Chapitre 29
Write by Benedictaaurellia
Le lendemain.
Lomé.
Baguida.
Edmund.
Je mets une dernière
touche avec mon parfum du moment et je suis fin prêt. Je réajuste ma tenue,
vérifie une dernière fois mon reflet dans le miroir de mon dressing et sors. Je
me dirige vers la cuisine et me fais un café bien serré. Quand il est prêt, je
le bois tout chaud et sors de la maison. Je me dirige vers le garage pour y
prendre ma voiture et sortir.
Quand j’arrive à la
voiture, je suis surpris de voir Ainara adossée à la voiture.
Elle : Bonjour mon
Chéri.
Dit-elle en venant me
faire la bise.
Moi : Bonjour.
Mais, que fais-tu ici ? On n’avait prévu de se retrouver cet après-midi
non ?
Elle : Donc tu
n’es pas content de me voir ? Ok. Je retourne chez moi.
Et elle tourne les
talons. Je la rattrape.
Moi :
Attends ! Ce n’est pas ça. Je suis juste surpris de te voir ici. Je ne m’y
attendais pas. J’avais déjà quelque chose de prévu ce matin. Je pensais même
partir comme ça.
Elle : Je vois ça.
Et c’est pour ça que je suis là.
Moi : Comment
ça ?
Elle : Je
t’accompagne là où tu vas.
Moi : Tu as peur
d’éventuelles rivales ?
Elle : Pas du
tout. Je sais que là où tu vas, tu n’y va pas pour faire une promenade de
santé.
Moi : Alors, ou
vais-je ?
Elle : Tu vas voir
Sabine. Tu risques d’aller faire un tapage là-bas donc je t’y accompagne pour
être sûre que tu ne ferras pas trop de dégâts.
A ces mots, je reste la
bouche largement ouverte.
Moi : Mais comment
sais-tu cela ? Je ne t’en ai pas parlé.
Elle : Je te
connais. Hier, je sais que c’est par respect pour Ruth que tu n’as pas traiter
Sabine de tous les noms. Vu que nous sommes revenus tard hier, tu ne pouvais
pas aller la confronter. C’est pour cela que tu y vas ce matin.
Elle a parfaitement
résumé la situation.
Moi : Si tu tiens
tant à venir alors allons-y.
C’est sur ces derniers
mots que nous prenons la route.
Aného (Zébé)
Edmund.
Nous
venons d’arriver à destination. Nous sommes à Zébé, à Aného (ville située à
50km à peu près à l’est de Lomé). Je gare devant l’hôpital psychiatrique de
Zébé. C’est le centre de référence spécialisé dans la prise en charge des
personnes souffrant de maladies mentales ou des troubles liés à l’utilisation
des substances psychoactives. C’est ici que nous avions fait interner Sabine,
il y a quelques mois.
Pendant
les une heure trente qu’a duré le trajet jusqu’à Zébé, ni elle, ni moi, nous ne
sommes adressés la parole. J’avais les yeux rivés sur la route et je me
contentais de fulminer intérieurement. Je fulminais parce que je ne pourrai pas
me laisser emporter. Pas avec elle. Elle le sait, d’où sa présence. Rien que sa
présence fait tomber toute animosité en moi. Sabine a besoin qu’on lui crache
ses quatre vérités et c’est ce que je m’apprêtais à aller faire. Mais avec elle
qui m’accompagne, ça me sera difficile de faire sortir toute cette rage que
j’ai en moi. Votre sœur là, elle me casse tout le feeling.
Même
si je ne l’avoue pas, je n’ai pas encore digéré toutes les informations que
j’ai apprises sur elle et tout ce qu’elle m’a fait subir. Je me suis retenu
pour ne pas faire des dégâts à ce moment-là. Mais apprendre maintenant qu’elle
m’a privé de la présence de mes parents ça, c’est impardonnable.
Quant
à elle, les discrets coups d’œil que je lui lançais de temps à autre, m’ont
fait découvrir qu’elle était perdue dans ses pensées. Je sais pourtant qu’elle
n’est pas dupe. Elle a surpris mon regard plus d’une fois.
Avant
qu’on ne descende de la voiture, elle me dit.
Elle :
Je sais que tu as du mal avec toutes les révélations de ces derniers moments.
Surtout avec l’information que tu as reçue hier. Je sais que tu as besoin
d’extérioriser toute cette peine et cette rage. Mais, la violence n’est pas la
solution. Un dialogue pacifique, c’est ça l’idéal. Essaye de te retenir quand
tu seras face à elle. D’accord ?
Moi :
Je ne te promets rien. Je vais essayer.
Elle :
C’est déjà ça. On y va ?
Moi :
Tu n’oublies rien ?
Elle :
Quoi donc ?
Je
tapote ma bouche avec mon index. Elle comprend, s’approche de moi et me dépose
un bisou furtif sur ma bouche.
Moi :
Quoi ? C’est tout ?
Elle :
Si tu es sage là-bas, tu en auras plus. Dit-elle en désignant l’intérieur du
bâtiment.
Il
n’en faut pas plus pour me motiver.
C’est
tout sourire que nous descendons de la voiture et nous nous tenons les mains
pour entrer dans le bâtiment.
Une
fois à l’intérieur, nous nous dirigeons vers l’accueil. Moi qui faisais la
grande gueule, me voilà qui tremble à présent. Dans le hall, on sent une odeur
de détergent mélangé à de l’alcool. Odeur typique des hôpitaux. C’est
finalement Ainara qui prend les devants. Elle me conduit à l’accueil. Une dame
d’âge mur s’y trouve. Ainara lui explique la raison de notre venue. La dame
nous demande de patienter un instant, non sans avoir pris le nom de Sabine et
le mien. Elle vient nous retrouver quelques instants plus tard.
La
dame : Je suis désolée mais, vous ne pourrez pas la voir.
Moi :
Pourquoi ?
La
dame : Disons qu’elle n’est pas dans ses bons jours.
C’est
celle-là même qui va faire que je vais péter les plombs ici. Je m’apprête à lui
dire un mot quand Ainara dit.
Ainara :
S’il vous plait Madame, pouvez-vous nous expliquer la situation en
détail ? Nous avons fait un long chemin pour la voir. On ne pourrait pas
repartir bredouilles comme ça.
La
dame : Je ne suis pas habilitée à vous expliquer son problème. Je vais
vous conduire chez son médecin traitant. Il saura mieux vous expliquer.
Ainara :
Merci Madame.
Après
avoir parcouru plusieurs couloirs, nous nous retrouvons devant un bureau. La
dame nous introduit.
Elle :
(au médecin) Pr, je vous présente Mr et Mme TOMETI. Ils sont là pour Mme Sabine
TOMETI. Ils aimeraient comprendre le cas de leur mère. (A nous) Je vous
présente le Professeur GRUNISKY.
Pr
GRUNISKY : Ravi de faire votre connaissance
Nous :
Le plaisir est partagé.
Pr GRUNISKY : Prenez place s’il vous
plait.
Une
fois les présentations faites, la dame s’éclipse.
Pr
GRUNISKY : J’ai cru comprendre que vous souhaitez avoir des informations
sur Sabine TOMETI ?
Moi :
En effet. Je suis son fils et voici ma femme. Nous étions à l’étranger et nous
venons d’arriver.
Pr
GRUNISKY : Son cas est compliqué. Quand elle est arrivée ici, elle passait
le temps à délirer. Elle parlait de sacrifices qui ont mal tournés, d’une de
ses cousines et plein d’autres choses.
(A
titre de confidence) Personnellement, je pense que c’est plus spirituel qu’autre
chose.
Moi :
Et sur le plan médical ?
Pr
GRUNISKY : On n’a pas pu établir un diagnostic en bonne et due forme. Elle
présente à la fois les symptômes de plusieurs maladies. En plus, elle semblait
avoir une addiction à la drogue. On a essayé dans un premier de la
désintoxiquer et ça n’a pas été sans mal. On continue cependant la procédure.
Moi :
Je vois. Est-ce qu’elle va mieux ? Est-elle lucide maintenant ?
Pr
GRUNISKY : elle a des moments de lucidité. C’est rare mais ça lui arrive.
La plupart du temps, elle est agitée et très violente. A la fois avec le
personnel et les autres patients. Ce qui fait qu’on est obligé de l’isoler et
de lui administrer des calmants.
Ainara :
Mais, les calmants, n’entravent-ils pas le processus de désintoxication ?
P
GRUNISKY : en effet, c’est le cas. Mais, vu son cas, nous n’avons pas le
choix. Sans cela, elle risque de s’en prendre à elle-même. Il y aussi des
moments où elle est très calme. C’est
tout cela qui fait que son cas est complexe.
Moi :
Est-ce que nous pouvons la voir ?
P
GRUNISKY : Je crains que non. Elle a fait une crise de violence pendant la
nuit. Du coup, nous lui avons injecté des calmants. Elle est toujours
inconsciente.
Moi :
Quand est-ce que nous pourrons repasser pour la voir ?
P
GRUNISKY : Je ne peux pas vous le dire. Elle n’est pas fixe. Mains,
laissez-moi votre carte. Dès qu’elle ira mieux, on vous fera signe et vous
pourrez passer la voir.
Moi :
Bien. Merci Professeur.
Nous
échangeons une poignée de mains avec lui et nous prenons congés.
Dès
que nous revenons à la voiture.
Ainara :
ça va ? Pas trop déçu ?
Moi :
Si quand même un peu. Mais ce n’est que partie remise.
C’est
ainsi que nous reprenons la route de Lomé. Cette fois-ci, le trajet se fait
dans une ambiance bon enfant.