Les chroniques de Saint Daniel

 

Titre : SECRET du CŒUR

 

Auteur : Saint Daniel

 

Chapitre 44

 

Tard dans la soirée, alors qu'Amélie tente de trouver un semblant de paix dans la maison, son téléphone sonne. Le nom de la mère de Lucas s'affiche à l'écran. Amélie hésite un moment avant de répondre, redoutant ce que pourrait bien lui dire cette femme brisée par la perte de son fils et qui lui a fait du mal de par le passé.

     

Amélie : Allô ?

 

Mère de Lucas : Amélie... L'avocat de Lucas est ici. Il a des choses importantes à discuter avec toi… et les enfants. Il insiste pour que Maël et Léa soient présents.

 

Amélie : Les enfants ? Pourquoi l'avocat aurait besoin de voir Maël et Léa ?

 

Mère de Lucas : Je ne sais pas, il dit que c'est crucial. Il veut qu'on discute de certaines dispositions concernant l'enterrement... et d'autres affaires importantes.

     

Le cœur d’Amélie bat plus vite, une vague d'anxiété la submergeant. Elle ne s'attendait pas à ce que l'avocat exige la présence des enfants, et cela rendait la situation encore plus confuse. Elle pense à ses films nigérien et ghanéenne qu’elle regarder et où les gens lèguent leur bien aux être aimé, mais elle se dit que Lucas ne pourrait faire ça, vu que les enfants ne sont pas de lui. Amélie se donne une raison fondé.

     

Amélie : Très bien… Je me rends chez Lucas ? J’arrive tout de suite.

     

Elle raccroche, encore sous le choc. Pourquoi l'avocat de Lucas vouloir impliquer les enfants ? Elle n’a pas encore eu le temps de réfléchir à tout cela, mais cette convocation la laisse perplexe.

Sandra, qui est toujours là, remarque la tension qui s’empare d’Amélie.

 

 

 

Sandra : Qu'est-ce qui se passe ?

 

Amélie : La mère de Lucas vient de m'appeler. L'avocat de Lucas est chez elle, il veut parler de l'enterrement et d'autres choses... et il demande à ce que Maël et Léa soient présents aussi.

   

Sandra fronce les sourcils, tout aussi surprise qu'Amélie.

 

 

Sandra : Ça me semble bizarre. Tu veux que je t'accompagne ?

 

Amélie : Non… Je vais y aller seule avec les enfants. C’est peut-être mieux ainsi.

     

Sandra acquiesce, respectant la décision de son amie.

Amélie se lève, récupère Maël et Léa, qui dorment paisiblement, et les met doucement dans la voiture. Sur le chemin, son esprit est un tourbillon de pensées. Que peut bien vouloir l’avocat ? Elle redoutait d'entendre des révélations qu'elle n'était pas prête à affronter.

     

Elle arrive enfin devant la maison où Lucas vivait autrefois, un lieu désormais empreint de souvenirs douloureux. En descendant de la voiture, elle sent une étrange appréhension monter en elle. Avec Maël et Léa à ses côtés, elle frappe doucement à la porte. La mère de Lucas ouvre rapidement, son visage fatigué et triste.

 

 

 

Mère de Lucas : Merci d’être venue si vite, Amélie.

     

Elle les invite à entrer, et Amélie sent immédiatement l'atmosphère lourde dans la pièce. L'avocat, un homme d'âge mûr avec des lunettes fines et une mallette noire posée sur ses genoux, se lève dès qu'il aperçoit Amélie.

 

 

Avocat : Bonsoir, madame. Merci d’être venue avec les enfants. Vous êtes exactement comme monsieur Lucas vous a décrit avec sourire de duchenne.

   

Amélie s'assoit en face de lui, ses deux enfants près d'elle, leur tête poser sur ses cuisses. Elle pose un regard interrogateur sur l’avocat.

 

 

Amélie : Pourquoi Maël et Léa ? Que se passe-t-il exactement ?

   

L'avocat prend une grande inspiration avant de répondre.

 

 

Avocat : Lucas a pris des dispositions que vous devez connaître. Certaines concernent son enterrement, mais il y a aussi des affaires personnelles qu'il m'a confié de partager uniquement en votre présence et celle des enfants.

     

Amélie sent son cœur s’accélérer. Elle jette un coup d'œil à la mère de Lucas, qui semble tout aussi incertaine de ce qui allait être dit.

L'avocat ajuste ses lunettes et ouvre une enveloppe cachetée, contenant le testament de Lucas. Amélie, les mains crispées sur ses genoux, écoute en silence, son cœur battant à tout rompre. Elle ne s'attend pas à un tel moment, et l'idée d'entendre les dernières volontés de Lucas la remplient d’une profonde tristesse.

 

 

 

Avocat : Je vais maintenant lire le testament de Lucas. Il a pris soin de préparer ce document avec des instructions claires.

     

La pièce est calme, seule la respiration nerveuse d’Amélie rompe le silence. Maël et Léa, assis près d’elle, ne comprennent pas encore toute l'ampleur de la situation.

     

Avocat : À Maël et Léa, les deux enfants qui portent mon nom, je lègue la totalité de mon héritage. J'ai fait de ces enfants mes héritiers, et j'ai également officialisé leur adoption avant ma mort.

     

Amélie sentit son souffle se couper. Lucas a adopté Maël et Léa sans même qu'elle en soit au courant. Elle regarde les enfants, abasourdie par cette révélation. Lucas a fait bien plus que ce qu'elle imagine, prouvant encore une fois son amour profond pour eux.

 

 

 

Avocat : En ce qui concerne l'héritage reçu de mon père, je lègue la moitié à un orphelinat que j'ai soutenu tout au long de ma vie. L'autre moitié, je la confie à Amélie.

   

Amélie secoue la tête immédiatement, refusant cette décision.

 

 

Amélie : Non… je… je ne peux pas accepter ça. Ce n’est pas pour moi.

   

L'avocat lève les yeux de la feuille, anticipant cette réaction. Il poursuit, sans s'arrêter.

 

 

Avocat : Amélie, je te demande d’accepter ce présent de ma part, ce sont mes derniers vœux. Respect les ! S’il te plait.

     

Elle serre les lèvres, bouleversée. Chaque mot de Lucas sorti de la bouche de l’avocat résonne comme un adieu final, et elle ne peut se résoudre à accepter ce qu’il lui laisse. Il a déjà tant donné, et elle se sent écrasée par le poids de ses gestes.

 

 

 

Avocat : En ce qui concerne mes parts dans l'entreprise familiale, je souhaite qu'elles soient partagées équitablement entre ma mère et Amélie.

     

Amélie sent une nouvelle vague de surprise l'envahir. Elle tourne la tête vers la mère de Lucas, qui semble également stupéfaite. Amélie ouvre la bouche pour protester, mais l'avocat poursuit encore.

 

 

 

Avocat : Pour mes funérailles, je désire que mes cendres soient dispersées dans le vent, sur la plage. Une cérémonie simple, en présence de ma famille proche uniquement.

     

À ces mots, un silence pesant s'installe dans la pièce. La dernière volonté de Lucas est si simple, si pure, mais porte tant de poids émotionnel. Amélie reste assise, immobile, son esprit tourbillonnant. L'idée de disperser ses cendres sur la plage, un lieu qui doit sans doute être chargé de souvenirs pour lui, l'émouvant profondément.

Elle a l'impression que Lucas a tout planifié avec soin, pensant à elle et aux enfants même après sa mort. Il a su ce qu'il voulait, mais elle se sent perdue, incapable de comprendre comment avancer avec tout ce qu'il a laissé derrière lui.

 

 

 

Mère de Lucas : Il voulait que nous respections ses derniers vœux, Amélie… C’est ce qu'il aurait voulu.

 

Amélie : Je ne sais pas si je peux…

     

L'avocat referme doucement le testament et la regarde avec une certaine empathie.

 

 

 

Avocat : Je comprends que ce soit difficile, mais Lucas a tout fait pour que ce passage se fasse en paix. Il voulait que vous et les enfants soyez protégés.

   

Amélie respire profondément. Elle se dit qu’elle se doit d’honorer les vœux de Lucas, mais chaque mot prononcé par l'avocat lui brise encore un peu plus le cœur. Elle se lève finalement, serrant les mains de Maël et Léa.

 

 

 

Amélie : D'accord… je ferai ce qu’il a demandé. Mais cela ne sera jamais facile.

     

Le poids de cette promesse l'écrase, mais elle sait qu’elle n'a pas le choix. Elle doit avancer, pour Lucas, pour Maël et Léa, et surtout pour elle-même.

   

Les jours qui suivent furent un tourbillon de préparations et de lourdes décisions. Amélie, malgré la douleur qui l'écrase de l'intérieur, garde un visage courageux pour Maël et Léa. Chaque pas qu'elle fait la rapproche de ce moment inévitable : l’adieu final à Lucas.

   

Dans la maison, l'ambiance est pesante. Le silence s’est installé, entrecoupé par les discussions rapides entre les proches qui viennent la soutenir ou l’aider. Sandra, Mina, Gérard, et même la mère de Lucas s'activent pour organiser la cérémonie de dispersion des cendres, mais l’esprit d’Amélie semble flotter ailleurs, comme si elle n’arrive pas à se connecter à la réalité.

     

Un matin, alors qu'Amélie est assise dans le salon, contemplant les documents qu’elle doit signer pour le développement de l’entreprise qui n’a pas arrêter de fonctionner parce que Lucas est mort, Maël vient doucement vers elle. Son petit visage sérieux montrant une certaine compréhension, malgré son jeune âge.

 

 

 

Maël : Maman, où est parti tonton Lucas ?

     

Cette question, pourtant simple, frappe Amélie comme un coup de poing dans la poitrine. Comment peut-elle expliquer la mort à un enfant ? Elle dépose les papiers sur la table et prend Maël dans ses bras, le serrant fort contre elle.

 

 

 

Amélie : Lucas… Lucas est parti, mon chéri. Il ne reviendra pas.

     

Maël la regarde, confus, les yeux remplis d’innocence.

 

 

 

Maël : Est-ce qu’il est parti pour un long voyage ?

     

Amélie sent ses yeux se remplir de larmes. Comment expliquer l’inexplicable à un enfant qui a tant aimé Lucas ? Elle passe doucement sa main dans ses cheveux et murmure

 

 

 

Amélie : Oui, Maël… un voyage très, très long.

     

Léa, qui joue silencieusement à côté, s’approche à son tour, les sourcils froncés, essayant de comprendre ce qu’il se passe.

 

 

 

Léa : Maman… est-ce qu’on reverra tonton Lucas quand on sera grands ?

     

Amélie a failli craquer à cette question. Elle ferme les yeux un instant pour rassembler ses forces avant de répondre. Elle ne veut pas mentir à ses enfants, mais la vérité semble trop cruelle pour être prononcée.

 

 

 

Amélie : Non, ma puce. Lucas est parti pour toujours. Mais il sera toujours avec nous dans nos cœurs, et on pourra penser à lui à chaque instant.

     

Léa hoche lentement la tête, les yeux écarquillés. Elle ne comprenait peut-être pas encore tout, mais elle sent la tristesse dans la voix de sa mère. Sans un mot de plus, elle s'assoit à côté d’Amélie, sa petite main cherchant celle de Maël, et ils restent tous les trois en silence, unis dans leur douleur commune.

   

Les jours suivants, Amélie se laisse emporter par les préparatifs des funérailles. Elle prend les décisions mécaniquement, sans réellement s’impliquer émotionnellement. Elle veille à ce que tout soit fait selon les vœux de Lucas, mais une partie d’elle-même refuse encore d’accepter ce qui est en train de se produire.

     

Le matin de la cérémonie approche. Amélie se tient devant un miroir, observant son reflet fatigué. Ses yeux, cerclés de noir, témoin de nuits blanches pleines de larmes et de solitude. Elle n’est plus la même depuis la mort de Lucas. Chaque moment passé sans lui la plonge dans un abîme de tristesse. Pourtant, pour les enfants, elle doit continuer, tenir le coup. Elle leur doit de tenir bon, de ne pas sombrer complètement.

   

À mesure que les préparations touchent à leur fin, Amélie réalise à quel point Lucas a laissé un vide immense dans leur vie. Mais en voyant Maël et Léa, elle sait qu’il a également laissé une part de lui à travers eux. Ils portent son nom, mais surtout, ils ont hérité de son amour, de sa bonté et de son sens de la famille.

 

À suivre…

 

Chapitre 45

            

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Secret du cœur, une chronique de Saint Daniel.

                   

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