Chapitre 20

Write by Djelay

Ils donnent certainement  l’image d’un couple fou amoureux dansant au son de la musique. Ciara ose un regard dans la direction d’Ulrich. Celui-ci les observe dégouté. Sans doute a-t-il assisté à toute la scène le pauvre. Quoi le pauvre ? Lui susurre une voix, la Ciara sans cœur. Il n’est pas ton petit ami ni ton ami alors c’est quoi son problème ? Mais quand même, il semble vraiment intéressé par elle et…(son regard baladeur est à présent posé sur Sophie)…et puis merde. Elle passe les bras autour du cou de Stéphane et l’embrasse à pleine bouche. L’air choqué et en même furax de Sophie lui a donné des ailes. Elle se love contre lui sans se soucier des gens autour. Au diable Sophie, au diable Ulrich, au diable le mariage. Son Steph l’a tellement manqué. Combien de fois a-t-elle rêvé de pouvoir l’embrasser de nouveau ? Mais la réalité la frappe au visage faisant l’effet d’un coup de poing. Une semaine sans avoir de nouvelles de lui, une semaine à subir son indifférence, une semaine à se lamenter alors que lui passait sûrement du bon temps avec cette Sophie. Et aujourd’hui il ose se pointer et prétendre avoir des droits sur elle.

-         Tu sais quoi ? Commence-t-elle après avoir relâché ses lèvres sans toutefois cesser de danser.

La douceur dans sa voix le surprend. Il y a un instant, elle semblait en colère. Cependant, ce sentiment ne l’a pas empêché de l’embrasser avec passion. A présent elle est d’un calme absolu. Etant dans le monde des affaires depuis belle lurette il sait pertinemment qu’un tel calme ne présage rien de bon.

-         J’ai cru que tu tenais un p’tit peu à moi (elle lui caresse la joue)

-         Ciara…

-         Chut (elle pose un doigt sur sa bouche) laisse-moi terminer s’il te plait…j’ai voulu m’excuser mais tu ne m’en as pas donné l’opportunité. J’ai voulu te dire que tu me manquais et que j’ai été idiote de réagir comme je l’ai fait…J’ai voulu te dire que j’étais jalouse parce que je croyais bêtement que tu étais avec une autre.

Elle observe un moment de silence. Toujours portée par la belle mélodie, elle le fixe sans ciller. Dans ses yeux, elle lit de l’appréhension. Peut-être a-t-il une idée de ce qu’elle s’apprête à lui avouer.

-         Je crois que je suis tombée amoureuse de toi. Lâche-t-elle subitement.

-         Je sais qu’il n’était pas question d’amour quand on a débuté cette relation mais voilà c’est arrivé et je ne peux rien y faire. Reprend-telle.

-         Ma douce tu n’as…

-         Non Steph, ne m’interrompt pas…Tu es un aventurier, un prédateur et tu ne peux pas te contenter d’une femme, ça je l’ai tout de suite compris…

-         Ciara tu n’y es…

-         … mais j’ai pensé que tu avais changé vu la façon dont tu te comportais avec moi. On aurait dit un homme amoureux (elle rit)…malheureusement POUR MOI ce n’est pas le cas.

-         Avec Sophie c’est…

-         Tu n’as pas de justification à me donner. Le coupe-t-elle de nouveau avant de reprendre.

-         Cette relation est toxique pour moi, et pour toi aussi. Tu as vu comment tu as réagi tout à l’heure…

-         Cet enfoiré était en train de te ploter putain. Il n’en a aucun droit, tu es à moi et…

-         …tu vois ? tu recommences. Je ne t’appartiens pas Stéphane, ni à toi ni à personne. Tu ne veux pas de moi mais tu ne veux pas non plus que quelqu’un d’autre m’approche. (son regard est réprobateur) Je croyais pouvoir gérer tout ça, me contenter du peu que tu voudrais bien me donner mais je n’y suis pas arrivée…(elle observe un instant de silence) Il est temps de faire les choses en bonne et due forme.

-         Que veux-tu dire par là ? Demande-t-il inquiet.

-         Nous deux…(elle ferme les yeux une seconde puis les rouvre) …c’est fini. Dit-elle alors que les dernières notes de la musique résonnent dans la salle.

Stupéfait, il la regarde s’éloigner. Si c’était dans d’autres circonstances il l’aurait rattrapée pour lui dire qu’elle se trompe si elle pense pouvoir rompre avec lui. Mais elle lui a dit qu’elle est amoureuse de lui. Et lui ? Ressent-il la même chose ? Comment peut-il la retenir alors qu’il n’est pas sûr de ses sentiments ? Il ne sait même pas ce qu’il ressent pour elle. Noyé dans ses pensées, il ne s’est pas rendu compte du monde qu’il y avait à présent sur la piste de danse. Il retourne rapidement à sa table, chuchote quelque chose à l’oreille de Sophie puis se dirige vers la sortie sans un regard pour Ciara quand il passe devant sa table. Cette-dernière l’ignore également, feignant une conversation animée avec Lala.

-         Tu m’as dit que tu n’avais pas de petit copain. Attaque Ulrich une pointe de colère dans la voix.

-         Ce n’est pas mon petit copain…du moins il ne l’est plus ? Répond sèchement Ciara.

-         Et on peut savoir depuis quand vous n’êtes plus ensemble ?

Lala surprise par ce ton autoritaire le regarde ahurie. Mais pour qui se prend-il ? Le béguin qu’elle ressentait pour lui s’évapore aussitôt. Il lui casse les pieds à présent. Si Ciara ne le met pas à sa place elle se ferait un malin plaisir de…

-         Qui crois-tu être pour me parler de la sorte ? S’énerve Ciara.

Eh bah, je reconnais ma petite tigresse. Pense Lala, un sourire en coin.

-         Je ne suis ni ta copine ni quelque chose dans le genre. Alors cesse de me faire chier ! Ajoute-elle en se levant.

Lala l’imite et la suit jusqu’à la table d’honneur sous le regard ébahi d’Ulrich. Elle doit avouer que Ciara a fait fort à la fin. Elle-même est restée bouche bée. Apparemment ça n’a pas dû bien se passer avec Steph.

-         Si tôt ? Se plaint Michel lorsque Ciara lui annonce son départ.

-         Désolée frangin, je ne me sens pas bien.

Son excuse n’a pas l’air de fonctionner car Michel ne semble pas convaincu.

-         J’ai vu ce qui s’est passé tout à l’heure entre Ulrich, l’autre mec et toi.

-         A propos dis à ton ami de me lâcher les baskets. C’est quoi son problème ? Dit-elle, heureuse d’avoir trouvé une échappatoire.

-         Qui c’est le gars avec qui tu as dansé ?

Apparemment Michel a vu dans son jeu car il ne s’est pas laissé distraire.

-         Je t’expliquerai tout plus tard. Mais je suis sérieuse Mich, dis à ton pote de me foutre la paix.

-         Qu’a-t-il fait ?

-         Dis-lui juste que je ne suis pas intéressée alors qu’il arrête de me coller comme il le fait.

-         Très bien, je lui dirai mais tu me raconteras ce qu’il a bien pu faire pour que tu sois aussi en rogne contre lui ou est-ce autre chose qui t’a mise dans cet état ? 

Michel n’est pas du tout dupe. Il la connait plus que quiconque dans ce monde  à part Lala évidement. Et il sait parfaitement qu’il faut plus qu’une histoire de pot de colle pour qu’elle se mette en colère. Avec ces deux-là, pas moyen de cacher quoi que ce soit. D’un côté il y’a Lala à qui il ne suffit que d’un regard pour la démasquer puis de l’autre côté Steph qui n’a même pas besoin de poser l’œil sur elle, les ondes qu’elle rejette sont suffisantes. A croire que c’est un être surnaturel. Cette pensée la fait sourire.

-         Tu croyais peut-être que j’allais gober ton embrouille avec Ulrich ? Dit-il en taquinant son nez comme on le fait avec les bambins.

-         Hey Mich. Je suis une adulte maintenant. Arrête de me traiter comme une petite fille.

Elle fait la moue et Lala à côté explose de rire.

-         Tu vois à cause de toi cette grosse fille se moque de moi. Reprend-elle en indexant Lala qui continue de se marrer.

-         Tu resteras une petite fille pour moi, ma poutchou adorée. (Lala se tord à présent de rire). Bon c’est bon j’arrête. Obtempère-t-il les bras levés en voyant la mine faussement menaçante de Ciara.

-         Mon grand frère adoré, je vais devoir y aller. (Elle l’enlace de nouveau) Je te souhaite d’être heureux dans ton foyer. Lui chuchote-t-elle à l’oreille.

-         Et toi, dépêche-toi de te caser, il ne reste plus que toi. Plaisante –il après l’avoir libérée.

Steph est assis dans son bureau, un verre de whisky à la main. La bouteille presque vide est posée sur la table. La pièce est plongée dans l’obscurité totale. Il n’a aucune idée de l’heure qu’il est. Ça fait un moment qu’il est assis là à se saouler la gueule. Comment a-t-elle pu lui dire qu’elle est amoureuse de lui pour ensuite le jeter comme une ordure? A présent il est confus. Il ne sait pas quoi en penser ni quoi faire. Ses sentiments ne sont pas clairs. Elle lui plait énormément, c’est un fait mais cela ne signifie pas qu’il est amoureux ou si ?

-         Putain ! Siffle-t-il avant de vider d’un coup sec son verre.

Il le remplit de nouveau puis se laisse aller contre le dossier de son fauteuil. Le silence qui règne dans maison donne froid dans le dos. Pour la première fois, la solitude l’insupporte. Les images qui défilent à cet instant dans son esprit l’effraie. Ciara le ventre rond, allongée dans son canapé à lui; un petit garçon, son portrait craché courant partout dans la maison. C’est quoi tout ça ? Une famille ? La famille qu’il voudrait avoir ? Non impossible, il n’y pense plus depuis sa rupture avec Annabelle. Dans ce cas, pourquoi ces images s’incrustent-elle dans son esprit ? Et pourquoi maintenant ?

-         Hey mon chéri. Tu viens dormir avec moi ?

Sophie. Il l’avait complètement oubliée. Quelle casse-pieds cette meuf. Elle a prétexté un problème avec les clés de son appart comme quoi elle les avait perdues pour pouvoir passer la nuit chez lui. Après sa discussion avec Ciara, il n’avait pas le cœur à disputer quelqu’un même si ce quelqu’un en question est Sophie. Son esprit était préoccupé par des choses beaucoup plus importantes. Il aurait pu lui payer une nuit à l’hôtel ou n’importe quoi mais sur le moment Sophie était le dernier de ses soucis.

-         Non Sophie, remonte te coucher. dit-il d’une voix mal articulée.

-         Mon pauvre ! Tu es sacrément éméché. Déclare-t-elle en s’approchant de lui.

-         Vas te coucher j’ai dit.

Son état ne lui permet pas d’affirmer son autorité et Sophie compte bien en profiter. Se dit-elle en s’asseyant à califourchon sur lui. Elle lui retire le verre des mains pour le poser sur le bureau puis lui enlève sa chemise à moitié déboutonnée. Il ne la repousse pas bien au contraire, il la regarde intensément. Etrange, c’est la première fois qu’il darde un regard aussi brulant de désir sur elle. On aurait dit qu’à sa place, il voyait une autre femme. Même si c’est le cas, elle s’en fiche royalement. Elle approche lentement ses lèvres des siennes. Alors qu’elle est sur le point d’atteindre son objectif, il se relève, balaie de la main les objets se trouvant sur le bureau avant de l’y faire assoir sans ménagement. Elle ne porte rien en dessous de sa nuisette, la salope. Après tout, c’est elle qui est venue le provoquer. Il se fera donc un plaisir de lui donner ce qu’elle veut. Il écarte brutalement ses cuisses, ouvre sa braguette puis s’empare d’un condom déniché dans un tiroir de  son bureau. Il se sert de ses dents pour déchirer le latex puis d’une main habile l’enfile avant de la pénétrer d’un seul coup.

-      C’est ça que tu voulais, être baisée comme une pute ? Vocifère-t-il  en intensifiant ses coups de boutoir.

Ces paroles prononcées dans le but de la blesser, de l’humilier se trouvent avoir l’effet contraire. Ses cris, loin d’être des plaintes somatiques résonnent dans toute la maison. Les propos vulgaires et pervers qui les accompagnent témoignent du dévergondage de cette dernière. Il la pilonne ainsi jusqu’à ce que tous les sentiments qui l’animent : colère, rage, confusion et désespoir soient déversés sous forme de jet de liquide visqueux dans le latex. Vidé, il se retire aussitôt d’elle, se débarrasse du préservatif, referme sa braguette puis quitte la pièce sans un mot.


Fin du vingtième chapitre. Bizbi.

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