Chapitre14

Write by Djelay

La balade sur la plage a été des plus agréables. Ensemble, Marchant main dans la main ils reflétaient sans doute l’image d’un couple amoureux. Pense Ciara. Elle ne sait pas comment définir ce qu’elle ressent pour Steph. Une chose est sûre, elle aime être avec lui. Elle se sent bien dans ses bras et ne s’en lasse pas. Mais pourrait-elle prétendre être amoureuse ? Elle n’en est pas certaine et espère que ce ne soit pas le cas. Cela lui ferait atrocement souffrir car de toute évidence Steph ne l’aime pas. Tout ce qu’il souhaite c’est passer du bon temps. Elle ne s’en plaint pas, seulement ce genre de relation est nouveau pour elle. Elle a aimé un jour et a été déçu. Elle n’est donc pas prête à redonner son cœur au risque d’être blessée de nouveau. Steph était venu chez elle en taxi. Elle a dû le déposer chez lui au retour de la plage avant de rentrer. Il lui a demandé de rester dormir mais elle a refusé. Pas qu’elle n’en avait pas envie, c’est juste qu’il y a boulot demain et elle n’avait pas apporté ses affaires.  Quand elle arrive chez elle, Lala est déjà endormie ce qui la surprend car il est à peine 19h. C’est qu’elle doit être épuisée la pauvre. Ciara prend une douche rapide et part elle aussi se mettre au lit. La journée avec Steph a été fabuleuse certes mais ça l’a crevée.

-         Bonjour Sylvie ! Lance Ciara de bonne humeur.

-         Bonsoir mademoiselle Ciara.

-         Monsieur N’Goran vous attend dans son bureau. Enchaîne-t-elle.

-         Très bien, merci.

Ciara entre dans son bureau, dépose ses affaires puis ressort pour se rendre dans celui de Stéphane.  Il devrait cesser de la convoquer à tout bout de champ ou tout le monde commencerait à avoir des doutes.

-         Bonjour Sara.

-         Bonjour mademoiselle, vous pouvez entrer. Monsieur vous attend.

-         Merci.

Sara ne l’apprécie pas beaucoup. Elle se montre toujours froide avec elle sans aucune raison valable. Qu’est-ce qu’elles ont toutes à la détester. D’abord Mme Melan et maintenant Sara. Elle ne leur a rien fait à ce qu’elle sache. Elle trouve Stéphane assis à son bureau. Il lui sourit dès qu’il la voit. Comme toujours elle est magnifique. Pense-t-il. Aujourd’hui elle porte une tenue tradi-moderne : Jupe droite et veste en pagne africain sous lequel il y’a un joli petit haut en soie blanc.

-         Tu es éblouissante ma douce. La complimente Stéphane en dardant sur elle un regard de désir.

Le rouge lui monte aux joues. L’embarras sans doute.

-         Ne sois pas gênée ma toute douce. Je ne dis que la vérité.

-         C’est que je ne m’y attendais pas. Avoue-t-elle en allant s’assoir.

-         Vous m’avez demandé ? Reprend-elle sur un ton plus sérieux. 

-         Tu es consciente que nous sommes seuls ? Demande-t-il surpris.

-         Oui mais il vaut mieux que nous gardions cette habitude. Nous nous étions mis d’accord pour…

-         Pour ne pas nous exposer publiquement, mais là il n’y a que nous deux Ciara. La coupe-t-il.

-         Pourquoi te mets-tu en colère ?

-         Parce que tu exagères, je te rappelle que nous passons presque tout notre temps au travail. (il se lève et contourne le bureau) Ce qui veut dire que je n’ai que le week-end pour t’avoir, merde!  Hausse-t-il le ton.

-         Je ne tiendrai pas ma douce. Ajoute-t-il calmement, avec douceur.

Il avance vers elle. Elle ne bouge pas.

-         Je ne dis pas que je te ferai l’amour ici, je veux juste qu’on se retrouve de temps à autres pour se câliner, s’embrasser, se toucher…

-         Arrête ! Dit-elle dans un soupir avant de s’éloigner alors qu’il approchait dangereusement. 

-         Pas ici s’il te plait ! l’implore-t-elle.

-         Bon sang Ciara ! S’exclame-t-il.

Stéphane, vaincu retourne à son fauteuil. Alors qu’il y est presque il s’arrête. Il ne peut pas permettre que leur relation se déroule ainsi. Tous les jours au bureau, il devra se contenter de la voir, de lui donner des ordres autrement dit il devra seulement la considérer comme son employée. 

-         Dans mes rêves oui ! Marmonne-t-il.

-         Non Stéphane. Fait-elle en reculant alors qu’il avance à grands pas vers elle.

Il ne lui faut pas beaucoup de temps pour l’atteindre. Cinq secondes ont suffi. Il l’attire vers elle et se saisit de ses lèvres avec possessivité. Elle essaie de résister mais c’est plus fort qu’elle. Ses bras lui entourent automatiquement le cou s’abandonnant entièrement.

-         Je veux voir mon mari !

-         Vous ne pouvez pas entrer madame.

Les cris dehors les extirpent de leur bulle magique. Ils se reprennent juste à temps car la porte s’ouvre brusquement sur deux femmes dont l’une est visiblement désolée et l’autre surprise. Cette dernière leur lance un regard interrogateur.

-         Excusez-moi monsieur je lui ai dit que vous étiez occupée mais elle…

-         Ce n’est pas grave Sara. Vous pouvez nous laisser.

Elle regarde longuement Ciara puis claque des doigts comme si elle vient de résoudre une énigme.  

-         Je me souviens de toi. Tu es la pétasse avec qui mon mari s’envoie en l’air. Déclare-t-elle sans la quitter des yeux.

-         Que diable es-tu venue faire ici Annabelle?

Stéphane est furieux. Il s’approche d’elle et lui tient fermement le bras.

-         Lâche-moi ! Tu n’as pas honte de baiser ta pute dans ton bureau ? Hurle-t-elle en essayant de se dégager mais il ne la libère pas.

Ciara craint qu’on ne l’entende. Elle se dirige silencieusement vers la sortie sans faire d’histoires. Mais Annabelle ne compte pas la laisser faire. Elle réussit à s’arracher de l’emprise de Stéphane et vient lui barrer le passage.

-         Toi tu ne bouges pas. Tu n’as pas honte de voler le mari des autres ?

-         ça suffit Annabelle. Je t’avais prévenue. Gronde Stéphane en se saisissant de son téléphone.

Il compose un numéro et ordonne à la personne à l’autre bout du fil de rappliquer illico dans son bureau. Mais Annabelle se moque pas mal de ce qu’il fait. Elle tient à régler ses comptes avec cette pouffiasse qui a osé lui porter main la dernière fois qu’elles se sont vues. Elle n’est rien d’autre qu’une traînée sans état d’âme qui se permet de lui prendre son mari. Annabelle s’apprête à se jeter sur Ciara lorsqu’elle est soudainement retenue par deux puissants bras. Elle n’a pas le temps de réaliser ce qui se passe. Un homme grand et costaud qu’elle a croisé dans le hall du rez-de-chaussée  l’entraîne dehors.

-         Ce n’est pas terminé Stéphane, et toi la salope tu ne perds rien pour attendre. S’exclame-t-elle hystérique en se débattant.  

Heureusement que le bureau de Stéphane est isolé. Sinon tout le monde aurait entendu cette folle et Dieu sait ce qu’ils en auraient pensé. Elle souffle de soulagement et se tourne vers Stéphane.

-         Tu vois ce qui vient de se passer ? fait-elle en indiquant la porte.

-         Écoute Ciara, ce n’est pas ma faute si…

-         Je sais bien que tu n’es pas responsable de la folie de ta femme. (il écarquille les yeux). Oh excuse-moi si je t’ai offensé, après tout c’est ta femme et…

-         Arrête Ciara, c’est puéril ce que tu me fais là.

-         Ah bon ? tu trouves !  

Elle observe un temps de silence. Lui non plus semble n’avoir rien à ajouter.

-         Je ne veux pas de cette merde qu’il y a autour de toi Steph donc je préfère qu’on en reste là tous les deux.

-         Tu ne peux pas faire ça Ciara, je ne savais même pas qu’elle débarquerait ici. Je te promets qu’elle ne sera plus un problème d’ici un mois.

-         En attendant garde tes distances avec moi.

-         Ciara attend !

Elle a déjà claqué la porte. Ses pas résonnent comme des coups de marteaux le long du corridor qui mène à son bureau. Sa décision est prise. Elle a bossé trop dur pour que cette folle d’Annabelle vienne tout gâcher. Hors de question que l’on sache pour Stéphane et elle du moins pour l’instant. Même s’il va terriblement lui manquer, il faut qu’elle reste ferme sur sa décision. Sa réputation en dépend. Elle arrive dans son bureau. Il y a du boulot sur la planche. Stéphane lui a personnellement confié  l’élaboration d’un scénario pour la publicité de ‘’p’tit dej’’, leurs nouvelles céréales qui seront mises sur le marché dès la semaine prochaine. Ce n’est pas son travail certes mais elle lui avait parlé d’une idée qu’elle aurait eu à ce sujet du coup il lui a demandé de s’en charger.

-         Sylvie, convoquez une réunion avec mon équipe s’il vous plait. Dit-elle à travers le combiné.

-         Dans votre bureau ?

-         Non, à la petite salle de réunion.

-         Pour quelle heure ?

-         Tout de suite.

-         Très bien mademoiselle.

La réunion a duré plus de temps que prévu. Heureusement que le résultat est satisfaisant. Elle est fière de sa petite équipe qui compte en tout quatre membres y compris elle. Ils possèdent tous un grand potentiel qu’ils mettent de façon remarquable au service de Food’s Industry. Elle n’aurait pas pu espérer mieux de leur part. Ensemble ils ont su exploiter son idée pour qu’il en ressorte un scénario hors du commun.

-         Sur ce coup nous avons fait fort ! Balance fièrement Cédric le seul homme du groupe.

-         Je suis complètement d’accord. Renchérit Ciara en s’étirant longuement.

-         Allez bonne soirée à tous. Et merci pour ce beau travail. Ajoute-t-elle.

-         A demain. Disent-ils en cœur  avant quitter la pièce.

Il se fait très tard. Il faut dire que tout ce boulot leur a pris toute la journée. A peine ont-ils eu le temps de déjeuner. Heureusement que son ange gardien est toujours à ses petits soins. Sylvie leur avait apporté à chacun un plat de Thieboudienne[1] au poulet et une boisson bien fraiche. Ils se sont régalés. D’ailleurs, il faudra que Sylvie lui donne l’adresse du restaurant. Ciara est en train de ranger ses affaires lorsqu’un bruit dans le couloir lui parvient. Des chuchotements pour être plus précis. Elle se relève lentement de la chaise et à pas de loup s’approche de la porte qu’elle entrouvre sans faire de bruit. Elle distingue deux silhouettes dans couloir qu’elle n’arrive pas  à identifier. Ils sont en pleine discussion. Zut, leurs voix ne sont pas aussi claires. Elle est sur le point de refermer la porte quand elle entend l’un d’entre eux élever le ton.

-         Bamba ? Murmure-t-elle.

Il semble en colère  contre son interlocuteur.

-         Il te suffit de légèrement modifier les chiffres bordel ! Réussit-elle à entendre.

-        

L’autre voix se fait trop basse. Elle n’a pas pu capter un seul mot.

-         Putain Ben ! Tu l’as déjà fait une fois ! Tu n’as qu’à procéder de la même façon.

Ciara ouvre la bouche en entendant le nom de l’autre homme. Biensûr Ben Bamba. Elle savait qu’ils tramaient quelque chose ces deux là mais quoi ?

-         Ecoute Ben, on fait comme la première fois. Personne ne s’est rendu compte de quoi que ce soit. En plus c’est toi le comptable. Tu as d’autant plus accès au pactole que n’importe qui dans la boîte.

-        

-         Cesse de faire ton trouillard et pour une fois dans ta vie, sers à quelque chose.

Par inadvertance, Ciara laisse tomber son téléphone. Stéphane se retourne aussitôt. Paniquée, elle le ramasse rapidement, referme la porte, éteint la lumière et cours se cacher sous la table en prenant au passage son sac à main. Elle cesse de respirer, la peur au ventre. Que feraient-ils s’ils la trouvaient ? Seraient-ils capables de lui faire du mal ? Les battements de son cœur s’accélèrent à cette idée. Oh seigneur, aidez-moi je vous en supplie. Prie-elle silencieusement. La porte s’ouvre soudainement avec une telle lenteur qu’elle en a le souffle coupé. Bamba entre et appuit sur l’interrupteur. La pièce s’éclaire aussitôt. Il balaie la salle du regard, personne. Il n’a pourtant pas rêvé. Le bruit venait bien d’ici. Il est sur le point d’avancer mais une voix l’interpelle.

-         M. Bamba ? Fait Sylvie Surprise. Je vous croyais parti.

-         Eh bien j’avais oublié mon téléphone, alors je suis retourné le chercher. Dit-il après s’être raclé la gorge.

-         Ici ?

-         Euh… Non. En fait, j’étais en train de repartir lorsque j’ai entendu du bruit, alors je suis rentré pour voir…

-         Mais votre bureau se trouve en dessous ! insiste-t-elle en indiquant le sol.

-         J’ai… enfin… je…

Le téléphone de la jeune femme sonne à ce moment. Il en profite pour s’éclipser avant qu’elle ne revienne à la charge. Il est certain d’avoir entendu du bruit provenant de cette pièce. Et si quelqu’un avait surpris leur conversation ? Non, non. Calme-toi Bamba, tout va bien se passer.

Ciara sort de sa cachette une fois sûre qu’il n’y a plus personne. Décidemment Sylvie a été envoyé du ciel pour veiller sur elle. Elle n’ose même pas imaginer ce qui serait arrivé si elle n’avait pas fait son apparition. Le soulagement qu’elle a ressenti en entendant sa voix a failli la faire pleurer. C’est dingue ! Bamba et Ben Bamba, enfin Fabrice et Ben prévoient de détourner de l’argent. Apparemment ils l’ont déjà fait et sont sur le point de recommencer. Il faut qu’elle les en empêche. Elle doit le raconter à Stéphane. Il saura quoi faire. C’est donc cela qu’ils mijotaient ? Quels liens les unissent-ils ? Il faut absolument qu’elle le découvre. Elle consulte sa montre. Il n’est que 20h. Pas trop tard pour rendre une courte visite à son patron. Et s’il la renvoie de chez lui ? Après tout ce qu’elle lui a balancé aujourd’hui, ce serait compréhensible. Les souvenirs de son dernier passage à la villa resurgissent dans son esprit.

-         Arrête de penser à des idioties dans de une telle situation. Se réprimande-t-elle.

Ciara gare sa voiture juste devant l’entrée de la villa. Après hésitation, elle a finalement décidé de venir. Elle espère que Stéphane est chez lui. Où pourrait-il être sinon à pareille heure sachant qu’il bosse demain ? Merde Ciara, concentre toi sur ce que tu es venue faire ici et cesse d’être jalouse. Pense-t-elle. Jalouse ? Non, c’est juste de la curiosité. Ses pensées divergent, allant dans tous les sens sans qu’elle ne puisse rien y faire. Elle secoue vivement la tête pour se remettre les idées en places. Une fois, redescendue sur terre, elle sort de la voiture, se dirige à pas décidés vers la porte et appuie sur la sonnette qui se déclenche immédiatement. L’agent de sécurité met du temps à venir lui ouvrir. Quand il arrive enfin, c’est avec un air insolent qu’il la regarde.

-         Bonjour mademoiselle. Vous venez voir monsieur N’Goran ?

-         Euh oui. Est-il là ? Demande-t-elle dans l’espoir d’obtenir une réponse affirmative.

-         Oui, mais est-il au courant de votre visite… nocturne.

Mais de quoi je me mêle ? C’est quoi leur problème à tous ? D’abord Mme Melan, ensuite Sara et maintenant… ce connard.

-         Je ne vois pas en quoi cela vous concerne ! Faites ce pour quoi vous êtes payé et conduisez moi à votre patron. Crache-t-elle à son visage.

Fin du quatorzième chapitre bizbi.

 



[1] Recette sénégalaise fait à base de riz et légumes.

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