Chapitre 18

Write by Jennie390

⚜️Chapitre 18⚜️


Yolande Otando épouse Biyoghe



Mes journées sont extrêmement difficiles. Le fait de rester 24h/24 enfermée dans cette chambre me stresse et me déprime plus que tout, j'ai l'impression que je finirai par devenir folle. Je ne vois Emile que dans la soirée quand il rentre du boulot et qu'il m'apporte à manger, le reste du temps je reste assise soit sur mon lit, soit au sol à regarder les murs étant donné qu'il n'y a ni télévision ni livre dans cette chambre, rien du tout. 


Ça fait déjà 1 an que je suis mariée avec Emile, 1 an que je vis ce calvaire. 1 an que je tourne mon problème dans mon esprit mais je n'ai toujours aucune solution en vue. J'ai cherché le moyen de m'enfuir mais c'est carrément impossible parce qu'Emile s'assure de toujours fermer la porte à double tour puis il ajoute un cadenas. Vu la hauteur des fenêtres et les barreaux, impossible de passer par là. 


J'ai même pensé à le tuer, mais là aussi c'est sans issue parce que je n'ai accès à aucun objet qui peut donner la mort. Il m'apporte à manger à chaque fois avec des objets en plastique : verre, assiette, fourchette, cuillère et couteau. Les fois où je cuisine pour des dîners pour des invités, il découpe tout à l'avance et il cache les couteaux. Pendant que je prépare, il me surveille avec une arme. 

Donc impossible de pouvoir même cacher une fourchette pour le poignarder. Il ne laisse rien traîner. 

Le désespoir me terrasse souvent à tel point qu'il m'est parfois arrivé de penser à me sui*cider. Mais je me rappelle que si quelque chose m'arrive, Mélissa sera désormais toute seule livrée à Emile. 


Je suis assise sur mon lit lorsque que j'entends Emile ouvrir la porte. Il entre dans la chambre et me remet une assiette de salade avocat maïs et thon accompagnée de pain puis un verre d'eau. Je recupère le plat et je me met à manger. 


—Alors tu as passé une bonne journée?, me demande t-il avec un petit sourire. 



Je ne répond pas, je ne suis pas d'humeur à me disputer avec lui. Ça ne mène nulle part. 



—Continues à m'ignorer quand je te parle, bientôt je vais commencer à t'apporter le même genre de repas degeulasse qu'on sert dans les vrais prisons. 



—Je ne te répond pas tout simplement parce que j'estime n'avoir rien à te dire, je lui répond en prenant une gorgée d'eau. 



—Même quand je pense que tu t'es finalement faite à ta nouvelle vie, tu me montres toujours que ce n'est pas le cas. Je détecte toujours ce petit côté rebelle dans le regard, je comprends donc qu'à la moindre occasion tu vas encore essayer de te mettre en travers de mon chemin. Mais ce serait très stupide ma belle. 


—Ça c'est toi qui le dit, fais-je en continuant de manger. 



—Soit dit en passant la Directrice de Oasis m'a téléphoné ce matin. Elle souhaiterait nous voir pour nous parler. 


—Comment ça ? Quelque chose ne va pas avec Mel, je demande, paniquée. 



—Je n'en sais rien, mais on va le découvrir demain matin vu qu'on va se rendre sur place. 



Je suis tout à coup inquiète, j'espère qu'il n'y a aucun problème. Je suis retenue prisonnière ici, si quelque chose arrive à Mel je ne pourrai pas faire grande chose. Je remet mon assiette à Émile, je n'ai plus faim. 



—Je suis pleine, lui dis-je. 



—C'est toi qui reçoit un seul repas par jour et c'est encore toi qui te permet de ne pas terminer ce que je t'apporte à manger. Ce n'est pas mon argent que tu vas gaspiller ma chère, même pas 25F. Pour aujourd'hui ça va passer, la prochaine fois où tu ne termines pas ton assiette, tu vas rester une journée sans manger. Tu sais que je suis capable de le faire, rien à foutre que tu crèves de faim. Tu es prévenue. 


Il ouvre la porte et avant de sortir il se tourne vers moi. 


—Demain je serai très occupé toute la journée, donc on ira à Oasis très tôt. On ne déjeunera pas avec Mel. 


—Emile ça fait deux semaines qu'on ne s'est pas vu, pourquoi on ne peut pas déjeuner avec elle même si c'est pendant une heure, s'il te plaît. 



—Je te passais juste l'info, je ne te demandais pas ton avis. 



—Mais.. 



—On part d'ici demain à 8h, si quand je monte ici, tu n'es pas déjà douchée, j'irai sans toi. 


Il ne me laisse pas en placer une et il sort de la chambre en verouillant la porte. Je passe le reste de la soirée à me faire du soucis pour Mel. Je trouve le sommeil difficilement, mais je passe une nuit perturbée à tel point que je me lève très tôt. Je n'ai ni montre ni horloge mais je vois à travers la fenêtre que le soleil ne s'est pas encore levé. 


Je me rend dans la salle de bain pour prendre ma douche. Là bas aussi, Emile ne laisse que le strict minimum. Un savon, une brosse à dents, un dentifrice. Je me douche et je reviens dans la chambre avec ma serviette nouée autour de mon corps et je m'assois sur le lit pour attendre Emile. 


Il débarque quelque temps plus tard, le soleil s'est déjà levé. Il ouvre la porte et je le suis jusque dans la chambre d'a côté où sont rangés mes vêtements, chaussures et tous mes accessoires. Je m'habille, me maquille légèrement, je porte mes chaussures. Emile choisi un sac à main pour moi, il vérifie qu'il soit bien vide avant de me le rendre. 


                 ♤~~~~~~~♤    

Pendant le trajet je suis totalement anxieuse mais Émile a l’air tellement serein qu’il sifflote même. Dès qu’on arrive à OASIS, Mme Odile la nounou de Melissa nous conduit dans le bureau de la directrice. Celle-ci nous explique que Mélissa a des insomnies de manière répétée ces temps ci et qu’elle commence déjà à s’inquiéter pour la petite.



—Donc comme je vous disais le médecin en charge ici lui a prescrit des cachets assez légers pour l’aider à dormir mais nous voulions d’abord avoir votre permission vu que vous êtes ses tuteurs.


—Si c’est une prescription médicale, c’est sans problème vous pouvez les lui donner.Je répond en regardant la Directrice. 



—Qu'en pensez-vous Monsieur Biyoghe? , demande la Directrice. 



J'ai envie de lui crier au visage que c'est moi la soeur de Mel, que le chien à côté de moi n'a aucun avis à donner sur elle. Mais je préfère évidemment me taire de peur de tout faire dégénerer. 



—Très bien, nous répond la Directrice. Nous commencerons ce soir. Mais nous pensons Mme Odile et moi que peut être elle aimerait déjà voir la maison où elle va vivre et…


Je la coupe directement... 


—Je ne crois pas! Enfin je pense qu’elle a parfaitement compris que nous préférerions qu’elle voit la maison quand les travaux et la déco seront entièrement terminés. 


—Honnêtement, depuis que vous vous êtes mariés, vous venez la voir rarement. Je pense que vous lui manquez. 



—Si c’est ça son problème,on pourrait la prendre pour venir passer un week-end avec nous à la maison, suggère Emile avec un sourire qui me donne la chair de poule. Le problème c’est que dès qu’elle verra cette maison elle tombera sous le charme et elle ne voudra plus revenir, n'est ce pas bébé?ajoute t-il avec un regard vers moi. 




—Je pense plutôt que c’est le fait de bientôt devoir partir d’ici qui la dérange,elle a quand même vécu ici pendant plusieurs années, cet endroit est un peu comme son domicile,elle s’y sent chez elle. Vous êtes comme une famille pour elle, dis-je pour ne pas donner de crédit à la proposition d'Emile. 



—Oui c’est vrai que ça peut être ça, renchérit Mme Odile. Mais elle a 17ans le mois prochain, il lui reste encore une année avant de venir vivre chez vous. 



—Elle est particulièrement attachée à vous.Peut être pourriez vous la rassurer, que même quand elle sera partie d’ici vous continuerez à la voir,vous pourriez par exemple passer lui rendre visite à la maison tous les weekends, dis-je. 


—Évidemment ça me ferait vraiment plaisir,j’aime bien cette petite donc ce sera avec plaisir que je viendrai régulièrement la voir, répond cette dernière. 


Emile sourit parce qu'il comprend mon petit jeu. 


—Très bien, dit-il en se levant. En tout cas s’il y’a un quelconque problème avec Mélissa, n’hésitez surtout pas à nous prévenir. 


—Mélissa est vraiment chanceuse de vous avoir tous les deux dans sa vie,vous vous préoccupez tellement de son bien être. 



—C’est nous qui sommes chanceux d’avoir Melissa, dit Emile en me jettant un coup d'oeil. En fait avec Yolande et Melissa dans ma vie ,je me sens comme l’homme le plus privilégié de la terre. 


Les deux femmes en face de nous sourient devant les conneries que ce salopard raconte. 


—Vous ne la prenez pas pour déjeuner?, demande la Directrice. 



Emile me devance avant que je ne puisse ouvrir la bouche. 


—Non malheureusement nous sommes invités à un déjeuner professionnel. Mais la semaine prochaine nous viendrons la chercher pour déjeuner comme d'habitude. Oh soit dit en passant, saluez Monsieur Obiang pour moi. 


—Je n'y manquerai pas, passez une bonne journée. Répond la Directrice. 



—Merci, répondons-nous. 



Nous disons au revoir et reprenons le chemin de la maison. Pendant le trajet je me tourne vers Emile. 



—C'est qui Monsieur Obiang ? 



—C'est le Fondateur d'Oasis dit-il sans me regarder. 



—Tu connais personnellement le fondateur d'Oasis? 



Il hoche la tête,je le regarde ahurie. 



—Est ce que ça veut dire que ce Monsieur connaît tes intentions comme Edouardo au Mexique ? Et que la Directrice vous aide comme Miranda? 



—Non ni la Directrice ni le Fondateur ne connaissent mes intentions. Mais j'ai juste voulu te faire savoir que ce Monsieur je le connais bien. C'est un client, j'ai dessiné les plans de ses 3 dernières maisons et il m'apprécie beaucoup. Donc je maîtrise la situation, garde ça en tête quand tu te crois suffisamment intelligente pour me tenter comme tu as fait dans le Bureau de la Directrice, quand tu as suggéré que Mme Odile viendrait rendre visite à Mélissa quand elle serait chez nous. 



—Tu n'es qu'un pauvre type! 



—Oui oui et je veux que tu retiennes que si tu me fais chier, je peux décider de ne pas attendre qu'elle ait 18ans dans un an pour venir vivre avec nous. En un claquement de doigts, je peux décider qu'elle quitte Oasis dans 6 mois, 3mois ou même une semaine, donc fait attention. 



Je ne sais même pas quoi répondre à ça, je préfère regarder de l'autre côté de la vitre. Je ne peux pas permettre que Mélissa vienne si vite surtout pas tant que je n'ai trouvé aucune solution. Donc il faut que je me tienne à carreaux pour le moment. On arrive à la maison et avant de m'enfermer à nouveau, il se tourne vers moi. 



—Figure toi que cette semaine ta tante et tes copines stupides m'ont appelé, vu qu'elle n'ont aucune nouvelle de toi. 



—Qu'est ce que tu leur as dit? 



—Que tu es actuellement en vacances à Miami, que tu n'as aucune raison de les fréquenter vu que ton statut a changé. Voilà pourquoi tu les zappes et tu ne les appelles plus et que tu as même changé de numéro. 



—Tu vas faire ça jusqu'à quand ? Tôt ou tard, les gens se méfieront et se pointeront ici. 



—Qu'il vienne, je les attend dit il avec un sourire bizarre. 




Je n'aime pas le regard qu'il ma lancé en disant ça. Avec lui je m'attend à tout et au pire. 



—Au fait ce soir je ne t'apporte pas à manger parce que demain soir on va dîner chez Hortense et Richard, avec Diane et Vincent. Je sais que tu vas prendre un repas complet là bas plus les extras, donc ce soir tu dors le ventre vide. 



Dès qu'il s'en va je me met à penser à ma tante et mes copines. Ça fait tellement longtemps que je les ai vus. 

Si je pouvais trouver un moyen de leur faire savoir ce que je vis... 



              ♤~~~~~~~♤     


         Le lendemain matin



       Landry Ratanga



Ça fait du bien d'être enfin de retour chez moi, j'ai passé une bonne nuit. Je me lève ce matin et je débute ma routine matinale qui consiste à faire du sport. Je viens à peint d'arriver donc je n'ai pas encore acheté de matériel pour mes exercices, je décide alors de faire du footing et de la marche dans le quartier. Il est résidentiel et très calme surtout qu'aujourd'hui c'est dimanche. Le temps aussi est très agréable donc tout les ingrédients sont réunis pour mon exercice. 


J'enfile ma tenue, mes chaussures et je récupère une bouteille d'eau dans la cuisine avant de sortir de la maison. Je fais quelques échauffements ensuite je me met à alterner entre course, marche et pompe tout en écoutant de la musique. Une heure plus tard, je suis un peu essoufflé donc je m'assois sur un trottoir pour reprendre de l'énergie. 


Je vois deux ou trois personnes qui passent devant moi en tenue de sport, je comprends que certains habitants de ce quartier sont assez sportifs, c'est bien. Puis pendant que je manipule mon téléphone la tête baissée j'entend une voix masculine. Je lève la tête et j'aperçois un homme en tenue de sport qui s'est arrêté pour répondre à un appel. Il discute pendant de longues minutes en jouant avec sa bouteille d'eau et de temps à autre il regarde dans ma direction. 


Sur le coup je ne saurais l'expliquer mais de prime abord, il me semble être une personne antipathique. C'est injuste de juger quelqu'un qu'on vient de rencontrer il n'y a même pas une minute mais mon esprit ne le kiffe pas. Je me lève et je reprend ma course puis je m'arrête pour marcher lorsque je me rend compte que le Monsieur de tout à l'heure à repris sa course et il s'est arrêté à ma hauteur. 



—Bonjour me dit-il. 


—Bonjour, je lui répond. 


—Je vis ici depuis un an et je ne vous ai jamais vu par ici, vous êtes nouveau je présume ? 


—Oui je suis arrivé hier dis-je. 



—Ah ok, bienvenu parmi nous alors, ajoute t-il en me tendant la main. 


—Merci Beaucoup, je répond en lui serrant la main en retour. 



Dès que ma main touche la sienne, j'ai les poils de la nuque qui se dressent. J'ai l'impression qu'on m'a versé un seau d'eau glacée au dos. Il a la paume de main très douce et surtout très froide. Nous détâchons nos mains et nous cheminons ensemble puis il jette un coup d'oeil à sa montre avant de me regarder en souriant. 


Le type a les dents aussi blanches que celui qui fait une publicité du dentifrice "Colgate". Mais pourquoi son sourire si parfait m'a l'air... Faux? 



—En tout cas j'espère que vous vous sentirez bien ici, c'est un endroit calme, sécurisé et les voisins sont très chaleureux, bienveillants et acceuillants. 



Si c'est froid et bizarre comme lui qu'il appelle chaleureux 

,bienveillant et acceuillant, bah je ne vais certainement pas fréquenter les voisins! 


—Donc je suis tombé dans un super quartier dis-je, avec le sourire le plus présentable que je peux sortir actuellement. 



—Oui oui il est super. Mais je ne me suis pas présenté, je suis Emile Biyoghe, architecte de renom. J'ai la plus grande demeure du quartier donc tout le monde me connait par ici. 



En plus il est prétentieux ! 



—Landry Ratanga, enchanté de vous rencontrer dis-je. 



Enchanté... Vraiment ? 


—Et que faites vous dans la vie? 


—Je suis médecin, je lui répond. 


—Quelle spécialité ? 


—Cardiologie.


—Vous êtes jeune et déjà spécialisé, intéressant. Dit-il. Bon il faut que je vous laisse, passez une bonne journée, dit-il. 



—Merci, à vous de même. 



Il me sourit encore et s'en va. Il s'arrête à quelques pas pour saluer un homme et une femme qui font aussi du sport et qui ont l'air de l'apprécier vu leurs sourires. Il s'en va finalement et les deux personnes passent près de moi. 


—J'apprécie beaucoup ce monsieur dit l'homme, il est simple et sympathique avec tout le monde. 



—Oui, moi aussi c'est quelqu'un que j'aime bien, qui dans ce quartier ne l'apprécie pas ? Fais la femme. 



Apparemment moi je sors d'une autre planète hein parce qu'il ne m'a rien inspiré de bon. Et son regard... On dit souvent que les yeux sont les reflets de l'âme et de ce que j'ai observé dans ses yeux, ils ne me disent rien de positif. Ils étaient ... Vides. 


Mais bon si tout le monde l'apprécie comme j'ai entendu dire c'est sûrement moi qui en fait des tonnes pour rien. Peut-être être que c'est une fausse impression. Et après tout on dit qu'il ne faut pas juger les gens aux apparences.J'ai la fâcheuse tendance à détailler les gens que j'ai en face de moi. On me dit souvent que j'aurais été comme un poisson dans l'eau si je m'etais spécialisé en Psychologie au lieu de la cardiologie. 


Lol! 


En tout cas cet Emile Biyoghe est un curieux personnage, ça c'est sûr. 



Bonne lecture... 







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