Chapitre 41 : Seconde chance

Write by Auby88

Margareth IDOSSOU

Depuis deux jours, j'appelle David en vain. Il ne décroche pas. Je n'ose pas me rendre à la Clinique, car je sais d'avance qu'il ne me recevra pas.  

Ces deux derniers jours sans lui, sans entendre sa voix, sans l'entendre me dire qu'il m'aime, sans goûter à ses baisers ont été un véritable supplice pour moi. (Soupir).

"Qu'ai-je fait de ma vie ?"


Je m'efforce de me concentrer sur mes paperasses mais je n'y arrive pas.

- David ! Tu me manques déjà.

Quelqu'un toque contre la porte de mon bureau.

- Entrez, dis-je sans grande conviction.


La surprise devant mes yeux est telle que je me lève mais demeure immobile contre mon fauteuil, ne sachant plus quoi dire ou faire.

Il avance vers moi en me souriant grandement.

- Comment va la plus belle des femmes, la plus précieuse à mes yeux ?

Je sors de ma torpeur et cours me jeter dans ses bras.

- Tu m'as tellement manqué, David. J'ai cru que …

- que tu allais te défaire si facilement de moi ? Sache que nous sommes collés, cimentés et serrés. Tu as mon cœur et j'ai le tien.

- Pardonne-moi pour t'avoir…

- Chut ! me dit-il en mettant un doigt sur ma bouche. Cela relève du passé. Aujourd'hui est un nouveau jour.

- Viens, asseyons-nous dans le canapé. J'ai beaucoup de choses à te dire.

Il s'exécute.

- Je t'écoute, Mélanie.

- Je n'ai pas été assez sincère avec toi, concernant la raison pour laquelle je te repoussais. J'espère que tu auras la patience de m'écouter cette fois-ci parce que la raison est liée à Charles.

- Je sais tout.

- Tu sais tout ? demande-je étonnée.

- Judith m'a tout raconté. C'est d'ailleurs pour cela que j'ai décidé de reconsidérer les choses avec toi. Je ne doute plus de ton amour pour moi. En repensant à cette nuit où tu as voulu te donner à moi malgré ta peur, j'ai compris que tu ne pouvais que beaucoup m'aimer pour agir ainsi.

- David ! Je …

- Je te demande pardon, Mélanie. Pardon pour avoir été autant égoïste, pour n'avoir pensé qu'à moi.

- Ne dis pas cela, David. Tu es mon meilleur ! Pour moi, aucun homme ne te vaut. Tu n'es pas un égoïste. Au contraire, tu es un homme bon, adorable, qui n'a cessé de me prouver combien il m'aime, combien il veut me rendre heureuse, combien il voudrait s'unir à moi pour que nous puissions ne faire plus qu'un. C'est juste moi qui suis pleine d'angoisses.

- Mélanie​ !

Il approche ses lèvres de mon visage. Je ferme les yeux, impatiente de goûter à nouveau ses lèvres. Mais c'est sur mon front qu'il dépose un baiser. Un peu déçue je suis, mais je ne me plains pas.


- Alors comme ça, depuis dix ans tu n'as plus jamais ...

Je secoue vivement la tête.

- Même pas en solitaire ?

- Non.

- T'en as jamais éprouvé le désir ?

- Non.

- J'avoue que j'ai eu du mal à le croire quand Judith me l'a dit. Je ne me suis jamais imaginé que tu t'étais abstenue durant tout ce temps. Je pensais que tu étais comme moi avant, célibataire endurci avec plein d'aventures sans lendemain.

Je lui donne une tape sur l'épaule.

- Sérieux, Mélanie. Moi je n'aurais pas pu tenir autant. Les femmes doivent vraiment être différentes des hommes !

- C'est possible, David. Pour ma part, après​ la première fois désastreuse que j'ai connue avec Charles, je n'ai plus éprouvé de désir. Le sexe est devenu pour moi une chose défendue, un tabou. Plus tard avec mes études, puis ma carrière, je n'ai pas eu le temps de penser à cela.

- Charles n'est qu'une brute ! Mais rassure-toi. Tous les hommes ne sont pas ainsi. Il y en a qui savent être très doux au lit, comme moi par exemple.


Je souris, ne sachant quoi lui répondre. Il sourit à son tour.

- Au moins je me réjouis d'une chose.

- Laquelle ? demande-je toute curieuse.

- Tu es encore vierge !

Je secoue la tête.

- Je ne le suis pas. Tu oublies que j'ai eu une fille. Donc je ne …

- A mes yeux, tu restes une vierge parce que celui qui t'a touchée en premier ne l'a pas fait dans les règles de l'art en matière de première fois.

- Parce que c'est tout un art ? m'enquiers-je.

- Oui, c'est tout un art. "L'art de faire l'amour" et je te promets de t'initier un jour.

Intimidée, je suis.

- David, je ne sais quoi te dire.

- Tu n'as rien à me dire. Je ne suis plus du tout pressé. Avant je ne pensais qu'à moi, mais maintenant c'est toi seule qui me préoccupe. Je suis disposé à attendre tout le temps qu'il te faudra pour être prête à franchir cette étape avec moi. Pourvu que tu ne me laisses pas avoir des cheveux blancs.

Je ne peux m'empêcher de rire.

- Promis, David.

- Désormais, je veux que tu me considères avant tout comme ton ami. Nous nous sommes tellement concentrés sur la notion de couple que nous avons oublié que nous étions avant tout des amis et que nous pouvions sans crainte partager nos pensées, nos soucis, nos espoirs…

- Mais…

- Cela n'occultera rien au fait qu'on reste un couple.

- D'accord.

Sur la joue, il me dépose une bise furtive.

- Il faut que je te laisse. On s'appelle plus tard.

- D'accord, dis-je pas vraiment satisfaite.     

Il avance de quelques pas puis revient vers moi. Je suppose que c'est pour enfin m'embrasser.

- Cela te dirait qu'on fasse une folie ?

- Une folie !

- Oui, je viens juste d'y penser. Partons loin de tous pendant deux semaines, rien que toi et moi. On repartira sur de nouvelles bases. On reprendra tout à zéro. On se dira tout ce qu'on a sur le coeur et on pourra encore mieux se connaître. Cela te dit ?

- Oui, mais …

- La Clinique pourra survivre deux semaines sans moi. Il y a des remplaçants. Et ton associé saura très bien s'occuper du cabinet en ton absence. D'ailleurs, en parlant de lui, j'espère qu'il a arrêté de te tourner autour. Parce qu'il m'arrive d'être très jaloux, bien sûr sans dépasser les limites.

Je souris.

- Franck n'a jamais été un obstacle pour moi. Je lui ai toujours fait comprendre que je ne voulais pas de lui. Et depuis qu'il sait que je suis en couple avec toi, il ne m'a plus jamais embêtée. A ce propos, Cynthia continue toujours de te déranger ?

- Non, je n'ai plus eu de ses nouvelles.

- Je suis bien curieuse de savoir comment tu t'y es pris.

- Tu me promets de ne pas mal le prendre​ si je te dis la vérité ?

- Je ne le prendrai pas mal.

Il me raconte la scène entre lui et elle dans son bureau.

- Elle a osé te faire cela, dans un endroit pareil. Elle doit vraiment être folle de toi, cette fille. En tout cas, tu as bien fait de la remettre à sa place !

- Tu n'es pas un peu jalouse ?

- Tu voudrais que je le sois  ?

- Sûrement pas. J'ai eu ma dose avec mon ex.

- Alors rassure-toi. Je ne suis pas jalouse. Tu ne me donnes aucune raison de l'être et j'ai entièrement confiance en toi.

- Tu me fais entièrement confiance ? Tu en es bien sûre ?

- En tout cas, en matière de fidélité oui. Mais concernant tout le reste, je sais que ce n'est pas vraiment le cas, mais je compte progressivement changer.

- Une façon de changer cela, c'est de te laisser entraîner dans ma folie, sans crainte, sans peur, sans doute. Alors, tu viens avec moi ?

- Oui, je te suis.

- Je vais de ce pas préparer notre voyage, dit-il en se levant.

- On va où ?

- C'est une surprise !


Une surprise ! Je souris intérieurement. Connaissant David, je risque d'être plus que surprise. Je parie qu'on passera deux semaines dans un endroit isolé au beau milieu d'une forêt. De toute façon, je suis prête à le suivre dans un trou à rats pourvu qu'ils n'aient pas la peste. (Rires)


- J'ai bien hâte de voir ça, David !

Il sourit, puis me dépose un bisou sur la joue.

- On s'appelle.

Il est sur le point d'atteindre la porte quand je l'interpelle.

- Tu es sûr que tu n'oublies rien ?

- Je ne vois pas de quoi tu parles.

- Je me rapproche de lui.

- Tu ne m'as du tout pas embrassé sur la bouche.

Il me fixe et sourit. Sur mes lèvres, il dépose une bise furtive.

- C'est tout ! m'enquiers-je. Je m'attendais à recevoir l'un de tes baisers fougueux.

- Il vaut mieux qu'on en reste là, Mélanie. Je ne veux pas réveiller le volcan qui sommeille en moi.

- Je vois, dis-je un peu triste.

Il a raison après tout. Je le laisse partir sans plus rien exiger. Au moins, nous sommes de nouveau ensemble et c'est l'essentiel.

J'en profite pour appeler Judith et la remercier. Elle est bien contente que David ait fait le premier pas vers moi et que nous soyons de nouveau ensemble.

Je raccroche et souris en pensant à ce que me réserve David comme surprise.



 






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