Chapitre 15
Write by Djelay
Il l’observe ahuri, les yeux sur le point de sortir des orbites, la bouche grande ouverte. Ben dis donc, C’est qu’elle ne mâche pas ses mots la belle dame. Pense-t-il admiratif. Il réalise à cet instant sa maladresse et se sent honteux.
- Pardonnez mon impolitesse mademoiselle. Je ne sais pas ce qui m’est passé par la tête. S’excuse-t-il.
- J’espère pour vous que ce sera la dernière fois que vous vous adressez à moi sur ce ton.
- Soyez en sûre mademoiselle.
Il l’a l’air sincère. Tout de même, c’est quoi ce comportement ? Elle ne tolère pas qu’on lui manque de respect en plus sans raison. Bref, l’essentiel est qu’elle soit à présent dans le grand hall d’entrée attendant que ce connard revienne pour l’emmener jusqu’à Stéphane. Ça fait maintenant quelques minutes qu’il est monté et il ne descend toujours pas. Enfin, le voilà qui arrive.
- Monsieur souhaite que vous montiez dans sa chambre. Annonce-t-il.
- Je préfère l’attendre dans son bureau.
S’il croit qu’elle va lui donner l’opportunité de la mettre dans son lit, il peut bien rêver.
- C’est qu’il ne peut pas descendre mademoiselle, il a eu un malaise au travail et depuis il est allongé dans son lit. Explique-t-il.
Ciara ne peut s’empêcher d’être inquiète. C’est vrai qu’elle ne l’a plus revu après leur dispute dans son bureau. Le pauvre, il a dû se sentir mal à cause de la merde de ce matin. Elle se sent coupable. C’est en quelque sorte de sa faute.
- Allons-y ! Dit-elle enfin.
Elle le trouve effectivement allongé dans son lit, les mains sous la nuque. Il la regarde pendant qu’elle avance d’un pas hésitant. Elle se tient à présent debout près du lit à ses côtés. Son regard ne la quitte pas. Elle s’assoit sur le bord, pose son sac sur la commode et lui touche le front avec le revers de la main dans un geste tendre. Il a un peu de fièvre. Constate-elle oubliant complètement ce pour quoi elle est venue.
- Qu’est-ce que tu as ? demande-t-elle d’une voix remplie de douceur.
- Une migraine. Mais ne t’en fais pas, je survivrai.
Sa froideur ne lui échappe pas. En plus, il n’essaie pas de la prendre dans ses bras ni de l’embrasser comme il en a l’habitude chaque fois qu’ils se retrouvent seuls.
- Tu as pris des médicaments ?
- Oui. Merci de t’en préoccuper.
Encore cette froideur. Pense-t-elle triste. Lentement elle approche son visage du sien puis pose un chaste baiser sur sa bouche. Il ne réagit pas. Son visage n’exprime aucune émotion. Mais qu’est-ce qu’il a à la fin ? Pourquoi la traite-t-il ainsi ? Ignorant son indifférence, elle s’allonge à ses côtés, pose la tête sur son torse et se blottie contre lui le bras encerclant sa taille. Ils restent ainsi longtemps jusqu’à ce qu’elle s’assoupisse. Steph l’observe pendant qu’elle est endormie. Son geste tendre de tout à l’heure l’a ému. Il a été à deux doigts de céder et de la serrer contre lui mais il s’en est abstenu. Pas question de lui faciliter les choses. Elle croit qu’elle peut le jeter puis revenir comme si de rien était. Son petit jeu commence sérieusement à le faire chier. Elle abuse, bon sang. Le pire c’est qu’il en souffre. Ciara est ancrée en lui pourtant il a essayé de résister, hélas échec total. Après qu’elle soit partie de son bureau il s’est remis au travail. Mais au bout de deux heures il n’en pouvait plus. Une migraine l’empêchait de réfléchir. Il a dû s’allonger mais voyant que la douleur persistait il a tout arrêté puis est rentré chez lui. Il était à peine 11h. Depuis il est dans son lit. Et quand Edgard est monté lui annoncer l’arrivée de Ciara, il n’en revenait pas. Pourquoi viendrait-elle chez lui à une heure pareille ? En plus après tout ce qui s’est passé dans la matinée, il n’espérait pas la voir de sitôt. Poussé par la curiosité, il a ordonné à Edgard de l’emmener dans sa chambre. Il était en colère contre elle car elle n’a pas hésité une seule seconde à rompre pour un problème de moindre envergure. Sa lâcheté a pris le dessus sur ce semblant d’amour qu’ils ressentent l’un pour l’autre. Il avait décidé de ne plus lui courir après. Mais lorsqu’il l’a vue au seuil de sa porte toute sa colère et ses résolutions se sont envolées comme par magie. Et voilà qu’elle dort contre lui, le visage paisible, sûre d’être en sécurité. Quel homme normal pourrait ne pas craquer devant pareil spectacle ? Il ne comprendra jamais les lois de la nature qui ne devraient certainement pas s’appliquer aux hommes. Comment se fait-il qu’un homme fort, puissant et viril tel que lui, devienne aussi faible face à ce bout de femme incapable de faire mal à un moustique ? C’est fou !
Ciara ouvre lentement les yeux. Le corps chaud contre elle lui rappelle l’endroit où elle se trouve : la chambre de Steph. Au rythme régulier de sa respiration, elle devine qu’il dort profondément. Ses mains tâtonnent son corps pour constater qu’elle a toujours ses vêtements. Elle comprend mieux à présent cette sensation de chaleur. Cela veut aussi dire que Steph n’a rien tenté. La preuve il ne la touche même pas. Ses bras sont croisés sur sa poitrine. Lui en veut-elle à ce point ? Putain, Cette chaleur est insupportable. Pense-t-elle en retirant un à un ses vêtements.
- Ouf ! Soupire-t-elle alors qu’il ne lui reste plus que ses sous-vêtements.
La chambre est faiblement éclairée par les éclats de lumière qui proviennent du couloir. Elle remarque que Steph ne porte plus son tee-shirt. Il a dû l’enlever avant de s’endormir. Elle jette un coup d’œil au réveil posé sur la commode. Il n’est que 23h. Elle repose les yeux sur Steph. La pénombre l’empêche de voir son visage. Elle ne veut pas de cette tension entre eux. Alors elle lui soulève le bras, s’installe confortablement sur son torse puis repose son bras sur sa taille à elle. Il émet un léger gémissement et resserre l’étreinte. Elle sourit heureuse.
- Ne me fais plus jamais ce coup Ciara.
Elle le croyait profondément endormi. Faisait-il semblant tout ce temps ?
- Tu ne dormais pas ? Demande-t-elle.
- Je viens à peine de me réveiller.
- Excuse-moi pour ce matin, j’ai paniqué. Avoue-t-elle.
- Promets-moi juste que tu ne le feras plus. Je m’en contrefiche de tes excuses.
Il est toujours en colère, elle le sent et il a raison de l’être.
- Je te le promets. Dit-elle doucement.
- Parfait, maintenant viens, ton strip-tease a réveillé Steph junior.
- J’avais raison, tu ne dormais pas.
Il rit puis l’allonge sur le dos avant de se positionner au-dessus d’elle. Son corps lui a manqué. Il descend ses mains le long de ses jambes. Elle tressaillit. Ce simple geste réussit à l’exciter. Ce soir, il a l’intention de faire durer le plaisir le plus longtemps possible. Ses mains continuent donc leur balade. Celles-ci remontent vers son ventre, y marquent un arrêt et le caressent. Sa langue prend ensuite la relève, décrivant des spirales autour du nombril. Un léger gémissement s’échappe des lèvres entrouvertes de Ciara alors qu’une douce chaleur se fait ressentir entre ses cuisses. Son corps est en ébullition. Elle est sur le point d’exploser. Steph ne s’en soucie guère. Il retire son soutien-gorge et capture dans sa bouche les bouts de ses seins à présent durs et dressés. Il les taquine à tour de rôle jusqu’à épuisement. La voix de Ciara transperce les murs de la pièce. Elle ne se retient pas. Pourquoi le ferait-elle ? Steph est son petit ami après tout. Son petit ami. Répète-t-elle en son for intérieur. Elle se délecte des caresses qu’il lui prodigue en osant elle-même lui en donner. Lorsqu’il sent ses mains chaudes et douces dans son dos nu, il s’étale aussitôt sur elle lui arrachant un petit cri plaintif.
- Désolé ma douce. S’excuse-t-il en l’embrassant dans le creux du cou.
Il s’acharne à présent sur ses lèvres. Son baiser est tout à la fois : passionné, possessif, désespéré. Elle répond avec la même intensité sans cesser de le caresser. Il croit devenir fou lorsqu’elle risque une main baladeuse à l’intérieur de son jogging. Il s’appuie alors contre l’intruse audacieuse désirant la sentir d’avantage. N’en pouvant plus, il se débarrasse rapidement de son pantalon, lui arrache brutalement sa culotte qui se désintègre entre ses mains.
- Je t’en achèterai mille ma douce. Chuchote-t-il dans son oreille.
Il vient se placer entre ses cuisses qu’il écarte de son genou. Elle enroule aussitôt les jambes autour de sa taille. Parfait pense–t-il. Il ose un doigt au cœur de sa féminité pour s’assurer qu’elle est comme il souhaite. Le liquide qui en dégouline le satisfait largement. D’un puissant coup, il s’immisce en elle et enchaîne jusqu’à ce qu’elle crie son nom après qu’elle ait atteint le sommet de la plénitude absolue. Il la rejoint à son tour avant de s’affaisser sur elle, le corps vidé de toute énergie.
- Je crois que la migraine est passée. Plaisante-il.
Ciara éclate de rire suite à sa blague. Il l’accompagne. Jamais il ne pourrait se lasser de ses rires, de sa voix. Il en est devenu accro, il l’admet sans honte. Mais le lui dire maintenant l’effrayerait peut-être. Il attendra encore un peu.
- Il est presque deux heures du matin. Lui dit-il en roulant sur le côté.
Il la serre fortement contre lui, lui donne un baiser sur le front.
- Tu as dîné ? Demande-t-il soudain.
- Non, pas eu le temps. Répond-elle d’une voix lourde.
Elle commence déjà à somnoler. Quoi de plus normal étant donné le rude combat auquel ils se sont adonnés.
- Pourquoi ne pas l’avoir dit plus tôt. La réprimande-t-il.
- Hummm…Demain je mangerai. Là je veux dormir.
- D’accord ma douce. Dors, je veille sur toi. Dit-il en l’embrassant chastement sur les lèvres.
Ciara se réveille. Le visage tourné vers la porte de la salle de bain, elle se demande si Stéphane est dans le lit. Pourtant il lui suffit de se retourner pour le constater. La première fois qu’elle s’est réveillée dans cette chambre, si on écarte bien-sûr la fameuse nuit incognito, il n’y était pas. La suite, elle préfère ne pas s’en rappeler. Elle aurait voulu pouvoir sentir son corps brulant contre elle. Il n’y a rien de plus réconfortant et de plus plaisant pour une femme que de se retrouver enlacée par son homme au réveil. Malheureusement, à cet instant précis elle ne sent aucun contact, pas de bras entourant sa taille, ni de pieds entremêlés aux siens, encore moins de torse nu collé à son dos. Rien de tout cela. Ça ne veut donc dire qu’une seule chose : Stéphane n’est pas là. A peine y a-t-elle pensé que deux puissants bras l’attirent vers l’arrière.
- Bonjour ma douce. Dit Stéphane d’une voix enrouée.
Elle a juste le temps d’arborer un large sourire avant de se retrouver face contre face avec son bel apollon.
- Bonjour mon beau. Son sourire ne la quitte pas.
- Vous êtes radieuse ce matin.
Il l’embrasse longuement. Il pourrait passer toute une journée à ne faire que ça. La surprise qu’elle lui a faite en venant chez lui ne pouvait pas mieux tomber. Il faut dire que son moral était au point zéro.
- Merci pour cette nuit ma douce. Murmure-t-il contre ses lèvres.
- Merci à toi mon beau. C’était merveilleux.
- Au fait, qu’est-ce qui t’a fait revenir sur ta parole ?
La réalité refait soudainement surface dans la tête de Ciara. Elle avait carrément oublié ce pour quoi elle était venue. Elle se sent honteuse pour avoir négligé un problème aussi sérieux.
- Quoi ? Pourquoi cet air coupable d’un coup. Demande-t-il confus.
Elle sort du lit malgré les protestations de Steph, enfile un de ses tee-shirts qu’elle a sorti du placard et part s’assoir dans le petit salon d’angle.
- Viens t’assoir s’il te plait. Ce que j’ai à te dire est très sérieux.
- Tu commences à m’inquiéter. Dit-il en la rejoignant.
- Je ne sais pas comment te l’annoncer.
- T’es enceinte ? Lâche-t-il craintif.
- Non. Ça ne risque pas d’arriver t’inquiète pas. C’est beaucoup plus sérieux que ça.
- Pourquoi ça ne pourrait pas arriver ? Je te rappelle qu’on a…
- Putain Steph ! Je suis sur le point de t’annoncer une terrible nouvelle et toi tu me parles de grossesse. Le coupe-t-elle exaspérée.
- Hé ma douce (il pose les mains sur ses joues). Calme-toi, respire un bon coup et raconte-moi ce qui se passe.
Elle se lance dans son récit prenant le soin de n’émettre aucun détail. Il constate qu’elle a sérieusement eu peur quand Bamba a failli la découvrir. Le simple fait d’en parler la fait trembler. Il la serre alors contre lui en lui susurrant des mots réconfortants. Ces imbéciles ont réellement cru qu’ils pourraient le dépouiller sans qu’il ne s’en aperçoive. Une chance que Ciara fut présente lors de leur entrevue sinon c’est beaucoup plus tard qu’il s’en serait rendu compte.
- Tu sais quoi, Bamba te déteste énormément. Il me l’a dit ouvertement.
- Eh bien, il me détestera encore plus quand il sera en train de moisir en prison.
- Que comptes-tu faire ?
- Un audit. Aujourd’hui même, un auditeur viendra faire une analyse complète de nos finances.
- j’ai peur tu sais. Avoue-t-elle.
- Ne t’en fais pas, personne ne saura que c’est toi qui les a balancé. Je te protègerai ma douce.
Il la prend dans ses bras et ils restent comme ça longtemps. Bamba est un sale enfoiré et il l’a su le jour même où il l’a surpris en train de rouler une pelle à cette réceptionniste. Le culot avec lequel il l’a osé le défier du regard l’a mis hors de lui. C’est pour cette raison qu’il les a sanctionnés. Mais là, il a dépassé les limites. C’est en prison qu’il ira pourrir ce crétin.
L’entreprise est sens dessus dessous. L’agitation est à son comble. L’auditeur a démasqué un vide énorme dans les finances de l’entreprise. La somme de trente millions de Francs CFA a été détourné pour être transférée sur un compte au nom de Ben Bamba, le chef comptable de Food’s Industry. C’est un véritable scandale. La police vient tout juste d’arriver. Un sergent emmène Ben dans l’une des salles de réunion pour l’interroger. Ciara ne peut s’empêcher d’avoir la trouille devant le regard assassin de Bamba…enfin Fabrice à l’égard de Stéphane. Celui-ci se tient derrière la porte de la petite salle dans laquelle a été emmené Ben. Il assiste de loin à son interrogatoire, à quoi bon puisqu’il ne peut pas les entendre. Fabrice ne le quitte pas du regard. Les poings serrés, il est adossé contre le bureau de Sylvie. Ciara, depuis le sien a une vue d’ensemble sur tout ce qui se passe. C’est le seul avantage des pièces avec des cloisons vitrées. Elle n’ose pas sortir de peur d’être confrontée à Fabrice. Elle pourrait se trahir et vaut mieux que cela n’arrive pas.
- Sylvie, sais-tu comment Ben a été démasqué ? Demande Bamba.
- Non, je sais juste que M. N’Goran est venu ce matin accompagné d’un auditeur.
- Ce qui veut dire qu’il avait des soupçons sinon pourquoi demander un audit ?
- Je n’en sais pas plus que vous monsieur. Une chose est sûre, je ne m’y attendais pas de la part de Ben.
Fin du quinzième chapitre bizbi.