Chapitre 19 - Du bout des lèvres

Write by NafissaVonTeese

 Précédemment

Elle était certaine que toute la soirée allait se dérouler sans le moindre problème, puisqu’elle avait elle-même veillé au grain, à ce que tout se passe exactement comme prévu.

Fama n’avait cependant pas prévu que Seydina débarque à sa soirée de lancement, accompagné de la fille de son patron, lui qui avait juré l’aimer et qui lui avait même demandé de l’épouser quelques jours plus tôt. Elle avait profité de l’intérêt appuyé d’un des invités et ami de Ali, pour essayer de rendre jaloux Seydina, en s’éclipsant avec lui. Au lieu de Seydina, c’est Ali qui les avait rejoints, et avait fait un scandale avant d’obliger Fama à quitter les lieux.

Elle, s’était laissée faire, espérant que cela en reste là. Mais Ali n’avait pas mâché ses mots et l’avait traitée de fille facile, après l’avoir amené de force dans un repère de prostituées. Il avait ensuite vivement regretté son geste quand il se rendit compte que cela avait vraiment blessé la jeune femme. Ali, se sentant coupable et terriblement attiré par Fama, l’avait embrassé en étant certaine qu’elle allait la repousser. Au contraire, elle avait répondu à son baiser ; mais quelques secondes plus tard, elle était devenue incontrôlable, s’agitant et criant que Ali la lâche. Il ne comprit pas la réaction démesurée de Fama et jura qu’elle était complètement folle. Il n’aurait jamais pu deviner qu’elle s’était retrouvée « enfermée dans sa tête » comme elle le disait depuis quelques jours, à chaque fois qu’elle avait ce qu’elle appelait des hallucinations.

Elle s’était retrouvée dans une pièce, à la merci de Alima qui avait clairement l’intention de la tuer, puis dans un endroit qu’elle ne connaissait pas, avec une jeune femme qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau. Celle-ci lui avait glissée à la main, le pendentif que Seydina lui avait offert le matin où elle déménageait dans la capitale.

En revenant à la réalité, Fama comprit qu’elle avait fait une crise d’hystérie devant Ali, sans qu’elle ne s’en rende compte. Elle avait si honte qu’elle n’eut pas le courage de lui expliquer que cela lui arrivait d’avoir des hallucinations depuis des jours, certainement à cause de la fatigue.

Il l’avait déposé chez elle, avec plein de questions dans la tête mais dans le silence.

Fama elle, ne s’y attendait pas, mais elle retrouva Salah entrain de l’attendre devant la porte de son appartement.

***

 

Comme un véritable gentleman, il avait respecté son silence. Salah avait proposé à Fama d’aller prendre un bain chaux, ce qui allait certainement lui faire du bien ; pendant qu’il réchauffait leur dîner.

 

En sortant de la salle de bain, Fama avait trouvé  son lit débarrassé de tout le désordre qu’elle y avait laissé, après s’être préparée à aller au cocktail de lancement. A la place, Salah y avait déposé sa robe longue bohémienne blanche. Elle aurait pu se sentir blessée, comme à chaque fois qu’on lui disait que cette robe qui lui avait coûtée deux mois d’économie, ressemblait à une chemise de nuit ; mais ce soir-là, elle n’en avait même pas la force. Au contraire, la petite attention de Salah la fit sourire au coin des lèvres. Elle l’enfila rapidement, avant de traverser la porte qui séparait sa chambre au reste de l’appartement.

 

Salah se tenait debout devant le micro-ondes en marche, attendant le bip d’arrêt, tout en manipulant son téléphone. Fama s’était avancée jusqu’au niveau du canapé qui servait de séparation entre le mini salon et l’espace cuisine. Elle le scrutait en se posant plein de questions sur cet homme juste devant elle. Elle ne croyait ni aux anges gardiens, ni à la bonne étoile. Elle ne croyait pas non plus au hasard. Pour Fama, Salah avait certainement une bonne raison d’être là ; et une raison en sa faveur à lui, mais certainement pas en la sienne.

 

Le jeune homme avait senti sa présence. Il s’était retourné d’un coup, avant de lui lancer un petit sourire d’apparence innocent, mais qui cachait une envie bouillonnante de percer un mystère qui le hantait depuis des heures. Salah n’était pas un de ces hommes à qui la vie pouvait cachait un secret. Lui, les perçait tous, l’un après l’autre.

Il rangea son téléphone dans une des poches de son pantalon kaki, puis sans dire un seul mot, me mit à fusiller Fama du regard. Il guettait la moindre réaction de sa part, mais elle ne détourna pas ses yeux de lui.

Elle savait qu’il se posait autant de questions qu’elle ; peut-être pas les mêmes, mais elle était certaine que plein de questions sur elle, lui brulaient les lèvres. Cela avait duré une bonne quinzaine de secondes,  et en réalité, il n’y avait que Salah qui trouvait la situation amusante. Fama elle, était de plus en plus gênée, mais elle était bien décidée à ne pas se laisser enfoncer encore plus, en perdant cette bataille inutile de regards insistants, dont elle ne comprenait même pas le sens.

 

Le bip d’arrêt du micro-ondes les interrompit. Salah y sortit une assiette remplie de tranches de pizza, avant de se diriger vers la table basse qui faisait face au seul canapé de la pièce. Fama était restée plantée là, le suivant du regard, sans vraiment savoir quoi dire.

Après s’être débarrassé de son assiette, il prit place sur le canapé et lança à Fama :

 

-         C’est cette recette de pizza qui a fait le succès de la boîte de mon père au Maroc. Elle a été créée par mon arrière-grand-mère maternelle, qui l’a transmise à ma grand-mère, et elle a fait de même avec ma mère.

 

Salah avait marqué un temps d’arrêt pour fixer à nouveau Fama dans les yeux, puis il continua :

-         Je m’excuse d’avoir touché à ton placard à vêtements ; je sais que les femmes détestent cela. Je te cherchais un pyjama quand je suis tombée sur cette magnifique robe, et je n’ai pas pu résister à l’envie de te voir dedans. Elle te va à ravir. On dirait que tu l’as héritée de ma mère. Dans mes souvenirs, elle est toujours habillée ainsi, en blanc, entrain de marcher sur la place, les cheveux dans le vent…

 

Salah s’était tu tout d’un coup, perdu dans ses pensées.

 

« Dans ses souvenirs » se répéta Fama dans sa tête. Cela l’avait tiqué, mais elle ne bougea toujours pas. Elle ne savait pas encore à quoi s’attendre venant de cet homme, alors elle restait là, attendant une piste lui indiquant la meilleure manière de réagir. Elle avait assez fait de bourde en seulement quelques heures. Il ne fallait surtout pas qu’elle en rajoute une couche.

 

-         Tu viens ? ; demanda Salah après être revenu au moment présent. Cette pizza est une perle ! II n’y a qu’un seul endroit dans tout le pays où on peut en trouver, et c’est au Mia Cara, notre restaurant qui est sur la route de l’aéroport.

 

 « Mia Cara ? », Fama n’en avait jamais entendu parler, elle qui, depuis qu’elle était à Dakar, avait un régime alimentaire qui se limitait à ce que proposait le Fast-food pour étudiants le plus proche.

Elle l’avait rejoint, pour se poser timidement à la seule place qui restait sur le canapé.

Salah prit une bouchée de la tranche qu’il avait à la main, et les yeux fermée, il secoua la tête avant de lancer :

 

-         È molto buona stasera !

 

Fama commençait à trouver son silence un peu déplacé. Alors juste pour dire quelque chose, elle lui demanda :

 

-         Tu parles espagnol ?

 

-         Italien ; rectifia-t-il. Oui, je parle un peu l’espagnol aussi, mais je suis plus à l’aise avec l’italien. Ma mère est italienne et j’ai vécu à Toscan les 7 premières années de ma vie. Vu de l’extérieur, ça a tout l’air d’être un cliché, mais quand on a du sang italien qui coule dans nos veines, on ne peut qu’adorer les pâtes, les beaux vêtements et les blagues de mauvais goût !

 

-         Et les femmes, ajouta Fama sans vraiment réfléchir.

 

Sa remarque poussa Salah à la fixer à nouveau du regard, mais cette fois, avec un air malicieux qui fit regretter à Fama sa manie de toujours parler plus vite qu’elle ne réfléchissait.

 

-         Et les femmes, accepta Salah avec un petit sourire.

 

Il porta la tranche qu’il avait à la main, à la bouche de Fama, tout en expliquant :

 

- Mon arrière-grand-mère l’avait appelée « Regina di prati » mais après le décès de ma mère, mon père a tenu à la rebaptiser en « Luna piena », en mémoire à ma mère qui s’appelait Luna.

 

Fama avait mordu à la tranche en se disant qu’elle n’avait jamais vu un marocain à moitié italien. De toute façon elle n’avait pas vu grande chose de la vie, et à sa grande surprise, c’était seulement à ce moment-là qu’elle s’en rendit compte.

 

La présence de cet homme intriguant – peut-être même mystérieux et un peu trop cultivé à son goût – avait fini par lui faire oublier sa soirée désastreuse. Vu qu’il était bien disposé à parler de lui-même plutôt que d’elle – ce qui lui allait parfaitement d’ailleurs – elle entreprit une discussion sur l’Italie. C’était plutôt elle qui posait les questions et Salah répondait de bon cœur  à chacune, car tout ce qu’elle connaissait vraiment de ce pays, était le nom de sa capitale Rome, et l’histoire de Roméo et Juliette qu’elle n’avait jamais fini de lire, pour dire vrai.

 

Au fil des minutes qui passaient, bien après avoir dîné, ils parlaient de tout et de rien, comme s’ils étaient de vieux amis qui s’étaient retrouvés après des années de séparation. Salah lui avait raconté, qu’après son baccalauréat, il avait pris une année sabbatique pour faire le tour de l’Europe et de l’Afrique ; qu’il était le vilain petit canard de la famille et qu’il avait deux fois failli mourir dans des accidents de moto.

 

L’histoire qui toucha Fama, était celle de la mort de sa mère, qui n’avait pas pu échapper à une tumeur cérébrale diagnostiquée un peu trop tard. Elle arrivait à sentir dans la voix de Salah, que cela l’affectait toujours, même si ça datait de presque 20 années.

 

Fama ne savait pas quoi lui dire. Pour le réconforter un peu, il lui lança le premier compliment qui lui vint à la tête.

 

-         Je comprends maintenant d’où te vient toute cette « sexytude » que tu dégages.

 

Elle comprit très vite que c’était tout sauf une brillante idée, alors elle tenta le tout pour le tout, en parlant boulot.

 

-         Alors quand est-ce que tu comptes lancer ton concept de street food à Dakar ?

 

Salah avait souri pour faire comprendre à Fama qu’il avait bien compris la manœuvre qui manquait cruellement de subtilité. « Sexytude » était un mot que Salah n’avait jamais entendu, mais il devina facilement ce qu’il signifiait. Il ne voulait pas pousser Fama à se sentir mal à l’aise en insistant sur le sujet, alors il décida de ne pas en rajouter ; ce qu’il aurait certainement fait avec une autre personne. Par contre, il prit quelques secondes, réfléchissant les sourcilles froncés, avant de répondre à sa question :

 

-         Ça dépend uniquement de toi !

 

-         Moi ? demanda-t-elle, surprise de sa réponse.

 

-         Oui toi ; confirma Salah. Nous avons un modèle de déploiement conçu par nos experts et nous sommes déjà présents dans onze villes en Afrique ; c’est donc presque devenu un jeu d’enfant.

 

-         C’est impressionnant, mais en quoi tout cela me concerne ?

 

-         Nous sommes prêts depuis deux mois, mais sans une boîte qui gère la livraison, nous ne pouvons pas démarrer. Et à ce que je sache, tu ne m’as pas encore confirmé que tu acceptais de vivre cette aventure avec nous.

 

Fama se retint de ne pas afficher la mine satisfaite qu’elle ne sortait que quand elle était particulièrement fière d’elle-même. Elle venait de décrocher son premier client – et un gros – avant même que leurs activités ne démarrent. Cela ne l’empêcha pas quand même de se demander si Salah n’attendait rien en retour ; même si elle savait très bien que sa décision de travailler avec eux avait été prise bien avant qu’ils se rencontrent – les amis, ça se serrent les coudes –. Et cette idée qui la laissait un peu dubitatif.

   

Salah profita du petit moment d’absence de la jeune femme, pour se rapprocher d’elle.

Fama avait reculé d’un geste vif, avant de se retrouver piégée entre le bras du canapé et Salah qui la fixait droit dans les yeux. Lui, sourit instinctivement. Et sans aucune hésitation dans le geste, il effleura le cou de la jeune femme. C’était comme si un courant violent, venait de traverser tout son corps, en zigzaguant, en sautillant, en virevoltant, en effaçant toutes les barrières qu’elle avait érigées entre elle et cet homme. Elle se figea et le fixa, sur la défensive, s’attendant à un geste encore plus déplacé. Salah lui, se limita à froncer les sourcils, avant de lancer :

 

-         Je ne l’avais pas remarqué mais il est assez original ton collier.

 

L’air interrogateur, Fama se passa elle aussi, la main au cou, et remarqué avec stupéfaction, qu’il y avait bien un collier accroché.

 

« Pas encore cette saleté », pensa-t-elle, horrifiée. Elle ne comprenait pas pourquoi cette horreur la suivait partout, mais c’en était assez. Elle allait s’en débarrasser pour de bon, dans la cuvette des toilettes. Elle tenta de le détacher mais n’y arriva pas.

 

Salah ne comprit rien à la réaction de la jeune femme – de toute façon, depuis leur première rencontre, il avait deviné qu’elle était une de ces énigmes difficiles à résoudre, et cela l’attirait –, alors il fit ce que son instinct lui dicta : la rassurer en mettant un peu de distance entre eux deux. Il recula, à son tour, en gardant un œil sur Fama qui essayait de s’arracher le collier, tout en se repassant en tête, les incidents de la soirée.

 

-         A mon avis, tu devrais le garder ; dit Salah dans le but d’attirer l’attention de Fama, qui n’avait pas l’air d’avoir remarqué qu’il faisait l’effort de la mettre à l’aise, en reculant.

 

Cela marcha. Elle s’interrompit quelques secondes pour jeter un regard vide à Salah. Celui-ci continua sur sa lancée.

 

-         Il a l’air ancien. Ça vient d’où ?

 

-         De cette sorcière d’Isabella, murmura-t-elle, l’air absente.

 

Salah comprit que la tâche n’allait pas être facile. Il avait entendu la réponse de Fama, et ne manqua pas de faire un rapprochement qui l’intrigua. Ce soir-là, son regard n’avait pas une seule seconde, quitté la jeune femme. Dans le salon au sous-sol de l’hôtel, il avait remarqué son changement soudain d’attitude, quand elle vit Seydina s’approcher d’elle. Elle avait aussitôt fui, et là elle parlait d’une certaine sorcière d’Isabella. S’il ne se trompait pas – et il y avait de grandes chances que cela ne soit pas le cas – il s’agissait de la même que celle qu’il connaissait : Isabella Van Nyendael, la mégère hollandaise qui faisait des affaires avec son père. A chaque fois qu’elle était de passage au Maroc, elle passait au moins une fois, dîner chez eux. Sa présence le mettait mal à l’aise, mais il faisait de son mieux pour la supporter, parce qu’il savait que le jour où son père prendrait sa retraire, ce serait lui qui allait le plus dîner avec Isabella, pour parler affaires. Elle avait plein de contacts et pouvait résoudre n’importe quel problème en un temps record, rien qu’en passant un appel. Il fallait bien qu’il tienne de bonnes relations avec elle, au cas où…

 

Elle parlait souvent de son unique fils qui devait avoir le même âge que lui. Elle ne ratait aucune occasion de parler de lui. Cela se voyait à des kilomètres qu’elle l’adorait, et cela lui donnait un côté un peu plus humain, un peu moins cynique…

Elle lui avait une fois montrée une photo de lui qu’elle gardait précieusement dans son calepin. Il avait les mêmes yeux gris que sa mère, le même nez, la même forme du visage. Cela datait de quelques années, mais Salah n’avait eu aucun mal à reconnaitre Seydina, quand il entra ce soir-là dans le salon, dans les bras de la sœur de son frère de cœur.

« Le monde est petit », pensa-t-il. Il fallait qu’il en sache plus sur les liens qui liaient tout ce beau petit monde, mais sans que Fama ne se sente épiée. Il avait secrètement une idée derrière la tête, et pour avoir ce qu’il voulait, il avait besoin de la mettre en confiance, assez pour qu’elle baisse enfin la garde.  Il reprit :

 

-         Je peux y jeter un coup d’œil ? Enfin si ça ne te dérange pas bien-sûr. Comme tu as pu le deviner, j’aime les vieilles choses ; conclut-il avec un petit sourire.

 

-         Si tu réussis à m’en débarrasser, je te l’offre.

   

Il s’approcha à nouveau d’elle pour prendre le pendentif dans sa main. Il prit le temps de le scruter minutieusement en le retourner plusieurs fois sur lui-même, comme s’il cherchait quelque chose qu’il n’arrivait pas à trouver. Au bout de quelques secondes, il fronça les sourcilles, puis se passa les doigts de sa main libre sur ses cheveux. Fama suivait le moindre de ses gestes, d’un œil attentif. Elle sursauta quand Salah se leva d’un seul coup pour faire des allées et retours dans la petite pièce.

Fama l’observa quelques instants avant de se décider à réagir.

 

-         Tu n’es pas le seul à qui ce truc fout les jetons !

 

-         Pas du tout, remarqua-t-il, avant de revenir se mettre à côté de Fama – mais cette fois-ci, sans la tête de l’homme qui cherchait à séduire la femme – et avec un rire qu’il essayait tant bien que mal de retenir. Ça vient d’où ce collier, tu m’as dit ?

 

-         D’un ami, fit Fama, s’attendant à ce que Salah explique sa réaction.

 

-         D’un ami ou de Isabella Van Nyendael ?

   

-         Des deux, rétorqua Fama, en confirmant ses doutes ; Salah connaissait cette famille de malades. Quelle importance ? Ça a de la valeur ?

 

-         Peut-être que je me trompe ; dit-il après un court instant de réflexion et d’hésitation. J’ai une fois été au Manhyia Palace Museum, pour le festival annuel d’Akwasidae. Tu vois ?

 

Elle affirma en hochant la tête, ce qui était pur mensonge, parce qu’elle n’en avait jamais entendu parler de toute sa vie. Elle n’aurait même pas pu répéter ces mots peu trop compliqués à son goût. Sa seule justification était qu’elle ne voulait pas le pousser à s’attarder sur des détails sans aucune importance. Ce qu’il avait à raconter avait l’air intéressant, et c’était peut-être aussi une chance de comprendre pourquoi ce collier la suivait partout.

Salah continua :

 

-         J’étais allé me réfugier à l’intérieur du musée pour pouvoir répondre tranquillement à un mail assez urgent que je venais de recevoir. Un jeune homme m’y a rejoint, pensant que je regardais à travers la vitrine devant laquelle je me trouvais. Je ne voulais pas me montrer déplacé alors j’ai lâché mon téléphone et je l’ai écouté. Il s’est mis à me raconter toute l’histoire de chacune des pièces de tout le musée. Il s’y connaissait tellement que j’étais persuadé qu’il était soit un des guides du lieu, soit un professeur d’histoire. Plus tard j’ai appris que c’était Akwasi, le fiancé de Ohema, qui est ni plus ni moins que la fille de l'Asantehene, Otumfuo Osei Tutu II. D’ailleurs ils se sont mariés l’année dernière ; un véritable mariage royal, d’après les images que j’ai vu au JT.

 

Fama avait beau l’écouter attentivement, elle n’avait absolument rien compris de ce qu’il racontait. De plus, elle ne voyait aucun rapport entre elle et ces gens-là aux noms bizarres. Elle ne voyait pas où Salah voulait en venir. Celui-ci l’avait remarqué et il décida d’en venir directement aux faits, et avec regret, car c’était l’une de ses aventures préférées, qu’il adorait raconter dans le moindre détail.

 

-         Bref, nous avons fait le tour et une imposante vitrine a attiré mon attention. C’était la seule qui ne brillait pas ; toutes les autres étaient remplies d’objets en or. Il y avait une pièce en métal, gravée, comme le pendentif de ton collier. J’ai pensé que c’était une pièce de monnaie ancienne mais j’ai quand-même pris la peine de demander pourquoi une si grande vitrine pour une si petite chose. Et sa répondre m’a fait rigoler des jours après… Enfin, avant que je ne cherche à en savoir plus.

 

-         C’était quoi sa réponse ?

   

-         Qu’il y avait l’âme d’une personne piégée dans cette pièce depuis des centaines d’années.

 

-         C’est ridicule !

 

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