Chapitre 43

Write by Jennie390

⚜️ Chapitre 43⚜️


 Landry Ratanga


Je sors de la boulangerie avec mes achats lorsque je tombe sur le principal sujet de mes multiples réflexions de ces derniers temps. Monsieur Biyoghe, le prince du mal. 


一Comment tu vas? demandé-je.


一Oh moi ça va hein, et toi? réplique-t-il en me regardant des pieds à la chevelure.


一Je vais bien, merci.


一J'aurais appris que tu as récupéré ton boulot à l'hôpital ?


一Qui te l'a dit? 


一Richard, bien sûr!


一Oui bien sûr, je réponds avec un rictus.


Comme si je ne savais pas que c'est la sardinelle qui le lui a dit. Il ignore que je sais qu'ils se connaissent personnellement et c'est tant mieux. Soit dit en passant, elle ne paie rien pour attendre celle-là.


一Je dois t'avouer que j'ai été très surpris d'apprendre qu'on t'a repris à Saint-Honoré après la grosse incartade pour laquelle on t'avait viré. 


一Je n'ai pas eu à faire beaucoup d'efforts. Je suis compétent, mon boulot a parlé pour moi.


一Ah d'accord ! Moi qui pensais que tu avais usé de certaines relations pour retrouver ce poste.


一Non tout le monde ne sou*doie pas les gens avec l'argent ou les relations pour arriver à ses fins. Je suis de ceux qui ne forcent pas.


Une lueur passe dans son regard et il affiche un sourire fake comme d'habitude. On peut me dire ce qu'on veut, le gars là est malfaisant !


一Tu es donc très compétent, c'est bien fait-il, sarcastique.

 

一Ouais...


一Mais je suppose que les gens qui ont voulu que tu partes de Saint-Honoré n'ont pas été ravis de te voir revenir. Il faut donc faire attention, tu t'es peut-être créé des ennemis.


Con*nard...


一Oh ça, c'est leur problème, ils vont s'étouffer dans leur aigreur. Je ne gère pas tout ça.


一Téméraire, le petit! Intéressant...


J'affiche un sourire de circonstance et je le dépasse. 


一Ça a été cool de te voir, Émile.


一Ouais ! On devrait prendre un café ensemble un de ses quatre, répond-il. Pour discuter de tout et de rien. 


Pourquoi ? La sardinelle et toi , vous avez prévu le poison des cafards ?


一On peut organiser ça. Aller, passe une bonne journée.


一Pareillement!, dit-il avant de se retourner. 


Il entre dans le magasin pendant que j'embarque dans mon véhicule. Une personne clairvoyante aurait assisté à cette conversation, elle aurait compris qu'on ne s'apprécie pas. C'était tellement évident...

En tout cas, je me suis déjà penché sur son cas.


                       ***

   ♠️Deux semaines plus tard♠️


Je suis plus que jamais décidé à me plonger dans mon plan pour démanteler le projet noir d'Emile Biyoghe. Après mes discussions avec Odile et Hortense, tout en prenant en compte ce que j'ai observé moi-même en présence du couple Biyoghe, je sais que ce type prépare quelque chose. Et en lisant entre les lignes, je pense qu'il prépare quelque chose pour la petite Mélissa.


 J'ai compris qu'il ne reste que quatre mois avant qu'elle n'aille vivre chez eux, il faut donc agir vite avant qu'il ne soit trop tard. Il est vrai que quelque part, je veux me venger parce qu'il a essayé de me tuer. Mais quelque part, en rencontrant cette petite, j'ai eu pitié d'elle. L'imaginer à la merci de ce type me dépasse. Elle a besoin d'assistance, d'amour, pas d'un malade qui va vouloir plonger une main dans sa culotte.


Loïc a récupéré pour moi le numéro de Madame Odile dans le téléphone de sa mère. J'ai passé un coup de fil à la concernée pour qu'elle accepte de me rencontrer au parc Océane. Une bonne demi-heure après mon arrivée, elle se pointe enfin. On se salue et nous prenons des nouvelles l'un de l'autre, avant de s'asseoir.


一Alors pourquoi vous vouliez me voir?


一Pourrait-on se tutoyer? demandé-je. Ça peut aider à briser la glace rapidement. 

一Sans problème ! Donc, je t'écoute.


Je prends une bonne inspiration et j'essaie de trouver les mots justes pour aborder le sujet sans qu'elle ne se braque. 


一Comme je te l'avais dit le jour où on s'est rencontré chez Loïc, je connais le couple Biyoghe. On a parfois partagé des dîners ensemble ou assisté à certains événements mondains.


一Oui je me souviens t'avoir entendu mentionné quelque chose comme ça. Donc quel est le soucis ?


一Émile Biyoghe n'est pas un homme bien.


一C'est à dire ?demande t-elle, un sourcil lèvé. Développe.


Elle croise les bras et je me lance. Je lui parle de tout ce que je sais. Ce n'est plus le moment de retenir des informations, le temps est court. Elle m'écoute sans m'interrompre, en froissant la mine par moment.


一Voilà tu sais tout.


一C'est une blague tout ça ? demande-t-elle après un moment de silence. C'est une caméra cachée?


一Pourtant je suis très sérieux Odile. Je suis une personne assez occupée à cause de ma profession. Jamais je ne prendrai de mon temps précieux pour fabuler.


一Je ne sais pas à quoi tu joues, mais ça ne peut pas être vrai. Tu décris monsieur Biyoghe comme étant littéralement un psycho*pathe qui retient sa femme prison*nière et qui veut coucher la petite Mélissa.Est-ce que tu t'entends ? Tu te crois dans un film hollywoodien ou quoi?


Je sens que la tâche ne va pas être facile du tout. Mais je ne me démonte pas.


一Qu'est ce que je gagne à inventer une chose pareille, Odile ? Les signes sont là, il suffit juste d'ouvrir les yeux. Toi-même, tu as dit que tu as vu l'attachement fort de Yolande pour la petite et comme par magie, le mariage aurait tout effacé ? Franchement! Le fameux salon d'esthétique pour lequel elle voyage beaucoup pour la marchandise, n'existe plus à l'heure actuelle. Une femme qui était toute pleine de vie, le regard rieur, bam ! Le mariage a tout éteint? Toi-même, tu as dit que tout a changé sur elle.

一Tu sais que l'argent...


一Non Odile ! L'argent ne fait pas changer les gens, il fait juste ressortir leur vraie nature. En pensant bien à cette Yolande d'avant, tu crois qu'au fond, elle attendait une opportunité pour se débarrasser de la petite ?


一Ce que tu racontes n'a pas de sens Landry, dit-elle en bousculant la tête.


Je soupire et me passe une main sur le visage. 


一Bon, si on laisse Yolande. Concentrons-nous sur la personne que tu connais bien parce que tu la fréquentes au quotidien depuis des années, Mélissa. Cette petite, malgré son âge, a toujours l'esprit et la psychologie d'une petite fille, n'est-ce pas ?


一Oui.


一Donc voyons les choses de cette façon. Les enfants sont candides pratiquement comme des anges. Ils gardent difficilement les choses négatives dans le cœur. Il est très facile pour eux d'aimer les gens. Ils ne sont pas comme nous, les adultes, qui pouvons détester sans raison une personne qu'on vient à peine de rencontrer. Jusque-là on est d'accord ?


Elle hoche la tête.


一Donc explique-moi pourquoi une personne comme Mélissa va assimiler Émile à un loup.


一Mélissa a un esprit d'enfant, elle est parfois dans son délire. Elle image des contes et...


一Il faut justement lire entre les lignes, Odile, s'il te plaît. Tu parles de contes, pense un peu à ce que représente "le loup" dans les contes pour enfants comme "le loup et l'agneau", le petit "chaperon rouge" ou les trois petits cochons. C'est un prédateur qui veut manger les protagonistes parce qu'il est méchant. Un enfant qui te trouve gentille va t'assimiler à un chaton, un lapin, mais pas à un loup.


Elle regarde sa montre d'un air ennuyé.


一Pense un peu à son attitude à chaque fois que tu parles d'Emile. Je me souviens de la dernière fois qu'on était ici dans ce parc, dès qu'on a mentionné Émile, elle a froissé la mine. Elle est encore parlé de son histoire de loup. Ça ne peut pas être une simple coïncidence. Il y a quelque chose en dessous. Elle voit certainement ce que nous on n'a pas capté.


一Écoute tout ça commence à m'agacer,dit-elle. Quand tu venais me vendre cette histoire, c'était pour atteindre quel but?


一Il est impératif que Mélissa ne se retrouve pas dans les mains d'Emile. Il faut donc tout faire pour empêcher qu'elle n'aille pas vivre chez eux dans quatre mois. Tu es la seule personne qui peut aider dans ce sens. Tu imagines cette petite en train de subir toutes les saletés que ce malade va vouloir lui faire ? Cette histoire de lui qui aime coucher avec les folles est vraie. Yolande l'a confirmé.


一Mélissa n'est pas folle et Émile le sait, donc ta théorie ne tient pas la route, dit-elle en se levant. 


一Oui mais toi-mêmee tu as reconnu que, à cause de leurs attitudes, beaucoup de gens assimilent les attardés aux fous. 


一Si je décide d'aller raconter tout ceci à Monsieur Biyoghe, que se passera t-il?


一On parle d'un homme qui a l'argent, les relations.Une chose pareille à ses oreilles, ma vie sera automatiquement en danger. J'en suis conscient, mais j'ai pris mon courage pour venir te parler. Je ne suis apparenté ni de près ni de loin à la famille Otando, donc je n'ai rien à gagner en voulant les aider.


一Je ne sais pas si c'est une vendetta contre un homme honnête, mais ce sera sans moi. Que ce soit la première et la dernière fois que tu appelles mon numéro. La prochaine fois que tu essayes de me contacter d'une quelconque façon, je vais en parler à Émile Biyoghe.


一Odile je...


一Tu es prévenu ! 


Elle récupère son sac à main et quitte les lieux. Je reste assis un moment. Je savais que ça n'aurait pas été facile, mais de là à ce qu'elle soit aussi difficile, c'est terrible. Maintenant, qu'est-ce que je fais ?


                 ***

  1 mois plus tard


Odile Odjele


 

Un mois déjà depuis ma dernière conversation avec Landry Ratanga. J'étais tellement en colère contre lui ce jour-là que j'avais eu envie de lui donner une bonne gifle pour qu'il ferme sa bouche. Comment quelqu'un va se lever un matin et raconter des chimères sur la vie des gens ? Je ne sais pas exactement quel est son problème avec monsieur Biyoghe, mais je ne peux pas l'aider dans une vendetta contre un homme innocent qui ne m'a rien fait.


Après notre discussion, j'étais décidée à le dénoncer, mais jusqu'à présent, quelque chose m'en empêche, je ne sais pas quoi. Peut-être que quelque part, je ne veux pas gâcher la vie de ce petit qui a juste l'air égaré.

Aujourd'hui, c'est vendredi et en début d'après midi, nous recevons Émile Biyoghe qui vient payer la pension de Mélissa. 


一 Je veux Yoyo! demande la petite.


一Malheureusement ma chérie, elle est en voyage en Chine, dit monsieur Biyoghe.Mais bientôt, tu vas la voir.


Mélissa le regarde un moment et tourne les talons sans plus rien ajouter. 


一Monsieur Biyoghe, excusez-moi, mais madame Yolande est-elle vraiment en voyage ?


一Pourquoi cette question ? Vous pensez que je mens ? Dans quel but?


一En fait, ça fait bientôt six mois qu'elle n'est plus revenue voir sa sœur. Elle a toujours montré qu'elle compte beaucoup, mais depuis un moment, je trouve que les raisons de ses absences sont assez bidons.


Il me regarde un instant avant de se passer les mains sur le visage.


一 Écoutez , madame Odjele, fait-il dans un soupir. J'ai vraiment le regret de vous dire qu'en réalité Yolande ne veut plus rien savoir de cette petite, voilà pourquoi elle ne vient plus. Elle estime qu'elle a beaucoup donné en termes d’argent, d'énergie et de temps pour Mélissa. Elle la voit déjà comme un fardeau.


一À ce point ?


一Oui. Et figurez vous-même qu'elle essaye de me convaincre de parler avec les fondateurs d'Oasis, pour voir comment la faire rester ici un peu plus, quitte à doubler le montant de sa pension. 


一Et vous allez vraiment le faire ?


一Je n'en serai pas capable. Quand j'ai rencontré Yolande, je lui ai dit que je l'acceptais dans ma vie avec tout ce qui est collé à elle. Tout ce qui est à elle est désormais à moi et sa famille devient automatiquement la mienne. Donc non, madame Odile, je ne pourrais pas l'abandonner ainsi. Je suis conscient que cette petite a besoin d'amour pour dépasser son handicap. Que Yolande le veuille ou non, cette petite viendra vivre chez nous dans trois mois comme convenu.


一D'accord. Je suis un peu plus rassurée maintenant que vous m'avez parlé carte sur table.


一Merci d'être aussi investie dans votre relation avec Mélissa. C'est rassurant de voir que malgré l'absence de sa sœur, vous faites de votre mieux pour combler le vide et pour l'assister au mieux.


一C'est avec plaisir que je le fais.


Il hoche la tête, me dit au revoir et s'en va quelques minutes plus tard dans son véhicule. 

Un peu plus tard, la visite de monsieur Biyoghe me revient en mémoire, puis je me souviens d'un détail assez troublant, mais que j'ai vite fait de balayer de mon esprit à ce moment-là. 


[Melissa tourne le dos et nous laisse seuls, monsieur Biyoghe et moi. Ce dernier l'a regardé partir longtemps, d'un regard étrange.] En y pensant bien maintenant, ça ressemblait au regard qu'un homme pose sur une femme qu'il convoite. Ça a été très rapide, mais j'ai pu le percevoir.


J'espère vraiment me tromper et que ce ne sont pas les balivernes de Ratanga qui embrouillent mon esprit dans ce sens. Aujourd'hui encore, monsieur Biyoghe m'a parlé et ça m'a rassuré sur l'avenir de Mélissa. Quelqu'un comme ça peut avoir de mauvaises intentions ?

Non! Pas possible !


                          ***

En début de soirée, je suis assise avec Mélissa dans la cuisine. Elle mange des cornflakes au chocolat en chantonnant. Je la regarde et je me rends compte qu'elle est triste.


一Yoyo va arriver, d'accord ?


Elle hoche la tête.


一Tu étais contente de voir Émile ?


Elle ne répond pas.


一Mélissa Émile est gentil, n'est-ce pas ?


一Émi...loup!


Cette histoire de loup, vraiment...


一Mélissa,le Loup est méchant, donc ce n'est pas Émile parce qu'Émile est gentil,non? Il t'apporte souvent des jouets et des glaces. Il est gentil.


一Émi... loup.


一Mélissa, pourquoi tu dis qu'Émile est méchant?


Elle me regarde, elle mange, puis a l'air de réfléchir.


一Émi...loup, fait bobo à Melissa ! dit-elle en me montrant la cicatrice qu'elle a au genou.


Je fronce les sourcils. Cette cicatrice, elle l'a eue le jour du mariage de Yolande et Émile. Je n'y étais pas ce jour-là, mais on m'avait dit qu'elle était subitement tombée du haut des escaliers. Elle s'était brisée la jambe qu'on a dû immobiliser pendant un long moment.


一Mélissa c'est Émile qui t'a fait ce bobo ? dis-je en montrant la cicatrice du doigt.


Elle hoche la tête.


一Émile a poussé Mélissa ?, demandé-je en faisant le geste de la main.


一Émi...méchon,dit-elle en hochant la tête.


Jésus, Marie, Joseph, c'est quoi cette histoire ?

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