Chapitre 21 : Les préparatifs

Write by Chrime Kouemo

L’atelier de Djibril à la Briqueterie, à peine plus grand qu’un cagibi était encombré de multiples étagères qui ployaient sous des catalogues, des piles de tissus et du matériel de couture. Ses créations étaient exposées un peu partout dans la pièce, suspendus à des cintres comme une tapisserie. Le tailleur aurait pu organiser une master classe avec pour thème « comment rendre son intérieur bordélique ? » tant son espace ressemblait à un gigantesque bric à brac. Le seul mètre carré à peu près libre de la pièce était celui où trônait son énorme machine à coudre. Tout le reste était sens dessus dessous. 

Heureusement pour Djibril, sa réputation le précédait. Denise se rappelait son scepticisme quand elle était venue pour la première fois dans son atelier accompagnée de Mylène. Elle s’était demandée comment il faisait pour retrouver ses commandes dans tout son bazar. Le couturier l’avait cependant convaincue dès ses premières créations. Après quelques minutes d’échange, il avait réussi à capter son style et depuis lors, il n’avait eu de cesse de lui proposer des modèles originaux quand elle venait le voir avec un tissu. C’était Djibril qui avait réalisé les tenues époustouflantes de son premier spectacle avorté. C’était donc sans hésitation aucune qu’elle lui avait confié la confection de leurs costumes pour son nouvel événement. 

Suivie de Shana, Elsie et Billie, Denise se fraya un chemin jusqu’au poste de travail de Djibril. Le couturier se leva pour la saluer et s’empressa de trouver —elle ne savait où—des petits tabourets pour ses clientes. 

— Asseyez-vous, asseyez-vous, dit-il avec emphase. 

— Djibril, c’est comment ?

— Ça va, ma sœur. Les affaires sont un peu dures cette fin d’année. 

— Ah bon ? Weeee, dit-elle compatissante. 

— Je te dis ! L’année passée, j’avais tellement travail que je n’avais même pas le temps de discuter comme je fais avec toi maintenant. 

Denise réprima un sourire. Il lui avait déjà sorti la même phrase l’an dernier. 

— J’espère que ça ira mieux oh. 

— Moi aussi hein, appuya Djibril. 

Il se tourna pour récupérer un grand sac plastique noire sur une étagère derrière lui. 

— Tenez, essayez ça. 


— Tu pourras passer les prendre dans trois jours, annonça t—il en refermant son carnet après avoir noté consciencieusement toutes les retouches qu’il y avait à faire. 

— C’est parfait ! Merci beaucoup.

Elles ressortirent de l’atelier. 

Le fumet alléchant du comptoir de soya situé quelques pâtés plus loin vint chatouiller les narines de Denise.

— Les filles, ça vous dit qu’on aille déguster quelques brochettes ?

— Tu poses les réponses ? s’exclama Elsie en souriant.

Shana fit la moue.

— J’aime autant manger à la maison si ça ne vous dérange pas. Je n’ai pas envie de revivre ce que j’ai vécu l’année dernière.

— Tu ne vas pas cataloguer tous les restaurants du Cameroun pour une seule mésaventure, argua Billie. Et puis, c’est des grillades, en dehors du piment qui peut t’en faire voir des couleurs si tu en mets trop, il n’y a quasiment pas de risque d’intoxication alimentaire.

La jeune femme hésita quelques secondes, puis opina de la tête.

— Je vous suis, mais vraiment ce sera juste deux ou trois brochettes pour moi, pas plus.

Denise ne lui laissa pas le temps de revenir sur sa parole et se dirigea aussitôt vers le comptoir. Finalement, elles s’y installèrent pendant une bonne demie heure, et Shana dégusta bien plus que trois brochettes.


De retour à l’appartement, Denise fit le point avec ses amies sur la dernière semaine d’entraînement. Jamal arriverait à Yaoundé dans deux jours et elles devaient peaufiner leur introduction avec lui. Elles avaient également deux émissions télé auxquelles elles étaient invitées pour faire la promotion de leur spectacle grâce à Bobby. Avec tout cela, elle espérait solder la vente des billets avant le jour J.

Elle s’empara de son téléphone qui venait de vibrer sur la table basse. C’était un message de Mylène qui l’informait de l’état de sa mère lors de sa visite du jour. Depuis la révélation de son père, Denise était retournée voir ses parents au moins trois fois par semaine. Elle aurait voulu inhiber ses sentiments envers sa mère, pour couper le flot de douleur qui l’assaillait à la pensée de sa mort prochaine, mais c’était chose impossible. L’indifférence affichée de Madame Rita lors de ses visites n’y contribuait pas non plus. Elle en ressortait donc à chaque fois plus démoralisée et plus abattue que jamais. La dernière ligne droite de son spectacle étant amorcée, elle avait décidé de suspendre ses visites pour quelque temps. Son mental n’était pas en mesure d’absorber toute cette peine et ce ressentiment qu’elle éprouvait à chaque fois qu’elle voyait ses parents tout en restant concentrée sur les préparatifs de son spectacle. 


— Ca commence à bien faire, pesta t-elle en inspectant le fil de sa page facebook.

— Quoi ? Qu'est ce qu'il y a ? s'enquit Shana.

— La vidéo du teasing qu'on a préparé hier a été supprimé. 

— C'est vraiment louche ! il n'y avait pourtant rien dedans qui ne respecte pas la politique de facebook.

— C'est de la malveillance. Je ne peux même plus compter le nombre de fois que c'est arrivé cette année.

— Et tu ne veux toujours pas prendre le problème à bras le corps, s’indigna Billie en roulant des yeux au ciel.

— Si je l’ai fait, mais pas comme tu le crois. Amandine a un ami informaticien à qui j’ai confié le sujet. Normalement, je devrais avoir de ses nouvelles dans pas très longtemps.

— Hum… En tout cas, avec ma méthode, ça ferait longtemps que tu aurais mis la main  sur la personne.

— On ne va pas recommencer cette discussion, renchérit-elle.

— Et c’est quoi ta méthode ? demanda Shana curieuse en regardant Billie.

— Consulter un voyant. J'en connais pas mal qui sont sérieux et ont un vrai don.

Shana se tourna vers elle.

— Et tu ne veux même pas essayer pour voir ? 

— Non ! Ce n’est pas mon truc. Je ne sais pas en quelle langue je vais devoir te le dire, Billie. De toutes les façons, nous avons mieux à faire pour le moment. On a une présentation dans une semaine.


***

L’enregistrement de l’émission « Rendez-vous Culture » de la chaîne Whats up Africa, venait de s’achever. Denise, encore sur un peu sur son nuage, serra chaleureusement la main de Cyril, le présentateur, un jeune homme très sympathique aux faux airs de Lilian Thuram. A moins d’une semaine de leur spectacle, c’était le dernier coup de pub qu’il leur fallait aux filles et elle pour booster les ventes des derniers billets. L’émission serait diffusée le lendemain en début de soirée et d’après ce qu’on lui en avait dit, l’audience était au rendez-vous. 

Cyril les raccompagna à la porte du studio. 

— Merci d’avoir participé à mon émission, et bon courage pour la dernière ligne droite. J’espère avoir droit à une petite interview  à la fin du spectacle.

— Bien sûr, Cyril ! Ce sera avec un grand plaisir.

Ses amies le saluèrent à leur tour, puis toutes les quatre, elles quittèrent le studio.

Denise jeta un coup d’oeil à sa montre, et fronça les sourcils. L’enregistrement de l’émission avait mis plus longtemps que prévu. Les locaux de la chaîne étaient éloignés du centre ville et avec les embouteillages en période de fêtes à Yaoundé, elle n’aurait jamais le temps d’arriver jusqu’à la Briqueterie avant la fermeture de l’atelier de Djibril.

— Mince ! On n'aura pas le temps d'aller récupérer les tenues aujourd'hui.

— C'est pas grave ! On le fera demain tranquillou, rassura Elsie. Il n'y a pas le feu.

— Hum... je commence à devenir superstitieuse. Quelque chose me dit qu'il faut qu'on récupère ces tenues aujourd'hui. Et puis, je me souviens des sueurs froides que Djibril m'avait données l'année dernière quand il a mis plus d'une heure à retrouver ma robe qu'il avait confectionnée pour un gala.

— Je ne sais même pas comment il arrive à retrouver quelque chose dans son bordel, lança Elsie. 

Denise réfléchit. Elle avait un curieux pressentiment qui ne la quittait pas depuis ce matin. Elle avait attribué cela dans un premier temps au stress normal qui précédait chaque évènement important, mais là, elle avait carrément l’impression qu’une catastrophe la guettait.

— Je vais demander à Eloïse ou Armelle d’aller récupérer les costumes. Je ne me sens pas rassurée de laisser nos tenues là bas un jour de plus.

— Oui, bonne idée, confirma Shana.

Elle lança l’appel chez Armelle en premier, mais la jeune femme était prise dans une réunion de travail. Eloïse était heureusement disponible et accepta volontiers  .

— C’est bon, c’est réglé ! Eloïse nous déposera les tenues à la maison.  

— Ouf !

Dehors, le soleil du milieu d’après-midi n’avait pas encore dit son dernier mot et continuait de darder ses rayons puissants. Le contraste avec les locaux hyper climatisés de la chaîne était saisissant. Denise chaussa rapidement ses lunettes de soleil et chercha le petit brumisateur qu’elle gardait toujours dans son sac.

— Hé Denise ! L’interpella une voix masculine.

Elle tourna la tête dans la direction de la voix et reconnut Martin, le mari d’Eloïse. Le jeune homme s’approcha et lui fit la bise.

— C’est how, Martin ?

— Ca va ! Tu participais à une émission ? 

— Oui, pour la promotion de notre spectacle, répondit-elle en désignant les filles d’un signe de tête.

Elle fit rapidement les présentations et poursuivit :

— Tu es aussi là pour une émission ?

— Oui, j’interviens dans un programme bi-mensuel  qui parle de nouvelle économie en Afrique.

Martin était passionné d’économie. Elle l’avait rencontré lors d’une soirée étudiante à l’université de Soa à l’époque où elle se demandait encore si elle suivrait la volonté de ses parents ou non.

— Ah oui ? C’est génial pour toi ! Tu fais ça depuis quand ?

— Ca fait déjà trois mois.

— Ah bon ? Fit-elle en fronçant les sourcils. Eloise ne m’a rien dit.

Le mari d’Eloïse lui fit un sourire désabusé et détourna le regard.

— Quoi ? Qu’est ce qu’il y a ? Demanda t-elle.

— je ne sais pas si je devrais t’en parler…

Elle fit un signe à ses amies de l’attendre, et invita Martin à la rejoindre à l’angle du bâtiment pour discuter tranquillement.

— Si tu commences comme ça, c’est que tu veux m’en parler. Alors, dis-moi. 

— Les choses vont de mal en pis entre Eloïse et moi en ce moment. 

  Comment ça ? 

Elle n’était même pas au courant que son amie traversait des problèmes de couple. 

— Eloïse est une femme exigeante, tu le sais. Rien n’est jamais assez bien pour elle, il en faut toujours plus. Je m’en suis accommodé dès le départ, car j’avais le sentiment d’être en capacité de répondre à ses exigences, mais ces derniers temps est devenue invivable, constamment sur les nerfs pour je ne sais quelle raison, et c’est à chaque fois moi qui en fais les frais. On se dispute pour un rien. Je ne comprends même plus ce qu’elle veut.

— Tu te rappelles comment ça a commencé ?

— Non, pas du tout. J’ai beau rassemblé mes souvenirs, mais rien n’explique son changement de comportement avec moi. Est-ce que tu as noté quelque chose de ton côté ?

— Rien de spécial. Elle est normale avec moi. On s’est un peu pris la tête pour des bricoles ces derniers temps, mais c’est passé, et elle ne m’a pas semblé différente. Tu as essayé de discuter avec elle, question de voir ce qu’elle attend de toi ?

— Elle n'est pas très coopérative. A chaque fois que j'amorce le débat, elle s'enferme dans son mutisme. Et puis il y a d'autres jours, où tout va aller bien comme sur des roulettes, et puis sans aucune explication, elle va se mettre à me crier dessus l'instant d'après.

Denise secoua la tête. La personne qu’il décrivait ne correspondait pas à l’Eloise qu’elle connaissait depuis l’enfance. Eloise était une femme enjouée, pleine de vie. Il devait y avoir quelque chose qui la tracassait. Mais alors, pourquoi ne lui en avait-elle pas parlé ? Certes, elles avaient été un peu en froid ces derniers temps mais ça n’expliquait pas tout.

— Je vais lui parler, promit-elle après quelques secondes de réflexion. Par contre, ce sera après mon spectacle,  je ne veux pas faire ça à la va vite.

— Pas de problème. Je te remercie d'avance. Je pense que toi au moins, elle t'écoutera. Même sa soeur Lydia qui était à la maison il y a quelque temps a vu que quelque chose n'allait pas. Quand elle a essayé de lui poser la question, elle lui a sèchement rétorqué de s'occuper de ses affaires.

— Ca ne lui ressemble définitivement pas. Je vais prendre le temps de discuter avec elle après le spectacle

— Merci encore. 

— Je t'en prie. Bon, il va falloir que je te laisse, Martin. Bonne émission !

— Merci et bonne chance pour la dernière ligne droite. On se voit alors samedi ? 

— Evidemment ! Tu n'as pas intérêt à rater l’évènement du siècle.

Il hocha la tête en souriant. 

Après un dernier signe de la main, elle alla rejoindre les filles qui l’attendaient un peu plus loin, bien à l’abri dans leur voiture de location climatisée. 


***


— Tu as alors parlé avec Amandine ? Demanda Denise en s’essuyant les doigts avec sa serviette 

C’était le jour de leur dîner hebdomadaire. Simon avait voulu annuler parce que c’était la dernière ligne droite pour la préparation du spectacle. Elle avait été extrêmement touchée par son geste, mais avait maintenu leur rendez-vous. Au fil des jours, il était devenu une pièce incontournable à son équilibre. Avec les sessions d’entraînement intensif de ces derniers semaines, elle avait passé moins de temps avec lui et ça lui manquait. 

— Oui, répondit-il. Elle est passée me voir au bureau ce midi. Elle était soulagée que je sois finalement d’accord. On a longuement parlé de son projet de voyage et je pense que je suis plus rassuré. 

— C’est cool. Ta sœur est une chic fille et elle a la tête sur les épaules. 

— Ça, je ne le sais que trop bien. C’est grâce à elle que le fardeau de ma famille à gérer après la mort des parents m’a été plus supportable. Elle avait déjà une telle maturité alors qu’elle avait à peine dix ans quand nous nous sommes retrouvés totalement orphelins. 

Elle posa sa main par-dessus la sienne sur la table et entrelaça ses doigts aux siens. 

— Tu as des nouvelles de ta mère ? 

Denise soupira avant de répondre. 

— Oui, Mylène a réussi à la convaincre de rencontrer un autre oncologue. Elle dit qu’elle ne fait pas confiance au diagnostic d’un seul médecin au pays. Maman refera donc toute une batterie de tests dès la semaine prochaine. 

— C’est une bonne idée. On n’est jamais trop prudents avec certains médecins. 

— Je repasserai la voir après le spectacle. Pour ce que ça changera...

Simon serra ses doigts plus fort, puis la rejoignit sur la banquette où elle était installée. 

— Je suis désolé, ma chérie. Si j’avais imaginé de quoi il en retournait, je ne t’aurais jamais encouragée à demander des explications. 

Denise se blottit dans les bras de Simon tout en luttant contre sa gorge qui se serrait sans lui demander son avis. Elle n’avait plus envie de verser une larme pour sa relation avec ses parents, mais c’était plus fort qu’elle. Elle n’arrivait pas à les rayer de son cœur. 

— Tu n’as pas à l’être. J’aurais fini par découvrir la vérité tôt ou tard. 

— Que dirais-tu si après ta représentation, on se prenait une semaine au calme tous les deux ?

Elle recula légèrement dans ses bras pour le regarder droit dans les yeux. Il lui arrivait encore parfois de se demander comment elle avait fait pour ne pas voir au-delà de son apparence les trésors de tendresse et de force qui émanaient de sa personne. 

— Je dirais que c’est une excellente idée, affirma t-elle en souriant. 

Elle s’abandonnait à nouveau à son étreinte quand son téléphone se mit à vibrer dans son sac. Elle laissa sonner, voulant savourer son moment. Au bout de la troisième vibration, elle s’arracha à contrecœur des bras de Simon et plongea la main dans son sac. 

— Eloïse ? 

— Weeeee Denise... Je ne sais même pas comment te dire ...

  Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? S’écria t-elle alarmée par la voix chevrotante de son amie à l’autre bout du fil. 

— Je me suis arrêtée chez une amie à Mvog Ada pour laisser l’argent de la tontine. Des voleurs ont forcé le coffre de ma voiture, ils ont pris tout ce qu’il y avait dedans. Le sac avec les tenues du spectacle aussi était là. 

Le sang de Denise ne fit qu’un tour. 

— Quoi ?! Cria t-elle, faisant sursauter Simon. 

— Je suis vraiment désolée pupuce...

— Non, non, ne me dis pas ça, pardon...

D’une main tremblante, elle posa le téléphone sur  la table et prit plusieurs inspirations pour s’empêcher de hurler de rage. Ce n’était pas possible ! C’était quoi cette poisse à seulement trois jours du spectacle ??

— Denise ? Qu’est-ce qui ne va pas ? S’enquit Simon alarmé en secouant légèrement son bras. 

— La voiture d’Eloise a été forcée par des voleurs. Ils ont pris tout ce qu’il y avait dans son coffre y compris nos costumes pour le spectacle. 

— Merde ! C’était où ? Passe-moi un peu le téléphone. 

Dans un état second, elle tendit son portable à Simon. Elle n’arrivait pas à y croire. Ce n’était pas possible...

— Eloïse ? Bonjour c’est Simon. Est-ce que tu peux jeter un coup d’œil dans les environs ? Ils peuvent avoir abandonner le sac quelque part si le contenu ne les intéressait pas...

La phrase de Simon se perdit dans les nébuleuses de l’angoisse qui envahissaient son esprit. Son mauvais pressentiment s’était concrétisé. Elle pensait pourtant avoir déjoué le sort quand Eloïse avait accepté de récupérer leurs costumes à leur place. 

Petit à petit, les souvenirs des catastrophes qui avaient conduit à l’annulation de son spectacle l’année précédente remontaient. Tout avait commencé par la disparition inexpliquée de ses chaussures spécialement conçues sur mesure par un maître bottier camerounais une semaine avant l’événement. Elle avait été obligée de se rabattre sur des chaussures du commerce qu’elle n’avait pas vraiment testées et dont le talon gauche avait fini par se rompre en lui provoquant une fracture de la cheville lors du dernier entraînement. 

Deux jours plus tôt, Shana avait été  hospitalisée d’urgence pour cause de violentes douleurs abdominales. Elles avaient toutes espéré qu’elle serait sur pied pour le spectacle, mais ce ne fut pas le cas. Dans le même intervalle, Elsie et Billie avaient échappé de justesse à une violente agression. 

Non, tout ça ne pouvait pas se reproduire ! 

Elle se mit à triturer ses tresses, le regard perdu. 

— Chérie ? Fit Simon. Ça va s’arranger. On va trouver une solution. J’ai demandé à Eloïse de vérifier les alentours, avec un peu de chance, ils auront abandonné le sac quelque part. 

Elle secoua la tête. Elle n’y croyait pas une seule seconde. 

— Au pire, on fera faire d’autres tenues, poursuivit Simon d’un ton encourageant. On trouvera une solution. 

Elle repensa à tout le temps qu’elle avait passé à chercher les différents tissus, les modèles complexes que Djibril avait eu du mal à reproduire avec les accessoires qui l’accompagnaient... Elle eut à nouveau envie de hurler.  


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