladant sur les rondeurs d’Odette et les mains de cette dernière qui fouillaient avec frénésie les poils recouvrant la poitrine d’Éric. La tension monte souvent avec des caresses osées mais ils n’eurent jamais le courage de franchir le cap d’une relation sexuelle. Ils en avaient envie mais voulaient encore prendre un peu de temps. Éric de son côté craignant se désintéresser d’elle une fois le fruit consommé ; Odette ne voulant pas paraitre ridicule car en réalité, elle était toujours vierge. Le moment viendra se disait-elle intérieurement. Mais que ferait-elle s’il lui demandait de passer à l’acte ? Cette question la hantait et elle trouvait toujours un sujet de discussion quand elle sentait que le contrôle de la situation lui échappe. Elle devait se rassurer qu’il s’intéressait à elle pour ce qu’elle était et non pour le sexe. Car elle avait entendu dire que certains garçons prennent leur temps et disparaissent après avoir atteint cette étape. Même si ce n’était pas le cas de son Eric, que ferait-il si elle le décevait au lit ?

Trois mois se sont déjà écoulés et on peut dire aisément qu’ils connaissaient presque tout le pays à force de passer les week-ends hors de la capitale et changeant de villes à chaque fois. Ils prenaient toujours des photos et des vidéos pour immortaliser ces instants. Odette se plaisait à occuper les heures libres de sa sœur cadette qui finit elle aussi par s’emballer et déranger sa grande sœur quand celle-ci ne venait pas lui raconter comment la journée s’était passée avec Eric.