Chapitre 24 : Plan à exécution ( suite et fin )
Write by Fleurie
°°° Laure °°°
Ces derniers temps, je n’arrive pas du tout à fermer l’œil la nuit. Cela fait précisément une semaine que le sommeil me fuit totalement. Trop de problèmes qui m’empêchent de dormir. Quand je pense aux paroles de ma mère, elle veut que je vienne au village.
Je m’appelle Laure AGBETCHOKOUN, âgée de 50 ans, je suis béninoise. À mon âge, je ne suis toujours pas mariée. J’ai choisi de ne plus faire confiance aux hommes. Pendant que j’étais jeune, j’ai eu trois relations amoureuses qui m’ont toutes brisées le cœur. Depuis ce jour, l’amour était mort pour moi. Je sers la famille QUENUM depuis des années. Je me rappelle encore de la première fois où j’ai rencontré madame Léontine. Elle m’a fait une bonne impression, ainsi que son mari. Je suis tombée amoureuse de la petite Enora à la première vue. Elle est si adorable.
Ma mère vit encore. Cette femme a une santé de fer. Elle a bien pris soin de sa personne au point où, physiquement elle ne fait pas son âge. Elle réside à Abomey. Mes jours ne sont plus les mêmes depuis que j’ai reçu cet appel.
Il y a deux semaines
J’ai nettoyé le sol, après avoir préparé le déjeuner. J’étais à fond dans ma besogne lorsque, la vibration du téléphone dans mon tablier, m’a notifiée d’un appel. J’ai rapidement essuyé les mains pour décrocher. Le nom affiché sur l’écran, m’a fait tiqué un instant. J’ai décidé de laisser sonner. Mais elle a insisté au point où, je l’ai décroché.
Moi ( hésitant ) : Allô maman.
Ma mère est une personne très sociable, mais qui dernièrement a changée. Ce qui a fait que notre complicité de mère et fille a subie le coup. Mais malgré cela, je la porte toujours dans mon cœur. Une mère reste une mère malgré tout.
Elle ( souriant ) : Allô ma fille comment vas-tu ?
J’ai senti une certaine gaieté dans sa voix. Elle avait perdu cette habitude de sourire au téléphone depuis son soudain changement. Alors j’ai imaginé que son sourire cachait quelque chose.
Moi : Quelles sont les nouvelles du village maman ?
Elle ( soupirant ) : Ma fille laisse seulement, nous sommes là. Je tiens le coup. Et tu sais que mes jours dont désormais comptés.
Je m’étais tu pendant un instant, ne sachant plus quoi lui dire.
Elle ( brisant le silence ) : Laure, il est nécessaire que tu reviennes au village honorer ta famille.
Moi : Maman nous n’allons pas quand même revenir sur ce sujet.
Elle : C’est notre patrimoine, et tu sais comment les choses se passent chez nous. Je n’ai plus besoin de te l’expliquer. Je ne vais plus te dire tout ce que tu maîtrises déjà. Ne me fais pas perdre mon temps. Et arrête de jouer à la gamine.
J’ai laissé le torchon glissé de ma main avant de m’asseoir. Ce denier s’est retrouvé au sol. Elle avait déjà abordé ce sujet. Si j’avais su, je n’aurais jamais pris son appel. Et de plus elle ne sait pas où je vis à Cotonou. Ce qui serait un avantage pour moi.
Moi : Okay maman, je t’ai écoutée, maintenant j’ai des choses à faire.
Elle : Tu cherches un moyen pour m’échapper. Tu n’as qu’une semaine pour revenir. Après ce délai, tu en décideras de toi-même. Tu verras Laure ce qui se passera si tu n’obéis pas. Je t’aime prévenue. La balle est dans ton camp.
Sa phrase m’a glacée le sang. Elle l’a dite froidement.
Moi : Allô !
Elle : Fais le choix.
Clic.
Ma mère une sakpatassi ( une adepte du Vodoun sakpata ). Le Vodoun est une religion originaire de l’ancien Dahomey. C’est une pratique occulte de chez nous. La divinité de notre famille comme le dit ma mère est le sakpata le dieu de la variole.
[ … ]
Retour dans le présent
L’heure est venue pour elle de léguer sa place, son héritage. Et en tant que son enfant unique, il me revient de prendre cette place. C’est une pratique qui se fait depuis des lustres. Elle l’a héritée de sa mère à elle. Je ne suis pas dans ces pratiques occultes. Et voilà que depuis une semaine, je ne dors plus. Je fais des cauchemars horribles. Je suis poursuivie par des êtres étranges et maléfiques. Dès que j’ouvre la bouche pour en parler, je deviens soudainement muette, impossible de prononcer un mot…
Xxx
Je faisais mes cents pas lorsque j’ai entendu ‘’ au voleur ‘’ à quelques mètres de moi. Il se fait déjà assez tard. Je n’ai aucune idée, d’où venait le bruit. Avec toutes ces meurtres et les sacrifices que font les gens dans notre ville, il vaut mieux être prudent et rester chez soi. Je suis restée bien loin. Voyant que cela devenait dangereux, j’ai sorti mon téléphone. J’ai prudemment appelé la police en donnant l’adresse de la ruelle. Je pense bien faire, car on ne sait jamais.
[ … ]
J’ai aperçu trois silhouettes. La ruelle est à peine éclairée par la lampadaire. Mais pas assez pour distinguer les personnesde là où je me trouve.
J’ai couvert ma bouche pour étouffer mon cri. Un des hommes s’est approché de la jeune femme. Tout mon corps tremble de peur. J’ai eu de la peine pour elle, car je suis incapable de lui venir en aide. Je peux risquer ma vie, et c’est dangereux. Et la police qui ne vient toujours pas. Il m’est impossible de voir la jeune femme. Après qu’il s’est avancé un peu, il s’est par la suite rapproché d’un arbre. Cet arbre est un peu loin de là où ils étaient. Il s’est alors baissé pour faire je ne sais quoi. J’ai pu voir parfaitement son visage et celui de son coéquipier qui l’a suivi. J’ai reculé pour qu’ils ne m’aperçoivent pas.
Je me suis refusée de sortir de ma cachette, tant que la police ne serait pas sur les lieux. Ces deux hommes ce sont dit des choses avant de monter dans leur voiture et de s’en aller. J’ai attendu qu’ils soient bien loin. La femme ne bouge pas depuis que ces gens sont partis. J’ai envie de sortir et de vérifier ce qui ne va pas. Mais je suis toujours tétanisée par la peur. Soudain, une voiture s’est arrêtée près du corps de la femme. La dame est descendue et a pris l’autre femme dans ses bras. Ce n’est qu’après avoir entendu son cri, que j’ai reconnu la voix de Nora. Doux Jésus.
C’est alors que j’ai pris conscience de la gravité de la situation. Je suis sortie et au même moment la police s’est arrêtée à son niveau.
°°° Enora °°°
Une demie heure plutôt
J’ai été très surprise par l’appel d’Ayanda. C’est la première fois, qu’elle tremble au téléphone. Je pouvais ressentir une frayeur dans sa voix. Et c’était le meilleur moment qu’a trouvé ma batterie pour se décharger. Ne comprenant plus rien, je l’ai chargé pendant quelques minutes. J’ai rappelé Ayanda mais cette fois ci, ça sonnait dans le vide. J’ai appelé ma mère qui ne savait pas où elle se trouvait. Et comme les sorties nocturnes sont dans ses habitudes, personne n’y a porté d’importance.
J’ai pris les clés de la voiture pour me rendre à la maison.
Retour au temps présent
Sur le chemin, à quelques mètres de la maison, j’ai aperçu un corps par terre. Cela a attiré toute mon attention. J’ai alors coupé le contact pour garer sur le côté de la voie. En ouvrant la portière, j’ai ressenti un pincement au cœur. Je me suis arrêtée pour masser ma poitrine.
Plus j’avance, plus mon cœur se serre douloureusement dans ma poitrine.
J’ai aperçu Ayanda étendue sur le sol dans une mare de sang. Je me suis abaissée pour la prendre dans mes bras. J’ai poussé un cri strident.
Moi ( paniquée ) : Ayanda réveille toi stp.
J’ai vérifié son pouls. Elle est encore en vie. J’ai sorti mon téléphone pour appeler les urgences. Mais l’alarme de la sirène m’a notifiée la présence de la police.
J’ai senti une présence derrière moi.
Policier 1 : Vous êtes en état d’arrestation madame. Vous avez droit au silence. Tout ce que vous allez dire sera utilisé contre vous.
Moi : Mais je n’ai rien fait. C’est ma sœur je viens de la trouver dans cet état.
Policier 2 : Taisez vous Madame.
Pendant qu’ils me soulèvent, j’ai levé la tête pour aperçevoir Laure. Je sais que je suis couverte de sang, mais je n’ai rien fait.
Laure ( en pleures ) : Elle n’a rien fait policier. Pitié.
Policier 2 : De quoi vous mêlez vous ? Vous allez venir aussi avec nous.
Policier 1 : L’ambulance est presque arrivée.
Policier 3 ( au policier 1 ) : Chef tenez je viens de trouver ça.
Je suis rester hébétée devant cet objet, mais il m’appartient. Mais il est recouvert de sang.
Policier 1 : Reconnaissez vous ceci ?
Moi ( surprise ) : Oui il est à moi.
Policier 2 : Vous allez toutes les deux nous suivre. Nous allons régler ça au commissariat.
Moi ( criant presque ) : Je suis innocente.
C’est quelle histoire ça encore ? Il ne manquait plus que ça.
°°° Léontine °°°
Je dormais à poings fermés, lorsque j’ai été réveillée par Nora. Elle avait l’air si inquiète au téléphone. Quelques minutes après son appel, j’ai entendu l’alarme de la police et de l’ambulance. Je suis allée dans la chambre d’Ayanda. Mais elle n’y était pas. Cette fille finira par faite avoir un AVC. Avec cette grossesse, c’est elle qui se promène encore à cette heure tardive. Pendant que je me debarbouille la figure, mon téléphone a sonné.
[ … ]
J’ai rapidement enfilé une robe pour me rendre à l’hôpital. Je rendrai visite à Nora plus tard. Mon bébé a été besoin de moi. Elle a été admise de toute urgence à la clinique Mahuena de Cotonou.
Une fois sur les lieux, je me suis mise à courir dans tous les sens. J’ai demandé d’après la patiente Ayanda.
Infirmière : Le docteur est occupé avec elle. Je vous prie de patienter.
Moi : Ma fille est entre la vie et la mort et vous me dites de patienter ?
Elle : S’il vous plaît madame calmez vous. Ça va aller.
Moi : Avez-vous un enfant ?
Elle : Non.
Je l’ai laissé pour m’asseoir malgré moi. J’ai très mal. C’est avec une angoisse, que je me suis mise à réciter mon chapelet.
[ … ]
Je roule sur le carreau, comme une folle en pleine crise. Tellement ma douleur est grande. Je pleure à chaudes larmes. La vie est injuste. C’est mon enfant qui est supposée m’enterrer. Et maintenant c’est le contraire.
Docteur ( me soulevant ) : Calmez vous Madame je vous en prie.
Moi ( furieuse ) : Vous venez de m’annoncer que j’ai perdu ma fille et mon petit fils, et je dois me calmez. Ehhhhhhh Étienne ohhhh viens à mon secours.
Docteur : Nous n’avons pu rien faire. Les blessures étaient très profondes. Les coups de poignard ont endommagés son utérus. Comprenez moi et elle a perdu beaucoup de sang avant l’arrivée des urgences. Je n’ai pu rien faire. Je suis désolée.
Moi ( désespérée ) : Faites quelque chose je vous en conjure sniff.
Docteur ( à l’infirmière ) : Occupez vous d’elle.
Infirmière : Suivez moi madame.
Docteur ( s’arrêtant à ma hauteur ) : Je suis navrée madame, toutes mes condoléances.
Comment est ce possible ? Perdre deux êtres chers en moins de six mois.
[ Sonnerie téléphone ]
Moi : Oui Allô ?
Lui : Léontine ça va ?
Moi : …
Lui : Que se passe t-il ? Pourquoi ta voix est si triste ?
Moi d’une voix tremblante ) : Ayanda est décédée, et son bébé aussi.
Lui : Seigneur Jesus. Attends je pense comprendre. Viens immédiatement au commissariat. Enora a été arrêtée. Je vais t’attendre au dehors.
Moi : …
Lui : Tu es là ?
Je ne l’écoutais plus. Je viens de m’éffondre dans le grand fauteuil. Le ciel vient de s’écrouler sur ma tête.
°°° Ariana °°°
J’ai conduit comme une furie pour me rendre au commissariat. Il se fait très tard, Lemmy a proposé venir avec moi. Nous étions tranquillement chez nous. Je n’arrive pas à croire que ma copine sœur a été arrêtée. Enora est un ange et ne ferait jamais du mal à une mouche. Je suis certaine qu’il y a un malentendu.
Ils n’ont pas voulu nous laisser lui rendre visite sous prétexte qu’elle est en garde à vue. C’est vraiment triste.
Lemmy : Chérie tu devrais arrêter de faire cette tête. Je la connais aussi comme toi. Je peux te confirmer qu’elle est innocente. On dirait que quelqu’un lui en veut énormément.
Moi : J’ai la même impression mon cœur.
Lui : Tu sais il faut qu’on l’aide à contacter son avocat le plus vite possible.
Moi : Je suis tellement inquiète, que ça ne m’a même pas traversé l’esprit.
Je me suis levée pour appeler la seule personne qui peut nous aider.
Moi : Je suis désolée de te déranger à cette heure ci mais il y a une urgence.
Lui ( voix ensommeillée ) : Oui dis moi.
Moi : Enora a été arrêtée.
Lui : QUOI ?
Il a crié au point de m’arracher le tympan.
Moi : Nous n’avons pas encore de détails. C’est le peu que nous savons pour le moment. Je t’ai appelé pour que tu contactes son avocate.
Lui : Oui je le ferai sur le champ. Merci de m’informer. Ari ?
Moi : Oui Dylan ?
Lui : Je sais comment tu te sens. Mais laisse moi te dire que nous ferons tout pour la sortir de là.
Moi ( forçant un sourire ) : Je sais aller je te laisse.
Lui : Bye.
Je suis retournée auprès de mon mari qui était également au téléphone. Le commissaire Karl est apparu avec à ses côtés une belle jeune dame. C’est la mère de Nora, car j’ai eu la chance de la voir sur les photos. Nos regards se sont croisés. Elle me fixe intensément…