Chapitre 35

Write by Myss StaDou

Chapitre 35


Je sens que je vais commencer ma part de deuil ici derrière, pensé-je en silence. De quelle situation compliquée la mère de Victor parle-t-elle ? Je suis là aux aguets, les oreilles grandes ouvertes pour suivre la suivre cette conversation. La maman de Victor reste silencieuse un moment, la tête entre les mains. La mère de Jeanne lui prend la main et essaie de la réconforter à voix basse. Je n’entends pas ce qu’elle lui dit.  Si je pouvais devenir une mouche pour les approcher… Elle se calme et se remet à parler.

 

− La situation devient vraiment critique. Il évite même de me parler. Ce qui fait que je ne sais même pas vraiment jusqu’à quel niveau tout ça se complique.

 

La maman de Jeanne affiche une mine triste :

 

− Weh.

− Et quand ils commencent à se disputer, je ne sais même plus quoi dire pour les calmer.

 

La maman de Jeanne et celle de Victor continuent de parler en langue Bafia et je ne peux plus les suivre. Pourtant, je veux en savoir plus sur cette histoire. Ça me tiraille quelques minutes, jusqu’à ce que Jeanne revienne avec ses cousines. Elle s’aperçoit directement que j’ai des larmes qui coulent de mes yeux. Elle secoue la tête, triste. Sa cousine vient aussi s’asseoir près de moi passer une main sur mes épaules. Elles pensent visiblement que je m’étais laissée emporter par l’ambiance générale et que je pleurais la défunte.

 

− Ne sois pas triste. Ça va aller.

 

Je la regarde sans rien dire. Je veux bien lui parler de ce que je viens d’entendre. Mais je ne peux pas, avec toutes ses cousines qui nous entourent. La prudence prévaut dans ce genre de situation. Apparemment, cette histoire est assez compliquée et il est sage que je la prenne avec beaucoup de pincettes, au lieu de m’emporter subitement. Dans un milieu où tu n’as aucun repère, il faut toujours assurer ses arrières. J’essuie mes larmes et m’excuse pour cette démonstration de sentiments. Les filles sont assez sympas. Elles se mettent à bavarder et je me laisse emportée dans leurs discussions.

 

En fin de soirée, les mamans chargées de la cuisine servent des sandwichs avec du café pour tenir les estomacs affamés en veille. Je dois avouer que j’ai terriblement faim, vu que mon dernier repas remonte à 15h. Entre les pleurs, le sommeil et les bavardages, la nuit semble s’étirer dans le temps. À un moment, je ne tiens plus debout. Mes paupières se font très lourdes. Je dois me reposer. Je cherche un coin de fortune pour la nuit. Je dors couchée sur un banc, pas très confortable, mais mieux que de dormir à même le sol froid et poussiéreux.

 

Je me réveille après à peine 2h de sommeil. Il doit être 5h par là. Je me sens assez mal, pleine de courbatures. Juste la pensée que le fait d’être là est utile pour Jeanne et que cela me permet de pouvoir apprendre un peu plus sur la famille de Victor me réconforte.

 

Le matin venu, tout le monde se prépara pour l’enterrement. Jeanne et moi allons prendre un seau d’eau à la cuisine et nous dirigeons vers un coin d’herbes derrière la maison. La maison n’ayant qu’une seule douche, c’est le seul moyen pour nous de pouvoir faire une toilette. L’eau est super glacée. Un véritable calvaire ! Je ne me suis jamais lavée aussi vite de ma vie. Surtout que j’ai peur qu’on nous voie. Nous sommes en train de nous habiller quand je saisis l’occasion de la questionner :

 

− Jeanne oh, appelle-je d’une voix enjouée.

− Oui.

− Tu t’entends plutôt bien avec Victor non ?

− Oui. Depuis un certain temps, on se voit assez souvent. Pourquoi ?

− Qui est Élise ?

 

Je la vois bien sursauter à l’énonciation de ce prénom. Elle est de dos, mettant son lait de toilette sur ses pieds. Je ne peux donc pas voir son visage. Elle se relève lentement, prends quelques secondes avant de me répondre d’une voix basse et avec beaucoup d’hésitation.

 

− Je ne connais pas d’Élise. Pourquoi tu demandes ?

− Juste comme ça. Es-tu sûre  que Victor ne t’a parlé de personne qui porte ce nom ?

− Je ne connais pas tout sur le passé de Victor.

 

Je l’observe avec attention. Elle a hésité avant de parler.

− Et je suis vraiment mal placée pour répondre à des questions le concernant.

− Ok. Je vois.

 

Je continue à m’habiller sans rien dire. Pas une fois pendant qu’elle parlait Jeanne ne s’est tournée pour m’affronter. Elle n’a pas eu le courage de me regarder en face, elle toujours si ouverte et spontanée. Cela veut dire qu’il y a anguille sous roche. Si elle ne voulait pas parler, je trouverais un moyen de questionner Victor lui-même sur cette mystérieuse Élise.

 

J’avais prévenu Jeanne que je n’assisterais pas à l’enterrement et je l’attendrais à la maison du deuil. Tout se déroule sans encombre et à 15h, tout est terminé. Entre-temps, j’essaie  d’apporter un coup de main ça et là. Mais ce n’est pas la grande forme physique et morale. Je suis assise dans un coin sous la bâche en train de me reposer un peu et rêvasser quand soudain on tape sur mon épaule. Je sursaute au point de presque laisser tomber par terre mon téléphone portable que je tenais en main. C’est Victor.

 

− Tu m’as fait peur, dis-je, la main sur le cœur.

− Désolé chou. Ce n’était pas mon intention.

 

Il me regarde un instant en souriant :

 

− Ça va toi ?

− Oui, ça va. Et toi ? Tu sors d’ou ?

− J’ai fini assez tôt et j’ai pris la route. Et me voici. Où est Jeanne ?

− Elle doit être à l’intérieur.

 

Il me regarde sans rien dire. Il se tourne et regarde autour de lui. Les gens allaient et venaient ça et là.

 

− Prends tes affaires, tu vas m’attendre dans la voiture. Je vais te ramener en ville.

− Ok.

− Es-tu sûre  que ça va ? Tu sembles très fatiguée.

− Ça va. Il n’y a rien.

− Dépêche-toi alors. Je vais chercher Jeanne.

 

Pourquoi cet empressement ? Moi quoi d’ailleurs, pensé-je en tchipant. Je prends mon sac de voyage placé sous ma chaise, déjà rouge de poussière, et je me dirige vers la route où j’ai vite repéré la voiture de Victor vraiment garé un peu loin du lieu du deuil. Les aléas d’arriver le dernier ! Quinze minutes plus tard, je vois Victor revenir avec Jeanne et quatre autres femmes que je reconnais comme des membres de leur famille. On nous a serrées dans la voiture et nous nous sommes mis en route pour Yaoundé. Je suis assise devant avec Jeanne, les autres femmes serraient derrière. Tous les moyens sont bons pour faire des économies.

 

Je pense encore à la conversation des mamans, mais pas moyen d’aborder le sujet devant tant de monde. Victor est déjà arrivé un peu tendu de son voyage. Il semble d’ailleurs un peu triste et fatigué, tout de même affecté par la disparition de sa cousine. Ce n’est pas le moment de poser des questions qui peuvent gêner vu que je n’en sais jusqu’à présent rien dessus.

 

Victor dépose chacune des quatre femmes chez elles, car la nuit tombe déjà et la fatigue se fait vraiment ressentir ça et là. Il propose à Jeanne de dormir chez lui. Ainsi il irait la déposer chez elle le lendemain. Jeanne se plaint soudain d’une envie très pressante d’aller aux toilettes. Nous sommes d’abord arrêter chez lui à Messa (quartier du centre ville de Yaoundé). Il irait me déposer plus tard. Arrivés à la maison, Jeanne fonce aux toilettes, me lançant son sac de voyage en passant. Je ris devant la scène.

 

Victor se dirige vers la chambre à coucher et je le suis instantanément. Une fois entrée derrière lui, je ferme la porte et je pose le sac de Jeanne par terre. Me dirigeant vers le lit, je me jette sur celui-ci, savourant sa texture unique :

 

− Je suis fatiguée, tu ne peux pas savoir.

− Vous avez travaillé tant que ça ? 

− Même pas. À part aider à laver les assiettes, je n’ai pas vraiment participé. Mais je suis fatiguée, mon pauvre mini-kaba a souffert, lancé-je en soulevant le bas du Kaba que je porte depuis le matin.

 

Sans m’en rendre compte, je lui offre ainsi une vue parfaite sur mon entre-jambe.

 

− Tu es très belle comme ça. Tu devrais porter plus souvent des kabas.

− Ah ! Tu dis n’importe quoi !

 

Victor se met à rire. Se levant de la chaise près de sa table de travail, il se dirige vers moi qui suis toujours couchée sur le lit, les jambes pendantes dans le vide et les yeux rivés sur le plafond.

 

− Nicole…

− J’ai encore fait quoi ?

− Chut…

 

Il m’intime le silence avec un doigt sur la bouche et se met à genoux entre mes jambes. Je veux me lever et de ce fait, je soulève déjà la tête. Victor impose alors de sa main gauche une pression sur mon buste, me renvoyant ainsi sur le lit. De sa main droite, il souleva le tissu de mon kaba, s’offrant ainsi une vue de premier choix sur mon intimité. Je frémis en pensant à ce que je porte en dessous : un slip noir! Un vulgaire et banal slip noir en coton ! Moi qui le tuais avec les strings en tout genre ! Fil, demi-fil et fil presqu’inexistant, je lui offre un tel spectacle. La honte !

 

Je n’avais pas prévu ce qui se passe donc je ne suis pas armée pour cette éventualité. J’essaie  de baisser mon kaba, mais il retient ma main. Je peux ainsi enfin voir son visage illuminé, ce qui veut dire qu’il n’était pas gêné. Bien au contraire. Il avait les yeux qui brillaient d’excitation et un sourire affamé.

 

− Tu peux souvent mettre autre chose que les strings ?

− Hum… ça m’arrive, dis-je, embarrassée.

− Mais ça me plait et m’excite beaucoup d’ailleurs.

 

Je préfère ne rien dire.

 

− Mes choses étaient bien gardées. Surtout avec la poussière de la route.

− Ekié ! Vic, toi aussi ! Comment va arriver la poussière là-bas ?

− On ne sait jamais, dit-il, un sourire carnassier aux lèvres.

 

Il commence à travers le fin tissu du slip à frotter de son pouce mes lèvres intimes, provoquant ainsi au fur et à mesure une intense chaleur dans tout mon corps. Je ne tarde pas à devenir de plus en plus humide, demandant avec les mouvements de mon bassin qu’il aille plus loin. Tout doucement, il retire mon slip. Comme un enfant affamé devant un gâteau bien décoré, il plongea la tête entre mes cuisses et se mit à me sucer comme si sa vie en dépendait.

Taquinant de la langue, léchant, suçant par ci par là. Tenant ma cuisse droite de sa main gauche, ses doigts l’aident bien dans tout ce processus de montée au septième ciel. Je n’arrête pas de pousser des petits gémissements, car ce qu’il me fait est trop bon.

 

Soudain, la porte s’ouvre brusquement. Nous sursautons. C’est Jeanne, que dans notre engouement, nous avons oublié ! La honte !

 

− Oh ! Pardon, excusez-moi ! Je ne savais pas que… Je sors…

− Ça va, dit Victor. Il n’y a rien. Attends-nous au salon. On arrive.

 

Il le dit, la tête toujours entre mes jambes, cachant de son corps mes parties intimes. J’ai tellement honte que je me cache le visage avec mes deux mains. Jeanne est ressortie brusquement en tirant la porte de la chambre derrière elle. Je suis restée silencieuse, gérant ma honte. Je sens tout d’un coup à nouveau la langue de Victor sur mon sexe. Hein ?! Cet homme continue sa chose comme si de rien n’était ? Je suis surprise, mais ce qu’il me fait diminue les fonctions de mon cerveau. Il tend une main plus loin sous mon kaba. Après avoir poussé d’un doigt le bord mon soutien de côté, il se saisit d’un de mes tétons.

 

Victor continue à me chauffer encore un moment. Mes gémissements se transforment au fur et mesure en cri d’orgasmes. Quand il s’arrête après un énième orgasme pour me regarder, je suis saisie par un brin de lucidité qui me rappelle la présence de Jeanne dans la maison et que je dois la rejoindre. Je profite d’une seconde de distraction de sa part pour vite rabaisser mes vêtements. Je me lève rapidement et passe devant lui. Plantée au milieu de la pièce, je me retourne vers Victor, qui est toujours près du lit :

 

− Je t’en prie. Allons rejoindre Jeanne. Elle doit être bien mal à l’aise.

− Pourquoi ? demande-t-il en souriant.

− Elle nous trouve toujours dans des positions un genre.

− Et puis quoi ?

 

Il le dit nonchalamment se levant pour prendre quelque chose dans la commode du lit qui se révèle être une capote. Il la lance sur le lit. Je le regarde, toujours étonnée.

 

− J’ai envie de toi et ce n’est pas sa présence qui m’empêchera de prendre mon pied.

 

Je le toise.

 

− Ce dont j’ai été privé depuis assez longtemps.

 

Il vient vers moi. Après un baiser furtif, il me retourne et pose mes mains sur la table. Soulevant mon kaba, il se met à frotter son sexe sur mes lèvres intimes. Mon corps réagit instantanément. Après deux semaines de manque… C’est trop bon.

 

− Je veux te sentir…

− Tu me sens non ? demandé-je en jouant la naïve.

 

Il se frotte contre moi, m’embrassant derrière l’oreille.

 

− Je veux plus que ça. Permets-moi de te gouter un peu sans barrière. Je te promets de me chausser plus tard. Mais je veux d’abord te goûter en live.

− De quoi parles…

 

Ma parole est coupée par le choc que provoqua sa pénétration. Ça a  un tout autre gout. Mais jouer avec le feu… Une première montée de jouissance me frappe tout d’un coup et je resserre mes parois contre son membre. Ses coups de reins étaient différents. Il n’arrête pas de me murmurer qu’il m’aime, que mon corps lui a manqué. Je sens ses mains sur tout mon corps. Om dirait qu’il veut se fondre en moi. Je l’accompagne sans même m’en rendre compte, dans une danse qui est vieille comme le monde. Au bout de quelques instants, il se retire rapidement, frottant son sexe entre ses doigts.

 

− C’est quoi ? demandé-je, apeurée. Tu n’aimes pas ? Je t’ai fait mal ?

− Tu blagues ? C’est tellement bon, que j’ai préféré sortir avant de jouir sans savoir. Ton derrière… Je vais me chausser.

 

Je regrette presque son initiative en le regardant enfiler la capote. Il revient vers moi et me reprend. Continuant ses coups de reins avec plus d’intensité. La jouissance vient rapidement en même temps pour nous deux. Il pose un baiser sur mes lèvres et se retire.

 

− Je t’aime, Nic d’amour.

− Je t’aime, Vic d’amour.

 

Je prends un mouchoir d’un paquet de lotus posé sur la table et je pars vers les toilettes pour me nettoyer. À mon retour, je retrouve Victor à la cuisine en train de boire de l’eau. Il me regarde et sourit.

 

− Jeanne dort déjà sur le canapé au salon. La fatigue l’a emporté, dit-il en riant.

− Ok. Ramène-moi alors à la maison. Moi aussi, je ne sens plus mon corps.

− Je dois prendre un ami à Tsinga. Il vient de m’appeler pour qu’on prenne une bière.

− Ok, ça me va. Mais raccompagne-moi. Je suis fatiguée.

 

Son ami pris, il me laisse devant notre portail. Pendant que j’entre à la maison, je réfléchis à tout ce qui s’est passé : le dialogue des mères, les réponses évasives de Jeanne. Tout ça est assez bizarre. C’est vrai que Victor ne m’a pas tellement parlé de son passé, ni de sa vie le temps où il était encore en Europe. Mais si sa mère parlait de cette Élise de cette façon, c’était sûrement un élément important dans toute cette constellation de non-dits.

 

Que j’aille d’abord m’allonger, pensé-je en m’asseyant sur le lit. Je suis trop fatiguée ce soir pour bien penser. Quand je vais les prendre à deux, Jeanne et Victor, je vais les presser jusqu’à toute la vérité va sortir ! Parole de Nicole Ngono !

Mon amour, mon comba...