Chapitre 14: La médiation - 2ème Partie

Write by MTB

Le ton était légèrement monté. Hervé en avait presque les larmes aux yeux ; ce qui n’échappa à Chantal qui lui lança sur un ton doux :

-          Tu es amoureux de moi c’est ça ?

Timidement Hervé leva la tête et secoua la tête. Mais Chantal insista pour une seconde fois :

-          Je veux juste savoir. Et si tu ne peux pas être sincère, alors pourquoi devrais-je croire tout ce que tu viens de me dire ?

-          Qu’est-ce que ça peut bien changer à la situation ?

-          Tu es amoureux de moi ?

-          Chantal, tu es une fille magnifique. Je ne te connais pas assez mais le peu de temps que j’ai passé en ta compagnie m’a fait découvrir combien tu es spéciale. Et je comprends tout à fait la réaction de Richard. D’ailleurs, je l’aurais traité de n’importe quoi s’il n’était pas tombé amoureux de toi. Et c’est quelque chose que je ne peux changer. Peut-être si j’avais eu la chance de te croiser avant lui, les choses seraient peut-être différentes. Mais qui sait ?

-          Waow. Quelle sincérité !

-          Je ne vais pas te dire d’appeler Richard pour lui dire « OUI JE VEUX ETRE TA COPINE ». Ce que je vais te dire, c’est d’accepter son prochain coup de fil et de lui donner une chance de te dire lui-même ce qu’il ressent.

-          D’accord j’accepte.

Ensuite, ils passèrent le temps à parler de tout et de rien, de leurs goûts, de leurs rêves et projets. Il faut dire qu’ils avaient beaucoup de points qui se ressemblaient. La conversation était gaie. Et sans s’en rendre compte, Hervé avait posé sa main sur celle de Chantal et se mit à lui caresser les doigts. Elle se laissa faire pendant quelques instants et apprécia la douceur de sa main. Ils étaient ainsi quand le serveur s’approcha pour leur demander s’ils avaient besoin de quelque chose. Richard s’empressa de commander une pizza Reine à Chantal sans lui demander son avis.

-          Donc tu vas manger une pizza cette nuit ?

-          Non, c’est pour toi. Je t’ai pris assez de temps et je parie que le temps d’arriver à la maison, tu auras faim.

-          Et toi alors ?

-          Moi, je vais me contenter de déguster la soirée que j’ai passée avec toi.

-          Tu essaies de me faire la cour ou bien quoi ?

-          Ce n’est pas recommandé dans ma situation actuelle même si l’envie y est.

-          Alors pourquoi tu ne dis pas à Richard la vérité sur tes sentiments ?

-          Hum. Mieux vaut préserver son amitié et être aussi proche de toi en même temps que d’être loin de vous deux.

-          Et que feras-tu s’il se rendait compte que tu éprouvais des sentiments pour moi ?

-          Aucune idée et je préfère ne pas penser à cela.

-          Je crois que je t’apprécie bien.

-          Merci. C’est très gentil. Et je crois que ta pizza aussi est prête. Nous pouvons y aller.

Ils se levèrent et sur le parvis du restaurant, un gros bouquet de roses rouges avait été remis à Chantal totalement stupéfaite.

-          Je ne comprends pas ce qui se passe.

-          Disons que quelqu’un t’a offert tout simplement des fleurs.

-          Elles viennent de toi ou de quelqu’un d’autre ?

-          Aucune idée. J’étais à l’intérieur du restaurant comme toi.

-          Et combien de personnes savaient que j’avais rendez-vous ici ?

-          Tu as raison. Il est de Richard. J’ai pensé te les remettre en quittant car je me disais que tu n’aurais pas de quoi les mettre dedans dans le restaurant.

-          C’est un très joli bouquet.

Ils se firent une longue accolade avant de se séparer. En son for intérieur, Hervé n’avait pas souhaité la relâcher. Mais il le fallait sinon les langues parlent vite par ici.

Chantal prit un taxi et rentra chez elle. Elle humait le bouquet de fleurs car c’était des roses toute fraiches. Soudain, elle s’immobilisa net. Et si Hervé avait menti à propos du bouquet de fleurs ? Et si ce bouquet venait de lui ? C’est vrai qu’avec la mission qu’il avait, ce serait déplacé d’offrir des roses mais il avait avoué ses sentiments et c’était sincère. Ce soir, elle dormirait avec le doute dans la tête mais demain à la première heure, elle enverrait un mot de remerciement à Richard. Elle était sur le point de s’allonger quand elle remarqua un collier caché à l’intérieur du bouquet de fleurs. C’était un pendentif qui devait coûter cher. Et un cadeau comme cela n’était pas si difficile que cela pour Richard. Il en avait largement les moyens. Une heure de temps après, le sommeil la fuyait. Elle ne cessait de revoir Hervé avec son regard tendre, et surtout la lueur dans ses yeux quand il avoua ses sentiments de façon claire mais discrète. A présent, tout se mélangeait dans sa tête. Elle ne savait plus si son cœur battait pour Hervé ou Richard. Elle alluma la radio et essaya d’écouter de la musique mais passa plus de temps à contempler le plafond qu’à voyager avec Morphée. 

Hervé de son côté, avait préféré rentrer à pied. Il pouvait sentir le vent frais lui fouetter le visage. Il avait besoin de s’évader, de faire le vide dans sa tête. Il était un peu soulagé d’avoir réussi à plaider la cause de son ami mais en même temps avait le pas lourd. Il aimait cette fille et maintenant il comprenait pourquoi il se comportait de façon bizarre avec Mireille. Même si Richard l’avait devancé sur le terrain, rien d’intime ne s’est sûrement passé entre eux. Sinon Richard s’en serait déjà vanté. Mais pouvait-il en être sûr ? Tout était si confus dans sa tête qu’il faillit se faire renverser par un motard parce qu’il ne s’était même pas rendu compte qu’il marchait sur la chaussée. Il était encore perdu dans ses pensées quand la sonnerie de son téléphone le fit revenir sur terre.

-          Allô Richard !

-          Désolé de t’appeler mais tu as pu lui parler ?

-          Oui. Je crois que c’est réglé.

-          T’es un frère toi.

-          Mais appelle-la plutôt demain. Bref, je lui ai dit que tu l’appelleras demain.

-          Alors que demain vienne vite.

-          Qu’est-ce que tu lui as raconté ?

-          Que tu étais fou d’elle et qu’elle devait vous donner une chance. De façon résumée.

-          Et vous vous êtes séparés depuis longtemps ?

-          Non, il y a un quart d’heure.

-          Ok je vois. Elle doit être fatiguée. Et toi aussi.

-          Oui, je suis épuisé. J’ai juste envie de prendre une douche et de dormir.

-          Bonne nuit Hervé.

-          Bonne nuit Richard.

Richard était content de savoir que Chantal accepterait de lui parler le lendemain. Mais il se rappela du ton de la voix d’Hervé. La voix était empreinte d’un sentiment bizarre. Alors il se commença à se questionner : pourquoi le rendez-vous a autant duré ? Qu’est-ce qu’ils se disaient pendant tout ce temps ? Est-ce que le seul fait de dire à Chantal qu’il était éperdument amoureux avait suffi à décanter la situation ? Il fallait qu’il cesse de se torturer avec ces pensées. Il était déjà en colère contre Hervé mais cela ne l’avait pas empêché de lui confier la médiation avec Chantal. Alors il devrait cesser de se faire du mauvais sang. Il prit son téléphone et envoya un message à Chantal :

-          Merci.



à suivre...
ENTRE DEUX AMOURS