CHAPITRE 15: UN NOUVEAU REGARD.

Write by L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 15: UN NOUVEAU REGARD.

« Comment as-tu su où j'habitais ? »

« Ça n'a aucune importance. » Dit-il avant de descendre et d'aller ouvrir la portière de son côté. 

 

Aurore se demandait qui était-il réellement ? Définitivement cet homme demeurait un véritable mystère pour elle. Elle descendit et passa devant lui. William prit la clé du véhicule d'Aurore avec le chauffeur et lui dit de rentrer à la maison après lui avoir donné de l'argent. Ils marchèrent en silence jusqu'à l'ascenseur, puis jusqu'à dans sa maison. 

 

« Je peux avoir mes affaires maintenant ? (Les lui donnant) Merci. »

 

Elle se dirigea vers son bureau et posa ses affaires avant de ressortir et d'aller dans sa chambre. Elle prit une douche rapide et prit un crop top et un jogging qu'elle enfila. Elle avait particulièrement envie de se sentir à l'aise dans ses vêtements. Elle vint se mettre devant le miroir et se mit à toucher son ventre en souriant. Un bébé, elle voulait tellement en avoir un . Elle était heureuse même si ce bébé ne venait pas dans des conditions optimum, elle s'en fichait complètement. 

 

  William était resté au salon et contemplait l'appartement. C'était un charmant petit endroit chaleureux et accueillant, à l'image de la propriétaire. Elle était définitivement douée pour la décoration. Il était en train de se dire qu'elle devrait essayer de se reconvertir sur ce chemin pour mieux l'exploiter quand Aurore revint au salon. 

 

« Tu comptes rester debout ? »

« Tu ne m'as pas proposé de m'asseoir. »

« (Le regardant de travers) Assieds-toi. Je te sers quelque chose à boire ? »

« Ce que tu veux (haussant les épaules) peu importe. »

 

Elle se dirigea vers l'endroit où elle mettait les boissons et prit une de ses bouteilles préférées. Elle se demanda même pourquoi en faisant ses courses, elle avait acheté des choses qu'il aimait ? Elle finit par se dire que c'était certainement un réflexe dû au fait qu'elle l'avait fait pendant longtemps et qu'il lui faudrait du temps pour se défaire de ses habitudes. Elle prit un verre, le nécessaire pour ses choses et vint déposer le tout devant lui avant de le servir. 

 

« (Passant son regard de la bouteille à elle) Merci. »

« Hum. »

 

Elle alla dans son espace cuisine et se mit à sortir les choses de son frigo pour préparer, elle n'avait pas pu manger au restaurant à cause de leur bagarre . Elle s'activa un moment là-bas sans prêter attention à lui. Ce dernier se mit à l'observer en silence. Lorsque toutes les marmites étaient au feu, elle disparut dans sa chambre et revint avec sa trousse de soin. 

 

« (L'agitant devant lui) Tu permets que je désinfecte tes bleus ? »

« D'accord. »

 

Elle vint s'asseoir à côté de lui et déballa le matériel avant de s'appliquer sur son visage. Il grimaçait de temps en temps et poussait des petits sons bizarres lorsqu'elle mettait la pression sur certains endroits. 

 

« Qu'est-ce qui t'as pris de te battre comme ça au restaurant avec Christ ? »

« (Après un moment) Qui lui a dit de se mêler de mes affaires ? Je ne m'adressais pas à lui. »

« Et tu trouves que c'est un motif suffisant pour te battre de la sorte ? »

« Il n' avait qu'à se taire. La prochaine fois, je ne serais pas aussi clément avec lui. »

 

Elle bougea sa tête de gauche à droite. En repensant au visage de Christ, elle dût admettre qu'il était bien plus touché que Will. Ce dernier l'avait agressé sans raison valable. 

 

« Maintenant s'il porte plainte pour agression, que feras-tu ? »

« Je n'ai pas peur de la police, encore moins de sa plainte. »

« Hum. Mais ça ne se fait pas d'agresser les gens comme ça sans raisons. »

« J'ai des raisons qui sont très valables pour le coup. »

« Et je peux savoir c'est quoi ? »

« Non. D'ailleurs depuis quand tu vois ce type ? »

« Cela ne te concerne pas. »

« Pardon? »

« Tu as bien entendu. »

« Hum. »

 

Il voulait encore parler quand elle mit une forte pression sur un des bleus qu'il avait qui le fit crier. 

 

« Aaahhhh. »

« T'avais qu'à pas te battre. » Fit-elle en s'éloignant de lui avec ses choses.

 

 Elle alla rendre sa trousse et partit vérifier ses marmites avant de revenir vers lui avec des glaçons qu'elle avait mis dans un tissu. 

 

« Mets ça dessus afin que ça parte rapidement. »

« (Prenant) Merci. »

 

Elle retourna en cuisine. Il enleva sa veste et replia les manches de sa chemise avant de mettre la glace sur son front. Elle l'observa un moment et dût admettre que malgré le fait qu'il avait passé le plus clair de son temps à l'énerver, elle était contente de le voir. Ça faisait deux mois qu'elle ne l'avait pas vu en vrai. Maintenant qu'elle prenait le temps de bien le voir, elle remarqua qu'il avait perdu du poids. Elle revint au salon et s'assit devant lui. 

 

« Tu étais malade dernièrement ? »

« Non. Pourquoi ? »

« Parce que tu as perdu du poids. »

« C'est dû au fait que je ne m'alimente pas correctement. »

« Et pourquoi ça ? »

« (La fixant dans les yeux) Parce que la personne qui préparait pour moi est partie de la maison. »

« (Écarquillant les yeux de surprise) Mais, mais Teddy est là non ? »

« Quand m'as-tu vu manger la nourriture de Teddy pour la dernière fois ? »

 

Elle ne répondit pas car si ses souvenirs étaient bons et ils l'étaient, ça remontait à leur 3e année de mariage. Elle pensa que cet homme n'était définitivement pas normal. Ça faisait 2 mois qu'elle était partie de la maison, il mangeait donc quoi depuis tout ce temps s'il ne touchait pas à ce que Teddy cuisinait ? Elle ne lui en demanda pas plus et retourna à ses fourneaux. Quand ce fut prêt, elle arrêta tout et fit un petit dressage sur son comptoir avant de l'appeler pour manger. 

 

« Je peux d'abord me laver les mains ? »

« Bien sûr. Suis moi. »

 

Ils allèrent dans la cuisine, il se lava les mains et les essuya avec un torchon propre qu'elle lui donna avant d'aller s'asseoir pour manger. 

 

« Bonne dégustation. »

« Merci. À toi aussi. »

« Merci! »

 

Ils se mirent à manger en silence. William ferma les yeux après sa première bouchée pour prendre le temps d'apprécier. Ça lui avait réellement manqué de bien manger au point où il se servit une deuxième fois sous le regard médusé d'Aurore. Elle fut surprise qu'il ait encore de la place pour manger la part de gâteau qu'elle lui donna. 

 

« On croirait que tu vivais au désert. »

« Hum. C'est tout comme. »

 

Elle fut étonnée qu'il l'aida à débarrasser. 

 

« Tu m'as invité à manger chez toi, ce serait impoli de ma part de te laisser tout faire sans t'aider. »

« Pourquoi tu ne l'as jamais fait à la maison? »

« Tu l'as bien dit. On était à la maison et il y avait un personnel pour ça. Ici je suis un invité. Le cadre et le contexte ne sont pas pareils. »

« On a souvent été invité et tu ne l'as jamais fait. »

« Parce que tu le faisais pour moi, je n'avais donc plus à le faire. »

 

Elle ne dit plus rien. Elle fit la vaisselle et il rinça et essuya. Elle n'en revenait pas. Si on lui avait dit qu'elle verrait un truc pareil de ses propres yeux, elle n'aurait jamais cru mais pourtant la chose était bien réelle. À la fin, ils retournèrent s'asseoir au salon. 

 

« Tu comptes voir ton gynécologue quand ? Je pense bien que tu en as un n'est-ce pas ? »

« J'en ai. Je la verrai demain, j'ai échangé avec elle tout à l'heure pour un rdv. »

« Pour quelle heure ? »

« Pour 9h00. »

« D'accord, je passerai alors autour de 8h-8h30. »

« Pourquoi faire ? »

« Pour t'y emmener. »

« Je peux conduire toute seule William, tu n'as pas besoin de te déplacer pour ça. Je »

« (La coupant) Tu n'es pas la seule à vouloir savoir si ce qu'a dit le docteur tout à l'heure est vrai. Si cette grossesse est effective, je veux le savoir alors je t'y conduirai. »

« Comme tu veux. Mais sois alors là avant 7h. »

« Pourquoi aussi tôt ? »

« Parce que je compte sortir très tôt de la maison. »

« Pour aller où ? »

« Cela ne te regarde pas. »

« Hum. »

 

Il resta encore un moment avec elle avant de rentrer chez lui autour de 20h(…) 

 

 Yannick raccrocha l'appel et posa son téléphone sur la table avant de regarder sa femme qui le fixait. 

 

« C'est avec William que tu parlais ? » Lança Danielle à l’endroit de son mari.

« Oui. »

« Je t'ai entendu dire qu'il était bien rentré. Ne me dis pas qu'il était encore dans un bar pardon. »

« Non. Rassure-toi. Il n'y était pas aujourd'hui. »

« Alors où était-il? »

« Avec Aurore. »

« (Choquée) Pardon ? »

« (Riant) Tu as bien entendu. »

« Attends tu me dis que William, William RETENO, notre William était avec Aurore Eva RETENO, sa femme d'avec laquelle il s'apprête à divorcer ? »

« Oui. »

« Quoi, il a signé les papiers du divorce ? »

« Même pas. »

« Maintenant il fichait quoi avec elle ? »

« Il l'a raccompagnée chez elle après l'hôpital. »

« Hein ? Quel hôpital ? Qui était à l'hôpital ? »

« Aurore. William l'y a conduit après qu'elle se soit évanouie au restaurant. »

« Hein? Je ne comprends rien à ce que tu me racontes là. Le restaurant, l'hôpital, je suis perdue. »

« À l'heure de la pause, je me suis rendu à son bureau et l'ai forcé à prendre une pause pour aller manger. Après avoir longtemps refusé, il a fini par capituler et m'a suivi au restaurant. Lorsque nous sommes arrivés, j'ai aperçu Aurore sur une table avec un monsieur qui lui tenait la main tout en discutant avec elle.

« Aurore au restaurant avec un homme ? Ça c'était qui?

« Je ne sais pas. Je ne le connais pas. Je n'ai même pas retenu son nom. »

« Comment est-il ? »

« Bof. Assez grand de taille, clair, »

« (Le coupant) Musclé avec un magnifique sourire comme ça. C'est Christ. »

« Hum. C'est exact. C'est ainsi qu'elle l'a appelé. Donc tu le connais ? »

« C'est un ami à elle. Elle nous l'a déjà présenté. Il est agent immobilier et c'est d'ailleurs lui qui a trouvé la maison dans laquelle elle habite. Quoi qu'à sa façon de la regarder, on voit bien tous qu'elle lui plaît. »

« Ah ! »

« Ah quoi ? Aurore est une belle femme et si ton ami est assez con pour ne pas s'en apercevoir, c'est son problème. Mais les autres ne sont pas aveugles. »

« Je sais. Et crois moi, mon type n'est pas aveugle (souriant) »

« Pourquoi tu souris comme ça ? »

« Parce que je crois qu'il a eu le déclic aujourd'hui. »

« Tu parles de quoi ? »

« Eh bien. En rentrant dans le restaurant comme je disais, je l'ai vue et l'ai fait remarquer à Will. Dès qu' il les a vus, il est rentré dans une colère et a directement foncé sur leur table pour demander des explications à Aurore ? »

« Oh. »

« Je suis resté en retrait, dépassé par la situation. Je ne m'y attendais tellement pas. À peine il échangeait deux mots avec eux, qu'il saisit le Christ en question par sa veste et le soulève de sa chaise avant de lui mettre un coup de poing dans le visage. »

« (Hurlant) Noooonnnnn. Tu blagues. »

« (Riant) Je peux blaguer avec un truc comme ça ? Ils se sont battus comme des chiffonniers en plein restaurant. »

« Jure ! »

« Maman appelle Aurore tu lui demandes, elle va te confirmer ça. »

« William s'est battu pour Aurore ? »

« (Riant) Comme je te le dis. Il n'a pas supporté de la voir avec un autre homme. Tu sais ce que ça signifie n'est-ce pas ? »

« Quoi ? « 

« Le fait qu'il se batte pour elle en plein restaurant? »

« Ça veut dire qu'il est fou. »

« Non. Qu'il vient de réaliser qu'il l'aime au-delà de ce qu'il pensait être. S'il se bat c'est qu'il n'a plus de limites. Alors il va chercher à récupérer sa femme. »

« Ah ! »

« (Souriant)  Ce n'est qu'une question de temps. Mais je mets ma main à couper qu'elle regagnera la maison d'ici peu. »

« Si tu le dis. Donc après la bagarre, il s'est passé quoi ? »

« On les a séparés mais Aurore a fini par s'évanouir, il l'a rapidement emmenée à l'hôpital et Dieu merci ce n'était qu'une hausse de tension dû à la scène vécue. Il l'a alors raccompagnée à la maison et y est resté jusqu'à ce soir. »

 

Danielle n'en revenait pas, elle prit son téléphone et fit un message dans le groupe qu'elle partageait avec les filles. 

 

"William s'est battu au restaurant avec Christ à cause d'Aurore" 

 

Il ne fallut pas longtemps pour être inondée de messages interrogatifs de Wilma et Inès. Aurore n'avait pas encore commenté. Lorsque celle-ci le fit, Wilma lança l'appel collectif et toutes se mirent à affubler Aurore de questions. Elle relata ce que Yannick avait dit à sa femme jusqu'au départ de William de chez elle en occultant certains détails, notamment celui de la grossesse. Elles faisaient chacune des théories sur les faits de William pendant 1h de temps avant de raccrocher. 

 

      William se présenta chez Aurore à 6h45 et la trouva en tenue de nuit lorsque cette dernière lui ouvrit la porte avant de retourner à ce qu'elle faisait. 

 

« (Rentrant et refermant la porte derrière lui) Je pensais que tu avais une urgence ce matin. »

« En effet. »

« Dans ce cas pourquoi tu n'es pas encore prête ? »

« Mais je le suis. »

« (Surpris) Tu comptes sortir dans cette tenue ? »

« Je ne compte pas sortir avant 9h. »

« Mais ? Tu n'as pas dit hier que »

« (Le coupant)Je sais ce que j'ai dit. »

« Et alors ? »

« Alors rien du tout. »

 

Il la regarda un moment sans dire quoi que ce soit. Elle lui dit qu'il pouvait s'asseoir. Il le fit et elle le laissa pour aller échanger sa tenue de nuit contre une robe plus présentable avant de revenir. Elle regarda la montre et vit qu'il était quasiment 7h00. Elle mit les couverts et l'interpella. Comme il était concentré sur son téléphone, il ne l'avait pas vue ressortir de sa chambre ni s'activer. Il était surpris de la voir assise et changée. 

 

«  Pardon? »

« J'ai dit qu'il est 7h00 et le petit-déjeuner est prêt. Donc viens et nous allons manger. »

« Je ne comprends pas. »

« Tu ne comprends pas quoi ? N'est-ce pas à 7h00 que tu prends ton petit-déjeuner ? Ou bien tu as changé tes habitudes ? »

« Tu veux dire que tu m'as demandé de passer ce matin pour venir manger ? »

« Tu as toi-même dit que tu ne mangeais pas correctement depuis mon départ de la maison. Techniquement tant que ces papiers ne sont pas signés, j'ai le devoir de te nourrir toutes les fois où je le pourrai. »

 

Il la regarda un moment en silence avant de se déplacer pour aller la trouver. Il s'assit et ils mangèrent en silence. Après cela, ils débarrassèrent et retournèrent s'asseoir au salon. 

 

« Tu as bien dormi ? »

« Oui. Et toi ? »

 

Lorsqu'elle voulait répondre, son téléphone qui était posé sur la table se mit à sonner. William regarda l'identité de l'appelant et c'était marqué "Christ MASSIMBA". Elle le prit et décrocha sans se déplacer. 

 

-Allo ! 

… 

-Bonjour Christ. 

… 

-(Souriant) N'exagère pas, il y a plus belle que moi dehors ici. 

… 

-(Souriant) Tu es un vrai blagueur. 

…. 

-J'ai bien dormi, j'espère que c'est aussi le cas pour toi. 

…. 

-Non ne t'inquiète pas, comme je te disais hier, ce n'était rien de grave. J'ai juste besoin d'un peu de repos et c'est ce que je fais. 

… 

-Et toi j'espère que ton visage ça va ? 

… 

-Dieu merci. Vraiment je suis désolée pour ce qui s'est passé hier. (Levant les yeux sur William) Il n'est pas violent d'habitude, je ne sais vraiment pas ce qui s'est passé. 

… 

-(Riant) Carrément hein. 

… 

-Dis à Blaise que je vais me rattraper. 

… 

-Non. Pas aujourd'hui. Mais demain sans faute, promis. 

… 

-Ok. Bon à plus. 

Clic. 

 

William avait suivi cette conversation avec grand intérêt et cela l'avait énervé. Toutefois, il n'avait rien dit. Elle s'était retirée dans sa chambre  pour s'apprêter. 

Elle revint quelques minutes plus tard changée et prête à partir. 

 

« On peut y aller comme cela 9h nous trouvera sur place. »

 

Il se leva et sortit sans dire un mot. Le trajet vers la clinique était silencieux, Aurore était stressée à l'idée de ce que lui dirait le médecin. Elle se demandait, et si ce n'était pas vrai qu'elle était enceinte ? Et si le médecin s'était trompé ? Plein de questions du genre lui venait à l'esprit. William quant à lui repensait à l'appel qu'avait reçu sa femme. Décidément cet homme lui cherchait des problèmes car même avec ce qui s'était passé la veille, il n'avait pas arrêté de tourner autour d'elle. D'ailleurs depuis quand étaient-ils devenus aussi proches ? Comment ça se faisait ? Et pourquoi ne voyait-elle pas que cet homme voulait plus que de l'amitié ? C'était visible à des milliers de km rien que par sa façon de la regarder. Il savait que ce n'était pas son imagination. En plus ce dernier ne s'était pas caché au restaurant la veille, il le lui avait dit clairement. Alors pourquoi continuer à lui parler ? Telle était la dernière question qu'il se posa en descendant de la voiture. Lorsqu'ils pénétrèrent l'enceinte de la clinique, il sonnait 9h00 et le médecin commença ses visites. Elle était donc la première patiente à être reçue. 

 

« Bonjour à vous. Prenez place svp. »

« (S'asseyant) Bonjour docteur. »

« Aurore, comment allez-vous ? »

« Je vais bien merci et vous ? »

« Je vais bien par la grâce de Dieu. »

 

Les 2 femmes étaient assez proches depuis le temps qu'elles se connaissaient. 

 

« Je vous présente mon euh (hésitant) mari. »

« C'est lui William ? »

« Exact. »

« Waouh. Enfin je peux mettre un visage sur votre nom. Je suis ravie de vous voir enfin. »

 

William ne comprenait pas ce qui se passait. Comment cette femme connaissait son prénom jusqu'à avoir attendu avec hâte qu'il se présente pour le voir ? Qu'est-ce qu'Aurore avait bien pu lui dire à son sujet ? Il regarda d'ailleurs Aurore pour ça. Le médecin qui avait suivi son regard intervint. 

 

« Ne vous inquiétez pas, votre femme ne m'a rien dit de compromettant vous concernant. Juste qu'elle était mariée et que son mari s'appelait William RETENO. »

« Je vois. »

« Je suis son médecin depuis 6 ans maintenant et lorsque nous nous sommes rencontrées ici, elle avait 20 ans. Ce n'est pas courant chez nous d'être mariée à cet âge et j'avoue que la voir avec une alliance sur le doigt m'avait un peu intrigué. Je lui avais donc posé la question de savoir si elle était mariée et elle m'avait répondu. C'est de là qu'est parti votre prénom. »

« D'accord. »

« Sinon Aurore, pouvez-vous me redire ce qui s'est réellement passé hier. »

« Comme je vous l'ai dit, je me suis évanouie au restaurant et William m'a conduit à l'hôpital. Sur place le médecin nous a dit que j'étais enceinte et demandé de faire des examens pour savoir où j'en suis. »

« Je vois. À quand remontent vos dernières règles ? »

« À 3 mois en arrière. »

« Alors là. Pourtant vous êtes réglée telle une pendule. Pourquoi n'avez-vous pas constaté ce grand retard ? »

« Je vous avoue que j'avais trop de choses dans la tête en ce moment donc je ne me suis même pas rendue compte. »

« Je vois. On va passer dans l'autre pièce là-bas. Ça ne dérange pas que monsieur vienne n'est-ce pas ? »

« (Regardant William) Non. Ça ne me dérange pas. »

« Ok. Retire ton haut avant de t'asseoir stp. »

 

Elle retira son haut et s'assit sur le lit. William s'assit sur la chaise qu'on lui indiqua. Le médecin se mit à toucher à certains endroits de son ventre pour voir si elle avait certaines douleurs mais ce ne fut pas le cas. Elle lui fit alors une échographie. Elle les invita tous les 2 à regarder l'écran. Elle agita l'appareil sur le ventre d'Aurore avant de s'arrêter à un niveau. 

 

« (Pointant l'écran) Vous voyez là? »

« (En chœur) oui. »

« Eh bien, c'est votre bébé. »

« (Émue) Donc je suis bien enceinte ? »

« Oui Aurore, vous êtes enceinte. Et votre enfant se développe plutôt bien à ce que je constate. (bougeant l'appareil en grimaçant) Attendez. »

« (Paniqués) Que se passe-t-il ? »

« Attendez je vérifie. Je n'ai pas envie de me tromper. (Fixant l'écran en silence pendant un bon moment) C'est exact. Je n'ai donc pas mal vu. »

« Qu'est-ce qu'il y a ? »

« Vous n'attendez pas 1 mais 3 enfants. Ce sont des triplés. »

« Hein? » C'est le cri d'incompréhension qu'a poussé Aurore. 

 

William lui, n'a rien dit. Il était tellement sous le choc qu'il n'a pu émettre aucun son. 3 enfants du coup ? Comment était-ce possible pour une seule grossesse? Il écouta le reste de la consultation d'une oreille distraite. Tout ce qu'il avait retenu était qu'Aurore devait faire très attention, se ménager, bien se reposer, bien se nourrir et surtout qu'elle avait 3 enfants qui grandissaient dans son ventre. Tout le monde allait bien. Il s'arrêta en pharmacie pour prendre les médicaments sur l'ordonnance avant de rentrer chez elle. Une fois à la maison, elle alla dans sa cuisine et sortit une carafe de jus qu'elle avait fait ce matin et vint s'asseoir sur les coussins sans même prendre un verre et se mit à le boire de moitié sous le regard surpris de William. 

 

« (Posant la carafe en le regardant) Quoi ? »

 

Son regard allait de la carafe à son visage et vice-versa. 

 

« J'avais énormément soif et j'ai eu le sentiment que si je prenais le verre ça ne m'aurait rien fait. »

« (S'asseyant) Ok. On peut parler ? »

« De quoi ? »

«  De ce qui se passe en ce moment. De la grossesse. »

« (S'arrangeant sur le coussin) D'accord. Je t'écoute. »

« Alors je ne sais pas pour toi mais actuellement je suis submergé tellement je ne m'y attendais pas. Il y a 3 jours en arrière, il était question de signer les papiers du divorce maintenant on apprend que nous allons être parents de 3 enfants. Je, tu as un souci ? »

 

Elle n'arrêtait pas de gesticuler et se tordre de temps en temps depuis qu'il avait pris la parole. 

 

« Je ne sais pas. J'ai l'impression d'étouffer dans ces vêtements. J'ai la sensation d'être serrée à l'intérieur. »

« Va alors te changer et mets quelque de confortable. »

« D'accord. »

 

Elle se leva et partit dans sa chambre. Il resta en train de réfléchir. Cela faisait 2 fois qu'elle manifestait un comportement étrange. Était-ce les fameux malaises de grossesse qui avaient commencé ? Le médecin leur avait dit qu'à tout moment cela pouvait se faire maintenant qu'ils savaient qu'elle était enceinte. Elle revint le trouver avec un pantalon large et un crop top sans rien en bas. 

 

« (S'asseyant) Continue. »

« Alors je disais que nous venons d'apprendre que nous sommes des futurs parents. Je pense que l'on devrait mettre une pause sur la procédure de divorce pour nous concentrer uniquement sur la venue des enfants du moins jusqu'à ce que tu accouches. »

« (Après un moment) Ça me va. »

« D'accord. Je réglerai ça en rentrant. Comment tu te sens par rapport à l'annonce de cette grossesse ? »

« Bah. Je ne sais pas trop quoi dire. Ce n'est pas un secret pour toi que j'ai toujours voulu avoir des enfants. Je t'avoue que je m'étais déjà résolue à ne pas en avoir au regard de nos rapports mais bon me voici enceinte alors je suis contente. Même si je suis un peu effrayée par le nombre. 3 du coup, je me demande est-ce que je vais m'en sortir toute seule avec 3 enfants ? Je ne sais pas. »

« Tu ne seras pas seule. Je serai présent tout le long. Et j'ai l'intention de m'impliquer dans leur vie. Je jouerai mon rôle. »

« D'accord. »

« Tu ne penses pas que tu devrais revenir à la maison pour que ça soit plus simple pour toi? »

« Non. Je préfère rester chez moi. »

« (Après l'avoir longuement regardé) Hum. Je peux alors avoir les clés de chez toi ? »

« (Surprise) pourquoi faire ? »

« Pour avoir la latitude de venir ici. Tu sais que je serai amené à venir te voir ici à tout moment à cause de la grossesse. »

« Et je t'ouvrirai la porte quand tu viendras. »

« Et si tu es dans l'impossibilité de le faire ? »

« Pourquoi serai-je dans l'impossibilité de le faire ? »

« Je ne sais pas moi. Un souci quelconque. Je veux juste m'assurer que les enfants et toi vous soyez en sécurité. »

« Hum. En tout cas, je vais réfléchir à cette possibilité. On a fini ? »

« Oui. »

« Ok. »

 

Elle se leva pour aller faire la cuisine. 

 

« Dis moi tu vas à ton bureau ou tu restes déjeuner avec moi. »

« J'y vais. Mais je repasserai le soir ici avant de rentrer à la maison. »

« D'accord. »

« (Se levant) et stp débloque mes numéros pour que je puisse te joindre. »

« Oh. D'accord. »

 

Elle avait complètement oublié que depuis qu'elle l'avait bloqué après la nuit qu'ils avaient passée ensemble, elle ne l'avait pas débloqué. Elle prit son téléphone et le fit aussitôt avant d'écrire dans le groupe des filles. 

 

-"les filles je vous attends à la maison à l'heure de pause c'est urgent. Wilma ce n'est pas la peine de me harceler hein. Je t'appellerai quand je serai avec les filles. J'ai un truc à vous dire."

 

Elle n'attendit pas longtemps avant d'avoir le "OK" d'Inès et Danielle et un tchuip de Wilma. Elle posa son téléphone en souriant et se mit à préparer…





MON MARI, CET INCONN...