Chapitre 13

Write by sokil

Chapitre 13 :

 

Je ne m’étais pas rendue compte que jusqu'ici je ne l’avais jamais enlevée ; elle était toujours à mon doigt ! Presque huit mois que je la portais cette alliance ; j’avais complètement oublié le bijou qui avait scellé notre union et qui avait par s’effriter comme par enchantement. Nous n’avions même pas pu tenir ! Huit mois à peine ! Voilà qu’on se séparait, tout comme ces couples de stars, ces « people » dont les mariages ne mettent souvent pas long. Mais pour mon cas, je dirai que cela relevait du mysticisme et de tout ce que cela comporte. J’étais mariée depuis huit mois seulement et voilà que j'allais bientôt devenir une femme divorcée. Mais je ne l’avais pas vu venir de cette façon ; j’avais accueilli la phrase de Placide en plein visage ; je n’aurai pas souhaité que cela se passe ainsi. Il me l’annonça de façon à ce qu’il marqua encore un point ; on aurait dit qu’il voulait vite se débarrasser de moi. Je représentais à ces yeux la pègre même.

C’est plutôt moi qui aurait dû le lui annoncer la première ; je n’avais pas supporté ça, cette façon de me faire comprendre qu’il me libérait en quelque sorte. J’aurais dû le lui annoncer la première, voilà pourquoi cet entretien avec lui me laissa un goût bien amer. Mais comme avait dit le prêtre, il fallait que je pardonne et que j’avance, il fallait que je regarde et prenne les choses du bon côté, il fallait que je sois au dessus de tout ça, de lui. C’est vrai, c’est exact, il me libérait. Je finis par ravaler mon orgueil, ma fierté et avec toute l’humilité du monde, et tout en le regardant bien droit dans les yeux, j’ôtai cette bague en douceur, avec assurance et je la lui tendis.

- Merci Placide… Tu me libères ! Et tu sais quoi ? Je te pardonne !

- Merci de … Comprendre ! Je tenais à te le dire de vive voix ! Tu seras dédommagée !

- J’attends les papiers du divorce !

- C’est fait tout est prêt et c’est quand tu veux ! Mon avocat a son cabinet ici dans cet immeuble, je sors de là !

- Quelle… Coïncidence !

- Nous les signerons en sa présence !

- Je n’attends que ça !

- Je te tiens informée au courant de la semaine, car je retourne ce dimanche.

- Je n’ai pas besoin de savoir quand tu retournes, ta vie ne m’intéresse plus !

- Je sais…

- Au revoir et rendez vous devant le juge !

J’étais sortie de là avec tout le calme possible, il fallait que je pardonne, même si ces paroles étaient en l’air, je devais le faire ; je devais oublier et tourner la page. Je comptais les signer en toute vitesse ces papiers et passer à autre chose. J’attendais avec impatience de commencer mon nouveau travail. Une fois à l’extérieur, je pris une grande bouffée d’air, je fermai les yeux et je me dis « enfin libre ! » ; ce grand coup d’air me donna du tonus et lorsque je rouvris les yeux, je le vis Placide à bord d’une voiture de marque Mercedes dernier cri ! Lorsqu’il me vit, il détourna rapidement le visage, honteux et passa devant moi, ce qui me transperça encore le cœur, mais je pus tenir bon. C’était ça la vie et ses méandres, la malchance me dis je tout simplement. Je finis par héler un taxi pour rentrer chez moi.

- C’est bien ! C’est même très bien ! il faut qu’il te libère ! Tu ne seras plus liée à lui. Pour le reste on avance !

- On avance ! J’ai seulement mal de savoir que ce soit lui qui ait eu le dernier mot ! Ça devait être moi, je devais le lui dire la première ! La façon dont il l’a fait, on aurait dit qu’il me jetait comme une vielle serpillère, ça me fait trop mal !!!

- Ce n’est pas grave ! Regarde le bon côté ! Jaïda, il t’a libérée et moi je dis c’est mieux que rien ! Sa méchanceté, il l’a paiera, mais ce n’est pas à nous de le faire payer !

- Il fallait le voir ! Il roule carrosse maintenant ! Une de ces voitures!!!

- Ce sont les biens acquis de manière louche ! On s’en fout !

- Tu as raison ! Je veux passer à autre chose, je veux avancer, je veux changer de vie…

- Tout cela est possible si tu décides de tourner la page !

- Je suis décidée à le faire…

La novelle compagnie de téléphonie mobile avait ouvert ses portes depuis dix mois ; il est bien vrai que j’avais déjà entendu parler de ce nouveau nom et de son nouveau concept via les médias, les affiches publicitaires et tout le reste, je n’y comprenais rien, ni même en lisant le fameux slogan qui disait « Communiquez facile, c’est bientôt… » Qui sillonnaient dans toute la ville. Je ne prêtais guère attention. Mais lorsque qu’en m’y rendant dans les locaux de la fameuse compagnie et que je signai mon contrat d’embauche, je me rendis compte que je ferai bientôt partie des effectifs d’une des meilleures entreprises du pays. Elle avait du poids et rien que les infrastructures montraient bien que les dirigeants n’avaient pas lésiné en matière d’investissement. Il avait été rapporté que la société était en étroite collaboration et dépendait d’une grande firme américaine.

J’y travaillais depuis six mois maintenant et je faisais partie de la cellule du cabinet du Directeur Général. Engagée au départ comme simple secrétaire, je finis par démontrer et prouver mes compétences qui furent bien notées et appréciées par la haute hiérarchie. Je donnai du mien dans ce travail que je considérais comme une seconde chance pour moi ; j’avais tout simplement compris que le très haut m’ouvrait une nouvelle voie et il fallait que je l’emprunte et que je saisisse cette opportunité. Ce que je fis avec patience et endurance. La petite formation qui m’était offerte m’aida en ce sens que je devais améliorer certaines connaissances liées à l’administration, à la gestion et aussi en ressources humaines ; ainsi en l’espace de ces six mois je pus acquérir les connaissances de bases. Mais c’est ma volonté et mon humilité qui me valurent la petite palme d’or. Un après midi, on me fit appeler directement dans le bureau du Directeur Général en question, Monsieur Mbela Victor, le grand cousin de l’autre ! Je ne l’avais jamais approché en tant que tel, bien que je fus recommandée par son cousin, je le voyais et l’apercevais seulement de loin. Mais ce jour là, le cœur battant, et tous mes membres tremblant, je me dirigeais le pas hésitant vers son bureau ; j’étais si impressionnée, de voir tout une équipe, le staff même du département du boss. Je frappai timidement.

- Entrez et prenez place s’il vous plait !

- Merci Monsieur !

- C’est madame Badjeck Jaïda?

- Oui monsieur !

- Ah oui !!! Yves mon cousin m’a parlé de vous. Bien ! Je vais aller droit au but ! J’ai reçu un rapport à votre sujet ! Je recherche une personne dynamique, qui puisse répondre à mes besoins à temps ! J’ai un agenda hyper chargé, je suis « overbooké » 24/24, et je n’arrive pas à trouver chaussure à mon pied. Toutes celles qui ont travaillé pour moi n’ont pas pu tenir deux mois. Vous comprenez ce que je veux dire ?

- Je… Pas très bien !

- Vous êtes la personne qu’il me faut ; j’ai besoin d’une assistante, une personne qui me seconde et qui gère toutes mes activités. Vos résultats sont très convaincants, je sais que vous n’avez pas d’expérience dans ce domaine mais vous avez une bonne capacité d’adaptation; vous avez une licence en droit n’est ce pas ?

- C’est exact !

- Mais vous vous imprégnez facilement dans cet univers ! J’aime et j’apprécie beaucoup ! Avec le conseil nous avons décidé, que vous ferez partie de mon équipe, vous commencez demain ; un instant j’appelle le DRH…Allo ? Olivier ? Tu peux venir un instant ? Oui c’est au sujet de la jeune dame… Oui ! Elle très dynamique… Ok à tout à l’heure !

En six mois ma vie s’améliora un tout petit peu; je travaillais dans une grande compagnie et ma vie spirituelle m’aida beaucoup dans ce sens. Mais j’étais toujours mariée à Placide. La procédure piétinait et le juge d’instruction avait dû reporter l’audience à une date ultérieure ; tout cela à cause de l’absence de ce dernier; il était retourné en Angleterre pour régler certaines affaires urgentes avait il expliqué; nous pensions que tout irait très vite, mais ce ne fut pas le cas. J’avais accepté de divorcer à l’amiable et j’avais également accepté la pension alimentaire qu’il comptait me verser chaque mois. Je n’avais pas voulu compliquer cette affaire de peur de me retrouver coincée et surtout de peur de me voir me frotter en permanence avec les Danga. Je voulais tout simplement en finir avec lui dans les plus brefs délais. Notre première rencontre chez l’avocat était censée me tenir informée de l’évolution de la procédure et de tout ce qui allait suivre ; j’avais pris la peine de tout lire avant d’accepter quoi que ce soit. Il était question que le reste suive sans problème. Mais son retour en Europe avait retardé la procédure. Il promis d’être de retour dans les plus brefs délais, mais après une absence de six mois je commençai à m’impatienter.

Priscilla quant à elle, j’eus vent de ses allées et venues constantes au pays, elle venait d’ouvrir une grande boutique de prêt à porter, il se racontait qu’elle menait Placide par le bout du nez ; il y a longtemps que leur histoire, idylle et tout le reste ne faisait plus aucun effet, tout au contraire. J’appris à devenir aussi digne et assez sûre de moi. La seule chose qui m’importait était de me séparer définitivement de Placide. Cette manière qu’il avait de jouer et de prendre les choses à légère m’exécreraient au plus haut point, à savoir ce divorce.

Pour le reste, mon chemin vers la reconstruction se faisait lentement, mais avec beaucoup d’assurance. Il y avait bien une grande différence entre la loque que j’étais avant et la femme que j’étais devenue. Nous venions d’aménager dans mon nouvel appartement moderne ; cette fois ci il était plus grand et plus spacieux, il comportait deux chambres, deux douches, salon cuisine et la vue au balcon était féerique, surtout dans la nuit. Tante Sidonie avait décidé de retourner au village et de commencer sa nouvelle affaire, ma proposition de rester avec moi la fit tergiverser, mais à la fin elle changea d’avis.

- Maman ! Non tu peux rester avec moi ! Ne pars pas reste avec moi ! Sans toi je ne serai pas là où j’en suis ; je serai peut être morte. Je te dois tout tu sais ! Je ne veux pas que tu t’en ailles !

- Tu es une grande fille mature dès à présent ; je dois te laisser vivre et te battre de tes propres ailes, je l’ai toujours fait! J’ai fais ma part et le reste tu sais maintenant comment de débrouiller, même si tu n’en pas encore fini avec ce Placide ! Je ne pouvais pas te voir sombrer et t’abandonner… Tu m’as quand même l’air bien épanouie ! Je ne veux pas en même temps devenir un poids lourd pour toi !

- Non ! Écoute ! Si tu rentres au village, je suis sûre que les autres membres de la famille de Placide qui sont là bas vont peut te persécuter, je ne veux pas que tu te frottes à eux à cause de ce qui se passe ! Ils ne peuvent pas te vouloir du bien ! Toi-même tu sais qu’ils ne sont pas simples :

- Je sais, mais avec l’aide de Dieu tout ira bien !

- C’est vrai ! Mais te savoir toute seule là bas me fend le cœur…

- Ne dis pas ça tu va me faire pleurer !

- Reste ! Reste encore un peu !

- C’est d’accord je reste encore un peu ! Mais Monsieur Mbela Yves va me tirer les oreilles ! Il a accepté de me financer pour que je commence mon affaire de poulets là ! Qu’est ce que je vais lui dire ? J’ai déjà reçu l’argent et je comptais lui rembourser bien plus tard !

- Dans ce cas ouvre ton affaire de poulets ici à Yaoundé !

- Pas mal comme idée, mais où ?

- On va trouver…

- Si tu trouves je reste !

Reconvertie en vraie femme d’affaires, tante Sidonie put se démerder à trouver un emplacement pour l’élevage et la vente de ces poulets, sans oublier la vente des beignets dont elle avait trouvé une remplaçante qu’elle subordonnait par moment. Nous devions notre reconnaissance aux Mbela ! Nous ne connaissions que les deux cousins, l’homme d’affaires et son aîné le Directeur Général de la société pour laquelle je travaillais et dont j’étais devenue l’assistante. Ce travail me passionnait, mais en même temps il occupait une grande partie de mon temps. J’avais pour taches de gérer son agenda, organiser des réunions, des rendez-vous, des déplacements, accueillir les visiteurs, rédiger les comptes-rendus de réunions, être l’interface entre les clients, les fournisseurs et les représentants du personnel, participer à la communication interne et externe, coordonner le planning des équipes, ou encore participer au recrutement en quelque sorte ; je faisais presque tout pour lui, sans oublier de supporter et de gérer ces fameuses sautes d’humeurs, il était chiant à souhait.

Mbela Victor était un de ces hommes imposants et dont la force de caractère dépeignait parfois sur son visage ; tout le monde le trouvait hautain, et très vantard. Il n’avait pas sa langue dans sa poche et disait toujours tout haut ce que les gens pensent tout bas. Mon étroite collaboration avec lui me permis de mieux le connaître. Ingénieur en télécommunications et réseaux, il a toujours baigné dans cet univers ; son rêve, il venait de le réaliser, à savoir devenir le patron de la téléphonie dans son pays. Il était marié et père de trois enfants résidant tous à l’extérieur du pays. La rumeur courait partout qu’il était un grand séducteur et qu’il avait une préférence pour les femmes au teint chocolat et bien menues.

- Mon patron Monsieur Mbela, c’est un vrai charmeur je t’assure…

- Toi-même tu connais les hommes ! En plus les patrons de sociétés c’est leur fort !

- Toutes ses copines sont presque pareilles, même style !

- J’espère qu’il n’a pas aussi des vues sur toi !

- Non ! Tu sais que moi je suis grande, mince et un peu claire de teint ! Je ne suis pas son genre et cela m’arrange beaucoup !

- Il est malin ! C’est pour ça qu’il t’a choisie comme son assistante ! Tu n’es pas son genre et ça le trouble moins !

- C’est vrai en plus ! Mais ça ne change rien à ce que l’on raconte à mon sujet ; on m’appelle « la petite protégée de Mbela… » Mais je ne prête pas attention à ça, ce n’est pas eux qui m’ont amenée là bas !

Mis à part ses frasques et ses mondanités, ma collaboration avec lui se passait sans heurts ; je savais éviter les accroches même si par moment il était souvent du genre râleur, gueulard voire insupportable. Je savais faire la part des choses et me concentrer sur l’essentiel, le travail qui m’était donné. Je n’avais pas de répit avec lui ; je courais dans tous les sens et ça n’en finissait pas. Il m’avait confié une tâche harassante à savoir la recherche de fournisseurs et en même temps il me confia une autre en parallèle ; celle là je manquai d’exploser et de péter les plombs car je la considérais comme inutile et faisant partie de ses caprices de chef, de boss ! La seule chose qui me consolait c’était mon salaire et les heures supplémentaires qui m’étaient allouées.

- Madame Badjeck?

- Oui monsieur!

- Où en êtes-vous avec ces fournisseurs?

- J’attends qu’ils me rappellent monsieur !

- Ok ! Mettez ça en stand by pour le moment ! Demain il va falloir que vous vous rendiez à l’aéroport avec mon chauffeur ! Mon fils arrive des Etats-Unis dans la soirée et j’aimerais que vous y soyez pour me représenter ; je n’aurai pas le temps pour ça!

- Pardon monsieur ? Je n’ai…

- Oui ! Il arrive demain soir et il n y a personne pour l’accueillir, vous le conduirez ensuite à mon second domicile puisque le bon monsieur refuse d’habiter avec nous. Sa mère est en vacances en Europe, donc personne pour s’en occuper ! J’ai déjà envoyé une équipe faire le nettoyage là bas, mais je veux que vous vous y rendiez aussi en matinée pour manager tout ce beau monde ! Je tiens compte des extras ne vous en faites pas !

- Bien monsieur !

A peine je tournai les talons que j’avais déjà le visage renfrogné. J’avais une de ces rages qu’à un moment donné je failli laisser éclater ma colère une fois dans mon bureau ; mais je pus me raviser à temps, un de mes collègues Gérard avec qui je m’entendais très bien venait d’entrer ; il put déceler quand même mon irritation.

- Ma Jaïda ! C’est quoi encore mama ?

- Pfff ! C’est ton type ! Je ne respire pas je t’assure !

- Normal c’est lui le patron ! On va faire comment ?

- Noooon il en fait un peu trop ! Là je t’avoue que c’est hors convention ! Ce n’est pas mon boulot ! Il me demande d’aller attendre son fils demain à l’aéroport ! Un gros bébé comme ça, il n’est pas fichu de se démerder et pire je dois conduire le soupe au lait à la maison, comme s’il ne connait pas la route qui mène chez lui ! C’est terrible ça !!!

- Ahahahaha ! Ma chère ! Au moins tu as un bon salaire !

- Que je gagne vraiment à la sueur de mon front !

Je justifiai vraiment ce salaire, puisque le lendemain j’étais coincée à faire toutes les courses personnelles du patron ! Je n’avais pas mis les pieds au bureau de la journée et en fin d’après midi, le chauffeur et moi prîmes la direction de l’aéroport. L’avion était censé atterrir aux environs de 19h 30 et comble de malheur, il accusait d’un retard de deux heures. Moi qui pensais être de retour avant les 22 heures c’était loupé, je ne pourrai pas me rendre avec tante Sidonie au concert organisé par la chorale de notre paroisse. Je pestais intérieurement sans arrêt.

- Allo maman ? C’est mort ! Je ne peux pas me libérer avant 23 heures je t’assure je suis coincée au boulot ! Tu peux y aller ; si j’ai encore un peu de force je vais demander au chauffeur de me déposer là bas et je te retrouverai !

- Ok je comprends ! A plus tard tu me fais signe, moi j’avance avec les autres !

L’avion venait d’atterrir ; il fallait se faire de la place ; je ne savais pas à quoi il ressemblait ce fils à papa ! C’est le chauffeur qui me le montra du doigt. Dès que je le vis je piaffai encore plus, me rendant compte qu’il s’agissait d’un monsieur et non d’un enfant, un adulte en bonne et due forme. Nous lui fîmes un signe de la main, il nous vit et se dirigea vers nous. Il connaissait très bien le chauffeur ; je confirmai encore intérieurement que ma présence était bien inutile, puisqu’il mit du temps à se rendre compte de ma présence et encore moins à me saluer ; obligée de prendre les devants.

- Bonsoir monsieur… Je … Je m'appelle Jaïda, suis l’assistante de votre père et il m’a demandé de vous…

- Vous êtes? Jaïda? Vous dites bien Jaïda? Pourquoi vous envoie t' il le faire ? Je n’ai besoin de personne !

- Je le sais et je suis d’accord avec vous, mais vous voyez, je …

- Je ne vois et ne comprends rien de ce que vous me dites ! Je répète que je n’ai besoin de personne, je sais très bien me débrouiller…

- Je comprends ! Je travaille pour lui, je fais mon travail ! Je suis obligée de…

- Ça va c'est bon, n'insistez pas!

- Je me tue à vous expliquez que je travaille pour votre père !

- Eh bien ! Allez dire à « mon père » que je n’ai pas besoin de ses sacs à poubelle pour venir me lécher le cul ! vu ? On ne me la fait pas à moi et je ne rentre pas dans ces conneries ! Pascal ! Dépose-moi à l’hôtel !

Je restai bouchée bée et scotchée sur place, incapable de bouger ; si l’aéroport n’était pas située à une si longue distance de la ville, je les aurais laissés là et j’aurai pris ma route ; mais il se faisait tard et je n’eus pas d'autre choix que de les suivre, de me faire ma place dans la voiture, de me faire toute petite et de serrer les dents, jurant que si cet homme osait m’adresser la parole ne serait ce qu’une fois, il aurait affaire à moi, je ne me laisserais pas faire. Il était assis devant à côté du chauffeur et tous les deux causaient avec autant de familiarité. A un moment donné, j’eus la gorge nouée, je digérai encore à peine l’insulte qu’il venait de me lancer que je décidai d’abandonner cette sale besogne, à savoir tout faire pour le conduire à la seconde demeure recommandée par son père. A le voir là et entêté comme il était, ça ne valait pas la peine d'insister. Une fois en ville, je demandai au chauffeur de me déposer là où je pourrai emprunter un taxi facilement.

- Pascal, tu peux me déposer ici, ça ira !

- Non ! Je vais te ramener à domicile ! Il se fait tard, c’est risqué !

Comme si cela ne suffisait pas il a fallu que celui là en rajoute.

- Pascal dépose la où elle veut !

Piquée à vif, je lui répondis sans contrôle.

- Toi je ne t’ai rien demandé ! Tu penses que c’est de gaieté de cœur que je me casse le cul à venir t’attendre ? Tu crois que ça me plait de faire cette sale besogne ? Pour qui en plus ? Un malotru comme ça ! Tu ne me connais pas ok ? Et tu ne sais pas d’où je viens ! Alors tu la fermes ! Pascal !!! Dépose-moi en vitesse ! Je commence à étouffer !

- Tu sais pourquoi les femmes comme toi je ne les respecte pas ? Tu sais pourquoi ?

- Je me fiche de ce que tu penses ! Tu me connais où ?

- Eh bien je sais très bien d’où tu sors ! Je vais te le dire et je me fous de ce que pense le monde, encore moins de Pascal ici présent ! Tu fais partie de celles là dont mon père se tape à longueur de journée ! Non seulement tu fais partie cette catégories de personnes, mais tu oses faire souffrir ton mari ! Tu l’envoies balader seul en Europe tout ça parce que tu colles le train à mon père…

- Quoi ????

- Ah oui !!!! J’ai entendu parler de toi… Jaïda ! Je ne peux pas me tromper! Il m'a parlé de toi et il a appris que tu bosses dans la compagnie de mon père!

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