CHAPITRE 3: UNE ENFANCE PARTICULIÈRE

Write by L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 3:  UNE ENFANCE PARTICULIÈRE 


**LINDA NDOMBI**


Je suis en route pour la maison de mes parents à Derrière la pédiatrie (quartier). Il est exactement 18h, mais je suis déjà en route car je ne veux pas être pris par les embouteillages. Je ne dois pas être en retard, monsieur H a dit 19h30 et pas une minute de plus. Avec cet homme, l'heure c'est l'heure. Lorsqu'il t'a donné une heure fixe, si tu décales même d'une minute, il ne te reçoit plus. Tu auras beau donné tous les justificatifs possibles, il ne ploiera pas car selon lui, rien ne justifie le retard de quelqu'un. Si tu n'es ni mort, ni blessé grave, tu n'as aucune excuse. Les allégations telles que "la circulation était dense et il y avait des embouteillages" ou encore "j'ai été retenu par x ou y choses" sont tout de suite balayées par un revers de la main car elles sont pour lui, reprenant ses mots, "sottises et pures folies de la part de la personne qui s'y livrent. Cela prouve l'inconscience et le manque d'organisation de cet indélicat incapable d'honorer à un simple rendez-vous dans les temps et donc indigne de gérer quoique ce soit d'autre d'une plus grande importance. De ce fait, on ne devrait lui accorder aucun crédit". Ah mon cher père, je constate avec amertume, que malgré moi, toutes ces choses se sont fortement enracinées dans ma vie et sont maintenant en train de la régir. J'assiste, comme dans un mauvais film et impuissante, ma vie suivre le chemin tout tracé par mon père, monsieur H. Linda Maxime NDOMBI, la digne fille de son père, "LA CHEFFE D'ENTREPRISE " qui faisait tout pour se faire apprécier et aimer de lui en vain. (Sourire amère) C'était fou le contraste qu'il y avait entre la Linda Maxime NDOMBI, face au monde entier et la Linda Maxime NDOMBI devant son père, c'était très saisissant. Deux individus perchés aux antipodes l'un de l'autre. Cette polarité créait en moi une sensation étrange, comme si j'étais en train de jouer un rôle, je me sentais perdue dans mon identité profonde aux prises avec ce mal-être que je tentais tant bien que mal de dompter. Et à côté de tout ce tohu-bohu, il y avait ma mère qui, sans cesse, me mettait la pression afin que je me marie et devienne mère. Je suis contre cette idée car je ne sais pas aimer. J'ai de véritables problèmes avec des démonstrations affectives et tout le reste du coup, je ne me sens pas capable de le faire avec des enfants. Il y a bien Jennifer et Sasha à qui je manifeste des choses qui ressemblent à cela mais encore même, c'est toujours difficile pour moi. Ce n'est pas de ma faute, j'ai été élevée en ayant à l'esprit que j'étais "une cheffe d'entreprise et rien que ça".  À cause de cela, je n'avais pas le droit de faire certaines choses. Je me rappelle encore une scène de mon enfance qui m'avait profondément marqué. 


À l'époque, je devais avoir 4 ou 5 ans quand maman Janet, la petite sœur de maman était venue nous rendre visite. On recevait très peu de gens à la maison. Que ce soit les parents de mon père ou ceux de ma mère car mon père ne les tolérait pas et ce depuis la mort de mon frère aîné. Mes parents avaient eu deux enfants, mon grand frère Leonel Maxime NDOMBI de quatre ans mon aîné et moi. J'avais bien remarqué que le traitement entre nous deux était différent. Du haut de mes 2 ans, j'avais pu remarquer que mon père ne parlait et ne riait beaucoup qu'avec mon frère, rarement avec moi. Il l'entraînait partout et l'appelait son héritier. À l'époque, bien que très stricte déjà sur certains points, il était quand même assez souriant et présent dans ma vie à quelques égards, même si le soin de mon éducation incombait beaucoup plus à ma mère. Malgré cela nous étions tout de même une famille plus ou moins normale et heureuse. J'aimais énormément mon grand frère qui me rendait la pareille et était très protecteur. Seulement un jour, il s'était plaint d'une douleur à la jambe qui avait au départ une allure de piqûre de moustique mais en deux semaines s'était changée en une plaie béante. Mon père avait tout fait pour le soigner en vain et trois mois plus tard, il rendait l'âme dans les bras de ce dernier à l'hôpital. Mon père était rentré dans une grande phase de dépression qui avait duré près de 6 mois et s'était estompée lorsqu'un matin, comme mon défunt frère,je m'étais plainte du même mal à la jambe. Trois jours après, la maison avait été envahie par les parents de mon père et ceux de ma mère. Alors que je me tenais dans les bras de ma mère en pleurs en ayant une jambe déjà paralysée, mon père était sorti de son bureau une arme à la main, m'avait arraché des bras de ma mère pour me déposer en plein milieu du salon par terre. Il avait chargé son fusil et tiré une balle sur le pied de son père et une autre sur celui de son beau-père qui s'étaient tous les deux, écroulés au sol en hurlant de douleur. Tous les autres étaient consternés et apeurés à la fois. Beaucoup criaient à la folie.


Papa : (Visage fermé) Regardez moi bien, je vous confirme que je suis fou, bien fou. Vous avez bloqué le ventre de ma femme et m'avez déjà pris un enfant, vous voulez vous amuser avec moi en me prenant mon deuxième. (Regard injecté de colère) Je vous jure que si cet enfant ne se lève pas dans les unes heure qui suivent, personne ne sortira vivant de cette maison aussi vrai que je m'appelle Hens Maxime NDOMBI. J'ai dit une heure, enlevez déjà ce que vous lui avez envoyé rapidement. 


Ils étaient tous là à se regarder dans les yeux pendant que moi, assise par terre, je pleurais face à ce à quoi j'étais confrontée à un si jeune âge. 55 minutes plus tard, alors que mon père énumérait l'ordre dans lequel il abattrait les gens, j'avais eu la surprise de voir mon pied bouger et j'avais pu me mettre debout. Constatant cela, il m'avait demandé de marcher et d'aller me placer derrière lui.


Papa : (à eux) Regardez moi bien,regardez ma femme et regardez mon enfant parce que c'est la dernière fois que vous voyez nos visages et que vous mettez pieds dans cette maison. La prochaine fois, prenez moi directement et ce en un seul geste car celui qui me laissera même quelques minutes, aura signé la mort de nos deux familles, parce que personne ne vivra. Et si mon enfant a même le soupçon d'une fièvre à votre sortie d'ici, des têtes vont tomber. Maintenant dégagez tous de chez moi.


Ils étaient sortis un à un en emmenant mes deux grands pères avec eux. Après ce jour, ma vie avait littéralement changé car deux jours plus tard, il m'arrachait au contrôle de ma mère pour être sous le sien. Il retira de ma chambre tous les jouets et autres peluches, tout ce qui était susceptible de m'attendrir et me féminiser. On m'échangea également ma garde robe féminine contre une beaucoup plus masculine et mon prénom Linda fut remplacé par Maxime. J'étais désormais "Maxime la future cheffe d'entreprise". Je n'avais plus le droit de pleurer, de me plaindre ni de recevoir aucun signe affectueux de la part de qui que ce soit. Je devais rester à 1 mètre de distance de tout le monde et personne ne devait m'approcher, ma mère y compris. Je subissais cela alors que j'avais 3 ans. Puis vint l'incident avec ma tante, la seule parente de maman qu'il tolérait vraiment de justesse à la maison. Elle était donc venue nous rendre visite et j'étais avec ma mère. En me voyant, elle m'avait ouvert ses bras pour que j'aille lui faire un câlin, j'étais restée debout en train d'hésiter car je savais que c'était interdit. Mais elle m'avait tiré et serré dans ses bras avant de me donner un ours en peluche, j'étais très heureuse contrairement à ma mère qui affichait un visage mêlé de plusieurs émotions.


Maman : Janet, il faut éviter ce que tu fais après H va se fâcher.


Maman Janet : (Énervée) Il n'a qu'à se fâcher s'il veut, je suis là. Vous croyez que c'est normal ce que vous faites à cet enfant. Harlette c'est normal ça ? Vous êtes en train de me traumatiser l'enfant. Une petite fille de rien du tout et vous l'élevez comme un garçon. Si c'était seulement ça, mais non content de cela, vous en faites un soldat dénué de toute émotion. Bon sang Harlette, c'est une femme. Elle va grandir un jour et devra fonder une famille, comment fera t-elle si elle est incapable de faire ne fut-ce qu'un câlin à quelqu'un ? Si vous en faites une fille froide, incapable de ressentir quelque chose. Tu as vu comment elle a eu du mal à me toucher? Tu as vu ? Si cette petite n'arrive pas à se marier un jour, vous direz que c'est toujours les sorciers non? Pourquoi tu le laisses faire ça à l'enfant Harlette ? Ta passivité m'énerve à un point et


Papa : (Rentrant dans la pièce sa mallette à la main) Et personne ne t'oblige à venir ici pour regarder mon enfant. Si ça te dérange tant, fais le tien. 


Maman Janet : (Soutenant son regard) Et tu trouves que c'est normal ?


Ma tante était une très forte tête comparée à ma mère qui était plus docile et ne contrariait jamais mon père. 


Maman Janet: C'est normal ? C'est une fille bon sang.


Papa : Ce n'est pas une fille, c'est une cheffe d'entreprise et


Maman Janet : (Le coupant) Cheffe d'entreprise c'est un sexe? C'est une cheffe d'entreprise, c'est une cheffe d'entreprise. Est-ce pour cela que l'enfant ne peut pas être elle-même ? Elle ne peut pas se comporter comme une fille ? Vous la traitez comme un robot, H je ne suis pas d'accord avec ça.


Papa : Fais ton enfant et tu en feras ce que tu veux, pour l'instant il s'agit du mien.


Maman Janet: On peut être aussi borné que ça ?


Papa : (Bientôt excédé) Ma jauge de patience est en train d'arriver à son terme, Janet fais donc très attention à ce que tu dis et (Fronçant la mine en prêtant attention à moi) Qu'as-tu dans les mains ?


Moi: (Effrayée) C'est, c'est


Maman Janet : (Me devançant) C'est un ours en peluche et oui c'est moi qui lui ai donné ça.


Mon père s'est retourné tel un robot pour la regarder avant de sortir la phrase clé qui annonce la fin d'une conversation avec lui. 


Papa : (Voix à peine masquée par la colère) Je suis ton égal Janet?


Même ma tante, pour l'avoir déjà entendu par le passé savait que les actions à venir n'allaient pas être plaisantes. Elle tenta tant bien que mal une dernière réplique.


Maman Janet : Je n'ai jamais dit que tu étais mon égal c'est juste que


Papa : (Grondant) Ferme moi ta gueule. (Nous avons toutes sursauté) Quand tes parents tuaient mes enfants, tu as ouvert la bouche? Quand mon fils est mort on t'a entendu ? Quand on commençait à bouffer celle-ci, tu as dit quelque chose ? De quel droit viens tu dans MA MAISON POUR POUSSER MA FEMME ET MON ENFANT À SE REBELLER CONTRE CE QUE MOI J'AI DIT? DE QUEL DROIT ? 


Maman Janet : (Silence)


Papa : (À moi) Maxime emmène moi cette chose horrible ici.


Ma bouche a commencé à frémir montrant que je n'allais pas tarder à pleurer. Je ne voulais pas qu'il prenne ma peluche car je l'aimais bien et c'était le premier cadeau que j'avais reçu depuis près d'un an.


Maman : (Tentant de le dissuader) H, on n'a pas besoin d'en arriver là. Janet a compris, elle ne le fera plus et Lili(Se reprenant après le regard noir de mon père sur elle) Maxime pourra garder celui-ci vu qu'il est déjà là.


Papa : Elle ne gardera rien du tout. (À moi) J'ai dit d'apporter cette chose ici, fais vite. 


Je m'étais timidement avancée vers lui en serrant ma peluche, il me l'avait arrachée des mains avant de prendre une grosse paire de ciseaux qui était dans un coin de la pièce.


Maman : H, tu ne vas pas


Papa : (La coupant) Je vais me gêner.


Il avait découpé l'ours sous les yeux ahuris de mes deux maman et les miens qui sortaient mes larmes pour la première fois depuis bien longtemps. L'ours fut découpé en petits morceaux devant nous.


Papa : (Après sa tâche, à ma tante) Toi, tu sors de ma maison tout de suite. (À ma mère) Toi tu ramasseras le désordre de ta petite sœur et gare à toi si jamais elle ramène encore une cochonnerie pour la donner à MON ENFANT, ce mariage prendra fin après la mort de plusieurs personnes. C'est moi qui te le dis. (À moi) Toi tu me suis.


Il était passé devant moi et après quelques secondes je l'avais entendu crier après moi. J'étais partie le retrouver assis dans son bureau le visage fermé.


Papa : Approche ici, fais vite. 


Je m'étais exécutée et était venue m'arrêter devant son bureau.


Papa : Je t'ai dit quoi sur toutes ces bêtises Maxime ?


Moi: (Voix enrouée et tête baissée) De, de ne pas prendre ça si on me donne.


Papa : Pourquoi donc tu avais cette chose dans les bras ?


Moi: (Silence) 


Papa : (Grondant) Je t'ai posé une question Maxime.


Moi: (Sursautant) Je, je ne, c'est maman Janet qui, qui m'a donné ça.


Papa : Et tu as pris ? Tu me déçois énormément Maxime, tu n'es vraiment pas comme ton frère, incapable de respecter un seul ordre, tu en es incapable. Et cesse moi tout de suite ces bêtises qui sortent de tes yeux.


J'avais soulevé mon haut pour m'essuyer le visage, en pleurant dans mon cœur.


Papa : Que t'ai-je dit que tu étais ?


Moi: (Hoquetant) Une, une cheffe d'entreprise.


Papa : Et c'est comme ça que les chefs d'entreprise se comportent ?


Moi: (voix enrouée) Non.


Papa : C'est la dernière fois que je te vois faire ces bêtises. Je suis très déçu de toi, sors de mon bureau. Tu ne te présenteras pas devant ma face avant que je ne t'appelle et gare à toi si j'entends des reniflements provenir de ta chambre. Allez sors d'ici.


Moi: Je te demande pardon papa, je ne vais plus recommencer.


Papa : Tu as intérêt, mais je suis déçu. Dehors. 


Je m'étais retournée et j'étais sortie avec toute la peine du monde. À ce moment, j'aurais voulu être rassurée dans mon âme d'enfant, j'aurais voulu que quelqu'un me prenne dans ses bras pour me dire que tout allait bien mais malheureusement il n'en fut pas le cas. J'étais allée m'asseoir dans ma chambre en m'interdisant de pleurer au risque de décevoir encore plus mon père.


Je reviens petit à petit en moi et je constate que je suis dans l'allée de mes parents. Plus je m'approche de la maison, plus je resserre mes mains sur le volant. J'arrive devant le portail et j'avise l'heure, il est 19h00. J'ai 30 minutes d'avance. Je coupe le contact et reste dans ma voiture. Je prends mon téléphone et parle avec Jennifer qui me demande si je suis déjà arrivée chez les parents. Je lui réponds par l'affirmative en lui indiquant que je suis actuellement devant le portail à attendre l'heure. Nous parlons pendant un moment avant que je ne raccroche. Je lance l'appel sur le numéro du gardien car je n'ai pas envie de klaxonner. Il me répond et je lui indique, après l'avoir salué, que je suis devant le portail. Il l'ouvre après que nous ayons raccroché. Je démarre et vais garer dans le parking. Lorsque j'arrive devant la porte, il est 19h29. Elle s'ouvre toute seule sur moi, une minute plus tard et c'est mon père qui est là. 


Moi: Bonsoir papa.


Papa : (Me regardant sans répondre à ma salutation) Rentre, ta mère est à la cuisine.


Je rentre et il ferme derrière moi. Je me dirige donc vers la cuisine où est affairée ma mère. 


Moi: Bonsoir maman.


Elle se retourne et me gratifie d'un énorme sourire heureux qui illumine son visage avant de venir me prendre dans ses bras pour un câlin. Oui, ma mère a obtenu le droit de me faire des câlins autour de mes 15 ans. Par la même occasion, elle a également obtenu de mon père qu'on m'appelle par mon premier prénom Linda plus féminin plutôt que Maxime auquel je répondais depuis plus d'une dizaine d'années. Comment avait-elle réussi cet exploit ? Je l'ignore, juste que depuis ce jour, j'étais redevenue une fille et non plus un garçon comme j'avais été élevée jusqu'alors.


Maman : (Me serrant contre elle) Ça va mon bébé ?


Moi: Oui maman.


Maman : Je suis contente de te voir, même si ça me ferait beaucoup plus plaisir que tu viennes un peu plus ou que tu m'appelles.


Moi: Tu sais que ce sont des occupations qui m'absorbent maman, je suis une cheffe d'entreprise.


Maman : (Me regardant une lueur de tristesse dans les yeux) Hum.


Moi: (Tentant de la rassurer) Mais je ferai plus d'efforts pour venir te voir. Je te le promets. 


Maman : D'accord. Alors comment vas-tu ? Quelles sont les nouvelles ?


Moi: Tout va bien . J'ai conclu deux gros contrats aujourd'hui.


Maman : Je suis contente pour toi.


Moi: Merci. Et il y a Jen qui te salue.


Maman : (Souriante) Ah! Elle va bien ?


Moi: (Souriant faiblement) Oui. 


Maman : Et ma petite fille ?


Moi: Sasha se porte très bien. Ses premières dents sont tombées.


Maman : Ah c'est très bien ça. Notre petite pousse grandit très vite. Il faut dire à Jen de l'emmener me voir.


Moi: D'accord.


Maman : (Me fixant dans les yeux) Et toi?


Moi: Moi quoi?


Maman : Quand est-ce que tu vas te décider à laisser entrer un homme dans ta vie et faire des enfants ? Linda, tu ne veux pas me donner mes petits fils ?


Moi: (Soupirant) Maman, je t'ai déjà dit que je n'ai pas le temps pour ça, tu sais très bien que je suis une cheffe


Maman : (Me coupant d'un geste de la main) Arrête moi avec cette expression que tu ne cesses de me répéter comme une cassette vidéo. "Je suis une cheffe d'entreprise, je suis une cheffe d'entreprise" Tu n'as que ça à la bouche. Tout le monde sait que tu es une cheffe d'entreprise, tu es même bien meilleure que ton père, même s'il ne te le dit pas, nous le savons. Mais ce n'est pas tout dans la vie, "Tech Officiel" n'est pas tout. Tu ne peux pas faire tourner uniquement ta vie sur ce fait Linda bon sang. Quand est-ce que tu vas te réveiller ? 


Papa : (Nous rejoignant dans la cuisine) Qu'est-ce qui se passe ici?


Maman : (Au bord des larmes, balançant son torchon par terre) Tout ça c'est de ta faute H, c'est de ta faute. 


Elle est sortie en le bousculant sur son passage. Mon père m'a regardé en étant confus.


Papa : Qu'as-tu fait à ta mère ?


Moi: (Le regardant) Rien. 


Papa : Elle est donc bouleversée sans aucune raison ?


Moi: Elle veut me voir marier avec des enfants papa. C'est toujours la même chanson.


Papa : Tu sais ce qui te reste à faire.


Moi: (soupirant) Oui. 


Il s'est retourné et il est sorti. J'ai vérifié la cuisson avant d'éteindre les feux et je suis sortie à mon tour pour me rendre dans la chambre de mes parents.


Moi: (Cognant) Toc, toc? Maman, je peux rentrer?


Je n'ai obtenu aucune réponse de sa part mais je suis rentrée quand même. Je l'ai trouvée assise sur son lit en train de pleurer, elle est dos à moi. Je me suis passée la main sur le visage avant de me rapprocher et de m'asseoir à côté d'elle.


Moi: (Lui caressant les épaules) Maman stp, arrête de pleurer, tu sais que je n'aime pas quand tu pleures à cause de moi.


Maman : (Pleurant) Je ne vais pas pleurer comment Linda? Je m'inquiète pour toi, ta façon de vivre m'inquiète. S'il n'y avait pas Jennifer et Sasha autour de toi pour t'adoucir un tout petit peu, je ne sais pas à quoi tu ressemblerais. Linda tu es une femme, tu es peut-être une cheffe d'entreprise comme ton père n'a cessé de te le répéter mais tu es avant tout une femme. Et une femme a besoin d'aimer et se sentir aimer, c'est ainsi que nous sommes faites. Le fait de te voir mener une vie aussi enfermée et rigide me fait très mal au cœur. Je sais que quelque part, j'en suis responsable car j'aurais dû beaucoup plus m'imposer auprès de ton père pour qu'il soit moins dur avec toi, mais stp Linda, fais un petit effort. Je ne te demande pas d'arrêter de travailler car je sais que tu es complètement formatée sur ce plan, mais stp chérie fait un petit effort, un tout petit effort.


Moi: D'accord.


Maman : (Me regardant) Tu me le promets ?


Moi: (Prenant sa main dans la mienne) Je te le promets. Arrête déjà de pleurer, tu sais que ce sont des bêtises.


Maman : (Me regardant) Linda.


Moi: (Esquissant un faible sourire) C'est bon, j'ai compris.


J'ai essuyé ses larmes avant de la prendre dans mes bras pour un câlin. Nous sommes restées un moment comme ça avant que je ne reprenne la parole.


Moi: (Regardant ma montre) On ferait mieux de rapidement descendre si on veut avoir la chance de commencer le repas à 20h00. De peur que monsieur H ne nous brûle toutes les deux au bûcher.


Maman : Il n'a qu'à nous brûler, on va voir. 


Nous avons toutes les deux ri avant de nous lever et redescendre pour finir d'apprêter le repas. À 20h pile, nous étions attablés. Nous avons mangé dans une ambiance plus ou moins solennelle avec des silences entrecoupés par les quelques phrases que sortait ma mère de temps en temps. Je suis restée avec eux jusqu'à 22h00 avant de prendre congé et rentrer chez moi. J'ai appelé maman pour lui dire que j'étais bien rentrée puis je suis allée prendre une douche chaude. Mes émotions ont été mises à rudes épreuves aujourd'hui et mes nerfs sont très tendus. Après ma douche, je me suis essuyée et j'ai passé ma crème de nuit. Quelques petites tapes autour des yeux et j'ai enfilé un slip suivi de ma nuisette. Je me suis faite deux grosses nattes avant de mettre mon bonnet. Je suis ensuite descendue pour me servir un grand verre de vin. Je me suis assise sur mon canapé et j'ai repensé à la conversation que j'ai eu avec ma mère ce soir sur le fait que je devais faire un petit effort pour laisser les hommes m'approcher, je ne suis pas sûre d'y arriver mais comme le lui ai promis, je vais faire un effort…

MÈRE MALGRÉ MOI