Chapitre 3

Write by Josephine54

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        Beverly 


Nous étions vendredi et un long week-end m’attendait. Heureusement, le premier cours de la journée commençait à 11 h. Je m'étais levée très tôt ce matin pour préparer le petit-déjeuner de mes cadets et le repas de la journée. J'avais ensuite réveillé mes trois plus jeunes frères, car ils avaient tous moins de dix ans et n'entendaient généralement pas leur réveil sonner.

Je me sentais assez fatiguée. J’étais rentrée hier du boulot à 23 heures et avais trouvé mes parents en pleine dispute. Papa était ivre comme d’habitude et interdisait apparemment à maman de sortir de la maison. 

- Tu ne vas nulle part Hélène, avait hurlé papa. 

- Et qui va m’en empêcher ? Un ivrogne comme toi peut-être ? avait répliqué maman.

- Je ne te le permets pas Hélène. 

- Mais regarde-toi, bon sang, tu ne tiens pas debout, tu passes ton temps à te soûler la gueule du matin au soir. Viens donc m’empêcher de sortir. 

- Tu me défies, Hélène ? s'était écrié Papa, la voix embrumée par l'alcool.

Il s'était ensuite levé d'un pas chancelant et avait tenté de courir vers Maman. Mais, bien évidemment, il n'avait pas fait quelques mètres avant de s'écrouler. Malheureusement, en tombant, il s'était cogné la tête contre le bout d'une chaise et son sang avait giclé partout.

- Papa, avais-je hurlé en courant vers lui. 

J’avais ensuite entendu la porte de notre chambre grincer et Virginie, ma sœur cadette, âgée de 18 ans, était apparue. Elle avait une expression paniquée au visage. 

- Que se passe-t-il ? s’était-elle exclamée. 

Je crois que mon cri l’avait alertée, car elle ne sortait jamais de la chambre quand les parents se disputaient. Elle m’a dit en avoir marre de devoir gérer les problèmes d'adultes. 

- Papa est tombé et il perd du sang, apporte de quoi lui faire un pansement rapidement !

J'avais rapidement pansé la plaie de Papa. Puis, avec l'aide de Maman et de Virginie, nous l'avions transporté jusqu'à sa chambre.

Nous étions ensuite allées dormir de notre côté et j’avais cru être dans un film d’horreur quand mon réveil avait sonné ce matin. 

Je m'étais péniblement levée du lit et étais restée assise un long moment. J'avais ensuite réveillé mes cadets."

- Kylian, Annaella et James, levez-vous, dis-je en les secouant délicatement.

- Mais j’ai encore sommeil…, se lamenta Kylian en s’enfonçant un peu plus dans le lit.

- Je sais, mon bébé, mais il faut vraiment que tu te réveilles.

Je l'avais ensuite pris dans mes bras et emmené aux toilettes pour une douche rapide, après m'être assurée que les autres étaient bien réveillés.

Ils avaient tous mangé et comme de coutume, j’avais accompagné les plus petits à l’école. J’étais ensuite rentrée à la maison, avais pris une douche et m’étais rendue à mon tour en fac. 

- Bonjour Beverly, entendis-je dans mon dos.

Je me retournai et vis sans surprise Arthur. 

- Bonjour Arthur, dis-je en répondant au large sourire qu’il avait sur le visage. 

- Tu vas bien ? demanda-t-il. 

- Assez bien, merci et toi ? 

- Je vais bien. Je tenais encore à te remercier pour le matériel que tu m'as donné mardi. J'ai déjà fait toutes les photocopies. Il est ici," dit-il en me montrant mon petit sac, que je lui avais remis il y a quelques jours après qu'il m'eut demandé, d'un air embarrassé, si je pouvais lui prêter les notes que j'avais prises depuis le début de l'année.

- Je t’en prie, répondis-je avec sourire. 

Arthur était une personne vraiment gentille et courtoise. Nous avons eu l'occasion de causer quelques fois et je devais admettre qu'il m'avait donné une très bonne impression.

- Peux-tu me le passer ? dis-je en lui tendant la main. 

- Mais non, je le tiens jusqu’à la salle de classe. Tu pourras le prendre à la fin des cours. 

- Euh, en fait, je vais devoir m’éclipser avant la fin du cours. Je dois bosser ce soir. 

- Tu bosses déjà ? demanda-t-il d'un air surpris. Que fais-tu exactement ? 

- Je travaille dans un bar le soir et les week-ends. 

- Je vois, en tout cas, beaucoup de courage, lança Arthur d’un ton aimable. 

- Merci, répondis-je en souriant. 

- Si tu veux, je pourrai rentrer chez moi avec ton sac et te l’apporter lundi pour t’éviter de transporter cette charge toute la journée. 

- Ça changera pas grand-chose, car je bosse lundi aussi, merci tout de même. 

- N’as-tu jamais de jour libre ? demanda Arthur. 

- Je ne travaillerai pas mardi la semaine prochaine. 

- D’accord, je te l’apporterai donc mardi, conclut Arthur.

- T’es sûr que cela ne te dérange pas ? 

- Pas du tout, répondit-il d’un air affable. 

- Merci donc, lui dis-je d’un air reconnaissant. 

Je devais admettre que le sac était assez lourd et que j'avais pas mal trimé pour le lui apporter la semaine dernière.

- Je t’en prie. 

Nous avions cheminé ensemble jusqu’à la salle de classe

- Ha, il y’a deux places libres là, me lança Arthur d’un ton naturel. 

- Euh, en fait, je dois réserver une place pour Amanda aussi. 

- Je vois, répondit Arthur en parcourant la salle du regard. Il y en a trois autres là, reprit-il en m’indiquant un point à l’autre bout de la salle. 

- Allons-y, répondis-je en le suivant. 

Je ne saurais expliquer, mais je ne me sentais plus aussi embarrassée de m’asseoir près de lui comme le premier jour. 

- Tu vis à Yaoundé depuis longtemps ? me demanda Arthur. 

- Oui, j’y suis née, lui répondis-je. Et toi ? Tu m’as dit lundi que tu étais nouveau en ville. 

- Oui, je suis de Douala. 

- Je vois, pourquoi venir poursuivre tes études à Yaoundé ? Douala a beaucoup d’universités et de centres de formation, lui demandai-je naturellement en tournant le regard vers lui. 

J’eus l’impression de lire de l’embarras dans ses yeux. 

- Euh, c’est assez compliqué, répondit-il finalement. 

- Je vois, dis-je, embarrassée. 

Ma curiosité me coûtera cher un jour, pensai-je. On resta dans un silence assez pesant, heureusement rompu par l'entrée du prof. Le cours commença et se termina sans qu'Amanda ne se pointe, et il en fut de même pour le cours suivant.

Je pris mon téléphone pour lui envoyer un message. 

“Je ne viendrai pas aujourd’hui. Je te raconterai tout lundi.”

“J’espère que c’est sérieux pour que tu sèches les cours ainsi.”

“À lundi, ma belle”, répondit-elle simplement. 

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Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)

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Je me demandais bien ce qu’Amanda avait à faire de si important pour sécher les cours. 

- Et ta copine ? demanda Arthur comme s’il avait lu dans mes pensées. 

- Elle ne viendra pas aujourd’hui, lui répondis-je d’un air embarrassé. 

- Rien de grave, j'espère ? 

- Je ne pense pas, répondis-je simplement. 

Il était actuellement 17 h et il fallait que je trouve une stratégie pour sortir du cours sans me faire remarquer. 

- Euh, Arthur, je vais y aller, murmurai-je. 

- D’accord, répondit-il sans se lever pourtant. Si ça ne te dérange pas, pourrions-nous échanger nos numéros ? 

- Pas de problème.

Arthur enregistra mon numéro et je fis de même du sien. 

- Bon beh, bon boulot alors, me souhaita Arthur en se levant finalement. 

- Merci beaucoup, répondis-je en me levant d'un coup et en sortant de la salle.

Je sortis de la fac et hélai un moto-taxi qui me déposa quelques minutes plus tard devant le bar. Je travaillerai ce soir jusqu’à minuit, demain de 16 h à 2h du matin, et dimanche de 16 heures à minuit. 

Je bossais une fois de plus en évitant les mains baladeuses des clients. J'avais failli gifler un client qui avait passé sa main sur ma fesse, mais j'avais dû faire appel à tout mon sang-froid et me rappeler que ce travail de merde m'était indispensable.

À la fin de mon tour de travail, Valéry vint me chercher comme d’habitude. Il me déposa directement à la maison. Je fis un saut rapide aux toilettes pour me débarbouiller et me jetai simplement sur mon lit pour un sommeil réparateur. 

Le lendemain matin, samedi, je traînai un peu au lit et me levai vers 9 h. Je trouvai maman et papa assis dans le salon, conversant joyeusement. Je ne comprendrai jamais ce couple. Hier encore, ils étaient sur le point de s'étriper, et ce matin, la paix semblait régner entre eux.

Je lançai une salutation rapide dans leur direction et me rendis ensuite à la cuisine. Je réchauffai simplement le reste de la nourriture de la veille, et on le mangea comme petit-déjeuner. Les parents se joignirent même à nous, et nous mangeâmes tous dans la bonne humeur. Si seulement cette matinée pouvait représenter la normalité de notre vie de famille, mais malheureusement, c'était simplement une exception. Le chaos représentait mieux notre quotidien. 

Je contrôlai ensuite les devoirs de mes cadets. Malheureusement, je n'avais pas le temps de le faire en semaine, et c'était généralement Virginie qui s'en chargeait. Je prenais tout de même la peine de tout vérifier durant le week-end et de réviser un peu avec eux, dans la mesure du possible, tout en essayant de ne pas délaisser mes propres études.

Je devais prendre le service au bar à 16 heures aujourd’hui. Il était déjà 14 h 30. Je me sentais pratiquement au bout du rouleau avant même d’avoir commencé à travailler. J’avais vraiment besoin de me relaxer quelques minutes avant d’y aller. 

Je me rendis dans la chambre. Deux de mes frères s'y trouvaient. Je leur demandai de sortir pour que je puisse me reposer, ce qu'ils firent sans objection.

J'étais sur le point de m'étendre sur mon lit quand mon regard se posa sur mon téléphone. Je le pris et vis avec stupéfaction que j'avais reçu un message d'Arthur, hier en soirée.

Je l'avais jeté sur le lit après la bagarre de mes parents, et j'étais tellement fatiguée que je n'y avais même pas prêté attention.

J'ouvris le message d'Arthur, me demandant bien ce qu'il pouvait contenir. Nous nous connaissions à peine.

“ Salut Beverly, juste pour t’envoyer la partie du cours que tu t’as manquée hier soir.”

À la suite de ce message, plusieurs photos s’affichèrent. 

“Bonjour Arthur, merci beaucoup, c’est vraiment gentil de ta part.”

Je me demandais tout de même quand est-ce que j'aurais trouvé du temps pour étudier.

“ Ton week-end se passe bien ?” demanda Arthur. 

Il était apparemment près de son téléphone.

“ Oui, je ne me plains pas, et de ton côté ?”

“ Bof, ça va, je m’ennuie un peu.”

“J’imagine bien, ne connaissant presque personne dans la ville, c’est tout à fait normal.”

“Exactement” 

Un petit moment de vide s’installa. 

“Je vais devoir te laisser. Je dois bosser tout à l’heure.”

“ D’accord, bon week-end et bon boulot à toi.”

“ Merci, à toi de même.” répondis-je en posant le téléphone sur le sol. 

Je restai étendue pendant une demi-heure avant de me lever et de m’apprêter rapidement pour le boulot. 

Mon week-end passa tellement rapidement que, bien vite, nous étions lundi. J'arrivai en fac vers 10 heures et, alors que je cherchais des yeux une place disponible, je vis une main au bout de la salle qui me faisait apparemment signe. Je regardai avec intérêt et me rendis compte qu'il s'agissait d'Arthur.

Il accentua son geste en m'invitant visiblement à le rejoindre. Je comblai donc la distance qui nous séparait.

- Bonjour, lança Arthur avec un large sourire tout en m’indiquant la place libre près de lui. 

- Bonjour, répondis-je un peu embarrassée en m’y installant.

- Amanda pourrait s’asseoir près de toi, m’informa Arthur. 

- D’accord, merci bien. 

Nous avions encore cinq minutes avant le début des cours. 

- Ton week-end a été ? Pas trop fatiguée ? s’enquit Arthur. 

- Un peu tout de même, répondis-je en lui faisant un faible sourire. 

- Je n’ai pas oublié tes effets, je te les apporte demain. 

- Merci Arthur. 

Le professeur entra quelques instants plus tard et le cours put enfin commencer. Comme à son habitude, Amanda arriva près d’une demi-heure après le début du cours. 

- Bonjour, merci pour ma place, me chuchota Amanda en s’installant discrètement près de moi. 

- Tu devrais remercier Arthur, c’est lui qui a réservé nos places.

- Hum, je vois, répondit Amanda d’un air ravi. 

- Haha, je te vois venir, lui chuchotai-je à l’oreille. 

- Haha, tu ne vois rien du tout, me répondit Amanda.

Elle se tourna ensuite vers Arthur et lui fit un large sourire. 

- Merci de m’avoir réservé la place, lança-t-elle en minaudant. 

- Il n’y a pas de quoi, répondit Arthur d’une voix forte.

Je secouai légèrement la tête et cherchai à me concentrer sur mon cours. La pause de midi arriva bien rapidement. 

- J’ai un petit creux là, lança Amanda avec désinvolture. Vous venez manger un morceau avec moi ? 

Arthur me regarda comme s’il quêtait ma réponse avant de donner la sienne. 

- Oui, pourquoi pas ? De toute façon, je n’aurai plus le temps de le faire après. 

- C’est bon pour moi aussi, répondit Arthur. 

On héla simplement un vendeur ambulant qui passait par là. Ce dernier avait sur sa tête un plateau contenant des œufs bouillis, du piment, des boîtes de sardines, et dans sa main libre, il tenait un sac contenant des baguettes.

Chacun commanda du pain selon son goût et régla individuellement sa note.

On retourna en fac en mangeant et on s’installa à l’ombre d’un arbre pour finir notre repas. 

- Alors, Arthur, pourrais-tu en dire plus sur toi ? demanda Amanda d’un regard enjôleur. 

- Bah, je ne saurai quoi te répondre. J’ai 21 ans et je suis à Yaoundé depuis une semaine déjà. 

- Les universités de Douala ne te convenaient pas ? demanda Amanda. 

Elle avait posé la même question que moi il y a quelques jours, et je vis une fois de plus de l’embarras apparaître sur les traits d’Arthur. 

- Hum... disons simplement que j’avais besoin de changer d’air. 

- Je vois, répondit Amanda. 

- Euh, les filles, on se dit à plus tard, je fais un saut aux toilettes. 

- D’accord, répondis-je simplement. 

Arthur s'éloigna rapidement tandis que je tournais mon regard vers Amanda. Cette dernière le regardait s'éloigner avec une expression rêveuse sur le visage. Elle tourna ensuite son regard vers moi et me fit un large sourire.

- Hum... on ne peut pas dire que tu sois particulièrement discrète, hein, lançai-je d’une voix rieuse. 

- Haha, le gars est un bon morceau. Hum, as-tu vu ses lèvres ? Elles donnent simplement envie de les dévorer. 

- Haha, bonne chance en tout cas. 

- Ouais, j’en ai besoin apparemment, soupira Amanda, on dirait que je ne l’intéresse pas, mais je compte tout de même tenter ma chance. 

- Je vois, répondis-je simplement. Alors, à quoi était due ton absence de la semaine dernière ? 

- Hum, tu ne devineras jamais. J’ai fait la connaissance d’un monsieur au supermarché Casino. Hum, il a l’air d’en avoir dans les poches en tout cas. Il m’a invitée à manger et je ne voulais pas laisser passer ma chance. 

- Attends, tu as accepté de le suivre quelques minutes après l’avoir connu ? Comme si tu n’avais rien à faire de ta vie ? 

- Et alors ? Ton problème se trouve à quel niveau ? me demanda Amanda tout à coup sur le qui-vive. 

- Désolée ma belle, je ne te juge absolument pas. Et François ? 

Amanda était censée être en couple avec François depuis près de six mois. 

- Bah, il commence sérieusement à me faire chier. 

Apparemment, ils la faisaient tous chier au bout de quelques mois.

- Mais je pensais qu’il était différent ? insistai-je en me rappelant son enthousiasme au début de sa relation.

- Bah, apparemment non ! 

On retourna en salle de classe et Arthur y était déjà installé. Il nous fit simplement un signe de la main nous invitant ainsi à le rejoindre. Amanda se précipita pour occuper la place près de lui.


Manipulation sentime...