Chapitre 3
Write by Sandra Williams
Chapitre trois
Guerria, l’aéroport National
L’avion qui allait les ramener à Guerria ne comptait qu’une poignée de passagers. Rémy s’en était à peine rendu compte puisqu’il était plus préoccupé par ce qu’il apprenait sur Guerria sur le net. Un des articles publiés retenait particulièrement son attention.
‘’Depuis vingt ans le pays vit toujours dans l’ombre de l’horreur. Quinze années de guerre et d’instabilité politique... La mort du président en 1992 dans le coup d’état orchestré par son plus fidèle homme de main, le commandant Mr David Kinkwe a bouleversé toute la nation guerriane et le peuple continue d’en payer les frais… Au lendemain de la guerre, on se demande jusqu’à ce jour si la Guerria retrouvera son sourire d’il y a longtemps. Ensemble ses fils œuvrent pour un avenir radieux loin du traumatise post guerre…’’
Rémy continua avec sa lecture. Il passa à un autre article cette fois.
‘’Espéria reste la seule ville plus ou moins non dévastée par la rage de la guerre. Ce qui n’est point le cas de sa banlieue beaucoup plus connue sous le nom ‘’Désespéria’’ qui n’est plus que l’ombre de ce qu’il a été. Elle se trouve dans les mains du célèbre Bayi ADALA un disciple de la paix qui œuvre pour son redressement. Le rêve étant permis, nous espérons qu’il réussira à réaliser ce mythe et rendre à Désespéria sa splendeur…’’
‘’Les prochaines campagnes électorales opposaient des hommes politiques qui promettent tous la paix et le développement durable du pays. Cependant, le pays sommeille toujours dans une insécurité handicapante. Chaque jour des attaques et des morts envahissent les places publiques et promettent un futur douteux…’’
Après plus d’une journée de vol, ils arrivèrent sur la terre promise. Rémy était sur le sol guerriane. Une fois les dernières vérifications faites, il récupéra ses bagages et sortit de l’aéroport. Contrairement à ces attentes, l’aéroport était grand, assez luxueux et l’accueil très aimable. Il sortit et réussit à se dégoter un taxi sans même se gêner pour autant. Le taxi se gara instinctivement devant l’étranger et le chauffeur klaxonna exprès pour attirer son attention. Jusque-là, Rémy se sentait confiant. Il avait à la main la carte de Guerria, au cou son appareil photo, au dos son sac, et surtout ses verres qui lui donnait un air très sérieux et mystérieux.
— Vous partez ou non ? s’exclama le chauffeur agacé de passer inaperçu devant Rémy.
— Je vais à ESPERIA ! Vous connaissez ?? marmonna Rémy pour satisfaire son potentiel chauffeur.
— Ah ! Ah ! Ah ! Ah !!! Moi si mais toi visiblement non. Nous sommes déjà à Espéria du con, dit-il en ricanant.
— Ah ! oui, excusez-moi ! je viens juste d’arriver donc je ne connais pas vraiment le coin. Pouvez-vous me conduire à cet endroit ? dit-il en indexant Désespéria sur la carte qu’il montra au chauffeur.
— Vous vous rendez plutôt à l’autre côté d’Espéria, Désespéria ! Que peut bien vouloir faire un homme de votre tripe en ces lieux. Grimpez ! dit-il d’une voix grave avant de porter à sa bouche sa pipe.
C’était un homme d’âge mur avec le visage parsemé de rides. Il avait sur la tête un vieux chapeau troué qui couvrait à peine sa coupe de chevelure mal coiffée. Une main ridée, posée sur le volant, il ne se donna pas la peine d’aider Rémy à ranger sa valise dans la voiture. Le jeune homme se débrouilla comme il le pouvait et classa ses bagages à l’arrière de la voiture avant de monter à l’avant. Une odeur de fumée mélangée à de l’herbe l’embauma. Rémy était un fumeur mais là il venait de rencontrer une catégorie bien supérieure à lui. Il se retint pour ne pas demander au vieil homme de se passer de son joujou pour son bien. Rémy était bien trop intelligent pour s’embrouiller avec sa première connaissance en territoire étranger. Il était comme une petite fourmi dans une jungle. Il fallait en premier lieu faire un sondage des habitudes et du degré de nervosité de ses hôtes. Il se tient sagement à côté du chauffeur qui roulait drôlement bien.
Rémy prit donc la peine de contempler tout ce qu’il voyait depuis la voiture. Il regardait avec intérêt les constructions, les rues, les voitures qui les dépassaient, les jeunes gens dans les ruelles, les quelques boutiques qui longeaient la voie et les infrastructures de la ville d’Espéria. Il était surpris de voir tant de belles choses dans un pays ayant vécu vingt années de guerre. Il se retourna en direction du vieil homme et extériorisa sa joie.
— Quelle belle ville ! s’écria Rémy.
— Ne vous leurrez pas, mon petit ! C’est la seule partie de tout le pays qui a conservé sa beauté. Et pourquoi ? parce que c’est ici que vivent ceux que nul ne peut toucher. Le reste, nous sommes bon à crever et giser sur le sol comme des cabris de Tabaski, répondit d’un ton agressif et révolté le vieux taximan. Le plus surprenant était qu’il déversait toute cette rage la pipe dans la bouche. Rémy pensa sur le moment qu’il avait affaire à un vétéran.
— Je ne savais pas ! j’ai appris que le pays baignait dans une crise politique mais je ne m’imaginais pas l’ampleur des dégâts, dit Rémy calmement tout en espérant baisser la colère de l’homme.
— Normal ! Vous les hommes riches du haut de vos gratte-ciel vous pensez que les autres vivent du pain et du vin. Tu parles ! venir ici pour des vacances c’est comme se payer des tickets pour l’enfer. Ma famille et moi, nous allons bientôt quitter ce pays maudit et nous réfugier sur la terre promise, dit-il le visage luisant d’espoir.
— Je vous souhaite le meilleur à votre famille et vous, dit Rémy.
— Et je vous souhaite beaucoup de chance pour votre séjour en ces lieux, dit-il sa pipe toujours à sa place.
La ville commençait à présenter un nouveau visage. Le genre fade, meurtri, hanté, miséreux et crasseux. Le chauffeur traversa une barrière gardée par des hommes armés avec qui il discuta un moment en langue vernaculaire. La conversation se fit calmement et ils réussirent à passer sans aucune objection. Après une dizaine de conduite, il se gara dans une ruelle et sortit la valise de Rémy. Il remonta dans sa voiture et tendit la main à son client. Le jeune homme fouilla dans sa poche et brandit un billet au vieil homme. Le temps de lui demander où se loger pendant la courte durée de son séjour, le vieil homme avait déjà démarré, seule une grosse nuée de poussière se fit voir derrière lui.
— Mais, ma monnaie !!!! renchérit Rémy.
Après un moment d’étonnement, il se décida à continuer sa course à pied. Il se retourna pour prendre sa valise mais à sa grande surprise, il n’y a plus de valise. Pas de voleur à l’horizon. Pas de témoins à l’horizon. Il venait de prendre conscience du genre d’endroit dans lequel, il avait atterri. Heureusement qu’il avait son sac à dos et son portefeuille dans sa poche. Il entreprit une marche sans pour autant de destination en vue.
Il échoua en fin de compte devant une vieille construction sur laquelle il avait un écriteau sur lequel on pouvait lire ‘’Pension de Guéya’’. Rien de mieux pour lui, un jeune voyageur sans un sous et cambriolé. Rémy ne réfléchit point. Il entra dans l’enceinte de la maison. L’intérieur était mal éclairé et sans intérêt. Trois tables étaient alignées dans l’aile gauche de la pièce. Autour de chacune d’elle, étaient installées quatre chaises en bois aussi vieilles l’une que l’autre. Une carafe d’eau et des plats propres en verre étaient posées sur la table du milieu. De loin, Rémy vit une jeune femme qui faisait sans doute la vaisselle dans une forme de cuisine traditionnelle. Les murs étaient recouverts d’une épaisse couche noire qui avait peint la cuisine en noire. Elle était absorbée par son travail. Rémy posa son sac à dos sur l’une des chaises et se dirigea vers elle.
— Bonsoir Mlle ! dit-il poliment.
— Qui êtes-vous et que cherchez-vous là ? demanda la femme au visage bien plus âgée que Rémy ne le pensait.
— Calmez-vous Mme, je cherche juste un endroit où me loger. Et j’ai vu qu’il y avait écrit sur la pancarte Pension, se défendit Rémy en faisant un pas en arrière.
— C’est bien une pension ! reprit-elle le visage renfrogner.
— Je désire me loger ici si vous me le permettez, dit Rémy calmement.
— Pendant combien de temps, demanda une voix plus fine, douce, agréable et mieux accueillante.
— Je ne sais pas encore, répondit Rémi en détournant le regard vers la charmante jeune dame qui venait de parler. Elle était belle, douce, imposante dans sa posture. Rémy fut flatté de tomber sur une si belle créature au milieu de ce carnage.
— La nuit est à 120 pièces. Si cela vous convient, je vous conduirai dans une de nos chambres libres.
— C’est parfait pour moi, dit-il le visage plus serein.
Il prit son sac et suivi la jeune femme dans les marches d’escaliers. Ils prirent le couloir droit devant eux et s’arrêta devant une porte. La chambre n° 5 était celle de Rémy dorénavant. Elle l’ouvrit d’un trait et invita le jeune homme a entré. Rémy jeta un coup d’œil rapide à l’intérieur et entra.
C’était là tout le contraire de ce à quoi Rémy était habitué. Aucune ressemblance avec un hôtel cinq étoiles. Il avait là un petit studio avec une table en bois rongée par les termites, une vieille chaise branlante, un lit une place et une salle de bain en plus d’une armoire qui tenait à peine debout.
— La voilà ! vous avez là un lit, une couverture, une salle de bain et au fait le robinet ne fonctionne plus. Je vous ferai monter de l’eau chaque matin et tachez d’en faire bon usage. La chaise que voici est presque usée faites gaffe. Le petit dèj est à 7h pas plus et le dîner est à 20h. Si vous avez des questions, posez-les ! Dans le cas contraire, je vous laisse vous familiariser à votre nouveau chez, dit-elle spontanément. Rémy cru un instant lire de l’ironie sur ses lèvres.
— Où puis-je signaler la disparition de mes effets. On me les a volés à peine arrivé, dit-il l’air préoccupé.
— On vous a menacé pour vous les prendre ? demanda-t-elle instinctivement.
— Non ! répondit Rémy.
— Vous avez vu les voleurs ?? reprit-elle.
— Non !! dit Rémy.
— Vous êtes d’ici ? dit-elle.
— Non !!!
— Avez-vous des preuves ?
— Euh…Non !!!
— Des témoins alors ? continua la jeune femme.
— J’en sais rien !! s’écria Rémy presqu’à bout.
— Alors oubliez vos effets ! conclut-t-elle sans aucune compassion.
— Mais j’ai des choses très importantes qui m’ont été volé ! s’exclama Rémy.
— Faites-vous une raison Mr…
— Rémy, Rémy MAQUEZ, dit-il.
— Faites-vous une idée Mr Rémy et bienvenu à GUERRIA ! dit-elle avant de disparaître de la pièce, laissant la clé sur la table.
Un autre choc pareil et Rémy hurlerait. Ce chauffard de taximan lui vole sa monnaie et sa valise disparaît ensuite comme par miracle. Rémy se demanda dans quel genre de ghetto il avait atterri. Ebahi par l’insouciance de la jeune femme vis-à-vis de son malheur il resta pendant un instant figer sur place. Il se contenta de poser ses deux fesses sur le lit bien dressé. Un bruit de coulissement lui rappela qu’il avait sans doute prit quelques kilos récemment.
Au crépuscule, Rémy porta son appareil photo au cours. Il sortit de la pension pour s’engager dans une promenade exploratrice. Cependant, il se demandait s’il y avait quelque chose d’intéressant dans cette partie d’Espéria. Tout autour de lui respirait le calme et la tristesse. Les habitations mal coiffées de part et d’autre de chaque rue rendait son sourire à la misère. Le degré de pollution dans cette simple partie de la ville était inquiétant. Les ruelles étaient inondées de tout type de matières destructrices de la beauté de l’environnement. Le caractère boueux des eaux stagnantes témoignait de toute l’insalubrité régnant à Désespéria. Les quelques animaux domestiques qui se promenaient de quartier en quartier venaient s’y soulager. Tout portait à croire que les habitants avait pris l’habitude de vivre avec l’odeur nauséabonde qui agressait l’odorat. Rémy trouva néanmoins le moyen d’égailler sa soirée. Il prit en photo quatre petits chenapans qui se roulaient dans la boue riant en chœur. La joie qui jaillissait de leur échange de rire dessina un sourire radieux sur le visage de Rémy. Il immortalisa le moment avec une vue sur son appareil. Il continua sa découverte. Au coin de la rue, son attention fut attirée par deux jeunes filles de la quinzaine qui se plotaient à un jeune homme plutôt aisé. Le spectacle qu’offrait ces trois-là était aussi répugnant que drôle. Une des jeunes filles en petite culote avec un haut qui laissait voir son nombril caressait la barbe du jeune homme avec délicatesse. L’autre beaucoup plus corpulente avec une poitrine volumineuse frottait son immense fessier contre le pantalon de sa proie. Le type devait avoir dans la vingtaine. Adossé au capot d’un vieux Toyota ancien modèle, il faisait le paon et le zélé. Ensemble ils riaient de leur absurdité. Rémy captura le moment où ils riaient aux éclats sans se soucier du reste du monde. L’étranger traversa la rue et poursuivit son chemin. A une centaine de mètres, un petit groupe de jeunes garçons jouaient au foot sous les encouragements d’un autre groupe de fille. Le terrain de jeu était un vieux dépôt constituer d’épaves de voiture. Ils avaient eu le bon sens d’aménager une partie qui servait de terrain de jeu. Les deux plus âgés d’entre les garçons tenaient les deux camps. Le groupe de fille occupaient les épaves et chantonnaient en langue vernaculaire. Leur effort était récompensé puisque les joueurs gagnaient en confiance et en endurance. Les passes s’enchaînaient dans la marre de boue qui ne les retenait pas. Leur visage sale et dégoûtant n’empêchait en rien leur détermination. Une belle vue de cette scène merveilleuse enrichit la galerie de Rémy. Il jeta un coup d’œil à l’appareil. La photo retraçait trait pour trait la scène réelle que Rémy avait sous les yeux.
La balade devenait de plus en plus prometteuse. La scène suivante incarnait l’agilité des mains d’une potière, la beauté du talent d’une femme, l’amour dans chaque détail et le soin porter à l’œuvre. Plusieurs pots fait à la main et en terre cuite étaient étalés à la vue de tous. Le jeune homme admira pendant un instant le travail acharné de la petite dame. Les yeux fixés sur son travail, elle s’essuya le front et se lança sur une nouvelle pâte à modeler. En face un petit garçon jouait les donjuan avec une charmante petite fille. Plus rien n’étonnait dorénavant Rémy. Mais un petit détail sur le petit garçon maigrichon avec des propos bizarre retint son attention.
— Salut la belle Zeneba, tu vois un peu la classe que j’ai ce soir ? dit le petit inconnu en bougeant ses sourcils pour impressionner la petite fille.
— Qui as-tu encore volé ? dit-elle d’un seul coup sans ménager un peu son dragueur. Elle n’avait vraiment l’air emballé par le style ridicule et raté de son interlocuteur. Ces nombreuses tentatives avaient été vaines. La femme ! qu’est-ce qu’elle peut se montrer cruelle, pensa Rémy qui assistait à la scène.
— Mais qui a dit que j’avais volé ceci ? dit-il soudain, offensé par les propos de sa bienaimée. C’est mon oncle qui vit de l’autre côté de la Mer qui est rentré. Il m’a apporté plein de choses. Je pourrai t’en offrir une si tu es gentille avec moi, reprit-il en caressa le menton de Zeneba à l’aide de son pouce et son index. La petite fille lui dessina un sourire. Sur le coup le petit garçon se vit pousser des ailes. Rémy de l’autre côté de la rue ricanait de l’accoutrement du dragueur novice et surtout de son impertinence. La chemise bleue qu’il portait engouffrait tout son petit corps mal famé. Les pieds nus et tout sale, le petit garçon au visage creux portait fièrement des lunettes solaires qui lui pendait au nez. Quel manque de goût ! se dit Rémy avant de remarquer la ressemblance existentielle entre deux des effets qui se trouvaient dans la valise qu’on lui avait volé et certains articles sur son potentiel voleur.
— C’est vrai ce que tu Me dis là ? je pensais que tu n’avais plus de famille ! ils sont censés être mort pendant la guerre, non ? dit la jolie Zeneba pessimiste.
— Disons que je l’appelle oncle parce qu’il est gentil et super riche. Si tu ne Me crois pas sens un peu ce parfum de riche, reprit le petit gars en s’agitant.
— Oh, d’accord je vois ! Je vais vraiment avoir droit à un cadeau venant de sa part ? dit-elle toute excitée à l’idée de bénéficier de ce privilège.
— Toi-même tu sais que le gars super classe devant toi n’a qu’une seule parole. Fais-moi, rien qu’un petit baiser et tu verras, dit le petit prétentieux.
— Ferme tes yeux alors ! dit-elle en s’approchant du visage de son amoureux. Il obéit et attendait impatiemment le baiser de la jeune fille quand soudain, Remy l’apostropha
— Hé petit ! viens ici ! s’écria Rémy en s’adressant au petit garnement.
Cudo se retourna brusquement dans la direction d’où venait la voix et à peine avait-il aperçu Rémy qu’il prit ses jambes à son cou. La pauvre Zeneba n’échappa pas au puissant ouragan qu’il laissa derrière lui. Elle fléchit, puis tomba dans une marre de boue à quelques centimètres d’où elle était debout. La voilà toute sale et malodorante. Pour noyer son chagrin, elle opta pour un hurlement sans équivoque. Toute la rage qu’elle laissa échapper dans son hurlement fondit le cœur du présumé voleur qui courait comme si un guépard l’avait prise pour cible. Rémy n’en démord point. Cette course poursuite derrière le petit garçon était pour lui une piste pour retrouver sa valise.
Les deux hommes engagés dans une course poursuite traversèrent tout le quartier. Comme le petit filou qu’il était, Cudo zigzaguait entre les ruelle. Ce petit garçon avait grandi dans les rues de Désespéria. C’était un petit orphelin qui se nourrit des vols à l’étalages qu’il réussissait avec brio. Tous les habitants de la ville le connaissaient. Sa petite réputation le précédait.
Malgré toute la dextérité dont il fit preuve, Cudo n’échappa point à son destin. Le petit chenapan tomba dans une embuscade dans une des ruelles sans issu du quartier. Derrière lui se tenait son bourreau qui respirait à peine. Rémy s’étonna d’avoir gagné la partie. Il se plia sur ses genoux et inspira un coup. Il se redressa sur ses pieds et fixa le petit avec un sourire noir au coin des lèvres. Cudo devint tout rouge. Les poings serrés et le visage enragé, il se retourna dans la direction de Rémy.
— Merde ! Comment un étranger peut-il me prendre à mon propre jeu ? Quelle honte mon petit Cudo ! dit-il entre ses dents serrées.
— Maintenant tu vas me dire d’où tu sors cette chemise que tu portes et où tu as caché mes effets, s’exclama Rémy agacé par ce petit jeu ridicule.
— A votre place Mr je ne chercherai plus à retrouver ces jolis vêtements, dit-il en afficha un sourire malicieux sur le visage.
— Tu as raison, tu n’es pas à ma place. Alors… ??? dit-il en s’approchant à pas contrôlé de Cudo.
— Comment savez-vous que c’était moi pour le coup de la valise ? demanda-t-il sans nier davantage.
— Quel con utilise les choses qu’il a volé le même jour pour flatter une femme ? dit Rémy en fixant Cudo dans les yeux.
— Je voulais juste qu’elle me voit tout beau, reprit-il tout désespérer.
— Elle te plaît beaucoup à ce que je voie, dit Rémy.
— Vous n’avez pas idée ! c’est la plus belle créature de tout ce monde, dit-il les yeux rempli de bonheur.
— Oui, c’est ça ! attend de grandir. Je suis certain que tu comprendras qu’elles sont toutes belles, dit Rémy en lui tapotant délicatement les épaules.
— Moi c’est Cudo, Mr l’étranger ! dit-il en se présentant à Rémy.
— Rémy, l’homme que tu as volé aujourd’hui alors qu’il venait juste d’arriver dans ta ville, dit amicalement Rémy.
— Qu’il apprenne à prendre soin de ses effets. Des comme moi, il y en a beaucoup, se défendit Cudo.
— C’est noté ! Mais je veux récupérer ce que tu m’as volé, insista Rémy.
**************
Cudo conduit sa victime à l’endroit même où il avait livré son butin. Ils s’arrêtèrent au début de la clôture d’un grand bâtiment. La clôture était mal en point et vieil de plus d’un siècle environ. Des morceaux de verre étaient incrustés dans le béton qui formait l’épais mur. Au loin on pouvait voir des hommes adossés au capot de deux jeeps noires. Ils gardaient sans doute l’entrée. Leur tête était effroyable. Des gens peu fiables vivaient certainement à l’intérieur, pensa Rémy. Malgré le risque qu’il y avait à prendre, le jeune nouveau devait retrouver ses effets.
— Vos vêtements sont à l’intérieur, dit-il en refusant de faire un pas supplémentaire.
— Qu’est-ce que tu attends ? Va Me les chercher ! ordonna Rémy.
— Ah non pas question, ce n’est pas vous qui m’aviez demandé de les voler pour que je vous les ramène maintenant, dit-il d’un ton fier.
— Si tu le fais, je te promets une récompense en échange, dit Rémy pour acheter ses services.
— Vous me soudoyez ? Je suis un homme de parole et loyal Mr l’étranger, répondit Cudo vexé par la proposition indécente de Rémy.
— Hé vous là ! Que faites-vous là ? s’exclama un homme effrayant sortit de nulle part. Toi t’es pas d’ici ! je me trompe ? questionna-t-il en s’adressant à Rémy.
— Moi je ne le connais pas ! je viens juste de le croiser et je pense que vous pouvez faire de lui ce que vous voulez, Chiao ! dit-il en essayant de prendre la clé des champs. L’homme effrayant l’arrêta d’un seul geste de son gros bras noir.
— Hé ! pas si vite Cudo, tu restes là. Vous venez tous les deux avec moi, dit-il d’une voix grave qui fit trembler les deux impertinents.
— Il est trop tôt pour mourir. J’ai pour les quelques fois que j’ai pu, imploré Dieu de mourir dans les bras de ma jolie Zeneba, supplia Cudo qui se faisait traîner comme un gros tas de n’importe quoi par l’homme effrayant.
— Tu vas la fermer Cudo. Le patron sera certainement content de te voir fouiner ici avec celui-là dans les parages, s’écria-t-il en les raccompagnant vers l’entrée du bâtiment.
— Pitié ! pitié ! supplia désespérément Cudo. Rémy lui ne se rappelait plus de combien de fois il regrettait cette décision de venir en ses lieux.
Le prétendu « patron » devait être un homme encore plus effrayant que celui qui embarquait Cudo et Rémy, puisque le bâtiment où il vivait, était une véritable tanière de serpent. Un endroit qu’il ne fallait pas fréquenter de jour comme de nuit. L’air y était glacial et étouffante. On n’y croisait que des hommes bien baraqués, costauds et aussi effrayant l’un que l’autre. Aucun d’entre eux ne semblait amical. Rémy fit appel à tout son courage pour ne pas prendre ses jambes à son coup. Une pensée lui vint à l’esprit du coup.
— Sommes-nous chez le dénommé Bayi ADALA ? demanda-t-il à l’homme effrayant qui ne lui répondit pas.
— C’est exact ! dit Cudo un peu plus détendu à présent. Je vous avais dit d’oublier cette stupide valise, reprit-il.
— Je ne peux pas, dit-il avant de passer le seuil de la porte.
La pièce était plutôt accueillante et bien illuminée. L’homme poussa d’un geste du coude Rémy qui failli se casser une dent contre la chaise en bois qui se trouvait devant lui. Il se redressa d’un bon et envoya son point dans la figure de son agresseur. L’homme sentit à peine la douleur et rebondit sur ses pieds avant de prendre Rémy par ses jambes. Cudo se cacha dans un coin de la pièce et regardait les deux hommes se battre. Rémy se défendit avec beaucoup d’adresse. Il réussit à faire saigner son adversaire et en sortit avec une dent cassée, le nez amoché et une coupure au front.
Une silhouette féminine regardait la scène depuis la pièce d’à côté avec beaucoup d’intérêt. La résistance de Rémy la fascinant. Malgré que ses adversaires se multipliait, il ne lâcha pas prise. Elle se colla contre la fenêtre et regardait la scène à travers les stores de la fenêtre.