Chapitre 42 : Tous deux à Ouidah
Write by Auby88
Margareth IDOSSOU
Nous sommes à des quarantaines de kilomètres de Cotonou, précisément dans une ville qui regorge de sites chargés d'histoire : la route des esclaves et la porte du non-retour en mémoire de la période esclavagiste, le musée d'histoire, le temple vaudou des pythons…
C'est donc à Ouidah que nous venons passer deux semaines. David arrête sa voiture devant une magnifique demeure, à proximité de la plage. Les murs de la maison sont tellement hauts qu'on se croirait dans un fort. Il klaxonne et quelqu'un vient nous ouvrir.
Assise à l'avant avec David, je contemple l'intérieur de ce palace. Des cocotiers longent l'allée qui mène vers la dépendance principale. Pour une surprise, je ne m'y attendais pas. J'ai sous-estimé David...
A présent, nous nous dirigeons à pied vers la dépendance principale.
Un chien accourt vers nous. Je n'ai jamais aimé ces animaux. Je me cache derrière David.
- T'as pas à avoir peur, Mélanie. Ben n'est pas méchant, dit-il en prenant le chien dans ses bras.
Ses propos ne me rassurent pas. Je préfère rester à l'écart. Je vais m'asseoir sous la paillote près de là et les observe de loin.
Un couple s'approche d'eux. Ils saluent David puis tous reviennent vers moi.
- Je vous présente Mélanie, ma moitié.
- Enchanté, me dit l'homme. Vous formez tous deux un joli couple.
Il me tend une main que je serre. La femme près de lui en fait autant. A moi, David s'adresse :
- Alain et Rose s'occupent de la maison. Ils habitent dans le pavillon juste derrière la maison.
- Nous avons apprêté la maison comme tu l'as souhaité, précise la femme en direction de David. J'espère que Mélanie y passera un bon séjour.
- J'en suis sûre, dis-je.
- On vous laisse. Vous devez être fatigués. Rose vous concoctera un délicieux déjeuner tout à l'heure.
- Merci, dit David.
Je les remercie aussi
- Au fait, où sont vos valises ? s'enquiert l'homme.
- Dans le coffre de ma voiture.
- Donne-moi tes clés, David. Je vais les chercher.
- Je viens avec toi.
- Il vaut mieux que tu t'occupes de madame et que tu lui montres les lieux. Je ne suis pas encore vieux, je te rappelle.
- C'est bon, finit par dire David en souriant.
En partant, l'homme appelle Ben qui le suit. Rose prend congé de nous.
- Une demeure familiale !
- Oui, bien trouvé, Mélanie. C'est la maison de vacances des N'KOUE.
- Elle est vraiment splendide !
- Oui, c'est ce que disent les touristes qui séjournent parfois ici. Allez, viens que je te montre ta chambre.
Le salon dans lequel nous entrons me laisse sans voix. Il est doté de grande baies vitrées qui estompent la différence entre l'intérieur de la pièce et l'extérieur, offrant une vue magnifique sur toute la cour. Quant à l'ameublement, il est très tendance surtout avec ces canapés et coussinets aux couleurs grises et blanches. Des tableaux d'art, relatifs pour la plupart à la nature, ornent les murs.
Les chambres sont situées en haut.
Dans l'une des pièces à côté du salon j'entrevois une cuisine très moderne, avec l'îlot central au milieu et des luminaires qui pendent au plafond.
La chambre que j'occupe est assez spacieuse. J'ouvre la baie vitrée et me hasarde sur la terrasse. Elle m'offre une magnifique vue sur la plage "ouidahienne". J'ai bien hâte de m'y rendre. Je reste quelques minutes là puis je viens m'asseoir sur le grand lit.
Plutôt que de prendre une douche, je préfère déballer mes affaires ou du moins ranger quelques vêtements dans le dressing.
Pendant que je m'affaire, mes yeux tombent sur une pochette rouge. Je la prends et l'ouvre. (Soupir ).
En acceptant de passer deux semaines seule avec David, je me suis décidée à ne plus mettre aucune barrière entre nous. Ce qui signifie que je n'écarte pas l'éventualité de m'unir enfin à lui.
Hier, j'ai pris de la lingerie très sexy ( en espérant que cela lui plaira ), un lubrifiant intime et des préservatifs. Voilà ce que contient ma fameuse pochette rouge.
Mais je doute que cela servira. David est désormais très réservé avec moi et je ne pense pas pouvoir initier quoi que ce soit avec lui. Je suis trop timide. (Sourire). Et puis, j'ai peur de "l'allumer" et de me rétracter ensuite ; ce qui pourrait le frustrer.
Je laisse la pochette ouverte sur le lit, puis je continue à ranger. Je verrai bien comment m'en débarrasser ou ...
Enfin, j'ai réussi à vider la valise. Là, je suis épuisée. Je me jette sur le lit, m'étire longuement, y reste quelques minutes puis me force à aller prendre une douche.
David N'KOUE
Cela fait trente minutes que j'attends Mélanie en bas. Rose vient de servir le déjeuner et je commence par avoir faim. Je souhaite quand même manger en compagnie de Mélanie...
Là, je m'impatiente. Je monte les escaliers. La porte de sa chambre est entrouverte. Je tape, aucune réponse. J'hésite au début mais finis par entrer. J'entends le bruit de l'eau qui coule dans la salle de bain. Elle y est. Il vaut mieux que je quitte sa chambre avant d'être tenté.
Je suis sur le point de m'en aller, quand un sac de couleur rouge sur le lit attire mon attention. Je m'approche et regarde de plus près : nuisettes, strings, soutien-gorges assortis … En bref, des dessous très …. (je préfère me taire ). Je remarque aussi du lubrifiant et des préservatifs. Je souris intérieurement. Je prends les tissus dans mes mains. J'imagine Mélanie dedans. Mes sens s'activent tandis que l'eau dans la douche cesse de couler.
Je suis partagé entre RESTER et SORTIR.
Que faire ?
Au final, je choisis la deuxième option. Je sors malgré moi. Pas parce que je veux continuer à être réservé avec Mélanie. Mais plutôt parce que je compte désormais l'amener progressivement à moi, parce que je veux qu'elle brûle de désir pour moi. Et comment y parvenir ? J'ai ma petite idée là-dessus. Mais cela reste secret. (Rire).
Dans le grand canapé, je vais l'attendre. J'en profite pour zapper les chaînes de télévision. Elle ne tarde pas à descendre. Elle porte un tee-shirt noir sur un jean bleu, tandis que moi j'ai opté pour un pantalon marron. Dessus, j'ai mis un tee-shirt blanc. Je ne manque pas de la taquiner.
- Enfin, je te vois. Je croyais qu'un extraterrestre t'avait enlevée !
- Très drôle, David !
Près de moi, elle vient s'asseoir.
- J'ai voulu ranger mes affaires. C'est pour cela que j'ai autant duré.
- Je vois. Tu aurais au moins pu me prévenir.
- Je n'y avais pas vraiment pensé. Je suis désolée.
Je hoche juste la tête.
- Qu'est-ce que tu faisais en m'attendant ?
- Rien d'important. Disons que je regardais la télé.
- T'as pu trouver un programme intéressant ?
- Pas vraiment, Mélanie.
- D'accord. Figure-toi que depuis ma chambre, j'ai aperçu la plage. On pourrait s'y rendre tout à l'heure.
- D'accord. Mais pour cela, il me faut prendre des forces. Il y a mon ventre qui fait des bruits bizarres depuis. Mais je tenais à t'attendre avant de goûter au délicieux mets de Rose qui nous attend sagement dans la salle à manger.
- Je suis désolée, David.
Je me lève en faisant mine de bouder. Elle me suit en se moquant de moi...
Quelques heures plus tard
Sur la plage
Nous marchons tout en papotant, admirant la belle étendue d'eau salée. Nos mains sont enlacées. Sous une paillote, nous allons nous asseoir. L'un près de l'autre.
- Le coin est vraiment beau, David. Je pourrais rester ici pendant des heures !
- J'adore aussi écouter le doux son des vagues.
- Vous avez dû vivre des vacances inoubliables ici, ta famille et toi.
- Oui, en effet. Je garde de bons souvenirs. J'espère que notre séjour ici sera aussi mémorable.
- J'en suis certaine. Je suis tombée sous le charme de cet endroit dès que je l'ai vu. Et je suis sûre de passer de bons moments en ta compagnie.
Je la regarde et souris.
- Pourquoi tu me zieutes ainsi David ?
- Pour rien. Je suis juste heureux de t'avoir là, près de moi.
En parlant, j'approche mon visage du sien. Elle ferme les yeux. Je suppose qu'elle s'attend à ce que je l'embrasse sur les lèvres. Mais non. Je lui dépose une bise furtive sur la joue.
Je lis une fois de plus de la déception sur son visage, mais je fais mine de n'avoir rien vu.
Sans davantage prêter attention à elle, je me lève et l'invite à rentrer. J'ai trouvé un bon prétexte.
- Là, je sens la fatigue. J'ai besoin d'aller faire une bonne sieste bien méritée.
- Déjà ! s'enquiert-elle.
- Oui, Mélanie. Et je te suggère d'en faire autant. Allons-y.
Je tourne le dos sans prendre le temps de l'aider à se relever.
Un peu plus tard
Margareth IDOSSOU
Je sors de la sieste forcée que David m'a contrainte à faire. J'aurais préféré profiter un peu plus de la plage avec lui. Quoi qu'il en soit, dormir m'a fait du bien.
J'entends des voix en bas. Celle de David et d'une jeune femme. Cela m'intrigue. Je descends rapidement les marches. Le spectacle devant mes yeux ne me plaît du tout pas. La jeune femme est assise un peu trop près de mon homme dans le canapé, tandis que lui a une main autour de son cou. Je garde mon calme en approchant. Ni l'un ni l'autre ne semblent gênés en me voyant. Ils gardent la même posture.
- Tiens, Mélanie, tu tombes bien. Viens que je te présente Nina, la fille de Rose.
A pas lents, je les rejoins. Je tends malgré moi une main à cette fille hardie qui doit avoir à peine 20 ans. Ensuite, je vais m'asseoir sur le canapé en face. Elle ne manque pas de me toiser.
- Alors, comme cela, c'est toi qui as réussi à voler le coeur de David !
J'ai envie de lui lancer au visage : "De quoi je me mêle, petite impertinente !". Mais je me ravise. Je hoche juste la tête en sa direction. David renchérit.
- Oui, Nina. Mélanie est celle qui détient la clé de mon cœur.
- Tu es vraiment chanceuse, Mélanie ! Crois-moi, si ce beau gosse ne s'entêtait pas à refuser mes avances depuis toujours, j'aurais usé de tous mes charmes pour te le voler.
- Je vois, dis-je tout simplement en observant David qui sourit.
- Pour moi, tu seras toujours ma petite sœur, Nina !
- Tu ne sais pas ce que tu rates, David.
Elle lui parle en le regardant avec des yeux d'aguicheuse puis lui dépose une bise sur la joue. Il semble s'y plaire tandis que moi je bous intérieurement.
Excédée par cette complicité entre eux, à mon avis indécente, je finis par me lever.
- Je vais prendre l'air dehors. Vous devez avoir beaucoup de choses à vous dire !
- A tout de suite, mon amour ! me lance David.
Il n'essaye même pas de me retenir. J'ai envie de lorgner cet idiot, mais je lui souris. Je les entends parler.
- On dirait que ta meuf est jalouse !
- Mélanie, jalouse ! Non. Et puis, on ne fait rien de mal. Allez, raconte-moi tout de toi.
David me déçoit énormément. J'ai du mal à cerner mon homme ces temps-ci. Nous étions sensés être tous seuls et voilà qu'il y a cette pimbêche avec laquelle il s'affiche. En outre, je n'aime pas cette façon qu'il a d'être si réservé avec moi. Alors que ce dont j'ai le plus besoin, ce n'est pas d'un ami, mais d'un homme. Un homme dans les bras duquel je pourrais me blottir. Un homme qui m'embrasserait avec passion, comme lui seul sait le faire. (Soupir). Malheureusement, je suis trop timide en la matière pour tout lui avouer. Dilemme !
Le lendemain
David N'KOUE
Mélanie a passé toute la journée et la soirée d'hier à me bouder, d'autant plus que Nina ne m'a pas "lâché d'une semelle". Disons que cette jouvencelle a toujours eu un faible pour moi. Elle est en faculté de médecine à Parakou mais vient de temps en temps visiter ses parents. En principe, elle part aujourd'hui sauf si elle change d'avis.
C'est peut-être cruel, mais je me sers de Nina pour rendre Mélanie jalouse. Parce que je sais que ma dulcinée a beaucoup de choses à me dire, mais qu'elle n'ose pas. J'espère qu'elle réagira enfin.
J'ai opté pour un style assez décontracté aujourd'hui. Un polo très moulant qui dessine bien mes pectoraux et une culotte qui descend à peine sur mes genoux. A mon cou, je porte une chaîne que Mélanie m'a offerte. J'ai également finement taillé et stylé ma barbe et mes cheveux. Je suis donc en mode séduction aujourd'hui. Mélanie ne tardera pas à descendre et je parie que Nina pointera le bout de son nez. Parfait !
Comme prévu, je vois ma tendre moitié descendre en bas, la mine encore serrée. Elle me lance un bonjour qui en dit long sur son état d'âme. Elle doit encore m'en vouloir.
- Ta "petite sœur" n'est pas venue te rendre visite aujourd'hui ?
- Pas encore, Mélanie. Mais elle viendra plus tard. Nous avons passé une belle fin de soirée. Dommage que tu te sois vite couchée.
- Je ne voulais pas gâcher une si belle complicité, un moment si intime entre un grand-frère et sa petite-soeur !
Je sais qu'elle ironise. Intérieurement, je me moque d'elle.
- Tu es un amour, Mélanie. Merci d'être aussi compréhensible.
Elle hoche la tête.
- Je suppose que c'est aussi pour Nina, que tu t'es habillé ainsi.
- Mais non, voyons. J'ai juste voulu changer de look.
- Oui, c'est cela. Je vois.
- Cela te plaît ?
Elle hausse les épaules tout en me dévorant des yeux. Elle est assise dans le canapé en face du mien. Je vais m'asseoir près d'elle.
- Bah ! Que veux-tu que je te dise ? Tu es beau comme d'habitude.
- Vraiment !
Elle hoche la tête en fuyant mon regard.
- Mélanie !
Elle me regarde. J'approche mon visage du sien dans le but de lui donner un vrai baiser, de l'embrasser avec volupté quand j'entends :
- Coucou les amoureux ! J'espère que je ne vous gêne pas.
Là, je ne m'attendais pas à être dérangé à un moment pareil. Mélanie se lève promptement en me toisant.
Elle s'adresse à Nina :
- Non, Nina. Tu tombes à pic. J'étais sur le point d'aller me promener sur la plage. Je vous laisse.
Je me mords les lèvres, en la regardant s'en aller. J'ai bien peur que tout cela nous distance plutôt que de nous rapprocher.
- Je suis désolé, David, de vous avoir interrompus.
- Ne t'inquiète pas pour cela, Nina.
- Tu devrais aller la voir. Ça se sent qu'elle est jalouse. Mais elle n'ose pas l'avouer. Je suis juste venue te dire que je pars.
- Je pensais que tu partirais l'après-midi.
- Non, je préfère m'en aller maintenant pour profiter de mon petit-ami avant de reprendre les cours. En tout cas, cela m'a fait plaisir de te revoir. Et aujourd'hui en particulier, tu es vraiment séduisant.
Je souris.
- Merci, Nina.
- Mélanie est vraiment chanceuse. J'espère qu'elle en est bien consciente et qu'elle s'occupe bien de toi. Si ce n'est pas le cas, il te suffira de m'appeler et je viendrai pour toi, beau gosse.
- Tu ne changeras jamais, Nina !
Elle secoue la tête, puis me dépose un long bisou sur la joue.
- Bon retour à Parakou. Je te raccompagne.
- Ce n'est pas la peine, David. Va voir ta moitié avant qu'elle ne fasse une bêtise.