Chapitre 22 : Que le spectacle commence !

Write by Chrime Kouemo

Dans l’appartement de Denise, c’était l’effervescence. Diane la couturière, une connaissance à Armelle, venait de rapporter les costumes de scène et après essai sur chacune danseuse, effectuait les retouches sur place. Denise avait fait de la place dans son salon pour qu’elle y installe sa machine à coudre.

— Tout se passe bien, Diane ? Tu as besoin de quelque chose ? Demanda t-elle en s’approchant de la jeune designer. 

La jeune femme leva son visage tout rond, qui malgré la pression ambiante gardait le sourire.

— Non, tout va bien. Ne te stresse pas, j’aurais fini les retouches d’ici une heure.

— Merci encore ! Tu ne peux pas savoir comment tu nous sauves la vie ! 

Après un dernier échange avec ses partenaires, elle rejoignit l’appartement de Simon. Toutes ses affaires étaient prêtes et dès que Diane aurait terminé, elles prendraient la route en direction du Cinéma Théâtre Les Horizons de Ngola où se déroulerait le spectacle.

Simon détourna la tête de son programme télévisé à son entrée.

— Alors ? 

— Diane a fait du bon boulot. Ce sera fini d’ici une heure et on pourra y aller.

— Super ! 

Elle se glissa contre lui sur le canapé, le visage niché au creux de son cou.

— Merci encore pour tout. je ne sais pas comment j’aurais fait sans toi.

C’était Simon qui avait pris en charge tous les frais d’achat et de main d’oeuvre des nouveaux costumes.

— Ce n’est rien.

Elle soupira d’aise. Elle était encore stressée, mais cette fois-ci, il s’agissait du bon stress. Celui qu’on ressent avant une compétition pour lequel on s’est entraîné pendant des mois. 

Avec les filles, elles avaient peaufiné chaque détail de la présentation. Elles n’étaient certes pas à l’abri d’un couac dans la mise en scène  un problème d’éclairage ou de son pouvait survenir, mais, elles étaient suffisamment préparées pour s’adapter.

Elle ferma les yeux et adressa une petite prière à Dieu pour que le reste de la journée se passe comme sur des roulettes. L’angoisse sourde qu’elle ressentait quelques jours plus tôt avait disparu, mais elle ne voulait pas être trop confiante non plus.

Amandine apparut dans le salon, son téléphone portable dans la main.

— Ah ! Denise, tu es là. J’allais te rejoindre chez toi. Mon pote a déniché le profil qui est bien évidemment un faux, et l’adresse mail de la personne qui fait signaler tes vidéos sur Facebook.

— Oh ! Fais-voir.

Amandine lui tendit le téléphone.

— Pseudo : Mango. [email protected], lut-elle à haute voix.

— Ca te dit quelque chose ? demanda Simon.

— Non, pas du tout. Je ne me souviens même pas avoir accepté son adhésion à mon groupe.

— La personne a peut-être changé de nom après avoir intégré ton groupe, selon lui, expliqua Amandine. Il te conseille de changer complètement tous tes mots de passe mail et facebook et de te mettre comme seul administrateur de ta page pendant un certain temps.

Elle voulut répliquer qu’elle était la seule administratrice de sa page, mais se souvint qu’au moment du lancement de ses cours, elle avait donné un accès en tant que co-administratrice à Eloise pour l’aider à répondre aux multiples sollicitations des abonnés sur les modalités des cours et de paiement. 

— Tu penses à quelque chose ?

— Non, non, répondit-elle aussitôt en secouant la tête. 

L’idée qui venait de lui traverser l’esprit était complètement saugrenue. 

Elle remit son portable à Amandine. 

— Je verrai ça avec plus de détail d’ici la semaine prochaine. Ce n’est pas le plus important pour le moment. 

— C’est vrai. Alors, prête ? 

— Plus que jamais ! 


***


Armelle se pencha pour vérifier les numéros des sièges. 

— C’est bon, ce sont nos places, confirma t-elle à Érika. 

— Ah ! Elle est vraiment magnifique la salle. Je ne m’attendais pas à ça, fit sa sœur en s’asseyant. 

— Tu as vu, non ? On a enfin une salle de spectacle digne de ce nom au pays. S’il y’en a encore deux ou trois comme ça, le palais des sports ne servira plus que pour ce pourquoi qu’il a été conçu. 

— C’est clair !

Erika était en vacances pour quelques semaines avec sa petite famille. Armelle était ravie de passer de ce moment avec sa soeur. Avec la distance, elles avaient rarement l’occasion de se retrouver ainsi comme au temps de leur adolescence. 

— J’ai regardé quelques vidéos de Denise, c’est vraiment impressionnant ce qu’elle fait. J’aurais  aimé pouvoir faire un stage de danse avec elle avant mon départ, dit sa soeur d’un ton un peu désolé.

— Elle prend une pause après le spectacle, et je peux la comprendre. Elle a bossé comme une dingue. Mais, elle donne aussi quelques cours particuliers à distance, tu sais.

— Je sais, mais c'est pas pareil.

C’était vrai. Pour avoir le privilège de prendre des cours avec Denise depuis plusieurs mois, elle savait qu’une séance en live avec elle n’avait pas de prix. Elle avait une telle énergie qu’elle pourrait même faire sautiller la personne plus amorphe qui soit.

Armelle s’enfonça confortablement dans son siège. Elle avait bien évidemment pris deux places au premier rang pour sa soeur et elle. Si elle avait pu avancer un peu plus son siège pour ne rien perdre du spectacle, elle l’aurait fait.

Elle jeta un coup d’oeil derrière elle. La salle commençait à se remplir. Denise lui avait dit que presque quatre vingt pour cent des billets avaient été vendus. Avec la publicité faite par les médias ces derniers jours, elle était sûre que le spectacle ferait salle comble. Sa professeure le méritait amplement.

— Excusez-moi, fit une voix qu’elle reconnut immédiatement.

Bobby se trouvait dans l’allée de leur rangée de siège.

Erika se leva pour le laisser passer. 

— Ah Eyenga, ça va ? fit-il comme elle se levait pour le laisser passer à son tour.

Elle dut déglutir à deux reprises pour lui répondre d’une voix posée. Son coeur qui s’était mis à frémir, se mit littéralement à bondir dans sa cage thoracique quand il la frôla en gagnant son siège, situé juste à sa gauche. Les effluves de son parfum qu’elle n’avait pas oublié vinrent perturber ses sens. Elle avait beau s’être préparée à le croiser ou à l’apercevoir, mais elle ne s’attendait pas à être autant bouleversée de l’intérieur. 

Derrière lui, la même sublime jeune femme qui l’accompagnait au restaurant le suivait de près. Son parfum capiteux piqua ses narines, réveillant dans le même temps sa jalousie. Que voulaitlui prouver le sort ? Que son Macabo mettrait encore du temps avant de descendre ? 

Erika se pencha vers elle.

— C’est lui Bobby ? chuchota t-elle les yeux écarquillés.

— Oui.

— Oooh ! Cute !!

Oui, elle s’en était rendue compte.

— Et c’est qui avec lui là ? poursuivit sa soeur sur le même ton.

— Comment pourrais-je le savoir ? Maugréa t-elle agacée.

Elle était tendue. Pourquoi avait-il fallu qu’il ait sa place tout contre la sienne ? Elle se remettait à peine de leur rencontre fortuite au restaurant d’il y a deux semaines, et maintenant, elle devrait passer toute une soirée avec lui tout près. 

Elle se pencha vers sa soeur.

— Erika, on peut changer de place, s’il te plaît ? 

— Pourquoi ? 

— Parce que je te le demande.

— Je pense au contraire que tu devrais rester à ta place, c'est un signe si...

— Erika, la coupa t-elle en s'efforçant de ne pas hausser la voix. S’il te plaît, changeons de place.

Elle n’avait pas envie de passer la soirée à épier sans le vouloir les moindres faits et gestes de son voisin de siège. Le son grave de sa voix et ses frôlements incessants la perturbaient depuis quelques minutes qu’il était arrivé. Passer la soirée entière dans ses conditions était plus que son coeur meurtri ne pouvait supporter. 


***


Un sentiment de fierté gonfla la poitrine de Simon quand il fit son entrée dans le hall de la salle de spectacle au bras d’Amandine. Une affiche grandeur nature de Denise avec ses partenaires en arrière plan occupait tout un pan de mur.  La tête inclinée et légèrement en arrière, ses longues tresses rassemblés en une queue de cheval ployaient sur le côté.  Il y avait une telle grâce dans sa posture qu’inconsciemment, il traîna le pas pour l’admirer encore comme si c’était la première fois.

Il se dirigea vers le premier rang, appréciant du regard la salle de spectacle quasiment remplie. Le pari de Denise avait été réussi. 

Amandine sortit son téléphone portable et prit une photo de la salle.

— Je sais que le spectacle sera filmé, mais ça lui fera plaisir de voir ça, je pense.

— Je pense aussi, confirma t-il en souriant.

Il fit un signe à Armelle qui était déja installée sur la rangée centrale. La jeune femme lui présenta sa soeur.

— Alors, comment est-elle ? Pas trop stressée ?demanda Armelle.

—  Non, je ne pense pas. Elle m’avait l’air de bien gérer tout à l’heure. 

— J’ai hâte que ça commence en tout cas. Tu as vu le monde qu’il y a ? 

— Oui, c’est déjà un succès.

Simon se carra dans son siège. Ses pensées le ramenèrent quelques minutes plus tôt dans les loges. Denise lui avait expressément demandé de passer la voir. La maquilleuse apposait les dernières touches de blush sur son visage quand il était arrivé. 

Le contour des yeux soulignés de noir et ses pommettes rehaussés, elle ressemblait à une reine de l’Egypte Antique. Elle lui avait adressé un sourire tendre à travers le miroir avant de se tourner pour lui faire face. 

— Tu es magnifique !

— Merci, chéri. 

— Tu tiens le coup ? 

— Oh oui ! Je suis impatiente. Simon, j’ai rêvé de cet instant depuis deux ans. Je vais enfin me produire ici au pays. 

Il l’avait enlacée tendrement puis avait déposé un léger baiser sur sa joue — il ne voulait pas risquer d’abîmer son maquillage.

— Je suis heureux pour toi et je sens que ce sera grandiose. 

— Je le crois aussi, avait-elle affirmé avec cette confiance qu’il admirait tant. Les filles et moi on a bossé dur pour ça. 

Elle avait ensuite noué les bras autour de son cou et avait cherché ses lèvres. 

— Tu n’as pas peur pour ton rouge à lèvres ? 

— Non, il est anti-transfert. 

Il avait senti son cœur battre furieusement contre le sien tandis qu’ils s’embrassaient à en perdre haleine. Il était fou d’elle. Le mot lui semblait d’ailleurs faible pour exprimer tout ce qu’il ressentait pour elle. 

— Je t’aime, avait-il murmuré la gorge nouée par l’émotion et le regard perdu dans le sien. 

— Oh ... Je t’aime aussi. 

Leurs bouches s’étaient à nouveau retrouvées pour un baiser plus torride, plus vorace. Leurs langues s’étaient emmêlées, mélangées. Elles disaient mieux que ses mots à quel point il voulait fusionner avec elle, cheminer avec elle. 

— Oh... avait fait une voix derrière eux. 

C’était Shana, suivie d’Elise et Billie. 

Ils se s’étaient séparés à contrecœur, le souffle un peu court. 

— On voulait finir de se préparer. 

Après un dernier échange de regard avec Denise, il s’était détaché d’elle. 

— Pas de souci. Je vais vous laisser. Bon spectacle.


Les lumières de la pièce s’éteignirent, le ramenant à la réalité. La scène s’illumina progressivement. Une jeune artiste à la voix suave apparut et dans un chant mélodieux annonça le début du spectacle.

Quelques secondes plus tard, Denise dans son costume composé d’un justaucorps vert émeraude et d’une traîne en raphia, fit son entrée, une jambe galbée levée et le corps ployant vers l’arrière faisant littéralement traîner ses longues tresses vers le sol.


***


Armelle attendait impatiemment son tour aux toilettes. En fait, elle n’avait aucune envie pressante. C’était le seul moyen qu’elle avait trouvé pour souffler un peu et ne plus avoir à entendre le rire grave de Bobby et sa compagne. Avoir mis Erika entre eux n’avait pas changé grand chose. La présence du producteur et de sa nouvelle conquête continuait de la perturber. Elle comprenait qu’elle n’avait été qu’une passade pour lui, et ça lui faisait mal.

Pourquoi ressentait-elle tout ça ? Elle devrait faire comme lui, tourner la page, rencontrer d’autres jeunes hommes. Elle ne voulait plus qu’il ait le pouvoir de lui mettre la tête à l’envers d’un simple regard. Ce n’était pas juste !

Enfin, c’était à son tour de rentrer dans la cabine. Elle en sortit quelque minutes plus tard plus apaisée. Elle était venue pour assister au spectacle hors du commun de son amie et professeure de danse, et c’est ce qu’elle ferait pleinement pour la deuxième partie, plutôt que de se morfondre sur un amour avorté.

Bobby était adossé à un des murs du couloir qui menait à la salle. Elle ralentit imperceptiblement le pas, puis reprit son chemin en faisant mine de ne pas l’avoir vu. 

— Eyenga… dit-il quand elle arriva à sa hauteur.

Son coeur fit un petit soubresaut dans sa poitrine, sourd à ses résolutions toutes fraîches. Elle s’efforça de prendre un ton désinvolte.

— Ca va Bobby ? Ta soirée se passe bien ? 

— Pas trop mal. Est-ce que je peux te parler ?

Ses yeux sombres semblaient vouloir la sonder. Elle réprima un frisson.

— Euh… ici et maintenant ? 

— Je préférerais ailleurs, mais j’ai peur que tu n’acceptes pas de me revoir après.

— C’est à propos de quoi ? Répliqua t-elle intriguée.

— La femme qui m’accompagne est ma petite soeur. Je voulais que tu le saches.

Armelle eut conscience de se retrouver la bouche entrouverte tel un poisson absorbant l’air sous l’eau, tandis que son cerveau imprimait l’information.

— Oh…

— Oui. Je ne voudrais pas que tu te méprennes. 

— Ah... d’accord.

Un soulagement traître l’envahit. Ils restèrent de nombreuses autres secondes à s’observer en silence. 

— Tu...

Des cris d’encouragement provenant de salle interrompirent Bobby dans sa phrase. L’entracte était terminé. Le spectacle allait reprendre. 

— On... ferait mieux de retourner à nos places, balbutia t-elle en détournant la tête.

— Oui, tu as raison. 


***


Sous un tonnerre d’applaudissements, Denise et ses amies revinrent sur la scène saluer le public. Le sourire jusqu’aux oreilles, le cœur empli de gratitude, elle effectua plusieurs révérences pour remercier les spectateurs de l’accueil chaleureux qu’ils avaient réservé à son show. Bien qu’étant très optimiste, elle ne s’était pas attendu à un retour aussi fantastique. 

Toute la salle se leva pour une standing ovation qui dura plusieurs secondes. Des larmes perlèrent au coin de ses yeux. Les filles et elle avaient réussi leur pari. Offrir le premier spectacle féminin de danse contemporaine aux influences Afro et hip-hop dans toute l’Afrique Centrale.

Elle balaya la grande salle du regard. Jusqu’à la dernière semaine, elle n’avait pas été sûre de faire salle comble. Les médias qu’elle avait invités avaient eux aussi attendu le dernier moment pour confirmer leur présence. La surprise était donc immense.

Au premier rang à sa gauche, elle repéra son frère Samy et sa femme qui avaient fait le déplacement, Mylène, Eloïse et son mari. Sur le côté droit, elle reconnut Bobby, Armelle et sa soeur, Amandine, et Simon. Leurs yeux s’accrochèrent. Un émoi s’empara de son corps et à cet instant précis, elle eut envie de faire disparaître tout autour d’elle d’un coup de baguette magique et ne se retrouver qu’avec son homme, dans ses bras tendres, un peu comme dans la loge quelques instants avant le début du spectacle. Une larme se décida à rouler sur sa joue. Elle ne fit rien pour l’effacer. Le regard toujours perdu dans les prunelles sombres de Simon, elle murmura du bout des lèvres « je t’aime ».

L’impresario qu’elle avait engagé s’avança vers elles, le micro tendu. Tour à tour, Elsie, Billie et Shana adressèrent leurs remerciements. Très vite, ce fut  à son tour de clôturer la séquence. Elle prit le micro d’une main tremblante. Shana se pencha vers elle pour essuyer ses larmes. S’éclaircissant la gorge, elle se lança dans le discours qu’elle avait préparé pour la circonstance. Sa voix faillit se rompre quand elle arriva à ceux qu’elle destinait à Simon. Les filles vinrent la soutenir. Pour finir, elle témoigna sa reconnaissance à Dieu. La foule applaudit une fois de plus, puis le rideau s’abaissa.


Sur le grand parvis du cinéma-théâtre Les Horizons de Ngola, ses amis et sa famille l’attendaient. 

— Félicitations !! S’écrièrent-ils tous à l’unisson.

Avec effusion, elle embrassa chacun d’eux, ravie de les retrouver. Les points presse bien que passionnants lui avaient semblé interminables sur la fin. Elle avait hâte de savourer cette victoire avec les siens. Elle s’était produite dans son pays malgré tout ce que certaines mauvaises langues avaient prédit : « Qui va aller à ce genre de spectacle ici ? On n’est pas à Mbeng hein » avait écrit une des abonnés à sa page sur le trailer de son spectacle. « Allez danser pour accueillir le président sur le tarmac de Nsimalen » avait commenté avec mépris un autre internaute. Elle avait douté, s’était questionnée à plusieurs reprises, d’autant plus que son retour au Mboa s’était fait sur un coup de tête. Elle l’avait décidé quand après la mort de Misty, elle s’était retrouvée à être persona non grata dans son cercle de Londres. La culpabilité, les regrets et la solitude avaient eu raison d’elle. Arrivée au pays, après quelques mois à se remettre émotionnellement, il avait été temps de revivre, de gagner à nouveau sa vie — ses maigres économies n’étaient pas éternelles. Mylène et Rosine, la soeur de Kamsi avaient essayé de l’entraîner dans leur business de fabrication cosmétiques naturels à base de produits locaux. Elle avait essayé du mieux qu’elle pouvait, mais c’était la danse qui lui parlait. Elle ne vibrait que pour ça. Elle avait donc commencé à proposer des cours particuliers pour des évènements type enterrement de vie de jeunes filles, anniversaire… Puis, très vite, les demandes se faisant de plus en plus nombreuses, elle avait loué des salles pour organiser des stages.

Ce spectacle était l’aboutissement de presque deux ans de travail. Elle avait eu envie d’abandonner après la fracture de sa cheville la veille de sa représentation l’année dernière. Ce petit accident avait même résonné en elle comme une mise en garde lui rappelant qu’elle avait vu trop grand : les billets s’étaient à peine vendus malgré la bonne publicité, les médias n’avaient pas accroché non plus. En gros, elle était une excellente danseuse connue à Paris et Londres, mais n’avait aucune base au Cameroun après dix ans d’absence. Heureusement, une fois sur pieds et avec l’aide de ses proches, sa combativité naturelle était revenue. Elle n’était pas non plus connue à Paris quand elle avait débarqué avec Sax. Elle devait donc se faire un nom dans son pays. Aujourd’hui, elle pouvait dire sans se tromper qu’elle avait réussi. Et elle n’allait pas bouder son plaisir.

— On se retrouve demain au Yao Ba pour fêter ça, lança t-elle à la petite assemblée.


Le parvis se vida progressivement des véhicules. Ses compagnes de danse montèrent à leur tour dans leur voiture de location. Le chauffeur démarra embarquant leurs cris et youyous.

Denise secoua la tête amusée.

— On y va ? Demanda Simon dans son dos, en glissant les bras autour de sa taille.

Elle se retourna dans le cercle de ses bras et opina de la tête.

Elle fit un dernier signe de la main à Eloïse qui s’apprêtait à monter dans la voiture de Martin. Son amie lui offrit un sourire qu’elle trouva un peu crispé. Le souvenir de sa conversation en début de semaine avec son mari lui revint. Bon… chaque chose en son temps. Ce n’était pas maintenant qu’elle allait questionner son amie sur ses problèmes de couple. Pour le moment, l’heure était aux réjouissances.

Les Promesses du Des...