Chapitre 26
Write by Auby88
Maëlly FREITAS
Cela fait un quart d'heure que je suis sortie de l'agence de voyage. Pourtant, je suis encore là dans ma bagnole, la tête posée contre le volant.
Je suis en rogne. Contre cette bonniche. Mais surtout contre moi. Parce que j'ai pris peur devant cette fille, pourtant inférieure à moi.
Je ne sais comment l'expliquer mais son regard plein d'assurance, ses paupières restées fixes sur moi et son calme m'ont déstabilisée.
Et moi qui croyais que je l'aurais humiliée une fois encore. En la provoquant, j'étais certaine que par amour propre, elle aurait refusé de s'excuser pour un tort qui n'était pas le sien, qu'elle m'aurait insultée, attaquée. Alors, j'aurais eu une bonne raison pour la faire licencier. Mais les choses ne se sont pas déroulées dans ce sens. Et j'enrage énormément, d'autant plus que cette garce occupe toujours les pensées de mon homme ; ce qui l'empêche de véritablement se donner à moi.
Allez, calme-toi Maëlly et oublie cette crève-la-faim. Elle n'en vaut pas la peine. Bientôt, qu'il pleuve ou neige, tu seras l'épouse d'Eliad. Bravo ma chérie !
Une fois que nous serons mariés, ma première action consistera à remplacer tout le personnel. Ensuite, je m'assurerai que cette petite peste de Milena aille poursuivre ses études dans un pensionnat étranger.
Nul n'a idée de combien je déteste cette petite arrogante. Je fais des efforts incroyables pour qu'elle m'accepte, mais elle passe toujours son temps à me traiter de sorcière et à me crier qu'elle préfère la bonniche à moi.
Si seulement, je pouvais réussir à tomber enceinte d'Eliad, tout serait beaucoup plus simple ! (Soupir)
Mon téléphone sonne. Ce doit être maman. Je consulte l'écran. C'est bien elle. Elle veut savoir si j'ai eu les billets d'avion. Je lui explique que je les aurai demain au plus tard. Dans quelques jours, je voyagerai avec elle. Nous irons aux États-Unis d'Amérique (USA). J'irai commander ma robe de mariée et d'autres accessoires dans une célèbre maison de couture spécialisée dans le domaine. Beaucoup de stars ont été habillées là-bas pour leurs noces. Ma robe sera une création unique. J'ai bien hâte d'y être. (Sourire)
Pour le moment, ce sera juste une cérémonie civile ici. Eliad ne veut pas d'une cérémonie religieuse, soi-disant parce que devant Dieu il est marié à Camila et le demeurera. Pourtant, sauf si je me trompe, il est bien possible de se remarier à l'Eglise quand l'un des partenaires décède. De toutes facons, il finira par me conduire devant l'autel.
Au moins, il a fini par accepter de m'épouser et c'est l'essentiel. Mais j'avoue que je l'ai harcelé jour et nuit pour cela, supplié encore et encore, invoquant même le fait que sa petite diablesse avait besoin d'une mère et que mon père n'en pouvait plus de me voir en relation libre depuis 6 longs mois. Finalement, fatigué de m'entendre, il avait fini par sortir le OUI tant attendu. Je suis trop forte moi ! (Rire)
En réalité, de notre relation, mon père s'en moque. Il a donné son accord à notre mariage en disant juste OUI et rien en plus. Mais je me souviens bien du sourire plutôt ironique qu'il y avait au coin de ses lèvres. Bof, de toutes façons, quoi qu'il pense ou dise, J'épouserai Eliad.
*************
Des semaines plus tard
Nadia P. AKLE
- Nadia ! A ce soir ! commence Annie. J'espère que tu ne t'ennuiras pas, toute seule à la maison !
- Non. Je compte écrire un nouveau chapitre de mon histoire.
- Alors depêche-toi parce qu'à la pause, je me délecterai de tes écrits. Je crois que j'en suis accro.
- J'en suis ravieeeeeeeee
- Au fait, la directrice demande souvent d'après toi. Bien sûr, de manière déguisée ! C'est sûr qu'elle se sent toujours gênée, celle-là. Et puis depuis que tu es partie, il y a des clients que je ne vois plus si fréquemment à l'agence. C'est à croire qu'ils venaient juste pour tes beaux yeux !
- Hmm !
- Oui, hein, je ne blague pas oh. Tu ouvrirais une agence de voyage qu'ils te suivraient tous à la queue leu leu.
Son commentaire m'arrache un rire.
- Tu es trop modeste, Nadia. Je serais une beauté comme toi que je ferais tourner la tête à plus d'un dans ce pays !
- Si Ivan t'entendait !
- Hahaha !
- De toutes les façons, depuis que j'ai quitté la prostitution, je me suis promis de demeurer dans le droit chemin.
- Et je t'encourage dans ce sens, ma chère. Et puis, il ne sert à rien de courir plusieurs lièvres à la fois !
- En effet. Une fois encore, merci pour ton soutien et pour avoir accepté de m'heberger chez toi alors que tu connaissais mon sombre passé.
- Quoi qu'on dise, Nadia, tu as un cœur pur. Et seul cela compte à mes yeux. Le reste, je m'en moque. Sache que je t'aime comme tu es, chère amie.
Nous nous donnons une accolade chaleureuse.
- Il est temps que tu t'en ailles, Annie.
- Oui, je me dépêche. Une dernière chose, ce soir Ivan nous invite toutes deux au restaurant.
- Allez-y seuls pour une fois. Vous devez avoir besoin d'intimité.
- Quelle intimité encore après tout ce que nous faisons en vase clos ?
- Tu es une vraie fofolle, Annie !
- Oui, je l'admets. Donc ce soir, on est ensemble !
- Ok. Maintenant va-t'en, que je commence à écrire.
- Bye donc ! Bzzzzzzz
Elle est partie. Je continue de sourire. Annie est une bonne amie, une personne extraordinaire. Je l'ai connue à l'agence. En ce temps-là, j'avais quitté le foyer où je m'étais préalablement installée pour loger dans un petit studio, qui malheureusement était loin de l'agence. C'est là qu'Annie m'a proposé de devenir sa colocataire. Et c'est ainsi que nous avons commencé à vivre ensemble. Je puis affirmer que l'expérience est plutôt satisfaisante. Il y a toujours la bonne entente, la bonne humeur à la maison. Nous partageons cuisine, salon, sanitaires… sauf les chambres.
Quant à Ivan, son petit-ami, il ne vit pas avec nous, mais passe de temps en temps visiter sa compagne ou passer la nuit dans sa chambre.
C'est un type bien, je trouve. Pas le genre à draguer l'amie de sa copine quand elle a le dos tourné.
Je l'avoue. J'adore leur couple et j'en suis parfois un peu jalouse. Mais en bien, je précise. C'est normal de vouloir soi aussi vivre une histoire d'amour aussi belle que la leur.
Il est temps que je commence à écrire. Les lecteurs attendent ma publication avec empressement. Et j'ai assez de temps libre pour cela.
Oui, malheureusement, je suis "sans emploi" actuellement. Car quelques temps après l'incident avec Maëlly, j'ai été licenciée pour un motif très fallacieux : " On m'accuse d'avoir porté atteinte au climat de paix qui régnait dans l'agence, ce qui constitue une entrave pour la bonne marche de l'entreprise".
Que du charabia ! En me basant sur ce motif insensé, j'aurais pu poursuivre l'agence de voyage en justice et réclamer dommages-interêts. Mais je n'ai rien fait, car ce serait un parcours long sans résultat favorable forcément.
En outre, l'atmosphère au travail n'était plus conviviale. Car depuis que Maëlly m'avait traitée publiquement de prostituée, j'étais pointée du doigt en permanence.
Je n'ai donc rien fait. J'ai juste remercié la patronne, pris mon sac, mon solde pour tout compte et je me suis barrée.
Dois-je attribuer mon licenciement à cette femme sans cœur qu'est Maëlly ? Cette fois-ci, je ne pense pas qu'elle y soit pour quelque chose. D'ailleurs, je ne l'ai pas revue dans l'agence.
Je pense juste qu'elle a ouvert une brèche et que toutes les femmes désoeuvrées, tous les hommes éconduits qui avaient une dent contre moi en ont profité pour m'évincer de l'agence.
Quoi qu'il en soit, je ne baisse pas les bras. Je n'ouvrirai pas les cuisses non plus. Mes poings resteront levés comme l'héroïne décrite dans la chanson "Ma philosophie d'Amel Bent".
En attendant de trouver un nouveau job, je vends quelques bricoles, je fais des démarches pour enfin passer mon Brevet d'Etudes du Premier Cycle et bien évidemment, j'écris. C'est mieux que rien ! N'est-ce pas ? (Sourire)
Bon, assez cogité ! Place à l'écriture. Par quoi vais-je même commencer ? Je ne sais pas trop. Depuis que j'ai quitté la maison d'Eliad, j'évite de parler de lui en racontant ma vie. Les lecteurs s'attendent à la suite de la romance qui a débuté entre lui et moi, mais je ne veux leur mentir en écrivant une suite irréelle du genre "ils se marièrent, eurent beaucoup d'enfants et vécurent longtemps heureux". Ce n'est pas le cas.
D'un autre côté, je ne sais si une fin triste comme la nôtre plairait aux lecteurs (Soupir). Il est peut-être temps que je parle de mon passé, plus précisément de comment j'ai atterri dans le monde de la prostitution.
Finalement non, je ne me sens pas prête pour cela. Je parlerai d'autre chose. Donc la vérité sur mon sombre passé, je ne la dévoilerai pas aujourd'hui. Peut-être demain ou après-demain ou … pas.(Long soupir )