Chapitre 14

Write by Lilly Rose AGNOURET


 

« Vu que nous sommes là, maman, une réunion de famille s'impose, je crois ? »

« Quelle famille ? Pardon, fous-moi le camp avec tes conneries. Famille de mes fesses ! », me répond t-elle en tentant de mettre un peu d'ordre dans sa coiffure. Je la vois ensuite soulever un oreiller et en sortir une liasse de billets de banque.

« Tu a été payé pour ta prodigieuse prestation ! Quel rôle tenais-tu dans le lit ? Catwoman ? »

« Mange ton cul, Azizet ! Va au diable. », me lance t-elle en se levant pour aller vers la porte de sortie.

« Tu n'iras nulle part Albertine Malanga. Tu vas parler maintenant et me dire tout ce que je veux savoir. », lui dis-je, en me levant.

Je la regarde droit dans les yeux. M'adossant contre un mur, je lui dis simplement :

« Réponds à une simple question. Qui est le géniteur de Lauryne ? »

Là, elle s'arrête net, ne prend même pas la peine de me regarder et dit :

« Oh ! Si tu crois que je vais rester là pour te parler comme si toi et moi nous avions quelque chose à partager, ma pauvre, tu n'y es pas du tout. Je dois partir. J'ai gagné mes 250 mille cadeau. Je vais payer mon loyer. »

Les garçons qui jusque là sont restés silencieux, interviennent alors.

« Merlie, laisse la vieille partir. Tu vois bien qu'elle doit se remettre de ses émotions ! », me lance Christian.

« C'est une blague, mec ! Il est hors de question qu'elle s'en aille avant d'avoir répondu à me questions. Donc, messieurs et madame, veuillez prendre vos aises en nous asseyant confortablement. C'est maintenant que tous vous parlerez. Arrêtez de me faire tourner en bourrique. On s'assoit et  vite ! », fais-je sur un ton qui ne peut souffrir aucune contradiction.

Je vois les garçons qui s'installent dans des fauteuils. L'un se gratte la crane alors que l'autre aimerait être prestidigitateur pour disparaître de la pièce. Ma mère continue d'admirer son portrait dans un petit miroir de poche. Elle pousse l'audace à se maquiller les lèvres avec un gloss qui pour moi est d'une indécence.

« Tu n'as plus 20 ans, je te signale. »

« Qui t'a sonné, Azizet ! Je ne suis pas ton enfant et je vais sortir de cette chambre immédiatement. Mais regardez moi celle là ! Tu pense que ton avis m’intéresse. »

« Oh ! Madame Malanga ! Tu arrêtes avec tes grands airs sinon je descends voir la direction pour raconter que tu utilises cette chambre pour tes parties de jambes en l'air. »

Cela a pour effet de lui ra&battre son caquet. Elle se pince les lèvres et je sens quelle déteste la position inconfortable dans laquelle elle se retrouve.

« Alors, assied-toi. Nous ne sortirons d'ici que lorsque j'aurais les réponses à mes questions. »

Elle obtempère en s’asseyant tranquillement sur le lit. La mine boudeuse qu'elle affiche me fait rire intérieurement. Je décide d'y aller avec force et conviction  pour qu'aucun d'eux ne me fasse de nouveau tourner en rond ;

« Ma question es bien simple et n'attend pour réponse qu'un nom et un prénom. Alors, dîtes-moi qui est le géniteur de Lauryne. »

SILENCE DE PLOMB. Je pourrais même entendre un fourmi marcher tellement les gens qui m'accompagnent sont muets.

« Qui est le géniteur de Lauryne ? », dis-je à nouveau.

SILENCE DE MORT.

« Bon ! Je vous laisse à votre petit jeu minable. Je vais dans ma chambre appeler  Bertrand Makaga. J'irai chez lui ce soir même. Inutile d'attendre plus longtemps. Je vous souhaite à tous les trois, une très belle nuit. »

Sur ce, je me dirige vers la porte quand soudain, Christian crie :

« Mais ce type est capable de te faire bouffer par ses dogs si tu viens le voir et l'accuser. Merlie, il faut réfléchir avant d'approcher un gars pareil ! »

« Oh, mais si elle prendre son pied avec lui, qu'elle y aille. Il paraît qu'il paie bien, non ! Enfin, c'est ce qu'on dit. »

« Hum, la veille, c'est ce qu'on dit ou bien tu as aussi goûté ce con de Bertrand Makaga comme tu viens de goûter le petit Amoniè ? Tu n'as peur de rien, n'est ce pas ? », lance Pédro.

« Mon corps m'appartient «, dit ma mère, alors que j'ouvre la porte pour sortir de cette chambre.

« MERLIE ! », crient Pédro et Christian.

Je ne m'arrête pas. Je n'ai plus de temps à perdre avec leur silences et leurs conneries. Je me dirige vers l'ascenseur, bien décidée à monter dans ma chambre. Les garçons me courent après et me retiennent au moment où je m'apprête à entrer dans l'ascenseur.

« N'appelle pas ce type, Merlie. Il est cinglé. », me supplie Christian.

« Vous semblez vous foutre royalement de ce que je vous dis. Je vous ai bien expliqué qu'il en va de la vie de mon neveu et tout ce qui vous trouvez intelligent de faire est de vous taire ! Lâchez-moi immédiatement ! », fais-je avec aplomb.

Je sors alors mon téléphone portable et compose le numéro de la réception. D'une voix tranquille, je demande au réceptionniste s'il lui est possible de me trouver le numéro de Mr Bertrand Makaga.

« Le grand  Bertrand Makaga ? Le patron suprême des Mines ? »

« Oui, oui ; C'est bien lui. Il se trouve qu'il m'a remis sa carte cet après-midi et je l'ai tout bonnement perdu. »

« Ok. Je regarde rapidement dans les pages pratique du Gabon et...un instant. »

Après quelques instants, il revient et e donne le numéro fixe de cabinet de ce cher Bertrand Makaga.

« Merci. », fais-je en raccrochant.

Là, je forme directement le numéro en le répétant à haute voix :

« Mr  Bertrand Makaga, patron des patrons de Mines répond au 01 72.24... »

« C'est bon Merlie ! C'est bon. On va tout te dire ! », fait Christian d'une voix chevrotante.

« Non ! Je préfère régler le problème avec le violeur de ma sœur. Au moins, il y a de fortes chance qu'il soit n donneur compatible plutôt que le géniteur de Lauryne. »

Je continue de former le numéro et là, Pédro m'arrache le téléphone des mains.

« Tu veux tout savoir, n'est ce pas ? »

« Il faut bien que je sache, non ! Je vous ai dit qu'absolument rien ne pouvait me choquer ou m'étonner. », dis-je.

« C'est Nyama. », jette Christian.

« Quoi, c'est Nyama ? Qu'est ce que Nyama vient faire dans tout ça ? », fais-je sans comprendre.

Christian toussote nerveusement et Pédro se passe la main sur le visage avant de me lancer :

« Nyama est le géniteur de ta sœur Lauryne. »

Le sang ne fait qu'un tour dans mon cerveau. C'est en courant que je les plante là devant cet ascenseur pour aller à la recherche d'Albertine Malanga, alias ma mère, pour soi la tuer de coups, soit la jeter par une fenêtre. L'un dans l'autre, c'est sa mort qui pourra me remettre l'esprit en place à cet instant. Je la course dans l'escalier de service qu'elle vient d'emprunter. Sans même me soucier du fait que son gabarit est plus massif et imposant que le mien, je la tire par le bras et l'oblige à revenir sur ses pas.

« Tu es folle, Azizet ! C'est la folie de ton père et de ta grand-mère qui te prend, ou bien ? »

« Reviens ici, Albertine Malanga. Toi et moi, nous devons causer. Tu vas me dire comment il est possible que tu m'aie livrée à cet être abject qu'était THEOPHILE NYAMA alors même que tu lui avais déjà donné ton corps. »

la rage en moi décuple à chaque marche d'escalier que je parviens à remonter en la tirant comme une forcenée. Elle me lance alors :

« Est-ce que c'est de ma faute si cet homme voulait ton Con ? Fous-moi l camps avec tes conneries. »

J'ai juste envie de lui lâcher le bras pour qu'elle aille s'écraser au bas de cet escalier et qu'ainsi plus jamais je n'entende parler d'elle. Je la tire sans plus me préoccuper de ses invectives. Elle crie et me balances plein de méchancetés. Tout cela ne m'atteint pas car je n'ai qu'une envie : en finir avec elle et l'envoyer définitivement au Diable.

Nous revenons dans la chambre où nous étions tout à l'heure. Je ferme la porte après que Christian et Pédro y soient entrés.

« Vous allez tous les trois me raconter comment un tel cauchemar est possible ? Comment le type que je haïssais le plus au monde, celui dont il m'est encore aujourd'hui pénible de prononcer le nom a pu être à l'origine de la vie d'une personne aussi adorable que Lauryne ? Dîtes-moi que c'est une blague ! », leur dis-je effarée.

« Tu sais, Merlie, quand tu veux des fruits sains, tu les sépares de la pourriture ! », me fait Christian.

« On arrête avec les énigmes et les paraboles. Tout le monde parle correctement et en français facile. De qui tenez-vous cette information, messieurs ? Et toi, madame, est-ce vrai ? As-tu vraiment fait un enfant à ce déchet humain et ensuite livré ta fille aîné à ce type ? », dis-je au bord de la sidération.

« Et alors !!! », ose lancer Albertine Malanga.

Je suis tout d'un coup prise de céphalée monstrueuses. Je décide donc de m'adosser avec précaution contre la porte.

« Et alors quoi ? », lui dis-je. « Tu as si peux de moralité que cela ne t'a même pas un peu déranger de faire ce que tu as fait ? Es-tu sûr que tout fonctionne correctement dans ta tête ? », lui dis-je.

« Pas la peine de me faire le bruit, tu comprends. Si tu veux donner une leçon de morale à quelqu'un, appelle ton père. C'est lui qui t'a laissée croupir dans la misère en m'abandonnant sans le sou. »

« Arrête avec tes mensonges ! De toute façon, il vaut mieux que tu te taises. Quoique tu dises, cela ne me fera pas avancer. », lui fais-je pour lui clouer définitivement le bec.

Je me tourne vers Pédro et lui demande de me faire le récit de leur enquête.

« ça nous a coûté beaucoup de bière et de patience. Nous avons retrouvé une vielle, la mémoire du quartier Plein Ciel. Elle se souvient bien de toi. Tout le monde l'appelle maman Kassa. Elle nous a dit qu'elle te gardait certains nuits, quand tu avais 3 ou 4 ans et que ta mère devait recevoir son amant. Ce dernier venait la retrouver à minuit, le jeudi et le dimanche. »

« Je ne me souviens même pas de ces moments là. La vieille Elisabeth Kassa, oui, je m'en rappelle. Qu'a t-elle dit ? »

« C'est bien simple, Ta mère s'est donnée la première fois à Nyama en fin d'année. À l'époque, elle vendait des feuilles de manioc au marché de Nkembo. Le type passait par-là un soir de Noël, va savoir ce qu'il faisait dans un coin pareil. Bref, il lui a fait la cour. Elle a accepté le deal. Il a payé cash 50 mille francs cfa, une marchandise qui devait lui coûté 7 mille francs. Voilà comment il a ferré la femelle. Il lui a demandé s'ils pouvaient, comment dire, euh...tu vois quoi. Elle a accepté la chose. C'est comme ça que la nuit même, au lieu d'aller à la messe de minuit comme tout le monde, madame ta mère a accueilli ce morpion chez elle après t'avoir confiée à la vielle Kassa. Et de là, tout a commencé. Elle a arrêté son pénible commerce de feuilles de manioc et a été recruté comme femme de ménage payé 50% de plus que les autres femmes de ménage de la SETREM, que présidait ce porc. Voilà ! »

J'en reste sans voix. Je regarde cette femme qui, un moue dédaigneuse sur le visage, s'arrange pour m'éviter. Je continue tout de même de la regarder comme si elle pouvait, un seul instant, avoir été victime d'une lobotomie au point de livrer sa fille à son ex-amant.

« Qu'est ce qui n'a pas marché, Madame Malanga ? Ton corps ne plaisait plus à ton amant ? Il t'a  jeté alors que tu étais enceinte, c'est ça ? Il s'est lavé les main de cette grossesse ? »

Elle me regarde, me toise de haut en bas puis me dit :

« Je ne sais pas ce que tu cherches en remuant toute cette boue mais je ne te dirai rien tant que je n'aurais pas le numéro de téléphone de ma fille. »

Je la regarde et lui dit :

« Tu vas me dire les raisons pour lesquelles tu m'a livrée à ce type ? Tu vas me dire pourquoi il n'a pas reconnu Lauryne et ignorait qu'il en était le père. J'attends. »

Madame ne parle pas et se ferme dans un mutisme qui a le don de m'agacer. Sentant mon exaspération, Christian annonce :

« Elle a caché à Nyama qu'elle était enceinte et ne lui a pas parlé de ta sœur, par simple vengeance. Le type l'avait plaquée pour s’intéresser à une de vos voisine, qui avait tout juste 17 ans. Ta mère en a pris la grippe car Nyama a fait déménagée la fille vers un quartier résidentiel, avec son père sa mère et ses 4 frères ; Fini Albertine Malanga. Il l'a simplement jeté. Donc, elle a caché sa grossesse pour ne pas lui donner le bonheur d'avoir un autre enfant. Elle savait qu'il aimait les enfants et lui aurait sûrement enlevé Lauryne. C'est pour cela qu'elle a déménagée, a démissionné comme femme de ménage, pour reprendre son commerce de feuilles de manioc, cette fois au marché de Louis. »

« Ok. Je vois. Tu étais amoureuse de ce type, cet animal, Albertine, dis-moi. »

« Parle à mon cul ! », me lance t-elle avec une haine que je ne comprends pas. « Tu as aimé out ce qu'il t'a fait, non ! Tu as tellement aimé ça que tu as réussi à lui soutirer plus d'argent qu'il ne t'en fallait pour vivre. Pourquoi crois-tu que la boite a coulé quand ce type est mort ? Parce que tout l'argent qui rentrait dans la caisse servait à payer les voyages de princesse de la petite pétasse que tu étais. BORDELLE ! Tu resteras une bordelle ! »

c'est à n'y rien comprendre ! Je préfère alors aller dans la salle de bain, me passer de l'eau sur le visage. Quand je reviens dans la chambre, j'entends Christian lancé à ma mère :

« Pourquoi tant de haine, la mama ? C'est toi-même qui as donné ta fille à Nyama ! Toi-même tu as profité de la situation vu que tu as eu une promotion jusqu'à aller au Ghana apprendre l'anglais et devenir secrétaire ! Pourquoi tant de haine ? »

Là, dans un monologue tragi-comique, ma mère s’effondre en larmes et genoux sur le tapis, lance :

« Ce type là aimait le sexe comme les autre aiment boire les Regab et les Castel jusqu'à oublier le chemin de leur maison.  Il ne voyait pas les femmes. Un jour, il m'a rencontrée au marché de Louis. C'était peut-être combien d'année après notre dernière nuit ensemble. J'étais avec Lauryne. Elle m'aidait à vendre. Le type a eu le courage de descendre de la voiture avec son ventre là plein de je ne sais quoi. Il est arrivé vers nous. Il a carrément sorti une enveloppe pleine d'argent de la poche de sa veste de costume. Il a carrément tendu l'enveloppe à Lauryne, en lui caressant le visage en la complimentant. SEIGNEUR ! Mon cœur est seulement sorti de ma poitrine tellement j'ai senti le Diable en action. Devant mes propres yeux ! Nyama me reconnaît, il voit l'enfant qui n’avait même pas encore 12 ans et il ose l'appeler dans sa voiture pour aller lui offrir des boucles d'oreille dans une bijouterie de Glass ! Le Ciel m'est témoin, j'ai failli mourir ce jour là d'une crise cardiaque. J'ai supplié Nyama que pardon, oooh, pardon, laisse-moi l'enfant tranquille. Le type a ri. Il a seulement dit, mais Albertine, tu as du bon vin qui est sorti de ton ventre. Je peux consommer ce vin là et te mettre à l'aise. Demande-moi ce que tu veux. Je lui ai seulement dit que je ne veux rien. Là, devant mes yeux, il a encore sorti une autre enveloppe. Elle était kaki, plus grande. Il m'a seulement tiré le tee-shirt que je portais et a accroché l'enveloppe à ma poitrine. Il est resté là pour caresser le visage de Lauryne. J'ai dû prendre la bassine pleine de poissons de ma voisine pour la lui verser sur la tête et l'obliger à partir. Il s'est énervé et est parti aussi vite. Mais le lendemain il était là. Il a fait cela pendant un mois. Un mois durant j'ai vécu avec la crainte que ce type me choppe l'enfant dans les allées du marché pour aller la violer dans un hôtel. Ce type ne voyait pas les femmes. Lauryne n'avait pas 12 ans. C'est quoi, les petits seins là qui ressemblaient à des mandarines qu'il voulait sucer ? Ça c'est quel type de folie !? Je ne pouvais pas lui laisser mon enfant. Je ne pouvais pas. »

 

Je respire un grand coup et suis obligée de m'appuyer contre un mur pour tenir le coup et ne pas m’effondrer tout à fait. A la façon qu'elle a de dire MA fille, je comprends encore plus aujourd'hui, combien j'ai été un fardeau pour elle, comme un bagage que l'on abandonne à la consigne pour ne pas payer les excédents quand on va en vacances ! ELLE NE M'A JAMAIS AIME et elle ne s'en cache pas. Elle ne s'en  est jamais cachée.

La voilà qui continue son sketch :

« Il m'a coincée un jour là alors qu'on rentrait à la maison, Lauryne et moi. Le type a ouvert son pantalon pour montrer son sexe à 'enfant. Nous étions juste devant chez le libanais non loin de la maison. Je cherchais Lauryne. Je la retrouve dans un coin avec le type qui la forçait à lui caresser le sexe. Ce type était le diable en personne. Il aurait couché avec sa propre fille. J'en étais malade au point de passer la nuit entière à vomir et aller au toilette prise d'une diarrhée chronique. Quand je me suis réveillée le lendemain, j'ai seulement pris l'enfant pour aller la cacher à Gamba chez mon grand frère Louis-Pascal. Elle est restée là-bas tranquille pour finir l'école. J'ai out payé avec les enveloppes d'argent que ce type nous avait donné. Je suis revenue à Libreville. C'est là que deux semaines plus tard, il a envoyé un chauffeur venir me chercher alors que j'étais au marché. Il a osé me dire : mais Albertine, tu as tu très bon champagne chez toi ! Je suis passé et j'ai vu une très bonne bouteille chez toi. Un véritable millésime. Regarde, je te pose ce contrat là ici, sur la table. Regarde à côté, y a un billet d'avion pour Tunis. Tu n'as pas envie d'aller faire du shopping à Tunis avec une de tes copines, au lieu de te crever sous le soleil ou la pluie dans ce satané marché ? Yod ! Je savais même que millésime c'est quoi ? Il était là en train de trembler, il suait comme si on était dans le désert, alors que son bureau était climatisé. Il tournait en rond là en train de parler de la bouteille de champagne que j'avais à la maison. Comme si je connaissais même le prix d'un champagne. C'est là qu'il me dit : Je sais où elle va à l'école. Elle est au collège Quaben. Va faire ton passeport, mama. Va tranquille à Tunis, l’hôtel est déjà payé. Mais dans un mois, je veux voir cette bouteille de champagne ici, dans mon bureau. J'ai seulement regardé le gars. Je lui ai dit que je ne comprenais rien à ce qu'il racontait. Il a dit : elle est en 3ème au collège Quaben. Je n'ai plus besoin de toi pour la trouver. Alors, signe ce contrat de secrétaire, prends cette enveloppe contenant deux millions de francs CFA avec deux billets d'avions pour Tunis et dégages d'ici avant que je tombe chez toi pour venir aussi chercher la petite que tu emmènes au marché. Ah ! Je suis rentrée à la maison. J'ai appelée ma copine Bebette dans la chambre. On a compté les millions et puis je lui ai dit qu'on partait nous deux en Tunisie. Elle a dit que je devais enlever le cœur dans cette affaire parce que Marlène était déjà une femme et que de toute manière, la petite baisais déjà avec les voyous du quartier. Donc, pour ne pas qu'elle m'emmène un bâtard à nourrir c'était mieux qu'elle aille baiser avec un grand patron qui allait nous sortir du trou de ce mapane de Venez Voir. C'est là que le lendemain aussi, je suis partie lui donner la bouteille de champagne qu'il voulait, non ! Y a quoi même ! Si tu ne lui avais pas donné ton cul, tu penses qu'aujourd'hui là, tu serais devant moi habiller avec tous ces tailleurs et toutes ces grandes robes ? Est-ce qu'il ne t'a pas mise à l'aise ? », finit elle en me regardant droit dans les yeux comme l'aurait fait une serpent.

J'ai le corps complètent engourdi, la tête lourde et le cœur qui enfle dans la poitrine. Je manque soudain d'air. Une envie de vomir me prends alors sans même chercher à contrôler quoique se soit, tout sort d'un coup et atterri sur le beau tissage de ma mère et dégouline sur son visage.

Je vais me nettoyer dans la salle de bains alors qu'elle n'arrête pas de crier :

« Tu n'es qu'une pute, Azizet ! Tu n'es qu'une pute. »

Je sors de la salle de bains et lui lance :

« J'ai de qui tenir. Tu n'as qu'à nettoyer. C'est bien pour ça que tu es dans cet hôtel, non ? Faire le ménage, ça te connaît ! »

Je sors de cette chambre sans plus perdre de temps et avance vers les ascenseurs. Les garçons me suivent de près et me demandent la marche à suivre.

« J'ai besoin de la nuit pour réfléchir. Je vous appelle demain au réveil. »

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