CHAPITRE 27: PRESSION SILENCIEUSE

Write by L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 27 : PRESSION SILENCIEUSE.

**LESLIE OYAME ÉPOUSE MFOULA**

Nous sommes tous là en train de regarder Loyd vers qui ses enfants sont allés s’accrocher comme s’ils le connaissaient depuis et le retrouvaient simplement. L’expression sur le visage de ce dernier montre clairement que c’est la première fois qu’il les voit. Il se penche et les serre dans ses bras avec les yeux brillants qui provoquent en moi une vague d’émotions qui me fait rapidement monter les larmes aux yeux mais que je m’efforce à refouler.

Leslie : (Joyeuse) Papa est revenu du voyage au Gabon. (Se tournant vers Lucrèce) Maman regarde, papa est yà.

Lucrèce : (Essuyant les coins de ses yeux, esquissant un faible sourire) J’ai vu mon cœur.

Félie : (La secrétaire du pasteur Lilian) Madame Mfoula ?

 Nous avons tourné notre attention vers elle.

Maman Patricia : Il y a deux madame Mfoula ici, c’est laquelle ?

Félie : (Souriant) C’est vous maman.

Maman Patricia : D’accord. (Se dirigeant vers elle) Je vous suis. (À Leslie) Ma copine, tu m’as laissée seule au 11 hein ?

Leslie : (Dans les bras de son père qui les a soulevés) Non ma copine. Ye chuis d’abord avec mamie moi. Je arrive bientôt pour te voir, faut pas pieurer oh.

Maman Patricia : (Souriante) D’accord. Je t’attends pour venir me faire de jolies tresses encore.

Leslie : D’accord.

Maman Patricia leur a caressé les têtes avant de suivre Félie. Le silence s’est à nouveau installé avant d’être brisé par Arsène.

Arsène : Je ne pense pas qu’il soit nécessaire pour nous d’être tous là à attendre devant le bureau. On devrait plutôt aller vers les véhicules pour libérer l’endroit.

Nous avons acquiescé et sommes tous partis sauf Loyd, Marwane, les enfants, Lucia et Lucrèce. J’ai d’ailleurs regardé cette dernière avec insistance avant de m’en aller. Elle s’est mise à triturer les doigts en baissant le regard. Pendant que l’on s’en allait Lauria s’est approchée de moi.

Lauria : (Juste pour moi) Tu étais au courant de cette histoire ?

Moi : Je l’ai appris cette semaine.

Lauria : Donc ils ont continué leur relation hein ?

Moi : Non. Du moins si ce qu’ils disent est vrai. Lucrèce est rentrée le week-end dernier avec Lucia et les enfants, Loyd n’en savait rien. C’est aujourd’hui qu’il les rencontre. C’est la version officielle, maintenant si c’est la vérité ou c’est encore un de leurs nombreux mensonges, il n’y a que Dieu seul qui sait.

Nous sommes arrivés près du parking.

Maman : Je dis hein, donc les deux sorciers là ont fait même les enfants hein ?

 Personne n’a répondu.

Maman : (Tapant dans ses mains) A tare Nzame (Dieu le père) ça ce n’est pas les choses du vampire et de la sorcellerie en pleine journée ? Ils ont continué à coucher jusqu’à les enfants sont sortis dans leur saleté là.

Moi : Nous sommes à l’église maman, on va parler de ça dans un autre cadre.

Maman : (Tapant ses mains en remuant ses épaules) Les choses de la malchance. Pardon, nous sommes en train de rentrer à la maison, il faut dire à Patricia que je suis partie.

Moi : D’accord.

Maman : Pardon il faut me compléter 2000 là-bas on va prendre le taxi.

J’ai fouillé mon sac et je lui ai donné 5000, Lauria en a fait de même. Elle est partie vers papa et après avoir dit au revoir, ils sont partis. Lucrèce et Lucia nous ont rejoints sans les enfants, elles avaient toutes les deux l’air embarrassé et Lucrèce avait la tête baissée.

Lucia : (Nous regardant son frère et moi, grattant derrière sa tête) Euh, Loyd demande si c’est possible qu’il passe la journée avec les enfants ?

Arsène : Ce sont ses enfants non ?

 Lucia : (Petite voix) Oui.

Arsène : Alors pourquoi est-ce à nous qu’il vient demander ça ?

Lucia : (Hésitante) Co, comme on lui a dit que les enfants étaient chez vous pour le moment, il voulait donc demander la permission avant de les prendre ou non.

Arsène : Nous a-t-il demandé la permission avant de les faire ?

 Lucia : (Silence)

Arsène : C’est bien ce que je pensais.

Papa Guy : Arsène suis moi une minute.

Ils se sont éloignés pendant que personne d’autre ne parlait.

Princy : Nous on va y aller, on a un programme après ici.

Moi : Ok. On va s’appeler.

Il a pris sa famille et ils sont partis. Je suis restée avec les miens, Lucia et Lucrèce qui avait les yeux rouges et luttait visiblement avec l’envie de pleurer.

Moi : Dites lui qu’il peut les emmener. Ce n’est pas comme si on pouvait l’empêcher de le faire. Leurs affaires sont dans un des petits sacs dans le coffre de la voiture.

J’ai déverrouillé le véhicule et le coffre également.

Moi : Amour prends moi le sac des enfants là, tu remets à leur mère au cas où il décide de passer la nuit avec eux. Sauf s’ils ont déjà des vêtements chez lui.

Lucia : Ils n’en ont pas.

Moi : Prenez alors le sac.

Amour a pris le sac et l’a donné à Lucrèce qui l’a récupéré avant de retourner chez Loyd. Elle est revenue quelques minutes après avec la mère d’Arsène.

Moi : (À ma belle mère) Tu as fini ?

Maman Patricia : Oui. Elle m’a donné rendez-vous pour mardi après midi. C’est moi que vous attendiez ?

Moi : Oui.

Maman Patricia : D’accord. On peut y aller. Arsène et son père sont où ?

Moi : Ils parlent sur le côté, ils arrivent.

Au même moment les concernés sont venus et nous avons décidé de partir. Lucrèce s’est dirigée vers ma voiture.

Moi : (Intriguée) Tu ne pars pas avec les enfants ?

Lucrèce : Non.

Moi : Ah.

J’ai voulu demander si Loyd pouvait s’en sortir tout seul avec eux sans elle mais je me suis abstenue. Je ne connais pas les profondeurs de leurs choses et malgré toutes les apparences qu’ils présentent, rien ne me dit véritablement qu’il ne s’est jamais occupé d’eux. On dit au revoir aux parents et on embarque Arsène et moi avec nos derniers. Lucrèce rentra avec le reste. Mfoula démarre et on s’en va.

Arsène : (En chemin) Quelqu’un était à la maison en notre absence ?

 Estimé : Non papa. Il y a seulement tantine Lucia qui est venue hier chercher ya Lucrèce à 14h pour aller chez leur copine qui vient d’accoucher.

Arsène : Ok.

Nous sommes arrivés à la maison quelques minutes avant les enfants et nous sommes allés dans notre chambre où Arsène s’est directement tourné vers les images que les caméras ont enregistré en notre absence, il n’y avait rien d’inquiétant dedans et le seul visiteur c’était effectivement Lucia. Il est venu s’asseoir sur le lit.

Moi : Ça va ?

Arsène : (Après un moment) Non. Le voir aujourd’hui a réveillé des choses que je pensais avoir dépassé mais j’ai compris que ce n’est pas le cas. J’ai l’impression que quelqu’un a tiré sur le pansement d’une plaie qui n’avait pas encore cicatrisé.

Je suis montée sur le lit et me suis mise derrière lui pour lui faire un câlin. Je comprends exactement ce qu’il est en train de dire car je ressens la même chose. J’essaie d’aller de l’avant comme nous l’avait conseillé le psychologue en nous disant de ne pas rester bloquer dans le passé pourtant à chaque fois que je pose les yeux sur Lucrèce, depuis qu’elle est revenue, je ne peux pas m’empêcher de repenser à cette scène qui a défilé en boucle dans mon esprit pendant des mois, de ce jour au commissariat et à chaque fois je me demande qui est en face de moi. Nous avons décidé de ne pas revenir sur cette histoire qui nous a fait énormément de mal et avons également décidé de ne pas la chasser. Si elle veut rester ici, bien lui en fasse mais nous n’allons pas nous mêler de sa vie privée. Avec ses enfants que nous avons intégré comme membre de la famille, ils ne nous ont pas laissé le choix tellement ils sont attachants, nous avons décidé de les prendre comme tels, c’est-à-dire nos petits enfants. Ce sont des innocents qui n’ont rien demandé à faire dans cette histoire.

Moi : Tu devrais t’allonger Archy, tes épaules sont tendues.

Arsène : (Soupirant) Aide moi avec les chaussures stp.

Moi : Ok.

Je descends et le déchausse avant de le faire coucher sur le lit, je remonte ensuite et me couche sur sa poitrine en la lui caressant. Au bout de quelques minutes, plus détendu, il se met à me caresser les fesses avec insistance à travers ma robe.

Moi : (Souriant) Archy qu’est-ce que tu fais ?

 Arsène : (Répondant à mon sourire) Je caresse les fesses de ma femme. Tu as un problème avec ça ?

Moi : (Essayant de me lever) Non pardon, tu ne vas pas recommencer, je suis dans ma période et

Arsène : (Me tirant et me renversant sur le lit pour se mettre au dessus de moi) Je me fiche de ta période, j’ai envie de me perdre dans l’intimité de ma femme. Je n’ai pas peur de peupler le Gabon et avec la venue des petits, j’ai des idées.

Moi : (Riant en essayant de le repousser) Jamais Mfoula, mon enfant a déjà accouché, je ne peux plus faire ça.

Arsène : Quel est le rapport ?

Moi : On ne fait plus d’enfants quand on est déjà grands parents.

Arsène : Qui a dit ça ?

Moi : La bienséance. Ma fille adulte fait des enfants et moi j’en fais encore ? Ça va ressembler à quoi ? Leslie et Brain auront des oncles plus jeunes qu’eux ? Est-ce que c’est bien comme ça ?

Arsène : (Faisant mine de réfléchir) Je me fiche éperdument (m’embrassant dans le cou) Je te veux ma douce, ma déesse.

Je me suis mise à rire en me laissant faire et nous nous sommes fait mutuellement du bien.

Arsène : (Caressant mon dos) Tu crois qu’ils vont dormir avec lui ?

Moi : Je l’ignore. Mais vu comment il les a serrés dans ses bras, je doute qu’il ait envie de s’en séparer maintenant.

Arsène : Est-ce qu’il va s’en sortir tout seul avec eux pour cette première fois ? Tu sais comment ils bougent beaucoup et demandent énormément d’énergie.

Moi : J’en sais rien. Moi aussi je suis inquiète du fait que Lucrèce les ait laissés y aller tout seuls comme ça avec lui. Je ne sais même pas si elle lui a un peu parler de leurs habitudes. Ce n’était vraiment pas prudent de sa part mais bon, que peut-on faire si ce n’est espérer que tout se passe bien et qu’ils seront très rapidement de retour ici.

Arsène : (Après un moment) Il faut qu’on fasse doucement avec ces enfants Leslie, nous devons garder à l’esprit que ce ne sont pas les nôtres et qu’ils ne vont pas rester indéfiniment ici. Quand Lucrèce retournera chez elle, elle les emmènera alors faisons attention.

Moi : Ok. Mais je t’avoue que je me suis déjà habituée à les avoir dans nos pattes. Leurs histoires avant de dormir vont énormément me manquer.

Arsène : (Soupirant) Je sais. S’ils étaient là on aurait déjà écouté une demie douzaine de fois ‘’mamie moi, tu fais quoi ?’’ ‘’Archy, viens d’abord ‘’.

Nous éclatons de rire tous les deux car c’est la vérité. La petite Leslie là parle comme 10 enfants réunis, le pauvre Brain la regarde et la suit seulement dans ses affaires. Ce week-end en Ntoum, ils étaient dans le poulailler et avec les lapins à leur raconter je ne sais quoi tout en nous appelant toutes les 2 minutes pour ne rien dire mais nous avons aimé être avec eux comme nous avons aimé les retrouver chaque soir ici quand on rentrait du travail durant cette semaine. En très peu de temps, nous nous sommes vraiment attachés à eux et c’est vrai que nous devons ralentir le rythme pour ne pas avoir le cœur brisé une fois de plus.

Moi : Il faut que j’aille faire à manger et décharger également ce que nous avons emmené de Ntoum.

Arsène : D’accord, je vais encore me reposer quelques heures avant de vous rejoindre.

Moi : Ok.

Je l’ai embrassé avant de me rendre à la douche pour me rincer rapidement. Je suis revenue me vêtir et j’ai repris la parole.

Moi : Au fait de quoi voulait te parler le boss quand nous étions à l’église ?

Arsène : De ne pas être trop dur avec les filles, elles essayent de se racheter en faisant les choses bien. Que si je me braque, elles pourraient se rétracter et replonger dans les choses que nous leur avons reproché.

Moi : Je vois.

Arsène : Je lui ai dit que j’ai compris.

Moi : Ok. Bon j’y vais.

Je suis allée lui refaire un bisou puis je suis descendue. J’ai trouvé que Lucrèce était en train de préparer avec ses sœurs.

Moi : Ah, vous êtes déjà en train de préparer.

Elles : Oui.

Moi : (Remarquant les tubercules de manioc au sol) Ça c’est ce qui était dans la voiture ?

 Grâce : Oui.

Moi : Donc vous avez déjà déchargé ?

Grâce : Oui. On a déchargé et rangé. Les feuilles de manioc, les garçons sont en train de piler ça derrière. Il reste seulement les légumes là à découper et ça à éplucher.

Moi : Vous avez enlevé pour vos grands parents ?

Grâce : Oui. Ya Lucrèce a déjà fait les tas avec les viandes, on va seulement ajouter les autres là quand on aura fini de nettoyer.

Moi : Ok. Donnez moi un couteau là-bas je vais commencer à éplucher les tubercules.

Elles se sont exécutées et m’ont passé le couteau, une cuvette et un tabouret. Je me suis assise et j’ai commencé le travail. Je n’ai rien à redire sur ce qu’ils ont fait parce que je sais que c’est Lucrèce qui est derrière toutes ces tâches et je n’ai pas besoin de passer derrière elle pour vérifier car je sais qu’elle connait comment je fonctionne et elle anticipe toujours mes besoins, cela ne date pas d’aujourd’hui. Les enfants là travaillent sauf qu’ils que ne sont pas autonomes, il faut à chaque fois leur dire ce qu’ils doivent faire et comment ils doivent le faire pour qu’ils accomplissent des tâches. Nous avons travaillé en équipe et une heure et demie plus tard, tout était fait.

Moi : (M’adressant à Lucrèce pour la première fois depuis notre retour de l’église) Tu as des nouvelles des enfants ?

Lucrèce : (Petite voix) Non.

Moi : Il faut chercher à appeler on ne sait jamais, peut-être qu’ils pleurent là-bas.

Elle a pris son téléphone qui était dans le tablier et elle l’a manipulé avant que nous entendions le bruit d’un appel lancé car le téléphone était en mains libres. Ça a sonné deux fois avant que quelqu’un décroche.

« Loyd : Allô ? »

«Lucrèce : Allô Loyd, excuse moi si je te dérange. »

 «Loyd : Non ça va. Que veux-tu ? »

 «Lucrèce : Je voulais juste savoir si ça allait et si tu t’en sortais avec les enfants ? »

 «Loyd : Ça va. C’est vrai qu’ils bougent beaucoup mais bon, rien d’insurmontable jusqu’à présent. De plus Marwane est avec nous donc ça va. »

On entendait la voix de Marwane en fond en train de rire avec les enfants comme pour attester ses propos.

 « Lucrèce : Ok. Je vous laisse alors, c’était juste pour me rassurer. »

 « Loyd : Si y a un souci, je t’appellerai. »

« Lucrèce : D’accord. »

Clic ! Je n’ai rien dit après cela. Nous avons dressé la table en silence puis j’ai envoyé Désirée chercher son père et ses frères. Nous avons mangé dans une assez bonne ambiance animée par les enfants parlant des frasques de leurs neveux avant de nous retirer à la terrasse où nous avons passé le reste de l’après midi. À 19h, Lucrèce nous a appris que Loyd a décidé de passer la nuit avec les enfants et à 22h, alors qu’on terminait la prière du soir, son téléphone s’est mis à sonner. Comme il était à côté de moi j’ai eu le temps de voir que c’était Loyd qui appelait. Elle l’a récupéré et décroché en le mettant une fois de plus sur haut parleur. Je ne sais pas pourquoi elle ressent le besoin de le faire à chaque fois mais bon.

«Lucrèce : Allô ? »

Nous avons tout de suite entendu les enfants en train de pleurer et la réclamer.

 «Loyd : Allô, Lucrèce. »

 «Lucrèce : Qu’est-ce qui se passe ? »

 «Loyd : Ils n’arrêtent pas de pleurer depuis tout à l’heure et ils te cherchent. »

Moi : (Exprimant mon avis à voix haute) En même temps il fallait s’y attendre en faisant les choses de façon aussi brusque.

Elle m’a regardée sans rien dire et pendant ce temps les enfants ne faisaient que pleurer.

«Lucrèce : Tu peux venir les déposer ? »

 «Loyd : Je ne suis pas véhiculé et Marwane est rentré avec sa voiture. »

 Arsène : Va les rejoindre et la prochaine fois faites un programme plus pertinent pour éviter ce genre de situation.

Il a pris sa Bible et il est parti à l’étage. Je l’ai regardée avant de le suivre…

**LUCRÈCE MEFOUMANE**

Je suis en chemin pour chez Loyd suite à la conversation que nous venons d’avoir au téléphone à propos des enfants qui pleurent. Dès le moment où il m’a demandé s’il pouvait les avoir pour la journée j’ai été sceptique et mitigée. Je ne voulais pas les lui refuser eu égard déjà au fait que je suis en tort et que ce n’est que maintenant qu’il les rencontre. Mais je me demandais aussi si c’était bien de les lui donner de la sorte. L’idéal aurait été que tata Luce ou moi soyons avec eux pour faciliter la transition mais après les regards que j’ai reçus à l’église et la façon dont papa a parlé, j’ai préféré ne pas le faire pour ne pas empirer la situation. Je suis rentrée à la maison la mort dans l’âme et j’ai pris sur moi de ne pas brusquer les choses en faisant confiance à Loyd. Le regard que papa a posé sur moi ce soir en me disant d’aller les rejoindre était lourd de sens et même accusateur. Du coup je suis davantage mal à l’aise à l’idée d’y aller mais je n’ai pas le choix. Il m’a dit être chez lui et non plus chez tonton Marwane, alors j’y vais.

Une fois devant le portail, je klaxonne et il m’envoie un message.

-Loyd : C’est toi au portail ?

-Moi : Oui.

-Loyd : Ok, j’arrive .

Quelques minutes après le portail s’est ouvert sur lui et les enfants qui pleuraient encore. Une fois que je suis descendue du véhicule, ils ont couru pour venir se jeter à mes pieds.

Moi : (Leur faisant un câlin) C’est fini mes amours. Maman est là maintenant. Arrêtez de pleurer.

Brain Jr : (En pleurs) Reste avec nous.

Moi : Je suis là. Je ne vais pas partir d’accord ?

Eux : (Reniflant) D’accord.

Je les ai soulevés et nous sommes rentrés dans la maison.

Moi : (À Loyd) Ils ont pris leur douche ?

 Loyd : Oui, ils ont déjà également mangé. Je voulais les mettre au lit mais ils se sont mis à pleurer.

Moi : Je vois. Où as-tu prévu les faire dormir ?

Loyd : Dans ma chambre.

Moi : Je peux y aller ?

Loyd : Oui vas-y.

Nous y sommes allés et je me suis allongée avec eux sur le lit. Je me suis mis à les caresser pendant que Loyd était debout en retrait et observait la scène.

Leslie : On t’a cherché maman, tu étais où ?

Moi : J’étais avec mamie moi et papi.

Leslie : Pourquoi eux sont pas venus ?

Moi : Parce qu’ils n’habitent pas ici. Ici c’est chez papa et puis vous avez dit que vous vouliez venir chez papa non ?

Eux : Oui.

Moi : Voilà. Quand vous êtes avec papa, vous ne devez pas pleurer ou me chercher. Papa est là et il prend soin de vous d’accord ?

Eux : Oui.

Moi : Vous n’allez plus pleurer encore n’est-ce pas ?

Eux : Non.

Moi : D’accord. On va prier avant de dormir comme ça les anges vont vous protéger.

Brain Jr : Papa aussi iy prie avec nous ?

Moi : Oui. Papa est là à côté et il va aussi prier. On s’assoit rapidement.

Nous nous sommes exécutés et j’ai prié. À la fin Loyd m’a demandé si je comptais dormir et j’ai acquiescé, il m’a donc donné une brosse à dents neuve et une de ses chemises. La chemise sentait le renfermé et il m’a dit que ça faisait longtemps qu’elle était dans le placard de même que tout ce qui était ici. J’ai dit que ce n’était pas grave car la conservation était bonne. Il est ensuite sorti en me disant qu’il allait être dans la chambre à côté en emportant des draps propres et des vêtements de nuit. Je suis restée avec les enfants en les berçant jusqu’à ce qu’ils ont fermé les yeux pour dormir. Quelques minutes plus tard, je me suis levée du lit en prenant soin de ne pas faire du bruit de peur de les réveiller. Je suis allée dans le salon et Loyd n’y était pas. Je suis allée cogner à la porte de la deuxième chambre à deux reprises et aucun signe de lui.

Moi : (Hésitant à tourner la poignée de la porte) Loyd ?

Je finis par le faire et j’entre dans la pièce.

Moi : Loyd ? Tu es dans la salle de bain ?

Silence

Je ressors car visiblement il n’y est pas. Je décide alors d’aller voir dehors et je le trouve assis aux escaliers de la terrasse. Il tourne sa tête dans ma direction en entendant la porte s’ouvrir.

Moi : Tu es là ?

Loyd : Oui, tu me cherchais ?

Moi : Oui. Enfin je me demandais où tu étais passé car je ne t’ai pas vu au salon.

Loyd : Je vois. Je suis venu m’asseoir ici une minute pour prendre un peu d’air. Ils se sont endormis ?

Moi : Oui.

Loyd : Je suis vraiment désolé de t’avoir dérangé, c’est juste qu’ils n’arrêtaient pas de pleurer et demander après toi.

Moi : Ne t’inquiètes pas. Je me doutais bien qu’ils auraient pu faire un truc comme ça. C’est leur première fois de dormir loin de moi et de tata Lucia qui a toujours été là pour me relayer quand ils devaient dormir avant que je ne sois rentrée. En dehors des parents qu’ils ont accepté, ils ne l’ont fait avec personne d’autre.

Loyd : Je vois.

Moi : Il leur faudra certainement un peu de temps pour s’habituer à toi et comprendre que c’est normal qu’ils dorment avec toi sans moi.

Loyd : D’accord.

Un silence s’est installé entre nous et c’est lui qui l’a brisé.

Loyd : Tu as l’intention de rester debout ?

Moi : Non. J’espère ne pas te déranger.

Loyd : Tu ne le feras pas.

Moi : Ok.

Je me suis avancée et me suis assise à une distance raisonnable de lui. Personne n’a parlé pendant plusieurs minutes puis il a à nouveau relancé la parole.

Loyd : Je pense qu’il faudrait programmer un jour pour faire le point sur les activités maintenant que tu es rentrée. Comme tu as sans doute remarqué par rapport aux virements que tu recevais ces dernières années, nous avons énormément perdu d’argent mais grâce à Dieu nous ne sommes pas à côté du gouffre. J’ai les rapports de tous les comptes à la maison à Lambaréné et je te ferai parvenir une copie de chaque.

Moi : (Silence)

Loyd : Le local pour la pharmacie est prêt et j’ai eu une conversation récemment avec le contact pour les médicaments et il me demandait ce qu’il en était par rapport au contrat vu que nous n’avions pas donné de suite. De même que le gars du Design qui m’a demandé si il devait rester sur le même nom ou si on comptait changer le nom de l’enseigne ?

Moi : Peut-on encore poursuivre avec ce projet sans nous ruiner ?

Loyd : Oui. Comme je te l’ai dit, nous avons perdu de l’argent mais nous ne sommes pas sans le sou. De plus, le gros de ce projet avait été financé bien avant ce qui s’est passé alors il n’y a pas de problème. Le truc c’est de savoir si on continue les affaires ensemble ou si, si comme pour le reste on doit également se séparer et vendre.

Moi : (Après un moment) Je vois. Je, j’ai un délai de réflexion ?

Loyd : Oui. On va en parler quand il sera question de passer tous nos avoirs au peigne fin. Là c’était juste pour te mettre la puce à l’oreille.

Moi : Ok.

Loyd : Et aussi certains de tes appareils ont été livrés pour le boulot. Je les ai stockés dans une pièce à la maison.

Moi : D’accord.

Loyd : Je suppose que nous aurons aussi à discuter de comment nous allons faire avec les petits.

Moi : Oui.

Loyd : Je ferai un tour à Lambaréné en milieu de semaine pour m’organiser et à mon retour je vais t’appeler pour que nous discutions.

Moi : Ok.

Le silence s’est à nouveau imposé et j’ai tourné la tête pour le regarder avant de lui poser la question que je veux lui poser depuis la première fois que l’on s’est revus.

Moi : Comment vas-tu ?

Il a fermé les yeux et a pris une grande inspiration avant d’expirer. C’est au bout de plusieurs minutes qu’il m’a répondu.

Loyd : (Ouvrant les yeux) Je suis vivant et c’est le plus important. (Regardant sa montre) Je crois que l’on doit rentrer car il commence à se faire tard.

Moi : D’accord.

Nous nous sommes levés tous les deux et nous sommes rentrés dans la maison. Je lui ai souhaité une bonne nuit et j’ai rejoint les enfants. Je me suis rendue dans la douche pour me laver et me brosser avant de venir m’asseoir sur le lit après avoir enfilé la chemise que Loyd m’a prêté. J’ai soupiré et j’ai fini par m’agenouiller au pied du lit pour prier puis j’ai rejoint les enfants. 2h plus tard, mes yeux étaient toujours ouverts car je n’avais pas sommeil. Comme j’avais également soif, j’ai décidé d’aller me chercher une bouteille d’eau et ce faisant, j’ai trouvé Loyd en train de tourner au salon avec les mains sur la tête.

Moi : (Intriguée) Qu’est-ce qui se passe ?

Loyd : (Se retournant pour me regarder) Tu ne dors pas encore ?

Moi : J’ai du mal à le faire.

Loyd : (Silence)

Moi : Et toi ? Pourquoi tu tournes et parles tout seul au salon ?

Loyd : Je n’arrivais pas non plus à m’endormir alors je suis sorti pour me chercher quelque chose à boire.

Moi : Il y en a encore au frigo ? Je parle de l’eau.

Loyd : Oui.

Moi : Je peux en prendre ?

Loyd : Bien-sûr.

Je me suis dirigée vers la cuisine et je suis allée prendre la bouteille. Je suis ressortie et je l’ai agitée devant lui.

Moi : C’était la dernière.

Loyd : J’irai m’en procurer quand il fera jour.

Moi : D’accord. Bon je vais retourner essayer de dormir peut-être que cette fois ci Morphée sera plus clément.

Loyd : (Esquissant un faible sourire) Je l’espère.

Moi : Bonne nuit Loyd.

Loyd : Bonne nuit Lucrèce.

Je me retourne et fais deux pas avant de m’arrêter. Je mets le revers de ma main sur mon visage et les larmes me montent rapidement aux yeux. Je fais volte-face et je vais me jeter dans les bras de Loyd qui me réceptionne en me serrant fortement contre sa poitrine.

Loyd : Reb

Moi : (Serrant son débardeur en pleurant) J’y arrive pas Loyi. J’essaie mais j’y arrive pas.

Il m’a davantage serrée contre lui….

 

L'AMOUR SUFFIT-IL? T...