Chapitre 44

Write by Jennie390

⚜️ Chapitre 44⚜️


Odile Odjele


2 mois plus tard 


Notre quotidien peut parfois se transformer en un véritable film hollywoodien. Voilà une chose dont je suis convaincue depuis que cette histoire d'Emile Biyoghe a commencé. Penser que ce monsieur puisse avoir des idées viles voir libidineuses sur ma petite Mélissa me rend malade. Depuis qu'elle m'a parlé du fait que son beau-frère est celui qui l'a poussé le jour du mariage, mon esprit n'est plus tranquille. J'ai ramené le sujet sur le tapis à maintes reprises et les réponses de Mélissa sont sans appel: emi...Lou méchon, il a fait bobo à Mélissa.


J'ai retourné cette histoire dans mon esprit et sur un coup de tête je me suis rendu à l'institut de beauté "Peau D'ange", qui dans mes souvenirs appartenait à Yolande Otando. Pendant que la coiffeuse s'affairait sur ma tête, j'ai entendu dire que Yolande avait vendu cet institut il y a de cela un an et qu'il a aujourd'hui un nouveau propriétaire. Pas besoin de mentionner que je suis tombée des nues après une telle nouvelle.


Elle va donc tout le temps en Chine pour acheter la marchandise et le matériel de quel institut ? 


Cette nouvelle étant déjà très déconcertante, ce qui m'a assommé une bonne fois pour toute, c'est lorsque j'ai rencontré Sabine une des meilleures amies de Yolande. Cette dernière m'avait été présentée lors d'un des anniversaires de Mélissa.


一Alors madame Odile ,comment va Mélissa ? m'avait-elle demandé.


一Elle va bien, elle a fait beaucoup de progrès.


一Oh c'est super ! elle est vraiment bien encadrée donc c'est normal que tout se passe bien pour elle.


一Oui c'est vrai.


一Et Yolande ?


一Madame Yolande ?


一Oui comment se porte-t-elle?


一Euh, ce serait plutôt à moi de vous poser cette question, vous êtes son amie.


一Ah le proverbe qui dit que "les moutons marchent ensemble mais n'ont pas le même prix" est vrai.


一Comment ça ? demandais-je, totalement perdue, de quoi vous parlez ?


一 Yolande est montée dans l'échelle sociale, est-ce qu'elle connaît encore les gens? Elle est tellement arrivée que nous les pauvres nous ne sommes plus dignes de la côtoyer. Elle a complètement coupé les ponts avec nous autres.


Que devrais-je répondre face à une telle assertion ?


Je ne lui avais rien dit des doutes qui peuplaient désormais dans mon cerveau en ce qui concerne Émile Biyoghe. Mais en rassemblant toutes les pièces de cette histoire, j'étais convaincue qu'il y avait anguille sous roche. J'ai même pensé à aller voir la directrice d'Oasis pour lui en parler, mais j'ai désisté à la dernière minute.


 Ce matin finalement, après tout ce temps, j'ai décidé de me lancer. Si ma petite poupée est en danger, je me dois de faire quelque chose autant que possible. Je me rends chez Loïc, j'y ai donné rendez-vous à Landry. Vu que l'on joue avec le feu, il est préférable que l'on ne se voit pas dans un endroit public comme le parc.


 Loïc et moi discutons dans le salon lorsque Landry Ratanga fait son entrée accompagné d'un jeune homme appelé Paul. Après s'être salués, nous prenons place autour de la grande table du salon.


一Madame Odile, merci encore d'avoir pris le temps de réfléchir sur cette histoire et d'être revenue sur ta décision initiale qui était de me dénoncer.


Je hoche la tête.


一Par contre, j'aimerais savoir ce qui t'a fait changer d'avis, reprend-il. Tu avais l'air très déterminée la dernière fois au parc et tu me regardais comme si j'étais fou.


一Disons que plusieurs signes sont passés sous mes yeux après notre rencontre et je ne pouvais plus faire l'autruche .


一C'est à dire? 


Je leur raconte tout ce que j'ai appris entre-temps, la déclaration de Mel et celle de la copine de Yolande sans oublier l'institut.


一En fait, votre type là, c'est un vrai malade hein! s'exclame Paul.


一Un vrai ! renchérit Loïc.


一Bon maintenant qu'on est quasiment sur que le type est dingue, psychopathe et probablement dangereux, dis-je. Quelles évidences on va présenter à la police pour qu'il soit arrêté?


一Arrêté ? demande Landry, un sourcil levé ? Ce n'est pas le but actuellement. En allant le dénoncer, on prend le risque qu'il s'en sorte facilement parce que non

seulement le gars, grâce à ses relations et son argent, il peut tout balayer d'un revers de la main, mais en plus, nous n'avons pas de preuves irréfutables à présenter aux autorités.


一Donc ton projet, c'est quoi exactement ? demande Loïc.


一Honnêtement, je ne sais pas trop quelle action poser pour ne pas mettre nos vies en danger, répond Landry. Mais s'il y a une chose qui est sûre, c'est que Mélissa doit être retirée de son chemin le plus vite possible. Combien de temps reste-t-il avant d'aller vivre chez eux ?


一2 semaines, réponds-je.


一 C'est imminent. Si cette petite entre dans cette maison, ce sera impossible d'avoir accès à elle comme c'est déjà le cas pour Yolande.


一La petite est sur le point de se retrouver dans le panier de cet homme, réplique Paul. Comment tu vas la faire échapper à ça ? Comme Houdini, la faire disparaitre par magie ?


一Si seulement, réplique Landry. Mais vu que personne n'a de pouvoirs magiques, on va devoir le faire physiquement. On va la kidnapper. C'est le seul moyen de la faire disparaitre sans que Biyoghe nous tombe dessus.


一Landry est-ce que tu as pensé à la logistique nécessaire pour qu'un tel projet puisse se réaliser?


一Pendant les deux derniers mois, ma sœur et moi, nous avons longuement cogité dessus. On a trouvé comment faire, il nous manquait la pièce maîtresse. C'est toi la pièce maîtresse, Odile, parce que c'est toi la seule personne qui peut nous donner accès à Melissa. Je n'oblige personne à me suivre dans ce projet, celui qui veut se retirer peut le faire à tout moment.


一Moi j'ai une petite question Landry,demande Loïc. Je sais que tu es quelqu'un qui a un grand cœur, tu aimes aider, tu as toujours été comme ça. Mais là, tu veux te mettre sur le chemin d'une personne dangereuse. Pourquoi ? Que vas-tu gagner ?


一Mis à part le fait que j'ai des comptes à régler avec Biyoghe, quand j'ai vu Mel, je ne saurais décrire le sentiment de pitié que j'ai ressenti. Le dernier soir où j'ai vu Yolande, lors de sa crise que je vous ai racontée, je ne saurai vous décrire la détresse qu'il y avait dans ses yeux et la peur. Cette femme était terrifiée. Et il y a le moment où il sort de l'hôpital avec elle dans les bras et qui la met dans le véhicule, elle est inconsciente. La chair de poule qui m'a traversée est indescriptible. J'avais à ce moment l'impression de voir un prédateur emmener sa proie dans son antre pour la dévorer. Je ne vais rien gagner dans tout ça, mais je veux le faire.


Pendant près d'une heure, Landry nous expose son plan pour l'enlèvement de Mélissa. On comprend qu'il est impératif que de l'extérieur ça paraisse bien comme un vrai enlèvement et Biyoghe ne croit à aucun qu'il peut s'agir d'un coup monté. Si on m'avait dit un jour que j'aiderais des gens à éloigner Mélissa de sa famille, jamais ne l'aurait cru. Mais je ne peux pas ignorer ce qui se passe depuis des mois. Yolande est désormais absente, pourtant elle ne jurait que pour sa sœur. C'est peut-être illégal ce qu'on fait, mais au fond de moi, je sais que je prends la bonne décision. J'ai pensé à en parler à la directrice d'OASIS, mais je sais qu'elle apprécie beaucoup monsieur Biyoghe. Il suffit de voir comment elle chante ses louanges au quotidien. Jamais elle ne va croire une telle histoire.


Deux jours avant, je retrouve Landry et sa sœur pour qu'on se mette d'accord sur les dernières finitions.


一Donc ça, c'est ma sœur Hortense, fait Landry. Je tenais à te la présenter pour te rassurer qu'il ne s'agit pas d'une blague ou de quelque chose qu'on prend à la légère.


一Merci d'avoir accepté de prendre part à cette aventure, ajoute cette dernière. Sans vous, on ne pourrait pas y arriver.


一Je le fais pour Mel, je me suis déjà tellement attachée à cette petite que, imaginer qu'on puisse abuser d'elle ne cadre pas dans mon cerveau.


一Moi c'est mon cœur de mère qui n'accepte pas cette histoire. Voilà pourquoi je tiens à ce qu'on le fasse. Émile Biyoghe c'est quelqu'un que je n'ai pas apprécié dès la première fois où je l'ai rencontré. Au fil du temps, je me suis rendue compte que j'avais raison à son sujet. C'est juste dommage qu'on aille enlever Mel sans pouvoir parler à Yolande.


一Je suppose qu'elle aura le cœur brisé en pensant qu'elle a été enlevée, renchérit Landry.Mais Hortense, est-ce que tu penses qu'elle va se souvenir qu'elle t'a parlé de Mel le jour de ta crise ?


一Même si elle s'en souvient, quelle est la probabilité que nous, qui ne sommes pas sa famille ou ses amis,on décide de nous impliquer dans ce problème ? Donc je ne pense pas qu'elle puisse penser que nous sommes derrière tout ça.


一Et donc quand la petite sera gardée dans cette maison, c'est quoi la suite?


一On verra devant. Pour le moment, la priorité est que Mélissa n'atteigne pas 18 ans à Oasis. Sinon, elle sera perdue.


Landry me remet un nouveau téléphone, une nouvelle carte Sim et une poche de sang.


一Le nouveau téléphone et la SIM, c'est pour que tes appels ne puissent pas être tracés. Vu que tu seras la dernière à avoir été avec Mélissa, tous les yeux seront sur toi. Ceux de la police et surtout ceux de Biyoghe. Il te faudra être très fine et convaincante dans ta façon de faire, de raconter l'enlèvement, de pleurer. Il suffit que ton attitude ait l'air trop basse ou surjouée et tu seras dans la merde et nous aussi. Émile Biyoghe n'est pas quelqu'un de stupide faisons attention. 


一Et la poche de sang ?


一Ce n'est pas du vrai sang. Ça en a l'air mais ce n'est pas le cas. Tu vas t'en badigeonner un peu sur ton corps et tes vêtements avant d'aller à l'hôpital. Un confrère aux urgences va se charger de ton arrivée. Te nettoyer, mettre des bandages pour que ça ait l'air vrai.


一Tu es sûr que ça va marcher ?


一Oui ça va marcher. Travaille ton personnage affligé, laisse-moi le reste.


一D'accord.


Le jour J, j'emmène Mélissa en balade au parc comme tous les samedis. Sur le chemin du retour, aux environs de 18 h moins, Paul et Loïc se pointent avec une camionnette blanche et emmènent la petite.


      ~Fin du flashback~


         ~~~~~~~~


Emile Biyoghe 


Assis dans mon bureau, j'enchaîne les shots de tequila depuis le début de l'après-midi. Je me passe une main nerveuse dans le cou tout en tirant sur mon énième cigarette. J'en suis à mon quinzième paquet depuis un mois que la disparition de Melissa a été déclarée. Un mois, déjà que ne sais plus où mettre de la tête, que je dors et mange à peine. Un mois que je me pointe au boulot sans pouvoir me concentrer sur quoi que ce soit. Je passe mes journées au téléphone avec la police, les détectives privés que j'ai embauchés tout en fumant tel un pompier au chômage.


Je ne comprends toujours pas comment Mélissa a pu être enlevée comme ça du jour au lendemain. Le fait que les ravisseurs n'ont toujours pas appelé pour demander la moindre rançon me laisse perplexe et me bourre la tête de questions. Pourquoi l'avoir enlevée ?Et s'il ne s'agissait pas de kidnappeurs ? Un complot? Une mise en scène ?

Si je n'avais pas Yolande en permanence sous mon contrôle, j'aurais même pu penser que c'est elle qui a fait disparaitre Mélissa pour l'éloigner de ma poigne. Mais ça n'a aucun sens.


En parlant de Yolande, à chaque fois que je monte dans sa chambre, je la trouve les yeux enflés et rougis par les larmes. Elle passe son temps à me supplier de ramener Mélissa. Je n'ai pas le temps pour ses simagrées, donc j'ai arrêté de lui dire que je n'ai rien à voir avec la disparition de la petite, vu qu'elle ne me croirait pas. Par le passé, je lui ai déjà dit, à deux ou trois reprises, que je serai capable d'emmener Mélissa dans un endroit inconnu où je pourrai lui faire tout ce qui me passerait par la tête. En y pensant bien, je n'aurais jamais dû lui dire ça si souvent, parce que comme dit le dicton: " À force de dessiner le diable sur nos murs, il finit par entrer dans nos maisons". Mon diable à moi, c'est de voir Mélissa m'échapper après tout ce que j'ai investi en termes d'argent, d'énergie et de temps.


Ma secrétaire me fait savoir que j'ai une visite de Diane. Cette sauterelle trouve toujours le moyen de se pointer quand on n'a pas envie de la voir. 


一Alors, vous tenez le coup? Yolande et toi ?


一On essaye.


一Mais comment se fait-il que vous n'ayez reçu aucun appel pour une rançon ?


一Je n'en sais rien, dis-je en manipulant mon téléphone.


一J'aimerais passer voir Yolande, pour la réconforter.


一Elle a besoin d'être seule actuellement. Merci pour la bonne volonté. Je lui dirai que tu lui envoies ton soutien inconditionnel.


一Dis moi un peu, mon chéri, c'est moi ou tu ne veux pas que les gens s'approchent de ta femme ? Pour la voir ou lui parler, on a toujours besoin de ton accord. Ce qu'elle a dit sur votre mariage le soir de la crise, ne serait-ce pas la vérité par hasard ?


Je lève les yeux de mon écran et je la fixe.

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