Chapitre 14

Write by sokil

Chapitre 14 :

 

De toute mon existence je n’avais jamais vu pareil individu aussi mal élevé, et imbu de sa petite personne.  Je crois qu’il n’y avait pas assez de qualificatifs pour le définir.  Il était bien le fils de son père, non pas le produit finit, mais le produit le plus brut qui puisse exister sur la terre.  Sa dernière phrase me fit prendre feu.  C’en était trop, il avait exagéré et atteint les limites de la limite, les bords du bord.  Même Pascal le chauffeur ne put rien faire.  Ma réponse, je m’en fichais, même si mon travail était en jeu, je n’en eus cure à ce moment là.

-         Espèce d’imbécile !  Tu penses qu’en me crachant de telles sornettes je vais flancher ?  C’est ton manioc si tu t’es rabaissé au point de faire le commérage !  Ca veut tout simplement dire que je suis si intéressante et que mon nom est sucré dans vos gueules de macaques !

 

-         Bon … Euh…  Pascal !  Moi je descends ici !  Si elle ne descend pas de cette voiture c’est moi qui le fais !

Pascal était si embarrassé qu’il ne sut plus quoi faire.

-         Non…  Monsieur…  Jess !  Jess !  Avec tout mon respect, je vais vous déposer chez vous dans la seconde maison et après je dépose la dame ; à cette heure ci ce n’est pas…

 

-         Dépose-moi à l’hôtel !!!  Bon sang !!!

 

-         C’est d’accord !

 

C’était un silence de mort qui régnait dans la voiture, plus personne ne parlait ; je venais de marquer un gros point contre ce cancre !  Je souriais en solo, sachant que j’aurai peut être des comptes à rendre, mais je savais que je n’avais pas tort et que je ne méritais pas un tel traitement venant de ce fils à papa.  Il avait encaissé ma riposte et j’avais senti qu’il avait été blessé.  Malgré la pénombre dans la voiture, je devinai son animosité qui se reflétait sur son visage.  Il suffit juste que l’un d’entre nous ouvre encore la bouche et qu’il se mette à beugler comme une vache.  Il avait exigé qu’on le dépose devant cet hôtel cinq étoiles (Hum ! Mieux de lui !).  A peine Pascal gara devant l’entrée du hall principal qu’il ouvrit la portière et ne manqua pas de la claquer violemment, pour exprimer son mécontentement.  Il commit ensuite la bêtise d’oublier ses bagages dans la malle ; je gloussais du fond de mon siège.  C’est Pascal qui le lui rappela.

-         Jess ?  Jess ?  Vos bagages !

De retour chez moi j’eus de la peine à fermer l’œil ; Tante Sidonie rentra vers les 2h matin et me trouva encore éveillée et en larmes.  Je lui avais finalement envoyé un message pour lui signifier que je ne pouvais plus la retrouver à ce concert, j’étais sonnée.  Mais ce qui me mit le plus dans cet état c’était l’attitude de Placide ; il me vilipendait partout à travers le monde et me retenait en quelque sorte comme prisonnière de lui.  Ma riposte envers son ami ne faisait que démontrer la vive colère que je ressentais contre ce Placide, obligée de jouer les courageuses et celles qui ne se laissent pas abattre à cause des racontars.  Placide était chanceux d’être si loin et de se comporter comme un lâche.  Mais cela ne m’empêcha de me sentir profondément blessée et atterrée, cela ne m’empêcha de me rendre compte qu’on me considérait comme telle, une fille légère qui se compromet dans des bassesses avec son patron au détriment d’un mari que j’aurais décidé de quitter.  C’était ça Placide, il excellait dans ce domaine qu’était le mensonge ; et sa version des faits semblait toujours plausible pour celui ou celle qui l’écoutait.

-         Et c’est pour ça que tu pleures ?  Laisse-moi te dire que ce n’est que le début !  On dira des choses à ton sujet !  Tu vas entendre tout genre, toutes les versions possibles et si tu passes ton temps à les écouter ma chère tu finiras pas avoir la tension et c’est ton cœur qui va lâcher !

 

-         Oui…  Snif !  Je sais…  Mais…  Snif !  Il fallait le voir !  Il fallait le voir !  Il ne me connait même pas !  Dès qu’il a entendu mon nom il s’est mit à me parler avec arrogance et à m’insulter comme si lui et moi on avait déjà eu à se côtoyer avant !  Placide fait du bon travail !  Je l’attends ici pour la procédure du divorce, il me perd le temps !

 

-         Depuis qu’il sait que tu travailles et que tu es épanouie, ça le dérange !  Il veut simplement salir ton nom !  Mais !  Je dis mais !  Reste digne, c’est justement en te comportant de la sorte que tu ne feras que le motiver, il n’attend que ça, que tu t’agites pour démontrer à tout le monde qu’il a raison !  Laisse les parler, vie ta vie et sois au dessus de tout ça !  Placide et compagnie ce sont des fou !  Ce fils Mbela doit avoir beaucoup de problèmes avec son père, il est sûrement très troublé !

 

-         Ah !  C’est un malade !  Il est très impoli, mal élevé !  Quand il est arrivé à l’aéroport ; non seulement il crânait en prenant des ces airs !  Merrrrde !  Même la démarche !  Il ne m’a même pas saluée, mais moi je suis allée vers lui tout gentiment et poliment, et c’est la où il m’a ramassée.  A la fin je l’ai remis à sa place !

 

-         C’est ça les fils à papa !  Ils ont toujours eu ce qu’ils veulent et lorsqu’on ne leur donne plus rien, ils commencent à en vouloir à toute la terre entière !

 

-         Et il a fallu qu’il croise Placide, il ne manquait plus que ça !

 

-         Tout va s’arranger…

 

-         Quand ?

 

-         Ne t’en fais pas, sois patiente ! 

Le calme olympien qui finit par me gagner le lundi de la semaine suivante eut raison de moi ; je décidai tout simplement d’ignorer tout ce qui venait de près ou de loin concernant Placide et compagnie, en commençant par ce fils grincheux.  Mais la seule chose que j’appréhendais ce lundi matin était les représailles de son père ; le travail n’avait pas été fait convenablement et j’attendais juste qu’il arrive au bureau et me fasse appeler de toute urgence.  A peine avais je posé mes fesses sur ma chaise que la sonnerie du téléphone retentit, c’était lui.

-         Allo ?

 

-         Oui madame Badjeck. ?  Venez me voir tout de suite !

 

-         Allo ?  J’arrive monsieur !

Je grinçais les dents ; connaissant la douche froide que j’allais recevoir.  Une fois devant la porte de son bureau, je pris une profonde inspiration, je toquai et j’entrai…

-         Asseyez-vous, le temps que je termine au téléphone !

Je me frottais les yeux à plusieurs reprises ; il causait au téléphone et paraissait très détendu !  Lorsqu’il raccrocha, il me fit plutôt un grand sourire ; je n’en croyais pas mes yeux.  Maintenant que je le voyais comme ça, je pus déceler une once de ressemblance avec son fils, à la seule différence que ce dernier était plus grand que son père.  Son sourire, au lieu de me détendre me mis encore plus mal à l’aise ; je baissai tout simplement les yeux, connaissant ce genre de piège.

-         Vous allez bien ce matin ?

 

-         Je vais bien !

 

-         Je sais que ça n’a pas été facile, désolé pour ce petit incident avec Jess !  Il est comme ça et ne supporte pas trop que je me mêle de ses affaires…

 

-         Ce n’est rien, c’est passé !

 

-         Ok !  On n’en reparle plus, mais ne soyez pas surprise de vous voir collaborer avec lui directement.

 

-         Je…  Je ne comprends pas !

 

-         Jess est venu ici sur ma demande ; j’ai insisté pour qu’il vienne parce que la société pour laquelle il travaille j’aimerais créer une sorte de partenariat avec eux, ça sera très bon pour notre image et ça ne fera que renforcer notre crédibilité.  Ca n’a pas été facile de le convaincre mais bon !  Il a un de ces tempéraments…  Enfin, il est comme il est mais il n’est pas méchant voyez ?

 

-         Je vois !

 

-         Il arrive toute à l’heure,  mais notez déjà que demain nous aurons une petite réunion de concertation avec lui dans l’après midi ; vous ferez donc le nécessaire à cet effet.

Je peinai à la ravaler, ma salive ; le fils Mbela venait travailler avec son père !  Sûrement pour une longue période ; rien qu’à imaginer sa présence ici dans ces locaux me donnait encore plus le tournis.  Je n’avais pas encore bien digéré le mépris qu’il m’avait manifesté malgré le fait que j’avais décidé de faire fi de tout ça et d’en être au dessus.  Il pensait connaître ma vie, mais il se trompait sur toute la ligne ; j’étais donc bien décidée à jouer les indifférentes et à me tenir bien éloignée de lui.  Je n’avais pas encore fini de ruminer tous les derniers événements pendant que je m’attelais à la tache en préparant cette fameuse réunion du lendemain que je le vis débarquer; il avait toujours la même allure, celle d’un frimeur et j’en passe.  Le regard hautain et froid qu’il afficha lorsqu’il me vit, ne fit que confirmer que lui non plus n’avait pas encore oublié ma riposte de la dernière fois.  Nous nous croisâmes au niveau du couloir, je me dirigeais vers la salle où se trouvait la photocopieuse ; il me regarda de haut avant de détourner son visage et de passer son chemin ; j’eus le temps de me détourner tout simplement sachant à l’avance qu’il ne m’adresserait pas ne serait ce que le bonjour ; nous venions de signer le contrat des pires ennemis de la planète.

-         Madame Badjeck !  Venez dans mon bureau !

Cette phrase fut la plus récurrente de cette matinée ; depuis que je travaillais avec Monsieur Mbela Victor, c’est l’une des première fois qu’il me faisait appeler dans son bureau toutes les vingt minutes.  Il n’arrêtait pas et on aurait dit qu’il voulait prendre assez de dispositions pour mettre son fils à l’aise.  C’était aussi l’une des premières fois que je vis cet homme solide comme un roc faiblir et se faire tout petit devant son fils.  Mon intuition me laissa percevoir qu’entre ces deux êtres il régnait peut être une sorte d’incompréhension permanente que le vieux tentait de réparer avant qu’il ne soit trop tard.  Quant à lui, Jess, comme j’entendais l’appeler ne se faisait pas prier ; il prenait des airs de macho et balançait tout et n’importe quoi à son père.

-         Ecoute Victor !!!

 

-         S’il te plait appelle-moi papa !

 

-         Je t’appelle comme je veux !  En plus nous sommes là pour parler affaire !  Ce mot est donc mal approprié !  Victor c’est plus professionnel !  Où en étais-je…

 

-         Tu me parlais des différentes offres…

 

-         Tu vois ?  Tu passes ton temps à m’interrompre…

 

-         Je suis désolé fiston, continue…

A la longue il me faisait pitié ce père qui suppliait l’amour d’un fils qui n’en valait pas la peine, il méritait une bonne claque celui là !  A chaque fois que j’entrai et que j’en ressortais j’étais de plus en plus mortifiée de voir autant de manque de respect et de mépris de la part cet homme envers son père.  J’en déduisis que leur histoire à eux les Mbela était loin d’être un conte de fée ; les apparences étaient bien trompeuses.  Après la réunion du lendemain certaines de mes appréhensions se dissipèrent.  Jess, avait tout simplement bluffé toute la galerie, il était doué en la matière ; il avait pu monter et démontrer un plan, toute une stratégie afin de mener à bien le projet en question ; il était tout simplement parfait et son père et tout le reste ne purent que l’en féliciter.  

-         Jess !  Tu es tout simplement parfait !  Tu aurais dû travailler pour moi !

 

-         Je préfère pas…  J’ai mieux à faire !

Sa réponse nous glacèrent tous et il s’en suivit un petit moment de silence gênant.  C’est le boss lui-même qui le rompit afin de détendre l’atmosphère.

-         Eh bien !  Que diriez-vous d’un petit cocktail préparé et offert par les bons soins de ma très chère assistante Jaïda ?

Ils étaient au nombre de six y compris moi ; pendant que tous s’abreuvaient, je pris la peine de me rassurer que tout le monde était servi et bien à l’aise ; mais lui Jess je l’évitais !  Il me foutait une trouille pas possible et il était capable au moindre de mes faux pas de me crier dessus et de me dire des choses pas du tout catholiques, c’était réciproque, lui aussi semblait ne pas être à l’aise en ma présence. A chaque fois que je me trouvais dans son champ de vision, je sentais son regard insistant sur moi et lorsque je me retournais brusquement, je le surprenais et il faisait mine de n’avoir pas posé son regard sur mon derrière, jouant encore les snobs capricieux.  Très énervée par cette attitude, je finis par le toiser proprement à la troisième œillade, tout en le rasant de près pour qu’il comprenne que je n’étais pas une allumeuse.  Tout était terminé à plus de 19h ; mon directeur me fit encore appeler dans son bureau et me remis une chemise que son fils bien entendu avait oublié d’emporter.

-         Allez donc remettre cette chemise à Jess, il est sur le point de partir, il l’a oubliée !  Faites vite !

Il était déjà dans la voiture lorsque j’allai le retrouver au parking, il venait de fermer la portière, le chauffeur avait déjà démarré.

-         Jess !  Attendez !

Il se retourna et me vit ; il fit signe au chauffeur de s’arrêter.

-         C’est le dossier que vous avez oubliez chez votre pè…  Chez le DG !

 

-         Je m’appelle Jessé !  Compris ?  Jess c’est pour les intimes !  Merci !  Pascal démarre !

Il ne demanda pas son reste et lorsque le véhicule démarra, je m’entendis prononcer à voix basse et sans le vouloir « Petit con ! ».  Avant de faire demi-tour.

Il n’y avait que mon travail et mes activités à l’Eglise qui comptaient énormément pour moi.  Depuis l’échec de ma vie sentimentale et de mon mariage, les hommes, j’en avais une sainte horreur ; je les considérais tous comme des personnes fausses et menteuses.  Je n’avais jusqu’ici pas eu d’aventures, ni aucun flirt !  Tout ça ne me disait rien et ne me passait vraiment pas par la tête.  Je m’étais tout simplement dit que j’en avais terminé avec la gente masculine, elle ne ferait plus partie de mon existence.  Mon expérience avec Placide m’avait tellement blessée, froissée, humiliée, vexée et offensée que lorsque j’avais affaire à l’un deux, mes réactions n’étaient plus très souvent contrôlées. 

-         J’en ai terminé avec les hommes !  Plus jamais !

Répondis je un jour à mes collègues ; surtout les hommes ; je voyais bien que certains d’entre eux avaient des vues sur moi, je les rabrouais tout simplement en leur balançant ce genre de phrase.

-         Tu jures en plus !

 

-         Et pourquoi pas ?

 

-         Ca se retourne contre toi à ce moment là !

 

-         Didier !  Laisse-moi tranquille !  Si tu veux te taper une fille, il y en a partout là dehors !  Je ne suis pas intéressée !  Et en plus on est collègues !  Quel culot !

 

-         C’est l’amour…  Regarde toi, regarde comment tu es belle comme une sirène ; je te jure tu me plais grave !  Tes formes, on dirait un top modèle tout droit sorti d’un magazine!  On…  On pourrait se voir en toute…

 

-         Tu es tout simplement malade !  Je connais ta vie de A à Z !  Je te rappelle que j’ai déjà lu ton dossier, souviens toi, lorsque tu venais d’être recruté…  Tu es marié !!!  Alors ne joue pas les faux célibataires parce que tu ne portes jamais ton alliance !

 

C’est ainsi que je réagissais face à eux ; je venais de rejoindre le clan des célibataires endurcies et victimes d’une grande déception !  Je venais de rejoindre tante Sidonie, je la comprenais, on se comprenait ; les hommes n’étaient tous que des pervers et des menteurs ambulants.  Mais il ne faut jamais jurer de rien, ce dicton à ce moment là ne me traversait pas l’esprit ou encore je refusais de l’intégrer dans mon esprit ; j’avais juré, un point c’est tout.  Au fil des jours je remarquai que le comportement de Jess changea peu à peu, mais je maintenais toujours autant de distance et de froideur.  Il était l’ami de mon ennemi, ce qui veut dire que lui aussi était considéré comme tel et je m’en méfiais.  Durant les trois semaines qui avaient suivi, nous travaillions sans relâche.  Je ne rentrais chez moi qu’après 21 heures.  Jess, il était devenu plus patient, plus compréhensif et moins gueulard qu’au départ ; mais c’est surtout mon comportement qui le surprit et il en eut honte, de savoir que je n’étais pas celle dont il se faisait autant d’illusions et de fausses idées.

On venait de terminer, tout le boulot avait été fait, et il ne restait que les rapports à saisir et à corriger ; nous avions bossé comme des malades ; une certaine familiarité s’était installée entre nous, malgré nous.  Je le sentais venir, je le voyais venir ; tous mes gestes, je les anticipais naturellement afin de ne laisser aucune ouverture.  Il avait oublié tout simplement qu’il était l’ami de Placide et qu’ils avaient eu l’audace de moucharder en tout aise à mon sujet.  Je venais d’éteindre et de fermer mon laptop et lorsque je voulu me lever, il me prit de court.

-         Tu peux attendre une minute ?

 

-         J’ai des choses à terminer dans mon bureau je…

 

-         Ca peut attendre !

 

-         Non ça ne peut pas !

 

-         Jaïda, je dois te parler !

 

-         Et de quoi ?  Je ne suis pas intéressée !

L’excursion organisée par l’entreprise dans la ville de Limbé, était dans toutes les bouches ; tout le monde était excité, personne ne voulait manquer à cet événement et c’est chacun et chacune qui s’organisait pour la circonstance.  Tous les employés étaient conviés, et s’étaient tous frais payés par la compagnie.  Tout le monde était plus qu’enjoué, sauf moi !  J’avais décidé de ne pas en faire partie, malgré les insistances des uns et des autres, je restai insensible.

-         Non Jaïda tu fais mal !  Il faut y aller, tu seras avec tes collègues !  Amuse-toi un peu !

 

-          Maman je veux bien, mais je ne me sens pas motivée !  Je …  Je ne ressens rien du tout !  Ca ne m’intéresse pas !

Moi seule savait, je ne voulais tout simplement pas me retrouver dans ce genre d’endroit en sa présence ; je savais qu’il ferait partie du lot ; je le fuyais comme la peste, je fuyais son regard imposant sur moi, son regard qui se baladait sans cesse sur les formes de mon corps, tout cela me rendait malade.  Il me désirait profondément et secrètement au point où j’en eus honte.  Limbé et tout ça, rien que le fait qu’il me voie en maillot de bain, me tuait.  Je le détestais encore plus parce qu’il était l’ami de Placide et dont il passait sûrement la plupart de son temps à moucharder au téléphone à mon sujet.  Je ne voulais pas tomber dans ce piège ; Jess était tout simplement comme tous les mecs, des bandits de première catégorie.  Alors l’idée d’aller à cette excursion n’en valait pas la peine.

Le départ était prévu samedi matin très tôt.  La veille au bureau c’était la liesse générale, en gros c’était la folie.  J’étais rentrée chez moi plus tôt que prévu car le boss Mbela était absent, encore moins son fils, Jess !  J’avais également prévu de me mettre au lit très tôt, avec pour objectif de faire une bonne grasse matinée comme je n’en avais plus fais depuis des lustres.  Je venais de terminer mon plat de sanga, de faire la vaisselle pendant que je causais avec ma tante, de me mettre ensuite en robe de nuit et de m’apprêter à aller au lit à 20h qu’on entendit sonner. 

-         Vas-y maman !  Moi je dors déjà !

Lorsqu’elle revint quelques secondes plus tard elle me dit.

-         Je ne sais pas qui c’est, mais il ma dit qu’il s’appelle Pascal, qu’il est ton collègue, un des chauffeurs de ton DG !

 

-         Hein ????  Pascal ???  Il vient faire quoi à pareille heure chez moi ?

 

-         Je ne sais pas !  Peut être qu’on a besoin de toi !

 

-         A quelle heure ?

 

-         Va voir !  J’ai l’impression que c’est urgent !

Après avoir enfilé une robe simple, je trouvais Pascal assit au salon.

-         Pascal ?  Qu’est ce qui se passe ?  C’est ton patron qui…

 

-         Non …  C’est Jess !  Il est en bas et aimerait savoir si tu peux lui donner la permission de monter te voir ou alors si ça ne te gêne pas de descendre le voir…

 

-         Il est fou ?

 

-         Je dirai… Oui !

 

-         Dans ce cas vas lui dire qu’il est fou !  Je ne descends pas et qu’il ne monte pas !  C’est quoi ces manières ?

 

-         On ne va pas bouger tant que vous n’avez pas choisi l’une des options !

 

-         Ok !  C’est ce qu’on va voir !  Viens !  Il va me sentir…

 

A peine sortis de l’appartement, je tombais sur lui ; il n’était pas loin, il attendait tout simplement au couloir.

-         Mais qu’est ce que…

 

-         Pascal c’est bon merci !  Tu peux m’attendre une seconde ?  Je termine avec elle, la tigresse !

 

-         Tu es fou ?  Tu te permets de débarquer chez moi à pas d’heure !  Tu te prends pour qui ?

 

-         Je me prends juste pour celui qui t’ordonne de venir à cette excursion !

 

-         Tu m’obliges en plus !  Est-ce un ordre ?

 

-         En quelque sorte !

 

-         Ecoute moi très bien et ouvre grandement tes oreilles !

 

-         Vas-y !

 

-         Vas dire à ce connard de Placide que je ne rentre pas dans vos histoires de cul et de putes !!!  Je n’en suis pas une c’est compris !  Allez-vous faire voir !

 

-         Jaïda, je ne suis pas du tout ce que tu crois !  Tu te trompes comme moi je me suis trompé dès le départ !  Placide n’est qu’un salaud !  Nous n’avons jamais été amis, juste des partenaires ; on traité une affaire quand j’étais de passage en Angleterre avant de me rendre compte que lui et sa copine voulaient me berner, me truander !  Ce sont des malhonnêtes, je le sais depuis longtemps ; j’ai cru que tu étais comme lui, je t’ai mal jugée, je m’excuse, mais il a commis la plus grande bêtise de sa vie, celle de te laisser tomber pour une vieille peau !  Il…Il a laissé tomber une si jolie créature… 

Je manquai de tomber à la renverse non pas à cause de ce que je venais d’entendre sortir de sa bouche, mais surtout à cause de son sourire timide ; depuis son arrivée, il ne l’avait jamais fait.  Je me ravisai quand et même et je lui répondis.

-         Bonne nuit Jessé !

 

Non appelle moi…  Jess !

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