Chapitre 22: Lien
Write by Lalie308
On disait que l'enfer était le royaume de la souffrance éternelle. Une souffrance extrême, inhumaine, infligée à l'esprit mauvais pour lui rendre œil pour œil tout le mal qu'il a fait.
L'enfer était un feu pour les mécréants. Jahim.
Il était un gouffre. Jahannam.
Il était la machine de la destruction qui laissait les âmes les plus solides, débridées, fragmentées. Hatamah.
Depuis ma naissance, je l'avais toujours senti dans mon être comme une partie de moi. L'enfer serait-il également aux innocents ? Aux innocents condamnés ? Serait-il celui qui prend la main, pour montrer le chemin, sans notifier qu'il mène aux flammes ? À présent, il, l'enfer, lui, me regardait droit dans les yeux, profondément dans l'âme.
Dès que ses yeux s'ouvrirent, il découvrit un univers définissant ce qu'il ressentait dans son être depuis toujours. Le chaos qui lui faisait face définissait celui qui vivait en lui depuis toujours. Les cris et les pleurs lui secouaient les oreilles. Sa peau brûlait, son corps souffrait.
Des milliers d'ombres prenant diverses formes se déplaçaient à vive allure autour de lui, le sol était brûlant, piquant, abominable. Ce lieu faisait ressortir en lui toutes les émotions négatives qui pouvaient être enfuies. Des êtres étaient collés aux parois, mutilés, brûlés, battus. Des regards croisèrent le sien, y jetant un froid, un vide infini.
— Maudit sois-tu.
La voix colérique de Poïsdon le fit revenir à la réalité. Il baissa son regard sur lui, faisant violence sur tout ce qu'il pouvait ressentir pour afficher un sourire moqueur.
— Bienvenu dans votre royaume mon maître. Nous faisons un, alors nous resterons ici pour toujours. Le maître et l'héritier font un, récita-t-il.
Poïsdon le regarda avec tant de colère, que son visage en était congestionné. Soudain, un sourire mauvais se dessina sur ses lèvres.
— Tu as raison, c'est mon royaume, commença-t-il.
Au fur et à mesure qu'il parlait, les cris s'accentuaient. Des ombres se rassemblaient derrière Poïsdon.
— Je te ferai souffrir. Tellement que tu me supplieras pour mourir. Ensuite, j'y retournerai et je sèmerai un chaos encore plus dévastateur que prévu, siffla-t-il entre ses dents.
— Tu n'iras nulle part, le contredit Lysga. Je prépare ce moment depuis des mois. Toutes les portes vers l'autre monde sont fermées. Tu as toujours pensé que tu me dominais, mais j'ai un point d'avance sur toi. Toujours. Alors, fais-toi plaisir. L'enfer, je connais.
Le visage de Poïsdon se ferma. Les ombres se jetèrent sur Lysga qui ne cria pas, se contentant de sourire.
*
Comme prédit par Solenna, les habitants de la planète Nelca avaient repris leur vie là où ils l'avaient laissé. Toutefois, plusieurs sculptures et portraits de la famille Jones jonchaient les lieux : de la cité au village. Les gens avaient fini par penser de Lysga autre chose qu'un monstre. Ils le voyaient comme celui qui les avait délivrés. Ils étaient reconnaissants. Le royaume qu'avait construit Poïsdon a été détruit. Quelques semaines étaient passées depuis la disparition de Lysga. Le froid s'était lentement estompé jusqu'à se substituer au climat chaud et agréable de la planète Nelca. Solenna s'était renfermée, ne donnant la possibilité à personne de lui parler de son ami.
Comme à son habitude depuis ce fameux jour, elle se trouvait dans la chambre de Lysga, dans laquelle elle n'avait laissé personne entrer. La maison des Jones était vide, toute la famille s'en était allée. Les corps de Luz et Cody étaient disposés sur leur lit, dans l'attente d'un miracle. Solenna était assise sur le lit de Lysga, observant les traces de griffures qui décoraient la chambre.
Les voir provoquait en elle une colère immense, elle pouvait entendre les cris de Lysga tous les soirs, elle le voyait gémir au sol, pleurer de douleur. Solenna ferma ses poings en prenant en main les draps qu'elle serra fortement. Fiona apparut en face d'elle. Solenna se mit debout, lui montrant clairement qu'elle n'était pas autorisée à être dans cet endroit.
Fiona passa outre l'expression noire de la jeune nelcahumaine pour parler :
— Solenna...
— Algap (Dehors) ! criait Solenna en la poussant vers la sortie.
— Non, tu dois m'écouter, s'opposa Fiona, déterminée.
— Algap, continuait Solenna en faisant apparaître plusieurs boules lumineuses.
Fiona soupira en la faisant projeter contre un mur, les boules avec elle. Elle se concentra pour la maintenir collée au mur. Solenna se débattait en criant « Algap ».
— OK, on peut ramener Lysga, j'ai une solution, lui expliqua Fiona en ne lâchant pas son emprise.
— Mensonge, objecta Solenna.
— Que penses-tu que tu fais là ? rétorqua Fiona en élevant la voix. Plus tu passes du temps enfermée ici, plus Lysga souffre. Tu dois te reprendre en main et redevenir la Solenna battante.
Fiona relâcha son emprise. Solenna resta debout, yeux rivés au sol.
— Tu lui as promis une protection éternelle, ajouta-t-elle doucement.
La jeune nelcahumaine leva enfin son regard sur elle, ne faisant aucun effort pour masquer tous les sentiments obscurs qui la turlupinaient.
*
Brad, Nerdy, Célesta et Nalu étaient dans le salon de la résidence des Jones. L'arrivée de Solenna et Fiona effaça une partie de l'appréhension qui se reflétait sur leurs visages. Solenna balaya la pièce du regard avant de se poster près de la fenêtre pour jeter un coup d'œil à l'extérieur.
— Hongust n'a pas pu venir, il est épuisé et l'âge n'est pas en sa faveur, déclara Célesta en grimaçant.
Elle s'était rapprochée de lui, beaucoup plus amicalement.
— Papi a décidé d'enfin vieillir ? se moqua Fiona.
Tous la regardèrent en plissant les yeux de surprise. Elle éclata de rire.
— Ne faites pas ces têtes, on a bien le droit de rire ! Ça ne veut pas dire que je suis possédée par le diable. Je n'ai jamais dit que j'étais sainte Solenna, non plus.
Un gloussement de la part de Solenna détendit l'atmosphère.
— Une sainte qui ressent autant de colère ? Laisse-moi rire, répondit-elle en portant enfin son attention sur les autres.
Fiona se racla la gorge.
— Bien. Nous savons tous ici que Lysga et Poïsdon ont formé un lien plutôt fort qui fait en quelque sorte d'eux une personne.
Elle attendit l'acquiescement des autres avant de continuer.
— Quel est le meilleur moyen de briser le lien entre deux personnes ?
— Éliminer l'un d'eux ? proposa Brad.
— Un lien plus fort, répondit Nelca, soudainement illuminé.
— Exactement, blandinet. Mais ne soyons pas fous, on ne crée pas des liens en claquant des doigts.
Solenna l'observait dans le silence.
— Malheureusement, Luz et Cody ne sont pas là, sinon ils se seraient servis du lien parental. Ils sont du même sang, la même chair. C'est le lien le plus puissant possible. Celui de Poïsdon a été forcé, donc il est fragile.
Célesta regarda Solenna, puis Fiona.
— Solenna, souffla-t-elle.
Fiona lui adressa un sourire.
— Je ne sais pas comment elle a fait ça, mais Solenna a tissé un lien tout naturel avec Lysga. Sans magie, sans noirceur. Un lien humain, je dirai. Voilà pourquoi Poïsdon et Galista l'appelaient l'ennemi. Voilà pourquoi elle réussissait à faire fuir les ombres en lui. J'ai commencé à penser à ça depuis ce soir là où j'avais pu dormir grâce à Nerdy. J'avais compris que les liens purs étaient plus forts.
— Si ce que tu dis est vrai, pourquoi ni Solenna ni Nerdy, n'ont réussi à vous délivrer ? demanda Brad, curieux.
— Je ne sais pas. Je pense que c'est parce que c'est une bataille. Les ombres ne se seraient pas laissé faire. De plus, leur emprise est tellement nocive qu'elle fait croire qu'on ne peut rien contre eux. Sans croire, on ne peut pas se délivrer. Et à présent, j'ai la certitude que Lysga croit beaucoup plus en lui.
— Que proposes-tu ? demanda finalement Solenna.
— Que nous tentions le tout pour le tout. Solenna doit rejoindre Lysga et briser ce lien.
— Quoi ?! s'étouffa Brad. Tu veux envoyer ma fille en enfer ? Tu es folle !
— Calmons-nous papa, tempéra Solenna. Fiona, je t'écoute.
— Je suis sûre qu'il a bloqué l'accès aux enfers. Donc, ça risque d'être compliqué. Ce plan est dangereux, parce que je n'ai aucune idée de comment entrer ou sortir, et encore moins de ce que tu feras une fois là-bas.
— Je veux essayer, je trouverai un moyen d'y aller.
Brad se leva pour marcher vers elle. Il la retint par les épaules.
— Je sais que tu veux à tout prix l'aider, mais n'est-ce pas un peu drastique ?
— Non, papa. Je ne pourrai pas vivre normalement si je n'arrive pas à ramener Lysga. J'ai besoin d'accomplir au moins ça.
Elle se tourna vers Célesta.
— Penses-tu que je peux parler à Luz et son père dans le royaume des dieux ? demanda-t-elle.
Célesta regarda Brad en hésitant.
— Je peux t'y conduire, mais on n'aura pas beaucoup de temps.
— D'accord, alors allons-y.
— Que penses-tu faire ? l'interrogea Brad.
— Fais-moi juste confiance, papa.
Il la prit dans ses bras puis lui embrassa les cheveux. Solenna inspira profondément son parfum pour se donner du courage.
*
Deux jours après leur réunion, Solenna et Célesta se rendirent dans le royaume des dieux. En effet, Célesta avait rejoint Solenna dans la chambre de Lysga à l'aube, puis avait grâce à l'aide de Fabos ouvert les portes vers le royaume des dieux. Les deux nelcaliennes s'étaient progressivement désintégrées pour apparaître dans la prairie du royaume des dieux.
Une fois arrivée, Solenna remarqua Luz qui était assise, comme à son habitude, au bord de la rivière. Ensuite, son regard se figea sur le dieu qu'elle trouvât encore plus intimidant en vrai. Ses mains devinrent moites quand elle pensa au fait qu'elle faisait face au grand dieu nelcalien. Il leur adressa un sourire, tandis que Célesta bondissait dans ses bras.
— J'ai l'impression que ça fait des siècles que nous nous sommes vus ! s'exclama-t-elle.
— Hala, commença-t-il en riant légèrement.
— Hala gilma, répondit timidement Solenna.
Lorsque Célesta se détacha de son frère, il se tourna vers Solenna. Luz qui venait de les repérer, se dirigea vers eux, la surprise se reflétant sur son visage.
— Solenna, je suis honoré de te rencontrer, dit Fabos en la prenant dans ses bras.
Étonnée par cet élan d'affection, elle rougit.
— Lena ? Que faites-vous ici ?
Ils regardèrent Luz qui gardait une expression morne. La peine qu'elle ressentait avec la perte de son fils se lisait dans chacun de ses mouvements. Solenna s'efforça de lui adresser un sourire, afin de masquer son anxiété.
— Je suis venue vous parler, affirma-t-elle en déglutissant difficilement.
— Allons dans le palais, on y sera mieux, proposa Fabos.
Durant leur traversé de la forêt mystique, Solenna ne put s'empêcher d'admirer chacun détail du lieu. Ses yeux se promenèrent sur les grands arbres recourbés, ses oreilles écoutaient attentivement le silence bercé par le son des vagues de la rivière. Une fois au palais, les immenses murs d'écorce l'éblouissaient.
Le mobilier était similaire à celui de la planète Nelca. La petite pièce dans laquelle ils arrivèrent portait une douce odeur qui caressait la membrane olfactive de Solenna, tout était beau et majestueux autour d'elle. Cody et Julia étaient présents, le premier assis dans un large fauteuil et la seconde debout près d'une sorte de trône. Ils se tournèrent vers les nouveaux arrivants avec des sourires.
— Cody, tu savais qu'elles venaient ? demanda Luz, toujours prise de court.
— Si tu ne passais pas tout ton temps à la rivière, tu en saurais plus, lui reprocha gentiment Cody.
Le regard de Solenna se promenait toujours dans la pièce. Elle observait un objet ressemblant à un croissant de lune posé sur une table en bois. L'objet scintillait, prenant différentes couleurs.
— C'est un silpha, grâce à ça je communique avec Célesta, lui apprit Fabos.
Ses joues se colorèrent d'une légère teinte rose, due à son embrassement.
— Hala, fit-elle à l'attention de Cody et Julia.
— Lena, dit Cody en lui souriant.
— Salut, on entend beaucoup parler de toi, parla Julia.
Solenna trouva étrange qu'ils s'adressassent à elle avec autant de respect, mais ne dit rien à ce sujet. Ils saluèrent également Célesta.
— Bien, dit Célesta, nous n'avons pas beaucoup de temps donc je laisse Solenna rapidement parlé avec qu'on ne se retrouve coincées ici.
Ils s'installèrent sauf Julia qui avait préféré rester debout. Solenna se racla la gorge.
— Je suppose que Célesta vous a parlé de la proposition de Fiona, débuta-t-elle. Elle veut que je le rejoigne et que je brise leur lien.
— Hum ? En enfer ? s'enquit une Luz incertaine.
— Oui, et je sais que c'est dangereux, ajouta Solenna qui avait compris l'inquiétude de Luz. Mais je dois le faire, et j'ai besoin de votre aide.
— Qu'attends-tu de nous ? l'interrogea Fabos.
— Que vous, Luz, Cody, et toutes ces personnes qui ont une place sacrée sur cette planète m'aident à ouvrir les portes. Lysga s'y est enfermé avec Poïsdon.
— Hum, l'enfer n'est pas réellement notre domaine, tu sais ?
Elle hocha la tête.
— Je le sais. Mais je sais aussi qu'avec toutes vos forces rassemblées, vous pourrez ouvrir les portes, ne serait-ce que pour quelques secondes.
— Même si on réussissait, tu sais ce que cela impliquerait, n'est-ce pas ?
— Que je dois me débrouiller pour en sortir, répliqua-t-elle en gardant la tête haute pour montrer qu'elle y croyait.
Ce ne fut qu'après que Luz ait posé sa main sur les siennes tremblantes qu'elle réalisa qu'elle devait s'accrocher à son courage.
— C'est normal d'avoir peur ma puce, lui souffla Luz qui avait l'air tout aussi effrayée.
Solenna lui sourit. Elle trouvait en Luz une mère aimante. Malgré ses erreurs, elle avait toujours su lui prouver qu'elle était une reine, une déesse digne du nom.
— Donne-moi quelques jours pour me concerter avec les gardiens de la lune et quelques vieux amis, déclara Fabos à l'endroit de Solenna.
— Leterra (D'accord), mais avec tout le respect que je vous dois, n'oubliez pas que le temps n'est pas en notre faveur.
— Je le sais ma petite, je le sais, lui répondit Fabos, pensif.
Après les au revoir, Célesta et Solenna quittèrent enfin le monde des dieux. Dès leur retour au village, Solenna alla rendre visite à Fiona qui avait emménagé avec Nerdy. Zalina la fit installer dans le séjour, la faisant patienter.
Fiona et Nerdy rentrèrent quelque temps après de l'entraînement des jeunes nelcaliens. Ils portaient de simples combinaisons vertes, et les cheveux de Fiona étaient attachés en queue de cheval.
— Lena ? Déjà de retour ? s'étonna Nerdy en s'avançant vers elle.
— Oui, souffla-t-elle en se levant. Fiona, j'ai besoin d'entraînement en attendant que le gilma ne m'accorde une réponse. Je sais que tu es la plus informée par rapport aux ...
Elle hésita à terminer sa phrase.
— Aux choses obscures ? termina Fiona, amusée.
Solenna hocha la tête.
— Alors que fais-tu encore assise ? Commençons dès maintenant.
— Mais tu ne viens pas de finir avec les enfants ?
Fiona haussa les épaules en se tournant vers la porte.
— Première chose : les forces obscures ne se reposent pas. Alors pendant que tu le fais, elles prennent de l'avance.
Solenna n'attendit pas plus pour se lever et emboîter le pas à Fiona.
— Ui tiempo da ( À tout à l'heure ) Nerdy, ajouta Fiona avant de sortir.
Celui-ci resta debout pour observer les deux femmes jusqu'à ce qu'elles ne disparaissent dès la sortie de la maison.
Fiona et Solenna prirent place sur la grande colline. Admirant le paysage autour d'elle, Fiona inspira profondément en fermant ses yeux. Solenna l'observa, toujours surprise du changement de Fiona.
— Je peux sentir toute la tension en toi Lena. Et ce n'est ni la peur ni la tension qui te dévorent qui te feront triompher face à Poïsdon.
Elle s'arrêta pour se tourner vers son interlocutrice.
— C'est cette lumière, cette bonté qui s'éloigne de toi qui fait autant de bien à Lysga. Ton éclat trouble les ténèbres.
Elle prit les mains de Solenna dans les siennes.
— Ferme tes yeux, lui ordonna-t-elle.
Elle s'exécuta.
— Oublie que tout ça est arrivé, oublie ta colère, ta peine. Imagine Lysga souriant, libre, près de toi. Imagine... la paix, souffla-t-elle.
Solenna vida son esprit de tout sauf l'image de Lysga. Elle le voyait à nouveau sourire, elle le voyait heureux. Elle voulait qu'il soit heureux. Elle pensa à son père, à tout l'amour qu'il lui donnait. Son père était sa paix à elle et elle voulait être celle de Lysga.
— Bien, souffla Fiona. Maintenant, entraînons-nous. On n'espère pas non plus que Poïsdon te laissera entrer et sortir sans bouger le petit doigt.
Solenna lui sourit.
— Et j'espère qu'il voudra se défendre. Il a beaucoup de comptes à me rendre.
Il n'y avait pas de colère ni de haine dans sa voix. Il n'y avait que de la détermination.
— Il y aura beaucoup de bruits là-bas. Je vais créer une illusion dans ton esprit, qui te mettra dans une situation similaire. Je veux que tu te battes comme si ta vie en dépendait.
Elle acquiesça. Fiona posa sa paume sur l'avant-bras de Solenna. Elle récita quelques incantations. Solenna ferma ses yeux pendant quelques secondes. Dès qu'elle les ouvrit, elle découvrit tout un nouveau décor. Elle se tenait dans une large pièce sombre dans laquelle elle pouvait à peine voir. Des cris et des pleurs, mêler à des sons forts semblables à des choses qui se cassent remplissaient le lieu, comme s'ils provenaient des murs. Elle avait chaud, et après froid, et encore chaud. Une pression énorme compressa sa poitrine, l'empêchant de respirer correctement.
Elle inspira, puis expira doucement en pensant à Lysga et à son père. Elle essaya de se remplir d'ondes positives. Une ombre passa rapidement près d'elle et lui écorcha le bras. Solenna poussa un petit cri en se tournant. Elle ne vit personne. Soudain, deux autres passèrent près d'elle et lui déchirèrent les joues. Elle pouvait sentir du sang couler sur son cou. Les ombres apparaissaient ensuite de partout, ne lui laissant pas le temps de se reprendre. Elle s'effondra en respirant bruyamment avant de se relever. Elle se rappela la fois où Lysga avait pu calmer les animaux de la luna luminosa en se calmant lui-même.
Elle ignora sa douleur ainsi que le bruit pour faire apparaître plusieurs boules de lumière autour d'elle. Les boules s'élevèrent et dansèrent. Toute la pièce était à présent illuminée. Elle pouvait voir des créatures difformes, dont l'apparence lui glaçait le sang, s'échouer au sol. Elle marcha doucement vers l'une d'elles, dégustant le silence dans lequel était à présent plongé l'endroit. Elle s'abaissa pour toucher la bête, mais disparut aussitôt pour se retrouver en face de Fiona.
— Un conseil, ne tente pas de toucher quoique ce soit de ténébreux une fois là-bas, lui conseilla Fiona sur un ton de reproche.
Solenna regarda ses bras et se toucha le visage en fronçant les sourcils.
— Ce n'était qu'une illusion, lui répéta Fiona en la scrutant.
— Continuons.
Solenna affichait un grand sourire crispé. Fiona ne dit rien en l'analysant toujours du regard. Elle finit par parler.
— Allons plutôt nous changer les idées.
Elle ne lui laissa pas le temps de répliquer qu'elle la tirait déjà vers les résidences.
— Parle-moi de Lysga.
Elle avait sa main sans celle de Solenna qui la regardait confuse. Elle finit par se détendre en souriant.
— Son sourire est le plus beau que j'ai eu à voir... commença-t-elle avant de se lancer dans un long monologue sous l'oreille attentive de Fiona.
Elle espérait qu'au bout du tunnel, elle verrait une lumière : le sourire de Lysga.
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Lalie