Chapitre 40 : A nouveau, loin de toi
Write by Auby88
David N'KOUE
Deux mois que Mélanie et moi tentons d'écrire notre histoire d'amour.
Je me donne à fond pour que notre relation fonctionne, pour qu'elle ne stagne pas, pour qu'elle ne tombe pas dans le piège de la routine. Mais je n'ai pas l'impression que Mélanie en fait autant.
Plus les jours passent et plus je la sens distante, réservée avec moi.
"Je suis désolée mon amour, mais cette semaine, j'ai beaucoup de cas urgents à défendre."
" Je suis navrée, mon cœur mais cette semaine, je la passe avec Sibelle et j'aimerais profiter de chaque instant avec elle. Comprends-moi. Ne le prends surtout pas mal. On trouvera le temps pour tout rattraper."
Voilà quelques-uns des arguments qu'elle me sert à chaque fois. J'ai fait l'effort de la comprendre, mais là, mes doutes sur l'avenir de notre relation se confirment.
Je n'ai pas de place dans sa vie. Et je doute en avoir vraiment dans son coeur, même si elle continue à me dire qu'elle m'aime véritablement.
Alors, si elle m'aime, pourquoi passe-t-elle son temps à me fuir ? Jamais, elle n'est venue à mon appartement, malgré mes invitations. Et dès que j'aborde le sujet de notre intimité inexistante, Mélanie trouve toujours que c'est trop tôt. Nous avons besoin de mieux nous connaître avant de franchir cette étape. Au départ, j'ai essayé de la comprendre, mais là je n'en peux plus.
Elle n'a pas idée de l'effort surhumain que je fais à chaque fois pour me contrôler et contenir mon ardeur masculine. Je n'ai jamais attendu autant dans mes relations. Et j'avoue que si je ne l'aimais pas, je l'aurais déjà trompée. Je n'en peux vraiment plus. Je la vois ce soir chez elle et je pense que nous devrons avoir une discussion franche par rapport à cela et sur l'avenir de notre couple.
Margareth IDOSSOU
Quelqu'un sonne à ma porte.
- Ce doit être David, dis-je.
Il m'a dit qu'il était en route vers ici. Je n'ai donc pas pu l'en dissuader. Je soupire et je vais lui ouvrir.
- Enfin, je te vois.
Il entre à l'intérieur.
- Ne dis pas cela, David ! Cette semaine, j'ai été vraiment occupée.
- Je vois.
- Tu veux que je te serve quelque chose ?
- Non, dit-il en m'enlaçant tout contre lui.
Comme toujours, je ne résiste pas à l'appel de ses lèvres. J'ai toujours aimé sentir leur contact contre le mien...
Les choses dérapent quand je sens sa main soulever ma jupe. Je le repousse violemment, par réflexe. Il manque tomber à terre. Abasourdi par mon geste, il est.
- Qu'est-ce que j'ai fait de mal, Mélanie ?
- Je ne peux pas, David !
- Pourquoi Mélanie ? Ne penses-tu pas qu'on se connaît assez ? Je suis un homme, Mélanie ; un homme amoureux qui te désire chaque jour un peu plus ; un homme qui veut aussi se sentir aimé et désiré par la femme qu'il aime et qui prétend l'aimer.
- Ne doute surtout pas de mon amour, David ! C'est juste que je ne me sens pas encore prête à franchir ce cap avec toi.
- Pourquoi ? Parle-moi sincèrement, sans détour.
J'inspire profondément, décidée à lui dire la vérité.
- Avec Charles, je…
David s'emporte sans me laisser le temps de finir ma phrase.
- Charles ! Je m'en doutais bien. Il continue à me pourrir la vie. Tu es encore amoureuse de lui, n'est-ce pas ?
Il me secoue violemment.
- Avoue que c'est cela !
- David, tu me fais mal !
- Dis-moi la vérité, Mélanie. Tu l'aimes encore, n'est-ce pas ? Et c'est pour cela que tu me rejettes autant ?
- Non, David. C'est toi que j'aime. Crois-moi.
- Je ne te crois plus, Mélanie ! dit-il en me lâchant. Il vaut mieux que je m'en aille.
- David, attends.
J'essaie de le retenir, mais il me repousse violemment. J'échoue sur le carreau. Il s'en va en refermant fortement ma porte. Je ne l'ai jamais vu autant en colère. J'ai peur qu'il fasse une bêtise. Je descends à sa suite, mais je ne parviens pas à le rattraper. Désespérée, je remonte dans mon appartement. Je me laisse choir sur le sol, me recroqueville et fonds en larmes. Je ne suis qu'une idiote. Je ne suis qu'une faible. Je ne suis qu'une mauvaise femme qui passe son temps à causer du chagrin à ceux qu'elle aime. Car oui, j'aime David. Je l'aime profondément, je l'aime véritablement. Je l'aime comme jamais je n'ai aimé auparavant. Mais je ne peux m'empêcher de le repousser...
J'ai tellement peur de le perdre. Il me faut faire quelque chose. Je suis Margareth IDOSSOU, la femme forte et je n'ai peur de rien. Je suis prête à faire un sacrifice pour David. J'ai besoin qu'il sache que je l'aime lui et pas Charles. Du revers de la main, je sèche mon visage. Je prends une douche rapide, mets des dessous sexy et je me fais belle pour sortir. Il est 21h à peine. J'espère que David est directement rentré chez lui...
David N'KOUE
Je viens d'arriver chez moi encore en colère contre Mélanie. Quelques minutes plus tard, quelqu'un sonne. Je n'attends personne mais je vais quand même ouvrir.
- Mélanie ! Qu'est-ce que tu fais ici ? demande-je en refermant la porte.
- Je viens te prouver que je t'aime, David !
En parlant, elle se dévêt complètement devant moi. Je suis tellement surpris par son geste que je reste figé à la contempler. Elle a un corps splendide qui me donne déjà envie. Elle s'approche de moi.
- Je suis toute à toi, David.
- Je... suis désolée Mélanie, mais rhabille-toi !
- Mais…
- Rhabille-toi, c'est un ordre !
Je lui fais dos. J'inspire profondément pour réfréner mon envie.
- C'est bon ?
- Oui, je suis couverte.
Je me retourne vers elle.
- Pourquoi tu me fais cela, Mélanie ?
- Je pensais que tu …
- Tu pensais que quoi ? Que j'allais accepter de m'unir à toi alors que tu viens t'offrir à moi comme une vulgaire prostituée !
Elle semble étonnée.
- Je ne te comprends plus David. Tout à l'heure chez moi, tu voulais me faire l'amour et maintenant tu me chasses. Pourquoi es-tu aussi dur avec moi ?
- Pourquoi ? Tu ne le sais donc pas ! Tu veux que je te répète encore et encore que je t'aime ? Tu sais ce que veut dire le mot "aimer" ? Cela veut dire que je ne peux pas te traiter comme une conquête d'un soir. Cela signifie que je ne peux pas profiter de toi. Faire l'amour n'est pas un acte anodin quand on est amoureux. On a envie de se sentir désiré par celle qu'on aime et non qu'elle se sacrifie pour nous faire plaisir. Est-ce que tu saisis la portée de mes paroles ?
Elle hoche timidement la tête.
- Je suis désolée, David.
- Je pense qu'il est préférable qu'on s'en arrête là.
- Pardon !
- On s'est fait assez de mal comme cela. Notre relation est vouée à l'échec, Mélanie !
- Ne me fais pas cela, David. Je t'aime.
- Je t'aime aussi, mais je n'en peux plus de souffrir pour toi. Je préfère rester seul que mal accompagné.
Elle prend mon visage entre ses mains.
- Ne me laisse pas, David. Donne-moi une autre chance !
- Je regrette, mais je ne peux pas. A présent, va-t'en. C'est fini entre nous.
- David !
- Va-t'en, Mélanie. Adieu !
A nouveau, elle me supplie les yeux pleins de larmes. Mais je ne cède pas. Elle finit par sortir. J'entends ses pleurs dehors. Cela me fend le cœur mais je résiste. Je ne veux plus de Mélanie dans ma vie. Dans ma chambre, je vais me réfugier.
Margareth IDOSSOU
Mon monde s'écroule. Ma vie aussi. Je viens de perdre l'homme que j'aime. Je pensais pouvoir le récupérer en m'offrant ainsi à lui, mais au final c'est l'effet contraire que j'ai eu. Pourquoi les relations de couple sont-elles autant compliquées ? J'ai beaucoup à apprendre là-dessus.
Mon cœur saigne terriblement. J'ai tout gâché avec David, avec cette peur qui me pourrit la vie et qui m'a contrainte à mettre de la distance entre lui et moi.
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Le lendemain
Judith da SILVA
C'est une Mélanie triste qui me répond au téléphone. Elle a besoin de me parler. Je confie le restaurant au chef cuisinier, puis je vais rencontrer Mélanie dans un jardin public comme convenu...
- Mélanie ! m'exclame-je dès que je l'aperçois.
Elle vient se jeter à mon cou.
- Je n'en pouvais plus de garder tout ça pour moi. Il fallait que j'en parle à quelqu'un. J'ai longtemps hésité à le faire, mais maintenant je me le dois.
- Calme-toi Mélanie et parle-moi.
- David a rompu avec moi hier.
- Quoi ! Mais pourquoi ?
- Parce qu'il doute de mon amour pour lui, parce qu'il pense que j'aime encore Charles.
- Et c'est le cas ?
- Bien sûr que non, Judith. Ce qu'il y a c'est que j'ai passé tout mon temps à le repousser en tant qu'homme. Tu vois ce que je veux dire ?
- Attends ! Vous n'avez pas ….
- Non.
Là, je suis vraiment surprise.
- Pourquoi ?
- Parce que je ne l'ai jamais voulu.
- C'est normal qu'il doute de ton amour, Mélanie. Le sexe n'est pas la priorité dans un couple, mais pour deux adultes comme vous qui vous aimez, il devrait y avoir ces petits moments uniques. Alors pourquoi est-ce que tu le repoussais ?
Elle me raconte sa première fois désastreuse avec le père de sa fille. Je suis juste horrifiée.
- Je n'arrive pas à croire qu'il a pu être aussi brutal avec toi. Tu as peut-être été consentante, mais cela reste un viol. C'est normal que tu en gardes des séquelles.
- Il m'avait dit que les premières fois se passaient toujours ainsi, qu'elles étaient toujours très douloureuses et j'y ai cru.
- C'est faux, Mélanie. C'est vrai qu'on peut avoir mal, qu'on peut saigner mais tout dépend de la délicatesse de ton homme et de la durée des préliminaires avant l'acte sexuel. Tu comprends ?
- Oui, je vois.
- Moi, j'ai eu une première fois inoubliable avec Arnaud. Je n'ai pas eu d'orgasme, je n'ai pas eu envie de "grimper aux rideaux" mais tout mon corps était envahi par une sensation de plénitude indescriptible quand il était en moi. Arnaud a été un amour avec moi. Il a été vraiment patient. Je n'ai presque pas saigné au final.
- Je t'envie, tu sais.
Je souris.
- Mélanie, quand deux personnes s'aiment, leur union charnelle ne peut qu'être merveilleuse. Juste sentir l'autre en soi réjouit énormément. Tu devrais arrêter d'avoir peur et faire confiance à ton homme. David t'aime et te l'a prouvé de plusieurs façons. Il ne te fera pas de mal. Va le voir et dis-lui ce que tu as sur le coeur. Parle-lui ouvertement, dis-lui tes craintes.
- Il ne veut plus de moi et je doute qu'il m'écoutera. Par le passé, j'ai déjà essayé de lui en parler. Mais il a juste suffi que je mentionne le prénom de Charles pour qu'il se fâche.
- Il est juste jaloux de Charles. Et puis, cela fait juste un jour qu'il a rompu avec toi. Rien n'est encore perdu, Mélanie. Ne baisse pas les bras ! Tu as le droit et le devoir d'être heureuse avec lui ! Ne gâche pas tout. Bas-toi pour ton homme et laisse-le panser les blessures de ton âme, de ton coeur et de ton corps.
A nouveau, elle se blottit contre moi.
- Merci grande sœur. Tu as toujours les mots pour me réconforter. J'aurais dû venir plus tôt me confier à toi.
- Mieux vaut tard que jamais !
Un léger sourire apparaît à la commissure de ses lèvres. J'en suis ravie.