Chapitre 23: L'arme secrète

Write by Lalie308

Les vingt-quatre gardiens de la lune étaient présents dans le monde des dieux. Excepté Nalu, ils s’étaient tous matérialisés sous forme d’étoiles, formant ainsi un large cercle avec Fabos, Cody, Luz, Célesta, Fiona, Nerdy, Wilniv, Wiki, et quelques sages du village de Nelca que Fabos avait convaincus de se joindre à la cause. Solenna, vêtue d’une combinaison purement blanche, portait une longue carpe verte au-dessus de sa tenue, ainsi qu’une sacoche de plante dont la corde entourait son cou. 

Au centre du cercle, elle parcourut des yeux tous les êtres qui l’entouraient et qui émanaient chacun une aura particulière. Ses courts cheveux attachés à l’arrière de son crâne virevoltaient au rythme du vent. Sous son immense carpe, elle tenait en main un livre épais à la couverture marron qu’elle glissa discrètement dans la sacoche. Le livre était comme ceux qu’utilisaient les humains des centaines d’années plus tôt, avec plusieurs pages superposées. Lorsque Fiona remarqua son action, elle l’interrogea :

— Qu’est-ce que tu as là ?

Les joues de Solenna se tintèrent légèrement en rose lorsqu’elle répondit vaguement :

— Oh, juste une surprise pour Poïsdon.

Ne semblant pas très inquiet de ce que pouvait cacher Solenna, Fabos se mit à parler d’un air sérieux.

— Mettons-nous y. Solenna, tu as tout bien compris, j’espère.

Elle hocha la tête.

— Je dois traverser les trois portes qui mèneront aux enfers le plus vite possible parce que vous ne pourrez pas tenir longtemps. Enfin, je dois me débrouiller pour le retour, récita-t-elle.

— Bien, se contenta de rétorquer Fabos.

Solenna regarda Luz une dernière fois pour se donner du courage. La déesse lui adressa un sourire réconfortant.

— Andemci (Allons-y), ajouta Fabos.

Tous ceux qui entourèrent Solenna se mirent à réciter ces formules :

— I rapprisarii di u Regnu di a Luce richiedenu l'apertura di u regnu di l'oscurità. E porte, apri. E porte, l'uccidemu. (Les représentants du royaume de lumière exigent l'ouverture du royaume des ténèbres. Portes, ouvrez-vous. Portes, nous vous l'ordonnons.)

Ils répétèrent plusieurs fois les mêmes paroles. Un cercle noir se dessina autour de Solenna qui ne détacha pas son regard de celui de Luz. Son cœur tambourinait dans sa poitrine, son sang pulsait dans ses veines. Elle pouvait ressentir toute la pression qui oppressait son corps rigide, comme mortifié par ce qu’il allait endurer. Le vent soufflait fort autour d’elle, puis sifflait avec colère dans ses oreilles. Solenna tenta de reprendre sa respiration lorsqu’elle sentit que ses poumons ne prenaient plus assez d’air.

 Elle serra si fort la sacoche que ses jointures en blanchirent. Elle savait qu’il n’y avait plus de retour possible, qu’elle n’avait pas envie de se retourner. Les incantations montèrent, la température avec elle. En un battement de cils, la terre s’ouvrit sous les pieds de Solenna qui se mit à tomber dans un profond puits sans fin, tandis que le sol se refermait au-dessus d’elle. Elle criait si fort qu’elle se demandait si ses hurlements provenaient d’elle ou d’une autre personne. Tout était noir, et vide. Sombre. Elle réussit à faire taire ses cris, sa peur, et finit par atterrir sur quelque chose de dur et froid. L’aventure venait de commencer.

*

Des chaînes brûlantes entouraient les poignets de Lysga et le retenaient en l’air, bras en croix et pieds pendants. Il était torse nu, couvert de blessures ; des ecchymoses rongeaient son visage et une longue cicatrice montait le long de son cou jusqu’à sa tempe. Assis dans un grand trône identique à celui sur Nelca, Poïsdon le regardait avec un grand sourire diabolique. Lysga avait à peine les yeux ouverts, mais s’efforçait d’affronter Poïsdon du regard, s’obligeant à lui montrer qu’il ne prendrait pas le dessus sur lui.

 Il ne savait plus depuis combien de temps il se trouvait ici. Lorsque la folie et les ombres ne remplissaient pas sa tête, lorsqu’il y avait quelques secondes de silence, il ne pouvait s’empêchait de s’imaginer la vie de Solenna, des habitants de Nelca, de se demander s’ils avaient pu recommencer à zéro. Après tout, ils avaient toujours voulu se débarrasser de lui, il ne leur a que rendu un énorme service. Solenna. Elle n’avait jamais voulu se débarrasser de lui, c’était plutôt dans l’autre sens. 

Oui, il pensait même à elle quand il devenait fou, surtout quand la douleur lui broyait les tripes et lui pétrissait les os, quand la solitude et le désespoir embrouillaient son esprit. Il pensait à son sourire lumineux, à sa détermination, à tout ce qu’elle représentait. De nouvelles ombres se jetèrent sur lui dans un vacarme infernal, arrachant une nouvelle partie de sa personne. Il ne criait plus, il n’avait plus de voix. Il ne savait plus comment faire.

*

Solenna pouvait entendre le bruit régulier de gouttes d’eau qui s’échouaient au sol, elle peinait à voir à travers l’obscurité. L’endroit ressemblait à l’antre de Galista. Elle se leva doucement, ne baissant pas ses gardes. À un bout de la pièce plongée dans un silence cadavérique se dressait une immense porte en briques sans poignet.

 Pressant les pas, elle se rendit à la porte qu’elle analysa en y passant ses doigts. La porte s’ouvrit d’elle-même, donnant ainsi sur un endroit complètement sombre d’où elle ne pouvait rien discerner. Fermant ses yeux après quelques secondes, elle récita à voix basse ces paroles :

— Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : Ta houlette et ton bâton me rassurent.

Ouvrant à nouveau ses yeux, elle plongea à l’aveugle son pied dans le vide. Dès qu’elle pénétra la pièce, la porte se ferma derrière elle dans un énorme fracas. La pièce s’illumina soudain. Elle découvrit que la pièce n’était pas une pièce, mais une sorte d’immense savane. Une grande cour d’eau se trouvait à des pieds en dessous d’elle. Elle regarda directement droit devant elle, tenait sur une fine poutre qui s’étendait jusqu’à une autre extrémité qu’elle ne pouvait voir. Il y avait de bruit, beaucoup de bruit. De vilains bruits.

 Les gémissements d’animaux lui brisaient les tympans, elle avait l’impression qu’ils se faisaient torturer. Ce n’est que lorsqu’elle ressentit une intense chaleur qu’elle remarqua que la poutre se réchauffait, prenait quasiment feu. Solenna comprit qu’elle devra marcher rapidement sur la poutre chaude, sans tomber. Ses sandales ne la protégeaient pas suffisamment du feu, d’ailleurs, elle sentait l’odeur de brûlé.

— Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : Ta houlette et ton bâton me rassurent, répéta-t-elle continuellement en marchant.

Ses pieds devenaient rouges de douleur, elle transpirait, mais marchait. Lysga devait vivre bien pire qu’elle, pensait-elle. Après un faux pas, elle glissa de la poutre, mais réussit à s’y maintenir grâce à ses mains. Le contact de la poutre brûlante avec ses mains lui arracha un petit cri. Elle serra les dents pour se remettre en position, faisant violence sur elle pour ne pas se laisser distraire par les bruits qui augmentaient. 

Elle réussit difficilement à se remettre debout, et elle continua sa marche. Plus elle avançait, moins elle avait l’impression de s’approcher d’une fin. Elle retenait férocement les larmes qui voulaient couler. Les effets progressifs de la chaleur infernale se montraient. Elle ne voyait plus clairement, elle ne pensait plus bien. Son cerveau, étouffée par l’épreuve ne lui répondait plus correctement. Marcher en devenait une chose insupportable et pénible, exigeant un effort mental conséquent. 

Une musique morbide résonna dans la savane, une musique qui lui donnait envie de sauter dans le vide. « Volà, picculu bird. Raccupate, uccellu bruttu. » (Vole, petit oiseau. Pends-toi, vilain oiseau.) C’étaient les seules paroles que chantaient les centaines de voix. La mélodie était triste, ténébreuse.

— Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : Ta houlette et ton bâton me rassurent, récita-t-elle encore avec détermination, comme pour faire taire les autres voix.

Après ce qui semblât être une éternité, elle s’arrêta en face d’une nouvelle porte. En tout elle avait marché pendant 24 heures, ce qui lui parut comme une année, sinon plus. La porte s’ouvrit aussi d’elle-même. Sans regarder en arrière, Solenna entra dans la nouvelle pièce, la porte se refermant. Ses jambes tremblaient, menaçant de la lâcher à n’importe quel moment. Sa peau était sèche et douloureuse, la déshydratation intense n’arrangeant pas les choses.

— Merci, roi de lumière, souffla-t-elle entre ses dents.

À qui parlait-elle ? Elle savait à qui elle s’adressait, du fond de son cœur. Lorsqu’elle voulut avancer, elle sentit un poids sur ses épaules qui la retenait en arrière. Elle ne pouvait rien voir, et la lumière ne fit aucune apparition dans la pièce. Elle se concentra, en dépit de ses pieds et mains brûlant pour faire apparaître une boule de lumière en face d’elle. À son plus grand soulagement, la température avait baissé. Le lieu était complètement noir, vide. En jetant un coup d’œil derrière, elle ne vit rien d’autre que la porte. Elle déglutit en produisant un effort surhumain pour faire un pas en avant, puis deux. Le sol était gelé, déversant des vagues de frissons dans tout son être. Elle récita à nouveau la même phrase que dans la savane. Elle respirait, grognait, serrait les dents, marchait. 

Respirer. Grogner. Serrer les dents. Faire un pas. C’était comme marcher sur de la glace, sans destination précise. Solenna se contenta de marcher droit devant elle. Elle marcha, marcha, et marcha. C’était sans fin. C’était froid et douloureux. Un bonheur immense se déploya en elle lorsqu’elle aperçut enfin la porte — 36 heures plus tard. Rassemblant ses forces, elle reprit un rythme soutenu. Elle était au bout de ses forces, ce n’était que son mental qui la tenait debout. À peine toucha-t-elle la porte que le poids s’évapora de ses épaules. Pourtant, ses pieds avaient peine à bouger. Ils étaient bleus, rouges, mal. 

Elle poussa la porte de toutes ses forces, en espérant qu’elle s’ouvrirait. Après des minutes d’attente, elle se laissa glisser au sol, contre la porte, les pieds ramener contre sa poitrine. Des sanglots la secouaient. Elle avait froid. Elle récita calmement sa phrase fétiche. Une voix à l’intérieur d’elle lui soufflait de se lever, et de continuer. Elle l’ignora continuellement avant de finalement se lever à nouveau pour pousser la porte. Celle-ci s’effondra sous ses pieds.

*

Lorsqu’un nouveau flux d’ombres se jeta sur lui, il se concentra si fort sur l’image de Solenna que c’en était devenu douloureux. Pourtant, les ombres ne parvinrent pas à le toucher. Quand il ouvrit ses yeux, ils virent les créatures au sol, puis une lumière éblouissant tout l’endroit. Toutes les ombres avaient disparu, avec les pleurs, et les hurlements.

 Le silence était si profond. Il n’en avait plus eu droit depuis qu’il avait atterri là, c’était presque délicieux. Solenna le regarda de loin, sourire aux lèvres. Il cligna plusieurs fois des yeux. Elle ne peut pas être réelle. Il avait sûrement trop rêvé d’elle, exagérément espérer la revoir un jour. Elle restait pourtant là, en face de lui, sans bouger.

— Lysga, c’est moi, déclara-t-elle en regardant avec tristesse l’état de son corps.

À peine cligna-t-il à nouveau des yeux qu’il vit Poïsdon la faire violemment projeter contre une des parois enflammées. Elle retrouva de justesse son équilibre avant de percuter le mur. Elle se tourna vers Poïsdon.

— Lena, parla Lysga d’une voix faible et usée. F… Fais attention, ajouta-t-il en déglutissant difficilement.

Solenna regarda dans sa direction en ignorant l’air sombre de Poïsdon. Elle brisa les chaînes de Lysga en y lançant deux boules lumineuses. Celui-ci tomba à quatre pattes au sol en respirant bruyamment. Elle reporta son attention sur Poïsdon.

— Qui penses-tu être ? Tu penses venir ici et mettre tout sens dessus dessous ? s’énerva Poïsdon.

— Qui pensez-vous être ? Le roi de ce monde ?

— Et tu penses que ce sont vos dieux faiblards qui le sont ?

— Non. Pas du tout, répondit-elle en retirant le livre de sa sacoche. Ceci, c’est la Bible. Un livre que certains humains ont beaucoup lu et respecté. Laisse-moi te raconter comment je suis tombée dessus.

En colère Poïsdon dirigea des flammes sur elle qu’elle repoussa grâce à des barrières de lumière. La chaleur aberrante ne semblait la perturber. Elle était comme étrangère à son corps et ses sensations, ne pouvant plus ressentir grand-chose.

— Écoute-moi. Ce n’est pas poli de couper la parole ainsi, lui reprocha Solenna, qui semblait sûre d’elle en dépit de son apparence fatiguée. J’étais devenue tellement obsédée par toi, et tout le mal que tu faisais, que j’en étais venue à avoir peur de toi. Je doutais. Je doutais de pouvoir sortir Lysga d’ici. J’ai passé des jours dans la bibliothèque de la cité après qu’on m’ait forcé à ne plus m’enfermer dans la chambre de Lysga. J’ai lu et lu, chercher encore pour trouver un miracle qui me permettrait de t’arrêter pour toujours.

Impatient, Poïsdon lança encore sur elle des dizaines de flammes. Lysga les contrôla grâce à son regard puis les projeta contre les parois. Il était toujours à quatre pattes, incapable de se lever pour l’instant. Solenna lui adressa un sourire avant de reporter son attention sur Poïsdon.

— Et là, j’ai compris que ni Luz ni Fabos ou n’importe quel dieu n’est réellement au contrôle de ce monde. Il y a une puissance bien plus forte, le Dieu qui voit tout, et peut tout. C’est pourquoi je ne viens pas ici avec ma force, mais avec la sienne.

— Je ferai d’une pierre deux coups, la nargua Poïsdon en s’avançant, tu es tellement stupide de venir ici.

— Qui est stupide Poïsdon, toi ou moi ? rétorqua-t-elle, sûre d’elle.

Elle s’agenouilla sous les regards stupéfaits de Poïsdon et Lysga. Lorsque Poïsdon se dirigea vers elle en fureur, une barrière de lumière s’interposa et le fit projeter vers l’arrière.

— La nouvelle que nous avons apprise de lui, et que nous vous annonçons, c'est que Dieu est lumière, et qu'il n'y a point en lui de ténèbres. 1 Jean 1 :5, lisa-t-elle. Car l'Éternel Dieu est un soleil et un bouclier, L'Éternel donne la grâce et la gloire, Il ne refuse aucun bien à ceux qui marchent dans l'intégrité. .

Chaque fois que Poïsdon tentait de la toucher, des lumières s’interposaient. D’abord une main géante le projeta vers l’arrière, puis d’énormes barrières lui bloquèrent le passage. Lysga rampa jusqu’à Solenna. Avec un sourire, il se mit à lire avec elle, là où elle posait son index. Il croyait en ce qu’elle disait. Il avait compris que quelque part ni lui ni aucun autre dieu n’avait le contrôle sur tout ce qui se passait. Il avait compris qu’ils étaient bien plus faibles que ce qu’ils le pensaient. Il avait compris qu’en choisissant de toujours voir le bien dans les autres, de toujours vouloir la justice, malgré les fautes qu’elle pouvait faire, Solenna appliquait le vrai principe de l’univers : aime ton prochain comme toi-même.

 Ainsi, en aimant profondément, en s’humiliant simplement, elle avait réussi à acquérir un allié plus fort que toute autre puissance. Car elle aimait, elle croyait fervemment que l’amour était plus fort que la haine et le mal. Lysga se concentra pour faire monter des mains de terre du sol puis les jeta sur Poïsdon qui se retrouva rapidement à terre. Il dirigea ensuite sur lui des centaines de flammes qu’il para difficilement.

— Dieu des vengeances, Éternel ! Dieu des vengeances, parais ! Psaumes 94 :1. Car ce n'est point par leur épée qu'ils se sont emparés du pays, Ce n'est point leur bras qui les a sauvés ; Mais c'est ta droite, c'est ton bras, c'est la lumière de ta face, Parce que tu les aimais. Psaumes 44 :3.

Poïsdon ouvrit grand les yeux en regardant un point invisible, tenant à peine debout. Son visage se décomposa. Il était effrayé. Il se leva, courut, cria, hurla, supplia. Une force soudaine se saisit de Lysga qui se leva doucement sous le regard encourageant de Solenna. Ses longs cheveux tombaient en cascades sur ses épaules, son regard était nouveau, plein de vie, plein d’espoir… et de paix. Répétant les phrases de Solenna, il lançait toutes ses armes à la poursuite de Poïsdon qui fuyait toujours cette chose invisible.

— Ne vous vengez point vous-mêmes, bien-aimés, mais laissez agir la colère ; car il est écrit : À moi la vengeance, à moi la rétribution, dit le Seigneur. Romains 12 : 19. Je suis la porte. Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera et il sortira, et il trouvera des pâturages. Jean 10 : 9

Un chemin se fraya par le mur à leur droite. Une lumière encore plus brillante que celle des boules de lumière de Solenna en émanait. Scintillant de mille éclats, elle leur chantait de passer par elle, qu’elle était le chemin, la vie, l’espoir. Une musique encore plus mélodieuse que celles chantées sur Nelca en provenait : le chant des anges, pensa Solenna. Elle se leva, tendant sa main à Lysga qui s’appuya sur elle pour la suivre. Poïsdon courait toujours comme un fou. Ils marchèrent doucement à travers le chemin.

— Les cieux racontent la gloire de Dieu, Et l'étendue manifeste l'œuvre de ses mains, souffla une dernière fois Solenna avant qu’ils ne disparaissent.

*

Cela faisait déjà presque trois jours que Solenna s’en était allée. Fiona, impuissante et commençant à douter de son plan, s’était surprise à se mettre à genoux. Elle priait une entité plus haute qu’elle. Qui ? Elle ne le savait pas. Elle était simplement persuadée que le cours des choses lui échappait. Parfois, Nerdy, Brad, et plusieurs habitants de la cité la rejoignaient.

Dans le monde des dieux, Luz s’était remise à son rituel habituel : s’asseoir au bord de la rivière. La main de Cody sur son épaule la fit sursauter. Il ne laissa paraître aucune émotion pendant qu’il s’installait près d’elle dans l’herbe.

— Je n’aurais jamais dû la laisser partir, quel type de personne suis-je ? Cette fille ne méritait pas de voir l’enfer, se reprocha-t-elle.

Cody lui caressait doucement les cheveux, serein.

— Qu’est-ce qui te fait dire ça ?

— Elle… Elle ne reviendra pas.

Après une longue minute de silence pendant laquelle Cody observa Luz, il parla :

— Regarde derrière toi.

Hésitante, Luz regarda d’abord Cody en fronçant les sourcils puis se retourna. La vue de Lysga et Solenna dans un état pitoyable, mais vivant lui arracha un sanglot. Elle se leva maladroitement, pleurant à chaudes larmes tandis que Solenna lui souriait. Elle entoura leur cou de ses bras en les serrant si fort qu’elle sentait sa propre poitrine se compresser. Lysga en profita pour sentir toute la chaleur de sa mère contre lui. 

Son cœur se serrait. L’émotion le faisait encore plus trembler que la fatigue et la douleur. Un regard à son père suffit à le calmer. Luz regarda son fils avec tout l’amour dont elle disposait, redoutant de s’évanouir à n’importe quel moment tellement elle était heureuse de le revoir. Cody se contenta d’observer silencieusement, se retenant de prendre son fils dans ses bras, et de devoir ensuite lui dire au revoir.

— J’avais tellement peur, pleura-t-elle en se redressant.

— Je t’ai promis que je ferais tout pour lui, dit Solenna. Et on a eu l’aide d’un Être magnifique.

Elle préféra taire les détails de son aventure, voulant laisser aux enfers, ce qui revenait aux enfers. Fabos et Julia firent aussi leur apparition, sourires aux lèvres.

— Il est temps de vous renvoyer sur Nelca, déclara Fabos.

Solenna prit la main de Lysga dans la sienne en lui souriant. Lysga n’osa pas regarder ses parents, ne supportant pas l’idée de les abandonner de sitôt. Ils disparurent. Fabos se tourna ensuite vers sa fille.

— Maintenant que l’univers a repris son équilibre, je peux vous laisser retrouver Nelca. Je crois que si tu n’as eu la chance de nous avoir à tes côtés, ton fils a besoin de vous pour sa nouvelle vie. Il faudrait passer par le cercle aujourd’hui car vos corps ont été conservés pendant trop longtemps.

Après les au revoir, Luz et Cody se tenaient dans la grotte qui servait de passage au cercle de la dérision. Passant chacun leur sang sur la paroi, ils se tournèrent vers Fabos qui les interpella :

— Vous n’avez au maximum que cinq années à passer sur Nelca, malheureusement.

Luz sourit franchement.

— Même une journée, je m’en serais réjouis.


Regardant une dernière fois en arrière et criant un : « À bientôt », les deux mariés s’élancèrent dans le monde le plus vicieux de Nelca. Le cercle de la dérision.

****

Coucou. Alors c'est déjà le dernier chapitre. Bien sûr, il y aura un épilogue qui ressemblera à un chapitre. Pour l'instant, je sais que vous ne vous attendiez pas du tout à ça, haha. 

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Lalie


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